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[Écrit Libre] Lente Affliction

Posté : 06 avr. 2019, 17:05
par [MJ] Le Grand Duc
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Rédigé par Magister Philodante, Assistant MJ




Nuln, Joyaux de l’Empire.
Cette ville à l'architecture contrastée où se côtoient la richesse la plus décadente et la pauvreté la plus abjecte. Seconde cité de l’Empire par sa population, elle est le théâtre de nombreux jeux d’influences et de pouvoir, autant parmi les aristocrates que parmi les sectes qui conspirent à la gloire des sombres puissances.
Cela faisait plusieurs nuits que Reinhard n’avait pas dormi. Il errait tel un damné à travers les rues les plus malfamées du quartier de Neuestadt. D’aussi longtemps qu’il s’en souvienne, il n’avait pratiquement connu depuis son arrivée en ville que les taudis de cette parodie d’agglomération qu’on ose définir comme une cité civilisée. Le capharnaüm et l’odeur putride qui émanent de ses lieux lui sont devenus habituels, et comme chacun le sait, les habitudes sont sources de réconforts. Et rien ne rassurait plus Reinhard que de marcher dans ses venelles non pavées souillées par toutes sortes d’immondices et de déchets.
Son regard se porta naturellement sur l’enseigne symbolisant une chandelle. C’était un établissement bon marché et crasseuse – surement l’une des pires de la ville – qu’il aimait fréquenter il fût un temps. Mais son accès y est restreint depuis qu’il y a vomi tout son saoul sur les pieds de la femme du tenancier. Il faut dire qu’il avait un peu abusé du sirop de taverne, une spécialité locale qui avait le mérite de lui avoir coûté tout l’argent qu’il parvenait à mettre de côté en soulevant des caisses aux docks. Quoique, maintenant qu’il y pense, il n’a pas le souvenir d’avoir été payé ne serait-ce qu’une seule fois pour ce travail… Sans doute à cause de cette caisse affectée de l’attribut « fragile » qu’il avait malencontreusement laissé choir un jour.
Mais d’où pouvait bien provenir l’argent de ses boissons alors ? Aucune importance. Cela dit, il est vrai qu’il lui arrivait parfois de s’endormir dans un coin du Grand Pont à même le sol et de réveiller avec quelques piécettes de cuivres devant lui, ainsi que des rats mangeant les quelques morceaux de régurgitation restaient accrochés à ses loques.
Quoiqu’il en soit, La Chandelle marquait le début des dédales et à côté d'eux le reste du quartier pouvait être considéré comme salubre. Seul quelqu’un de très courageux - ou de très idiot - oserait s’aventurer dans cette partie de la ville après la tombée de la nuit. Mais Morrslieb semblait bénir son intrépide avancée et c’est un pied après l’autre qu’il pénétra dans ce coin pernicieux, guidé semble-t-il, par une volonté divine.


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Ce n’était pas la première fois qu’il pénétrait dans ces sombres ruelles que seules les deux lunes se réservaient le privilège d'éclairer d’un semblant de lumière. Et à chaque essai, Reinhard y perdit quelque chose : un bout d’oreille, une dent ou encore son unique pièce d’argent, frappée du sceau de Nuln dont l’effigie - un canon - avait été grossièrement parodiée en un majestueux pénis et habillement dissimulée dans un pourtour de sa brayette.
Mais cette fois, il le savait, les choses allaient être différentes.
Bien qu’il sentait déjà les nombreux regards des coupe-jarrets se posaient sur sa nuque, nul peur ne s’empara de lui. Ces brigands seront déçus car Reinhard n’avait rien de précieux à leur offrir mise à part un probable début de diarrhée sanglante dû à son auguste proximité. Mais rien ne le détournera de sa quête, pas même la menace d’une mort pathétique et parfaitement évitable pour peu qu'il fasse demi tour.
Mais il se devait de pénétrer dans ses lieux, tel est Sa Volonté.
Soudainement, l’air se satura d’une odeur rance et putride et un homme sortit de l’ombre. Enfin, un homme, si l’on peut appeler cela un homme… Son visage était tellement recouvert de pustules que même sa propre mère ne serait certainement pas le reconnaître.
D’une voix blafarde et monocorde, il parla d’un accent dont l’origine devait se perdre entre la Bretonnie et le glutéal d’un tiléen.


