[Nola Al'Nysa] Le monde ne suffit pas

Où s'écrivent les histoires, hors du temps et des règles compliquées du monde réel...
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Nola Al'Nysa
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[Nola Al'Nysa] Le monde ne suffit pas

Message par Nola Al'Nysa »

/ Prologue
Je marque un nouvel instant d’hésitation, et ma plume échappe à ma main lasse, laissant une large bavure d'encre sur le parchemin. J’étouffe un juron tandis que je tente d’éponger ma feuille, me fustigeant de gâcher ce précieux matériau dans une entreprise que je soupçonne fort d'être vaine. Suis-je véritablement capable d’écrire mon histoire, ou est-ce qu’à chaque page, l'amertume que je pensais éteinte depuis longtemps continuera de transparaître ? Je m'imaginais guérie et débarrassée de mes regrets, mais, quand je pose ma plume sur le papier, les blessures d’une vie bien remplie se ravivent et saignent au rythme de l'écoulement de l'encre, née de la jungle et diluée dans l’océan, et je finis par voir une plaie rouge vif sous chaque caractère soigneusement dessiné.

Dehors, le vent venu du large continue de souffler par bourrasques, traversant la nuit noire et secouant le bâtiment dans lequel je me trouve. La pluie tombe, régulière et bruyante sur le toit et le son assourdi me paraît doux et relaxant. Je réajuste sur mes épaules la lourde couverture de laine dont je m’étais saisie et reporte mon regard sur mes notes.

Mes premiers souvenirs remontent à l’époque où, jeune fille, je fais mes premiers pas dans le village qui m’a vu naître. Avant cela, il n’y a rien, rien que le vide qu’aucun effort de mémoire n’a pu combler. Mais à cette date, les images apparaissent soudain, avec une richesse de couleurs et de détails impressionnante. Parfois, les souvenirs semblent trop complets et je me demande si ce sont réellement les miens.

Trop souvent, j’ai commencé à rédiger une histoire de la piraterie, ou des peuples de Lustrie, pour la voir dévier sur celle de ma vie. J’ignore si c’est par vanité que mes pensées se tournent toujours vers ma propre personne, ou bien si l’écriture constitue pour moi un moyen de m’expliquer mon existence si riche en voyages, en aventures et en épreuves. Les années sont passées, pleines de virages et de tournants, et régulièrement, je persiste à prendre la plume pour écrire. Je m’évertue encore à essayer de comprendre qui je suis dans ma certitude orgueilleuse et typiquement humaine que mon histoire intéressera un jour quelqu’un d’autre que moi.

Et comment mettre en images toute cette vie d’aventure, des dessous de la canopée de ma terre natale aux vastes océans du vieux monde ? Cette tentative d’ouvrage représente pour moi une façon de laisser une trace pour celles et ceux qui, plus tard, pourraient être amenés à marcher dans mes pas, pour les aider à comprendre pourquoi la vie est une aventure qui, selon moi, mérite malgré tout d’être vécue !

J’ai choisi dans ce RP libre de raconter des aventures sur la vie de Nola, sans ordre chronologique, au fil de mes envies, afin de permettre à ceux qui me lisent de mieux connaître ce personnage.
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Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 16 févr. 2023, 16:07, modifié 2 fois.
La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

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Re: [Nola Al'Nysa] Le monde ne suffit pas

Message par Nola Al'Nysa »

/ Meurs un autre jour
Pour une fois, j'ai choisis d'écrire à la troisième personne. Ce texte est librement inspiré d'une nouvelle déjà existante.
Un craquement assourdissant. La puanteur de la graisse, de la poudre et de la fumée. Ces sons et ces odeurs n'étaient pas ceux de la forêt. La chasseuse bondit dans leur direction, lance à la main. Elle traversa le labyrinthe de troncs et de taillis en suivant les âcres effluves.

Elle déboucha bientôt sur un lieu qu'elle connaissait bien, une petite clairière près d'une berge. C'était un endroit paisible, grouillant de vie, traversé par un ruisseau rapide et peu profond. Les poissons étaient si abondants que même une sœur toute jeune aurait pu les attraper d'un coup d’un geste maladroit. Mais ce jour-là, la tranquillité était déchirée par les cris de souffrance de quelque chose, ou de quelqu'un. Nola se positionna derrière un arbre épais au bord du ruisseau, prenant soin de dissimuler sa lance derrière le tronc. Un jaguar massif aux traits cruels était roulé en boule de l'autre côté de la rivière. Bien qu'il soit en train de gémir de douleur en léchant frénétiquement sa blessure, ses yeux étaient emplis d'une rage sauvage. La chasseuse découvrit que l’une de ses pattes musclées était prise dans un piège. D'énormes dents de métal avaient mordu dans sa chair, couvrant son pelage fauve d’une couleur rouge...


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Un humain portant une longue arme hideuse se dressait au-dessus du jaguar. Nola fixa du regard ce bout de bois mort et brillant qui cerclait un tube de métal. Elle avait déjà vu de tels objets. Ils tiraient des graines mortelles qui pouvaient facilement transpercer leur cible et qui se déplaçaient trop vite pour que l'œil puisse les suivre.

Elle quitta sa cachette derrière l'arbre en prenant soin d'écraser volontairement les feuilles mortes sous ses pieds. L'homme tourna la tête dans sa direction, tout en gardant son arme pointée sur le félin blessé. Il ne pouvait voir sa lance. « Tiens, tiens. Qu'avons-nous là ? » L'humain la détailla entièrement, le regard gourmand.« Tu es perdue, ma belle ? »

La chasseuse savait comment traiter ceux de son espèce. Les humains étaient souvent désarmés par son apparence. Leurs yeux ne voyaient que la douceur de ses traits et la beauté de son corps. Elle resta impassible, analysant avec précision la distance entre lui et elle et serrant le poing sur sa lance. Son regard se posa finalement sur l'arme qu'il tenait.
Le chasseur lança un sourire narquois à la femme sauvage, pensant que c'était la peur qui la paralysait. « Tu n'en as jamais vu avant ? Viens voir de plus près. Je ne te ferai pas de mal », dit-il pour tenter de l'amadouer. Il se détourna de sa proie pour brandir son arme vers elle.

Dès l'instant où il ne tint plus le jaguar en joue, Nola bondit de derrière l'arbre. Elle projeta sa lance vers le torse de l'humain et plongea par-dessus le ruisseau en direction de l’intru. L'homme l'esquiva trop lentement. La lance transperça la chair de son bras en le faisant tomber à la renverse et Nola atterrit sur lui. Elle appuya de sa main sur sa blessure encore fraîche, lui faisant pousser un hurlement de douleur.

La sauvage se pencha vers l'homme et, sortant un poignard de sa ceinture, le posa sur sa gorge. Nola pressa sa lame jusqu'au sang, mais sans tuer l'humain, et ce dernier cria. Après quelques instants, elle le relâcha et redressa la tête pour lui montrer sa lame rougie par le sang.
Toujours accroupie au-dessus de lui, elle l'observa avec un regard brillant d'émeraude. « Tu partiras ou tu mourras. C'est bien clair, humain ? »
La chasseuse ne prit pas la peine d'attendre une réponse. Elle arracha un bout de tissu de la chemise de l'homme et s'approcha du jaguar blessé. En quelques secondes, elle libéra sa patte du piège. Au moment où il fut libéré, il se jeta sur l'humain.


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Nola se saisit du coup puissant du prédateur pour le retenir. L'homme, tétanisé par la peur, saisit sa chance pour ramper à toute vitesse et disparaître de leur champ de vision. Le félin s’arracha de la poigne de Nola en feulant et en grondant. Puis, il planta son regard jaune dans le siens, et dans un parler familier, il lui demanda : « Pourquoi l'as-tu laissé filer ? »

Sans qu’elle ne puisse se l’expliquer, elle ne fut pas surprise de comprendre les paroles du noble animal. Elle indiqua la direction vers laquelle l'humain avait fui, désignant une traînée de gouttes de sang. « Nous allons le suivre. S'il y en a d'autres, il nous mènera à eux. S'ils ne partent pas, ils mourront ensemble. » Le jaguar ne sembla guère satisfait, mais n'ajouta rien. Nola se pencha vers le ruisseau et nettoya le bout de tissu qu'elle avait arraché sur l'homme.

- « Tu l'as appelé… humain. » reprit le grand félin.
Nola enveloppa le tissu désormais propre et humide autour de la patte du jaguar..
- « Oui. »
- « Tu n'es pas humaine ? »
- « Non. Je suis comme toi. »
- « Je ne connais aucun jaguar comme toi. Tu es humaine. »

Nola serra fermement le bout de tissu autour de son épaule, le faisant siffler de douleur. Elle parvint à dissimuler son sourire en se servant de ses dents pour fixer le nœud.
- « Je m'appelle Nola. Et toi ? »
- « Sherban. »
- « Sherban, ce soir, toi et moi allons chasser ensemble. »
Le jaguar étira la patte pour évaluer le bandage. Il était fermement attaché, sans pour autant gêner ses mouvements. Il regarda la chasseuse qui se tenait devant lui, bras croisés puis hocha la tête..

Dawson s'assit près du feu, le visage couvert d'un rouge intense, en partie à cause de l'adrénaline et de la bière, mais surtout à cause de la honte. Il avait parlé de la femme sauvage à ses trois compagnons, ne déclenchant que des rires. L'un d'eux se mit à se pavaner auprès du feu avec sa bouteille à la main, en entonnant une chanson obscène à la « Reine de la jungle », tandis que les deux autres dansaient et s'esclaffaient.

« Moins fort, bande d'idiots », implora-t-il, déclenchant des rires plus perçants encore. « Elle pourrait nous entendre. » Lassé des moqueries et ivre de bière, Dawson échappa à ses compagnons explorateurs pour satisfaire un besoin naturel. Sa blessure le faisait encore terriblement souffrir et, même s'il avait abondamment bu, rien ne pouvait chasser de son esprit la sensation de la dague posée sur sa gorge.

En resserrant sa ceinture, il se rendit compte que les chants et les rires s'étaient tus. Le vent lui-même avait cessé de souffler. Il n'entendait plus le bruissement des feuilles et des branches. Au-delà de la faible lueur du feu, le camp était entouré par le noir absolu. Sur la bordure du campement, quelque chose luisait dans l'ombre. Dawson se frotta les yeux et les plissa, tentant de discerner ce dont il s'agissait. D'un seul coup, dans un craquement se fit entendre depuis la pénombre et une silhouette sembla se déplacer.

