[Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par [MJ] Le Faussaire »

Test de FM : 57, pas suffisant.
Perception : 52, réussite de peu.
En effet, une fois le soir proche, Jadwiga vit de nombreux souvenirs refaire surface. Les palissades de la bourgade n'avaient pas changé d'un cil, la cloche d'alarme non plus, et une fois à l'intérieur de l'enceinte, elle reconnut parfaitement la maison de bourg, l'écurie, l'auberge-relais, l'arrière-taverne, ... Au point même de reconnaître l'enseigne du lieu où elle avait dormi, il y a plus d'un mois à présent. Sur une note moins réjouissante, elle reconnut aussi la porte arrière, où elle avait été interpellée par trois gugusses aussi étranges que malchanceux. Des trois lurons qu'elle avait rencontrés de nuit, l'un avait terminé fendu comme une bûche, l'autre poignardé, et le dernier disparu - tous les trois de la main de Jadwiga.

C'était la première fois depuis sa libération qu'elle revivait un événement de la sorte. C'était aussi la première fois qu'elle reconnaissait autant de choses. Elle avait oublié les noms, les accents, mais les sons étaient bien là, les visages aussi : lui, qui ne l'avait pas cru ; elle, qui s'était effondrée après le carnage ; lui encore, qui n'avait pas voulu discuter des faits après coup et qui n'avait fait << qu'obéir aux ordres >>. C'était toujours comme cela avec cette épée de toute façon. C'était toujours pareil avec Barrakul, cette vicieuse lame toujours propre, au comportement toujours plus bâtard, au fil si fin et si inaltérable, qui refusait encore et encore de tenir au fourreau, qui tranchait cuir, chair et tissu, os et acier comme des tranches de gelée tiède. Depuis qu'elle l'avait obtenu, Barrakul n'avait jamais failli, jamais hésité - même si elle l'avait parfois senti trembler dans sa paume, ou bien chauffer à sa ceinture.

Ainsi, pour peu que Jadwiga l'empoigne et la dégaine, l'épée lui aurait sans doute permis de revivre cette nuit d'été. Après tout ce temps, il était certain que l'épée avait des pouvoirs, des trucs "pas nets" comme l'aurait dit son père. Oui, sans doute, l'épée pouvait-elle lui faire revivre ce vieux songe, cette dizaine de secondes fatidique, où ces interlocuteurs bien trop curieux et trop peu soupçonneux l'avait menacé, afin de "faire passer le message". Réduits à l'état de livres ouverts, c'est un autre message qui s'était propagé : "Faites pas chier".

- "Comment ça, une missive de Middenheim ?! Qu'est-ce que j'en ai à faire de votre missive, moi ? Ma parole, si c'est pour attendre une connivence de ta frangine, autant s'arrêter tout de suite, mon garçon !"

Le beuglement l'arracha à son rêve éveillé. La voix était sèche, grumeleuse, usée. Sans doute une voix d'homme, ou de vieux fou. Lorsqu'elle tourna du chef, elle aperçut alors un nain, gris et aigri, qui vociférait à grands coups de bras devant un... Artisan, ou bien un petit-bourgeois. L'homme avait l'air assez décontenancé, voire même paniqué par la réaction volcanique du nabot.

- " J'espère pour toi qu'elle arrivera vite, ta missive ! Je n'ai pas que ça à faire, moi, et les miens non plus ! Semaine prochaine, si je n'ai pas la to-ta-li-té de ma cargaison, tu ne feras plus jamais d'affaires avec mon clan, ni avec aucun autre clan, foi de Hugnur Barbecendre. C'est quand même pas compliqué, je t'avais tout marqué là. Là, regarde ! Et ne me fais pas croire que Middenheim ne fonctionne pas comme ci ou comme ça, hein, parce que j'y ai vécu pendant plus de douze hivers, alors ne me le fais pas. Allez, va."

Et sur ces mots, le vieux nain se ressaisit, tourna son nez de tout coté, avant de rejoindre trois autres individus de même taille que lui.
Choix du joueur : je m'approche et lui demande à propos de la missive.
Test de commérage, à +10 : 6, ça mord à l'hameçon, sans problème !

L'artisan, enfin libéré, remballa à la hâte ses quelques affaires avant d'être interpellé par la rouquine.

- "Vous attendez une missive de quelqu'un ?

- Oui, enfin, oui d'un collègue de là-haut - enfin, un responsable d'une guilde de là-haut. J'attends de ses nouvelles, et de quoi travailler

- J'en viens de Middenheim - peut-être que je peux vous renseigner.

- Ah ! Eh bien, cela dépend. Vous êtes au courant de la législation sur le bois ? Sur les outils ? Vous avez déjà cotoyé les Kommissions ?


- J'en ai vendu, du bois et des outils - et j'ai passé tout cet été avec des braves gens des Kommissions de Middenheim ; je suis pas charpentière, mais je connais du monde.

- Euh, d'accord... Donc si j'vous dis Herr Scharlach, ça vous dit un truc ?"

Là, l'ostlandaise hésite, et réfléchit.

- "Scharlach... Non, ça ne me dis rien. C'est le chef d'une guilde ?

- Non, enfin, si, un responsable. Je sais pas son rang exact, et vu qu'il ne m'envoie plus de missives, je n'ai pas de nouvelles sur ça, ou sur rien en fait.

- Il y a eut du gros grabuge cet été. Plusieurs chefs de kommissions ont été remplacés, tout comme des gens de la cour du Graf. Von Goethe, Sparsam... Peut-être qu'il a également eut des problèmes récemment ? Cela fait combien de temps ?

- Ben... Un peu moins d'un mois. 'fin j'reçois une missive avec chaque livraison, et j'ai des livraisons toutes les deux s'maines, mais là, ça fait bien quatre s'maines que j'ai rien reçu.

- Hé beh, c'est sérieux ça - et pendant ce temps il vous laisse comme ça au chômage ?

Là, il se met à faire la moue.

- " Bah oui et non. J'ai d'autres contacts, mais avec le nain qu'vous avez vu, c'est comme si j'en avais qu'un.

- Hm, je crois que je le connais, lui... Il vient de... Delberz, non ?

- C'est ça ouais, et il a décidé de camper ici tant qu'il a pas ses marchandises."

L'ostlandaise siffle en copiant cette moue, sous le regard approbateur du middenlandais.

- "Un Nain c'est têtu, vous allez jamais vous en débarrasser de cette teigne. C'est quoi qu'il veut ?

- Du bois, des poutres et des outils. Il démord pas de ça, même quand d'autres gars lui proposent du bois d'ailleurs. Surtout qu'ici, on a pas trop d'bois. On les coupe pas les arbres, on en fait des vergers", s'exclame-t-il en haussant les épaules. L'anecdote provoque un rire à Jadwiga, qui lui tend la main après-coup.

- "Jadwiga Herzen, au fait." Puis, n'ayant eu de réponse, elle enchaîne : "Où c'est qu'elle est retenue, sa commande ? Je pourrais jeter un oeil."

Il faut un certain temps au Middenlandais pour tendre la main. L'hésitation se lit sur son visage.

- " Bah elle est pas arrivée, c'est bien ça le souci. Les missives arrivent avec la cargaison, et j'reçois ni l'un ni l'autre en s'moment.

- Hé bien je vais voyager un peu prochainement. Si vous me dites où me renseigner, je pourrai vous filer un coup de main, si vous en avez envie."

Voilà qu'il se met à réfléchir, à se frotter le nez, le menton, l'oreille, ... Il semble peser le pour et le contre avec un sérieux terrible, alors que la question est tout à fait anodine.

- " Hm, eh ben oui, si ça vous va bien. Vous pourriez aller voir à Delberz, tiens. Puisque c'est d'là que vient cette tête de mule, peut-être qu'un de ses congénères pourra vous aider à le raisonner - ou au moins le faire patienter !

Enfin, sur ce, je ne vous dérange pas plus ma bonne dame, j'ai à faire... Ailleurs, hein. Auf wiedersehen."


Il clôture sa phrase sur un salut poli, puis s'échappe dans une ruelle perpendiculaire, laissant Jadwiga seule dans la grande rue.


***

Sa soirée, Jadwiga trouva de quoi faire au sein d'une taverne, entre deux verres de cidre frais et une conversation sans paroles - partie qu'elle vous raconterait bien volontiers, vu toutes les choses qu'elle trouva alors au fond de gobelets de cidres, gobelets à dés et autres verres à pied.
***
Le lendemain après-midi, juste avant le crépuscule, ce fut Delberz qui se présenta à la famille Ulder. Très vite, une petite file indienne apparait devant les remparts de la ville, et le rythme déjà lent est encore plus ralenti. Une fois arrivé dans la queue, Magda semble nerveuse, soufflant et remuant la tête sans raison - à moins que ce ne soit juste l'absence de verdure qui la perturbe, et les grands sillons de gravats qui servent à cet étrange chantier. Soudain, une voix se fait plus claire dans le brouhaha des arrivants. Une voix de femme.

- "Hé là, tout beau, ça te dirait un peu d'amitié, ou de bon temps ?

- Va-donc, pousse-toi !

- Allons, mein herr, détendez-vous, regardez, j'ai la p-

- Lâche-moi, catin !

Le bruit d'une gifle se fit entendre. Quelques instants plus tard, la boiteuse reprit :

- Et toi, mon chevalier, tu sais mieux traiter les dames, n'est-ce pas ?

- Je... Je ne suis pas chev...al...ier.

- Oh, j'avais cru. Et ton ami derrière, il est écuyer ?

- Je ..."

Elle susurra quelque chose au second jeune homme - le plus courageux des deux -, et celui-ci, qui s'était empressé de plonger une main dans l'ombre sous les haillons de la boiteuse, la retira doucement, suivant du regard la mendiante éclopée, avant de se figer sur son cheval, le visage blême puis écarlate.

Elle s'avança alors jusqu'à la carriole des Rudel, toujours en boitillant.

- " Allons, bon seigneur, qu'est-ce qui t' ..."

La mère Rudel sortit soudainement la tête, et c'en fut assez pour la piétonne.

- " Oh pardon, pardon messire. Je ne savais pas que Freiherr avait une Freiherrin - Pardon-messire, pardon." fit-elle la tête bien basse, en se glissant d'un pied vers Magda.

- "Mais toi, bretteur, tu m'as l'air bien fatigué, non ? Que dirais-tu de quelques heures, pour te dégourdir les jambes et me montrer deux-trois tour de lame, hm ?"

Elle s'arrêta en plein souffle, l'index posé sur le pommeau de Barrakul. Là, quelque chose la pétrifia, et Jadwiga aperçut enfin un oeil et un début de visage derrière la chevelure grotesque et la capuche rapiécée. Désormais la tête relevée, la boiteuse prit une longue inspiration, révélant une mèche rougeâtre, avant de murmurer froidement :

- "A la porte Sud, dans un peu moins d'une heure. Venez seule."

Après quoi, elle fit demi-tour, tentant une deuxième fois d’haranguer la gente masculine qui voulait bien l'écouter. De son coté, Jadwiga sentit une tension à sa cuisse gauche : Barrakul, s'était mis à trembler.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Jadwiga Fass
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par Jadwiga Fass »

On retrouve enfin un peu de civilisation. Les palissades en bois ne m’ont jamais parues aussi réconfortantes ; c’est avec un gros soupir d’aise que je retrouve un endroit où j’ai des souvenirs.


Ce que la pauvre mais pieuse famille qui a accepté de m’accueillir pour ce voyage ignore sur moi, et c’est probablement mieux ainsi, c’est que je suis une meurtrière. Une meurtrière forcenée, même. J’ai tué un paquet de gens ; tellement, en fait, que je suis strictement incapable de donner un chiffre. J’ai tué mon premier homme à dix-sept ans, et alors que je suis encore toute jeune, ça s’est juste accumulé de plus en plus. On pourrait remplir une barge en allongeant tous les cadavres des gens que j’ai égorgés, étripés, frappés, fléchés. Alors que j’ai prêté serment de servir Véréna, la vérité, c’est que j’ai surtout donné du boulot à son époux.

Et vous savez c’est quoi le pire ?

Je regrette pas un seul de ces meurtres.

Oui, normalement, le héros est censé regarder par-dessus son épaule avec nostalgie et regret. Mais non, tous les gens que j’ai foutu en terre, ils ont mérité cette punition. J’ai toujours tué que pour me défendre, défendre mes copains, ou défendre l’Empire et des gens innocents. J’ai tué des truands qui avaient choisi cette vie, des naufrageurs qui m’auraient fait des choses atroces s’ils m’avaient aperçue faible, des cultistes qui avaient déjà mis leur âme en gage. Souvent, c’était eux ou moi, et comme je suis pas une salope finie (Juste une salope), autant que ce soit moi.
Le pire, c’est que, dans l’ombre, quand je suis seule avec ma conscience, j’en tire même une certaine fierté.
J’aime être la salope qui a découpé Johannes Teugen avec une lame. J’aime être celle qui a balancé Karl-Heinz Wasmeier par-dessus sa diligence pour lui éclater le cou. Ils le méritaient. J’ai jamais tué quelqu’un qui s’est rendu, ou qui m’a imploré pitié — et c’est pas arrivé souvent. Alors, quelque part, j’en tire une satisfaction sadique, de tous ces meurtres. C’est bon. Quand Barrakûl est tirée, seule la justice suit, une justice qui m’emplit d’un sentiment de force, d’invincibilité, de gloire. J’aime les cris, j’aime la sensation de la lame qui ondoie et percute dans mon poignet.
Je sais qu’un Dieu trouve que je lui rends honneur de cette façon. J’espère que c’est Ulric, et pas un autre.


À Malstedt, sire Fernando est devenu un héros de guerre, mais je n’ai pas vu de statue en son honneur. Peut-être a-t-on gravé son nom sur un oratoire religieux, j’irai voir plus tard. Pour l’heure, je suis en quête d’informations.

Je sais ce que je cherche, pour une fois. Je regarde autour de la taverne, où tout le monde fait sa propre vie. Je cherche des gens qui ont l’air… Fatigués. De venir de nulle part. Je crois que j’identifie un groupe de bonshommes, dans un coin un peu à l’écart. Ils regardent dans le fond de leurs soupes comme s’ils allaient y trouver quelque chose.

Je prends une table en face d’eux. Je fais comme si je les voyais pas. Puis, je me mets à mi-clore les yeux, et à murmurer quelque chose. Et sous la table, j’imite un signe qui n’est pas bien vu aujourd’hui dans le Middenland ; je fais le signe de la comète à deux queues.

L’un d’eux, un blondinet, lève son œil torve, et cherche mon regard. Sous la table, il fait des choses bizarres avec ses mains, et il me faut un moment pour comprendre quel langage il utilise.

Ici ; Nouveautés du nord?

Il utilise le langage silencieux de Ranald, et je suis alphabète de celui-là, la faute à de longues périodes de contrebande, et des amitiés du mauvais côté de la loi.
Alors, j’imite des cornes, et tape ma cuisse, pour lui donner satisfaction.

Le Prince et Taureau vient pour les fidèles de Sigmar.

C’est la dernière nouvelle que j’avais à Middenheim ; Hans-Hals von Tasseninck compte agresser le Talabecland, et nul doute que, pieux comme il est, il laissera des crimes contre ceux qui prient le fondateur de l’Empire rester impunis.
Cela a l’air d’impressionner les gens attablés, qui s’échangent des regards. Puis Blondinet en remet une couche :

Comment ça ?
– Il attaque les amis du Cerf, il veut des alliés ici.
Nouveautés du sud ?


Pas facile de trouver un signe pour des personnes. Pour des religions et des régions, c’est assez facile : on s’inspire de l’héraldique, et on lie chaque province à un symbole à reproduire avec les mains. Si je voulais parler de la Bretonnie, je ferais une rose et un cheval, si je voulais parler des Nains, je ferais un marteau et je passerai ma main sur mon menton pour imiter une barbe. Des trucs du genre.

Cité-tour bientôt en prison.

