Martin [MJ Assistant]
Durant quelques 10 jours, le capitaine et ses pilotes parvinrent à maintenir le navire au sein de l’œil de la tempête, jour et nuit, accordant à l'équipage une expérience extrêmement étrange, perturbante même, avec ce fléau qui se déchainait partout autour d'eux sauf dans les alentours du vaisseau, celui ci se trouvant dans une mer relativement calme. C'était tant mieux car les jours précédents avaient été éreintants pour l'équipage, à devoir lutter contre les éléments, de même que le navire, les marins ayant eu à abattre un mat pour empêcher l'esquif de sombrer corps et âmes, sans parler de l'état de la coque, sérieusement affaiblie, les blessés....
Bref, un répit extrêmement bienvenue. Non pas pour ces basses contingences matérielles exprimées précédemment ou quoique ce soit d'autre, mais pour la puissante et vénérable créature qui graciait ces sacs à viande de sa présence. Exact. Celle ci ne pouvait en effet travailler sérieusement sous la tempête n'est ce pas ? Non, pour user de l'ardoise correctement et étudier dans des conditions non pas correctes mais à tout le moins décentes - car oui, elle était consciente de ne pas pouvoir tout avoir et acceptait le fait de ne point bénéficier d'un palais au sol de marbre et décoré de statues d'or pour décorum - , le tout afin de enfin pouvoir progresser dans l'étude des arcanes, source de toute véritable puissance en ce bas monde, le commun des mortels, petits et insignifiants qu'ils étaient, ne pouvant en effet reconnaître la grâce et la puissance qu'était la puissance de la vampire et de ses arts.
Pour se faire respecter, celle ci ne pouvait pour l'instant que se contenter de briser des cranes à mains nues. Ce n'était pas suffisant. Elle voulait pouvoir briser des cranes par magie. Entre autres choses.
Et c'est à ce but qu'elle consacra une bonne partie de ces jours donc. Et par Elle même que ça n'était pas aisé ! Ces foutus symboles lui échappaient à chaque occasion ! Graver dans sa mémoire ceux ci était une chose, leur apparence et signification, mais pouvoir les retranscrire.... Elle avait envie de s'en arracher la tête et les cheveux par moment tellement la tâche lui semblait frustrante ! Combien de fois n'avait elle pas eu envie de jeter l'ardoise par dessus bord ? De briser en poudre ces fichues craies qui l'énervaient avec leur petit bruit strident lorsqu'il fallait les user sur le matériau ? Mais même ça elle ne pouvait le faire car il n'y avait qu'une seule ardoise. Elle avait été prévenue.
Et si par moment elle parvenait à tracer correctement les symboles sur l'ardoise, sans se tromper, ça n'était toujours pas assez pour la thaumaturge qui lui servait de professeure. Trop étiré. Pas assez large. Pas assez précis.... Jamais assez bon. A se demander si elle ne lui faisait pas refaire encore et encore sa graphie juste pour la frustrer ! Et puis c'était quoi ces excuses !? "Untel a explosé parce que sa graphie était mauvaise" ou "les lettres étaient mal écrites et il a perdu son âme"....
Mais finalement, le dernier jour avant de rentrer le navire dans cet enfer de vents et de vagues meurtrières, elle parvint à une calligraphie satisfaisante au point que la thaumaturge cesse de lui ordonner de recommencer encore et encore. Et.... Il y avait encore à apprendre !? L'élocution et la lecture ? Et c'était quoi ce machin là ? La "gramère" ? La grand mère peut être ?
Et pour cela ? Un livre. Un livre qui, lui expliquait la thaumaturge, l'aiderait à cela. Rempli de formulations savantes, toutes rédigées en magikane, Lucy aurait à lire celui ci et à exposer ce qu'elle avait saisie à chaque page. Un travail ardu, mais nécessaire pour que son subconscient s'imprègne clairement des mots rédigés, des idées et autres propres à cette langue académique.
Quelque chose de fastidieux et désagréable, mais dans quelques mois, la non morte serait alors capable d'user de la magikane pour apprendre et incanter. Puis elle finirait également par trouver les analogies au reikspeil qui se trouvaient dans ce langage artificiel également. Accélérant son apprentissage par la même occasion.
