Description façon Armand pour la situation de la Bretonnie en 2529
En 2529 (Année de Sigmar/Luccini), le royaume de Bretonnie est la plus puissante et la plus riche des nations du Vieux Monde ; il profite en réalité des conséquences du Déluge, qui a saigné et ravagé le Kislev et le nord-Empire. Épargné par les hordes venues du nord, les chevaliers de Bretonnie ont pourtant bien participé au sauvetage de Middenheim, et depuis quelques années maintenant, il apparaît à Altdorf que les voisins ultramontains sont devenus beaucoup plus actifs et pressants dans le jeu diplomatique du continent…
La Bretonnie est un pays rempli de contradictions. Il est très peuplé
(Plus de 15 millions de sujets, à comparer avec 18 millions dans l’Empire, 8 millions dans chacune des péninsules Tiléenne et Estaliennes, 6 millions sur les terres du Tsar et 1 million dans les Frontalières), et parcouru de vastes terres fertiles. Le pays a accès à d’immenses réserves naturelles de forêts de chênes, des mines, des terroirs pour faire pousser des céréales et élever du bétail. Son immense façade maritime lui permet, de plus, d’agir avec le monde entier. Tous les ingrédients sont là pour en faire une nation invincible et sans rivaux.
Mais la Bretonnie est également un pays arriéré, incapable d’accepter le progrès et le changement. Il est en immense majorité rural (La seule grande ville qui peut être qualifiée de cité est l’Anguille, toutes les autres capitales ducales passeraient pour des bourgades dans l’Empire ou la Tilée), et les innovations des autres pays, comme la presse à imprimer ou les ateliers pour tisser le drap ne sont que des curiosités archi-rares que quelques aristocrates un peu éclairés ne parviennent pas à développer. La majorité des hommes (et femmes) de culture, tels les médecins, les industriels ou les philosophes, sont des étrangers ayant immigré. La Bretonnie est exceptionnelle lorsqu’il s’agit d’exporter au monde entier des biens non-transformés — les céréales, le minerai, le sel, le bois, la viande, le vin ou la laine du royaume sont très prisés tant pour leur quantité que leur qualité. Mais le pays est absolument incapable de produire et de vendre des biens transformés, exception faite de quelques produits de luxe, comme des vêtements de haute-couture, des parfums et de la verrerie fine, qui sont tous concurrencés par les Tiléens et Estaliens aussi excellents dans ce domaine. Aux yeux des marchands du Vieux Monde, la Bretonnie est juste un gigantesque garde-manger à ciel ouvert, et si la Bretonnie est bien riche, c’est une richesse qui s’échappe et est bien mieux rentabilisée par d’autres.
Cet état de fait est empiré par la structure sociale de la Bretonnie. Le royaume est miné par la corruption, qui est parfaitement endémique — il est normal de commercer en Bretonnie en évitant les péages et les taxes pour leur préférer des pots-de-vins versés aux baillis et châtelains du pays.
La liberté est difficile à trouver dans cette nation : Entre 40 et 50 % de la population est constituée de serfs, c’est-à-dire de paysans qui ont l’interdiction de quitter leur domaine de naissance et doivent travailler la terre d’un seigneur local. C’est un pays ancré dans la tradition, où une classe nobiliaire exclut les autres grâce à leurs arbres généalogiques et leur obsession du sang, tandis qu’une classe bourgeoise récente, faite d’hommes-libres qui commercent, gravitent dans des cours ou des domaines rachetés à des petits seigneurs endettés pour s’enrichir. Les femmes n’ont que de rares droits en Bretonnie, et qu’elles soient pauvres ou riches, elles sont considérées comme mineures et soumises à un mâle à chaque moment de leur vie, que ce soit leur père, leur mari, ou un autre proche — les rares exceptions sont les bergères de Gasconnie, ou les prêtresses du culte de Shallya.
Pourtant, la Bretonnie n’a pas d’autres choix que de changer. Lentement, et de façon bâtarde, elle subit les influences étrangères. Par exemple, de très nombreux chevaliers qui ont fait le chemin jusqu’à Middenheim ont découvert l’Empire, ses grandes villes, ses chartes de liberté et ses usages étranges et libéraux. Certains sont revenus avec des épouses du Reikland ou du Middenland, d’autres se sont mis à apprécier et rendre hommage aux déesses Véréna et Myrmidia. Cette jeunesse dorée, couverte de gloire, rêve d’enrichir ses terres en reproduisant ce qu’elle a vu là-bas.
Le Roy et le Trône de Bretonnie
La chose la plus choquante pour un Impérial ou un Tiléen qui découvrirait la Bretonnie, ce serait sans doute l’immense pouvoir qui est entre les mains de son monarque — seul le Tsar du Kislev pourrait rivaliser avec la puissance qu’un seul homme détient sur son territoire.
Le pouvoir du Roy descend de ce que les anciens Bretonnis ont décidé en l’An 978 ; Il est titré
« Rex Bretonniae », « Roi de la Bretonnie », et tout sujet vivant n’importe où sur son territoire lui est totalement soumit.
La personne physique et réelle du roy est séparée de la fonction qu’il occupe, qu’on appelle
le Trône. Le Trône est la représentation légale de sa puissance, la charge qui est transmise, de manière irrésistible. Contrairement à l’Empire, l’Estalie ou la Tilée, on n’est jamais choisi roy, ou élu, ou nommé ; le Trône passe en primogéniture mâle, les seules conditions pour hériter étant d’être un homme, de sang-bleu, et ayant bu dans la coupe du Graal.
Le Trône de Bretonnie ne négocie pas, et n’est pas un agrégat ou une institution faite pour fédérer — le Trône existe pour régner. Chaque centimètre carré de la Bretonnie appartient au Trône. Toute terre, n’importe où, que ce soit une ferme au fin fond de la Gasconnie ou la capitale ducale d’Aquitanie, appartient au roy. Il a bien sûr le droit de confier une terre à un seigneur, un roturier ou un temple, il peut librement l’affermer, la prêter, créer une lignée qui en hérite de père en fils — mais on considère qu’elle lui appartient toujours. La propriété privée n’existe d’ailleurs pas en Bretonnie ; même une dynastie qui hérite d’une seigneurie depuis des siècles doit toujours faire l’objet de la signature d’un papier à chaque succession où un chevalier du royaume jure de la défendre au nom du roy, et les bourgeois et roturiers libres n’achètent jamais vraiment une ferme ou une maison — on considère au maximum qu’ils la louent pour 99 ans (On appelle ça un « bail emphytéotique », pour donner un nom très compliqué), après quoi il faut renouveler une demande de bail au Trône.
L’absolutisme avec lequel le Trône s’impose sur le royaume aurait de quoi rendre jaloux Karl-Franz. Il n’a aucun réel contre-pouvoir, même si certains se sont mis en place avec subtilité. La seule personne qui peut véritablement faire bouger la fonction royale est la Fée Enchanteresse, qui couronne chaque nouveau roy, et éventuellement va le chercher et le désigner en cas d’interrègne qui n’est pas censé exister en Bretonnie.
Le roy signe toujours ses actes royaux par une sentence laconique :
« Car tel est notre plaisir ». Ces actes peuvent avoir un effet sur une simple province ou un lieu circonscrit, mais peuvent aussi s’imposer au royaume tout entier s’il le désire. D’ailleurs, le roy est censé toujours parler à la première personne du pluriel pour se désigner, et on lui répond ou on s’adresse à lui avec la seconde personne du pluriel — car loin d’être une simple personne, le roy incarne la volonté de tout le Royaume et de tous ses sujets.
C’est une chose terriblement dure, d’être roy. D’autant qu’il est impossible de refuser — le roy n’a pas le droit de vendre la couronne, de la céder, de la séparer, il n’a pas le droit d’abdiquer, sous aucun prétexte — loin d’être des privilèges, les immenses pouvoirs confiés à cette personne humaine, quand bien même elle a bu le Graal, constituent un fardeau terrible.
Les Ducs-Pairs
Les ducs de Bretonnie sont considérés comme des
pairs ; descendants des Compagnons du Graal qui ont bu avec Gilles tour-à-tour, on leur a confié en 978 de larges provinces qu’on nomme « duché », Gilles lui-même étant un duc, celui de Bastogne. Le terme de
pair veut dire « égal », et le roy est censé être le premier des pairs du royaume,
prima inter pares.
Dit comme cela, les ducs peuvent faire penser aux comtes-électeurs de l’Empire. Ce n’est absolument pas le cas.
Chaque duc est considéré comme un petit roy de Bretonnie. Chacun d’entre eux copie les institutions royales, avec sa propre cour, son propre conseil et parlement, ses vassaux et arrière-vassaux qui composent la pyramide féodale. Une grande liberté et un grand pouvoir est confié aux ducs, et tous possèdent d’ailleurs un diadème de fer ou d’argent, et ont des couronnements avec des cérémonies inspirées du sacre royal.
Mais les ducs, si puissants qu’ils sont, demeurent les vassaux personnels du roy. Chacun d’entre eux doit obligatoirement prêter hommage au roy en personne, et ne peuvent pas juste signer un document comme le font les tous petits chevaliers. Ils doivent s’agenouiller, et embrasser les mains du monarque.