Pas facile celle-là. Les tours, ça peut pas être Middenheim — j’en viens. Il parle probablement d’Altdorf.
Et il a imité des liens, des menottes. Il parle de quoi ? Un siège militaire ? Une quarantaine ? Un grand raid de la Reiksgarde pour remettre de l’ordre dedans ? Et il continue ensuite :

Grand-Seigneur vit mais détesté. Jumeau ou coup dans le dos.

Cela n’est pas une rumeur nouvelle. Depuis cet été, on raconte que Karl-Franz I von Holswig-Schliestein est gravement malade, et que toutes les revues et apparitions en public d’un jeune homme à la mâchoire prognathe et portant Ghal Maraz ne sont que les comédies d’une doublure. J’espère que ce n’est qu’un acteur mit en avant par les services secrets de l’Empire, et pas un Doppelgänger. J’en ai ma claque des Doppelgängers.

Cité-canon en plein combat.

Nuln, je suis certaine. Nuln c’est les canons, obligés. Nuln est en guerre ? Probablement le Sudenland, mais il aurait probablement dit le Sudenland en plein combat, alors. Il y a une grosse différence de puissance entre les deux provinces ; Nuln est la cité la plus prospère de l’Empire et peut commandant des dizaines de milliers de soldats, féaux, et mercenaires, alors que le Sudenland, c’est… Bah, le Sudenland. J’ai du mal à imaginer que ce soit Nuln qui est mal au point ; est-ce qu’il y a des problèmes là-bas ?
À moins que je ne me trompe complètement, et qu’il parle d’une ville dans le Reikland.

À moi de redonner un peu de billes :

Cité-Bateaux, un général veut combattre le loup blanc et la forêt.

Theodoric Gausser. C’est lui le général qui veut libérer le Nordland, se débarrasser des Nikses, et filer un coquard à Boris von Wüterich — et probablement ses énigmatiques alliés Elfes au passage. Gausser pourrait se chercher des alliés autour de lui ; Altdorf aurait intérêt à soutenir sa sécession, pour réduire le pouvoir du graf Boris, et lui et Hans-Hals pourraient se trouver un intérêt commun. C’est compliqué les guerres civiles, on forme des camps tellement variés.
Je le sais parce que j’ai passé un looong moment à me faire chier en prison à Middenheim, j’ai lu des trucs sur l’Âge des Trois Empereurs. J’ai pas tout compris parce qu’il y avait pas de cartes et fallait faire chauffer le cerveau pour tout suivre, mais en gros, l’Empire, c’est dur de le garder uni tout le temps. Surtout en ce moment.

Et ici ? Où sont les fidèles de Sigmar ?

– Ils se cachent. Loup-Bleu vieux et en colère. Loup-Blanc a les mains pleines. Petits loups pas prêts.


Leo von Bildhofen, le fameux. Le mec est dynaste de l’immense Magnus qui a refondé notre pays, et pourtant, il se comporte comme un factieux. Au fond si c’était juste des intrigues politiques, certes, mais lui s’attaque au bas peuple, et ça c’est dégoûtant.

Et Sigmarites-chapeautés ? Ici ?

Je suis ici avec une mission précise : retrouver Fabergus Heinzdork, le répurgateur brûleur de villages. Je souhaite avoir un indice sur sa localisation actuelle. Ils pourraient m’aider.
Mais non, alors que le blondinet va me répondre, son collègue lui attrape sa main et l’engueule. Un gars qui n’a fait que nous regarder me dit de fermer ma gueule avec ses mains, et ils m’ignorent soudain, comme si j’avais dit le truc qui n’allait pas.

Comportement étrange. Est-ce qu’ils savent quelque chose ? Est-ce qu’ils ont peur ?

Je prends mon verre de cidre et le descend.

Delberz ! Enfin, une vraie ville, avec des murs en pierre. Avachie dans le chariot, à rattraper un peu de sommeil, chapeau sur la tête, je ricane tandis que je vois la pauvre Magda être nerveuse, comme moi je l’étais en pleine nature.

« C’est sympa comme tout ici. Vous pensez faire un petit profit ? »

Il me reste un peu d’argent. Je vais essayer de trouver une petite babiole, un jouet pour les gamins. De quoi remercier la famille pour m’avoir accueilli avec autant de gentillesse parmi eux.

Alors que je réfléchis à leur cadeau, dans la file qui mène aux grosses portes de la ville, des colporteurs viennent nous déranger. Puis des vendeuses de chair. Et l’une d’elle, bien sûr, vient gêner la famille Rudel. Je fais semblant de dormir, bras croisés, mon œil scrutant ma jument qui broute l’herbe à côté.
Mais la catin s’approche de moi, et pose une main sur le pommeau de mon arme. Je serre des poings si fort que le cuir craquelle ; je vais pourtant pas la sécher avec un pain comme un malpropre, mais quand même, c’est un peu sensible là.
Et là que je croise un de ses yeux. Et la boiteuse me donne un rendez-vous, ce qui achève de me faire froncer des sourcils.

Elle s’en va et continue son œuvre. Moi je me redresse, et la scrute alors qu’elle commence à se casser.

« Elle vous a dit quoi ? »

Magda me fait un peu sursauter. Je grogne.

« Rien. Elle m’a pris pour un bonhomme. »

Magda a un soupir agacé. Moi, je descends de la charrette, et me tourne.

« Je vais faire un petit tour, je reviens. »

Cela mettra pas une heure pour aller à la porte sud, et on est peut-être dans l’embouteillage encore un moment. Je vais chercher un truc à acheter chez un des colporteurs, le ramener à Magda, et puis, à partir de là, je pourrai m’absenter — aucune idée de si ça sera définitif.

J’hésite, un moment, à demander à Felk de m’accompagner. Depuis ces derniers temps, il me rode pas mal autour, et répond à mes taquineries. Je crois qu’il en pince pour moi, et il pourrait bien me servir de garde-du-corps improvisé.
Mais… Je veux pas le foutre dans la merde. C’est pas tant pour moi que j’ai peur, que pour lui. Les Ulder sont de bonnes gens, que Sigmar les gardes et que je ne les foute pas dans l’embarras.

Je vais aller à la porte sud en avance, et essayer d’observer ceux qui veulent me rencontrer avant qu’eux ne m’observent.
Statistiques :

CC : 48 / CT : 39 / F : 48 / E : 47 / AGI : 45 / INT : 46 / FM : 42 / SOC : 53

Attaques : 2
Blessures : 17/17
Bonus F : 4
Bonus E : 4
Mouvement : 4 (Marche : 8m. Charge : 16m. Sprint : 24m.)
Folie : 1
Destin : 1

Psychologie :

- Addicte aux Cheveux d'Elfes (Sevrée)
- Phobie de son propre reflet.

Inventaire :
19p

Équipement de combat (Porté en milieu hostile) :
- Camail, haubert, et chausses de maille (3 de protection partout)
- Barrakûl (Dégâts : 5. Indestructible, perforante 4+, autres propriétés, arme magique)
- Dague courte (Dégât : 1)
- Bouclier
- Arbalète à main

Tenue de ville :
- Chapeau de cuir (1 tête)
- Veste de suède (1 tronc)
- Bottes épaisses (1 jambes)
- Gants
- Gibecière (Contenant : Jeu de cartes, couverts, napperons, parchemins, encrier, sextant, longue-vue, trousse de maquillage, carreaux d'arbalète (x5), fortifiant pour cheveux)
- Couverture
- Étui à cartes
- Bourse
- Un collier de loup porte-bonheur

Tenue de bourgeoise :
- Une magnifique robe bleue
- Un collier de loup porte-bonheur
- Une paire de boucles d'oreiles

Tenue de courtisane
Compétences de base :
Canotage (F+10%) : 58
Charisme (SOC/2) : 27
Commandement (SOC/2) : 27
Commérages (SOC) : 53
Conduite d'attelage (F) : 48
Déguisement (SOC) : 53
Déplacement silencieux (AGI) : 45
Dissimulation (AGI/2) : 23
Équitation (AGI/2) : 23
Escalade (F) : 48
Évaluation (INT+Talent) : 56
Fouille (INT) : 46
Intimidation (F) : 48
Jeu (INT/2) : 23
Marchandage (SOC+10%+Talent) : 63
Natation (F+10%) : 58
Perception (INT+10%) : 56
Résistance à l'alcool (E/2) : 23
Soin des animaux (INT/2) : 23
Survie (INT/2) : 23
Compétences avancées :
Langue (Reikspiel) : 46
Langue (Bretonnien) : 46
Connaissances générales (Jutonesryk) : 46
Connaissances générales (Empire) : 46
Navigation : 46
Esquive : 45
Alphabet secret (Voleur) : 46
Langage secret (Voleur) : 53
Lire/Écrire : 46
Talents :
Combat de rue : 10 CC et +1 dégât en combat à mains nues
Combat virevoltant : Un saut est une demi-action et se fait avec +1m de distance.
Dure en affaire : +10 à l'évaluation et au marchandage (Compté)
Force accrue : +5 F (Compté)
Résistance accrue : +5 E (Compté)
Grand voyageur : +10 en connaissances générales et langues
Code de la rue : +10 en charisme et commérage (Milieu criminel)

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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par [MJ] Le Faussaire »

En vérité, il ne fallut qu'une demi-heure à la famille Ulder pour atteindre l'enceinte de la ville. L'endroit étant tout à fait immobile durant ce laps de temps, Jadwiga en profita pour "faire un tour". Voguant de-ci de-là à la recherche de colporteurs, elle tomba assez rapidement sur l'un d'eux qui, armé d'une brouette débordante de bibelots, sursauta lorsqu'il vit la rouquine désabusée.

- "Oyez, ma bonne dame, oyez ! Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Des boucles ? Des tissus ? Des... souliers, peut-être ? J'ai cette sublime paire de soques toutes neuves, qu'un cordonnier n'arrivait pas à vendre. Tenez, tâtez la boucle de chaussure, la semelle intérieure... Alors ? J'peux vous les tendre si vous voulez, pour vos beaux pieds."
Choix du joueur : je cherche surtout une friandise pour Magda et/ou un jouet pour les Rudel, hors-les-murs si possible.

- "Ah, je vois. Attendez, je vais vous trouver cela. Juste un p'tit temps ..."

Voilà que la brouette s'effondre, le bonhomme s'emballe, balance un tas d'affaires sur son épaule, une poignée de médaillons sur son poignet, une autre poignée entre ses dents, ... Et voilà qu'il sort une panière, remplie de cordelettes et d'objets sculptés. Il y a là un loup aux pattes articulées - de quoi le faire tenir à quatre pattes ou couché, rien de plus -, un minuscule cheval sur roulettes, une triplette de petits bonhommes barbus et aux sourcils froncés, une petite poupée bedonnante avec son baluchon en paille, ... Et rien d'autre.

- "Voilà s'que j'ai, m'dame. J'ai pas mieux, et si vous voulez tout savoir, y'a pas mieux ! L'cheval est à trois gris-sous, l'loupiot à un et six, chaque statuette à huit sous, et l'gros Tomas Vagabond à quinze sous. L'cheval est en beau-bois, comprenez, c'est pas d'la came pour vacher. Mais alors, qu'est-ce s'ra ?"

Une fois que Jadwiga eut fait son choix, le chiffonnier s'incline, recompte ses pièces et sa cargaison, avant de s'en aller plus loin en sifflotant. Magda n'a pas vraiment d'avis durant toute cette rude négociation, si ce n'est cet intérêt certain pour Tomas Vagabond - et surtout pour son baluchon rembourré. S'en suit ensuite un petit pèlerinage pour la jument, qui traîne la tête par-ci par-là, qui tâte le sol avec son museau, qui renifle la terre remuée, qui observe d'un œil tranquille les champs bien bruns et prêts à faucher... Sans dire un mot.

En une minute, la rouquine retrouve la caravane familiale, et même s'il y a quelques interrogations sur le visage du père, le dernier marmot exulte en premier lorsqu'il voit la main gantée enveloppant le loup en bois. Une fois le cadeau reçu, le petiot bondit sur son siège, faisant courir la bête en la secouant sur toutes les surfaces du plancher. Les deux jeunots se contentent d'un hochement de tête, tandis que la mère remercie Jadwiga d'un câlin un peu maladroit, et de quelques mots très généreux.

***
Après avoir quitté le chemin principal et bifurqué entre les carrés de terre déboisée, plus aucun colporteur ne semble vouloir négocier avec Jadwiga. Tous les gens autour d'elle sont occupés avec des paniers, des besaces ou des foulards qu'ils chargent de feuilles vertes, d'épines sèches et de fleurs des champs. Les moissons ne sont pas encore là, c'est sûr, mais elles sont très proches. S'en suit alors un petit trajet sur ce sentier en arc de cercle, qui contourne le mur d'enceinte sans jamais s'en éloigner ni s'en rapprocher. Depuis sa position, et depuis sa monture, Jadwiga peut alors observer les petites silhouettes qui s'acharnent sur le chantier, levant les mains bien haut, beuglant quelques mots incompréhensibles entre deux grincements de palonnier, suivi de peu par un coup de fouet pour les chevaux de trait, et un énième signal pour les manœuvriers. Soudain, un des bonhommes se lève, attrape un cône ou un godet, et sa voix se fait soudainement plus forte et plus cuivrée.

- "Belegol ! BELEGOL ! Combien de fois vais-je devoir te dire de lâcher cette corde ? C'est pas les jupons de ta mère, bon sang ! Non, va plutôt aider les charretiers. Par toutes les crasses du ciel, DEPECHE-TOI ! Thimblin ! Quelqu'un a vu mon neveu ?!"

Un grand cri se fait entendre, semblable à un "Ohé !", mais il ne s'adresse pas à Jadwiga.

- "Ah, te voilà, garnement ! Viens à l'étage, et monte vite ! Je vais te montrer comment on cale les entretoises sur ce terrain. Kartin, tu le remplaces, et prends ton fil à plomb !"

Le nain lâche alors son cornet, et se rassoit où il était. Le petit manège se déroule quasi éternellement, et semble se réinventer toutes les minutes, oscillant entre les craquements, les claquements, les cris, les grognements, les coups de sifflet, coups de fouet, de clairon.

De clairon ? Oui, de clairon. Soudain, une escouade de cinq cavaliers déboule de la lisière Sud, et voilà qu'ils s'annoncent d'un autre tocsin alors que leurs chevaux ralentissent.

- "La bête est partie ! La bête a fui !

- Les chevaliers l'ont chassée ! Les moissons sont sauvées !

- La bête a fui, la bête a fui !"
qu'ils annoncent en chaîne, à tue-tête tandis qu'ils rentrent au bercail.

Habillés comme de simples gardes ou soldats, ils n'ont que peu d'allure par rapport aux colossaux officiers de Middenheim. Qu'importe, les paysans proches semblent se réjouir de la nouvelle, posant quelques instants leurs paniers. Quelques instants plus tard, le manège reprend, et personne ne semble s'offusquer de l'appétit soudain de Magda.

***
Un certain temps plus tard, la dame en haillons réapparaît. Elle passe au travers du chantier, contournant les chariots et autres mécanismes, et s'enfonce tranquillement à travers les carrés de seigle mûr. Les paysans, eux, ont fini leur besogne, et sont déjà en train de regrouper leurs fagots lorsque la catin s'avance vers Jadwiga. La demoiselle n'a aucune compagnie sinon celle de son horrible aspect, et de cette démarche branlante et trébuchante, propre à son handicap.

- " Ah, que de ponctualité ! Excusez-moi, Fraulein, j'avais du travail à faire, et je ne m'attendais certainement pas à revoir votre tête par ici. Je vous pensais disparue, même. Vous ne l'étiez pas ?"

La donzelle s'avance un peu plus, et s'écarte de Magda en claudiquant.

- " Allez, venez. J'ai quelque chose à vous montrer. Oh, euh, ne vous inquiétez pas, il n'y a aucun piège. Je déteste les pièges de toute façon. C'est bon pour les gens de la haute, hein, hmm. Venez, ce ne sera pas long."