N'étant pas en reste, la thaumaturge avait également passé du temps, entre les passages à l'infirmerie de la vampire, à observer et étudier le bracelet de celle ci. L'étude de celui ci était longue et ardue. La personne ayant créée l'artefact n'avait pas fait les choses de la manière la plus simple, au contraire.... Un objet intriguant mais encore plus dangereux. Plus elle observait le bracelet autour du pied, plus il l'intriguait... Plus elle le désirait...
Si ça n'était sa propre discipline forgée au cours des années passées, elle aurait aisément succombé à la curiosité, au désir puis à la folie que l'objet semblait provoquer chez ceux le contemplant de trop près, trop longtemps...
Puis il y avait ce dont la vampire avait parlée. Le fait qu'il "disparaisse" et qu'on semble jouer avec.... C'était certainement une merveille arcanique... Et bénie par Slaanesh lui même ! Comment expliquer si magnifique construction que par le génie divin qui a du illuminer son créateur ?
Et cette œuvre était gâchée sur une vulgaire sangsue de Nagash.... Etait ce la jalousie exacerbée par le bijou qui parlait, ou bien son mépris naturel à l'égard de la non morte ? Sans doute un mélange savant des deux.... Néanmoins elle ne fit secret de ses découvertes à Lucy. Celle ci avait intérêt à se sentir honorée de disposer de pareil ouvrage....
Lorsque le capitaine prit la décision de retourner dans la tempête - après avoir, comme il se doit, organisé une prière collective à Manann pour obtenir sa grâce -, l'équipage reposé et le navire réparé autant que possible... Eh bien la situation dérapa rapidement. Balloté par les vents et courants plus que dirigé par le pilote, la coque de noix sur qui se tenait Lucy était battue sans cesse. Peut être même encore plus qu'auparavant. Mais au moins cette fois ci elle avait le cœur correctement accroché pour ne pas valdinguer aux quatre vents dans la cabine pour revenir à sa condition de sac de viande inutile. Non. Désormais elle était un sac de viande inutile qui s'emmerdait, ne pouvant lire qu'avec difficulté, étant donné que les nuages de la tempête obscurcissaient sans cesse le ciel, la différence entre le jour et la nuit étant minime dans la pénombre de la cabine. Et elle ne pouvait même pas faire la discussion avec la mage, celle ci étant trop occupée à faire "des choses" sur le pont la plupart du temps, de ce que Lucy se renseignait en feignant le moindre intérêt, juste pour passer le temps. Car elle n'avait que ça à faire, cette fichue procrastinatrice.
Il fallait croire que sa nouvelle condition l'avait complètement immunisée à ce genre de conneries qu'étaient la peur de mourir. Après tout, si le bateau coulait, elle ne risquait pas de mourir, elle. Parce que déjà elle était morte, et qu'ensuite elle savait nager et n'avait pas besoin de respirer.
Navrant qu'elle ne pousse néanmoins pas la réflexion un peu plus loin. La mer, comme le canal, était remplie de poissons et autres petites choses. Sauf que contrairement au canal où les pires des bestioles étaient le rat et les sangsues, ici, en haute mer, on était plutôt du genre à débusquer des léviathan, des requins et d'autres saloperies sur lesquelles il ne valait mieux pas tomber.
Et puis tient, puisqu'on en parlait, le capitaine savait il au moins vers où il faisait voile ? Après tout, on n'y voyait rien, le soleil comme les étoiles étaient aussi discrets que la foy que Lucy pouvait éprouver pour les dieux du vieux monde. Savait il où il allait ? Comment dans ce bazar ? Se dirigeait il complètement à la vue, au risque de les conduire au désastre ? Allait on finir coulés en mer ? Échoués sur une plage de Norsca ? Ou pire, dans les désolations du chaos, là où, disent les rumeurs, se trouvent des psychopathes chevauchant des chevaux mutés, carapatés d'armures faites des os de leurs victimes ? Piètres vacances que celles ci. Tient. Et si on organisait une mutinerie pour tuer le temps ?
Alors que les pensées de la non morte éructaient un non sens continu pour la garder de l'ennui, un "CHTUNK" se fit en entendre, résonnant dans tout le navire, qui propulsa également la non morte contre les parois de la cabine, le tout suivit par un grincement strident de bois qui se tend à la limite de sa capacité de résistance, qui grommelle, craque par moment.... Et en haut cette sonnerie qui lui avait valu une grosse engueulade de la part du capitaine il y avait de cela un moment, lorsqu'ils étaient encore au cœur de la tempête. Ah. Et ce bruit étrange dans le lointain. Comme... Quoi ? Des ossements frottés contre du fer ?