Les feuilles des fougères et des arbres tremblèrent toutes ensemble. D'innombrables paires d'yeux s'ouvrirent dans les ténèbres et un chœur de grognements et de sifflements en provenance de la jungle l'assourdirent. Dawson reconnut le regard bleu océan juste à côté de lui. Désormais, il n'avait plus rien d'humain. Les yeux clignèrent et disparurent, puis une voix feula dans son oreille. « Tu as été prévenu. » Il n'eut pas le temps de hurler avant que des doigts fins ne se referment sur sa gorge et qu’une lame froide ne la traverse de part en part.
Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 16 févr. 2023, 16:08, modifié 1 fois.
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Re: [Nola Al'Nysa] Le monde ne suffit pas

Message par Nola Al'Nysa »

/ Permis de tuer
« Aïe… Hé ! Billy ! Tu n'y vas pas de main morte, tu ne crois pas ? » Je relève la tête depuis le tapis d'osier sur lequel je suis couchée pour regarder droit dans les yeux l’ancien pirate agenouillé à côté de moi. Je sens un peu de sang me couler sur le bras. « Tu ne peux pas faire un peu plus attention ? » Billy retire son aiguille de mon épaule. Cet instrument de tatouage est fabriqué avec des ossements de cerf. Certains préfèrent utiliser d'autres animaux ou du métal, mais les os de cerf sont juste assez fins et solides pour offrir à l'encre cette ligne fine que recherchent dans leur travail les maîtres comme Billy. Un peu de mon sang goutte de la longue aiguille et tombe sur mon dos. Le tatoueur sourit, l'essuie avec un vieux tissu et secoue la tête. Puis il relève les mains et hausse les épaules, comme pour me demander : tu veux que j'arrête ? Il ne prononce aucun mot. Les corsaires arabéens lui ont coupé la langue avant que je ne prenne mes habitudes ici, mais je le connais assez pour lire ses attitudes. Son travail mérite largement un peu d'inconfort.

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« Nettoie juste un peu, d'accord ? Je ne pense pas qu'on ait beaucoup de temps. » Billy tapote l’aiguille dans un pot et ajoute de l'encre. Il a les plus belles encres qu'il fabrique lui-même selon une recette qu’il garde jalousement pour lui. C'est un maître et je suis honorée d'être sa toile. J'ai commencé à venir au perroquet chanteur peu après avoir cessé d'écouter le capitaine Syrasse. Tous ces mois à bord de l’Aslevial, à pratiquer « la retenue »… Oh, non Thorne avait tort à ce sujet. Et à mon sujet. La retenue, ça n'a jamais été pour moi.

Je me replace sur la natte et je pose mon menton sur mes mains. Je garde les yeux fixés sur l’ouverture qui conduit à la pièce principale de la taverne de Billy. L'endroit est propre, mais l'air est lourd de culpabilité. La taverne abrite une parade de voleurs, de rôdeurs et de mauvaises décisions. Les gens viennent voir Billy pour quitter Sartosa. Parce qu'entrer sur cette île est difficile mais en partir l'est davantage.
Sartosa est un port libre, une ville côtière cachée, protégée par les océans et sa flotte de navires aux pavillons noirs. Au contraire des ports classiques, le rivage n'accueille pas volontiers les étrangers, et la cité n'est nulle part sur les cartes. Si Sartosa apparaît pour quelqu'un, c'est en général qu'il est dans une mauvaise passe.

Enfin, Billy cesse de tapoter mon bras. Cela tombe bien car en vérité, même si je suis heureuse de pouvoir dessiner de nouveaux motifs sur ma peau, je suis ici pour quelqu’un d’autre. Je sens un de mes pistolets contre ma cuisse. Cela me rassure, même si l'avoir en main me plairait davantage. Je pourrais alors tirer dans le cœur du premier venu en me reposant sur l'instinct pur. Une élimination sans avoir besoin de réfléchir. Là où il est maintenant, ce serait plus délicat.

Je relève le regard juste à temps pour voir à l'autre bout de la taverne, l'homme que je cherche franchir la porte d'entrée. Deux gardes armés l'accompagnent. « Voilà qui ne me facilite pas les choses… Je me demande lequel je dois tuer en premier ? » Billy rit de ma moquerie. Il en est capable, langue ou pas. Même si le son est un peu étrange. Il secoue la tête et fait ces gestes des mains et de la tête qui lui sont familiers. Il veut que je fasse ce que j'ai à faire dehors, cette fois, après qu'ils auront quitté son établissement.

« Tu sais que je ne peux rien promettre », dis-je en me tournant vers le vacarme de la taverne. Je m'arrête un instant sur le seuil et je me tourne. « Je ferai ce que je pourrai », dis-je avant de remettre ma capuche.


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Le type qui accompagne les gardes, lui, fait partie de l’ordre des pirates. C'est un ancien capitaine de navire. Mais, comme beaucoup, il a vendu les siens aux soldats tiléens en contrepartie d'un peu d'or et d'un sauf-conduit jusqu'à Remas. Désormais, il est mon problème. Et je veillerai à ce qu'il n'aille pas plus loin. Bien sûr, j'aurais pu l'éliminer dans son sommeil, à l'auberge, ou sur la route de la taverne, mais où serait le plaisir ? Il est préférable qu'il soit venu jusqu'ici. Je veux que tous le voient payer pour ses crimes et sachent qu'on n'échappe pas à la justice. Les actions ont des conséquences.

J'approche sans faire de bruit. Les mains du vieux capitaine tremblent tandis qu'il soulève sa chope de bière. Ses gardes se lèvent pour le défendre quand ils me remarquent. Je suis impressionnée. « C'est un plaisir de voir que les manières ne se perdent pas », dis-je avec un sourire qu'ils ne peuvent que deviner. « Qu'est-ce que tu veux, chérie ? » demande l'un d'eux en crachant au sol. « Lui », dis-je en sortant mes deux pistolets. Une fraction de seconde, la stupeur les pétrifie. « C'est lui que je veux. » Les gardes tentent de dégainer leur arme, mais avant qu'ils n'aient pu faire un geste, ils sont frappés par deux tirs. Les projectiles s'envolent, touchant leurs cibles en déchirant les tissus et brisant les os.

Un. Deux. Les bruits de corps qui s’effondrent.
Une détonation suivit d’un silence.
Je lance ma dague devant moi. Un cri et encore des bruits de pas.
Je rengaine mes pistolets et dégaine un sabre en avançant. De nouveaux bruits de pas. Je hurle : « Ah, tu vas saigner ! » avant de m'élancer à sa suite à travers la pièce.

Je traverse la fumée et je vois l’un des gardes au sol à côté de la porte. La balle de mon pistolet est logée dans sa trachée. Il ne parvient presque plus à respirer. Je le prends par le col et je le soulève, juste pour être sûre. « Presque… » dis-je dans un murmure. À cet instant, j'entends un gargouillis derrière moi. Je me retourne et je vois le conseiller qui saigne sur le sol à travers la fumée qui se dissipe. Sa main sert sa poitrine ou mon poignard s’est planté. Ses yeux sont ouverts et il semble se demander ce qui vient de se passer. Il a l'air paisible à présent.

La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

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Re: [Nola Al'Nysa] Le monde ne suffit pas

Message par Nola Al'Nysa »

/ On ne vit que deux fois
Texte issu d'une réécriture personnelle d'une nouvelle déjà existante !!!

C'était d'abord la puanteur des docks qui vous frappait. Comme un coup dans les tripes qui vous figeait sur place. La pestilence s'immisçait toujours en vous et menaçait de ne plus jamais vous quitter. L'odeur atroce des énormes thons éventrés, des entrailles dégoulinantes qui engluaient vos pas et des restes d'abats vieux de plusieurs jours qui collaient aux galets tel un mortier sanglant qu'on aurait laissé pourrir au soleil. Mélangez à cela les fientes de dizaines de milliers d'oiseaux marins voraces et les urines des ouvriers maculés de sang des quais-abattoirs, et vous obtenez un effluve si puissant qu'il retournerait l'estomac le plus aguerri. L’astuce, d’après ce que m’avait dit le vieux Gindast, était de porter un foulard imbibé de rhum sur le nez, mais même avec cela, il était impossible de se soustraire à la pestilence ambiante.


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Pourtant, les gens d’ici aimaient ce que cette puanteur symbolisait, c'était l'odeur de la prospérité, des prises abondantes et du butin. Quand la marée était rouge, les poches étaient pleines de pièces que les gens pouvaient dépenser dans les tavernes portuaires, les repaires de parieurs et les lieux de plaisir, ce qui faisait tourner l’économie de la cité corsaire.

Notre petit canot d'accostage fendait les eaux vaseuses, seulement éclairé dans la nuit tombante par une lampe-tempête qui, suspendue à sa chaîne en fer forgé, se balançait à la proue. Assise à l'arrière du bateau, je passais la main par-dessus le plat-bord et laissais le bout de mes doigts tracer des sillons dans la graisse qui couvrait la surface de l'eau, dessinant des spirales qui se soulevaient et se creusaient avec la marée rouge. « C'est très imprudent, même pour toi », grommela le vieux Gindast, qui transpirait en maniant les rames. C'était un vieux loup de mer originaire de l’empire, au visage buriné par les bourrasques et les embruns, et dont l'esprit vif n'avait pas été émoussé par le rhum. Il était tour à tour le conseiller et le bras droit du capitaine Syrasse, et connaissait Sartosa jusque dans ses moindres recoins.

- « En quoi ? » demanda demandais-je en haussant un sourcil interrogateur.
- « Les squales et autres saloperies rôdent juste sous la surface quand la mer est rouge de sang » marmonna-t-il.
- « Et quoi ? Tu as peur qu'ils me croquent les doigts ? » répondis-je en m’esclaffant.
- « Sans eux, tu aurais du mal à appuyer sur la détente. »
- « Tu t'inquiètes trop Gindast. »
- « C'est justement mon boulot, de m'inquiéter des choses qui ne vous inquiètent pas assez toi et le capitaine. »
- « Comme cette petite virée au Renard des mers ? »
- « Exactement » dit-il « Il y a un proverbe, que je connais depuis que je suis tout petit et qui s'est toujours vérifié depuis. Si ça pue, n'y touche pas, crétin ! »
- « Presque tout pue, par ici. » dis-je en haussant les épaules.
- « C'est pas faux, mais ça reste vrai » dit Gindast en tournant la tête pour examiner la brume qui s'élevait au-dessus des eaux « la mer a une teinte maléfique, ce soir. Comme si des yeux affamés nous regardaient depuis les profondeurs. »
- « C'est encore tes os qui te disent ça ? » demandais-je, sarcastique.
- « Moques-toi tant que tu veux, mais ça fait plus de quarante ans que je les écoute, et je suis toujours en vie, pas vrai ? »
- « Laisse tomber, vieil homme », dis-je en me détournant pour essayer de capter le regard du capitaine Syrasse.