Elle dépasse alors Jadwiga, et s'arrête brutalement. Elle montre alors sa main gauche, marquée d'un œil et d'un éclair, avant de reprendre en levant sa jambe gauche à deux mains.

- "Si vous avez peur pour elle, laissez votre cheval ici. C'est un peu son paradis, tout ça, non ?"
Choix du joueur : je garde Magda, que je tiens avec ma longe en marchant à côté.
***
Quelques minutes suffisent aux deux demoiselles pour perdre de vue les beaux murs lisses de Delberz. Très vite, la forêt reprend ses droits, et puisque la boiteuse semble s'éloigner de la route pour crapahuter à travers les rocs et buissons, ... On ne peut plus vraiment parler d'endroit civilisé. Au détour d'une butte - et entre deux mots si jamais Jadwiga désirait un peu de conversation -, la boiteuse se prend à siffler. Elle démarre un air assez simple, en quatre notes tout au plus, et au rythme plutôt lent.

Un sifflement vient en réponse, et alors la boiteuse s'arrête. Magda, qui commençait à s'agiter à cause des ronces et du terrain, se met à ballotter la tête tout doucement. Le sifflement reprend, suivi d'un cri, d'un rugissement de bête.

- "Allez Maman, c'est l'heure du bain maintenant. Viens, on sort de la chambre, c'est l'heure du bain."

Un autre rugissement se fait entendre, suivi d'une ombre qui bondit d'un fourré. Magda sursaute, tire d'un coup sec sur la longe en hennissant - et pour cause, l'ombre qui vient de surgir n'est autre qu'un ours énorme, gras comme une oie de fête, grand comme un chariot, la gueule grande ouverte, lardée sur tout le côté droit. Qui plus est, l'ours est en colère, lançant des grands coups de patte dans le vide, suivi d'un autre cri guttural.

- "Allons, le soleil se couche bientôt. C'est l'heure du bain, M'man..."

La boiteuse tend une main vers la bête, paume vers le ciel. Étrangement, la bête s'avance, et se prend au jeu - à moins que ce ne soit un tour, et que la boiteuse n'ait pas vu les griffes luisantes qui se dirigent vers son poignet.

- " Voilà, viens, on va prendre un bain. Toutes les deux, comme deux grandes filles bien sages, avec de l'eau ..."

La boiteuse s'agenouille, et Magda se cabre.

- "Par pitié, tenez votre monture en laisse. Si elle s'agite encore, elle va nous -"

La suite de la phrase est effacée par un cri de rage. L'ours réagit au cri de la jument, et d'un seul mouvement, manque d'arracher le bras de la boiteuse.

- "Eloignez-vous." dit-elle d'un simple mouvement de tête. L'ordre est sec, brûlant, beaucoup moins suave qu'avant.

- "Allons, m'man, regarde... Le soleil descend déjà, tu vois ? Tu ne vas pas t'coucher dans des draps sales, ou avec les cheveux secs, m'man ... Regarde, j'ai du savon si tu veux. Tu sens ? Tiens, sens le bon savon."

Et pour sûr, la boiteuse sort une petite tablette jaune crème, semblable à du savon doux. L'ours est intrigué, cesse ses cris, et avance le nez vers la boiteuse.

- "Regarde, tiens, c'est pour toi. Je l'ai pris avant la nuit, pour le bain. Tu viens, on va au bain ?"

Rebelote, la boiteuse tend une main glabre et fine vers la créature - et rebelote, la créature tend la sienne, pleine de griffes et de traces d'un combat récent.

- "Allez, viens, on y va maintenant. Tu veux mon chapeau ? Je ne vais pas le prendre pour le bain."

Voilà à peu près le moment où Magda reprend son calme. La timide et vieille jument retourne à son état naturel, sourde et flegmatique à souhait. Lorsque la boiteuse enlève son couvre-chef, c'est une cascade incessante de mèches cramoisies qui lui tombent sur la tête. La soi-disant chétive vendeuse de chair se redresse lentement, secouant le brasier sur sa tête, et refoulant les plis et nœuds à ses épaules. Comme par hasard, elle ne boite plus du tout, et lorsqu'elle se retourne vers Jadwiga, c'est un visage somptueux et symétrique qui se présente à Jadwiga - un visage bien plus lisse, plus fin et plus appréciable que tout ce que Jadwiga a pu côtoyer ces derniers jours.

Ce visage, cette forme, et cette silhouette qui se défait de ses haillons, elle ne la connaît que trop bien, puisque celle-ci a essayé de la tuer lors d'une interminable nuit du Festival de Middenheim. Enfin, elle reconnaissait le visage, mais pas l'humeur. En plus, elle avait oublié le nom, et la raison de cette précédente rencontre. Tandis que la bête s'effondrait et disparaissait dans les épines juste à côté, la demoiselle au teint d'albâtre s'ébouriffa les cheveux frénétiquement.

- " Plus jamais je n'amène un cheval par ici. Plus. Ja-mais. Plutôt me faire marier à un sire." dit-elle, désormais vêtue d'une robe à corset et d'un épais pantalon de cuir bruni. Elle s’ébouriffa les cheveux à nouveau, comme si elle voulait chasser les sueurs froides de son corps et de sa tête.

- "Vous m'excuserez de tout ce mysticisme, j'étais un petit peu sur les nerfs, Fraulein. Et puis, je pense que nous devrions nous parler, toutes les trois. Ça va, derrière ?

- Vous parlez dou mariage comme si c'été una soupplicié...

- C'en est un par ici. On vous collerait vite un teigneux dans les bras, et l'on vous chargerait ensuite d'en faire d'autres. Pas que je n'aime pas les teigneux - ils ont des avantages - mais au moins, un mari n'essaye pas de vous éventrer au moindre cri. Raaaah... Vous ne pouvez pas trouver quelqu'un pour faire tout ça à ma place ? Vous en aviez un, avant, non ? En plus, il était intéressant, non ?"

- Si, si, claro. Que hace de mi ropa ?

- Devant les fourrés. Il manque votre perruque, comme à chaque fois. Frau Fass, vous connaissez la Senora, n'est-ce pas ?

- Señora, por favor. Un eñe, pas ene."

Et voilà que, comme si de rien n'était, une autre femme sort des fourrés. Grande, brune, bronzée de la tête aux pieds, les os saillants de toute part, les mains calleuses et les épaules couvertes de bleus - et surtout, dans son plus simple appareil. La nouvelle arrivante s'accroupit devant le tas de haillons, les retourne un à un, avant de les enfiler en public. Le chapeau devient alors une chemise, les manches des bas, la double jupe s'allonge en se dépliant, ... Et l'étrangère commence à s'habiller.

- "Jié né même pas droit à une épingle ? Une nœud ?"

Soupir de la part de la rouquine, qui lève les yeux au ciel, et arrache un bout de ficelle de ses vêtements.

- "En attendant qu'elle ait fini, regardez-moi, Frau Fass. Qu'est-ce que vous faites ici ? Je vous croyais morte ou disparue, vous savez. Ma sœur est au courant de tout cela ?"

Ca y est, le voilà. Il était de retour, ce sourire malicieux et terriblement intéressé.
Image
Résumé des jets :

Test d'évaluation - 66, rien d'anormal dans les prix proposés.
Test de force pour retenir Magda - 68. Magda s'emballe.
Test pour la maintenir et la calmer - 40, ça prendra du temps. Beaucoup de temps. Du temps où tu ne pourras être que spectatrice des événements.
Test de Perception - 54, mouais.
Test de FM devant l'ours - 1. Une journée normale pour Jadwiga.
Test d'INT - 98. Aïe aïe aïe. La mémoire, c'est ... Compliqué.

To be continued ...[/spoil]
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Jadwiga Fass
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par Jadwiga Fass »

-1 p 6 s dans ma signature pour l’achat d’un petit loup à offrir aux enfants Rudel.
Ça et une prière, que Sigmar les protèges…
C’est juste un autre Angestag. Il y a plus grand-chose sur terre qui peut me choquer.

J’ai pourtant pas fait la maline. En voyant ce putain d’ours sortir des futaies, j’ai vraiment cru que les crieurs en uniformes se foutaient bien de ma gueule, et que la bête noire hantant la forêt n’avait pas vraiment été chassée ; mais j’ai juste tiré Magda d’une main, attrapé mon épée de l’autre, et je me suis préparée à me battre, les dents serrées et le cœur qui se met à me donner un coup de sang.


Mais cet ours, je le reconnais. Je l’ai déjà vu de très, très proche. En fait, je l’ai vu se transformer dans une taverne de Middenheim. Une joyeuse histoire avec des mutants, des sectateurs de la Couronne rouge, des Umbramanciens, des investigateurs de Véréna et même un diestro Estalien. Comme je disais, juste un autre Angestag.


Je me détends tellement, en fait, que j’ai même un soupir agacé, alors que je rends son sourire suffisant à la jolie rousse. Elle me ressemble un peu trop pour que je l’apprécie. Je déteste mon reflet dans le miroir.

« Pourquoi ? J’ai beaucoup manqué à Janna ? Elle souhaitait m’écrire des lettres d’admiratrice ?
Ça va pas faire plaisir à miss Blitzen. »


Je fais la moue.
Erina Eberhauer. Elle et moi avons failli s’entre-tuer, alors que je défendais une mage noire au milieu d’une taverne attaquée dans la nuit par des hommes-bêtes. Oui oui. Un autre Angestag aussi.
Mais nous nous sommes reconnus comme des alliées, sinon des amies, et j’ai bien délivré ma promesse. La mage noire qu’elle voulait tuer s’est sacrifiée, dans une mission qui a permis de sauver Hieronymous Blitzen — pour le plus grand bonheur de sa fille.

« J’étais dans les geôles du Graf, et c’est lui qui a besoin de mon aide. Mais ce n’est pas tant pour Son Excellence que j’accepte de le faire, que dans l’intérêt de l’Empire.
Peut-être que l’objet de notre quête est le même ? Un homme avec trois visages, qui aime les chapeaux ?
Permettez ? »


Je désigne la femme-ours qui a fini de se changer. Je m’approche d’elle en trois pas gaillards. Et ensuite, devant elle, je tire mon chapeau, me penche, et lui attrape sa main — elle a des ongles tellement acérés, je manque de m’ouvrir les poignets dessus.

« Madame. »

Je lui offre un baise-main, puis un grand sourire.

« J’ai la même question que Frau Magister — qu’est-il arrivé à votre beau brun ? Moi qui pensait qu’il ferait mentir la réputation volage des bons Estaliens… »
Mon numéro de charme fonctionne parfaitement sur la senora. Elle pose une main sur sa poitrine, et me fait un grand sourire bien élégant, avec une étiquette de nobliaude.

« Se toca los manos - eeeeh, il a quelques empêchements successifs à cause de ses mains. Il semblerait qu'une de ses aventurr' lui ai joué des tours. De touta façon, il n'avait plus la fougue de m'accompagner. Il devenait trop… indépendant. »

En revanche, ça ne prend pas du tout avec Frau Eberhauer. Enfin, disons que ça prend comme ça prend à une rouquine folle furieuse comme moi ; avec un beau trait d'humour Bretonnien.

« Oh non, plutôt des lettres d'insulte. Apparemment vous l'avez utilisée à vos fins sans lui donner de contrepartie, et en plus vous avez fait fuir son petit interêt du Festival. Encore que, Miss Blitzen n'est pas là, donc vous ne risquez rien.

Et non, mon Seigneur et Maître Gormann n'a pas eu vent de votre tricéphale, même si j'imagine que ce n'est pas un animal de foire. Enfin, si, mais pas de ce genre-là. Vous pensez que je devrais le prévenir ? En soi, mon seigneur et maître est une extension de l'Empire, alors si c'est pour son bien-être… »


Je lui répond avec un sourire un peu sardonique, une petite grimace qui répond à la sienne. Pour autant, je demeure impeccable avec dame Bellacanon :

« Hé bien, senora, j'espère dans ce cas que vous êtes toujours en bonne compagnie. Puis je m'adresse à la pyromancienne. Je ne suis pas certaine de qui était l'intérêt de votre sœur. Mais qu'importe ; il y avait bien assez de choses à Middenheim pour faire fuir, ou même tuer la totalité de la ville, que je m'interpose ou non là-dedans. Enfin - si vous ne savez pas ce que je chasse, pourquoi avoir demandé à me parler en privé ?
– Certes, certes, mais ne vous inquiétez pas, peu ont fui ou survécu. J'ai manqué un bon morceau du Festival d'ailleurs, mais bon, tant pis. Il me fallait quelque chose pour me dégourdir après les Cracheurs, hm ?
Si je vous ai demandé de venir, c'est parce que la région grouille de fouineurs et d'oreilles baladeuses comme les vôtres, et je préfèrerais vous prévenir à minima.
Voyez, pas loin d'ici, à quatre jours de voyage…

Tres, si vous êtes seule ou rapide.
– Trois et demi…, se trouve Bösel. Petit village mignon, champêtre, surélevé… Sauf que Bösel est trop beau pour être vrai. Un jour on y brûle des gens, un jour on y parle la langue des cornes, et le surlendemain, plus rien.
Qu'est-ce que ça peut me foutre, me direz-vous, et vous auriez bien raison - Non, vraiment, vous auriez raison.
Sauf qu'en plus de cela, plus l'on se met à fouiller le coin et la forêt - grâce aux bons soins de Madame - et plus l'on trouve de bêtes à cornes et de chats à fouetter. Par chance, Madame adore les chats et les cornes - elle en prend grand soin. Mais vous n'avez pas de gens comme Madame avec vous, ni votre… "équipe" de mages irrationnels et athlètes sensationnels. Vous avez des petites têtes, des laveurs de vitrail, des bottiers, des potiers.
Des gens que les chats adorent fouetter, et qui finissent souvent encornés.
Et autant je n'ai rien contre les chèvres et les chats, autant je suis très, mais alors très très attentionnée quand les poils de chats ou les odeurs de chèvre viennent déranger les nuits paisibles de mon Seigneur et Maître, ou de ma bonniche de sœur.
D'ailleurs, j'ai cru entendre que vous vous étiez débarrassée de votre criminelle de foire, ou que quelqu'un avait réglé son cas à ma place. Est-ce vrai ? »


Erina montre les crocs. Moi, je cesse mes sourires pour lui offrir un visage ferme, alors que je croise les bras. Je n'apprécie pas sa façon de déshonorer la mémoire de Dyna Stier.
Pourtant, je n'aimais pas Dyna Stier. C'était une immense peste, un danger public, une sorcière qui méritait quelques-uns des pires châtiments. Mais les gens révèlent leurs vraies âmes dans leurs derniers moments, et Stier a donné sa vie pour d'autres. Peu importe la dette qu'elle devait à d'autres, elle l'a payée entièrement.

« Elle est morte en donnant sa vie pour sauver Hieronymous Blitzen, et j'ai confié son corps aux soins du beau Morr. Ce n'est qu'à lui qu'il reste de la juger maintenant, et je prie pour qu'Il soit clément avec elle.
Maintenant, je vais à Bösel pour trouver le responsable des crimes qui s'y sont déroulés. Y êtes-vous déjà passées en personne ? »


Erina cesse son char. Et elle roule des yeux vers la senora, tout en crachotant des ronds de fumée.

« Oui, enfin, surtout Madame. C'est elle qui a senti les chèvres en premier. Bon, je crois que les quelques tournepeaux qu'elle a senti n'ont pas bien digéré son discours - la barrière de la langue, que cela s'appelle, il paraît. En dehors de cela, moi, non. J'avais à faire ailleurs.
Blitzen, vous dites ? Comme le maître du mignon qui vit ici, dans un observatoire déguisé en maison bourgeoise ? Je suis sensé lui rendre visite pour un de ses apprentis. Le mignon se pense capable de devenir mon égal, et je dois me faire un premier avis au nom des miens. Question de protocole, blablabla…

- Oui, je vois de quel mignon vous voulez parler… Hans-Peter - ou Andred, c'étaient ses deux apprentis.
Bien. C'était un plaisir de vous revoir toutes les deux, mais je ne pense pas que vous ayez besoin de moi pour quoi que ce soit ? »


Mon soudain empressement lui met la puce à l'oreille. Elle me sent hostile. Et ça la fait juste marrer.