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« Bienvenue à toi mon frère ! Je sens à travers toi la marque du Très Haut ! »

Re: [Reinhard Faul] Lente Affliction

Posté : 08 avr. 2019, 15:43
par Reinhard Faul
Ça fait plusieurs jours que je ne dors pas. Grand Père n'est pas très... délicat, dans la communication. Pas du tout. Concrètement, quand j'ai eu cette vision pendant mon sommeil j'ai uriné sous moi puis j'ai convulsé plusieurs minutes. Je ne suis qu'une petite mouche, je n'ai pas la place dans mon petit cerveau pour tout ce que Grand Père veut expliquer. Enfin j'ai compris qu'il voulait que j'aille quelque part à Nuln.

Une fois réveillé – l'urine était déjà presque sèche – je suis parti à toute vitesse vers mes nouvelles aventures. D'habitude mes hallucinations et mes rêves n'ont strictement aucun sens. Je suis content qu'un message me soit parvenu.
J'ai donc mis plusieurs jours à trouver où Grand Père voulait que j'aille. Déjà parce que Nuln, c'est grand, et qu'il n'y avait pas de nom de rue sur l'image que j'ai eu. Ensuite, parce que... bah, le facteur Reinhard Faul quoi. De temps en temps je m'arrête pour regarder des asticots dans le ventre d'une carcasse de chien, ou pour halluciner que mes bras s'envolent (et je dois attendre qu'ils reviennent), et puis mendier en chemin. J'ai vaguement conscience qu'il faut que je garde le corps que j'habite « en vie ». Il faut le nourrir, et l'emmener faire caca dans un coin tranquille de temps en temps. C'est de l'intendance.

Je ne m'embête pas trop avec ça non plus. On a de la mission divine sur les bras. Mes pieds nus remontent des centaines de ruelles crasseuses. Je ne dors pas parce qu'on me empêche ; Grand Père est trop bavard. La privation de sommeil devient douloureuse.

Mais on passe devant la Chandelle. L'enseigne me rappelle un tas de chose, comme précédemment expliqué, et je suis frappé d'une révélation : c'est le bon chemin.

Je n'aurais jamais imaginé de ma vie que « le bon chemin » passe par le dédale du quartier des Taudis. Mes seuls souvenirs du lieu c'est de m'y être fait victimiser comme une petite fille à plusieurs occasions. J'ai pris l'habitude de l'éviter. En l'occurrence, Grand Père me pousse en avant et j'y pénètre sans hésiter une seconde. Je serre quand même mon bâton contre ma poitrine comme un doudou. Il sent comme mes doigts après que je me sois gratté les fesses, je trouve ça réconfortant.
Ce qui me sauve, c'est que mon profil attire un type particulier de bandit : celui qui ne sera pas rebuté par l'odeur de pisse et la barbe pleine de vomi séché. Ils sont heureusement très rares. Il y a des gens qui aiment bien embêter les mendiants, mais ce n'est pas spécialement ici qu'on les trouve. Du coup je voyage dans un silence assourdissant. On entend jamais parler des locaux si ils ne viennent pas voler ou tuer quelque chose. Je vois une ombre disparaître dans une venelle de temps en temps et c'est tout. Quelqu'un m'a espionné quand je me suis arrêté une heure pour vérifier que mes mains ne se transformaient pas en tentacules, mais il est parti assez vite. Il a pas dû trouver ça intéressant. Enfin de toute façon mes mains sont restées des mains et je suis reparti.

Et, finalement, j'arrive au bon endroit.
Je le sens tout de suite, je le vois. J'ai presque envie de m'allonger par terre tellement la tension qui m'habitait se relâche tout un coup. Mais là un autre type vient se planter devant moi. Je sais qu'il ne vient pas juste me mettre des coups de pied dans le ventre et me faire les poches.