Celui-ci, debout à l’avant du petit canot, un pied posé contre le bord de la coque et le coude reposant sur sa cuisse semblait perdu dans ses pensées, ne prêtant pas attention à notre échange. Il avait revêtu sa tenue d’apparat pour l’occasion et avait fier allure comparé à Gindast, qui avait pourtant fait un effort, et moi-même dans ma tenue habituelle. Ladite tenue consistait à une simple brassière de cuir renforcé couvrant ma poitrine, un solide pantalon noir et souple et une paire de botte de marin usée mais confortable. Je portais un pagne de tissus d’un blanc cassé et une ceinture de cuir. Dans mon dos, mes deux épées jumelles m’apportaient un peu de réconfort, tout comme les deux pistolets à silex que je portais à la taille et la dague caché d’un l’une de mes bottes. Cette tenue légère laissé voir les tatouages sur mon bras ainsi que les cicatrices sous mon sein gauche et en bas de mon ventre musclé. J’avais pour l’occasion peint mon visage de peinture noire, afin de coller à la réputation que je m’étais forgé dans Sartosa au cours de moi, celle de la sorcière de l’Aslevial et je portais différentes bagues grossières aux doigts et une chaînette d’argent à mon oreille. J’entrais ainsi totalement dans mon personnage de garde du corps de mon capitaine.

La tenue du capitaine Syrasse était aussi sophistiquée que la mienne était simple et semblait aussi incommode que la mienne était pratique. Pourtant, dans une réunion de capitaines, il était de bon ton d'afficher sa richesse avec ostentation. Un capitaine pauvre était forcément faible, et les rapaces de Sartosa, comme tout bon prédateur, n'hésiteraient pas à s'en prendre à lui. Le vieux Gindast n'avait pas échappé à la nécessité de se faire beau. Sous la menace d'une rétrogradation, il avait dû emprunter un costume d’un bleu sombre, un gilet en velours rouge dont les boutons menaçaient de sauter à chaque va-et-vient sur les rames et un haut-de-forme lui donnant un aspect assez ridicule.

Se retournant vers nous, le capitaine Syrasse déclara « Nola, ce soir, j'ai besoin que tu surveilles mes arrières. Salvatore avait un équipage nombreux, et maintenant qu'il est mort, les autres capitaines vont tourner autour comme des rats des quais en chaleur. La dernière chose dont j'ai besoin, c'est que ces bons matelots partent chez un rival se rebellent contre le successeur nommé par leur capitaine. »
« C'est vrai qu'il y a ça » dit Gindast songeur. « Plus d'un capitaine de renom ne manquera pas de venir voir Salvatore retourner auprès de Manann ce soir, mais vous pensez sincèrement qu'ils respecteront la trêve ? »

« Pas le moins du monde » répondit Syrasse en ouvrant sa redingote pour lui montrer les deux pistolets qu'il avait glissés sous ses aisselles.
- « Ce n'est pas comme si j'y allais les mains vides. »
- « J’ai bien peur que ce ne soit pas suffisant. Tout le monde sera armé de la sorte, j’en mets ma main à couper. »
- « Voyons, tu sais bien que ma vraie arme, c’est Nola » fit-il en m’adressant un sourire.
- « Très bien. Mais ça sent quand même le risque à plein nez. » bougonna le vieux Gindast.
- « Enfin, à quoi bon vivre s'il n'y a pas un peu de risque ? » le coupais-je avec un rictus carnassier sur les lèvres.
- « Je vous le rappellerai à tous les deux dès que les balles commenceront à siffler. »
- « Si c'est le cas, je te promets que tu auras le droit de me hanter dans ma tombe. » conclus-je en lui envoyant un coup de poing dans l’épaule.

Gindast sa signa en secouant la tête, puis se remit à ramer. Il avait défendu son point de vue, et Syrasse lui avait déjà fait comprendre qu'une fois qu'il avait pris sa décision, il était préférable de ne plus la discuter. Qui plus est, il savait qu'il avait raison, et il n'y a rien de plus agaçant qu'un homme qui pense avoir raison. Par égard pour la remarque de Gindast, je levais la main de l'eau et agitais mes doigts pour en retirer la poisse. Une mâchoire indistincte émergea furtivement de la surface à l'endroit où elle retomba. L'homme leva le regard comme pour dire : tu vois !

Derrière nous, les falaises irrégulières de Sartosa miroitaient dans la brume, comme une fourmilière instable où les gens vivaient des débris rejetés par l'océan. Ses bâtiments s'accrochaient aux monts et aux rochers de l'archipel comme des bernacles tenaces qu'aucune tempête, aucune armée, aucune flotte ne parviendrait à pleinement arracher.
« Voici le navire », annonça le vieux Gindast. Je regardais derrière lui et aperçut une forme menaçante qui fendait la brume. Le Renard des mers était un brigantin vieux et fruste, à la manière de son regretté capitaine. Il était illuminé par la lueur des dizaines de lanternes couvertes qui pendaient sur ses mâts. Sa coque large était lourdement calfatée et son bois renforcé était marqué par divers impacts issus d’anciennes batailles. Le clair de lune donnait au bâtiment l’aspect d’un navire fantôme. Même si les voiles étaient repliées, je devinais qu'elles étaient tissées à partir d'un tissu blanc chatoyant qui avait certainement coûté une petite fortune à Salvatore. Sa figure de proue arborait un renard bondissant forgé à partir des canons fondus de ses ennemis vaincus.

- « Par Manann, j'oublie à chaque fois à quel point il est impressionnant » murmura Syrasse.
- « Pour sûr, c'est un monstre », dit Gindast, tandis que tombait sur nous l'ombre glaciale du brigantin.
Notre rameur aborda une demi-douzaine d'autres embarcations amarrées en dessous d'un grand filet suspendu au plat-bord. La coque du Renard des mers s'élevait comme une falaise noire et, au-dessus de nous, des silhouettes obscures cheminaient entre les lampes.
- « Étonnant de voir un gros bateau avec un aussi faible tirant d'eau », dit le capitaine Syrasse en désignant la ligne verdâtre qui courait le long de la coque tandis que Gindast attachait la barque avec un nœud coulant.
- « Ses cales doivent être vides et la plupart de l'équipage doit être à terre, à se soûler avec je ne sais quel tord-boyaux minable que Salvatore leur a laissé » dis-je.
- « La chance », répondit Gindast en retirant les rames de leurs dames de nage pour les poser au sec. « Vous êtes sûre de vous capitaine ? »
Syrasse se leva et attrapa le filet en inclinant la tête vers l'arrière. « Pas vraiment » répondit-il. « Mais une femme forte m'a autrefois dit que quand on a le choix entre aller de l'avant ou rebrousser chemin, mieux vaut aller de l'avant. Alors allons-y. » Une main après l'autre, je montais à sa suite à bord du bâtiment, tous les sens aux aguets.


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À peine avions-nous enjambé le bastingage que deux jumelles à l'air renfrogné, vêtues de gilets en coton noir et de hauts-de-chausse en cuir, nous demandèrent de leur remettre nos armes. Les deux femmes, bâties comme des armoires à glace, avaient du mal à dissimuler leur agacement. Sans doute auraient-elles préféré se joindre aux festivités arrosées de leurs compères débarqués, au lieu de faire le service funéraire pour un groupe de pirates qui, à n'en pas douter, n'attendait rien de plus que d'enterrer le suivant. Alors que je leur remettais froidement mes deux épées jumelles, je me félicitais d’avoir gardé ma dague cachée à l’intérieur de ma botte.

L'une des jumelles portait un large chapeau abîmé par le seul et un long manteau assorti de cuir bouilli, tandis que l'autre avait les bras nus et le visage recouvert de tatouages très étranges. Quand la seconde fit un large sourire en découvrant les pistolets forgés du capitaine, je constatais qu'elle portait des dents en or en remplacement de celles qu’elle avait dû perdre au cours de certains combats. Je les suivis du regard à travers le pont avant et notais dans lequel des trois coffres elles déposaient les armes confisquées. Celui avec une éraflure de boulet de canon sur le côté droit. Devant les coffres se trouvait un énorme canon en bronze qui reposait sur un affût en bois d'ébène sculpté. La bouche était scellée avec de la cire. À l'intérieur devait se trouver le corps du capitaine Aligh, enveloppé dans une voile et accompagné de rhum, de vinaigre et de camphre pour son voyage vers le fond des mers. « Quel dommage d'envoyer par le fond une aussi belle chose »,me dis-je en regardant la pièce d’artillerie.

Sur le pont se pressait une foule de ces rapaces de Sartosa, tous parés de leurs plus beaux atours : de longs manteaux, des bottes cirées, de grands chapeaux et des pièces d'armure archaïques qui, si par malheur ils passaient par-dessus bord, les précipiteraient directement sur le plancher océanique. Je vis un luxe de sceaux et de médailles d'or et d'argent, d'amulettes et de talismans pour honorer les dames et les seigneurs des profondeurs. Contrairement à Syrasse qui saluait tout le monde, je ne connaissais que certains capitaines pour m'être battue ou avoir trinqué avec eux, souvent les deux d’ailleurs, et d'autres seulement de réputation. En revanche, j’avais l'impression que la plupart me reconnaissaient. En toute circonstance, il était difficile de ne pas me remarquer avec mes long cheveux noir, ma peau légèrement plus bronzé que la moyenne et ma tenue singulière ainsi que mes peintures et tatouages ainsi que mon oeil borgne barré d’une cicatrice. Sur ce bateau, j’étais telle une rose sauvage au milieu d’un buisson d’épines empoisonnées.
- « Sacrée réunion, hein ? » me glissa Gindast en arrivant à ma hauteur.
- « Rien de tel que la mort pour rassembler les gens », dis-je simplement.
- « Maintenant, je sais ce que ressentent les hommes condamnés à être jetés par-dessus bord dans une mer infestée de requins. » declara-t-il en se frottant le menton.
- « Sauf qu’ici, c’est moi le requin vieil homme » rétorquais-je froidement.
- « Un jour, ton assurance finira par te tuer Nola. Plus sûrement que n’importe quelle arme »
- « J’ai hâte de voir ça » conclus-je en souriant.

