Nombreux connaissaient la vérité: il y avait quatre ans environ, Raël Hedjouret, un vieux guerrier, avait commencé à recevoir des messages, souvent par la bouche de frères nomades envoyés en Arabie, colportant des nouvelles de sa fille, la douce Linéferti Hedjouret. Celle-là faisait, pourtant, honte à sa lignée: elle était partie quelques années plus tôt s'installer dans l'Empire avec un marchand d'Altdorf, alors qu'elle s'était rendue à Al-Haik pour aider les soldats présents!
Pour autant, elle semblait être revenue à la raison et avait convaincue son mari de venir avec elle s'installer à Numas. Elle lui disait d'ailleurs avoir eu un jeune enfant qu'elle avait nommé Raël, en l'honneur de son grand-père. La nouvelle avait laissé les Sheiks locaux mitigés, tant l'idée d'avoir un impérial à domicile ouvrait à la controverse... Malgré cette méfiance, ils ne s'étaient pas prononcés contre et, depuis lors, le vieux piaffait d'impatience à l'idée de prendre dans ses bras sa descendance.
Hélas, les volontés des dieux sont impénétrables et leurs caprices cruels. Il fallut deux ans de plus à Linéferti pour que le déménagement se fasse et, alors qu'elle était en mer, Raël fût assassiné par un groupe de pillards, ayant à leur tête un noble qu'ironiquement, son petit-fils combattrait, bien des années plus tard.
Sa fille, elle, disparaîtrait dans le Désert des Morts en même temps que son mari, alors qu'ils s'étaient éloignés du campement principal où ils avaient laissés leur fils. La théorie communément admise fût qu'ils avaient été happés par un amalgame enterré là et qu'ils auraient réactivés sans le vouloir, mais certains affirment qu'il s'agissait là d'une volonté du roi Tutankhanut lui-même, qui n'aurait pas toléré qu'un de ses sujets s'installe ailleurs qu'à Numas.
Quelque soit la réponse d'ailleurs, elle n'a que bien peu d'importance. Le jeune Raël était désormais orphelin et il lui fallait un nouveau foyer. C'est ainsi que par une certaine ironie, le jeune enfant fût confié aux bons soins des vieilles scythiennes, le temps qu'il devienne assez grand pour apprendre le métier des armes.
Il ne lui fallut pas moins de deux mois pour surmonter la disparition brutale de sa famille et sortir d'un état presque dépressif. Il était maigre à force de ne pas manger, il avait froid dans la chaleur du désert... Mais tout cela était terminé.
Alors, voulant rattraper le temps perdu, il sortit dans la ville, accompagné d'une nourrice et il y découvrit du marbre blanc, des pyramides plus grande que tout ce qu'il n'avait jamais vu, un peuple vêtu de noir grouillant dans les rues pavées... Et ces inquiétantes silhouettes blanches, ressemblant à des humains mais dont il manquait la chair et le sang.
Alors une trompette sonna et apparut au niveau de la grande porte, un immense scythien juché sur un cheval noir.