Le Grand Duc en guerre !

Où s'écrivent les histoires, hors du temps et des règles compliquées du monde réel...
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[MJ] Le Grand Duc
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Le Grand Duc en guerre !

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Voilà un RP libre complètement WTF pour faire passer le temps, inspiré après une crise animalière à la vue du nom de notre nouveau MJ ... gnnn ... gnnn ... SOURICEAU ! Il m'a donc semblé que c'est mon devoir de rapace de déclarer une guerre ouverte et sans merci à ce genre d'individus. :nain:
Participe qui veut, en restant dans l'esprit du post bien entendu !

PS : 300%¨des images utilisées sont tirées du film d'animation "Legend of the Guardians".
La nuit était déjà tombée depuis plusieurs heures sur la Forêt. Mannslieb et Morrslieb dormaient côte à côte dans le ciel étoilé, éclairant la canopée d'une faible clarté. Pour l'oeil humain, il n'y avait de spectacle plus paisible et pittoresque que ces bois immuables baignés d'une brume argentée et légère. Le crissement des grillons, le bruissement des feuilles que la brise caresse, l'ondulation des fougères dans le sous-bois. Une chouette hullula, finissant de donner l'inspiration au poète accroupit sous le vieux chêne qui se dressait à l'orée de la Forêt. Mais alors que ce chant sauvage soufflait l'inspiration à l'humain, il signifiait tout autre pour les hôtes de ces bois ...

- "MONSIEUR LE DUC ! MONSIEUR LE DUC ! L'alerte à été donnée !!" hurla la sentinelle en faction à l'entrée du tronc en s'enfonçant dans les profondeurs du chêne-forteresse, jusqu'aux appartement du seigneur des lieux. Sur son chemin, les courtisanes hulottes se jetèrent un regard interrogateur. Mais que diable se passait-il !

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Le garde s'arrêta à bout de souffle face à l'alcôve ducale et se redressa du mieux qu'il pu, les plumes encore toutes ébouriffées. Il attendit quelques minutes en silence, pendant lesquelles les moineaux serviteurs et les autres gardes en faction se rapprochèrent pour savoir de quoi il en retournait. Finalement, une ombre bougea au delà de l'ouverture seigneuriale et le Grand Duc apparu à la vue de ses sujets. Il les dominait tous d'une plume et son regard orange et inquisiteur se posa sur la sentinelle qui avait osé le déranger dans son sommeil.

- "Que se passe-t-il, misérable. Parle avant de subir mon courroux-hou-hou !" gronda-t-il en gonflant son plumage, lui donnant une allure encore plus menaçante. Le hibou lui faisant face se ratatina sur ses serres et répondit d'une petite voix.

- "Mon seigneur, l'alerte a été donnée par les tourterelles qui nichent dans les pigeonniers des Hommes. Le message vient d'arriver." dit-il en tendant une feuille de noisetier roulée et retenue par une fibre végétale. Le Grand Duc la faucha de sa serre et la déroula devant ses yeux terrifiant.
A notre allié le Grand Duc, phénix de l'hôte de ces bois, seigneur de la Forêt,

Ils sont arrivé par milliers en quelques semaines, avec les charrettes des Hommes qui reviennent des marchés citadins. Ils se sont cachés dans les sacs de grain et les cageots vides et maintenant ils sont partout. Nous allons faire ce que nous pouvons pour les contenir mais ils tiennent dors et déjà la grange et le grenier. Nous ne tiendrons plus longtemps. Nous avons besoin de renforts de toute urgence, dans notre intérêt, mais aussi le vôtre. Car après la ferme, ce seront les champs, puis les pâturages et enfin, la Forêt, Grand Duc. Vous devez vous préparez à la guerre. Le péril poilu est proche. Les rongeurs sont là.

Signé votre ami, Ramier 1er.
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Le Grand Duc resta un moment pensif, fixant la missive. Tous ses sujets étaient pendu à son bec, ouvrant grand leurs yeux colorés, attendant sa réponse. Est-ce que oui ou non, il allait faire quérir ses armées pour porter assistance à ses alliés ? Est-ce que oui ou non, la Forêt allait résonner à nouveau des hullulements de guerre ? Soudainement, le seigneur ferma sa serre sur la feuille gravée et l'écrasa au sol avant de faire tonner sa voix comme l'éclair déchire le ciel.

- "Que l'on envoi les messagers aux quatre coins des Bois ! Faites quérir les buses du Rocher Pointu ! Faites mander les autour et les éperviers de l'Arbre Noueux ! Appelez les faucons et les busards de la Clairière aux cèpes ! Nous ne laisserons pas nos alliés périr ! A la guerre !"

Sa déclaration enflammée fût accueillie par des hullulements féroces et aussitôt, les hiboux guerriers sortirent de leurs alcôves et enfilèrent leurs casques avant de s'approcher des perchoirs. Le Tronc, il y a un instant si calme, grouillait maintenant d'activité. Partout, chouettes, milans et autres rapaces se pressaient et aiguisaient leurs serres, se préparant pour l'appel. Les messagers sortirent par le Trou et se penchèrent au bord avant de se laisser tomber, les ailes serrées contre le corps. Quelques secondes avant de toucher le sol, ils les dépliaient d'un coup et s'envolaient vers les bois immenses de la Forêt pour aller quérir les troupes du Grand Duc.

