Même moi ait des principes, aussi rares sont ils.
Diederick était assis sur un chaise de l’orphelinat de la miséricorde Shallya, une des rares institutions cherchant à fournir un toit et quelque chose ressemblant vaguement à une éducation aux nombreux orphelins d’Altdorf. Lors de sa première visite, la mère supérieure Hildegarde s’était révélée être une cynique, marquée par des années d’échec, à racler les fonds de tiroirs pour en retirer quelques cuivres pour empêcher le toit de fuir, tordre le bras de prêtres corrompus, s’humilier devant les plus riches congrégations de la cité pour exprimer ses plaidoyers pour plus de fonds pour les miséreux.
Seuls de rares succès permettaient à elle et ses sœurs de la foi de continuer. Les enfants qui cessaient de commettre des crimes et larcins, qui parvenaient à obtenir un métier et devenir des éléments positifs pour la société étaient rares. Elle avait été en pleurs aux rares mariages où ses anciens pupilles l’avaient invités. Mais cela avait surtout et une longue et difficile bataille. Jusqu’à ce qu’il arrive. Il avait débuté petit, une petite bourse de temps en temps, devenue par la suite un financement régulier au fil des ans. Bien qu’il se montre lui même généreux, le gros des donations provenait d’autres sources. Il était surprenamment aisé de pousser ceux cherchant faveurs et en ayant les moyens d’aider l’orphelinat – l’endroit avait même un petit terrain en dehors des murs où des groupes de jeunes enfants se rendaient pour les récoltes, soigner les animaux des champs, traire les vaches et nourrir les cochons, dans l’espoir qu’il puissent par la suite devenir paysans. Ou même jardiniers. Certaines jeunes têtes blondes appréciaient cela, voir avaient même du talent pour cela. D’autres regardaient avec suspicion la campagne et le rythme différent de celle ci par rapport à la ville où ils étaient nés, sans jamais la quitter.
D’autres tête blondes apprenaient les savoirs faire du métier de charpentier, de la maçonnerie ou de la forge. D’autres étaient éduqués comment se comporter en tant que personnel de maison, couturières, peintres, ouvriers, messagers, serviteurs ou toute autre multitude de métiers que l’orphelinat était en mesure de leur enseigner. Auparavant ils ne pouvaient leur apprendre que quelques uns de ces savoir faire, principalement la lessive et le nettoyage des sols. Tous n’avaient pas leur lettres et chiffres. Mais désormais, un vieux prêtre était là pour y remédier, tandis que quelques prêtresses couraient derrière de jeunes filles fuyant le bain et le peignage s’ensuivant, le sourire aux lèvres. L’atmosphère entière avait changé. C’était désormais un lieu où le gris de l’existence semblait avoir disparu sous la douce lumière du soleil. Le travail de Shallya était dûment mené, et reproduit par les enfants. Ses donations et celles d’autres avaient permis à l’orphelinat de grandir – un grand entrepôt avait été acquis, rénové et remplit d’enfants où ceux ci recevaient trois repas par jour, étaient simplement mais correctement vêtis dans des habits chauds et dormaient dans des couches débarrassées des punaises dans les dortoirs collectifs. C’était une claire amélioration par rapport à la rue d’où la majorité d’entre eux venaient. Il avait découvert quelques uns des messagers de la pègre chez les jeunes. Les plus malins restaient, réalisant que leur futur serait meilleur à l’orphelinat, tandis que d’autres retournaient à leurs maîtres.
Les plus sournois étaient néanmoins ceux assez malins pour rester et essayer de vendre quelque information en jouant sur les deux tableaux. Non pas qu’ils puissent faire grand mal.
Alors qu’il était assis sur une chaise, un verre de vin à la main et un livre de l’autre, il reprit sa leçon.