« Non, nooon, comme je vous l'avais dit, ce ne serait pas long. Je voulais juste vous prévenir, et vous présenter une de vos anciennes amies. Un peu de courtoisie de temps en temps, hm ? »

Je hoche de la tête de côté, puis je la remercie avant de leur souhaiter à toutes deux une bonne soirée.



Putains de magiciens. Ne sont-ils pas tous censés être cloîtrés à Altdorf, d'ailleurs ? Cet édit Impérial n'a pas été renversé, aux dernières nouvelles ? C'est le genre de question que j'aurais bien pu lui poser, de même que j'aurais très bien pu me montrer plus dure dans mon discours. J'ai sauvé Middenheim, j'ai terrassé tout ce qu'il y avait de factieux et de thaumaturges dans la cité d'Ulric ; de quel droit Janna Eberhauer pourrait me reprocher quoi que ce soit ?
Mais je choisis mes batailles. Je n'ai rien à gagner avec elles. Je suis simplement agacée d'avoir les magiciens sur mon dos, surtout avec elle qui m'a trouvée aussi facilement. La dernière fois que quelqu'un me suivait, c'était la Main Pourpre. Et j'ai appris à ne pas faire de compromis avec les pots-de-colle, c'est mieux ainsi.

Pour l'heure, j'entre dans Delberz. Au passage, je demande à un passant, un bon bonhomme habillé comme un charpentier, si un couvre-feu est en place en ville ; il me dit que oui, mais bon, à l'entendre, c'est pas comme si les sergents s'empressaient de le faire respecter.

Il faut que je commence mes investigations. Que je trouve des informations sur ce qui s'est passé à Bösel. Erina Eberhauer m'a donné une version, parcellaire, et inquiétante. J'étais au courant pour Heinzdork, pas pour des hommes-bêtes qui seraient arrivés juste après. Visiblement, Erina a deviné que c'était là-bas que j'allais, et elle doit pas être la seule.

Je vais mettre ma Magda à l'abri dans une auberge, en même temps que mes affaires. Ensuite, il faut que je trouve un Temple de Sigmar - mais pas seulement pour prier. J'ai besoin d'un temple de Sigmar pour trouver ses fidèles, et ses clercs. Eux sauront ce qui s'est passé récemment.
Statistiques :

CC : 48 / CT : 39 / F : 48 / E : 47 / AGI : 45 / INT : 46 / FM : 42 / SOC : 53

Attaques : 2
Blessures : 17/17
Bonus F : 4
Bonus E : 4
Mouvement : 4 (Marche : 8m. Charge : 16m. Sprint : 24m.)
Folie : 1
Destin : 1

Psychologie :

- Addicte aux Cheveux d'Elfes (Sevrée)
- Phobie de son propre reflet.

Inventaire :
19p

Équipement de combat (Porté en milieu hostile) :
- Camail, haubert, et chausses de maille (3 de protection partout)
- Barrakûl (Dégâts : 5. Indestructible, perforante 4+, autres propriétés, arme magique)
- Dague courte (Dégât : 1)
- Bouclier
- Arbalète à main

Tenue de ville :
- Chapeau de cuir (1 tête)
- Veste de suède (1 tronc)
- Bottes épaisses (1 jambes)
- Gants
- Gibecière (Contenant : Jeu de cartes, couverts, napperons, parchemins, encrier, sextant, longue-vue, trousse de maquillage, carreaux d'arbalète (x5), fortifiant pour cheveux)
- Couverture
- Étui à cartes
- Bourse
- Un collier de loup porte-bonheur

Tenue de bourgeoise :
- Une magnifique robe bleue
- Un collier de loup porte-bonheur
- Une paire de boucles d'oreiles

Tenue de courtisane
Compétences de base :
Canotage (F+10%) : 58
Charisme (SOC/2) : 27
Commandement (SOC/2) : 27
Commérages (SOC) : 53
Conduite d'attelage (F) : 48
Déguisement (SOC) : 53
Déplacement silencieux (AGI) : 45
Dissimulation (AGI/2) : 23
Équitation (AGI/2) : 23
Escalade (F) : 48
Évaluation (INT+Talent) : 56
Fouille (INT) : 46
Intimidation (F) : 48
Jeu (INT/2) : 23
Marchandage (SOC+10%+Talent) : 63
Natation (F+10%) : 58
Perception (INT+10%) : 56
Résistance à l'alcool (E/2) : 23
Soin des animaux (INT/2) : 23
Survie (INT/2) : 23
Compétences avancées :
Langue (Reikspiel) : 46
Langue (Bretonnien) : 46
Connaissances générales (Jutonesryk) : 46
Connaissances générales (Empire) : 46
Navigation : 46
Esquive : 45
Alphabet secret (Voleur) : 46
Langage secret (Voleur) : 53
Lire/Écrire : 46
Talents :
Combat de rue : 10 CC et +1 dégât en combat à mains nues
Combat virevoltant : Un saut est une demi-action et se fait avec +1m de distance.
Dure en affaire : +10 à l'évaluation et au marchandage (Compté)
Force accrue : +5 F (Compté)
Résistance accrue : +5 E (Compté)
Grand voyageur : +10 en connaissances générales et langues
Code de la rue : +10 en charisme et commérage (Milieu criminel)

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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par [MJ] Le Faussaire »

Le soleil se couchait lorsque Jadwiga ressurgit aux abords de Delberz. Les quelques gardes de journée laissaient place au roulement de la nuit, tandis que les Nains cessaient tout travail, allumaient torches et flambeaux avant de laisser leurs troupailles pour surveiller le chantier. Il y avait un petit peu d'air frais en ville, le genre que l'on apprécie à la fenêtre avant d'aller au lit, ou lorsque l'on dîne en bonne compagnie. Sur sa droite, une cloche sonnait depuis les jetées de la Delb, tandis qu'une autre retentissait près de la maison de bourg. Elle passa rapidement devant les quartiers "chics" de la ville, ces hôtels particuliers entourés de murs ou de barrières en fer forgé, avec jardins personnels, un ou deux arbres fruitiers et bacs à fleurs. Comme il en est coutume, aucun bruit ne surgissait des jolies maisons, et aucune n'était parée de couleur trop vive, afin de ne pas attirer les curieux. Elle arriva ensuite près d'un clocher, d'une chapelle en retrait de la rue principale, cernée de braseros, mais sans lumière ni tintement familier.

Étant donné la forme quasi-octogonale et les contours cuivrés de la coupole, il s'agissait sans nul doute du temple de Sigmar local. Un colporteur, sans doute en retard pour ses corvées, s'éloignait de la grand-rue lorsqu'elle arriva en vue de l'édifice. De chaque côté du bâtiment, rien d'exceptionnel : un office fermé pour la nuit, une maison bourgeoise, et une petite grange reconvertie depuis longtemps en Sigmar-sait-quoi. Il n'y avait visiblement personne pour garder l'endroit, et pas plus de gens pour y habiter, et pourtant...
Test de Perception : 75.
Et pourtant, aucune trace de délabrement n'était à signaler. Pas une vitre cassée, pas une trace d'usure sur le portail, pas une tuile manquante sous le préau. Même les portes n'étaient pas closes - enfin, pas toutes, puisque celles de devant étaient bien scellées, mais celle du petit renfort sur le côté de la nef s'entrebâillait selon le sens du vent. Pour le plus grand plaisir de Jadwiga, le petit parterre de gravier qui encerclait le temple était toujours aussi bruyant, et ce ne fut qu'à l'intérieur de la chapelle que ses bruits de pas s'estompèrent.

En fait, pour être exact, l'intérieur de la chapelle était parfaitement silencieux. L'air était tiède, le carrelage bien droit, les vitraux bien nets. Il n'y avait qu'un tapis rouge à bords jaune au beau milieu de l'allée principale, servant de décoration pour le sol et de nappe par-dessus l'autel central. Contrairement au temple bossu et fortifié de Middenheim, ou à l'immense cathédrale tout en or et granit d'Altdorf, l'édifice était quasi-intégralement fait d'une seule et même pierre grise, amenée et posée par blocs lisses pour former les murs, les arches et le carrelage. Au fond, au-dessus de l'entrée principale, une mezzanine en bois soutenait ce qui semblait être un lustre en forme de roue de chariot, et un orgue en métal jauni par le temps.

Tout semblait indiquer un certain confort austère, mais sans le lugubre ou la froideur des nécropoles du Vieux Père-Corneille, ou l'écrasante posture des statues de Mère Justice. D'ailleurs, il n'y avait aucune statue, et bien plus de gravures qu'à l'accoutumée. Des noms d'âmes bénies ou d'anciens prédicateurs locaux figuraient autour et sous chaque vitrail, tandis qu'une cage en verre protégeait un maillet de forge bien trop limé pour être utile. Sans savoir pourquoi, l'endroit lui rappelait la rencontre avec "Frère Markus", et surtout les habits simples de cette grotesque couverture si vite ruinée par les effusions de sang. Barrakul tiédit soudainement, et par à-coups, elle tira sur la ceinture de Jadwiga, comme un chien de chasse tire sur sa laisse.

Qu'importe après tout, Jadwiga pouvait enfin retrouver le silence et le calme de ses pensées. Enfin, le calme, c'est vite dit. Cela dépendait surtout de ses pensées plus que d'elle-même.
***
Choix du joueur : Je vais inspecter l'office.
Choix du joueur - bis : J'attends sous le préau, et j'observe.
Test de Fouille : 72, bof bof.
Test d'END pour rester éveillée : 34, suffisant.
Test de Dissimulation : 10, facile.
Test de Perception : 62, peut mieux faire.
Une fois à l'extérieur, la nuit s'était confortablement installée sur Delberz. La demi-lune jaunâtre était haute, claire et large comme une pêche gonflée. L'air était toujours aussi frais, mais le vent s'était arrêté. Sous le couvert de Mannslieb, elle bifurqua vers la maison à double étage, guettant l'enseigne en forme de livre avec attention. Une fois sous le parvis, voilà qu'elle guette pour un secret, une cachette, une ruse de contrebandier - et que nenni, il n'y a là que des bancs, un pupitre, et des fenêtres bien propres qui révèlent bureaux et étagères à l'intérieur du bâtiment. Sous une planche un peu lâche, un bol usé et vide réside, sans aucune autre explication.

Quelque temps plus tard, alors que Jadwiga commençait à piquer du nez sous le préau, des bruits parvinrent jusqu'à ses oreilles. Il y avait d'abord eu un trio de miliciens, avec leurs torches et leur toux atypique, puis un chat de gouttière, qui apparaissait et disparaissait comme un souvenir un peu trop coriace. Cependant, cette fois, c'était autre chose : c'était du gravier qui roule, qui craque.
Choix du joueur : J'attends cinq minutes, et s'il n'y a rien de plus, je m'approche de la porte du temple.
Test de Déplacement Silencieux : 34.
Test de Perception : Résultat secret.

Après un certain laps de temps - déterminé au jugé -, Jadwiga s'avance de nouveau vers le temple. Elle contourne le portail, longe les murs, arrive jusqu'à l’entrebâillement et ... Quelqu'un ou quelque chose bloque la porte. Non, quelqu'un ou quelque chose la maintient entrouverte. Une... Pierre ? Oui, une pierre. Un simple rocher pas plus gros qu'un pied maintient et retient la porte telle qu'elle est. D'un seul coup d’œil à l'intérieur, Jadwiga arrive à voir ... Qu'il n'y a rien à voir. Pas de lumière, pas de bougie, pas d’allumette suspecte, rien. Juste la porte ouverte et...

Ah, si, voilà un bruit. Un bruit de pas, puis de bois qui toque, puis d'eau qui éclabousse. Quelques secondes plus tard, la même chose, suivi d'un frottement, de quelque chose qui racle, qui gratte. Sans l'aide de la nuit et de l'obscurité, rien ne serait audible, et pourtant, là, Jadwiga l'entend. Il ne reste plus qu'à espérer que l'eau proche ne provoque aucun reflet. Après tout, c'est bien connu, l'eau ne reflète les visages qu'en plein jour, non ?
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Jadwiga Fass
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par Jadwiga Fass »

Quelqu’un est dans la chapelle. Peut-être que ma nuit complète à faire le piquet va me rapporter quelque chose. Je n’espère bien sûr pas tomber sur Fabergus Heinzdork ici, mais l’idée ne me semble pas saugrenue — je sais que je traque un répurgateur, les Sigmarites et plus généralement les gens à longs chapeaux sont fort mal vus ici ces derniers temps, il n’a pas beaucoup d’endroits où se réfugier. S’il est passé par là, je le retrouverai.

Un bruit d’eau. De frottement. Je mets un moment à m’imaginer diverses choses, avant que la chose ne vienne enfin à ma tête — ce doit être le gardien, celui qui entretient ces lieux. Il y va en pleine nuit, pas en journée. Je décide d’entrer à l’intérieur, en me glissant à pas feutrés.

Je parviens à ne pas trébucher sur quoi que ce soit, mais j’entends les bruits s’éloigner. Un instant, figée sur place, j’hésite à accélérer pour le rattraper. Mais je supprime vite cet instinct : pour quoi faire ? L’attraper par le manteau ? Pour lui dire quoi ? Je ne veux pas crier pour lui faire peur, ni l’appeler. Je veux qu’il vienne à moi.

Alors, je pense très vite, et je trouve une excellente idée. S’il est un homme pieux, et surtout, s’il tient à Sigmar, alors, peut-être aidera-t-il une jeune fille en détresse.



Jouer la comédie, ça m’a beaucoup servi dans ma vie. J’ai appris à pleurer pour de faux quand j’étais gamine — bon moyen d’arrêter les engueulades de ma belle-mère, et de faire en sorte que papa passe du temps avec moi. Les hommes se mettent facilement à genoux à cause de deux-trois larmes. Je me moque pas d’eux ; ça prouve justement qu’ils sont bons. Parce que les hommes qui m’ont déjà fait pleurer pour de vrai, eux, ils s’arrêtaient pas, peu importe comment je chialais. C’est à eux que je pense, pour faire une comédie réaliste. Je pense au gars qui me cognais contre un coin de table quand je vivais à l’Anguille, alors que je lie mes poings en direction d’une statue du Dieu, que ma gorge se serre, et que je lance quelques mots étranglés qui se réverbèrent avec l’écho de la chapelle.


« Sigmar, envoie-moi un signe, quelqu'un, n'importe quoi je t'en supplie... Comment puis-je survivre au milieu des mécréants ? J'ai peur… »

J’aime Sigmar. Il est la personne la plus rassurante que je connaisse. Les statues de Sigmar en Ostland sont étranges, elles sont pas celles d’Altdorf — à Sieverhof on représente pas Sigmar comme un grand homme musclé et guerrier, en armure de plate ou torse-nu ; on le représente comme un père de famille, avec une bedaine, et un sourire. Sigmar est le père de notre nation, le patriarche qui a su réunir toutes les tribus belliqueuses avec lui, pour faire ce qui était juste, et nous sommes devenus ses enfants, nous tous. Je comprends, que Sigmar soit pas populaire partout. C’est la faute à ses clercs, à ses inquiétants flagellants qui hurlent des choses horribles, à ses répurgateurs qui sèment le bûcher et la mort. Mais Sigmar, c’est celui qui m’aidait quand j’étais blessée, qui a pardonné toutes mes fautes et tous mes vices. Maintenant, quand je pense à Sigmar, je pense au bon Yorri XV, qui était si doux et si compatissant. Il est un Dieu gracieux.
C’est pas tout à fait une comédie, que je fais, donc. Je veux que Sigmar m’aide. Et qu’il aide et guide mes amis et ma famille. J’en ai tellement, partout, aux quatre coins de l’Empire. Des Montagnes Grises jusqu’à la Lynsk, j’espère que Sigmar tient sa vigie.