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Le seigneur des bois regarda s'envoler ses soldats depuis une branche nue, pensif. Il venait de déclarer la guerre à un ennemi qu'ils n'avait pas combattu depuis longtemps. Son père lui même lui avait conté ces mythes et légendes sur le péril poilu, qui ravageait tout sur son passage. C'était de son noble devoir que de défendre sa terre et ses sujets. C'était de son devoir que de mener son peuple à la guerre. Mais comme tout hiboux qui se respecte, il savait qu'il fallait agir avec raison et sans précipitation. Il ne pouvait ne permettre d'hiberner à cette période de l'année, c'est pourquoi il alla quérir les conseils de l'Ancien. D'un coup d'aile, il s'envola jusqu'aux plus hautes ramifications de l'arbre, et se posa face à un creux dans le bois noueux du chêne-forteresse. Il s'ébroua pour redonner de l'allure à son plumage et pénétra dans la petite alcôve éclairée depuis l'intérieur. Ici résidait l'Ancien, seul rapace de la Forêt autorisé à manipuler le Brûlant pour forger les casques de guerre. Après quelques minutes de marches dans la galerie de bois, le Grand Duc se retrouva face à l'Ancien qui veillait sur le Brûlant pour que jamais le Brûlant ne s'éteigne.

- "Honneur et fierté à toi, ô Ancien, gardien du Brûlant éternel. Je viens te demander conseil à toi, sage parmi les sages." incanta humblement l'oiseau de sang royal. "La Forêt part en guerre contre le Péril Poilu. Dis moi ce qui adviendra." Son aîné aveugle tourna sa tête à plusieurs reprises d'un angle extrême à l'autre, comme pour signifier une négation. Puis finalement il parla de sa voix basse et grave, faisant se mouvoir son plumage terni par les saisons.

- "Le Brûlant montre beaucoup de morts. Beaucoup de morts. Le Péril Poilu est ancien et malfaisant. Ils dévorent tout, jusque les oeufs dans nos nids. Vous devrez être fort si vous voulez vaincre. Mais vous devrez payer le prix. Le prix du sang. Toi, Grand Duc, encore un poussin, toi aussi devra payer le prix du sang. Va maintenant, va. Va guider tes guerriers, va enflammer leur coeur et grandir leur âme. Car demain, les plumes seront tâchées de sang." dit-il en écartant ses ailes. Le Duc s'inclina avec humilité et sortit de l'alcôve à reculons.

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Voilà plusieurs heures que les messagers étaient partis dans la nuit, et le Grand Duc s'était retiré dans son alcôve personnelle pour se préparer à la bataille. Le chêne-forteresse étaient maintenant gorgé de rapaces sur le pied de guerre et il en venait toujours plus. Sortant des bois, venant des collines, filant depuis les champs, ils étaient des dizaines, des centaines à répondre à l'appel. L'arbre résonnait des échos de cette foule de guerrier et les esprits s'échauffaient. Ici on aiguisait ses serres avec une pierre plate, ici on se faisait le bec sur un morceau de granit. Lorsque la plupart des branches croulèrent sous le poids des soldats qui s'y pressaient, le seigneur de la Forêt surgit enfin dans le Tronc, équipé de son casque de guerre doré. La cacophonie de la foule était assourdissante, notamment pour une ouïe aussi fine que celle du Duc. Ainsi il fît une fois de plus tonner sa voix de baryton, faisant vibrer l'écorce même de sa demeure.

- "SILENCE ! Généraux, avec moi ! Qui nous accompagnera dans la bataille et la mort ! Qui seront les braves !"

Plus un bruit ne régnait dans le chêne-forteresse, tous étaient tournés vers le Grand Duc et vers les trois rapaces qui se joignirent à lui. Ils se posèrent en face de leur souverain et celui de droite commença à parler en premier. C'était un hiboux gris, plus petit que le duc mais au plumage argenté de toute beauté. Son casque de guerre ciselé recouvrait sa tête.

- "La maison du Rocher Pointu viendra, avec cinquante guerriers."
- "La maison de l'Arbre Noueux viendra, avec soixante guerriers." enchaîna le faucon crécelle à ses côtés.
- "La maison de la Clairière au Cèpes viendra, avec soixante guerriers." termina busard aux couleurs d'ambre. Le Grand Duc le fixa particulièrement et lui répondit d'un ton digne.

- "Cendre, mon ami. Soixante guerriers représente tous ceux de ton fief. C'est là un noble sacrifice qui ne sera pas oublié. Maintenant écoutez moi, tous ! Venez près de votre seigneur, venez à moi, fils de la Forêt !" A ces paroles, tous les rapaces du chêne-forteresse s'envolèrent en coeur pour venir se poser dans le Tronc, se serrant les uns contre les autres, autour de leur maître.

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Le Grand Duc posa son regard profond sur chacun d'entre eux, laissant s'égrener quelques minutes solennelles et lourdes de sens. Finalement il prit la parole, et il parla comme un père parle à son enfant, comme un chef parle à ses hommes, comme un roi parle à son peuple, comme un coeur parle à son âme.

- "Mes sujets, mes guerriers, mes fidèles, mes amis. Cette nuit, nous partons en guerre ! Nous partons repousser le Péril Poilu qui, vaincu il y a des générations, ose revenir sur nos terres ! Ils menacent notre peuple ! Ils dévorent nos poussins ! Ils volent nos oeufs ! Ils répandent maladies et désolation ! Mais nous ne les laisserons pas faire ! Nous sommes les fils de la nuit, les enfants de la Forêt ! Avec nous est le vent, et nos proies par nos serres sont déchirées ! Nous sommes les gardiens de ces bois, sentinelles immuables que le Brûlant lui même anime ! A la guerre, mes amis ! A la guerre, et pas de quartiers ! HOUHOUHOUHOU" hullula-t-il, féroce. Tous ses soldats reprirent le cri en coeur alors que le Grand Duc s'envolait d'un coup d'aile magistral pour s'élever au dessus du chêne-forteresse. Les généraux suivirent et dans un même et immense élan, tous les guerriers de la Forêt se jetèrent derrière eux. Les frondaisons de l'arbre vibraient à mesure que les rapaces s'envolaient. Une nuée de soldat partait au combat derrière son chef, prête à tous les sacrifices pour sauver son peuple et pour défendre la Forêt.