«
… et ainsi l’empereur dit ‘‘jeune homme, tu es parvenu à accomplir tous mes défis, à retourner mes secrétaires. Je suppose que je n’ai pas d’autre choix que de te laisser marier ma fille’’ La princesse impériale sourit alors à son aimé et lui fit une basse révérence » , dit il avec un ton suggestif, faisant rire et grogner plusieurs des enfants présents face à lui, de divers âges et sexes.
«
Mais Marcus Oblhani l’orphelin n’était pas satisfait avec cela, semblait il. Plutôt que de se tourner vers la princesse, il fit un geste en direction de la jeune fille à son côté. ‘‘Et quid de ma sœur’’ demanda-t-il ? L’empereur regarda celle ci et haussa des épaules. ‘‘Tu as ta récompense.’’ lui dit il. Mais Marcus Oblhani l’orphelin savait que pareille récompense n’était pas suffisante. ‘‘Elle m’a aidé à chaque instant !’’ répondit il. L’empereur qui commençait à se lasser lui répondit qu’il avait d’autres affaires d’État plus urgentes soumises à son attention – commerce, loi, guerre – que ceci. Et qu’il avait soif de vin », poursuivit Diederick en remuant son propre gobelet devant les enfants, attirant de nouveaux rires. «
Ainsi l’empereur lui adressa à nouveau la parole ‘‘Tu est un orphelin, elle n’est pas ta sœur’’, annonça-t-il sur un ton définitif et masculin. Mais Marcus Oblhani l’orphelin n’était pas aisément effrayé. ‘‘Votre majesté impériale, nous avons pris soin l’un de l’autre pendant des années. Elle est autant ma sœur que vous serez mon père ! Après tout, tout le monde à une famille, mais un vrai frère et fils n’a pas besoin d’être de votre sang », finit il en quittant son livre des yeux pour regarder les enfants, tous le regardant avec attention.
«
L’empereur, qui avait commencé à s’éloigner, se retourna empli de colère et de rage. ‘‘Qui a dit ça !?’’ hurla-t-il assoiffé de sang, ne pouvant croire un instant que Marcus l’orphelin puisse être parvenu avec pareille maxime de lui même. Et en effet, elle n’était pas de lui lui répondit l’orphelin. ‘‘Votre propre père, lorsqu’il vous adopta comme son successeur !’’ lui rétorqua-t-il avec sa voix d’homme, produisant un parchemin de sa sacoche – Les volontés de l’empereur Theodoros le second ». plusieurs enfants se mirent à claquer des mains.
«
Et ainsi, l’empereur eut à avaler son courroux, car il ne pouvait lui même agir contre son propre père, car il savait qu’il ne pouvait contredire le jeune homme. ‘‘Tu parles vrai, jeune Marcus Oblhani. Je dois honorer mon père et ta sœur. Je fais désormais d’elle la comtesse d’Equitrix par le sang et lui accorde une dot si elle désire se marier. En attendant, elle servira de dame de compagnie à ma cour !’’ et par ce commandement, la cour entière les acclama, éprise qu’elle était du vif Marcus Oblhani et de sa silencieuse sœur. Marcus Oblhani et la princesse impériale vécurent longtemps et eurent de nombreuses aventures ensemble, mais c’est là une histoire pour un autre temps. »
Les enfants se mirent à protester dans un chœur de dénégations, priant pour une autre histoire, mais il tourna de la tête. «
Non, il est temps pour vous de faire votre toilette. » Des grognements lui répondirent alors. «
Rien de cela. Rappelez vous ce que j’ai dit sur la toilette ? »
«
Elle tient les poux et les mauvaises humeurs à l’écart. Soyez propres et sentez bon, et vous irez loin », lui répondirent les enfants d’une même voix. Une maxime souvent répétée. Hélas, nombreux parmi eux n’y croyaient pas, mais il ne pouvait pas y faire grand-chose. Ils avaient une toilette récurrente et au moins un bain par semaine et se peignaient les cheveux pour tenir à l’écart les poux chaque jour.