Gindast resta silencieux tandis que je m'avançais le long de l'axe central du navire en ajustant chacun de mes pas aux mouvements du pont. Tout comme les sabres ou les pistolets, chaque navire possède son propre caractère, sa propre manière d'attaquer la houle et de suivre le vent. J’avançais en suivant son balancement, écoutant sous mes bottes les secrets que lui murmuraient les planches de bois à chaque craquement.
- « Il aime se vautrer dans les eaux peu profondes », dit Gindast en connaisseur à côté de moi « Surprenant, pour un vaisseau aux hanches aussi larges. »
- « Il me semblait que tu aimais les hanches larges » dis-je pour le taquiner.
- « Paraît-il, oui. » répondit-il en souriant avant d’ajouter « Ce n'est pas aussi maniable qu'un sloop mais je suis prêt à parier une bouteille de vin de Bordeleaux qu'il doit vous tenir bien fermement dans son sein quand la mer s'agite. »

« Certainement », dit une femme gracile qui portait un long manteau bleu pâle, aux manchettes dorées « C'est un navire vénérable, pour sûr. Il a coulé le Gloire à la Dame et a même eu le temps de percer quelques trous dans les coques des vaisseaux amarrés à Myrmidens avant que la brume du golf noir ne se referme sur lui et lui sauve la peau ». Un bicorne durci par le sel retombait élégamment sur le crâne rasé de la femme, et l'état de ses yeux, semblables à deux œufs pochés qui flottaient dans un bol de soupe de poisson, me suffit pour en déduire qu'elle avait eu la main lourde sur le rhum. Sa peau avait la teinte jaunâtre et cireuse de quelqu'un qui revenait à peine d'un long voyage en mer.
- « Capitaine Simon », dit Syrasse en passant devant moi « On m'avait dit que vous étiez morte. »
- « Il ne se passe pas un crépuscule sans que la rumeur de ma mort ne coure à Sartosa » répondit la femme. « À chaque fois, les hommes pleurent. Puis, quand au petit matin vient le démenti, les femmes pestent. Assurément, je suis plus en forme que jamais. »
Elle se tourna vers moi et me tendit sa main. Je l'attrapais, me mettant immédiatement sur mes gardes. Malgré l'air enivré et la poigne légère de Simon, je sentis dans sa paume des callosités durement acquises et des traces de brûlure à la poudre. « Carla Simon, pour vous servir », dit-elle en relâchant ma main. « Je reviens de longs mois passés à attaquer la côte Tiléenne, là où les eaux sont claires, le ciel bleu et les villages côtiers remplis de tellement d'or qu'un capitaine aurait besoin de dix vies pour tout dépenser. »
- « C'est impressionnant », commenta Syrasse « Qu'est-ce qui a bien pu vous pousser à revenir d'un tel paradis ? »
- « Le bon temps ne dure pas éternellement » dit-elle simplement « en outre, mon navire a subi de lourds dégâts et je suis venu ici faire des réparations, ou bien pourquoi pas en trouver un nouveau plus adapté à mes besoins ».
- « Avec un nouvel équipage et un brigantin qui aime se vautrer dans les eaux peu profondes ? » suggérais-je froidement.
- « Tout est possible » lança Simon en s’esclaffant, avant de faire une révérence et de rejoindre un groupe de capitaines réunis autour d'un tonneau de rhum, près du mât de misaine.

Soudain, mon cœur s’accelera lorsque je reconnus un visage familier. Celui d'un ennemi. En le voyant à son tour, Gindast m’agrippa le bras. « N'oublies pas la trêve », me siffla-t-il avec insistance. Je ne répondis pas, trop concentrée sur l'homme devant moi. Je libérais mon bras et avançais à grands pas vers lui, sans trahir la moindre expression. Il avait les cheveux blonds grossièrement noués en une queue de cheval, et une mèche rebelle qui pendait au-dessus de son séduisant visage glabre. Il se tourna vers moi et, en me voyant approcher, son regard de glace se figea.
- « Nola », dit-il en ouvrant les bras. « Écoutes, je sais que… »
Sur ma lancée, et sans lui laisser le temps de finir sa phrase, je plantais mon poing dans son ventre, cognant de toutes mes forces. Il se tordit comme s'il avait été touché de plein fouet par un boulet de canon, puis je levais le genou pour frapper son joli minois, atteignant son nez dans un craquement écœurant. Il fût projeté au sol et, avant même qu'il puisse se redresser, je bondis sur lui pour l'immobiliser. Instinctivement, je tentais de saisir mon pistolet, avant de me souvenir qu'il était dans un coffre fermé à clé. Au lieu de lui tirer dessus, je l'attrapais par le col pour soulever sa tête et dressais le poing comme pour lui promettre un nouveau coup. Il toussa du sang, puis leva devant mon visage ses mains en signe de reddition
- « Pitié » souffla-t-il, le nez brisé et la bouche pleine de sang.
- « Salut Fabrice » dis-je « je t’avais dit ce qui arriverait si jamais je devais te revoir, pas vrai ? ».

La dernière fois que je l'avais vu, il était en train de tenir les fragments brisés d’une relique sacrée appartenant à mon peuple. Après que je l’ai aidé à dérober des trésors sur le San Felicia, Fabrice avait conspiré, aux côtés d’autres forbans, pour me soustraire la partie du butin que j'avais eu tant de mal à m'arroger. Mais ses deux complices étaient morts, l'un d'une balle de pistolet dans la tête, l'autre d’un coup d’épée dans le foie. Mon épée, et mon pistolet. Au sortir de ce sanglant affrontement, et alors que Fabrice prenait la fuite, j’avais juré que, si jamais je devais revoir mon ancien amant, je l’enverrai rejoindre ses amis.

Pourtant, la trêve lors du retour à la mer d’un capitaine était une tradition de longue date chez les pirates. C'était bien plus une coutume tacite qu'une règle officielle du code de la piraterie, mais elle permettait aux équipages rivaux de se réunir sans que cela entraîne un bain de sang quand leurs capitaines devaient assister aux funérailles d'une autre légende des mers, un événement qui était loin d'être rare. J’avais toujours trouvé cela insolite que des hommes aussi violents acceptent de se plier à une tradition aussi archaïque, mais comme cela ne m’avait jusqu’à présent jamais concerné, je m’y étais faite. Une poigne de fer attrapa mon coude droit pour éloigner mon poing serré et Gindast apparût à ma gauche pour arracher Fabrice de mes griffes. « Du calme, Nola » dit-il « du calme… ».
Une partie de moi mourait d'envie de décrocher un nouveau coup de poing, mais alors que Gindast me redressais, je sentis la rage la quitter. Je ne devais pas risquer d’attirer des problèmes au capitaine Syrasse et j’aurais sûrement d’autres occasions de faire la peau à ce traître de Fabrice, traître avec lequel j’avais partagé bien plus que des pillages de navires.

Je soupirais longuement, puis me retournais pour découvrir qui, avec Gindast, m'avait arrêtée. C'était un vaurien au dos voûté, vêtu d'un manteau qui avait dû être splendide à une époque mais avait depuis perdu de sa superbe. Un accoutrement à peine plus raffiné que la toile de jute en lambeaux que portrait certains mousse lors de leur premier voyage en mer. Devant les regards menaçant des différents pirates nous entourant, je tendis le bras vers Fabrice en agitant la main comme si je faisais passer une pièce entre mes doigts.
- « Besoin d'un coup de main ? » lançais-je avec un large sourire.
- « C'est censé être amusant ? »
- « Oh, mais ça l'est » dis-je « tu ne vois pas comme je souris ? » L'œil avec lequel Fabrice observait ma main gantée d’une mitaine était déjà bleu et enflé. Même si son nez ensanglanté et ses tripes chamboulées le faisaient souffrir, il sourit à son tour.
- « Et si je te tends la main, tu vas me l'arracher ? » demanda-t-il.
- « Ce n'est pas prévu, mais la journée ne fait que commencer. » Il attrapa ma main, puis je l’aidais à se remettre d'aplomb.
Il tira un mouchoir de son gilet puis essuya le sang sur ses lèvres et son manteau.
Je le dévisageais de la tête aux pieds, prenant le temps d'observer ses vêtements tirés à quatre épingles, ses joues bien nourries et le fourreau vide qui semblait d'ordinaire abriter une bien belle épée. Fabrice avait manifestement bien rebondi après la perte de ses amis.
Attrapant une chope il se tourna vers moi « tiens » dit-il « puisque la trêve est en cours et qu'on ne va pas commencer à s'entretuer, pourquoi ne pas en profiter pour s'offrir une bonne gorgée du rhum de Salvatore ? » J’avalais une gorgée et fit la moue en découvrant le goût brut et excessivement sucré.

Durant les minutes qui suivirent, je restais en retrait avec les différents gardes du corps et autres hommes de confiance que les capitaines pirates avaient emmené avec eux pendant que ces derniers discutaient ensemble de sujet sérieux, allant des nouvelles routes de commerces Tiléennes au dernière nouvelles d’Arabie en passant bien sûr par les raisons de la mort du capitaine Salvatore.
« Il était âgé, alors peut-être qu'il est mort de vieillesse », dit un vieux briscard bedonnant que je ne connaissais pas, « Ça arrive à des tas de vieux. » poursuivit-il en riant. « Le brouillard se lève » l'interrompit Carla Simon en faisant un signe de tête vers la mer. Un frisson me parcourut l'échine quand je vis que ce brouillard venait du sud-est. Il était froid, humide et chargé de l'odeur des fosses abyssales les plus profondes.
« Peu importe comment ce vieux saligaud est mort » dit Syrasse « tout ce qui compte, c'est son navire et son équipage. C'est pour ça que nous sommes tous là, non ? Chacun de nous veut remporter le gros lot, je me trompe ? » Les différents capitaines se dévisageaient les uns les autres. Ils savaient tous que c'était la raison précise de leur présence ici.

Les discussions furent interrompues lorsque l’équipage du Renard des mers s'affaira pour mettre les voiles afin d'amener le navire plus au large. En quittant la baie de Sartosa, le navire mit le cap vers l'est. Le trajet avait été soigneusement choisi de manière à éviter tout récif, banc de sable ou épave susceptible de faire sombrer un bateau. Le brouillard que Simon avait repéré les enveloppait désormais complètement, et ils naviguaient dans un silence de mort uniquement interrompu par les cris occasionnels de l'équipage réduit. Malgré le goût répugnant du rhum, Fabrice, Gindast et moi-même continuions de vider peu à peu la bouteille. Après quelques verres, le goût sucré devint supportable et je me détendis un peu. Lorsque la bouteille fut complètement vide, Gindast la lança par-dessus bord et je décidais de l'envoyer en chercher une autre sur le pont inférieur tandis que notre navire s’enfonçait toujours plus en avant dans le brouillard. D'autres théories sur la mort de Salvatore furent présentées, chacune plus ridicule que la précédente, tant et si bien que je ne prêtait plus grande attention aux conversations des capitaines.

Enfin, une voix distante, étouffée par la brume, descendit du nid-de-pie. « Qu'est-ce qu'il a dit ? » demandais-je en scrutant le gréement. Je dus me tenir à la rambarde du plat-bord, car j’avais la tête qui tournait un peu. Le rhum était mauvais, mais il était fort. « Je crois qu'il a dit "terre en vue", ou peut-être "sable en vue" », répondit un homme à la peau d’ébène, la vue brouillée par l'alcool. Soudain, j’entendis le bruit des chaînes de fer qui glissaient sur le pont, rapidement suivi par le plouf d'une ancre qui crevait la surface de l'eau. Les discussions furent interrompues par un bruit. En me retournant, je vis qu’un homme, sûrement le second du capitaine Salvatore, tapait sur le pont avant avec la crosse de son arme. Dans son autre main, l'homme tenait une torche embrasée qui émettait une vive lueur.