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Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Saâhldil Sanchera
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Re: Le Grand Duc en guerre !

Message par Saâhldil Sanchera »

Quelque part... dans les ténèbres, dans le noir qui a toujours su régner en terreur incontestée dans le coeur des hommes... Mais aussi de tous ceux qui sont les proies dans ce monde... un ricanement naquit. Ce n'était pas ce genre de rire effroyable qui emplit soudain l'atmosphère, qui galvaude le silence et se fait injure à tout ce qu'il peut y avoir de beau et de calme. Non, celui-là était au rire ce que le rictus était au sourire ; ténu, mais pas faible, il chevauchait le calme de tantôt en le lacérant de ses griffes. Il était doux, ce rire ; doux et trompeur, mielleux et cruel. Oui, c'était le rire de celui qui aime faire des cauchemars, parce qu'il sait qu'il ne les rêvera pas - mais qu'il les offrira à ses invités.
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C'était un sombre roi, un roitelet en vérité ; car il ne dirigeait pas un royaume, juste des sujets - ce qui, conviendront certains, est déjà mieux que l'inverse. Et ces sujets étaient soit écrasés sous sa patte qu'on croyait de velours mais qui était de fer, soit guidés par le même appétit féroce que leur souverain, leur prince de la nuit. Tous voleurs, tous assassins, tous brigands qui n'aimaient rien tant que s'approprier la progéniture des autres pour s'en repaître dans leur antre, accompagné, toujours, dans leur festin par ce rire profondément méchant.
Et quand leur suzerain dans le mal se mit à ricaner, celui-ci fut repris en écho par le choeur de ses coupe-jarrets. Singulière cour dont il disposait là, où les femmes n'étaient pas moins féroces que les hommes, eux-mêmes n'étant guère moins coquets que les premières. C'était tout un monde, tout un univers, où l'on se parlait avec cette politesse dédaigneuse et blessante, où on se serrait la patte en y faisant affleurer la griffe cruelle afin qu'elle morde dans le coussinet comme par mégarde - et honte à celui qui frémira d'une seule moustache face à la douleur ! - et où jusqu'à l'amour même avait été défiguré en une sorte de désir hautain, où l'un prenait et l'autre subissait. Il s'agissait toujours de relations qui tournaient très vite à un sens unique, celui de domination et de dominé.
Nulle pitié, nulle compassion dans cette assemblée de bandits. Juste de noirs sentiments, de noirs projets, de noires pensées.


"Oh maître à la robe soyeuse, me sera-t-il permis de m'écraser devant vous pour délivrer mon message ?"
s'éleva soudain une voix.
"Il te sera également permis de nous contempler les pattes, mon bon" répliqua plaisamment le souverain.

Par ici, on l'appelait simplement Mauvais-Roi.

"Grand merci pour votre générosité, Mauvais-Roi ! Tout en mirant la délicatesse de ces coussinets, je..."
"Comment saurais-tu les voir ?"


Il aimait se livrer à ce genre de jeux, tourner en dérision les efforts d'autrui pour lui plaire, et châtier durement quiconque ne faisait pas preuve d'assez de subtilité. Quant à ceux qui omettaient ces flatteries, ils étaient tout bonnement - et c'est bien là la seule chose qui soit bonne en ce lieu, car elle permettait d'éradiquer l'engeance - mordus à la nuque sans autre forme de procès.


"Je la devine d'ici, mon cher maître."
"Tu m'en vois fort aise. Quelle était cette missive dont tu me parlais tantôt ?"


Des paupières faussement paresseuses s'étaient relevées tout autour du chat qui frissonnait devant ce jugement silencieux. Lui, roturier devant la noblesse, pouvait être mis à mort par caprice et il le savait. Mais il savait également, qu'aussi bien le Mauvais-Roi châtiait les porteurs de mauvaise nouvelle, aussi bien il récompensait généreusement ceux qui le rendaient de bonne humeur.
Et celle qu'il amenait ici allait probablement l'emplir d'allégresse, car elle parlait de malheurs.


"C'est la guerre qui se propage, fléau adoré de nos langues rosies."
"La guerre, dis-tu ? Et qui donc la souhaite, que je sache le nom de notre hôte ?"
"C'est le Grand Duc des hibous de la Forêt, grand dictateur cher à nos coeurs."
"Qui est-il ? Un simple nom entre tes babines ? Allons, ne t'ai-je pas demandé qui il était ?"
"Et bien, no... bien sûr, je maudis ma propre stupidité, Mauvais-Roi. C'est un animal féroce, qui commande aux dangereux rapaces de la nuit."
"De rapace ils n'ont que le nom"
grommela le prince dans ses moustaches. "Nous, nous en avons l'âme et l'allure."

Sur ces mots, le Mauvais-Roi leva son séant et les ténèbres frémirent, car tous l'imitèrent. Devant ses habiles et méchants lieutenants, il exprima son désir et son voeu.