Les ducs sont considérés comme les lieutenants du roy. Le Trône laisse les ducs régner comme ils veulent, avec leurs propres coutumes et une certaine liberté, tant qu’ils respectent les actes royaux — si le roy signe un acte qui concerne le pays tout entier, en signant par
« car tel est notre plaisir », les ducs ont l’obligation d’enregistrer l’acte et de le faire connaître à leur cour et leurs sujets, et ils ne pourront adresser des remontrances à leur roy qu’après.
Les pairs ne se réunissent qu’à deux occasions : Lors du sacre du roy, et lorsque le roy leur ordonne de se réunir.
Lors du sacre, les ducs tiennent des rôles honorifiques ; ils portent et remettent les instruments du pouvoir de leur monarque et sont les premiers à s’agenouiller tour à tour pour être reconnus comme ses vassaux.
Lorsqu’ils sont réunis, c’est généralement que le roy souhaite ordonner un acte particulièrement important — par exemple, s’il faut déchoir l’un d’entre eux pour félonie. Dans ce cas très précis, les ducs-pairs servent véritablement de courtisans personnels du roy, qui approuvent sa décision.
Si posséder une pairie n’a pas de sens auprès du roy, ça a un sens énorme envers les vassaux des-dits pairs. Chaque pair est l’émanation du pouvoir du roy, beaucoup plus que tout autre être humain dans le royaume. On ne parle pas et on n’agit pas avec un pair comme on le fait avec quelqu’un d’autre, et tout un tas d’usages symboliques ont un effet psychologique réel — il est par exemple obligatoire de poser un genou à terre quand on est devant un pair, et on ne se relève qu’après qu’il a fait un signe de main pour l’autoriser. Contrevenir à cette règle peut être puni de
lèse-majesté, comme si on avait infligé la faute au monarque.
Il y a treize ducs-pairs et trois comtes-pairs. Les treize ducs-pairs sont évidemment les treize ducs qui règnent actuellement en Bretonnie (Par exemple, Cassyon, duc-pair de Parravon). Les trois autres sont ceux un peu spéciaux ; les comtes-pairs de Glanborielle et Cuilleux sont, par tradition, les héritiers des ducs de Gasconnie et de Quenelles (Respectivement). Le comté-pairie de Moussillon est lui confié à l’héritier du duché-pairie de Lyonesse. Le duché-pairie de Couronne est lui normalement confié par intérim à l’héritier de Couronne, le roy pouvant difficilement se cloner lors des cérémonies officielles.
Les cours du royaume de Bretonnie
La Bretonnie a bien une vie politique, mais c’est une vie politique extrêmement étrange et d’un autre temps. Elle est basée sur deux choses : la féodalité, et la vie de cour.
La féodalité est un système militaire et politique, qui existe partout dans le Vieux Monde, mais qui est véritablement essentiel en Bretonnie.
À son sommet, il y a un seigneur, qu’on nomme « suzerain », qui offre la garde d’une terre à un guerrier, qu’on nomme « vassal » ; le suzerain fait le serment de ne pas attenter à la liberté de son vassal, à la condition que le vassal conseille son suzerain, qu’il défende son honneur, qu’il protège ses biens, et qu’il l’accompagne à la guerre. La consécration de ce serment est lors d’une cérémonie appelée « hommage », où le vassal s’agenouille et embrasse les mains de son seigneur.
Le vassal est libre d’avoir à son tour des vassaux, et un vassal a aussi le droit de prêter serment à plusieurs suzerains pour plusieurs terres — le résultat étant une sorte de pyramide avec un aspect de labyrinthe, au sommet de laquelle se trouvent les ducs et surtout le roy, et où tout en bas se trouvent de très simples chevaliers qui n’ont comme terre qu’une simple ferme et une seule tour ou maison en pierre en guise de château.
Les « barons » sont des seigneurs spéciaux, qui sont les vassaux directs du roy sur une terre sans passer par l’échelon intermédiaire des ducs ou d’autrui. Les baronnies sont souvent assez petites, mais nombreuses et stratégiques — on trouve beaucoup de baronnies fortifiées aux frontières du royaume, et assez dans chaque duché afin que le roy ait toujours des bases de pouvoir rien qu’à lui dans chaque province.
Cela fait depuis longtemps que la féodalité est un système militaire totalement dépassé, et ce même dans la Bretonnie aux coutumes d’un autre temps. La plupart des chevaliers de Bretonnie n’ont à servir leur seigneur que quarante jours par an, on appelle ça le « service d’ost ». Il est devenu habituel pour les seigneurs de préférer exiger aux vassaux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas servir (Encore plus s’il s’agit d’enfants, de vieillards, ou de femmes) de payer « l’écuage », un impôt qui remplace leur obligation militaire. Avec cet écuage, le seigneur pourra payer des vassaux volontaires pour servir durant la totalité de la campagne militaire, ainsi que des chevaliers-courtisans qui lui servent de gardes-du-corps permanents, huit jours sur huit, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
L’ost n’est vraiment plus utilisé qu’en cas d’extrême urgence, notamment en cas d’invasion étrangère. Mais si la féodalité n’a plus autant de sens dans son origine militaire, elle est encore essentielle pour comprendre les relations politiques des élites du pays.
Les Bretonniens sont des gens qui n’aiment pas l’écrit et les institutions. La noblesse du pays ne comprend qu’une chose : les relations personnelles et réelles. Les Bretonniens aiment les gestes et les symboles — une gifle ou un baiser sur la bouche a plus de sens pour eux que les chartes ou les contrats. Il n’est pas considéré comme déshonorable de trahir un contrat qu’on a signé. Il est considéré comme insupportable de mentir à une femme à qui on a embrassé la main. C’est ça qui résulte de grands problèmes de traduction et de compréhension entre les Bretonniens et les étrangers.
Pour exercer son pouvoir, n’importe quel seigneur, qu’il s’agisse d’un petit châtelain ou du roy en personne, s’entoure d’une cour personnelle.
La cour est le personnel qui suit le seigneur partout où il va. Ce sont des êtres bien variés qui, ainsi, font partie de la cour : il y a tous les vassaux du seigneur, qui ont un devoir de conseil — mais il est rare qu’ils servent à la cour autrement qu’en hiver, ou lorsqu’ils sont personnellement appelés par leur suzerain. Il y a ensuite ce qu’on appelle la « gendarmerie », les chevaliers du royaume qui au lieu d’avoir un fief, sont payés personnellement pour suivre leur suzerain comme une garde personnelle. Il y a ensuite les pages, de jeunes fils de vassaux qui font leur éducation auprès du maître, et les dames de compagnie, la même chose pour les filles. Il y a la famille personnelle du seigneur. Des prêtres et aumôniers. Des domestiques, que ce soit le cuisinier, le veneur ou les dames de chambre. Des artistes appréciés. Des artisans personnels, comme un forgeron ou un armurier. Des avocats et scribes qui connaissent le droit et qui peuvent écrire.
La cour est tout un microcosme, une mini-société avec ses codes et ses règles, ses favoris et ses rebuts. Entrer à la cour, c’est être promis à un grand avenir et de grandes récompenses, ce peut être un moyen de promotion sociale — un simple archer fils de serf qui devient veilleur au palais ducal peut, après vingt ans de service, obtenir une ferme et devenir un paysan libre avec du bétail et de quoi devenir un riche petit notable.
Mais entrer à la cour, c’est aussi être enfermé dans une cage, être soumis à des règles strictes, être obligé d’intriguer, ou de servir de pion à des intrigues. C’est un lieu rempli d’hypocrisie et de secrets, où l’on s’aime et où on se hait, où l’on commet des adultères et où on finit par fomenter des complots ou se saigner dans des duels d’honneur. Même un simple bouffon peut devenir un conseiller essentiel. Même un grand vassal peut tout perdre…
On sait qu’un seigneur est puissant selon la taille et la richesse de sa cour. Aucun seigneur Bretonnien ne peut se permettre d’être pingre — avoir des gendarmes personnels aux armures impériales scintillantes et couvertes de dorures, ce n’est pas seulement les rendre riches eux, c’est aussi resplendir de prestige à travers eux. Mais de la même manière, les courtisans sont l’émanation de leur seigneur, et c’est pour cela que l’honneur personnel est si important en Bretonnie. Quand un chevalier ou une jeune femme Bretonnienne est accusée d’un crime ou d’une faute, ce n’est pas seulement lui ou elle qui est insulté·e, mais aussi sa parenté, sa clientèle et/ou ses maîtres.
La plus petite « cour » possible, même si le terme est trop ridicule pour être utilisé, est celle d’un simple gendarme, qui a forcément un écuyer et un page pour l’accompagner.
La plupart des cours des barons et des comtes tournent de 20 à 200 personnes. La plupart des cours ducales vont de 200 à 1000 personnes. Tout dépend de la richesse de la seigneurie ; On peut remarquer qu’un comte de Brionne a plus de dames et de gens de culture à sa disposition que le duc de Gasconnie, qui a essentiellement des militaires et très peu de faste dans son entourage.