Une main se pose sur mon épaule. Je me fige. Mais je ne panique pas.

« Sigmar n'empêche pas la peur, mon enfant. Il nous l'envoie comme le feu du fourneau, pour forger qui nous sommes. »

Je me tourne. Un homme en bure, un moine donc. Rasé de très près. Il a l’air gentil. Je serre des dents, alors que je balbutie quelque chose.

« Je... C'est, c'est tellement dur, ici, les Teutogens ne respectent rien… Mon... Père ?

– Frère Markus, corrige-t-il. Ou simplement Frère. Ne vous inquiétez pas, vous êtes en sécurité. Vous avez fermé la porte derrière vous ? »

Je lui fais non de la tête. Je n’y ai pas pensé. J’ai pas l’habitude de fermer les portes derrière moi, c’est plus pratique pour s’enfuir en courant.

« Ce n'est pas grave. L'endroit a besoin d'air frais de temps en temps, tout comme nous. Vous venez de loin ?
– Je suis née en Ostland, je rétorque, parce que sa question est pas aussi évidente qu’on ne le croie. Mais c'est de Middenheim dont je viens juste, mon frère. J'ai traversé les terres du duc Leopold... Ce qu'il fait aux Sigmarites, c'est... C'est si terrible... »

Il sourit, et attrape son seau d’eau.

« Leopold ne peut rien vous faire ici, jeune femme. Rassurez-vous. Et souvenez-vous, il faut des moments de doute et de souffrance, avant les moments de bonheur et de grâce.
Venez, nous allons prier un peu. »

Ensemble, nous allons jusqu’à l’autel. Il pose le bac à côté, puis me regarde.

« Vous connaissez votre Deus Sigmar, n'est-ce pas ? »

J’approuve avec la tête. Ma maman m’a appris mes prières sur ses genoux, c’est le plus vieux souvenir que j’aie d’elle. Et le seul, aussi. Elle était une saltimbanque, une fille du cirque. La vie errante devait plus lui plaire que le petit village près de Sieverhof que j’ai grandis, parce qu’elle m’a abandonnée, et je ne l’aie plus jamais revue. Je me souviens qu’elle avait de grands cheveux roux. Et qu’elle était belle.
Elle me manque.

« Je suis Sigmar. Je suis doré. Je suis Dieu. Crie mon nom, car il sonnera en écho amplifié à travers les âges. Il frappera mes ennemis qu'importe où ils se cachent. Et il sera entendu quand le besoin sera le plus urgent. »

Grand moment de pause. Solennel. Frère Markus se tient droit et les épaules en arrière, parce qu’on prie Sigmar debout, jamais à genoux. On prie Sigmar tel un militaire, et surtout, comme un frère d’armes. C’est assez étrange, d’ailleurs — on s’agenouille devant Karl-Franz, mais pas devant le Roi des Dieux. Il faut pas que cette idée trotte trop longtemps dans ma tête, je me suis trompée de carrière si je comptais devenir démagogue.

« Ne vous inquiétez pas, Leopold ne peut rien vous faire ici. Vous avez des nouvelles de votre prince à Middenheim ? »

Il a la parlote. Moi aussi j’ai besoin qu’il se confie, et qu’il vienne à moi. Et pour ça, faut être un peu discrète.

« Le graf Boris est plus mesuré que le duc Leopold. Il n'a pas fait de torts aux fidèles de Sigmar, et il semble bien veiller sur sa ville - il est plus vif que jamais, les Dieux soient loués...
Mais mon frère, comment les fidèles font ici, dans cette province ? Est-ce qu'ils ont tous fuit ? N'y a-t-il personne pour les protéger ?

– Non, ne vous inquiétez pas. Leopold ne peut rien vous faire par ici. Le Graf Boris s'est très bien remis de ses idées folles, alors rassurez-vous. Surtout qu'il est entouré de gens de bien, comme son excellence Stolz de Middenheim.
Même si nous sommes en apparence entourés de loups, nous avons aussi des amis. J'ai entendu dire que le fils du Graf défendait notre cause auprès de votre prince à Wolfenburg. C'est un brave garçon, il paraît.

Vous êtes déjà allé à Wolfenburg, ou à Altdorf ? »


Il répète des rumeurs dont j’étais déjà au courant. Je sais que Heinrich joue aux ambassadeurs, de source plus sûre — c’est que je fréquente Middenheim, maintenant. J’avoue que j’en attendais un peu plus de sa part.

« Altdorf ? Oui, Altdorf, j'ai été à Altdorf. J'y travaillais. C'était tellement différent de l'Ostland, je n'aime pas les grandes villes.
Mais mon frère, en voyageant à Middenheim, l'été dernier, j'ai rencontré... Sa Sainteté, le Grand Théogoniste. Et pourtant même lui, des loups ont voulu l'attaquer ! Tous les Ulricains sont-ils les mêmes ? Vous dites que nous craignons rien par ici, mais comment pouvez-vous en être aussi certain ?! »

La nouvelle a l’air de le perturber, même si d’extérieur, il garde son calme et sa dignité.

« Vous êtes sûre que c'était sa Sainteté Yorrick ?
– Lui-même ! Le vicaire de Sigmar, je le jure - il m'a offert une bénédiction près du Saint-Roc où les cultes du Loup et de la Comète sont censés vivre ensemble !
Mais j'ai vu, mon frère, comment quelques fanatiques du loup ont attaqué et Sa Sainteté, et leurs propres coreligionnaires. Les Fils d'Ulric, qu'ils s'appellent.

– Oh je le sais que nous sommes en sécurité ici. Mes frères et moi en sommes certain. Vous savez, les loups n'attaquent jamais leurs tanières. Ils ne sont pas assez fous pour ça. Cependant, en dehors de leur tanière, s'ils n'ont pas un chef, un seigneur dur et capable de diriger la meute, ils s'éparpillent, comme en ce moment. Les chiens sont à peu près pareils, mais c'est nous qui les menons à la chasse. Vous comprenez ?
– Je... Je ne suis pas certaine de comprendre, mon frère. Pardonnez-moi donc. Vous... Vous parvenez à vous défendre des plus méchants de nos ennemis ? A plusieurs ?
– Ils ne sont pas nos ennemis, jeune fille. Ils sont juste une meute sans guide, une troupe sans capitaine, un poulailler sans coq. C'est pour cela qu'ils font ce qu'ils font. Ils se cherchent un chef, une bête pour rassembler la meute.
Nous avons beaucoup parlé. Vous voudriez bien aider un vieil homme à ses tâches ménagères ? »

Il a l’air d’en savoir plus que ce qu’il veut bien dire. Ou peut-être que c’est parce que je suis vraiment fatiguée, et j’ai envie d’avoir une piste. Mais qu’importe. Je m’agenouille, prend sa brosse, et commence à bosser.

« Bien sûr mon frère, avec plaisir ! »

Y a plus ingrat que laver un temple. Ça apaise l’âme, quelque part. Je sais que je sers à quelque chose. Mais j’en démords pas. Je veux des informations. Quitte à jouer à la grosse conne pour les avoir.

« Je sais que tous les Ulricains ne sont pas comme ça. Sigmar lui-même était un bon Ulricain, nos deux cultes devraient être amis, non ?
– Tout à fait, Sigmar était Ulricain lui-même. On vous a bien appris vos écritures.
– Est-ce qu'il n'y a pas des fidèles à nous, de bons Sigmarites, qui pour vouloir se défendre, vont s'en prendre aux Ulricains qui sont gentils ?
– C'est peut-être le cas, oui. C'est pour cela qu'il faut des gens comme le fils du Graf pour apaiser les tensions et défendre notre cause. Et c'est aussi pour cela… Il reprend son souffle, la faute à son âge... Qu'il ne faut pas attirer les loups au-delà de ces contrées. Middenheim est loin d'ici et entourée de loups, alors ce n'est pas grave, mais mes frères et moi, qui vivons près de la Delb et non loin de la Talabec, nous devons faire attention à ne pas les attirer. Si une meute s'égare en pays de Taal ou près du Reik, la situation n'est plus du tout semblable. »

Je souris.

« Les loups, ça respecte pas les frontières. C'est pour ça que c'est dangereux.
Il y en a vraiment pas, par ici ? J'ai entendu des choses terribles de la part de voyageurs. Bösel, par exemple… »


Et là, d’un coup, il me répond stoïquement, et fermement :

« Bösel n'a rien à voir. »

Il me foudroie du regard, alors qu’il sermonne :

« N'allez pas à Bösel, jeune fille. Il n'y a ni loups ni chiens à Bösel, ni rien qui peut vous intéresser. »

Je sens que j’ai dis une connerie. Alors, je pose une main sur ma poitrine, et prend un air de peur, alors que je trouve un mensonge rapide à lancer :

« Pardon... Un de mes amis vivait à Bösel, je n'ai pas de nouvelles de lui... Je... J'ai quitté Middenheim pour le retrouver. »

Et sur ce, il soupire. Se relève, en jetant la brosse dans son seau. Et il commence à s’éloigner, en me lançant :

« Vous me posez et vous vous posez beaucoup de questions. Ce n'est pas grave, ne vous en faites pas. Vu l'épée à votre ceinture, je ne dois pas être le premier.
Je prierai pour votre ami. »


Est-ce que je l’ai rendu suspicieux ? Ou est-ce que je l’intéresse ? Dans le doute, je me relève en même temps que lui. Je pose une main sur la poignée de mon épée. J’en tire un peu l’acier, pour qu’il observe les runes gravées dessus. Et fièrement, avec un petit sourire, je lui rétorque :

« C'est une lame Naine, mon frère. Sa Sainteté me l'a offerte. »

Il a l’air d’approuver. J’ignore si j’aurai un jour des nouvelles de lui, ni si c’est une piste vers Heinzdork, mais ce soir n’aura pas été inutile.



Il ne me reste plus qu’à retraverser le quartier, retrouver mon auberge, et m’effondrer dans mon lit pour essayer de rattraper un peu de sommeil avant le réveil et le brouhaha de demain.

Bösel, c’est pour bientôt. Il me faut juste acheter quelques rations, de l’eau et des bandages, et je devrais être prête pour y aller. Aucun achat qui me prendra trop de temps. Ce matin j’ai eu le temps de prendre un petit déj, me renseigner sur le coin, et aussi sur Frère Markus — ça dis quelque chose à l’aubergiste, mais sans plus. Probablement un moine qui n’a pas voulu rejoindre les réfugiés. Il m’avait l’air pourtant bien serein, pour quelqu’un qui vit au milieu de loups…

Avant de partir, je souhaitais accomplir une promesse précédente, et me renseigner un peu sur les Nains locaux. C’est que j’ai donné une parole de Vérénéenne. Et puis, les renseignements, c’est toujours utile, de même que de se faire voir et paraître de confiance. Si je veux jouer à la bourgeoise, autant que ce soit crédible et que des gens connaissent mon nom.


Je me rends donc à la guilde Naine. C’est un beau bâtiment, avec une porte à taille humaine, et des Nains en beau bleu de travail qui partent marcher d’un air solennel. J’aime beaucoup les Nains, je souris tout le temps en les voyant — ils ont des airs de petits bonhommes très solides, en plus, ils étaient les meilleurs amis de Sigmar, personnellement je les trouve adorables, surtout quand ils chantent des chansons. Pourtant mes entrevues avec des Nains se sont pas toujours bien passées, peut-être parce que j’ai un sale caractère comme eux.

Une fois dans le bâtiment, je me retrouve dans un bureau bien encombré, avec des tables et des Nains qui bossent un peu partout. Parce que je suis à faire le piquet en plein devant l’entrée, et qu’il y a pas vraiment de salle d’attente, je vais finir par être bousculée. Ça a l’air de faire suer un Nain à l’entrée, qui se soulève un peu sur le bureau pour me héler :

« Qu'est ce que vous amenez ? Les missives c'est en face. Les livrées c'est le 3e, Thugin, là bas. Si c'est pour le bruit, on s'excuse, on fait au mieux. Et si c'est pour les livraisons, c'est Ruvel ou moi. Vous amenez quoi ? »


Franc, direct. J’avoue que je suis pas très matinale, alors je bégaye un peu comme une idiote.

« Oh - J'amène, eh bien... Un mot de la part de gens qui travaillent à Malstedt, donc une missive, je suppose ?
– C’est écrit ?
– Oral. »

J’aurais pu lui dire que je venais pour lui broyer les couilles que ça aurait eut la même réaction. Il soupire en manquant de me lancer un ça va être une longue journée, je suis certaine.

« Et vous avez un truc pour prouver que vous êtes pas un raconteur ou un malin ? »

Bah. Non. Non, à dire vrai, le contremaître que j’ai croisé ne m’a même pas donné son nom, ce malpropre, et il était si pressé. Et c’est vrai que je viens un peu fureter dans ce qui me regarde pas. Mais évidemment, je peux pas dire ça à ce brave Nain, sinon il va péter une pile. Alors j’avale ma salive, me lève droite, et tapote sur mon épée pour me donner un air aristocratique.

« Mon honneur personnel, et ce n'est pas peu.
Je viens seulement pour un renseignement, pas pour exiger quoi que ce soit de votre guilde. »


Il doit vraiment me prendre pour une Umgi. Mais un humain qui jure sur l’honneur, c’est pas rare dans l’Empire. Faut juste donner l’impression qu’on en a, de l’honneur. Une belle lame, c’est déjà bien.

« Oh, très bien alors.
MAGNAAAAAR ! C'EST POUR TOI ! »


Je sursaute quand il se met soudain à hurler comme une bête. De même que le Nain qui se trouve juste en face, et qui rattrape au vol son encrier qui a failli tomber.

« Hein ?! Que…
C’est quoi cette fois ? Encore des notes ? »

Je me mordille la lèvre pour pas rire, alors que je m’approche du Nain, retire mon chapeau, et le salue bien bas.

« Pardonnez-moi d'abuser de votre temps, maître Magnar, ça ne sera pas long - j'ai été envoyé par des ouvriers de Malstedt, qui travaillent pour un certain Scharlach de Middenheim ? Ils font affaire avec Hugnur Barbecendre…
– Ah, Hugnur a un problème ? Qu'est ce qu'il se passe ? »

Il souffle sur la page sur laquelle il rédigeait. Puis il fouille dans un tas de paperasse, avec une organisation que seul lui est capable de comprendre, et pas pour gêner les espions. Enfin, il en trouve une.

« Scharlach vous dites ? De Middenheim.... S... Su, Si, S-Scharlach, oui, ici.
Du... Bois de charpente, c'est ça ? »


Il pointe bien sur son carnet le nom.

« Oui - il me semble que maître Hugnur attend d'eux des livraisons d'outil et de bois. Enfin bref ; les agents de Scharlach dans la ville de Malstedt sont embêtés, car ils n'ont plus aucune nouvelle de Herr Scharlach depuis des semaines. Maître Hugnur et votre guilde sont évidemment lésés, c'est bien vous qui attendez une cargaison... Mais je me demandais s'il n'y avait pas moyen de convaincre l'honorable Hugnur d'accorder un délai à ces messieurs ouvriers ?

– Un délai ? Euh… Euh c'est possible... Attendez, non, Scharlach aurait dû livrer le Père Barbecendre il y a au moins trois semaines. C'est bien cela, non ? »

Oui, et c’est bizarre. Remarque le droit des affaires ça me concerne pas et je suis pas partie prenante là-dedans, mais je suis comme un chat, moi — probablement la faute à mes errances Ranaldiennes. Je suis curieuse, voilà tout.