"Mes amis, une fête se prépare et nous en sommes par nature les invités. Nous, voleurs empreints de la dédaigneuse dignité qui nous revient de droit depuis l'aube de notre espèce, allons venir à la guerre. Nous viendrons lorsque nulle lune ne brillera, nous viendrons en avançant du silence de nos pas feutrés ; nous viendrons de noirs atours vêtus, et nul ne nous verra. Nous volerons les nids et les terriers pendant que tous seront à se battre, nous grimperons aux arbres désertés et fouinerons dans les trous abandonnés. Là, nous volerons les enfants et nous les ramènerons dans nos ténèbres, où nous festoierons pendant que nos victimes s'affronteront. Ah, mes amis, la vie d'un chat n'est-elle pas belle à outrance ?"


Et de nouveau ce rire sardonique et joyeux que tous reprirent. Le messager participa à son tour à l'hilarité, car il n'aurait jamais pensé que son Mauvais-Roi l'était à ce point-là, et le voir lui faisait plaisir.
"Tendre vers un idéal. S'imposer un code d'honneur. Vivre selon ses principes... Il n'y a pas de plus grande priorité."
"J'ai peur de la part de vérité qu'il y a dans le fait que le bien soit affaire de raison, et le mal affaire de motivation."

Sanchera Saâhldil , Maître d'Armes
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  • "Un jour je reviendrai à Cathay la Grande, accomplie comme mon maître désirait que je le devienne. Ce jour-là j'aurai le droit d'être fière."
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[MJ] Le Gob'
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Re: Le Grand Duc en guerre !

Message par [MJ] Le Gob' »

Hors d'haleine, une belette court au milieu de la forêt : sautant avec célérité d'un buisson à l'autre, dans un souci de rapidité évident, elle court de toute la vitesse que lui permettent ses quatre pattes. Elle traverse les branchages et les feuillages, pour déboucher sur un cours d'eau : un ruisseau, ou plutôt un torrent, qu'elle franchit en empruntant un pont formé par un jeune arbre abattu en travers. Remontant le cours de l'eau vive, l'animal semble pressé d'atteindre sa destination, quelle qu'elle puisse être. La diligente belette tient en sa gueule, afin de courir plus vite sans être gênée, une longue plume. Son extrémité est teintée de pourpre...
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Maître Renard, sous son arbre couché, observait son entourage.
Il se trouvait au milieu de sa clairière préférée, au pied de son arbre favori, entouré de la masse frémissante de ses sujets. Ceux-ci se trouvaient être des belettes, quelques dizaines tout au plus, venues pour l'écouter. L'arbre de cette clairière était depuis longtemps devenu un lieu de rassemblement pour tous les suivants du Dieu-Renard : c'était en effet en ce lieu que celui-ci roula un jour un corbeau dans la farine, le couvrant d'éloges pour lui faire lâcher le fromage qu'il avait en bec. Depuis cette mythique ruse, des admirateurs avaient voulu rencontrer ce renard à l'esprit si brillant et affûté, cet emblème de la fourberie. Le peuple belette, suivi de quelques furets, se rassembla pour suivre cette figure de malice. Cette clairière avait aussi vu un autre évènement se dérouler sur son herbe verte, à savoir le légendaire duel de rhétorique opposant le grand Maître Renard au redoutable Maître Fourbe-Langue. Celui-ci, le conseiller du tristement célèbre Mauvais-Roi du peuple chat, avait en effet discouru contre Renard, arguant que l'espèce des chats était supérieure en noblesse comme en intelligence, tandis que Renard défendait la thèse opposée, favorable aux renards. Ce fut finalement un triomphe pour Maître Renard lorsque, après trois jours et trois nuits de réparties cinglantes, Maître Fourbe-Langue s'étrangla avec une boule de poils, concédant la victoire à Renard. Ainsi donc, cette clairière gagna en renommée par delà monts et vallées, et les belettes commencèrent à s'y rassembler, et les furets à y affluer, proclamant pour roi Renard le Rusé.

***


Maître Renard, par l'odeur alerté, se tint à peu près ce langage.


*Tiens donc. Quel est cet étrange fumet ?*
*C'est celui de la foule, mon cher Moi : ils se rassemblent pour vous entendre.*
*C'est donc cela ! Et que veulent-ils ?*
*Mais rien, mon très cher Moi : ils attendent le messager.*
*Ah, oui, ce messager dont on m'a parlé... Froidegriffe, c'est cela ?*
*On ne saurait être plus exact, mon cher.*
*M'est avis qu'il y a anguille sous roche.*
*Nous aimons les anguilles, mon cher Moi, souviens-toi.*
*Hmmm... Quel festin nous avions dérobé aux humains !*
*Ce fut mémorable, pour sûr.*
*Moui. Et quelles drôleries cette aventure-ci nous promet-elle ?*
*Cela, mon cher Moi, cela se révélera bientôt à nous.*


Renard se redressa, le regard alerte, tandis que la belette porteuse de la plume approchait du lieu où il siégeait. Dévisageant d'un air amusé le messager, Renard l'interrogea du regard, lui accordant le droit de parler. La belette déposa la plume à l'extrémité pourpre au sol devant son seigneur, puis prit la parole d'une voie de fouine :

"Maître, les combattants du Seigneur Grand Duc sont armés et prêts pour la guerre : il a rassemblé quantité de ses alliés, et part pour le combat à l'heure qu'il est.
-Et qui est le second protagoniste, Froidegriffe ?
-Il y en a deux autres, Majesté. Le peuple des souris, mené par un certain Souriceau, est la cible du courroux du Seigneur Grand Duc. Et le peuple des chats, sous les ordres du Mauvais-Roi, semble s'agiter en sa contrée.
-Hmmm... Et pourrions-nous nous interroger sur le pourquoi de cette chose ?"