La plus grande cour est la
Curia Regis, la cour royale. Une immense organisation de mille personnes, c’est au centre de cette cour que se trouve l’essentiel du pouvoir et de la faveur de Bretonnie.
Les intrigues de la Curia Regis
Le royaume de Bretonnie n’a pas de capitale officielle. La ville de Castel-Couronne a beau être une grande bourgade, avec des thermes elfiques, un hippodrome géant, le saint-siège du culte de Shallya et de grands châteaux, Castel-Couronne est avant tout la capitale du duché de Couronne — une cité de 40 000 personnes, à comparer avec les 200 000 d’Altdorf. La cour royale n’est à Couronne que durant quatre mois de l’année, au commencement et à la fin de l’hiver ; le reste du temps, le roy voyage à travers le pays, en suivant de longs itinéraires qu’il programme à l’avance, pour visiter des duchés.
N’importe où réside le roy est la capitale. Le roy possède plus d’une centaine de châteaux à travers tout le royaume, qui sont servis par des châtelains personnels, et il peut aussi se rendre dans les domaines de ses barons ou aux châteaux de ses ducs-pairs. À chaque fois qu’il se déplace, son administration le suit : des milliers de chevaux tirent d’immenses attelages, ou bien des barges fluviales grandioses, qui servent à transporter le trésor, les archives, et de grands chapiteaux à monter si le roy décide de tenir une cour de justice en pleine campagne.
La cour royale est la cour archétypique de la Bretonnie ; toutes les cours ducales tentent de copier les fonctions de la cour royale, et toutes les cours seigneuriales tentent elles-mêmes de plagier les cours ducales. Tout ce qui se fait auprès du roy, ce sera fait à son tour dans le reste du royaume ; c’est peut-être en ça que le roy a une influence immense, encore plus que par son droit qui fait de lui le seigneur primaire et absolu de la nation. Lui et les personnes autour de lui imposent la mode, le bon goût, les bonnes coutumes, ce qui est dans l’air du temps et ce que l’on privilégie. C’est d’autant plus vrai qu’au lieu de rester à un seul endroit, le roy va se faire connaître à travers tout le pays, et se faire voir d’un grand nombre de gens.
Les Bretonniens ont du mal à concevoir le « roy » comme quelque chose de lointain et flottant. Le roy est quelqu’un, l’incarnation du Trône. C’est important de présenter une façade merveilleuse, plutôt que de chercher à organiser une administration fixe et efficace. Les Bretonniens ne comprendraient pas.
Entrer à la Curia Regis ne peut se faire que sur l’autorisation du monarque ou de ses grands serviteurs. Et de la même façon, quitter la cour ne peut se faire que sur leurs autorisations.
La famille royale
Pour un Bretonnien, la famille est essentielle. La noblesse vénère les lois du sang, et aucun noble, même le chevalier le plus crotté, ne peut ignorer sa lignée ; les grands aristocrates payent extrêmement cher des scribes de Shallya ou Vénéra pour qu’on leur dessine des arbres généalogiques enluminés, qui retracent la grandeur de ses ancêtres, qui remontent, si c’est possible, jusqu’aux Compagnons et leurs guerriers Bretonni — il faut au moins remonter jusqu’à sa cinquième génération pour être considéré comme noble, et si on ne peut pas prouver au-delà, on est considéré comme une petite famille sans importance.
Les Bretonniens ne croient pas à la responsabilité individuelle de ses actes. Ils croient à la famille comme les Norses ou les Albionnais croient au clan. Si un homme a fait des actes répugnants, c’est que ses enfants ont été touchés par la souillure, et il faudra faire bien des choses pour s’en débarrasser. L’inceste et le parricide sont les tabous suprêmes, et nombre de guerres féodales ont eut pour cause de départ un fils qui a attaqué son père pour lui subtiliser sa belle-mère…
La famille étant essentielle, le roy de Bretonnie est obligé de présenter sa famille au monde entier. Et elle est obligée de ne pas lui faire honte.
On l’a dit, les femmes n’ont aucun pouvoir en Bretonnie. Elles sont des mineures éternelles, et on aime peu que les femmes se chargent de quoi que ce soit, qu’on soit riche ou pauvre. Quand un boutiquier est malade, il est considéré comme choquant ou indigne que sa fille prenne les affaires. Quand une seigneurie se retrouve sans héritier, il est normal que la veuve ou la fille dotée se trouve vite, ou bien un fils adoptif pour la première, ou bien un époux pour la seconde, sans quoi on doutera de sa capacité à gérer le domaine. Il est peu étonnant que de nombreuses femmes aristocrates, très éduqués, rejoignent le culte de Shallya — il n’y a bien que là qu’elles pourront profiter de leur éducation et demeurer des femmes libres, et surtout, respectées.
Pourtant, il serait totalement faux de simplement s’arrêter à cette constatation légale. La moitié des 15 millions de sujets de Bretonnie sont des femmes ; même un pays de dégénérés comme la Bretonnie est bien obligé de leur reconnaître une place, qu’elles se taillent elles-mêmes…
Un seigneur a généralement deux personnes féminines qui vont l’influencer dans sa vie : sa mère, et son épouse.
Le père étant un homme froid et absent, c’est la mère qui gère les jeunes années d’un fils de la noblesse. C’est elle qui lui apprend les prières envers la Dame du Lac sur ses genoux, qui le choie, l’habille et le nourrit. L’éducation des très jeunes enfants est entièrement la responsabilité de la maman, et c’est probablement pourquoi de nombreux nobles grandissent en haïssant leur père, mais très rarement leur mère.
L’épouse est rarement épousée par amour. On épouse une femme dans un mariage arrangé, généralement parce qu’il y a un intérêt. Les chevaliers rêvent d’épouser une femme d’un statut plus grand que le sien, une fille ou une sœur de son seigneur, afin de posséder une dot. Certains bourgeois roturiers épousent des femmes de la petite noblesse afin de créer des stratégies pour se retrouver anoblis. (
Contrairement à la version de Warhammer, je ne considère pas que seulement trois roturiers sont devenus nobles en 1500 années d’histoire. Je considère plutôt que c’est une personne par an qui a la chance de devenir noble en moyenne).
On n’est pas obligé d’aimer passionnément quelqu’un pour que cette personne ait de l’influence. La femme en Bretonnie sert beaucoup à combler les lacunes de son mari. Les seigneurs Bretonniens sont bien souvent vulgaires, irascibles, téméraires, obsédés par leur honneur, et terriblement rancunier. En secret, alors que ça ne devrait pas être leur rôle, l’épouse est souvent la toute première conseillère du seigneur — c’est elle qui gère la terre, qui s’occupe de lire et écrire, et qui dirige beaucoup la maisonnée dans les petites familles.
L’épouse et la mère peuvent servir de diplomates, et négocier avec d’autres mères et épouses pour mettre fin à une guerre privée. Elles disposent d’un vrai pouvoir insoupçonné. Un diplomate étranger qui connaît réellement la Bretonnie sait qu’il sera très difficile de gagner quelque chose en essayant d’être respecté de cuistres cavaliers, et préfèrera directement approcher les dames avec des propositions de traités.
La mère de Louen Cœur-de-Lion est morte depuis bien longtemps. Mais son épouse est elle toujours aussi importante, même après de longues années de mariage.
Maria Giovanna de’ Trantio, ou Marie Jeanne de Bretonnie
Quand Maria Giovanna avait vingt-trois ans, elle fut promise au roy de Bretonnie pour satisfaire l’ambition de son père, qui souhaitait obtenir le soutien de la puissante amirauté de Bretonnie et de ses marchands afin de contrecarrer les puissances Magritta et Pavona. Épouser un beau prince charmant, doux et séduisant d’un pays chevaleresque promettait une belle vie à la jeune fille.
Mais Louen n’a jamais été capable d’oublier son premier amour.
La relation entre Louen et son épouse est proprement exécrable. Si pendant de longues années, la reine a tenté de faire tout ce qu’il était possible pour plaire et séduire son roy, elle n’a jamais eu affaire à autre chose qu’un goujat mélancolique. Quand elle a commencé à vieillir et grossir à cause de ses couches successives, elle a compris qu’elle n’aurait jamais le cœur de son mari — et donc, tant pis.
Marie est une reine de fer. La digne fille de son père, le prince de Trantio, elle n’a jamais eu aucune envie d’être une greluche sans rôle politique. Sa relation avec son époux est devenu une relation froide, dure, mais bizarrement professionnelle ; si Louen ne la voit pas comme son amante, il la reconnaît bien comme la mère de ses cinq enfants qu’elle a pu mettre au monde et voir atteindre l’âge adulte, ce qui fait d’elle une grande et bonne mère bénie de Rhya.
Avec sa naissance Tiléenne, Marie a apporté beaucoup d’usages et de coutumes de sa cour en Bretonnie. Elle est entourée de courtisans, d’artistes, et d’hommes de culture à qui elle a offert des places. Elle a de grands rêves pour sa nouvelle patrie — elle rêverait de voir la Bretonnie devenir une nation forte, développée, qui adopte le rationalisme Vérénéen, la presse à imprimer et les innovations technologiques.