« La mer est le cimetière de ce monde, et le sommeil de ses âmes est plus doux sans monument » dit le marin d'une voix grinçante « Toutes les autres tombes portent les marques distinctives des grandes et des petites gens, des riches et des pauvres, mais l'océan ne fait aucune distinction entre le roi, le bouffon, le prince et le paysan. À présent, voyageurs maritimes… entendez-moi : l'heure est venue de payer son dû à l'océan ! »
- « Il était temps » dis-je en retenant un bâillement « finissons-en et rentrons».
- « Ça mérite un verre ça » dit Fabrice.

Syrasse et les autres capitaines se réunirent devant le canon bouché à la cire, où le second du navire les balaya du regard. J’avais l'impression que mon cerveau baignait dans le rhum et je vis plusieurs autres capitaines se balancer, et pas seulement à cause des vagues. Durant un instant, je me demandais ou était passé Gindast, non parce que j’avais envie de boire, mais parce qu’un étrange sentiment de malaise s’installait en moi et que je souhaitais avoir mon compagnon à mes côtés. Les jumelles qui avaient confisqué nos armes quand nous avions embarqué actionnaient un palan au centre du pont. Un énorme crochet au bout d'une épaisse corde fut passé dans l'anneau de levage du canon, juste derrière la mèche huilée tandis que tous se recueillaient, la tête baissée en signe de respect. Pourtant, quelque chose me tracassait. J’avais la désagréable impression qu'un élément m'échappait. L’un des deux sœurs fixa le crochet au canon, puis sa jumelle et elle reculèrent pour laisser le second prendre la parole. « Capitaines de Sartosa, je suis immensément fier de vous voir si nombreux ici aujourd'hui » dit-il « les meilleurs et les pires, les rebuts et la crème des pillards de notre île ». Quelques murmures accueillirent cette acerbe introduction. Derrière l’orateur, les jumelles commencèrent à tirer sur les cordes des poulies pour soulever le canon. Leurs muscles se contractaient et se relâchaient à mesure que l'arrière et l'affût du canon s'élevaient au-dessus du pont. La pièce d’artillerie se retrouva bientôt suspendu bouche vers le bas, et sans la bonde de cire, je me fit la réflexion que nous aurions pu voir le cadavre de Salvatore.

« Aucun de vous n'a été digne de Manann ! Vous vous battez et vous trahissez tous comme des vermines, des rats qui se disputent un festin de viande. Aucun de vous n'a jamais eu l'ambition de former une flotte comme il en existait naguère pour que Sartosa règne sur les mers ! Pour que notre île prospère, il faut un sacrifice, une marée rouge d'offrandes ! » poursuivit le second de Salvatore que je trouvais de plus en plus excentrique. Je jetais un coup d'œil furtif aux capitaines pour voir comment ils réagissaient au discours étrange de l’homme, mais le rhum avait de toute évidence trop engourdi leurs sens. Je sentis qu'on me regardait, Fabrice m'observait attentivement. Il me fit un bref sourire et mon malaise monta d’un cran. Je le vis s’avancer pas à pas en direction du plat-bord, puis me retournais vers le canon, et je compris.

« Oh non… » dis-je en courant vers le pont avant en saisissant la dague cachée dans ma botte. « Ainsi, ce que j'offre à la mer, c'est votre sang, votre sacrifice ! » hurla le maître de cérémonie en levant un bras victorieux. Il retira le foulard qui cachait le bas de son visage et avec un effroi, je reconnus le capitaine Salvatore en personne. Les jumelles me virent arriver, mais elles ne pouvaient pas encore lâcher les chaînes qui maintenaient le canon bouché vers le bas. Je me ruais vers mon capitaine, le temps parut ralentir, mon cœur battant sur le même rythme que la cloche du navire que l'on sonnait lorsqu'un naufrage survenait. C'était comme si je courais dans les hangars portuaires des docks aux abattoirs, des entrailles poisseuses jusqu'aux genoux. Salvatore approcha la torche de l'arrière du canon et poussa un rugissement triomphal.

La flamme argentée embrasa la mèche.
Je me jetais contre le dos du capitaine Syrasse.
Et le monde explosa dans un tonnerre assourdissant.


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Ma première surprise fut de constater que je n'étais pas morte. La seconde, que le Renard des mers n'avait pas rejoint les fonds marins. Un canon de cette taille aurait dû trouer le navire et détruire sa quille sans le moindre problème. L'explosion m'avait rendue sourde, au moins temporairement. Je n'entendais qu'un sifflement à la fois perçant et étouffé. Je roulais sur le côté et grimaçais en sentant le sang couler le long de son bras. La perception voilée d'un son assourdi venant de derrière moi me fit tourner la tête. C'était un carnage tel que je n'en avais pas vu depuis longtemps. Et soudain, je sus pourquoi le navire ne coulait pas. Le canon avait été chargé de mitraille. Ce type de munitions pouvait broyer la chair, mais pas détruire un navire, et il avait été ici terriblement efficace. Ma course désespérée vers Syrasse m’avait permis d'éviter le plus gros des fragments brûlants, la plupart des autres capitaines n'avaient pas eu cette chance. Des hommes et des femmes étaient éparpillés partout sur le pont couvert de sang. Ceux qui avaient été les plus proches du canon étaient presque méconnaissables, réduits à l'état de simple amas de chairs sanguinolentes. Des bras et des jambes avaient volé aux quatre coins du pont et il était humainement impossible de dire à qui ils appartenaient. Cependant, tout le monde n'était pas mort. Les capitaines et leurs hommes qui se tenaient à l'arrière du rassemblement se tordaient maintenant de douleur, le corps lacéré de toute part, et ils hurlaient le nom de Manann si fort que je pouvais encore à peine les entendre. Quelques autres chanceux, moins amochés se portaient au secours des survivants, ou bien tentaient de comprendre d'où viendrait la prochaine attaque.

Je vis Carla Simon qui baignait dans une mare de sang. Son beau manteau bleu était en lambeaux, comme si quelqu'un l'avait lardé d'une centaine de coups de couteau. Je ne savais pas encore si elle était morte, mais ce qui était sûr, c'est qu'elle était particulièrement immobile. Un autre capitaine que je reconnus se tortilla pour se dégager du corps de Simon, ce salopard avait eu de la veine, comme souvent, et avait échappé au gros de l'explosion en se servant de Carla Simon comme bouclier humain.
Gindast ! Où etait Gindast ? Je ne l'apercevait nulle part et ne pouvait qu'espérer qu'il ait survécu, d'une manière ou d'une autre. Gindast avait forcément survécu. Il survivait toujours à tout. Puis mes yeux s'arrêtèrent sur un homme adossé au bastingage, couvert de sang, mais globalement indemne : Fabrice.

Quand il sourit, je sentis la haine monter en moi, et je sus que cette sale vermine suffisante avait été au courant pour le piège de Salvatore. Ce beau parleur devait avoir aidé à préparer tout cela, appâtant les capitaines qui ne le connaissaient pas suffisamment pour l'envoyer se faire voir. Je vis l'écoutille du pont s'ouvrir et l'équipage réduit qui nous avait conduits jusqu'au Récif émergea, sabres en mains, pour finir ce qu'avait commencé leur capitaine. Ils avancèrent comme dans un rêve, éventrant et égorgeant les survivants avec un plaisir sadique. Folle de rage, je me redressais et clignais des yeux pour contenir mes larmes.
Poussée par une froide coleur, je retrouvais l'usage de mes sens. Les sons n'étaient plus étouffés et ma vue n'était plus brouillée. Les hurlements d'agonie me poussèrent à me remettre sur pied, et je ramassais ma dague. Salvatore se tenait loin derrière le canon fumant, les bras levés, il semblait apprécier le carnage. Je me redressais et après m’être assurée que le capitaine Syrasse allait bien, je m’avançais dans la direction du traître en courant, mais, cette fois, les jumelles surgirent pour s'interposer.

Je sautais par-dessus le canon et enfonçais une de mes bottes dans la face de la jumelle au visage tatoué. Une des dents en or vola en éclats sous mon talon, et la femme tomba en arrière. J'atterris avec grâce, puis elle me jetais sur le côté pour éviter la massue hérissée de pointes en fer que l’autre sœur agitait dans ma direction. L'arme fracassa des planches du pont. Je me remis debout d'une roulade, avant de donner des coups de dague dans le dos de mon adversaire. Malheureusement, son vêtement était plus épais que je ne le pensais et mon arme glissa sur le gilet sans pénétrer la chair.

La femme extirpa sa massue du pont et fit volte-face, arme tendue, et l'attaque passa juste au-dessus de ma tête. Entre-temps, la jumelle tatouée s'était relevée. Du sang dégoulinant de son visage, changeant ses tatouages en une hideuse grimace. Elle tenait dans chaque main une grande dague. Elle fonça sur moi en donnant une série de coups de poing, de coude et de pied. Je parais et esquivais les attaques, ne les évitant que de justesse. Je savais me défendre, mais j'étais incontestablement plus à l'aise avec mes épées jumelles. À force de reculer, je me retrouvais à nouveau près du canon. J’étais couverte de sang et je commençais sérieusement à me demander pourquoi j’avais voulu me battre à mains nues. Du coin de l'œil, elle vit la jumelle en à la massue se préparer à asséner un autre coup destructeur. À deux contre un, ce combat ne pouvait que mal finir pour moi. La tatouée aux dagues frappa plus bas et entailla ma cuisse. Je tombais sur un genou, au même moment, une autre attaque filait vers ma gorge. Je levais un bras pour me protéger et la lame s'enfonça à travers dans ma chair nue réveillant des éclairs de douleurs en moi.

Mon adversaire poussa un cri triomphal. Cependant, son sourire s'effaça vite lorsqu'elle réalisa que je n'étais pas encore mise hors de combat. « Que ça te mette du plomb dans la cervelle sale pute » crachais-je avant de planter ma dague dans la partie tendre située sous la mâchoire de la jumelle. Les yeux de mon adversaire s'écarquillèrent sous le choc, et, derrière ses dents j’aperçus l'aiguille de ma lame se frayer un chemin jusque dans le cerveau de la femme. Je me relevais en hâte et repoussais le cadavre d'un coup de pied sous les yeux de l'autre jumelle qui hurlait sa rage en courant dans ma direction. Dague contre massue : mes chances de victoire n'étaient pas bonnes. Vraiment pas bonnes.
Je risquais un coup d'œil derrière moi. Celui avec une éraflure de boulet de canon sur le côté droit… C'était le moment de faire pencher la balance en ma faveur. La jumelle en armure se jeta à ma rencontre, son énorme massue hérissée de pics parée à frapper. L'arme s'abattit comme la hache d'un bourreau, et je plongeais sur le côté au dernier instant.