Il a des super pustules sur le visage, bombées de pus, luisantes. J'ai envie de m'accrocher à son cou et de les lécher. Je ne crois pas qu'il me laissera faire, alors je reste sur place à osciller d'avant en arrière de frustration. Il me parle avec un sale accent d'étranger, mais je lui pardonne cette tare parce qu'il est du même camp.
Salut frère.
Je ne sais pas si il a une marque ou pas, lui. Il a de chouettes pustules, mais il y a des tas de gens qui ont des maladies de peau et qui n'ont jamais entendu Grand Père. Mais pourquoi on m'aurait envoyé ici sinon ? Je suis trop impatient et je préfère y voir un vrai cultiste, et lui poser des questions. J'aviserai plus tard pour le reste (genre mourir de trahison).
Vous étiez où, tous ? Ça fait longtemps que je vous cherche !

Re: [Reinhard Faul] Lente Affliction

Posté : 19 avr. 2019, 12:25
par [MJ] Igaram
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Rédigé par Magister Philodante, Assistant MJ





Un long silence se fit à la suite de ses paroles. Reinhard ne put s’empêcher de ressentir un élan de colère et de tristesse. C’était-il trompé ? Avait-il une fois de plus mal interprété les songes du Grand-Père ? L’avait-il déçu ?
« Amak tu amat Nurgle » répondit l’homme.
« Toujours par sept nous agissons à la gloire du Père.
L’un des nôtres est parti rejoindre le jardin morbifique et Nurgle nous avait prédit qu’un autre de ses enfants viendrait à nous afin que le grand rituel puisse se poursuivre. Bienvenue à toi, mon frère, tu incarnes l’espoir coruscant et ta présence ici réchauffe mon cœur autant qu'un millier d'afflictions. Hâtons-nous, cela va bientôt être à toi de scander les litanies du Pox Vobiscum * !
»
Le scrofuleux se retourna dans la précipitation sans attendre la moindre réponse, et d’une démarche boitillante il fit signe au mendiant de le suivre.
Les deux sectateurs parcoururent les rues amorphes du dédale en quelques minutes, visiblement l’homme connaissait le coin comme sa poche trouée. Lorsqu'ils arrivèrent à une vieille bâtisse qui avait tout d'un ancien dispensaire shallyen, ce dernier accéléra le pas.
« Dépêchons-nous, j’imagine que tu as des questions mais le temps presse ! La prière perpétuelle ne doit pas être interrompue ! »

Collant l'homme de quelques pas, Reinhard pénétra dans la cave du bâtiment en ruine à toute hâte et traversa une porte faiblement dissimulée derrière les décombres d’étagères en bois. Une longue descente à travers des tunnels obscurs et labyrinthiques commença et il ressentit un frisson d’excitation indescriptible, surement dû aux odeurs putréfiantes émanent du sordide chemin que le Seigneur de la Déchéance semblait avoir tracé pour lui.
Il déboula dans une grotte faiblement éclairée par la lumière des lunes filtrant d’une ouverture au plafond : une petite bouche d’égout.
Voilà donc où Reinhard était arrivé, dans une partie des égouts de la ville oubliée des nains et dont l’infrastructure primitive devait remonter à avant la naissance du dédale lui-même. Nul doute que mêmes les égoutiers ne doivent se risquer dans un lieu perdu comme celui-ci ne communiquant que vaguement avec les immenses canalisations souterraines de Nuln.
Un petit feu était allumé au centre sur lequel grillé des rats plus ou moins gros. Trois hommes dormaient sur des couches rudimentaires pendant que deux autres étaient occupés à ripailler.
Ni une ni deux, le nouvel arrivant n’eut même pas le temps de les observer en détail que le sectateur bubonique le prit par le bras pour le tirer vers un couloir éclairé de torches. Et c’est là que Reinhard ressentit la présence de Père. Une vague de chaleur paternelle traverser son corps et se réfracta de toute part, dans chacun de ses membres fébriles et purulés. Le plaisir de Sa présence fut tel qu’il ne put retenir ses entrailles et qu’un délicieux écoulement de selles aussi liquides que les eaux de Reik lui-même vint se répandre le long de sa jambe droite.
À mesure qu’il s'enfonçait dans les profondeurs de cet endroit impie, une étrange et envoûtante psalmodie arriva à son oreille ce qui eut pour effet de lui faire redoubler d'efforts, ignorant son point de côté, il continua inexorablement d'avancer. Et enfin, il vit l’autel.
Un épais nuage de mouche au bruit agréable masquait la salle et se dispersa lorsque Reinhard s’avança en son sein. Une silhouette humaine encapuchonnée d’une robe brune de crasse s’effondra sur le sol à quelques centimètres de lui. Il n’eut qu’un instant pour observer la pièce ainsi que l’homme souillé par la maladie qui convulsait à ses pieds. Des gouttes de sang tombèrent sur ses mains et sur son visage lorsqu’il leva la tête pour observer les cadavres pendus là tels de vulgaires jambons. Au centre, un pentacle entouré un passage – un puit ? – vers les marais putrides dont le trou semblait commencer à se refermer lentement.
« C’est à toi d’honorer le Père ! » hurla l’homme qui l’avait conduit ici, sa voix parvenait à peine à dépasser le murmure assourdissant du nuage de mouche.

