Même quand on croyait qu'elle en avait fait le tour elle en trouvait encore.
« Je t'avoue que je peux pas t'aider. Le monde des marins il est étrange, ils restent souvent ensemble... Mais c'est vrai que maintenant que tu le dis...
Tout navire a deux genres d'hommes à bord : Un équipage, et un navigateur qui vient du culte de Manann, qui aide le navire tant grâce à ses connaissances que ses capacités à apporter la faveur du Dieu-Albatross. J'ai pas les détails de l'enquête. Mais si tu veux, je peux peut-être aller chercher ou envoyer quelqu'un chercher, des fois qu'il y a des trucs bizarres qui sont sortis de la disparition soudaine de Nijmenk.
Je te tiens au courant, ça t'éviteras de faire un détour au Quartier du Temple pour rien. »
Le Héron était toujours calme en journée. C'est la nuit qu'il est censé être animé. Pourtant, alors que Faust remontait tranquillement les rues de la cité maritime, il sentait que quelque chose clochait. Invoquant les vents d'Ulgu, plus faibles sous le soleil que lorsque la nuit recouvre la ville il est vrai, il tenta de se déguiser et de paraître inaperçu, caché en plein jour au milieu des passants et des commerçants.
Tout était fermé. Volets tirés, rideaux baissés. Absolument personne. Et Faust attendit longtemps. Longtemps. Une bonne heure, au moins : Quand on est Umbramancien, on apprend la patience, à rester comme un piquet sans bouger, même quand on a des fourmis dans les jambes, sans pour autant s'endormir, s'ennuyer, ou avoir envie de trop bouger. Et son entraînement payait :
Il aperçut un détail. Pas du côté de la ruelle, mais de l'autre. Dans un coin, deux hommes absolument communs, qui auraient eu l'air de zonards quelconques, d'habitants du quartier, si seulement Faust n'avait pas remarqué un minuscule détail : Ils étaient habillés à la mode locale, parlaient tranquillement entre eux à toute petite voix basse, et n'avaient rien de suspect en apparence. Mais une petite bosse sous l'un de leur mantel confirma leur nature. Ils portaient chacun une lame sous leurs vêtements, à peine perceptible, si seulement le sorcier n'avait pas aiguisé ses sens en même temps que sa maîtrise de la magie.