La tête de fer de la massue fracassa le coffre qui se trouvait derrière moi. Je me remis sur pied et plantais ma lame dans le dos de mon assaillante. Celle-ci grogna et fit plusieurs pas mal assurés en arrière, en arrachant avant de réussir à arracher l’arme de sa chair. Pendant ce temps, je fouillais frénétiquement dans les décombres du coffre en morceaux, jetant sur le côté les couteaux brisés et autres armes dont les propriétaires ne risquaient plus de s’inquiéter. « Allez, allez, où êtes-vous…? » sifflais-je en entendant le frottement d'une massue sur le pont. Une poignée cassée, une lame pliée. Est-ce que les jumelles les avaient cachés ailleurs dans l'espoir de les garder ? Non, non, non…

Puis mes doigts se refermèrent sur la garde familière d’une de mes épées. Je la saisis ainsi que sa comparse et pivotais tout en plongeant sur le côté pour éviter un nouvel assaut. Me redressant, je la frappais au ventre, ouvrant ses entrailles dans un terrible bruit spongieux « Fais voir c’que t’as dans le ventre ! » m’écriais-je victorieuse tandis que la seconde jumelle titubait en tentant vainement de retenir ses intestins dans ses bras. Autour de moi, la lutte continuait et les quelques hommes de mains des capitaines qui avaient survécu affrontaient encore les membres d’équipage du Renard des mers. Un mouvement sur le côté attira mon attention et je vis le capitaine Salvatore qui se jetait sur moi, sabre au clair. Je parais et nous nous lançâmes dans un échange d’attaque et de défense de haute voltige. Par deux fois, il parvint à faire couler mon sang, d’abord en entaillant mon épaule droite, puis la peau nue de mon ventre. Pourtant, alors qu’il réussisait à me faire reculer petit à petit, je réussi à le frapper de l’une de mes lames dans l’un de ses genoux. Sa jambe se déroba sous lui et il fit un mouvement maladroit pour tenter de se stabiliser avant que je ne lui frappe l’autre genoux. Salvatore hurla en se tordant de douleur sur le pont. Il pleurait et essayait vainement de se redresser en s’aidant de son sabre.
Pour l’humilier, je mis un coup de pied dans l’arme, le faisant retomber au sol, puis, alors qu’il se redressait à nouveau, je posais l’une de mes lames sur sa gorge, gardant l’autre le long de ma jambe. « Quelles sont tes dernières paroles ? Cette fois, ce sont tes vraies funérailles. » lui dis-je. « Suces moi les couilles espèces de salo… » la fin de sa phrase se perdit dans un gargouilli sanglant alors que je venais de lui ouvrir la gorge sur toute sa largeur.

Crachant sur le corps sans vie du traître, je m'apprêtais à me précipiter vers la mêlée pour venir en soutien du capitaine Syrasse qui tentait d’organiser la défense des survivants. Je ne pus faire que quelques pas dans leur direction avant qu’une déflagration puissante ne soulève le pont du navire, envoyant voler les morceaux de corps éparpillés dessus et me faisant tomber à quatre pattes. Sous le choc, la moitié avant du navire se souleva, puis retomba brutalement sur l'océan avant que l'eau qui se déversait à l'intérieur ne la dresse de nouveau. Par son poids, la poupe entraîna la proue de plus en plus rapidement sous les flots. Un corps s'écrasa sur le pont à côté de moi. C'était la fille tatouée de Salvatore, le visage toujours figé dans une expression de surprise, des nappes de fluide noir s'échappant de sa bouche. Au centre du navire, les quelques membres d'équipage encore fidèles à Salvatore finissaient d’être maîtrisés par les visiteurs, la plupart des leurs ayant été fauchés par la seconde explosion en provenance de la cale.

Derrière-moi le canon tira de tout son poids sur le palan, faisant craquer de manière sinistre le navire en train de couler. La proue du Renard des mers se leva presque verticalement au-dessus de l'océan. Je m’élançais en avant pour tenter de saisir un bout de corde pendant lamentablement dans le vide. Bandant mes muscles, je parvins à rester accrochée dans le vide alors que le bateau s'enfonçait lentement. Me balançant lentement dans les airs, je constatais que la moitié arrière du navire était presque totalement immergée et qu'une poignée de matelots étaient encore amassés sur la poupe dressée. Ils étaient si près que j’aurais pu les atteindre en me lançant vers eux. Parmi les survivants se trouvait Fabrice et je sentis la colère monter jusqu'à ma gorge.
Profitant du mouvement de balancier de la corde, je lançais dans les airs et retombais et amortissant ma chute contre mon ancien amant, nous envoyant rouler au sol. Dans une danse mortelle, chacun de nous luttait pour prendre l’ascendant sur l’autre. Finalement, Fabrice parvint à se stabiliser au-dessus de moi et m’envoya plusieurs violents coups de poings dans le visage. Me contorsionnant, je réussis pourtant à passer mes jambes autour de son cou et, en bloquant son bras avec mes mains, je l’étranglais de manière inexorable. Il mordit de toutes ses dents dans ma cuisse, me tirant un cri de douleur, pourtant, je tenais bon. L’homme ruait, mordait et crachait de fureur et après bien des efforts, il parvint à se dégager. Je me relevais en même temps que lui, mais fut plus vive et dans un ultime effort, je me jetais, l’épaule contre sa poitrine pour le propulser par-dessus bord. Il poussa un cri de terreur en tombant vers l’eau tumultueuse, cri qui se perdit dans les gémissement du navire à l’agonie et s'interrompit subitement au contact de l'eau.

Dressée sur la figure de proue, j’assistais à la disparition de la poupe du Renard des mers dans un tourbillon d'écume et le craquement des planches de bois. Les rares pirates toujours accrochés à l'épave se mirent à patauger frénétiquement, avant d'être attirés sous la surface par l'effet d'aspiration. Je fus rejoins par plusieurs membres de l’escortes des capitaines, ainsi que par Syrasse à qui je tendis la main pour l’aider à se hisser jusqu’à moi. Je retins un gémissement de douleur lorsque mon corps meurtri se rebella, protestant contre ce nouvel effort. Je baissais les yeux et estimais qu'il ne nous restait qu'une poignée de secondes avant de subir le même sort que les infortunés emportant par le fond.

« Quel dommage d'envoyer par le fond une si belle chose » fit une voix derrière moi. Je souris de toutes mes dents, puis levai le regard par-dessus mon épaule et découvris le vieux Gindast, dans notre barque, trempé jusqu'aux os et couvert de blessures et de contusions. La lampe-tempête dansant comme un phare rassurant à l’avant du navire.
- « Toujours aussi flatteur vieil homme » dis-je en riant.
- « Je parlais du navire » dit Gindast en ramant prudemment dans notre direction.
- « Alors, par Manann, dis-moi donc où tu étais passé. Je t'avais demandé de rester sur ce fichu pont au cas où ça tournerait au vinaigre. » s’exclama le capitaine Syrasse en bondissant dans l’embarcation.
- « J'étais descendu chercher une autre bouteille de rhum à la demande de Nola, mais je suis tombé sur les hommes de Salvatore en train de se préparer au massacre. Comme ils n'étaient pas très contents d'être découverts, ils ont cherché à me couper la tête. J'ai réussi à m'en faire un ou deux avec les lames qui me tombaient sous la main, mais j'ai dû sauter par un trou de canon avant de me faire planter pour de bon. Alors j'ai fait le tour en nageant pour retrouver notre barque, non sans me faire boulotter par les bestioles qui grouillent là-dessous. »

Une fois que les rares rescapés furent montés à bord, Gindast rama pour les éloigner du Renard des mers condamné. Enfin, la figure de proue et le mât avant sombrèrent dans un bouillonnement de bulles, de cordes et d'espars brisés.

- « Et vous, vous comptez m'expliquer ce qui vient de se passer, là-haut ? » demanda Gindast.
- « Tu ne me croirais pas », dis-je
- « En tout cas, une fois de plus, Nola m’a sauvé les miches ! » s’exclama Syrasse en me prenant par les épaules avant de déposer un baiser sur mon front.

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Re: [Nola Al'Nysa] Le monde ne suffit pas

Message par Nola Al'Nysa »

/ Vivre et laisser mourir
Texte issu d'une réécriture personnelle d'une nouvelle déjà existante !!!

Le Quai blanc de Sartosa devait son nom à la couche de fiente d’oiseaux marins qui le couvrait d'un bout à l'autre, et l'état des lieux convenait parfaitement aux morts qui s'y reposaient pour l'éternité. Ici, les gens n'enterraient pas leurs défunts : ils les rendaient à la mer.

Je me tenais là, assise sur une caisse de rhum au bout du quai, les jambes croisées et un cheroot en équilibre sur la lèvre inférieure. La lumière de la lune projetait un léger halo lumineux sur la brume transportée par les vagues, donnant à l'écume une couleur jaune tabac. Des mouettes charognards étaient alignées sur les toits du quai, ce qui était toujours un bon présage. Mieux que quiconque, elles savaient sentir l'arrivée d'un repas frais.


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« Il était temps », murmurais-je alors qu'un homme au crâne rasé, emmitouflé dans un long manteau de cuir noir, usé par le temps et les intemperries, approchait de l'étroite allée jonchée de débris. Une meute de rats le suivait de près, espérant sans doute qu'il soit ivre au point de s'évanouir, ce qui leur offrirait un repas facile. L'homme se nommait Hans Frideburg et faisait partie de l’équipage du Monarque des mers. Tout corsaire digne de ce nom porte des tatouages, mais dans le cas de Hans, le moindre centimètre carré de peau était couvert de serpents griffus, des noms de ses maîtresses, de la liste des navires qu'il avait coulés ou des hommes qu'il avait assassinés. Sa peau était une confession ambulante à la violence de son existence de frère de la côte.

Il avançait d'un pas assuré le long du quai, mais ses yeux qui jetaient des regards hâtifs de part et d'autre trahissaient son inquiétude. Sa main était serrée sur la poignée du long sabre qui pendait à sa hanche. Il portait également une arme à feu, un lourd pistolet à silex dont la crosse dépassait ostensiblement de sa ceinture.

- « Où il est ? » demanda Hans « Tu as dit que tu l'amènerais sorcière. »
- « C’est un sabre tiléen ? » demandais-je, ignorant totalement la question de mon interlocuteur.
- « Réponds-moi putain ! »
- « Toi d'abord » dis-je en soufflant une bouffée de fumée dans sa direction avant de lui lancer un sinistre sourire « Je ne sais pas où en est la marée, mais ton frère est actuellement accroché par une chaîne ancrée dans le sol dans un hangar immergeable, chaque minute qui passe, le niveau de l’eau augmente autour de lui. »
Hans inspira profondément et toute trace de tension sembla le quitter.
- « Ouais, il vient de Remas » confirma-t-il, dégainant l'arme en la tenant par la garde.
- « Il doit valoir cher » répliquais-je avec une lueur de convoitise dans le regard
- « Oh, madame est une experte » grogna-t-il.

Je me détournais de lui, regardant les vagues venir lécher les pieds du quai et dont la fréquence et la puissance augmentaient régulièrement. Pensive, je tirais une nouvelle bouffée de fumée de mon cheroot en le laissant prendre le temps de comprendre la délicatesse de la situation ou il se trouvait. Hans leva immédiatement les mains pour montrer qu'il regrettait son sarcasme.