Le silence se fit dans toute la clairière lorsque Renard se leva. Marchant de long en large, le regard fixé sur la plume, il sembla réfléchir un moment, avant de prendre à nouveau la parole, s'adressant à son peuple :

"Pourquoi, mes chers sujets, sommes-nous supérieurs à toutes les autres espèces ? Vous souvenez-vous de ma remarquable victoire sur Fourbe-Langue et sa lange fourchue ? J'ai fini par l'emporter, comme vous le savez, et par démontrer que notre peuple est tellement plus digne de gouverner le monde... Un grand penseur, ami de longue date, de bonne mémoire, Rat-Belet, disait de son vivant que le rire est le propre de l'Homme... ce qui justifie la thèse selon laquelle l'Homme est en droit de dominer le monde actuellement. Mais regardez là manière dont nous avons bâti notre modèle de vie, nous autres animaux les plus intelligents du monde : sous mon auguste règne, vous avez développé votre sens de l'humour, et avez transformé votre nature, pour vous joindre à mon but. En effet, en devenant les animaux les plus enclins à rire, et à susciter le rire, nous sommes devenus plus originaux que l'Homme lui-même, supérieurs donc même à cette race orgueilleuse qui se croit maîtresse du monde. Nous sommes donc plus nobles que les hiboux et les chouettes, plus distingués que les chats, plus rapides que le peuple souris, et plus accomplis que l'Homme. Pour tout cela, il est juste que nous montrions au monde notre vrai visage, dans ce conflit qui s'annonce. Rira bien qui rira le dernier en cette affaire. Rire ou être la risée, telle est la question, et elle ne se pose pas en notre cas. Fourbissez vos casques, apprêtez vos armures : aux armes !"

Après cette brillante allocution, Renard rit intérieurement, songeant qu'il était bien facile de mener tout un peuple par le bout du nez avec des mots bien choisis : il était le plus intelligent de tous, sans aucun doute. Son conseiller, Furfadet le furet, s'avança vers lui, et commença à le questionner sur ses projets dans le conflit auquel ils allaient prendre part :

"Votre Malice, à laquelle des forces en présence allons-nous nous allier ?
- Mais à aucune, voyons, quelle idée. Il nous faut entrer en guerre en notre seul nom. A justement parler, nous mènerons une guerre des ombres : me voici déjà l'esprit plein de diverses fourberies. Afin de garder suffisamment de ressources pour l'hiver, il nous serait utile d'avoir un élevage de venaison, ici, devant le Grand Tronc, afin de ne pas se trouver en manque pendant la période hivernale. Afin de pourvoir à cette nécessité, nous fondrons au coeur de l'obscurité, au plus noir de la nuit, pour enlever les rejetons souriceaux du peuple souris, et les ramener ici afin de ne plus manquer de ripailles à l'avenir. Mais pour cela, nous aurons besoin d'un allié temporaire, pour nous couvrir d'une attaque des autres protagonistes impliqués... J'ai souvenir de mon ami le Loup, qui doit m'avoir pardonné depuis le temps où mes facéties lui avaient coûté le bout de la queue. Portez-lui donc ce message, et voyez s'il accepte de faire avec nous alliance de circonstances."


Le conseiller s'inclina, et disparut avec la missive, pour la porter au seigneur des loups. Pendant ce temps, Renard jeta un regard à la lune, déjà haute dans le ciel, et entonna un chant de guerre de son cru, improvisé pour motiver ses troupes... et bientôt, furets et belettes lui répondirent en coeur.

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"Je n'ai jamais cru les loups essentiels
Ils sont frustres, ignobles et infects
Mais ils représentent un suprême potentiel
Conjugués à mon puissant intellect.

D'accord au pouvoir de réflexion
Vole plus bas qu'un derrière de cochon.
Mais bêtes comme vous êtes,
Faites attention ! Soyez prêtes...

Je vois à vos yeux sans expression
Qu'il faut que j'éclaire vos lanternes.
Nous parlons de roi, de succession
Vous êtes toutes invitées à la fête!

Soyez prêtes pour la chance de votre vie,
Car enfin va venir le grand jour!
Nos ennuis sont finis,
Nous sortons de la nuit.

Et qu'est ce qu'on doit faire?

M'écouter et vous taire!

Faites-moi confiance,
Votre récompense,
Vous l'aurez quand viendra ce beau jour!
Quand la gloire couronnera ma tête...

Soyez prêtes !

J'assure un futur plein d'aventures,
Puisque je suis roi des menteurs.
Par contre sans moi je vous l'assure
Vous mourrez de faim pour la vie !

Soyez prêtes pour le coup le plus génial,
Soyez prêtes pour le plus beau scandale !

Je dis compromission,
Je dis conspiration,
Je crie humiliation,
Trois mots qui me feront...

Un roi incontesté, respecté, salué !
Le seul dieu vivant qu'on acclame !

Votre roi vous invite à la fête

Soyez prêtes !