En plus d’avoir rempli la
curia regis de Tiléens, elle s’est aussi entourée de nombreuses dames de compagnie de sa patrie d’origine — quel meilleur moyen pour manipuler les chevaliers que de jolies jeunes femmes ? Mais elle est loin de n’utiliser que la séduction et la douceur comme armes. Liepmund Holzkrug sait que Marie est le véritable pouvoir derrière le
Secret du Roy, et que c’est elle qui se cache derrière le pseudonyme
« Rose Bleue ». Le Secret du Roy lui sert à obtenir de quoi faire chanter tous ses ennemis politiques, ce qui lui a permit de conserver son pouvoir pendant de longues années.
Le but premier du mariage est de produire des enfants. La stérilité de la femme est d’ailleurs un motif d’annulation de l’union reconnu et courant en Bretonnie (La stérilité des hommes n’est jamais imaginée comme possible). L’enfant est celui à qui on transmet le sang et le nom, une extension de soi-même — d’où l’importance d’épouser quelqu’un de son rang ou d’un rang supérieur au sien.
Les enfants sont en fait rarement élevés par leur père. Ce n’est pas ainsi que les choses se font dans une société traditionnelle — un garçon ou une fille qui reste auprès de ses parents jusqu’à l’âge adulte sera perçu comme faible ou inverti. Normalement, le petit garçon est envoyé en pagerie auprès de son oncle maternel, tandis que la petite fille est envoyée comme demoiselle de compagnie auprès de la tante paternelle ; si l’un ou l’autre de ces proches est absent, on s’arrange avec son seigneur, ou quelqu’un de très respecté.
Les enfants reconnus et officiels du roy Louen sont les suivants :
— Malbaude, le chevalier noir : Malbaude est le tout premier fils de Louen, conçu alors que le roy n’était pas encore un chevalier du Graal, mais simplement le fils aîné du roy précédent. Selon l’histoire, Louen serait tombé amoureux de la jeune fille d’un simple châtelain de la petite noblesse durant sa quête du Graal. Elle est morte en couches en le mettant au monde, et il fut adopté à la cour comme bâtard ducal, puis royal au moment du sacre de son père.
Malbaude est plus âgé que le reste de la fratrie. Il a été bon avec les enfants légitimes de son père, mais sa relation avec sa belle-mère est infecte. Malbaude a passé ses jeunes années en preux chevalier, combattant à Châlons puis dans les principautés frontalières, le digne fils de son père, puis l’un de ses proches conseillers. Mais Marie-Jeanne n’a jamais accepté de voir ce bâtard naturel, qui n’est pas sorti d’elle, devenir aussi important à la cour. Subissant le harcèlement constant de celle-ci, Malbaude a décidé peu avant le Déluge de remettre sa lance à son père, et de prêter le serment de la Quête.
S’il revenait à Couronne en ayant bu le Graal, il deviendrait de fait l’héritier légitime de la Bretonnie.
— Louen le Mignon : Premier fils légitime de Marie et Louen, il a été nommé comme son père, avec l’espoir qu’il devienne un preux héritier.
Malheureusement, Louen est né faible et maladif. Subissant toutes les affections de sa mère, alors que le roy ne se remettait pas du décès de sa fille de châtelaine, il n’a pas subi l’éducation dure et franche que l’on réserve aux jeunes garçons Bretonniens.
Aujourd’hui âgé de 33 ans, Louen le Mignon est un garçon sympathique, gentil et joli. Il est très éduqué, un esthète qui s’intéresse à l’art et qui peint à ses heures, une âme charitable, et un homme éduqué et juste, qui ferait sans doute un excellent duc. Mais en Bretonnie, ces qualités ne suffisent pas — il n’a jamais terminé son errance, et a une phobie des chevaux depuis un accident de tournoi. Son mariage actuel n’a toujours pas produit d’enfants. Il aime les beaux costumes et les parfums, alors on l’accuse dans son dos d’être homosexuel.
Il est l’héritier légitime du duché de Couronne. Mais pourra-t-il devenir l’héritier du royaume de Bretonnie ? C’est impossible s’il ne boit pas le Graal. Si Louen devait mourir demain, la situation serait terriblement compliquée…
— Marie : Deuxième enfant légitime du roy et de la reine, âgée de 30 ans, Marie a été une enfant très timide. Elle a grandi en devenant assez laide, et détestant l’ambiance à la cour. Elle est en fait agoraphobe, et victime de crises de panique quand elle est en public ; beaucoup de gens, dont ses parents, l’ont prise pour une possédée, et l’ont confiée aux bons soins d’un exorciste Morrien qui l’a tout simplement traumatisée.
Fuyant le mariage, elle a rejoint le culte de Shallya. Elle est maintenant bien plus heureuse à passer ses journées au milieu de livres, et à soigner les malades au temple de Couronne.
— Madelaine : Troisième enfant légitime, âgée de 27 ans, Madelaine n’a pas été élevée à la cour de Couronne, mais à celle de Bastogne, auprès de l’épouse du duc Bohémond. Quand elle avait vingt-deux ans, elle a été mariée à un simple baron du duché de Montfort, un mariage terriblement peu élevé pour une fille de sang royal.
Madelaine, tout comme Marie, a tout simplement fui la cour. On dit qu’elle a épousé son baron de mari par amour, et selon sa propre volonté — ce qui est déjà choquant pour une femme. Pire, elle serait un esprit libre, très passionnée avec lui, et loin de bien la domestiquer, son époux la laisserait s’entraîner à l’équitation masculine et au maniement des armes.
L’année dernière, Madelaine a demandé à la surprise générale à réintégrer la cour. Louen et Marie-Jeanne seraient ravis, mais ils détestent son mari, aussi, leur réponse se fait encore attendre.
— Agnès la Douce : Quatrième enfant légitime, jeune fille de 23 ans, Agnès a étrangement beaucoup hérité de son père ; elle est anormalement grande pour une femme, avec des épaules larges et une mâchoire carrée, ce qui est perçu comme assez laid pour une femme. Elle s’est mal adaptée à la vie de cour, subissant de nombreuses moqueries de jeunes hommes et de jeunes filles dans son dos.
Elle est très proche de Louen, et, étrangement, la fille préférée du roy. L’accompagnant souvent à la chasse alors qu’elle était une jeune fille, elle a appris à devenir une excellente fauconnière. Elle a été envoyée à une autre cour assez tard, celle de Tancrède de Quenelles. Selon les rumeurs, elle serait devenue une sorte de mystique, qui consacre des recherches à la magie, l’ésotérisme, et la forêt de Loren. On dit qu’elle aurait déjà communiqué avec des Fées…
On ignore avec qui Louen désire la marier.
— Lucie la Bâtarde : Fille illégitime de Louen et d’une damoiselle de chambre roturière, Lucie est une magnifique femme de 20 ans. Fine, souriante, avec des cheveux très roux, elle est une personne sulfureuse qui suscite beaucoup de passions à la cour — nombre de chevaliers (Et même de jeunes femmes) sont amoureux d’elle. Nombre aussi la détestent et sont répugnés par elle.
La jolie Lucie est victime de nombreuses rumeurs et préjugés. On l’accuserait d’avoir couché avec à peu près n’importe qui. D’être une tentatrice qui connaît les usages de sorcières des taillis, qui ensorcelle des garçons pour les rendre fous. Étrangement, on dit qu’elle est une fille facile, mais une foule d’hommes la haïssent justement parce qu’ils ont été éconduits.
— Charlen, le Lionceau : Dernier enfant légitime vivant du couple royal, Charlen est un beau garçon de dix-huit ans qui a hérité de toutes les qualités que n’a pas eu Louen le jeune. Grand, fort, respirant la vie, il semble incarner la vitalité de Taal lui-même. Élégant, courtois, poli, il est respecté par son tuteur (Qui n’a été personne d’autre que le duc et chevalier du Graal, Hagen de Gisoreux) et par ses compagnons. Il a tout juste accomplit son errance, une vraie, car il a eut l’occasion de combattre des orques et des gobelins dans les Pâles Sœurs. Toutes les jeunes filles de la cour ont le cœur qui s’accélère quand elles le voient sourire.
Charlen est le fils précieux de ses parents. S’il partait en quête du Graal, et qu’il la réussissait, nul doute qu’il serait le digne héritier de la maison de Couronne.
Les grands serviteurs du Trône
Les grands serviteurs du Trône en Bretonnie ressemblent aux conseillers d’État de l’Empire ; comme chez leurs voisins, il s’agit de fonctions qui aux temps barbares étaient principalement celles de domestiques, qui se sont progressivement dotés d’une bureaucratie étendue. Ce sont en quelque sorte les ministres du roy, qui gèrent une grande machine qui les dépasse.
Contrairement aux ministres de Karl-Franz, en revanche, les ministres de Louen sont beaucoup plus loyaux et entièrement fidèles à leur roy, qui en outre, est capable de les renvoyer et de mettre soudainement fin à leurs fonctions selon son simple caprice…
La plupart des grands serviteurs du trône sont des barons, issus de petites lignées nobles qui s’élèvent grâce au service envers le monarque. Absolument aucun grand serviteur du Trône est autre chose qu’un noble Bretonnien ; il a été très rare qu’une femme, qu’un roturier ou qu’un étranger soit nommé à de telles positions. Mais
très rare ne veut pas dire
jamais.