«
Maintenant, soyez de sages enfants. Et que reçoivent de sages enfants ? » demanda-t-il un sourire aux lèvres ?
«
Des bonbons !!! » lui répondirent ils en criant deux douzaines de gorges.
«
En effet », leur dit il, sortant de sa sacoche un boite en bois de laquelle il sorti une confiserie pour chacun d’entre eux. «
Et rappelez vous, seulement après le dîner... » pour immédiatement se faire couper la parole par un jeune enfant. Un garçon de neufs ans qui avala immédiatement la confiserie à son visage tellement vite que Diederick crut que quelqu’un allait le lui prendre des mains. Il regarda alors celui ci en relevant un sourcil.
«
C’est pour après le dîner. On a mangé le dîner hier », lui répondit le bambin avec un grand sourire. Une prêtresse s’occupa de prendre en main le groupe et plaça une main de fer sur l’épaule du renégat. «
Ne vous en faites pas, maître Diederick. Ce sera la baguette de bouleau pour lui. »
Diederick se mis alors à rire alors que le récalcitrant se mis à faire la grimace. «
Tu te croyais malin, jeune homme. Mais tu ne l’étais pas assez. » il donna alors une autre confiserie à la prêtresse. «
Celle ci est pour lui, s’il reçoit correctement la baguette et ne crie ni ne se tortille durant celle ci », informa-t-il la sœur, celle ci lui souriant avant de lui faire une révérence.
«
C’est entendu, maître Diederick ».
«
Maintenant, si tu veux être malin, jeune homme, il te faudra penser les choses de fond en comble. Ne fait pas le malin face à ceux étant tes supérieurs, à moins de n’être prêt à en subir les conséquences », fit il en terminant de distribuer les confiseries au reste des enfants.
«
Maintenant, que dites vous au gentil maître Diederick qui est venu vous compter des histoires et donner des confiseries ? » demanda la sœur de Shallya aux enfants. Ceux ci se mirent alors en rangs et donnèrent une révérence ou bien s’inclinèrent – plutôt correctement en fait. Ils avaient clairement été bien entraînés pour cela.
«
Merci à vous, maître », répondirent il d’une même voix.
«
Vous êtes des enfants bien élevés. Je vous verrais la semaine prochaine, avec une nouvelle histoire », leur dit il en répondant à leurs salutations par une courte inclination de sa part. Il échangea quelques mots avec la sœur avant de quitter l’orphelinat pour la rue.
Alors qu’il s’aventurait sur la pavé vers l’auberge où se trouvait sa monture, il fut abordé par un homme court et trapu, avec une vilaine cicatrice au travers d’un sourcil.
«
Vous venez souvent ici », l’homme débuta.
«
J’aime les enfants », répondit Diederick méfiant, inspectant du regard l’inconnu. Pas de trique ou poignard en vue. Cela signifiait généralement que l’homme était bon pour les cacher.
«
Plus que d’autres, je suppose », continua-t-il.
«
Oui », répondit il à nouveau. Où est ce que ceci était supposé mener ? Il commençait à suspecter quelque sournoiserie.
«
Peut être les aimez vous un peu plus, disons nous, intimement que d’autres ? », l’homme lui répondit il.
Diederick jeta un œil à la rue alentours. Personne de proche. En fait, la rue semblait même presque vide, et personne ne les regardait en particulier.
«
Peut être. Et qu’est ce que ça a voir avec vous ? »
«
J’offre des services. Discrets, bien sûr. Pour un paiement approprié, » l’homme à la cicatrice lui répondit, avec un sourire manquant plusieurs dents.
«
Je vois », fit Diederick. «
Je suis intéressé. Passez devant, je vous suis », lui dit il en tendant la bras. Le malfrat approuva de la tête et le mena à travers plusieurs ruelles et allées parmi les pires d’ALtdorf. Puis il leur fit grimper une paire d’escaliers menant à une cabane à un étage, puis une petite pièce avec une porte et un petit lit défait.