« Tout à fait. Mais son contremaître à Malstedt m'a annoncé qu'il n'avait plus aucune nouvelle du-dit Scharlach - évidemment ce n'est pas votre problème, il déshonore son contrat, et c'est à lui de se rediriger vers les commissions de Middenheim pour avoir des explications, éventuellement porter plainte ; mais voilà, je le sentais de bonne foi, et je me demandais s'il était possible que vous leur accordiez un simple délai d'une ou deux huitaines, afin qu'ils mettent leurs affaires en ordre.
– Une huitaine, oui. Pas plus. Je vais prendre note, merci. »

Une huitaine, une semaine donc. Chose que Hugnur a déjà donnée au contremaître. Si Hugnur doit être notifié, j’ai bien fait gagner à ce type… Woah, une journée ? Deux ? Sacrée avance. Mais hé, je vais pas lui torcher le cul non plus, à ce malpropre impoli qui donne même pas son nom.
Mais je note Scharlach dans ma tête. Au cas où. Avant de saluer le Nain, de le remercier et de me casser, évidemment.
Statistiques :

CC : 48 / CT : 39 / F : 48 / E : 47 / AGI : 45 / INT : 46 / FM : 42 / SOC : 53

Attaques : 2
Blessures : 17/17
Bonus F : 4
Bonus E : 4
Mouvement : 4 (Marche : 8m. Charge : 16m. Sprint : 24m.)
Folie : 1
Destin : 1

Psychologie :

- Addicte aux Cheveux d'Elfes (Sevrée)
- Phobie de son propre reflet.

Inventaire :
19p

Équipement de combat (Porté en milieu hostile) :
- Camail, haubert, et chausses de maille (3 de protection partout)
- Barrakûl (Dégâts : 5. Indestructible, perforante 4+, autres propriétés, arme magique)
- Dague courte (Dégât : 1)
- Bouclier
- Arbalète à main

Tenue de ville :
- Chapeau de cuir (1 tête)
- Veste de suède (1 tronc)
- Bottes épaisses (1 jambes)
- Gants
- Gibecière (Contenant : Jeu de cartes, couverts, napperons, parchemins, encrier, sextant, longue-vue, trousse de maquillage, carreaux d'arbalète (x5), fortifiant pour cheveux)
- Couverture
- Étui à cartes
- Bourse
- Un collier de loup porte-bonheur

Tenue de bourgeoise :
- Une magnifique robe bleue
- Un collier de loup porte-bonheur
- Une paire de boucles d'oreiles

Tenue de courtisane
Compétences de base :
Canotage (F+10%) : 58
Charisme (SOC/2) : 27
Commandement (SOC/2) : 27
Commérages (SOC) : 53
Conduite d'attelage (F) : 48
Déguisement (SOC) : 53
Déplacement silencieux (AGI) : 45
Dissimulation (AGI/2) : 23
Équitation (AGI/2) : 23
Escalade (F) : 48
Évaluation (INT+Talent) : 56
Fouille (INT) : 46
Intimidation (F) : 48
Jeu (INT/2) : 23
Marchandage (SOC+10%+Talent) : 63
Natation (F+10%) : 58
Perception (INT+10%) : 56
Résistance à l'alcool (E/2) : 23
Soin des animaux (INT/2) : 23
Survie (INT/2) : 23
Compétences avancées :
Langue (Reikspiel) : 46
Langue (Bretonnien) : 46
Connaissances générales (Jutonesryk) : 46
Connaissances générales (Empire) : 46
Navigation : 46
Esquive : 45
Alphabet secret (Voleur) : 46
Langage secret (Voleur) : 53
Lire/Écrire : 46
Talents :
Combat de rue : 10 CC et +1 dégât en combat à mains nues
Combat virevoltant : Un saut est une demi-action et se fait avec +1m de distance.
Dure en affaire : +10 à l'évaluation et au marchandage (Compté)
Force accrue : +5 F (Compté)
Résistance accrue : +5 E (Compté)
Grand voyageur : +10 en connaissances générales et langues
Code de la rue : +10 en charisme et commérage (Milieu criminel)

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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par [MJ] Le Faussaire »

Ceci fait, Jadwiga put enfin relâcher la pression. Maintenant, et de son propre avis, elle n'avait plus rien à faire - enfin, plus rien à faire ici. Elle n'était pas attendue à une date précise à Bösel, alors il lui faudrait établir son propre plan et sa propre route. La journée était claire, le soleil assez haut, et l'on humait déjà les bouillons, les huiles, les résidus. Si hier avait été un Angestag, alors aujourd'hui était... Festag, le jour sacré, le jour de prière. Oui, prier eut été une bonne idée en ce jour, idée partagée par bon nombre d'habitants à priori, vu le nombre de bibelots et de colliers de ficelle que chacun arborait. Qu'à cela ne tienne, Jadwiga avait *techniquement* déjà prié, non ? A elle d'en juger sur ce point, comme à chaque fois.

Oui, elle y était habituée désormais. Toute cette liberté, toute cette myriade de choix et de chemins qui s'ouvraient à chaque instant, cela ne lui paraissait plus du tout exceptionnel. C'était devenu étrange pour Jadwiga la baroudeuse, commun pour Jadwiga la contrebandière, et désormais habituel pour ... Pour Jadwiga. Sigmar seul savait ce qui résulterait de sa visite à Bösel ou du chemin qu'il lui restait à parcourir, et à priori, Sigmar comptait bien se garder toutes les informations.

Pas un tintement de plus, l'ostlandaise se met en marche - d'abord vers une auberge, un lieu de victuailles, puis vers un tisserand ou quoi que ce soit du genre. L'objectif est clair : trouver à manger, manger, prendre à manger pour plus tard, et prendre des affaires pour la route.

"J'ai assez prié et assez dépensé" disait-elle, avant de se lancer dans cette idée. Par chance, Delberz était peuplée, et les moissons avait attiré tout un éventail de maraîchers. Il y avait là des noix, du lard, du poisson sec, du pain gris, du pain bûcheron, des "boules de suif" - des pâtisseries salées et grasses, semblable aux résidus du même nom mais bien plus comestibles - ... Bref, ce n'était pas ici que Jadwiga mourirait de faim. Elle ne succomberait pas non plus à la soif, puisqu'il y avait là des vignerons bien installé, des brasseurs de passage, des presseurs de pommes et pêches, et puis aussi des marchands. Elle qui avait été "marchande" pendant une demi-année, c'était une aubaine inestimable : Elle avait l'embarras du choix.

Une fois repue et surtout après avoir rassasié ses yeux de fruits mûrs et friandises, place aux préparatifs. D'abord, de quoi se couvrir - un chaperon de crin ferait l'affaire, surtout par-dessus la maille -, puis de quoi se tenir - une cognée longue, bonne à battre les pruniers et le grain-vert suffirait sans doute. Avec les moissons proches, elle trouva cela aussi simplement que si elle avait tendu la main dans un sac. Après de courtes négociations, elle recompte son barda : tout y est, sauf quelques pièces d'argent. Décidément, les cinq couronnes obtenue "pour bonne action" de la part de Dam Muller ne firent pas long-feu.

Enfin, il ne restait plus qu'un détail : retrouver le Père Rudel, et le remercier. En effet, même si Jadwiga s'était absentée à l'improviste la veille, il n'était pas d'ostlandais si impoli qui ne dirait pas "merci", ne serait-ce pour le couvert, le "gîte" et la cohabitation sur la route. Sortant alors de son refuge avec Magda, Jadwiga put déposer ce qu'elle souhaitait dans les sacoches de la jument, avant de faire son au revoir à la famille.

C'est alors qu'un petit cortège de chantre l'arracha à ses pensées, puis ce fut une cloche, indiquant d'abord onze heures - non, la mi-journée.
Choix et décisions effectuées par le joueur.
Test de Commérage pour trouver ce que tu cherches - réussite automatique, il n'y a rien de rare ou inhabituel dans tes achats.
Test de Marchandage au besoin - 70, 5. Tu peux négocier une de tes requêtes sans te faire gronder par le vendeur.
Test de Commérage pour retrouver la famille - 1. Le nez au milieu de la figure.
Test de FM pour rester sobre et fière durant/après les adieux - 100. Ah.

Et 100xp pour la rouquine.


***




Chapitre 2 : Un ami qui vous veut du bien

2512 du Calendrier Impérial.
Delberz, Middenland, Empire.




Image

Choix du joueur : J'attends le lendemain pour partir, je suis seule après tout.
Test de Commérage pour s'informer du chemin - 16, sans pression ni difficulté.
Test de Perception : 93. Aïe.
Au lendemain, les adieux fait, la jument apprêtée, il ne restait plus qu'à lancer ce nouveau trajet en forêt. Les quelques champs bordant Delberz disparurent en une heure sinon deux, et puis ce fut la route en terre. Contrairement à la grande route commerciale qui liait Altdorf et Middenheim - celle qui coupait droit à travers bois et futaies -, le tracé jusqu'à Bösel s'annonçait plus... Fluvial.

Déjà, parce qu'il se mit à pleuvoir peu après le départ de Jadwiga - c'est à dire tout le matin -, et parce que le chemin creusé par les nombreux passages formait une coulée de boue et de rocailles assez peu propice à la course ou la bravoure. Ensuite, parce qu'après quelques heures de trot, le tracé épousa celui de la Delb, au point d'en suivre les moindres secousses et entortillements. Par chance, nul vaisseau naufrageur ou cadavre gonflé par les eaux ne surgit en ce jour. De même, aucune bête sauvage ni monstre champêtre ne vint troubler le rythme docile de la vieille Magda - la faute à cette estalienne ou au temps de chien, qui sait.

A la mi-journée, la pluie s'estompa un peu, ce qui permit à la rouquine d'apprécier un peu plus le paysage. Adieu les vergers couleur chanvre-jeune, les collines hurlantes et autres "bois-qui-murmure" comme le disait le père Rudel ; Place désormais aux pentes douces, aux glissements de terrain, et à la route descendante qui s'enfonce toujours plus en-dessous de la ligne de souche. En fait, oui, plus elle regardait en avant, plus le sentier semblait se creuser pour suivre la rivière, au point d'avoir pour seul vis-à-vis un mur de terre et de racines d’où s'élevaient des mélèzes bien vert et des mûres bien noires.

Et puis ce fut l'après-midi, avec ses bateaux qui remontent le courant, ses souches bien blanches qui bordent la route, mais aussi ses chariots - enfin, ce chariot qui arrivait en sens inverse.

Un chariot tout à fait classique, sans toit, couvrant sa cargaison d'un simple drap tendu et ciré. Le véhicule, bien qu'anodin, avançait grâce à un âne bien dressé et bien timide d'aspect, mais sans la moindre trace de cocher ou muletier. La bête avançait tête basse, le cou froissé de toute part, sans même demander du fouet.

Pire encore, il n'y avait vraiment rien d'autre à remarquer. C'était un chariot, un âne, et c'est tout.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Jadwiga Fass
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par Jadwiga Fass »

Chapeau sur la tête, cheval sous le cul, il est l’heure pour moi de partir. La soirée d’hier s’est terminée… Bizarrement. Disons que je pense que la petite famille ne s’attendait pas à ce que je me mette à pleurer comme une madeleine. Moi non plus d’ailleurs ! C’est sorti tout seul. Enfin, la maman a été sympathique et m’a prise dans ses bras. Elle a forcé son mari à le faire aussi, même si lui avait l’air plus bougon et moins à l’aise. Ils m’ont promis que je pourrais repasser chez eux n’importe quand, mais je sens que c’est le genre de promesse en l’air que je n’aurai jamais l’occasion de vérifier.

Pour l’heure, il est temps pour moi d’y aller. Je n’ai presque plus d’argent liquide sur moi, mais j’ai des rations, des gourdes d’eau, et mon équipement de trappeuse. Un tas de bordel sur les fontes de selle. De quoi vivre ma vie.
Et maintenant, je suis seule. Genre, vraiment seule. Plus personne à qui parler, plus personne avec qui passer le temps. De quoi être nerveuse. J’ai un grand pincement au cœur alors que je commence à quitter la ville, et que je m’élance sur les routes. Un lourd sentiment de tristesse, de nostalgie — et un peu de panique aussi. La liberté, ça fait peur. Personne ne s’y jette volontiers. La majorité des gens qui vivent sur cette Terre, ils vivront toute leur vie entourés de ce qu’ils connaissent ; changer de ville, changer d’air, ça vient pas de soi-même. Même les pèlerins, c’est une aventure une fois dans sa vie ; après, il faut rentrer chez soi à la fin.

Heureusement, le voyage est long. Et petit à petit, je m’inquiète plus à être inquiète à l’idée de chuter de ma vieille carne plutôt qu’avoir des discussions philosophiques avec moi-même.


La pluie s’estompe passé le zénith. Dommage, j’aurais préféré que ce soit plus tôt ; j’ai dû grignoter des noix et du pain du matin sous un arbre, alors que Magda a brouté de l’herbe un peu fanée par la chaleur. Mais enfin, je peux relever le museau, et faire tomber mon chapeau pour qu’il sèche un peu. Je m’enfonce dans le Middenland, la véritable forêt : verdoyante et prospère. Trappeurs, bûcherons, et même ermites y vivent ; je parviens à ravaler ma crainte, alors que j’y vais d’un pas ferme. Enfin, du pas lent et chancelant de Magda, plutôt. Ma jolie jument commence à m’apprécier. Et moi-même, je n’ai plus aussi peur de bien redresser le dos sur elle. Un accident serait déjà arrivé ; et j’ai vécu tellement pire !


C’est alors qu’en face arrive un âne bâté et un chariot. Une vision normale et quelconque, si seulement il n’était pas tout seul. Pas même un garçon pour le mener à la bride. Est-ce qu’il s’est échappé ? Pas à cette vitesse, quand même — un gamin à pied aurait pu le rattraper. Peut-être a-t-il juste trompé la vigilance de ses maîtres. Dans le doute, je claque de la langue et tire légèrement sur les brides de Magda pour l’inviter à barrer la route de côté. L’âne est pas bête, et décide de gentiment s’arrêter en levant la tête, visiblement agacé qu’un de ses congénères ne lui cède pas le terrain.
Je saute à terre, contourne Magda en posant une main sur son cul (Pour éviter qu’elle me donne un gros coup de sabot en croyant qu’un prédateur en veut à son derrière), et m’approche de l’âne.

« Salut toi. Qu’est-ce que tu fais tout seul ?

– Hi, hii, hiiiiiiiiii-haaaaaaaan ! »

Mon charme ravageur fonctionne encore. Je grattouille le cou de l’âne, et attrape l’attelage sur son cou pour le desserrer ; ça a l’air de le soulager.
Maintenant qu’il est libéré de son chargement, l’âne s’approche de Magda, visiblement intéressé par son compagnon. Je surveille de loin qu’ils ne nous fabriquent pas un mulet, tandis que je grimpe sur le chariot pour en tirer le drap, et chercher des indices.
Statistiques :

CC : 48 / CT : 39 / F : 48 / E : 47 / AGI : 45 / INT : 46 / FM : 42 / SOC : 53

Attaques : 2
Blessures : 17/17
Bonus F : 4
Bonus E : 4
Mouvement : 4 (Marche : 8m. Charge : 16m. Sprint : 24m.)
Folie : 1
Destin : 1

Psychologie :

- Addicte aux Cheveux d'Elfes (Sevrée)
- Phobie de son propre reflet.

