Rédigé par Magister Philodante, Assistant MJ
Nuln, Joyaux de l’Empire.
Cette ville à l'architecture contrastée où se côtoient la richesse la plus décadente et la pauvreté la plus abjecte. Seconde cité de l’Empire par sa population, elle est le théâtre de nombreux jeux d’influences et de pouvoir, autant parmi les aristocrates que parmi les sectes qui conspirent à la gloire des sombres puissances.
Cela faisait plusieurs nuits que Reinhard n’avait pas dormi. Il errait tel un damné à travers les rues les plus malfamées du quartier de Neuestadt. D’aussi longtemps qu’il s’en souvienne, il n’avait pratiquement connu depuis son arrivée en ville que les taudis de cette parodie d’agglomération qu’on ose définir comme une cité civilisée. Le capharnaüm et l’odeur putride qui émanent de ses lieux lui sont devenus habituels, et comme chacun le sait, les habitudes sont sources de réconforts. Et rien ne rassurait plus Reinhard que de marcher dans ses venelles non pavées souillées par toutes sortes d’immondices et de déchets.
Son regard se porta naturellement sur l’enseigne symbolisant une chandelle. C’était un établissement bon marché et crasseuse – surement l’une des pires de la ville – qu’il aimait fréquenter il fût un temps. Mais son accès y est restreint depuis qu’il y a vomi tout son saoul sur les pieds de la femme du tenancier. Il faut dire qu’il avait un peu abusé du sirop de taverne, une spécialité locale qui avait le mérite de lui avoir coûté tout l’argent qu’il parvenait à mettre de côté en soulevant des caisses aux docks. Quoique, maintenant qu’il y pense, il n’a pas le souvenir d’avoir été payé ne serait-ce qu’une seule fois pour ce travail… Sans doute à cause de cette caisse affectée de l’attribut « fragile » qu’il avait malencontreusement laissé choir un jour.
Mais d’où pouvait bien provenir l’argent de ses boissons alors ? Aucune importance. Cela dit, il est vrai qu’il lui arrivait parfois de s’endormir dans un coin du Grand Pont à même le sol et de réveiller avec quelques piécettes de cuivres devant lui, ainsi que des rats mangeant les quelques morceaux de régurgitation restaient accrochés à ses loques.
Quoiqu’il en soit, La Chandelle marquait le début des dédales et à côté d'eux le reste du quartier pouvait être considéré comme salubre. Seul quelqu’un de très courageux - ou de très idiot - oserait s’aventurer dans cette partie de la ville après la tombée de la nuit. Mais Morrslieb semblait bénir son intrépide avancée et c’est un pied après l’autre qu’il pénétra dans ce coin pernicieux, guidé semble-t-il, par une volonté divine.
Ce n’était pas la première fois qu’il pénétrait dans ces sombres ruelles que seules les deux lunes se réservaient le privilège d'éclairer d’un semblant de lumière. Et à chaque essai, Reinhard y perdit quelque chose : un bout d’oreille, une dent ou encore son unique pièce d’argent, frappée du sceau de Nuln dont l’effigie - un canon - avait été grossièrement parodiée en un majestueux pénis et habillement dissimulée dans un pourtour de sa brayette.
Mais cette fois, il le savait, les choses allaient être différentes.
Bien qu’il sentait déjà les nombreux regards des coupe-jarrets se posaient sur sa nuque, nul peur ne s’empara de lui. Ces brigands seront déçus car Reinhard n’avait rien de précieux à leur offrir mise à part un probable début de diarrhée sanglante dû à son auguste proximité. Mais rien ne le détournera de sa quête, pas même la menace d’une mort pathétique et parfaitement évitable pour peu qu'il fasse demi tour.
Mais il se devait de pénétrer dans ses lieux, tel est Sa Volonté.
Soudainement, l’air se satura d’une odeur rance et putride et un homme sortit de l’ombre. Enfin, un homme, si l’on peut appeler cela un homme… Son visage était tellement recouvert de pustules que même sa propre mère ne serait certainement pas le reconnaître.
D’une voix blafarde et monocorde, il parla d’un accent dont l’origine devait se perdre entre la Bretonnie et le glutéal d’un tiléen.
« Bienvenue à toi mon frère ! Je sens à travers toi la marque du Très Haut ! »