- « D'accord ! D'accord ! » implora-t-il. « Il est à toi. Envoie un de tes hommes le libérer. Je t'en prie. »
- « Tu me suivras sans faire d'histoires ? » Hans éclata d'un rire fataliste.
- « J'ai le choix ? » lança-t-il « Tu as tué tous mes hommes, tu as captué mon frère et pour quoi ? Une foutue prime ! »
- « C’est la dure loi de la piraterie » répondis-je avec flegme « chacun se bat pour soi. »
- « Et qu'est-ce que je vaux, pourriture ? »
- « En pièces ? Cinq cents couronnes environs »
- « Tout ce bazar pour à peine cinq cents putain de couronnes ? »
- « Ce n'est pas l'argent qui t'a condamné, c'est ta loyauté envers Jack le Sanglant » lui dis-je en interrompant ses lamentations. « c'est pour cette raison que je veux ta mort. »
- « Mort ? Mais l'avis de recherche dit qu'on me veut vivant ! » s’écria-t-il perplexe.
- « C'est vrai, mais je n'ai jamais été très forte pour suivre les instructions, au grand désespoir de mon capitaine d’ailleurs » déclarais-je en jetant mon cheroot dans la mer.

Hans hurla de rage et se jeta sur moi en agitant son sabre. J’attendis qu'il ne soit plus qu’à quelques pas pour me lever et dégainer mes épées jumelles et parer son attaque maladroite. Emporté par son élan, il se retrouva déséquilibré et avant qu’il ne puisse se rétablir, je lui plantais une de mes lames à travers la poitrine, avant de lui ouvrir la gorge avec ma seconde arme d’un geste vif et précis. Il tomba à genoux en portant la main à son cou dans un geste désespéré d’empêcher la vie de quitter son corps. Je crachais au sol devant lui avant de poser mon pied sur son torse et de le faire basculer en arrière.

« Légitime défense » dis-je en souriant, comme pour répéter le mensonge que je réservais aux autorités « cet imbécile s'est jeté sur moi avec son sabre. Je n'avais pas le choix. »
Je me penchais pour ramasser le magnifique sabre tiléen Je tournais l'arme entre mes mains. Trop légère à mon goût, mais fabriquée avec soin et d'une beauté à couper le souffle. J’esquissais le spectre d'un sourire tandis que l'image de Hans pensant échapper à la mort en se jetant sur moi par surprise traversait mon esprit. Je soupirais et le souvenir s'évapora pour laisser place au sentiment réconfortant de la vengeance accomplie. Après un instant de réflexion, je jetais le sabre dans l'eau où il rejoignit les défunts. La mer réclamait son dû, après tout, et Hans n'avait pas menti : l'arme valait une petite fortune.

Tandis que je quittais les lieux de ma démarche souple et féline, les rats et les mouettes commencèrent à se disputer le corps encore chaud de l’homme s’étant crus assez malin pour s’en prendre à l’Aslevial, son équipage et surtout sa sorcière, moi. Je savais que j’aurais dû jeter le corps de Hans dans l'eau, mais les rats et les mouettes avaient bien le droit de manger, non ? Et la viande fraîche était un mets plutôt rare sur le Quai Blanc.


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Re: [Nola Al'Nysa] Le monde ne suffit pas

Message par Nola Al'Nysa »

Dans le lointain, là où la mer au ciel s'unit,
Une forme à l'allure imposante grandit.
C'est contre l'édit royal qu'elle fend l'onde amère :
Voyez, battue des vents, flotter sa flamme altière !
Crachant un feu nourri et chapeautée de gris
Elle répand sa rage meurtrière.
Ses balles, ses boulets sur le mur d'ennemis
Impriment leur sillon : une profonde ornière !
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Re: [Nola Al'Nysa] Le monde ne suffit pas

Message par Nola Al'Nysa »

/ Demain ne meurt jamais

Des cris plus fort qu’à l’accoutumée me tirèrent avec difficulté de la sieste fiévreuse dans laquelle j’avais fini par sombrer. Il faisait lourd dans la cale sombre et mal aérée du navire et mon corps était couvert de sueur, pourtant, un frisson glacé me parcourut des pieds à la tête et je réajustais fébrilement ma mauvaise couverture de laine autour de mes épaules et me retournant dans mon hamac.

Une toux sèche me secoua quelques instants, reprise en échos à divers endroits de la pièce par d’autres marins souffrant du même mal que moi. J’aurais voulu tendre la main vers mon outre d’eau pour humidifier mes lèvres gercées et ma gorge sèche mais la perspective d’un tel effort me décourageait et je me contentais de déglutir difficilement. Pour essayer de sortir mon esprit du cercle de pensées confuses et insensées qui tournaient en boucle dans ma tête, je tentais de me concentrer sur la conversation animée qui se tenait au-dessus de moi sur le pont supérieur mais je ne parvenais pas à rester attentive bien longtemps et je tombais finalement de nouveau dans cette torpeur maladive et épuisante dont je n’émergeais quasiment plus depuis une bonne semaine maintenant.

Les premiers symptômes de ce mal étrange qui rongeait le navire étaient apparus il y a plus d’un mois maintenant lors de la traversée qui devait nous ramener à Sartosa après un long été de pillage sur les côtes estaliennes. Suite à une dernière halte de deux jours sur une île inoccupée de l’archipel des ardentes pour remplir nos réserves d’eau douce, certains membres de l’équipage avaient commencé à se sentir mal. Des vertiges et des nausées s’étaient emparés d’eau, en faisant la risée du reste des matelots à bord. Même le capitaine Syrasse, le vieux Gindast et les vétérans de la mer, qui ont déjà vu leur lot de choses étranges s’étaient montrés taquins avec les malades. Il faut dire que voir de fiers pirates vomir tripes et boyaux par-dessus bord avait de quoi dérider même le plus grincheux des vieillards. Après tout, un forban qui devient vert à la première brise, c’était comme un ivrogne qui finissait sous la table après une bolée de cidre.

Pourtant, au fil des jours, les plaisanteries avaient laissé la place à une inquiétude de plus en plus sincère à bord du navire. Nos frères malades ne semblaient pas vouloir guérir, pire encore, de nouveaux matelots étaient à leur tour touchés par ce mal sournois et mystérieux. Sous les conseils de Hertzog, le chirurgien de l’équipage qui tenait aussi lieu de médecin de fortune au besoin, on avait isolé les malades dans la partie avant de la cale afin d’endiguer le début d’épidémie. Les choses avaient pourtant pris une tournure encore plus inquiétante quand le robuste vétéran de guerre impérial avait lui-même était fauché par la maladie, se retrouvant en l’espace de quelques heures alité au milieu des autres pestiférés.

Saleh, le maître des cartes et de la navigation du navire s’était alors retrouvé propulsé au rang de nouveau médecin du bord. Il avait presque asphyxié de fumées venues de sa lointaine Arabie la pièce ou croupissaient les souffreteux afin de tuer les microbes et de faire reculer l’infection mais en vain. Le soir, nous nous réunissions entre valides pour faire le point sur la situation et essayer de trouver un peu d’espoir dans les paroles des uns et des autres. Pourtant, l’espoir ne dura pas longtemps. Après deux semaines, les premiers à avoir contracté le mal commencèrent à décéder. Pas tous, heureusement d’ailleurs, mais assez pour que cela ne termine de miner complètement le moral de l’équipage. La maladie, quelle qu’elle fut, ne s’embarrassait pas de discrimination physique ou ethnique. Elle emportait dans la tombe aussi bien des gaillards aussi puissants que des buffles, originaires de Norsca ou du Kislev que de frêles bretteurs tiléens.

Après trois semaines, je tombais malade à mon tour. Je me réveillais un matin avec la sensation d’avoir froid, ce qui était étonnant puisque nous traversions les océans du sud sous un soleil de plomb depuis maintenant plusieurs jours. Puis, je commençais à avoir des suées nocturnes et à perdre l'appétit. Rapidement, je me rendis à l’évidence que j’avais à mon tour été atteinte par le mal qui consumait nombre de mes compagnons depuis presque un mois et après trois jours durant lesquels ma santé se dégrada à une vitesse alarmante, je n’opposais guère de résistance quand on me transporta couverte de sueur et l’œil hagard dans la partie du navire où croupissaient les autres malades et mourants.

Je perdis rapidement la notion du temps dans cette cale malodorante ou la lumière du jour ne filtrait que par les quelques sabords laissés ouverts volontairement pour permettre d’aérer l’espace. Par moments, je recouvrais assez de lucidité pour comprendre qu’on emmenait le corps de l’un de mes compagnons enroulé dans un morceau de tissu pour le rendre à la mer. Plusieurs fois, je me réveillais en sursaut d’un rêve incohérent et enfiévré pour découvrir Saleh ou l’un des hommes chargés de l’aider en train de me tamponner le front et les lèvres avec un linge humide pour faire descendre ma température. La toux qui secouait chacun d’entre nous était sinon le seul bruit qui berçait l’écoulement interminable de nos journées douloureuses à lutter pour notre vie contre un ennemi invisible.

Un jour, je ne saurai dire si c’était le soir ou le matin, le capitaine Syrasse descendit dans la cale pour s’adresser à ceux parmi les hommes alités dont l’esprit était encore assez fort pour comprendre ses paroles. Peinant comme une vieille femme à l’article de la mort, je réussis à force de volonté à me redresser sur un coude pour écouter ce que notre guide avait à nous dire. En quelques phrases simples et brèves, il nous informa que nous étions arrivés à Sartosa, mais que l’accès au port nous était interdit afin d’empêcher toute propagation incontrôlée de l’épidémie. L’Aslevial était donc placé en quarantaine à l’entrée du port de la cité corsaire jusqu’à nouvel ordre. Il ne le dit pas, mais je compris à son regard inquiet qu’aucun médecin de la ville ne s’était porté volontaire pour venir nous examiner et tenter de trouver une explication à cette maladie qui nous emportait tous un par un.

Pour ma part, je m’étais déjà fait une raison. Aucun des marins tombés malade avant moi n’avait pour le moment survécu et même si certains des plus anciens s’accrochaient encore tant bien que mal à la vie, il semblait que le sort qui nous attendait tous fut le même : une mort lente et douloureuse, sans honneur et sans saveur dans les affres de la maladie. Une mort sale donc. Moi qui avais toujours imaginé mourir le corps transpercé par des balles ennemies, la gorge tranchée par un sabre ou un poignard enfoncé dans le cœur, j’aurais presque pu rire de ma situation si je n’avais pas été si faible.