Soyez prêtes !"
Un gobelin inspiré a écrit :Pour toute réclamation ou problème, traversez la forêt et rendez-vous à la Caverne aux Champignons. Mais prenez garde aux vapeurs de bonnet-de-fou...
A l'entrée de la grotte se tient le gobelin : ses vêtements sont crasseux, et ses yeux vitreux. Plusieurs champignons d'une taille impressionnante pendent en grappes à sa ceinture. Dans l'une de ses mains, il tient une feuille d'arbre roulée en cylindre, dont l'extrémité fumante dégage les même fumerolles que celles qui planent lourdement au-dessus de sa tête. Il tire une bouffée de son étrange et longue cigarette, expire ensuite tranquillement par le nez, tout en dévisageant son interlocuteur d'un air rêveur. Puis, il prend la parole, d'une voix cassée, grave et enrouée, comme s'il avait quelque chose de très important à vous chuchoter :


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"Pourquoi cet air si sérieux ?
Écoute-moi bien, voyageur égaré.
Il y a quelque chose dont je voudrai te parler.
En tout temps, en tout lieu, tu dois bien être conscient que :

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En cas de non-respect de ces quelques règles,
Tu serais confronté à cet étrange animal,
Qui du forum régit le Bien et le Mal :
Le Modo, en vérité, créature fort espiègle."

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Un gobelin douteux a écrit :

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[MJ] Le Sombre Garde
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Re: Le Grand Duc en guerre !

Message par [MJ] Le Sombre Garde »

Dans la clairière silencieuse sous la lune pâle, le Sombre Garde était assis en tailleur, pensif, songeant aux mystères de ce monde. Bien entendu, il n'était pas seul, les bois aux alentours étaient emplis de ses compagnons de chasses, loups puissants aux babines sanglantes. Certains chassaient à présent, profitant pleinement du plaisir de la chasse, tandis que d'autres se reposaient sous la lumière blafarde que délivrait l'astre nocturne. On pouvait entendre en dressant l'oreille les cris faibles des proies qui tentaient d'échapper à la mort certaine qui les attendaient. Mais nul hurlement. Ce soir, leur seigneur méditait, et nul n'était assez fou pour oser le déranger.

Soudain, une agitation aux abords de la clairière vint déranger le souverain des bois dans ses pensées. Quel inconscient osait commettre un tel crime ? Les loups rassemblés en marge de la clairière se dressèrent en grondant. On attentait au calme désiré ! D'un geste de la patte, le Sombre Garde les calma et ordonna que lui soit amené l'inopportun intrus. Un grand loup gris escorta un furet tremblotant jusqu'à lui. Ce dernier s'inclina devant le hammrammr et parla d'une voix mielleuse, mais qui laissait transpirer toute la peur que lui inspiraient les chasseurs qui le regardaient attentivement.

« Bien le bonjour, puissant seigneur des loups. Mon grand et puissant maître, le renard, m'envoie quérir votre ... »

Sans ménagement, le Sombre Garde coupa le vil manant animalier. Il répondit dans un grondement profond.

« Sois clair et concis, vermine. Ne fait pas semblant d'être profond. Celui qui se sait profond s'efforce d'être clair ; celui qui voudrait sembler profond à la foule s'efforce d'être obscur. »

L'assemblée réunie accueillit les paroles de leur Seigneur comme de l'or. Ses mots étaient toujours écoutés avec la plus grand attention car ils recelaient la sagesse, et la sagesse était tenue en aussi haute estime en ces lieux que les aptitudes à la chasse. Il en était ainsi depuis que le Sombre Garde avait pris leur tête. En faisant ainsi, ils aspiraient à se transcender pour devenir des Surloups, le sens réel de la Terre. Après tout, le loup n'existe que pour être dépassé. Le loup est quelque chose qui doit être surmonté. Ainsi seulement ils pourront devenir qui ils sont.

Bien entendu, tout ceci passa largement au-dessus de la tête du messager de Renard, mais cela n'intéressait pas l'Ulfwerenar de l'élever. Il avait choisit la voie de la servitude. Pis, son maître se voulait puissant. Or, toute puissance se paie : la puissance abêtit.

« Il y a des rumeurs de rassemblement d'armées chez les rapaces, les chats et les rats. Mon propre seigneur et maître, le Sérénissime Renard a rassemblé ses troupes également et vous propose de se mettre à ses côtés. »

Des grognements d'indignation retentirent dans toute la clairière. Comment ce renard osait-il parler d'alliance avec leur Guide ? Après tout ses actes de perfidie ! La queue du Sombre Garde portait encore la marque de la dernière en date. L'énorme loup qui se tenait aux côtés du messager se saisit de lui dans sa large patte et commença à serrer, regardant son Seigneur pour savoir quoi faire. Celui-ci lui indiqua d'un signe de tête que le chasseur disposait de tout son libre arbitre. Remerciant le Garde d'une inclinaison du buste, il prit la tête du furet entre ses crocs et ferma la gueule d'un coup sec avant de boire à même la gorge tranchée le sang fumant qui sortait en geyser. Des rires saluèrent son geste. On pu même voir l'ombre d'un sourire flotter sur les babines du Hammrammr. La guerre était lancée. La guerre, qui ravalait la bête au rang d'humain.
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« Que tous les loups soient rassemblés. La guerre s'annonce à nos portes. Les frondaisons raisonnent sous le bruit des animaux qui se rassemblent. Il est de notre devoir de prendre part, afin de sauvegarder les intérêts du peuple loup. Nous allons nous porter contre tout animal qui tentera de nous attaquer. Et n'ayez aucune crainte sur votre mort. Souvenez vous que nul ne meurt trop tôt, car personne n'est destiné à vivre plus longtemps qu'elle n'a vécu. Allez quérir nos compagnons de chasses ! »
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Les loups s'élancèrent dans la nuit, courant en toute direction pour rassembler ceux qui étaient partis chasser loin de leur territoire, mais surtout pour aller prévenir leurs frères d'arme coyotes, chacals, dholes et lycaons. Un long chemin allait être nécessaire, aussi les messagers courraient sans ralentir, infatigables. Un loup se leva sur un rocher pour hurler à la lune le ralliement de tous.
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Le grand loup qui venait de dévorer le furet s'approcha de son Guide.