Quatre enfants, deux filles et deux garçons se levèrent lorsqu’ils entrèrent, les regardant avec attention, sans mot dire. La plus âgée semblait avoir dix ans peut être, le garçon, cinq ans.
«
Cinq pièces d’argent pour une heure », l’informa l’homme patibulaire en regardant les enfants avec un sale œil pour les garder silencieux et les empêcher de ruiner son impression auprès de son client. « Votre choix ».
«
Un bon groupe que vous avez là », lui répondit Diederick avec un sourire, avant de s’approcher de l’homme dans son dos, plaçant une main sur son épaule. «
Je suppose…. » débuta-t-il mais il ne finit pas sa phrase, faisant glisser sa main sur sa bouche pour l’étouffer. L’homme fit un son étouffé et se retourna pour se battre, mais Diederick était plus rapide et préparé. Avec un rapide geste de son bras, il fit glisser sa dague dans l’air et frappa trois fois dans le côté droit de l’homme. Il devait avoir percé le foie ou quelque chose dans ce coin ci puisque le salopard essaya de hurler de douleur. Il tira la tête du malfrat vers le haut en lui tirant les cheveux, exposant sa gorge. Il considéra la possibilité de la couper, puis décida de ne pas le faire. C’était une garantie pour créer un bordel sanglant et arroser tout le coin – y compris les quatre enfants aux gros yeux devant lui. À la place, il se contenta de compter les côtes de l’homme avant de percer sa dague dans son cœur, par derrière.
Avec un dernier soupir, l’homme s’effondra au sol lorsqu’il le lâcha.
«
Désolé pour ça les enfants », leur dit il avant d’avancer péniblement vers la plus âgée du groupe. «
Est ce que c’était votre père ? » leur demanda-t-il. Ils n’avaient pas l’air d’être frères et sœurs. Il ne lui répondirent pas pendant un moment, mais des larmes vinrent de la plus jeune du groupe, tandis que leur aînée, malgré sa pâleur, essayait de se calmer.
«
Non », lui répondit elle. «
Il a promis… Promis de prendre soin de nous, quand nos parents sont morts. À la place, ils nous a emmenés ici... » Elle n’en dit pas plus. Il soupira et haussa de la tête.
«
Je vais vous emmener là où son espèce ne pourra pas vous approcher », leur dit il en tendant sa main à leur aînée. Elle avait sans doute eut à subir le pire pour empêcher aux plus jeunes de souffrir davantage. C’étaient souvent les filles les plus âgées qui le faisaient. Elle parlait doucement, presque sans morts aux plus jeunes, prenant leurs mains pour les faire venir avec lui. Alors qu’ils passaient à côté de l’homme mort au sol, le plus âgé des garçons lui donna un coup de pied aux cottes, encore et encore. Leur matriarche semblait vouloir le faire avancer, mais il l’arrêta du regard.
«
Laisse le prendre son temps », lui dit elle. Rapidement, le garçon, peut être sept ou huit étés, s’épuisa.
De retour à l’orphelinat, il fut accueilli par la sœur à l’entrée de celui ci. «
Déjà de retour ? Et avec de nouveaux pupilles » l’interrogea-t-elle en remarquant les quatre enfants.
«
Oui. Ne posez pas de questions », lui répondit elle en lui tendant un sac de pièces d’argent qu’il avait pris au salopard. «
Ces enfants vont avoir besoin d’une attention spéciale. Ils vont avoir des cauchemars, des problèmes avec le contact, les câlins et tout ce qui touche au corps. Soyez patients avec eux s’il vous plaît. »
La sœur le regarda avant de hocher de la tête avec un air entendu, avec ce pauvre regard, puis pris les enfants par les mains, le laissant quitter les lieux, soupirant péniblement tandis qu’il reprenait le chemin de son auberge.