Les grands serviteurs du Trône participent au Conseil Secret du roy, qu’il peut réunir comme il le souhaite, quand il le souhaite, avec qui il souhaite à l’intérieur (Même si on y trouve en général son héritier et son épouse, la reine). C’est au Conseil Secret que le roy peut rédiger des actes, qui seront alors présentés au Parlement.
- Le Protonotaire de Bretonnie :
Hugues Mandeville, 5e baron de Glenn.
Le roy de Bretonnie ne peut jamais mal faire. Il est incapable de prendre une mauvaise décision. Pourtant, il peut arriver, dans des cas exceptionnels, que le roy ou l’un des serviteurs de sa cour ait commit un impair ou une injustice…
Le rôle du protonotaire est d’être l’homme de paille du roy. Il se présente devant le Parlement Royal, et rapporte la parole du monarque. Ce rôle fait de lui, au jour-le-jour, l’homme politique le plus important du royaume, une sorte de « premier ministre » qui doit s’assurer que les feudataires réunis votent bien et demeurent constamment satisfaits. Ce rôle lui offre la prépondérance sur tous les serviteurs, et fait de lui une personnalité bien en vue. En plus de cela, le protonotaire s’occupe d’enregistrer les familles nobles du Grand Armorial, gère les investitures des prêtres et les hommages féodaux. Il garde le sceau privé du roy, et dirige les légistes qui écrivent les actes royaux et consultent les coutumiers de tous les duchés du pays.
Mais si le roy devrait susciter la colère du Parlement, toute la haine serait immédiatement reportée sur le protonotaire, qui est considéré comme un mauvais conseiller qui a soufflé de mauvaises choses dans l’oreille de Sa Majesté ; le protonotaire peut faire l’objet d’une procédure
d’impeachment, qui, si elle aboutit, conduit à sa déchéance de noblesse, et la commise de tous ses titres, charges et fiefs.
Hugues Mandeville a succédé à cette fonction à son père puis son grand-père avant lui. C’est un homme éternellement stressé et nerveux, qui est devenu obèse depuis qu’il considère qu’il n’a plus l’âge de respecter son rang de chevalier. On le voit tout le temps en train de grignoter quelque chose.
Le Parlement (Ou « Grand Conseil ») de Bretonnie :
Le Conseil Secret du roy regroupe rarement plus de quinze personnes. Mais de tout temps, les roy de Bretonnie ont eut besoin de faire respecter leurs décisions du royaume entier, en plus de respecter l’hommage féodal qui oblige les vassaux à bien conseiller leur suzerain.
On a longtemps appelé « Grand Conseil » le regroupement ponctuel où les roys Bretonniens appelaient à leur cour tous leurs vassaux, et des prud’hommes qui connaissaient l’état de la nation, par opposition avec le « Petit Conseil » secret ; mais petit à petit, le Grand Conseil s’est doté de coutumes et de façons de faire qui lui ont fait de lui une véritable institution, le Parlement (Du mot « parlementer », l’endroit où on a le droit de parler).
Le Parlement Bretonnien n’est pas comme la Diète Impériale du Reikland, ni comme les Primes-États de l’Empire, même s’il y ressemble.
Déjà, c’est le roy qui décide de quand le Parlement se regroupe, tout seul, sans demander l’avis à personne. Louen, comme son papa Charlen, a pris l’habitude de réunir le Parlement au minimum une fois par an, généralement en hiver lorsqu’il est à Couronne, mais il peut également le réunir selon son souhait quand il a besoin de donner un ordre à la nation entière.
Ensuite, c’est le roy qui décide exclusivement de qui a le droit de venir siéger au Parlement. Lorsqu’il convoque des sujets qui vienne à lui, il leur donne une notice de quarante jours pour venir à sa cour, où qu’il se trouve ; passé ces quarante jours, le sujet est considéré comme félon et peut être condamné à une peine d’amende.
Le « Parlement modèle » est un regroupement de diverses personnes : Tous les ducs en tant que vassaux directs doivent y participer, en personne ou en étant représenté par quelqu’un (Selon le souhait royal). Tous les barons peuvent être appelés ou envoyer un représentant. Dans chacun des treize duchés, le roy ordonne la désignation de vingt chevaliers du royaume, qui doivent venir de chaque recoin de la province, et servir à représenter la paysannerie et la petite noblesse servant le royaume. Les grands-temples reconnus et officiels de la Bretonnie envoient des représentants proportionnellement à leur nombre de seigneuries (Le temple de Shallya envoie le plus de chevaliers-avoués et de prêtres masculins que les autres cultes, les femmes ayant l’interdiction de siéger au Parlement). Enfin, quelques roturiers représentant des bourgs semi-libres terminent l’assemblée.
Mais ce « Parlement modèle » n’est pas une obligation. Le roy peut très bien ne demander qu’à ses treize ducs de venir. Il peut aussi désigner une communauté particulière pour une question particulière ; il peut par exemple forcer les Nains ou les Étrangers de son royaume de venir à lui pour les consulter personnellement.
Dans tous les cas, c’est au protonotaire et à ses scribes de rédiger les listes et d’envoyer les convocations, un travail immensément long et fastidieux…
Le rôle principal de la réunion du Parlement est de donner de l’argent au roy. Au cours de la session, que le roy ouvre, les parlementaires reçoivent un projet de gabelle, d’aide ou de taille royale qu’ils doivent accepter pour un certain nombre d’années. En échange de l’impôt, le Parlement peut négocier pour obtenir des droits ou des privilèges, faire passer ou abroger une loi qui les gênes.
Le Parlement sert également à faire connaître au royaume entier les décisions royales et les nouvelles ordonnances désirées par le roy. Le Parlement est libre d’étudier les propositions, d’amender le texte, et de négocier avec le monarque pour qu’il y ait quelques légers changements à l’acte.
Enfin, le Parlement peut servir de juridiction exceptionnelle, et, si le roy le désire, il peut utiliser le Parlement pour juger d’une affaire criminelle ou civile.
Dans tous les cas, c’est le roy et son protonotaire qui décident de l’ordre du jour, de ce dont on débattra et de ce que l’on votera durant la session ; tout parlementaire qui profiterait du vote d’un impôt pour abroger une loi royale s’exposerait théoriquement à une peine d’emprisonnement. Mais c’est le roy qui décide arbitrairement de ce qu’il apprécie et de ce qu’il considère comme dépassant les bornes.
De même que le roy ouvre le Parlement quand il veut, il le clôture également quand il le souhaite. Les sessions durent rarement plus de seize jours ; le risque de transformer le Parlement en une véritable chambre qui servirait de contre-pouvoir à la monarchie est beaucoup trop grand. Tout dans le cérémonial et l’ordre de préséance est fait pour rappeler l’importance des pairs et des liens féodaux traditionnels.
Pourtant, Louen demeure un roy juste et bon, et il s’efforce que les séances du Parlement permettent à n’importe qui de rapporter la moindre injustice dans son pays. Même un simple paysan terrorisé par un petit chevalier peut venir jusque devant le Trône pour réclamer justice.
Les ducs ont également des parlements ducaux pour régner et légiférer chez eux ; mais il s’agit simplement de la réunion des vassaux ducaux qui ont encore des usages parfaitement féodaux et traditionnels. La seule obligation des parlements ducaux est de recopier les actes décidés par le parlement royal, sans possibilité de discuter ou modifier les règles du jeu.
- Le Grand-Connétable de Bretonnie :
Hagen V de Gisoreux
Le connétable est le chef de toutes les armées terrestres de Bretonnie. Au jour-le-jour, il dirige la gendarmerie (L’armée permanente) du roy et duc de Couronne, il commande les marquis et châtelains, et s’occupe de la logistique et du paiement des gages des chevaliers et sergents d’armes du royaume.
En cas de guerre, il devient un ministre immensément plus important. Le connétable s’occupe de recruter les compagnies de mercenaires, organise les montres d’hommes d’armes et de chevaliers volontaires, et conseille le monarque sur des questions de stratégie et de tactique. Il est aussi responsable de la justice militaire et de la punition des soldats qui manquent à leur devoir.
Le connétable est secondé par toute une ribambelle de subalternes ; Les
maréchaux (Des nobles, de la grande ou petite noblesse, qui commandent des bandes armées ; souvent, les ducs de Bretonnie sont également maréchaux des armées de leur province), le
grand-maître des archers (Qui est en charge du commandement de toute l’infanterie du royaume, pas simplement les archers), ou le
grand-maître de l’artillerie (Celui qui dirige les questions de siège, les ingénieurs et les sapeurs).
Hagen est le duc-pair de Gisoreux, et un chevalier du Graal. Il est le deuxième homme fort de la cour, face à la reine Tiléenne ; On aime parler de
Gisorois pour désigner les courtisans conservateurs et traditionnels, et de
Trantioni ceux modernes et novateurs. Ce conflit entre eux deux n’est pas seulement lié aux opinions politiques. Hagen est le meilleur ami de Louen, et les deux hommes ont des centaines d’anecdotes à raconter l’un sur l’autre. Ils ont dormi de très nombreuses fois dans le même lit.