« Faut-il donner une réponse au Renard ? »

« Non mon ami, nous venons déjà de la lui donner. Il ne faut donner d'autres réponse que par l'action. Les requêtes doivent êtres suivies par l'acte sans discours. »

Le loup s'inclina devant l'ineffable sagesse du Sombre Garde.

***


Quelques nuits après celle-ci, les envoyés étaient de retour, leurs alliés à leurs côtés. La grande armée des Loups et consorts était prête à se lancer au combat. Ils allaient montrer à leurs adversaires qui régnait réellement sur ces bois. Guidé par la grande sagesse du Sombre Garde, ils allaient repousser les ignorants dans les ténèbres d'où ils n'auraient jamais du sortir.
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Viens dans ma clairière petit PJ : http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopic.php?f=2&t=3552

Homo homini lupus, Plaute

Mère disait qu'il y avait bien pire que des loups dans les bois. Comme elle avait tort !

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: Le Grand Duc en guerre !

Message par [MJ] Le Grand Duc »

L'ost du Grand Duc filait dans les airs en direction de la ferme des Hommes. Cette formidable armée de rapace planait au dessus des prairies et des champs dans un silence majestueux. A la tête de ses troupes, le seigneur de la Forêt battait l'air de ses grandes ailes, la lumière des Deux Lunes se reflétant sur son casque poli. Sa garde rapprochée volait à ses côtés, prêtre à donner sa vie pour sauvegarder celle de leur souverain. Les hiboux, les faucons, les busards partaient en guerre, armés de leur fierté, de leur bravoure et de leurs serres aiguisées. Ils partaient en guerre et rien ne saurai les arrêter sinon la Mort.

Les troupes étaient organisées en escadrilles de cinq soldats chacune dirigées par un vétéran aguerrit qui avait le plus souvent connu la Guerre des Alpages contre les vautours maraudeurs. Chaque escadrille volait en formation, formant une vingtaine de têtes de flèches dans le ciel étoilé. Ils progressèrent ainsi pendant plusieurs heures afin de rallier le Pigeonnier où leurs alliés les attendaient. Le ciel se fît plus clair et les lunes commencèrent à tomber pour céder la place à l'astre diurne. Enfin, au loin, après les champs de blé mûr et de seigle noir, se dressa le bosquet de pins et de chêne où était logée la demeure des pigeons. Derrière les arbres se dessinaient les bâtiments de la ferme. Une fois arrivés à quelques toises du mur de briques, le Grand Duc ordonna la descente d'un signe de plume. Aussitôt, les escadrilles plongèrent tour à tour dans le bois et pénétrèrent le Pigeonnier par les passages ouverts au sol.

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Le Grand Duc fût le premier à franchir l'ouverture, suivit de ses sujets, et leva le bec vers le plafond de la citadelle. Les parois étaient trouées de centaines de niches occupées par les tourterelles et les pigeons qui volaient de l'une à l'autre à grand renfort de sifflements et de roucoulements. Le seigneur de la Forêt ne pu s'empêcher de pousser un hullulement exaspéré. Bien que les pigeons soient leurs alliés de toujours, les rapaces ne pouvait s'empêcher de les considérer comme des minets efféminés et indisciplinés, plus adeptes de l'art et de la musique que de la guerre et de la chasse. Mais quoi qu'il en était, ils étaient en première ligne face au Péril Poilu et c'était un devoir aviaire que de leur venir en soutien. Une fois toutes ses troupes entrées dans la bâtisse et à l'abri du soleil, le Duc leur fît signe de rester au sol et s'envola à la verticale d'un coup d'aile impérial, suivit de ses généraux. Les pigeons et les tourterelles s'effacèrent sur son passage, regagnant leurs alcôves à tire d'aile. Dans certaines niches, de blanches et pacifiques colombes soignaient les guerriers blessés rentrés du combat contre les rongeurs. Ici on pensait une patte meurtrie, là on massait une aile cassée. La communauté semblait avoir déjà souffert des escarmouches qui avaient eut lieu et même si cela inquiéta le Grand Duc il n'en montra rien, toujours impassible et et maître de lui. Une fois arrivé au plafond, lui et sa délégation passèrent par une trappe maintenue ouverte et se retrouvèrent dans le dernier étage du castel. Sous le toit de tuiles, les poutres et au sol était éparpillée de la paille fraîche sur laquelle débattait la cour du roi à grand coups de roucoulements et de plumages gonflés. Cette insupportable cacophonie cessa quand les courtisans virent les hiboux déboucher d'un coup de la trappe et se poser sur le plancher vermoulu en faisant cliqueter leurs serres, fixant qui osait leur jeter un regard, inquisiteurs. Automatiquement, la foule se scinda en deux jusqu'à un cageot rempli d'herbe fraîche sur laquelle reposait un pigeon massif et gras. Quelque part dans la salle, un héraut s'époumona.

- "Votre Altesse Royale, voilà le Grand Duc et son armée qui arrivent céans !"

Tous les pigeons présents s'inclinèrent, donnant l'impression que les rapaces nocturnes étaient encore plus grands qu'ils ne l'étaient déjà. Faisant fit des convenances, le seigneur de la Forêt et sa délégation avancèrent dans l'allée formée par les sujets du Roi et s'arrêtèrent à moins d'un mètre de lui. Le Duc inclina la tête en faisant scintiller sa couronne, saluant par la même Ramier Ier, Roi des Pigeons et Seigneur du Pigeonnier.
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- "Honneur et robustesse, Votre Altesse. Vous avez demandé l'aide des hiboux et me voilà maintenant devant vous avec mon armée." dit le Grand Duc en faisant claquer son bec.