Deux jours plus tard, un membre des Schuetez familier vint lui rendre visite au sortir de son imprimerie.
«
Sergent Hanz. », salua-t-il l’imposant barbu, pour n’obtenir qu’un grognement en réponse. «
Ici pour le plaisir ou les affiares ? » Hanz était un bâtard des montagnes grises, issu d’une fille de la petite noblesse et de ce qui devait avoir été un jeune et beau chevalier bretonnien, considérant qu’il avait les traits des bretonnis de l’autre côté des montagnes, en plus de ses yeux bleus. Il n’était jamais là pour le plaisir.
«
Un homme a été poignardé à mort dans le Reikerbahn. Par derrière il semblerait », lui annonça Hanz.
«
Oh ? » se contenta-t-il de répondre.
«
Un homme haut et fin aurait été vu peu avant, et aurait quitté les lieux avec quatre enfants juste après », le milicien continua.
«
Il y a de nombreux hommes hauts et fins à Altdorf », objecta-t-il.
«
Les enfants ont été pris en charge à l’orphelinat de la miséricorde de Shallya peu après. Et les sœurs confirment avoir reçu quatre nouveaux enfants ajoutés aux dortoirs, mais refusent de dire qui les a déposé là », poursuivit il.
«
Je vois. Mais nous savons tous deux que vous avez des soucis pour vous remémorer correctement de certaines de vos affaires, sergent Hanz, » dit il avec un sourire fatigué, avant de sortir un karl sur son bureau, entre eux deux.
«
Il n’y a eu aucun enfants reçus à l’orphelinat, je pense. » Il plaça un nouveau karl devant lui. «
En fait, je pense que les gens n’ont jamais parlé d’un homme haut et fin. » Et encore un karl. «
Peut être même que la victime n’a jamais reçu qui que ce soit ? » Et un de plus. «
En fait, je pense que l’homme s’est probablement poignardé lui même. L’ennui et la solitude dans ces lieux sombre peut faire des choses à l’esprit, vous croyez pas ? » et un dernier karl pour la fin ?
Le milicien prit son pot de vin mais s’arrêta de lui même. «
Vous savez, maître Diederick, ma mémoire peut parfois me jouer des tours. Mais j’ai récemment enquêté sur les rumeurs peu savoureuses d’un homme vendant des enfants pour leur faire subir des saletés dégueulasses. Des saloperies qui pourraient confondre votre mémoire », dit il en se levant et boire le verre de vin que Diederick lui avait offert. «
Je pense que vous avez raison et que je n’ai pas besoin d’aide pour me rappeler correctement. Je suis désolé de vous avoir fait perdre de votre temps, maître », finit il avec un son visage sévère, avant de s’incliner et de le quitter.
Le reste du jour se déroula de manière habituelle. Articles, rumeurs et annonces à revoir, histoires à corriger, propositions à modifier pour coller à la ligne du journal et planches à organiser avec les imprimeurs. Ses plumes millénaristes étaient aussi douées qu’éditorialement dangereuses s’il ne surveillait pas de près leur expression écrite. Tant pour lui que pour eux. Qu’il taquine de trop près l’empereur ou les cultes et c’en était pour son compte. Qu’il se couche complètement et la motivation de ses employés chuterait et ils l’abandonneraient pour la presse des kislévites. Puis il y avait les menaces habituelles de la clientèle de Richthofen.
En fin de journée, il se fit servir un bol de vin aux épices par son secrétaire. Mouillant ses lèvres dans la boisson, il fronça les sourcils. L’odeur avait quelque chose d’étrange. Prenant son bol à la main, il se dirigea vers la cave où le vin était conservé et s’assied au sol, son bol mis à quelques mètres d’écart. L’attente ne fut pas longue, un rat curieux finit par se manifester. Sa frimousse moustachue trempant son nez dans la boisson… avant de convulser rapidement et mourir, crachant une sorte de mousse à la gueule.