- Le Premier Seigneur de l’Amirauté de Bretonnie :
Lucain d’Estaing, bâtard
La marine Bretonnienne, surnommée « la Royale », est la plus grande et la plus moderne des marines des nations humaines. Si chaque duché dispose de sa propre marine personnelle, et que de nombreux seigneurs du littoral ont également des navires, l’Amirauté de Bretonnie est une véritable organisation moderne, performante, et richissime.
Le rôle du premier seigneur de l’Amirauté est d’être responsable des arsenaux où l’on construit les galions de Bretonnie. Il dispose de droits spéciaux sur le littoral, et a son propre corps de baillis et sergents d’armes pour faire appliquer la loi en mer et les droits de la pêche. Il a des pouvoirs de négociation spéciaux pour acquérir de l’artillerie et de la poudre à canon, qui ne sont pas encore produits en Bretonnie hormis ceux provenant de l'atelier d'ordonnance dans le duché de Montfort. Il peut aussi réquisitionner des navires privés, signer des lettres de marque pour des corsaires, et, récemment, est responsable de la colonisation et des comptoirs maritimes à l’étranger.
Lucain d’Estaing est le fils bâtard du baron Serlon Nathan d’Estaing, et d’une femme pirate de Sartosa avec qui il a passé la plus grande partie de sa jeunesse. Lucain est un homme étrange, un bonhomme de cinquante ans avec une main en fer et qui sait parler de nombreuses langues.
- Le Justicier-en-Chef du Royaume :
Arnault Lilian, 9e baron de Vessieux
Le roy est censé être la source de toute la justice du pays. Mais il est impossible pour lui de régler la moindre affaire dans tout son territoire ; c’est pour cela qu’il délègue la justice qu’on rend à son nom à autrui.
On distingue en Bretonnie trois niveaux de justice :
— La basse-justice ne peut condamner qu’à des peines d’amendes. Elle gère les petits délits et les soucis de justice de proximité (Le droit familial, la propriété terrienne…)
— La moyenne-justice peut condamner à de fortes amendes, des bannissements et des galères. Elle s’occupe de nombreux délits, comme le rapt, le vol, ou les rixes.
— La haute-justice peut condamner à mort. Elle s’occupe des crimes graves, des meurtres, et des lèse-majesté.
Tous les seigneurs de Bretonnie ont un pouvoir de basse-justice. Généralement, les moyennes et hautes justices sont seulement réservées à ceux plus importants, notamment les comtes pour la moyenne, et les ducs pour la haute.
Dans cet organigramme en apparence fort simple, les justiciers nommés par le roy ont un rôle de juges d’appel ; ils peuvent empêcher l’exécution d’une sentence le temps de relancer une enquête de leur côté, et confirmer ou casser une décision de n’importe quelle cour de Bretonnie. Il y a au moins un justicier royal dans chaque duché, et un justicier-en-chef qui est en permanence auprès de Louen pour diriger leurs actions en plus de représenter la justice sur les terres dépendant directement du roy.
Durant les trois dernières décennies, le rôle des justiciers royaux s’est profondément accru. Ils se sont dotés de véritables tribunaux fixes et permanents, et se sont entourés de procureurs, avocats et investigateurs des cultes de Shallya et surtout Véréna. L’unique responsable de ce changement est la reine Marie-Jeanne : elle rêve de doter le royaume d’une véritable justice autonome, compétente et professionnelle, en contradiction totale avec la tradition Bretonnienne.
Arnault de Vessieux est un chevalier du royaume qui est devenu un Trantioni très fidèle. Ancien page ayant grandi à la cour, il est un ami et un confident de la reine, et un fidèle de Véréna.
- Le Porte-Oriflamme du Royaume :
Armand d’Aquitanie
Le porte-oriflamme est le chevalier qui porte la bannière de la Dame du Lac, avec laquelle Gilles a uni la Bretonnie. C’est traditionnellement un chevalier immensément courageux, qui sert de premier garde-du-corps du Roy, qui possède un tel pouvoir.
Armand d’Aquitanie a quitté récemment la cour, en emportant l’oriflamme avec lui. Il règne dans le duché d’Aquitanie où il est chargé de ramener l’ordre après des troubles récents.
- Le Sire Maître-Intendant du Roy :
Raimond Clément, 12e baron de Couchy
Le sire maître-intendant du Roy a deux rôles distincts ; il est, tout d’abord, le maître des terres du roy. Il a tout un personnel qui sert à contrôler la rente des domaines royaux, des mines, des eaux, des forêts et des nombreux privilèges de propriété personnelle dont dispose Louen. Rien que ce travail mériterait déjà un poste à lui tout seul, et d’ailleurs, le maître-intendant ne gère que rarement toutes ces choses personnellement.
Le deuxième rôle du sire maître-intendant est de gérer la cour royale et son budget. C’est lui qui donne les coûts et verse les rentes et cadeaux des courtisans, et qui réclame de l’argent au protonotaire qui devra aller le quémander au Parlement (Ce qui explique probablement pourquoi le pauvre Mandeville est devenu obèse). Le maître-intendant se charge de répondre à tous les caprices du roy, et va chercher des savants et des artistes qui peuvent l’intéresser.
En substance, il est le responsable de la maison extérieure et de l’escalier.
Raimond Clément est la créature de la reine. C’est la faute à son épouse, une demoiselle d’honneur Tiléenne magnifique, qui a treize ans de moins que lui.
- Le Grand-Chambellan du Palais :
Barissan, 2e baron d’Aubusson
Le chambellan est le maître de la maison palatine du roy. Il a un rôle à la fois essentiel et extrêmement complexe à définir.
C’est une véritable Éminence Grise du roy, qui lui sert d’homme-à-tout faire ; Il a des responsabilités de ministre des affaires étrangères, d’espion, et de gardien du protocole et de l’étiquette. Il a des responsabilités très domestiques, mais aussi très politiques. Il dirige par exemple les messagers et les relais de poste royaux. Il peut accumuler presque tous les porte-feuilles, et il est le véritable premier conseiller du Roy. Le chambellan garde à chaque instant sur lui la clé de la chambre du Roy, ce qui traduit physiquement son importance et son privilège.
Le chambellan est le dirigeant historique de le Secret du Roy de Bretonnie. Mais ce n’est pas le roy qui est le plus grand parrain et dirigeant de cette officine peu légale, mais la reine…
Barisan d’Aubusson est un étrange petit homme bossu et laid de plus de soixante-cinq ans. On dit qu’il était dans sa jeunesse un merveilleux chevalier très beau, avant d’avoir été maudit par une Damoiselle du Graal avec laquelle il a été infidèle.
Le Secret du Roy de Bretonnie :
Les services secrets de Bretonnie ont la double-responsabilité de trouver des informations à l’intérieur et à l’extérieur du Royaume.
À l’intérieur, il est un secret de polichinelle que toutes les enveloppes transitant par les relais de poste royaux sont secrètement décachetées, lues, puis recollées avec un sceau reproduit à l’identique, grâce à une technique alchimique secrète copiée des Impériaux. On dit du Secret du Roy qu’il est un organe tentaculaire, en contrôlant des pages et des damoiselles de cour dans tous les duchés du Royaume.
Généralement, comparé aux services secrets Impériaux et Tiléens, le Secret du Roy Bretonnien est perçu comme largement incompétent et bien moins efficace. S'il a un nombre d’agent bien supérieur au Secret Impérial, il a du mal à les contrôler, et de nombreux Bretonniens sont en fait des agents-doubles qui revendent des informations à Holzkrug. Il est souvent arrivé que des agents du Secret agissent trop vite, avec trop peu de subtilité, et perdent des années de travail avec une seule erreur. Dans le sens inverse, Holzkrug a été capable d’infiltrer le Secret et garde de nombreux espions tout près de Louen, plus que Karl-Franz n’a de diplomates…
Ce que le Secret du Roy manque en subtilité et expérience, il compense par une brutalité particulièrement choquante. Le Secret du Roy n’a jamais aucun remord à avoir recourt au chantage, à l’enlèvement, à la torture et à l’assassinat lorsqu’une de ses cibles n’a pas accepté un pot-de-vin. La façon de faire du Secret est suffisante pour que nombre de ses indics refusent de trahir. Récemment, par exemple, les Bretonniens n’ont pas hésité à tuer l’un de leurs transfuges à l’aide d’une arme à poudre noire dans un restaurant d’Altdorf, ce qui a entraîné les pertes collatérales de trois clients totalement innocents ; Holzkrug souhaite trouver un moyen de venger l’affront secrètement.
- Le Fantassin de la Chaise :
Farabus, chevalier du Graal
Le fantassin de la Chaise garde la chaise-percée personnelle du roy, c’est-à-dire l’endroit où il va accomplir ses besoins personnels. Derrière cette tâche qui peut paraître ridicule aux yeux des étrangers, se cache la fonction la plus puissante de toute la Bretonnie ; Le fantassin de la chaise est la personne qui est avec Louen au moment où il est le plus ridicule et le plus vulnérable, une chose absolument importante dans un pays où le corps du roy est sacré et sa vue suffit à vouloir s’agenouiller.