Inventaire :
19p

Équipement de combat (Porté en milieu hostile) :
- Camail, haubert, et chausses de maille (3 de protection partout)
- Barrakûl (Dégâts : 5. Indestructible, perforante 4+, autres propriétés, arme magique)
- Dague courte (Dégât : 1)
- Bouclier
- Arbalète à main

Tenue de ville :
- Chapeau de cuir (1 tête)
- Veste de suède (1 tronc)
- Bottes épaisses (1 jambes)
- Gants
- Gibecière (Contenant : Jeu de cartes, couverts, napperons, parchemins, encrier, sextant, longue-vue, trousse de maquillage, carreaux d'arbalète (x5), fortifiant pour cheveux)
- Couverture
- Étui à cartes
- Bourse
- Un collier de loup porte-bonheur

Tenue de bourgeoise :
- Une magnifique robe bleue
- Un collier de loup porte-bonheur
- Une paire de boucles d'oreiles

Tenue de courtisane
Compétences de base :
Canotage (F+10%) : 58
Charisme (SOC/2) : 27
Commandement (SOC/2) : 27
Commérages (SOC) : 53
Conduite d'attelage (F) : 48
Déguisement (SOC) : 53
Déplacement silencieux (AGI) : 45
Dissimulation (AGI/2) : 23
Équitation (AGI/2) : 23
Escalade (F) : 48
Évaluation (INT+Talent) : 56
Fouille (INT) : 46
Intimidation (F) : 48
Jeu (INT/2) : 23
Marchandage (SOC+10%+Talent) : 63
Natation (F+10%) : 58
Perception (INT+10%) : 56
Résistance à l'alcool (E/2) : 23
Soin des animaux (INT/2) : 23
Survie (INT/2) : 23
Compétences avancées :
Langue (Reikspiel) : 46
Langue (Bretonnien) : 46
Connaissances générales (Jutonesryk) : 46
Connaissances générales (Empire) : 46
Navigation : 46
Esquive : 45
Alphabet secret (Voleur) : 46
Langage secret (Voleur) : 53
Lire/Écrire : 46
Talents :
Combat de rue : 10 CC et +1 dégât en combat à mains nues
Combat virevoltant : Un saut est une demi-action et se fait avec +1m de distance.
Dure en affaire : +10 à l'évaluation et au marchandage (Compté)
Force accrue : +5 F (Compté)
Résistance accrue : +5 E (Compté)
Grand voyageur : +10 en connaissances générales et langues
Code de la rue : +10 en charisme et commérage (Milieu criminel)

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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par [MJ] Le Faussaire »

Une fois sur le chariot, le bruit du plancher semble calmer les ardeurs et les élans des deux canassons - le premier baissant la tête instinctivement pour brouter, tandis que la seconde s'éloigne d'un pas et demi pour coller les roues. Ni une ni deux, la toile est levée, et le contenu de la charrette se dévoile : Un homme, seul. Oui, un homme, seul, avachi sur le coté, les bras ballants, les jambes relâchées, bottes aux pieds, veste sur le corps. Avec ses cheveux sales et secs, sa barbe grossière mais courtes et son teint bruni, celui-là n'a pas vu un bain depuis longtemps. En fait, après un second coup d’œil, Jadwiga pourrait dire qu'il dort, ou qu'il est mort - et ce, sans arme ni blessure apparente.

- "Monsieur ?" fait la rouquine en lui tapotant l'épaule d'une main.

A cet instant, Jadwiga est parcourue d'un frisson, d'un sursaut, comme quand elle frottait ses vieux bragga de marin contre son sabre d'abordage, il y a si longtemps maintenant. Qu'importe la secousse, car le larron ne répond pas. Ensuite, elle le retourne sur le ventre, puis sur le dos. Toujours rien, pas un soupir ni un grognement. Étendu comme il est, l'homme est assez jeune - moins de la trentaine -, plutôt correct - aucune balafre, pas de bedaine ni de grosse tâche violacée, pas de sillon ni de marque zébrée. A sa ceinture, au lieu d'une merveilleuse lame naine, celui-là a un carnet, un tout petit livre, pas plus gros que deux poings.

Alors, Jadwiga retente son coup : elle le touche du bout du doigt - et cette fois encore, le frisson survient ! Il est juste plus ténu, plus court. Pour confirmer ses théories, la rouquine empoigne son arme, et retente le coup. Barrakûl, avec son habituelle impatience, frémit au contact de la main droite, lançant une sensation chaude puis tiède jusque dans le buste de l'ostlandaise - ce n'est pas désagréable, mais ce n'est pas normal non plus. Cependant, lorsque le fer effleure l'inconnu, rien ne se passe. Pas un sursaut, pas un frisson, rien.

Par conséquent, Jadwiga glisse la lame vers la besace du jeune homme, et d'un mouvement léger, décroche d'une main le carnet, de l'autre la boucle en bandoulière. Lorsque la besace s'ouvre, c'est un fatras d'affaires qui se révèle : un étui, une longue-vue ou lunette, un trio de fusains tous plus ou moins usés, un boulier pliable en bois coloré, un paquet de rations ficelées mais en partie consommées, des petites bandes de papier tressé - de qualité médiocre, on voit les tresses sur les bords -, et même une fiole en verre trouble. Prenant le papier dans sa paume, elle arrive à y lire au jugé :

<< 8 Vorgeheim : Ciel couvert. Pas de pluie +° >>

<< 12 Vorgeheim : Grand soleil. Du vent d'Est. Mal dormi. °° >>

<< 17 Vorgeheim : Enfin chez soi. Vent d'Est, encore. Mal dormi. Attention au chien'. >>

Là, par réflexe, la rouquine lâche :

- " Hmmm ... Cet homme est visiblement mort de fatigue à cause d'une insomnie ..."

Évidemment, personne ne répond, et elle s'empresse d'ouvrir la veste du monsieur pour mieux inspecter ses poches.

Dans le revers de ce piètre manteau, des petits objets ont été coincés dans des fentes, ou dans des points où la couture a sauté : Il y a là deux petites plumes, ici une bourse, juste à coté un bâtonnet métallique, tout en haut des binocles, un médaillon de gueule de loup autour du cou et ... Une enveloppe cachetée, dont le sceau est cassé. Sans hésitation, la lettre est ouverte - c'est un document administratif, écrit en lettres sérieuses, calligraphiques ou gothiques ou quelque chose comme ça. Après une courte inspection - une minute, pas plus pas moins -, cela ressemble à un permis, une preuve de permis, ou un document ce style. Quelque chose d'officiel, à n'en point douter.

Cependant, c'est à cet instant précis que le soi-disant défunt décide de tout à fait réellement se réveiller. Le bougre lâche un râle et une grande inspiration terrifiante, bruyante, à s'en éclater les côtes. Dans sa surprise, la rouquine lâche tout ce qu'elle tient, arme et livret compris. L'âne se met à geindre lui aussi, pris de panique par la surprise - c'est un miracle qu'il ne rue pas ni ne s'élance. Désormais penché en avant sur le rescapé, ce dernier présente de véritables signes de vie : les yeux écarquillés à l'extrême, le visage dégoulinant de sueur puante, le souffle fort, le nez qui pulse à chaque seconde...

Lorsque Jadwiga commence à le soutenir pour le rassurer, mais il s'étouffe, et couché comme il est, il ne peut lâcher que des

- "Ha-si, Ha-si, Assi-ha,..."

Alors, elle le penche en avant, l'aidant à se relever ... et il n'en fait rien. Le bonhomme se laisse porter lourdement, et il faut que Jadwiga tende les deux bras pour qu'il se tienne enfin assis. Là, il crachotte, toussote, bave légèrement avant de balancer un glaviot transparent sur le bas-coté.

- "Respirez bien, gaillard. Prenez votre temps", fait-elle en lui tapant le dos gentiment

- "Hm-hm", répond-il d'un hochement de tête, avant de se masser la barbe et les joues.

- "Qu-quel jour on est ? Où suis-je ?

- Wellentag. On peut donc dire que vous allez comme un Wellentag."

Deux sourires s'échangent, puis une quinte de toux.

- "Et vous êtes ?" lance-t-il mollement en lorgnant vers l'âne et la jument.

- "Une voyageuse. Je suis tombée sur votre âne et votre carcasse à l'arrière. Jadwiga.

- "M-moi, And ... André, ou Andred, je crois."

Son regard revient sur terre, puis redescend vers ses vêtements et le bazar à ses pieds.

- " Ja ... Euh, c'est mes affaires, ça ?

- Jawöhl. Vous étiez raide et sous une bâche, je craignais de devoir chercher de la paperasse pour vous confier à Pépé-Veilleur. Qu'est-ce qui vous est arrivé, Andred ? Vous avez mal quelque part ?

- Je... Euh, non, j'ai pas mal. Je suis pas blessé, enfin ... Je le suis pas, hein ?

- Vous ne me semblez pas blessé, mais je serais rassurée si une Shalléenne ou un barbier pouvait vous voir.

- Je... Je vais suivre vos conseils."

De manière peu discrète, son regard se fixe sur l'épée couverte de gravures.

- " C'est une très belle épée, ça ? C'est à vous ou à moi ?

- C'est ma lame, celle-là. J'avais besoin de vous toucher avec - croyez-le ou non, mais votre corps était... Vous voyez quand quelque chose picote et les cheveux ils s'hérissent ? Bah c'était pareil pour vous."

Soudain, il palpe ses manches, ses bottes, son col, ses poches ...

- " Je vois ce que vous voulez dire, je... Attendez, j'ai ... Quelque part... Là."

Il sort alors des binocles, qu'il place maladroitement sur son nez avant de les redresser. Les yeux toujours rivé sur l'épée, il lâche un :

- "J'en ai grandement besoin, à priori."

Il cligne des yeux une fois, puis deux, avant de reprendre par :

- " Attendez, je reconnais cette lame. C'est à une am-Hm !"

Sa tête manque de se décrocher de son cou, tant il pivote à une vitesse folle vers Jadwiga.

- "Mais je vous connais, vous !"

Et là, c'est l'épiphanie. Le malheureux voyageur esseulé, couvert d'un linceul blafard, qui voyageait sans arme et sans vie jusqu'à la précédente minute se dévoile comme un oignon dans le cerveau de Jadwiga, chaque couche de crasse et de cuir et de poils révélant les similitudes avec ses souvenirs.

Ce grand bonhomme au torse étroit, au teint bruni, mal rasé, la tignasse blond foncé mi-collée mi-crottée jusqu'à la nuque, avec des vêtements de voyage pour cacher son éternelle chemise de bourgeois-érudit à bretelles et camoufler son inestimable carnet de notes de "cartographie" ou de "calculs" ou de "Sigmar-sait-quoi-d'autre"... Tout s'effeuille jusqu'à rappeler l'image mentale de l'étrange apprenti-cartographe de Weissbruck, si nerveux devant les inconnus et si calme et impassible devant la menace certaine d'un troll d'eau en pleine nuit... Le jeune érudit a connu de meilleurs jours, c'est sûr et certain.

Alors, en guise de retrouvailles, la rouquin sourit jusqu'aux oreilles, lui serrant l'épaule, suivi d'un chaleureux :

- "Hé beh, Karl-Franz devrait s'inquiéter : son Empire est vraiment petit !"

Ensuite, la voilà qui saute hors de la charrette et qui ouvre ses fontes pour ramener une outre d'eau au prétendu-macchabée.

- "Je... Oui, trop petit et trop grand en même temps, oui." sourit-il à travers sa barbe.

- " Vous m'avez dit quel jour on était ?" lance-t-il entre deux froissements de papier.

- "Wellentag, du mois d'Erntezeit.

- Wellentag ? Wel-euh, ça au moins, ça explique mon appétit. Bruno ne vous a pas gêné ?

- Lui ?", qu'elle lui rétorque en tendant le cou vers l'âne. Andred hoche alors la tête, s'empressant de déballer ses rations plutôt que s'épancher en "oui" successifs.

- "Nah, il est trop bon ce canasson. C'est grâce à lui que je te suis tombé dessus. Autrement t'étais en route vers Delberz.

- Ah, ouf, au moins il ne s'est pas trompé."

Il mâche alors quelques noix avant que Jadwiga lui tende l'outre, puis il reprend ses mots.

- "Merci pour ça, d'ailleurs. Je sais que c'est malpoli - surtout après nos précédents -, mais sans vous j'étais bon pour me perdre dans ce fichu cauchemar. J'aimerais vous rendre la pareille, mais ... Comment m'avez-vous réveillé ?

- Aucune idée, je t'ai juste secoué. T'étais en train de... De dormir ?"

Andred avale tout rond ce qu'il a en bouche, et puis, de manière tout à fait scolaire, il répond machinalement :

- " Eh bien, c'est ce que je voulais faire. J'ai, enfin, Maitre Blitzen m'a contacté le mois dernier - je vous passe la partie où il m'ordonne tout un tas de choses - et il m'a demandé de m'entraîner à certaines... Pratiques."

Il ouvre son carnet en grand, le cale dans une paume.

- " Et l'une d'elles consiste à, ehm, dormir mais avec des effets en plus. Si vous voulez, c'est comme si... C'est comme quand vous dormez et que vous faites des choses dans vos rêves, comme caresser des chevaux, manger un bon gâteau, etc. Sauf que là, c'est volontaire. Vous voulez faire ces choses tout en dormant.

Sauf qu’apparemment, j'ai raté quelque chose, parce que... Eh bien, j'ai dormi... plusieurs jours...


- C'est quand même un endroit pas commun pour pioncer - ça sert à quelque chose, d'agir durant ses rêves ?" fait-elle alors qu'il se perdait dans un grand ébouriffage de cheveux sales.

- " Je - Oui, vous avez raison, je devrais faire ça dans un lit. Mais je devais aussi retourner dès que possible à Delberz, et vu que... Les gens comme moi ne sont pas accepté en société, je dors ici, sous une toile avec Bruno."

Une image de gêne et de honte s'échappe de son visage tandis qu'il relance à nouveau d'un ton scolaire :

- " Ça sert à gagner du temps, principalement. Maître Blitzen me dit que, quand j'aurai maîtrisé cela, je pourrai lire ou voir ou entendre des choses sans sortir de mon sommeil. Mais du coup ... Vous allez aussi vers Delberz ?

- Tu devrais surtout faire attention aux brigands. Y a des gens avec moins de scrupules que moi sur les routes. Mais nah, j'en reviens tout juste de Delberz. Moi je pars pour Bösel.

- Oh. Oh."

Il échange un regard écarquillé avec l'ostlandaise, sauf que cette fois, son réveil n'y est pour rien.

- "C'est pas par choix, j'imagine ? Question idiote, excusez moi, je veux pas savoir. Et, eh bien, pour les bandits...

- Je vais à Bösel pour le travail, oui. J'ai quelqu'un à rattraper, peut-être que t'as des informations d'ailleurs."

Il secoue la tête d'un coup, sans raison.

- " Je crois qu'un ours s'en est chargé à votre place - des bandits. Une grosse bête féroce, pour sûr. Je l'ai vu tenir face à sept d'entre eux, et il s'en est sorti avec seulement deux trois balafres. Je me suis endormi juste après, il partait vers le Nord, je crois...

- Je crois que j'ai croisé cet ours... Il t'attend au manoir de Hieronymus.

- ...
L'ours m'attend ? Euh, d'accord ... Dites toujours, tant que je peux vous aider.


- Senora Bellacanon, ça ne te dis rien ? Une sorcière d'Estalie, capable de se changer en ours. Elle est présente à Delberz avec une sorcière de Middenheim. Je pense que les deux veulent te rendre visite, visiblement, ça parle de ton éventuelle promotion au rang de magistère. Wanda en est devenue une d'ailleurs, si t'étais pas au courant !"

- Ma ... Promotion ? Pro...motion ?! "

Il bondit sur pieds, faisant grincer et trembler toute la charrette. Il s'écrie soudainement, à pleine voix :

- " Je suis en retard ! Bonté divine, je dois être à Delberz au plus vite ! Je - Posez vos questions s'il vous plaît, et félicitez Wanda de ma part !"

La besace vole, fait trois tours sur elle-même, se vide et se remplit en lévitation, pendant qu'Andred remue ciel et terre dans son petit périmètre de planches.

- " Tout va bien se passer, t'inquiète pas. Elles allaient venir au manoir hier - faut juste que tu trouves une excuse pour une journée ", lâche-t-elle d'un sourire très appuyé. " Tu m'as parlé de bandits qui étaient à Delberz - tu les as vus toi-même ? Et est-ce que le nom de Fabergus Heinzdork te dis quoi que ce soit ?

- Non, pas à Delberz. Sur la route de Bosel, oui, et un peu tout autour aussi. Des gus débraillés, des soldats sans doute.

Selon moi, c'est une partie des mercenaires qui n'ont jamais été payé à Altdorf. Y'a même des joueurs d'épées - enfin, des faux, je le sais, ils ne sont pas de Carroburg - mais je ne sais pas combien il en reste après L'ours.