Pris d’un froid dans le dos, Diederick se releva, bol à la main, pour regagner le bureau de son secrétaire. Le jeune homme le regardait en coin et cherchait à dissimuler une expression quelque peu nerveuse.
«
Maître Diederick ? Le vin…. N’était pas à votre goût ? Ou bien ait-je manqué quelque chose dans nos comptes ? » demanda-t-il d’un ton qu’il souhaitait désespérément normal.
«
Vous pourriez dire ça », lui répondit il avec un rude sourire. «
Je n’ai jamais aimé les poisons. Surtout quand une quantité aussi forte est usée. L’odeur est abjecte. Vous auriez du me servir du rouge, pour masquer celle ci. », lui indiqua-t-il avant de lentement sortir sa dague, faisant pâlir le jeune homme.
«
Vous allez me tuer ? » chuchota son secrétaire dans un mince filet.
«
Oui. Mais tu as le choix », répondit il calmement. «
Tu peux me dire qui t’as convaincu d’agir ainsi, qui sont tes complices, qui t’a donné le poison et ce que tu as été promis », fit il en le regardant dans les yeux. «
Si tu le fais, ta mort sera notée comme un service rendu, et je prendrais soin de ta famille à Middenheim comme mentionné dans notre contrat. Je ferais également ça rapidement et sans douleur », termina-t-il avec calme. Le jeune homme sembla trembler mais ne dit rien.
«
Si tu refuses, ta mort sera longue et douloureuse. Et si je n’irais pas après ta famille pour ce que tu as fait, je ne prendrais certainement pas soin d’eux », conclut-il sur un ton définitif en chuchotant.
«
Maître, je, s’il vous plaît... »
«
Des noms », l’interrompu-t-il. Le jeune homme se mis à crier et confessa. Des hommes de Richthofen. Ils lui avaient promis un mariage avec une jeune fille de noblesse, un titre de baron, une petite fortune et la chevalerie. Il y avait plusieurs agents avec lesquels il était en contact, et les noms venaient au gamin à mesure qu’il pleurait en le suppliant de l’épargner.
«
Je suis désolé. Tu sais que je t’ai dit que si quiconque cherchait à t’acheter, je paye double. Il y a de nombreuses propriétés et titres abandonnés dans la Drakwald. J’aurais pu m’arranger pour te faire baron de jure pour toi. Saches que ta famille est en sûreté et que je te pardonne pour ta trahison, Müller. » le gamin, réalisant ce qui allait arriver, essaya d’échapper à sa prise, en vain. Il avait peu de chances, Diederick parvenant à le retourner et lui couper proprement la gorge.
«
Shut, shuuut. Dors bien Müller. Fais de beaux rêves », lui chuchota-t-il à l’oreille alors que le sang lui étouffait la gorge, avant que Diederick ne lui plante la lame au cœur d’un seul coup de poignard. Il senti le jeune homme s’affaisser dans ses bras et le déposa au sol.
Fouillant dans les affaires et le corps de Müller, Diederick chercha à dégotter quelque indice sur le poison utilisé ou bien si son secrétaire ne disposait pas du remède. En vain.
Se dirigeant vers le sortie du bureau, il se senti faiblir. S’écroulant contre la porte du bureau, il parvint à ouvrir celle ci en s’appuyant de tout son poids sur celle ci. Le bruit allait alerter l’un des employés de l’imprimerie, qui ferait venir un physicien pour lui venir en aide. Après tout, il n’avait fait que mouiller ses lèvres dans le poison. Il devait avoir encore quelques chances de pouvoir s’en sortir.
Jusqu’à ce qu’il se rappelle qu’il avait accordé aux employés de l’imprimerie de finir la journée plus tôt, à cause du couvre-feu.
«
Merde. »
Le couvre-feu de la peste allait le condamner. Celui là même que son journal avait promu. Ironique.