Le fantassin de la Chaise garde aussi la
bourse privée du roy, ainsi que les clés du Trésor Royal. Il est en quelques sortes le ministre des finances de Bretonnie.
Le fantassin est le maître de la maison de la chambre privée du roy.
Farabus est un chevalier de Couronne qui a bu le Graal. Il est boiteux, car un prince-démon qu’il a vaincu et banni lui a infligé cette horrible blessure.
La Maison du Roy
La maison du roy est l’entourage du monarque. Ce sont les fonctionnaires, militaires, domestiques et son entourage personnel qui le suit partout lorsqu’il se déplace.
Le corps du roy est sacré, et l’on sait que l’on est proche du roy et que l’on a du pouvoir selon la place que l’on occupe autour de lui.
Les règles dans la cour royale sont sacrées et importantes. L’étiquette est assez impressionnante ; il y a des codes de qui précède qui, de quand il est nécessaire de baisser la tête ou de s’agenouiller, et plusieurs personnes peuvent gagner ou perdre de la faveur en un instant.
Il règne dans la maison une grande hypocrisie et des intrigues constantes. Par exemple, des damoiselles de compagnie qui, en public, paraissent toutes solidaires et merveilleuses peuvent en secret tenter d’en faire trébucher une pour qu’elle soit momentanément humiliée. Les Bretonniens misent tout sur l’apparence, et pas tant sur ce qu’il y a derrière.
La maison dite « extérieure » désigne toutes les personnes qui vivent en dehors du château, ou dans les bâtiments annexes. Ils sont de loin la partie la plus nombreuse de la maison, celle qui s’occupe de tout un tas de choses très variées. Plus de mille personnes en tout genre sont employés par la maison extérieure.
Ils sont gérés par le sire maître-intendant.
La maison extérieure est actuellement composée comme suit :
Le Régiment des Sergents-à-Cheval Gardiens du Royaume : Un puissant régiment militaire, composé à la fois de roturiers et de sang-bleus de la petite noblesse, son effectif est d’un demi-millier d’hommes. Les sergents-à-cheval gardiens sont chargés de protéger les alentours du palais, accompagnent les courtisans et les serviteurs du Trône lorsqu’ils sont obligés de voyager, et se chargent également d’appréhender et d’enfermer les ennemis du roy, en plus de surveiller la Bastille de Couronne où les ennemis politiques particulièrement sensibles sont mis aux fers.
Les sergents-à-cheval gardiens sont armés et payés très chèrement par le roy. Ils portent tous des cuirasses en fer et des casques en forme de barbutes. Chacun est un cavalier, et sait se battre à l’arc-long et à la vouge, une arme d’hast de fantassin. Lorsque le roy part en guerre, il s’entoure toujours de ces roturiers, qui suscitent toujours la grande jalousie de la gendarmerie royale et des feudataires de l’armée ; Il est vrai qu’il est d’assez mauvais goût pour Louen d’être entouré de sang-rouges, mais beaucoup des sergents-gardiens sont d’une extraction minable, et doivent tout au roy qui leur fournit des richesses comme ils n’auraient jamais pu en rêver autrement. Ils sont donc loyaux et au-dessus des intrigues, chose utile pour des gardes-du-corps.
L’actuel commandant des sergents-gardiens est une femme, Luisa la Balafrée ; fille d’un diestro Estalien et d’une bergère de Gasconnie, elle a été remarquée lors de campagnes du duc de Gasconnie contre le Peaux-Vertes, assez pour devenir son garde-du-corps personnel. Elle a intégré la cour royale il y a trois ans. Elle est absolument détestée par la grande majorité des courtisans, passant pour une hommesse invertie — mais si le roy Louen l’a désirée comme chef de sa troupe, personne ne peut s’y opposer.
Les Grandes et Petites Écuries : Dirigée par le Grand Écuyer de Bretonnie, la grande écurie est chargée d’entretenir l’immense nombre de chevaux, sommiers, palefrois et destriers qui servent au transport et au prestige de toute la cour. Il gère également d’immenses domaines servant à l’élevage de chevaux qui appartiennent au Roy, et, chose plus fabuleuse encore, négocie parfois avec les Fées de la Loren pour obtenir de nouvelles bêtes. Il doit également s’occuper de recruter, d’entraîner et de diriger les valets, palefreniers maréchaux-ferrants, charpentiers et vétérinaires qui permettent de s’occuper de l’ensemble. C’est également lui qui se charge d’acheter et entretenir les attelages, les voitures, les selles et harnais.
La petite écurie est dirigée par le Premier écuyer, qui est subordonné au Grand. La petite écurie est chargée d’entretenir et préparer les chevaux qui seront montés personnellement par le roy, la reine, et leurs plus proches serviteurs et gardes-du-corps. C’est dans la petite écurie, notamment, que l’on recrute les pages du roy ; Une soixantaine de jeunes enfants de tous les rangs de la noblesse ont la chance d’intégrer la petite écurie, pour recevoir une éducation et un enseignement, et développer des relations qui leur serviront toute leur vie.
La petite écurie dispose d’une ménagerie spéciale pour s’occuper des pégases et des hippogriffes — Le premier écuyer est notamment chargé de nourrir et soigner Béaquis, l’hippogriffe personnel de Louen.
Le Premier Héraut de Bretonnie : Il dirige les trompettistes et musiciens chevaleresques, et recrute et entraîne les hérauts d’armes du roy. Le premier héraut est notamment chargé de la mise en place des lices de tournoi, le sport et divertissement préféré des Bretonniens. Il dirige également la régularité des duels et ordalies par combat d’honneur qui sont autorisés par le roy.
La Grande Vénerie : Dirigée par le grand-veneur, la vénerie est chargée de permettre au roy et à ses proches de chasser. Il s’occupe principalement du chenil et du fauconnier, et entretient une meute d’une centaine de limiers de chasse et un nombre conséquent d’oiseaux de proie.
La Capitainerie de la Barge Royale : Chargé de s’assurer du transport fluvial du roy et de sa cour.
Le Superviseur des Menus-Plaisirs du roy : Un grand régisseur de théâtre, qui est chargé de divertir la cour en organisant des pièces, des concerts et des festivités. Il peut mettre en place des feux d’artifice, des ballets en extérieur grandioses, ou faire construire des curiosités fantastiques. L’actuel superviseur des menus-plaisirs a par exemple mit au point une fontaine à vin en or et argent.
La maison dite « de l’escalier » comprend toutes les personnes autorisées à rentrer du château, mais qui demeurent dans les salons, la salle-à-manger ou le rez-de-chaussée du lieu de résidence. La majorité d’entre eux sont des domestiques triés sur le volet, souvent issus de la petite noblesse en déclassement social ou la grande bourgeoisie en pleine montée.
Eux aussi sont gérés par le sire maître-intendant.
La Bouche du Roy : Chargés de nourrir le roy, sa famille, et toute sa cour. Son dirigeant est le Premier maître d’hôtel, qui est toujours un noble, et il est suivi d’une ribambelle de subalternes en tout genre. Les plus importants sont l’échanson (Qui s’occupe de la boisson, et qui notamment goûte et sert le vin du verre du roy), le panetier (Chargé du pain) et l’écuyer-tranchant (Qui coupe la viande du roy).
La Bouche du Roy comprend un immense personnel de serviteurs, cuisiniers, et chargés de la vaisselle et de son nettoyage. Même la simple fille qui récure les assiettes peut faire l’objet d’un harcèlement psychologique afin que tout soit parfait.
Le Superviseur du Grand Hall : Chargé de toutes les affaires du hall et des pièces à vivre du château. Il dirige tout, de l’entretien des meubles, du récurage du carrelage, de la mise en place des broderies et tapisseries. Il compte pour cela sur de nombreux valets et garçons qui nettoient et mettent en place les chandelles, ainsi que sur les femmes de chambre, des dames roturières chargées de la lessive de tous les vêtements de la domesticité et des draps.
Le Maître des Bijoux : Chargé de garder tous les bijoux et insignes de pouvoir du roy, comme sa main de justice, ses couronnes, ses bagues et colliers.
Le Maréchal des Logis : Chargé de s’assurer de l’entretien des demeures et des lieux d’habitation de la cour. Il a un rôle de logistique qui donne envie de s’arracher les cheveux, puisqu’il se charge de fournir tous les biens nécessaires à la vie d’un millier de personnes qui n’arrêtent pas de bouger, des bougies jusqu’aux rideaux.
L’Aumônerie : Chargé du réconfort spirituel et des chapelles de la cour. Les cultes de Shallya et Mórr sont les deux qui dominent, avec huit prêtresses et prêtres chacun.
Huit pèlerins du Graal sont également chargés d’entretenir à chaque instant une chapelle du Graal mouvante avec ses meubles liturgiques, et de diriger des sermons.