Pourtant, me condamner si vite aurait été mal connaître mon sale caractère et ma forte tête. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir disait toujours le vieux Gindast et je comptais bien me battre contre le mal jusqu’au bout. Si des gaillards atteints par les premiers symptômes plusieurs jours avant moi, il était hors de question que je ne meure tant que eux respiraient encore, question de fierté. Je m’accrochais donc au fil ténu qui me rattachait encore à la vie, plongeant de plus en plus souvent dans l’inconscience pour en ressortir ensuite l’esprit en délire et le corps trempé. Le temps avançant, je n’eus plus la force de me nourrir seule et de mâchonner les morceaux de pain que le coq nous faisait encore descendre. Heureusement, chaque soir, Saleh venait à mon chevet et prenait le temps, durant de longues, très longues minutes de faire ramollir des boulettes de mie de pain dans de l’eau et de les glisser entre mes lèvres sèches. J'essayais parfois d’accrocher son regard, mais mon œil était vitreux et je ne parvenais même plus à avoir une perception nette de mon environnement.

Je n’avais jamais été réellement proche de Saleh et je ne doutais pas que ce traitement de faveur qu’il m’accordait était plutôt le fruit d’un ordre direct donné par le capitaine Syrasse que d’une quelconque pitié de l’arabéen à mon égard. Pourtant, je crois que cette attention particulière me sauva en grande partie la vie. Après un temps indéterminé à mourir à petit feu aux portes de Sartosa, un premier homme commença à montrer des signes de rétablissement. De mon côté, je m’étais rendu compte la veille que je ne toussais plus, bien que la fièvre soit toujours présente, brûlant mon front et ma poitrine comme un feu ardent. Ensuite, les migraines terribles qui me déchiraient le cerveau depuis plusieurs semaines commencèrent à diminuer en intensité. Je crus dans un premier temps que cela venait simplement du fait que commençais à m’habituer à leur présence constante, mais quand un matin, l’un des rares rescapés parmi les malades de la première heure se leva lui-même de son lit, je compris que certains d’entre nous allaient bel et bien s’en sortir.

Moi, je n’étais pas encore tiré d’affaire, mon état de faiblesse était tel que je ne pouvais même plus me redresser seule de mon hamac. Pourtant, petit à petit, de manière quasiment imperceptible, mon corps commençait à reprendre le dessus sur la maladie. Je n’osais dans un premier temps pas y prêter attention, de peur de me faire de fausses idées, mais lorsque l’appétit commença à me revenir, je sus que j’étais sur la voie de la guérison. Quand l’appétit va, tout va disait aussi le vieux Gindast, et bien je crois que je n’avais jamais autant apprécié l’une de ses citations toutes faites. Le temps passant, la cale continua de se vider, soit parce que mes voisins étaient morts, emportés par le mal, soit parce qu’au contraire, ils étaient tirés d'affaire. Parfois, je me réveillais d’une sieste fiévreuse pour découvrir le hamac à ma droite vide et l’angoisse du sort de son occupant me tenaillait jusqu’au soir quand Saleh venait à mon chevet et m'expliquait ce qu’il était advenu de l’homme.

Avec l’appétit, les forces revinrent elles aussi dans un second temps. Ma patience fut mise à rude épreuve, mais après encore plusieurs jours à végéter dans les entrailles du navire, je fus enfin capable, un matin, de me lever et de quitter moi-même mon hamac souillait pour me hisser à grande peine sur la coque du navire. C’était le petit matin, l’air était frais et la mer d’un calme parfait. Je crois que je n’ai jamais ressenti un si grand bonheur que lorsque je respirais pour la première fois depuis de longues semaines l’odeur iodée du large. J’aurais presque sauté à la mer pour sentir le froid mordre ma chair et pour me laver de la crasse qui me couvrait. Une fois de plus, j’avais survécu. Une fois de plus, j’avais dompté la mort et refusé sa main. Une fois de plus, jusqu’à quand…


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Re: [Nola Al'Nysa] Le monde ne suffit pas

Message par Nola Al'Nysa »

/ La chasse est ouverte

Nola avançait silencieusement à travers la jungle dense, sa progression guidée par son instinct acquis au fil des années passées dans cet environnement sauvage. Ses pieds nus s'adaptaient avec grâce aux contours accidentés du sol, évitant les branches et les racines avec une aisance presque animale. Autour de son cou, le collier d'os et de plumes émettait un doux bruissement à chaque pas, un ornement porteur de signification pour son peuple. À sa ceinture, son poignard étincelait légèrement, un outil polyvalent qui lui avait sauvé la vie à maintes reprises. Chaque pas qu'elle faisait était une danse avec la jungle, une symphonie de mouvements fluides et gracieux alors qu'elle se fondait dans le paysage.

Ses seins bien proportionnés se soulevaient légèrement au rythme de son souffle, semblant en parfaite harmonie avec son environnement. Chaque inspiration et expiration étaient comme une affirmation de sa vie et de sa force, un témoignage silencieux de sa résilience face aux défis de la jungle. Dans ce monde sauvage, sa poitrine nue était un rappel de son lien profond avec la nature, un témoignage de sa capacité à vivre en harmonie sur ces terres hostiles et à y prospérer.


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Le soleil perçait sporadiquement la canopée dense, créant des éclats de lumière qui jouaient sur sa peau hâlée et formant un étrange jeu d'ombres sur le sol recouvert de végétation. Les arbres géants, aux troncs noueux et aux racines entrelacées, s'élevaient vers le ciel, créant un dôme de verdure qui filtrait la luminosité en un doux rayonnement. Ses yeux perçants scrutaient constamment les alentours, cherchant des signes de danger ou de sa proie. Dans sa main, elle tenait sa lance, une extension naturelle de son corps, prête à être utilisée pour la chasse ou pour se défendre.

Nola s'était aventurée profondément dans la jungle, jusqu'à ce qu'elle arrive en vue de la tanière du tigre à dents de sabre. L'air était lourd de tension, les bruits de la nature semblaient s'éteindre, laissant place à une atmosphère électrique. La jeune amazone sentit son cœur battre la chamade alors que le tigre sortait enfin de son antre, se faufilant avec une grâce mortelle dans sa direction. Ses sens étaient en alerte maximale, écoutant le moindre froissement de feuilles, le moindre craquement de brindille.

Le combat s'engagea dans un tourbillon de mouvements rapides et de rugissements féroces. Le tigre, majestueux et puissant, fondit sur Nola avec une agilité redoutable. Ses muscles tendus trahissaient une force incroyable. Après une longue minute d’affrontement, le tigre parvint à plaquer Nola au sol, sa gueule immense et menaçante s'approchant dangereusement de son visage. Cependant, avec un réflexe rapide et une détermination farouche, Nola réussit à coincer sa lance en travers des crocs du fauve, la maintenant à deux mains pour empêcher le tigre de lui arracher la gorge. La scène était figée dans une lutte épique entre la femme et la bête.


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La sueur perlait sur le front de la guerrière, et ses muscles étaient en feu à force de maintenir la position. Le tigre grondait de frustration, ses yeux flamboyants exprimant à la fois la colère et le désir de victoire. Nola, les muscles tendus sous l'effort, luttait pour maintenir sa lance en place, sa détermination inébranlable la poussant à ne pas céder face à cette créature terrifiante. L’animal, toujours plus enragé, tenta de secouer l’arme pour se libérer. Ses yeux brillaient de colère, et ses griffes tentaient de trouver une prise sur son adversaire. La tension était à son comble, chaque instant pouvant être le dernier. Finalement, Nola trouva une opportunité. Avec un effort surhumain, elle réussit à se dégager et à se redresser pour reprendre la lutte.

Le félin poussa un hurlement de colère et recula brusquement pour faire face à la jeune amazone qui l’attendait, poignard à la main, prête à en découdre jusqu'au bout. Le tigre la fixa d'un regard empli de haine. Le combat reprit, mais cette fois, Nola prit l'ascendant. Ils se livrèrent un duel féroce, avec des mouvements rapides et gracieux de part et d'autre. Nola, déterminée à prouver sa valeur, n'allait pas abandonner face à cette bête redoutable. Chacun de ses gestes était calculé, son poignard se déplaçant si vite qu’il en devenait flou et frappant sans relâche le puissant animal.

Finalement, après un combat acharné qui sembla durer une éternité, Nola parvint à porter un coup fatal au tigre. Sa lame s'enfonça profondément dans le flanc de la bête, et il s'effondra, émettant un dernier rugissement. La victoire était enfin là. Épuisée, elle s'agenouilla près de l'animal abattu, son souffle saccadé et son corps couvert de sueur et de poussière, mais elle avait réussi. Elle avait chassé le tigre à dents de sabre et prouvé sa valeur aux yeux de sa tribu. Alors, au cœur de la jungle, sous le regard attentif de la nature environnante, Nola la guerrière cria sa victoire au ciel !

Alors que le soleil descendait lentement à l'horizon, Nola se rendit à une petite cascade cachée au cœur de la jungle. Le doux murmure de l'eau qui s'écoulait sur les rochers accueillit ses oreilles alors qu'elle s'approchait de ce lieu paisible. L'eau cristalline tombait depuis une petite falaise, créant une piscine naturelle bordée de végétation luxuriante.

Les rayons dorés du soleil filtraient à travers les feuilles des arbres, projetant des éclats de lumière dans l'endroit paisible. Nola se s’avança dans les dernières lueurs du jour, révélant sa silhouette athlétique sculptée par sa vie dans la jungle. Elle plongea sous l'eau fraîche, laissant la cascade la nettoyer de la sueur et du sang du combat. Ses cheveux sombres collés à son front reprirent leur liberté alors qu'elle émergeait, revitalisée. Assise nue sur un rocher lisse, elle inspecta le précieux trophée qu'elle avait obtenu dans sa bataille épique : le croc du tigre à dents de sabre. Elle le nettoya avec précaution, admirant sa taille et la façon dont la lumière du soir se reflétait sur sa surface acérée. Pour Nola, chaque victoire était une source de fierté, et ce trophée était un rappel tangible de sa bravoure et de sa détermination à survivre dans cette jungle sauvage. Elle sentit un profond respect pour la nature qui l'entourait et pour elle-même, une amazone qui avait triomphé d'un redoutable prédateur.

La jungle s'animait davantage à mesure que la nuit tombait, et les cris des oiseaux nocturnes et les bruits de la faune nocturne remplissaient l'air. Le doux murmure des feuilles dans le vent, le chant lointain des grenouilles et le grincement des insectes formaient une symphonie naturelle qui apaisa son cœur.
La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

Nola Al’Nysa, Voie du Forban
Profil: FOR 11 / END 8 / HAB 9 / CHAR 8 / INT 9 / INI 8 / ATT 11 / PAR 11 / TIR 9 / FOI 0 / NA 1 / PV 65
Mon histoire : ici
Quelques récits sur la vie de Nola : ici

Awards :
  • Meilleur PJ - Etoile Montante : 2022
  • Bourrin en chef : 2022 & 2023
  • Incitation aux voyages : 2023


Dessins de Nola Al'Nysa réalisés par NmForka :
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