Heinzdork ? Comme le fou qui a incendié un village au printemps dernier ? Hmmm, de mémoire il était recherché à Carroburg quand j'y étais. Je...

Chouette, je dois lui ressembler un peu avec ma dégaine. Brun, sale, vagabond, seul, pas du coin, qui se cache, ... Enfin, je ne l'ai jamais croisé directement. Je crois qu'il ne m'aimerait pas de toute façon, a cause de... Beaucoup de choses.


- Sympa. Espérons que les patrouilleurs fassent un peu le ménage dans la région, alors. Je pense que Heinzdork est passé par Bösel. Tu y es allé récemment ?

- J'y étais avant mon... Incident. Il y a beaucoup de bâtiments calcinés, le feu a bien croqué les toits et les enseignes. Mais des gens sont déjà revenus - une partie des champs était encore en moisson à mon départ.

Je... Pense que tu trouveras des amis à toi là-bas. Avec ma condition je n'ai pas dormi dans le luxe, et j'ai vu beaucoup de somnambules - et je suis sûr qu'ils ne s'entrainaient pas comme moi.


- Bien. Un conseil pour moi là-bas ? Comment je dois me tenir ? Est-ce qu'il vaut mieux que je sois discrète ?

- Euh - Évite les marteaux. Évite de crier au loup. Et, euh... Si tu veux dormir, dors avec ton épée."

Et il se calme enfin, bouclant sa besace et son carnet comme avant.

- " Oh, ehm, voilà pour le réveil, et euh... Le dérangement, les remerciements, le retard, et tout un tas d'autres choses... "

Il descend d'un coup de la charrette, et tend une pièce dorée à Jadwiga.

- "Merci beaucoup Andred, ça me servira. Mais garde-toi de recommencer à dormir à la pleine étoile tout seul. Je pense pas que Bruno soit assez costaud pour te défendre."

Sa seule réponse est un hochement nerveux. Il remonte alors, coté cocher cette fois, et une fois les rênes en mains, il lance l'allure pour Bruno. Dans les quelques secondes nécessaires au démarrage de l'âne, il demande maladroitement :

- " Oh, euh, j'y pense maintenant mais... A ton avis, j'ai plus de chances rasé ou barbu ?"

D'un sourire, l'ostlandaise répond :

- "Sérieusement ? Essaye la moustache.

- M-moustache ? Ce n'est pas un peu trop... Reiklandais ? Oh après tout, les collèges sont à Altdorf... Bon voyage, Fraulein!"

Et alors, comme si tout était normal dans l'Empire et ailleurs, la charrette s'en va, au trot, vers la ville en chantier.

Désormais armée d'une couronne supplémentaire, Jadwiga ne peut que reprendre sa route, en espérant que Magda ne se soit pas trop attachée à son compagnon grisâtre, et qu'elle ne s'assoupisse pas avant la nuit.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Jadwiga Fass] Lex Regina, Pax Verena

Message par [MJ] Le Faussaire »

Après sa rencontre pour le moins rocambolesque, la journée de Jadwiga lui parut durer une éternité. Le sentier le long de la Delb était ennuyeux, la rivière tranquille et peu fréquentée - il y avait bien eu quelque barge chargée de barriques et sacs, mais les bateliers n'avaient pas voulu discuter -, alors ce fut long, tranquille, et horriblement apaisant. La nuit arriva comme un soupir, comme une tardive bénédiction. Après une courte pause près de ce coude fluvial, la rouquine refusa de s'arrêter ou même d'allumer quoi que ce soit. D'abord, parce qu'il n'y avait qu'un seul renfoncement dans le tracé - une sorte de caveau creusé à même le sol et qui taillait à travers la paroi de glaise et les racines des épineux -, et ensuite, parce que selon elle : << J'ai assez trainé >>. Armée de son chapeau gondolé et de son manteau d'homme, elle contourna le support de cette voûte terreuse afin de dévorer quelques lieues de plus avant l'heure du loup.

Par chance, la route ne se froissa point à son égard, et le chemin resta tout aussi plat qu'en journée. Au bout d'un certain temps, des oiseaux se firent entendre - des geais ou quelque chose d'autre, mais en nombre, et qui piaillaient entre eux -, et quelques minutes plus tard, plus rien. Rien que le son de Magda, des sabots de Magda, des frissons de Magda.

Un laps de temps plus loin, c'est Jadwiga qui frissone. Un autre laps de temps, et ... Serait-ce une lumière ? Oui, de la lumière ! Une lueur tiède, jaune mais torve, tout autant que les bêtes issues des cauchemars de Jadwiga.

Se dessine alors une cabane, une hutte en bois noir et en pierre grise, couverte de chaume gris sombre, sans enceinte ni fortifications. Cela aurait pu être un manoir, une tour d'observation, un repaire de savant fou - Jadwiga les reconnaissait bien, à force -, mais pas cette fois. Ce n'était qu'une cabane, sans couleur, sans saveur, sans vie. En effet, après un petit coup d'oeil, aucun animal n'était en vue devant la bâtisse. Par précaution, l'aventureuse met pied à terre, avant d'amener monture et carcasse jusqu'à la porte. Elle toque une fois, deux fois, trois fois. Des coups secs, saillants. En retour, elle entend du fracas, du tumulte, suivi d'un :

- "Qui va là ?!

- Une simple voyageuse, qui vient implorer votre hospitalité !"

- "Quelle voyageuse ?" Elle sentit une différence quelque part. Était-ce le ton, l'intonation, ou son imagination ?

- "Une messagère, seule, mon frère !"

Là, le tumulte reprend. Et vas-y, que cela grince, que cela gratte... Soudain, la porte s'ouvre en grand. Trois bonshommes sont là, la tête basse, le dos plié, tous couverts de tabliers longs et tannés comme leurs visages tâchés de noir, la tête hirsute comme un tas de paille brulée. Ils portent des lances rudimentaires - non, des râteaux -, tandis qu'un costaud armé d'une cognée-crosse incurvée demande :

- "T'as un nom, m'sagère ?

- Jadwiga, mes bons frères. Pardonnez-moi pour ce dérangement ; j'ai été rattrapée par la nuit avant ma destination." dit-elle poliment en tirant son chapeau.

La réponse est timide, dubitative, car l'un d'eux pousse de sa botte un tabouret vers elle, tandis que les autres lorgnent la rouquine.

- "T'as faim ?

- Oui", dit-elle en souriant, "même si je ne souhaite pas vous former à m'offrir le couvert en plus du gîte ; permettez-vous simplement que j'attache mon cheval devant chez vous ?

- Derrière p'utôt. D'vant c'est-lâ-rout', faut pas qu'y s'fasse voir d'la-rout', hé? Y'a l'bidet là-derrière, il s'ra pâ seul a'ec l'bidet" lâche le moins barbu d'entre eux - les autres se contentant de hocher la tête.

- "Merci mille fois mes frères. Je vais donc la mettre à l'abri."

La porte se referme aussitôt, et Magda se laisse amener jusqu'à l'arrière. De ce coté de l'édifice, un cheval est attaché. Un cheval costaud, large de corps, de hanches et d'épaules, la tête basse comme ses maîtres. Autour de lui, le grand luxe : le vide nocturne, un petit préau en bois, et une immense motte de terre fumante. Après un second regard, Jadwiga en est sûre : C'est bien la motte qui fume, et non la cheminée du refuge.

Une fois que Magda est bien rangée et le bidet caressé - il est si gentil, si poilu, si fort d'aspect, on croirait Aighulf réincarné en quadrupède -, la rouquine s'en va inspecter la fumée.

Alors qu'elle s'en rapproche, quelque chose lui chipe les mollets, tandis qu'une autre lui coince le pied et la renverse tout entière, face contre terre. Cherchant son agresseur, son ennemi, son fugitif, elle ne trouve qu'un troupeau de seaux en bois graissé, qui l'entoure, l'observe, sans yeux ni regards. Quelque chose est parti, oui, mais vu son allure et ses mouvements, il ne reviendra plus. L'odeur de brulé commence à se répandre, mais encore une fois, aucune lumière sinon celle de la cabane... Tant pis pour tout cela, Jadwiga s'en va.

De retour à l'entrée de la cabane, les barbus s'inquiètent.

- "Oh, ça va ben ? Pas trop d'blessé ?

- Erf, nan, mais gentil de vous inquiéter ; c'est que ça a été une longue journée", lance-t-telle pendant qu'elle époussette son couvre-chef.

S'en suit quelques hochements de tête désordonnés, comme si des cloches pendaient aux cous de chacun. Vraiment, ceux là ont plus l'air de bidets que le bidet derrière. En quelque sorte, eux aussi ressemblent à Aighulf, en moins épais, moins clair de poil, et moins ... bretonnien. Le plus poilu des trois s'avance, et tend une main à l'aventurière.

- "Otto", dit-il, tandis que ses compères font de même. Ils s'appellent donc Otto, Pritt, et Leugen. Une fois ceci fait, ils s'asseyent sur leurs tabouret, râteaux sur les genoux. Un pot d'étain passe de main en main.

- "T'as soif ?

- Aye"

Assise en face des trois, son gobelet est rempli quand elle le tend, vidé quand elle le veut. On trique sans toast ici, sans promesse, sans juron, d'un simple "Ey !", et l'on boit sans bruit. L'intérieur du lieu-dit est rustique, simple au possible, avec un râtelier qui sert à tout ranger - bâtons, bêches, manteaux, capuches, torchons -, une table, un fourneau, des rideaux courts et usés, et des banquettes pour dormir. Après avoir trinqué, les trois gus vont ... pas faire grand chose. Ils sirotent leurs verres, regardent dehors, remuent tour à tour un tison dans le feu, ... Sans pousser la conversation vers la rouquine.

- "Quand t'as b'zoin d'dormir, tu dis, hein. Nous qu'on doit survah-ier l'feu, on f'ra d'la place et on s'f'ra tout sut' . Tout silencieux qu'on est, quand il fait nuit comme ça. 'tin Otto, va voir l'feu derrière. Pas qu'ça fasse d'la cendre."

D'un hochement de tête, elle reprend.

- "C'est quoi qui crépite derrière ? Vous fumez de la viande ?

- Aye m'dame, et pas que. On a aussi du suif, du gris-cendre, du poisson, et du charbon. C'est l'charbon qui rapporte l'plus, mais on s'prive pas d'tout pour autant, hé.

- Par contre c'est qu'c'est long à faire, alors faut qu'on surveille ...


- Pour sûr, ça donne envie de faire une veillée. D'ailleurs... C'est pas le genre de choses qu'on fait en hiver, plutôt ?

- Ah si, si-si. Mais là, 'vec la ville p'u loin, faut qu'on prenne l'avance, qu'yz'ont dit. y z'ont b'zoin d'tout un tas pour la ville et l'chantier, qu'ils disent. Et qu'il faut aussi pour les sabots du coin.

- Nabot, pa. Nabots, pas sabots"

Elle sourit tandis que l'ainé fronce le nez.

- "Bonne nouvelle alors, que vous ayez pas à chômer. Je viens tout juste de Delberz, c'est vrai que l'endroit avait l'air prospère. J'espère que ça peut retomber un peu sur vous, cette richesse.

- Ben ça, on s'souhaite aussi. Pis à vous, hein ? Qu'y a plein d'messages, et plein d'dame m'sagères." Il tousse un rire sec, avant de défaire un sachet de chique et en prendre une pincée. Jadwiga lève son verre à cette maigre promesse, parant son visage d'un sourire jovial.

- "Vous allez où cette fois ? Altdorf ?" demande le jeune.

- "Nah, pas si loin. Carroburg.

- Oh ben, ça j'sais c'est quoi vot' message !" fait le fils en tapant son gobelet sur la table. "C'est l'bourg-mest' qui d'mande des sous pour les nabots, parce qu'y z'ont trop coûtés !" L'ainé semble acquiescer totalement, alors qu'Otto revient dans la cabane, le visage huileux.

- "L'feu va bien, c'est bon. Leug' ira voir après."

Sans un indice de plus, la discussion s'égare, écartant Jadwiga du lot, volontairement ou non. Au final, ces trois gaillards n'ont pas beaucoup de sujets. Ils retournent souvent au feu, leurs pensées vont au feu, leurs mains vont au feu ... Dans plus de sens que prévu.

***
Sans savoir comment ni pourquoi, Jadwiga se réveille brutalement. Il n'y a plus qu'un homme dans la hutte, les autres ont disparus, laissant la rouquine et son arrière goût insipide dans la bouche. C'est comme si on lui avait soufflé de la fumée dans les bronches, ou que du charbon s'était logé sous sa langue. Au jugé, la tignasse du charbonnier ressemble à celle du troisième larron - Leugen ? Oui, c'était sans doute Leugen.

- "On a vu qu'vous aviez un loup autour du cou. Z'etes pas perdue ici, hein ?"

Un instant plus tard, "Leugen" dégaine sa main gauche, et lance le salut ulricain le plus naturel du monde : l'index et l'auriculaire tendu rageusement vers le ciel, le pouce vers l'horizon. Répliquant du même geste, elle continue :

- "Ces forêts appartiennent au sieur loup, même en été."

Sans un mot de plus, "Leugen" se lève, se décale, et laisse sortir Jadwiga. Dehors, la fumée inonde le ciel, l'huile recouvre toutes les feuilles et les passages. En bref, il pleut. Une pluie chaude, étrangement. S'en suit un rapide repas, quelques fières poignées de main, et Jadwiga s'en va. Elle aurait pu subir les commentaires des trois gugusses à son départ, surtout vu l'état de Magda, son soi-disant "coursier" de messagère, mais qu'importe. Après tout, qui étaient-ils pour juger sa monture ou son état ? Leugen lui-même n'était pas non plus irréprochable, vu comme il cachait mal sa tignasse blond sable sous la crasse et la suie du fourneau. Enfin, la cachait-il vraiment ?

Quoi qu'il en fut, la rouquine s'enfonça sous l'averse. Elle retrouva la rivière après une petite heure, et elle ne la quitta qu'une demi-mille au plus. Des barges apparaissent de temps à autre, et puis c'est un travée - un point où des animaux ont traversés à pied -, et puis d'autres bateaux se présentent, lancent quelques mots, en reçoivent d'autres, et puis... Une auberge se révèle. Une auberge-relais, avec un quai, une diligence arrêtée, deux étages, un préau, trois cheminées, une remise, quatre murs d'enceinte, une porte haute et bien entretenue, et ...

Qu'importe. Jadwiga le dit à voix haute : "Non, je vais pousser, je me suis trop arrêté."

La lumière faiblit un peu au-delà de l'auberge, les heures s'écoulent, goutte après goutte. Tandis que la rouquine sa bat avec son nez - lui aussi se met à goutter -, du grabuge se répand dans la forêt. Des choses qui crient, d'autres qui beuglent, qui aboient ou qui sifflent.

Qu'importe, Jadwiga avance. Selon elle, si c'est un seigneur qui chasse, il va plus la déranger qu'autre chose, alors... La voilà qui trace sa route, qui presse un peu Magda. Le brouhaha met un certain temps à s'estomper, comme s'il suivait la "messagère" de près, sans jamais se montrer. Après un certain temps, le tumulte s'efface, et c'est la nuit qui s'écrase tout autour de l'ostlandaise. Par chance, une clairière s'étend juste devant elle. Quelques pas plus loin, elle aperçoit un autre refuge - un enième, mais tout aussi bienvenu que les autres.

Cette fois, c'est un énorme édifice, dix fois plus large que haut, bombé comme une colline, colmaté de ci de là, fait de pierre, de bois brut et de terre agglomérée. L'endroit est désert, sans fumée ni lumière. Même en en faisant le tour, Jadwiga ne trouve rien ni personne autour de l'édifice. Le "temple" - car c'est ce qu'il y a de plus proche d'un tel lieu - est peut-être abandonné, délaissé, ou tout simplement oublié. L'entrée, s'il y en a une, est accessible, mal fermée, entrouverte, invitant tous les passants à se réfugier.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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