Reinhard sut d’instinct ce qu’il avait à faire, il s’agenouilla près du pentacle et commença à chanter la litanie du Sacré-Cœur de Nurgle. Aussitôt, il entra en trans et une magnifique vision s'imposa à son esprit…

Le marai putride s'étend a l'infini et en son milieu se tient une cité en ruine. Et dans cette cité, des habitants, parodie bouffie de putréfaction et autour d'eux, des nuages de mouches, et en son sein : Toi. Des vautours gras te regarde. Dans une marre de cohorte de minuscules démons bouffis joue avec un cadavre pourrissant. Ils piaillent, rient et s'amusent comme des enfants espiègles.
Tu croises le regard de cette carcasse qui s'anime à ton approche. Il te parle d'une voix caverneuse et rauque mais il est courtois et aimable. Il te propose beaucoup de présents, sa générosité te réchauffe le coeur. Le parchemin est d'une splendeur des temps anciens. Tu peux sentir ses arcanes pulser magnifiquement sous tes doigts. Le cadavre te salue lorsque tu le quittes.
Tu arrives au palais.
Le bois est pourri de mousses colorantes et de champignons. Il manque des pierres. Le sol grouille de vers remuant sous chacun de tes pas. La large porte s'ouvre enfin sur une forme immense qui t'attend à l'intérieur. Une voix grave et chaleureuse t'invite.
Tu t'agenouilles devant ton Seigneur...



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* Contrairement à ce que son nom peut laisser croire, le Pox Vobiscum est rédigé en Reikspiel. Bien que tu n'es jamais possédé directement ce livre, de nombreuses pages te sont apparus en songe te révélant ainsi les plans d'une campagne de milles ans dont le but avoué est de souiller le monde et de l'engloutir sous une vague de maladie et de corruption.

Re: [Reinhard Faul] Lente Affliction

Posté : 22 avr. 2019, 01:17
par Reinhard Faul
Les choses deviennent étranges, et excitantes. C'est difficile à décrire parce que je ne suis qu'une petite merde qui se retrouve au contact de son Dieu, mais je vais essayer quand même.

Quand on est entré dans les égouts, j'ai commencé à me dire que ça ne faisait pas que sentir mauvais. Ça sentait le jardin. Des choses que je n'ai connu que dans mes rêves. Les murs se sont mis à suinter et à grouiller, comme si les briques étaient sur le point d'éclore des insectes. Probablement des hallucinations.
Euuuh... y a de la magie ? Va falloir que je fasse de la magie ?
Ai-je demandé avec une très légère pointe d'inquiétude dans la voix. Je ne suis pas sur le chemin de la damnation depuis très longtemps, à l'échelle de ma vie, et je n'en suis pas encore à trépigner de joie à l'idée de réécrire l'univers avec des forces contre-nature. Pas plus de réponse qu'avant. Au moins le mec avait l'air très sûr de lui, c'était rassurant.