Le Grand Prévôt de la Cour : Surnommé « la Pelle-à-Merde », le grand prévôt se charge de la police de la cour et de ses alentours. Concrètement, son rôle est de s’assurer que le transport et la mise en place de la cour à chaque étape se passe bien — et notamment, il s’occupe des conflits qui n’arrêtent pas de survenir chaque fois que plus d’un millier de personnes avec un tas de chevaux et de chariots suivent. Le prévôt dédommage et calme les paysans qui se plaignent de vols de poule ou de semis qui ont été piétinés. Et parfois, il règle les soucis de façon plus violente…
La maison dite « du palais » comprend les personnes autorisées à pénétrer dans la salle du trône, et de vivre en permanence autour du Roy dans des chambres qui sont à l’étage, adjacentes de celle du roy. Ils sont beaucoup moins nombreux, et les places pour pénétrer ici fortement limitées.
Le palais est géré par le chambellan.
Les Gardes-du-Corps du Roy : Une compagnie de soixante-deux chevaliers, surnommés les « gentilshommes à bec-de-corbin », du nom de l’immense hache-marteau qu’ils portent en permanence. Ces gardes-du-corps sont triés sur le volet, remarqués lors des guerres et des tournois, majoritairement issus de la petite noblesse, même si on voit parmi eux quelques guerriers princiers : Armand d’Aquitanie a ainsi fait partie de leurs rangs. Les Gardes-du-Corps protègent en permanence le palais et la chambre personnelle de Louen, et il ne peut aller nulle part sans qu’il ne soit suivi par au moins deux d’entre eux.
De plus, douze gardes-du-corps possèdent et chevauchent un pégase, et deux un hippogriffe — on surnomme ces quatorze chevaliers ailés la « Patrouille de Bretonnie. »
La Prophétesse de Cour : La cour royale est en permanence accompagnée d’une Prophétesse du Graal, qui a ses propres serviteurs et pèlerins du Graal secrets, qui restent dans leur coin en ne parlant jamais à personne. Elle ne se déplace qu’à l’écart, sur une licorne, et se réserve sa propre domesticité pour ses robes et sa literie. Elle est la conseillère spéciale du Roy sur les affaires magiques et ésotériques, et protège discrètement la Cour des influences de magie noire — quitte à charger ses pèlerins de faire disparaître un courtisan sans jamais en informer le prévôt.
La Confesseresse Royale : Le roy peut nommer un prêtre du Culte qu’il souhaite pour lui servir de confesseur privé qui ne le sert que lui. Louen a choisi une prêtresse de Shallya pour ce service.
Les Damoiseaux et Chevaliers Courtisans : Une foule d’hommes nobles, qui ont été accueillis à la cour du roy en attendant une place de choix dans l’administration royale. Les Damoiseaux sont ceux qui sont encore considérés comme des chevaliers-errants, souvent des anciens pages de la petite écurie.
S’ils sont particulièrement lèche-culs, ils peuvent espérer devenir commodores de marine, capitaines de la gendarmerie royale, justiciers ou parlementaires. Mais en attendant, ils se contentent de passer leur vie à s’agenouiller, à intriguer entre eux, et à tout faire pour se faire bien voir du roy — surtout lorsque celui-ci organise un tournoi, dont il est très friand. Lorsqu’une guerre est déclarée, les damoiseaux et chevaliers courtisans se transforment en un régiment-horde de fous furieux toujours prêts à charger en premier afin de faire un coup d’éclat.
Un bon roy sait que c’est parmi eux qu’il dénichera ses plus fidèles serviteurs. Mais il sait aussi qu’il y a un tas de sycophantes ridicules et sans intérêts. Parvenir à les écrémer violemment est le rôle de la cour.
Les Damoiselles d’Honneur : Jolies femmes célibataires, elles sont invitées à la cour dans l’espoir de se trouver un époux. Elles n’appartiennent pas, en fait, à la maison du roy, mais à la maison de la reine.
Toutes les épouses aristocratiques de Bretonnie savent qu’elles seront un jour cocues. Une épouse intelligente contrôle avec qui son mari la fera cocue. C’est essentiellement le rôle des damoiselles d’honneur, qui sont souvent des orphelines ou issues de petites familles en plein déclassement social — leur père ne parvenant pas à leur assurer un bon mariage, elles sont obligées d’utiliser leur charme, mais pas trop, de paraître intelligentes et éduquées, mais pas trop non plus, afin d’être le parti parfait.
Certaines peuvent devenir favorites du roy ou d’un duc. Celles qui échouent peuvent se reconvertir en espionnes qui font dire des secrets sur l’oreiller — le chambellan est toujours prêt à payer pour de bonnes informations.
Les Grandes Dames : Ce sont les épouses des ducs et des grands, qui viennent à la cour avec leurs propres dames-servantes. On peut compter parmi elles la duchesse de Gisoreux, l’épouse de l’héritier du duché de Couronne, ou encore la sœur cadette de Louen.
Les Grands Gentilshommes : Ce sont les ducs et les grands, qui peuvent être intégrés à la cour s’ils souhaitent y obtenir quelque chose.
Le Bouffon : Seule personne autorisée à se moquer du roy sans commettre un lèse-majesté, le bouffon sert souvent de porte-parole pour dire des choses qui déplairaient au monarque et risqueraient de le mettre dans une colère noire.
L’Archiatre : Responsable de la santé du roy et de sa famille, et dirigeant également des infirmiers et assistants qui s’occupent de la santé du reste de la cour. L’actuelle archiatre est une chirurgienne et prêtresse de Shallya.
Les artistes de cour : Des peintres, des sculpteurs ou des musiciens qui sont payés très cher pour faire resplendir la cour. Ils sont peu nombreux, et intriguent d’ailleurs entre eux constamment pour s’attirer le plus les faveurs royales.
L’Académie de la cour : Institution chargée d’éduquer les enfants du couple royal, ainsi que les jeunes pages de l’écurie. On compte parmi ces maîtres des mathématiciens, des géographes, des humanistes, et même un professeur de danse ; Grandir à la cour n’est pas que rester oisif à se vautrer dans la décadence, c’est aussi la chance d’avoir accès à une grande culture, notamment supervisée par la reine Marie-Jeanne qui a nommé le Tuteur de l’Académie, un docteur et oblat de Véréna venu de Luccini.
Les Pétitionnaires : Une foule de bourgeois, représentants des intérêts de marchands, de bourgades, ou de pays et cités étrangères ; beaucoup croient qu’être invités à la cour veut dire qu’ils vont pouvoir présenter leurs demandes au roy. En réalité, les usages de la cour de Bretonnie les forcent à demeurer des semaines entières au milieu de loups qui les entourent, et le chambellan s’assure bien de ne les faire entrer auprès du roy qu’une fois qu’il a réussi à obtenir tous leurs dossiers et de quoi les faire chanter.
- La maison de la chambre privée
La « Chambre privée » du Roy et de la Reine désigne leurs appartements — l’endroit où ils dorment, et où ils se retirent lorsqu’ils sont fatigués. Louen et Marie-Jeanne font chambre à part depuis que celle-ci est aménorrhée.
La Chambre Privée désigne aussi une petite salle minuscule, secrète, présente dans chaque château, où les grands serviteurs du trône et les personnes choisies par le Roy et la Reine peuvent se regrouper pour tenir le Conseil Restreint, où ils discutent de l’état du royaume, de la cour, et du Vieux-Monde.
La Chambre Privée est dirigée par le Fantassin de la Chaise.
L’Artiste Privé : un seul artiste trône au-dessus de tous les autres, et a le droit d’accéder à la chambre privée du roy. C’est généralement le peintre ou le sculpteur officiel, qui a le droit de reproduire l’image et le visage du couple royal, tandis que les artistes courtisans sont bornés à dessiner des ducs, des chevaux et des paysages traversés par la cour.
Gentilshommes de la chambre : Ils sont rarement plus de trois ou quatre. Les gentilshommes de la chambre sont des nobles particulièrement appréciés par le roy, pour une raison personnelle qui ne regarde que lui. Il peut les utiliser comme diplomates, ou les charger de missions extraordinaires.
Parfois, le roy peut choisir un favori parmi eux.
En plus d’être connétable, Hagen de Gisoreux est considéré comme tel.
Dames de la Chambre Privée : La même chose, mais pour les femmes. Ce sont les confidentes et les agentes personnelles de la reine.
Si on présente une « Favorite de la Cour », c’est qu’elle est en général la maîtresse du roy.
Le Parfumeur du Roy : Il n'y a rien que les Bretonniens apprécient plus qu'humilier des diplomates étrangers en les faisant attendre au palais pendant de longs jours. Mais il y a une nation qui fait exception à ce dédain et cette condescendante si délicieusement Bretonnienne : le Royaume de Bilbali.
Les relations entre la Bretonnie et Bilbali sont très fortes et leurs liens datent des Croisades. Aussi, les roys Bretonniens ont décidé de nommer parmi eux un parfumeur royal, qui est en réalité l'ambassadeur spécial de la couronne de Bilbali ; en plus de fournir au roy et à ses courtisans de magnifiques essences produites localement, il permet de maintenir les échanges et les communications entre les deux nations.
Beaucoup de marchands internationaux savent qu'ils doivent passer par Bilbali pour espérer toucher Louen.