- "Notre coeur se charge de chaleur à voir que nous pouvons compter sur de si fidèles alliés." répondit le roi d'une voix fatiguée. "Mais hélas l'époque n'est plus aux flatteries et à la bienséance. Les temps sont dur. Le Péril Poilu a déjà mit pied sur ses terres et se retranche dans ses nouveaux bastions. Le grenier et la grange, autrefois nôtres, sont désormais territoire ennemi. Fort de ces avantages, les rongeurs ont entreprit la conquête du poulailler et de la basse-cour et notre ami, le Comte Bruyère de Gallinacée, a les plus grandes difficultés à les contenir. Ses pertes sont lourdes et sans notre soutien il ne tiendra plus très longtemps. Nous, Ramier Ier, veillons à ce que le pigeonnier et les alentours soient sûrs et sans dangers. Nos escadrons patrouillent jour et nuit et repoussent la moindre percée. La guerre est à nos portes et j'ai peu à vous offrir, mais ce que j'ai je vous le donne et ma demeure est la vôtre."

Le Grand Duc hocha la tête et fixa le roi de ses yeux perçants.

- "Je désire savoir où se terrent leurs chefs. Il faut couper la tête du serpent, alors seulement nous pourrons endiguer et exterminer cette vermine."
- "Hélas, nous n'en savons que trop rien ! Les éclaireurs que nous avons envoyés dans la grange et le grenier ne sont jamais revenus. Nous ne pouvons vous informer sur ce sujet. La seule chose que nous pouvons vous donner est un point de repli, ici même, et quelques uns de nos propres escadrons."
- "Nous, hiboux, ne voulons pas de "point de repli". En revanche, faites passez son mon commandement autant de troupes que vous le pourrez. Nous aurons besoin de tous les becs, de toutes les serres si nous voulons venir à bout du Péril Poilu."
gronda le Grand Duc en retirant son casque de guerre.
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Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Grissnack

Re: Le Grand Duc en guerre !

Message par Grissnack »

Ainsi donc, le ciel fut de plus en plus dense, coloré par les escadrons qui formaient de véritables nuages de tempêtes...Mais à terre, la situation n'était pas non plus des plus calmes...En effet, alors que le Roi des cieux avait ordonnés les ralliements de ses troupes et de ses alliés, alors que chats, renards, loups, souris entraient en guerre à coup de complots et se faisaient reponsables des premiers morts de la guerre à venir, les autres animaux sentirent venir l'ouragan...

La vie qui grouillait ici n'était point que plume et fourrure, il y avait d'autres vies, mais trop faibles, trop peu soudées, trop disparates pour avoir un quelconque impact sur le dénouement de la guerre. Sans parler du fait que la plupart de ces surpuissances indifféraient les autres vies...

Dans la forêt surtout, il y avait un animal solitaire, imposant, puissant, craint, mais qui ne désirait que tranquillité et paix. Il était taillé pour le meurtre et les carnages, il en était pleinement conscient, mais de son être se dégageait cette indifférence flegmatique qui le poussait à ne prendre aucuns partis, ou peut-être était-ce ce narcissisme qui lui criais haut et fort qu'il n'avait cure des races inférieures.


"Allons mon gros, tu as reçut des flocons de neige durant ton hibernation qui ont fait plus de dégats que toutes ces armées réunits...ce n'est qu'un petit coup de vent, ça passera, et ça ne t'empêchera pas de rester seul maître à bord...Tu es un capitaine de navire, tes matelots se battent mais le seul qui tient la barre, c'est toi...Laisse-les donc se détruire, ils sont aussi vains que les quelques poils que tu perds pendant l'automne...."

Un sourire se dessina sur le museau du roi non-reconnu, de toute façon, n'importe lequel de ces couards ne pouvait sortir vivant d'un combat loyal contre lui. Si le futile dirigeant de l'une de ces armées venait à s'autoproclamer roi, un coup de patte le renverrai dans le tombeau de la méconnaissance d'où il n'aurait jamais dû sortir...

Qu'il était bon de se sentir unique...les fourbes, les beaux, les loyaux, les cruels, les couards...qui pouvait douter de sa supériorité ? Une armée d'ours, si elle existait, ne serait-elle pas l'entité la plus puissante de la guerre à venir ? Tous ces peuples savaient cela, mais ils refoulaient cette pensée, se permettant une guerre de pouvoir alors que tous le pouvoir était hors de leur portée, concentré en ce roi, ce souverain, cette idole, ce Dieu...

Enfin, une décision traversa l'esprit de l'unique...peut-être pourrait-il se joindre à l'une des armées ? Et être gouverné par un être inférieur ? Sottise ! Peut-être pourrait-il simplement décimer les têtes pensantes...oui, faisons tomber des têtes ! Ils veulent du sang ? Ils veulent un chef ? Ils trouveront leur chef, et tous seront d'accord sur ce point, il n'y aura plus de guerre, il y aura juste...l'unique.

Une envie de meurtre passa dans les yeux de l'idole, une envie de renverser le pouvoir, une envie de montrer la force qui était en lui. Il quitta son doux repaire, au fin fond des bois, et se mit en route, où ? Vers le premier endroit à sa portée où niche, en haut de son trône la cible assez inconsciente pour se prétendre roi devant ses yeux.

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