On avançait comme des balles un travers un dédale de couloir, après avoir déjà parcouru les ruelles les plus bizarres du quartier des Taudis. J'ai aucune foutue idée d'où on est maintenant. En dessous de quoi. Je ne connaissais pas ce coin. C'est un bordel croissant. Les autochtones ont pas l'air net. Et puis j'ai mal aux pieds et un point de coté. Il marche vite l'autre gars. Puis y a eu le moment où je me suis chié dessus.
Oh putain !
J'ai juré plus par inquiétude à propos de la réaction du cultiste que par dégoût. Puis je me suis rendu compte que ça n'avait aucune importance. Ma dernière pensée propre a été de me soucier de la merde que j'avais sur la jambe, toute la scène a franchement basculé dans le délirant après ça.
Se chier dessus c'est la seule réaction cohérente à avoir quand on se sent si proche de Grand-Père. J'ai commencé à m'agiter. Le pas rapide de l'autre s'expliquait dès lors beaucoup mieux.
Qu'est ce qui se passe ?! Pourquoi c'est... oh merde, vous le sentez vous aussi ?! Tout ça ?
« Tout ça » désignant l'immense trip hallucinogène qui était en train de s'installer à la place de mes sens. J'avais l'impression de m'enfoncer dans un ouragan, alors qu'il n'y avait pas de vent et que rien ne bougeait. C'était le tissu de la réalité lui même qui était en train de foutre le camp sous mes yeux.

Nous sommes arrivés dans une salle avec un autre gars louche en train de psalmodier, un gros puits bizarre, des cadavres pendus au plafond et des mouches qui volaient en coordination ensemble comme des hirondelles. Ça ressemblait assez à ce que je pouvais voir en journée en me baladant dans un parc, alors je n'ai pas trop sourcillé – sauf que là c'était réel.
Enfin j'ai pas tellement eu le temps de paniquer, ou de poser des questions. Le troisième type s'est effondré par terre et on m'a hurlé d'honorer le père. J'ai eu un bref instant de panique.
Hein ? Quoi ? Il faut que je lise un truc ? Je sais pas l...
Je me suis senti poussé en avant. La litanie du Sacré-Coeur de Nurgle s'est imposé à mon esprit. Je me suis mis à genoux. C'était tellement évident.

Puis j'ai basculé dans un autre monde. Je ne sais pas le dire autrement. L'instant d'avant j'étais dans l'univers de l'habitude, et puis j'ai ouvert la bouche pour chanter et tout a foutu le camp. Je regarde avec une expression de hibou les murs de cette ville qu'aucun soleil n'éclaire. C'est pas du tout la même chose qu'avoir une pauvre vision parce que j'ai trop sniffé de pollen de sirène dans un sac en papier. Je peux sentir la texture spongieuse et tiède du sol sous mes pieds nus, me déplacer comme je veux. Et pour l'instant ce que je veux c'est aller voir le cadavre qui parle. Il m'a l'air extraordinairement sympathique.

Il m'a filé un parchemin que j'ai serré contre mon cœur. Je ne me souviens pas de ce qu'il m'a raconté, mais il était vraiment super sympa. J'ai essayé de lui dire que je voulais juste aller au palais et que je ne méritais pas son chaleureux accueil, mais il ne m'a pas écouté. Je l'ai quitté à regret.

Le décor est très sympa. Tout les murs ont l'air fait en peau de lépreux. Tout ce que l'être humain peut produire en fluide dégueulasse est en train de couler un peu partout. J'ai moins apprécié de marcher sur des vers en arrivant au palais. J'ai eu une petite crise d'humilité religieuse. Je vois pas pourquoi j'aurais le droit de les tuer. Je fais pas un meilleur suppliant devant Grand-Père. C'est eux qui devraient se nourrir de moi. Du coup j'ai essayé de faire de grands pas pour les enjamber. Ils sont cons à se mettre sous mes pieds aussi.

Enfin tous les détails ont été éclipsés par la forme de la taille de la lune qui se tenait devant moi. Je me suis remis à genoux. J'ai passé mentalement en revue ce qu'il convenait de dire. Je fréquente une secte religieuse depuis seulement quelques minutes, ça a été très vite fini. Je ne sais pas quoi faire. Dans la vie quotidienne, quand je m'adresse à Lui – c'est-à-dire en parlant tout seul comme un gros cinglé – c'est plutôt sur le registre du journal intime, sans vraiment attendre de réponse. C'est une autre paire de manche d'avoir le Seigneur de Tout ce qui Pourrit devant soi.

J'ai voulu dire une connerie du genre « je vous servirai pour toujours et vous pouvez me tuer quand vous voulez Seigneur », mais j'étais trop stressé et j'avais la bouche sèche, alors je me suis mis à tousser. Puis j'ai repensé au parchemin :
Papy, on m'a donné ça mais je ne sais pas lire. Tu peux m'aider s'il te plaît ?