Concours: À la mode de... Participations

Dans cet espace intemporel et hors du monde, les plus talentueux écrivains peuvent écrire pour le plaisir ou se mesurer entre eux, pour leur gloire personnelle ou par vengeance....

Modérateur : Equipe MJ

Avatar du membre
[MJ] Bugman
Maitre de jeu [MJ]
Messages : 375
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Autres comptes : Hagin Duraksson, Gormil Thorakfind et Ilahîn Alysante Esdalân

Concours: À la mode de... Participations

Message par [MJ] Bugman »

« Altdorf, capitale de l’Empire, cité de crime et de débauche. Cela faisait vingt ans qu’il était dans le guet de la ville, vingt ans à voir les familles grignoter la loi et les vies, vingt ans à se battre pour des idées qu’il voyait sans cesse se faire piétiner. Franz tira une longue bouffée de sa pipe de terre cuite, songeant déjà à la bouteille de gnôle, sa fidèle compagne qui l’attendait au foyer, vide depuis que sa femme était partie il y a déjà quelques années. En attendant le sergent lui avait dit de trouver un responsable pour le meurtre d’un mioche sur la troisième et il fallait bien commencer à chercher. Helena, une des filles de joie de la Mère, devrait pouvoir lui fournir des informations ou, à défaut, du réconfort... »

C'est ici que vous pourrez poster vos participations et voter dès le 20/12 à 0h00 ^^

Avatar du membre
Franziska Schrei
PJ
Messages : 25
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_franziska_schrei
Autres comptes : Aristelle de Lancustre

Re: Concours: À la mode de... Participations

Message par Franziska Schrei »

Der tzeentcharchäolügenialkohöllische Wunschpunsch


Se faufilant entre les automobiles, sous la pluie battante, un jeune homme courait dans les rues d'Altdorf ; regardant de temps à autre l'écran de son téléphone en sifflant entre ses dents "merde, je suis en retard, merde merde, merde !"

Finalement, essoufflé, trempé de sueur au moins autant que de pluie, il arriva dans une ruelle entre deux blocs d'immeubles bétonnés, du type de ceux que la mairie avait fait bâtir à la va vite pour loger les migrants venus du nord, fuyant la menace des terroristes du chaos. C'était un endroit assez insalubre, et plutôt délaissé par les autorités. Le jeune homme reprit son souffle, puis regarda autour de lui. Dans un coin, un peu perdue dans la grisaille du paysage, une femme dans la vingtaine l'attendait, les bras croisés. Elle avait un air un peu sévère, sans doute accentué par la grosse paire de lunettes qu'elle portait sur le bout du nez, comme si elle ne savait pas réellement les enfiler. Il se dégageait d'elle une certaine élégance un peu mal dosée, gâchée par une posture un peu rustre et blasée. Pas l'élégance d'une damoiselle de la haute, ni l'humilité d'une fille des quartiers. Son imper pourpre et ses épais gants noirs la faisaient ressembler à une dame sérieuse, mais les bas à rayures noires et blanches qu'on distinguait sous sa longue jupe laissaient deviner quelque chose d'un esprit un peu plus libre que la moyenne, sentiment de suite désamorcé par une paire de grosses bottines en cuir.
Image
À pas hésitants, le jeune homme se rapprocha d'elle, un sourire un peu penaud sur les lèvres. Quand il fut devant elle, les cheveux délavés et la face toute embuée, elle lui échappa un reniflement dédaigneux.

"Mon gars, t'es en retard. T'avais oublié ton parapluie ?"

Le jeune homme ne sut pas quoi répondre, alors elle émit un claquement de langue agacé.

"J'ai pas de temps à perdre, il faut pas que je reste sur place trop longtemps. T'as le fric ?

- Ouaip. Je l'ai dans une enveloppe."

Il tira de sous son sweat une enveloppe qu'il tendit à la dame d'une main tremblante. Elle s'en saisit, l'ouvrit, compta les billets, sourit.

"T'es un bon toi. Allez, chose promise chose due."

En retour elle lui donna un petit tube cramoisi qu'elle gardait dans une poche intérieure de sa veste. le jeune homme attrapa lentement la chose comme si c'était le saint Graal.

"Oh putain, tu me sauve !

- Mais ouais, mais ouais. Ça a pas été super facile hein. Les ingrédients magiques sont rares, et c'est pas simple de récupérer de la cervelle d'homme bête par les temps qui courent. Si tu en veux encore, il faudra payer plus."

mais le jeune homme ne l'écoutait pas. Il s'était enfilé le tube de potion ensorcelé d'un coup, et le regard perdu dans le vide, il planait déjà vers d'autres cieux.

"Wesh, ça déchire comme toujours ! Putain, y a que les drogues magiques qui me fassent ça !

- Mais ouais. C'est pas tout ça, mais faut que j'y aille. Assure toi de pas te faire choper comme un con.

- Que je quoi ? Hé... c'est joli cette pluie qui tombe..."

Franziska ne calculait déjà plus son client. les poches bien pleines de billets, elle s'engagea sous la pluie, se décidant à rentrer à sa planque. Elle avait une démarche assez empressée malgré sa volonté de paraitre aussi normale que possible. Peu importait, on mettrait ça sur le compte de la pluie.
Sa planque ne se trouvait pas tout près. Le gang la logeait dans une baraque abandonnée, le plus loin possible des académies de sorciers. Elle devait pour cela s'enfoncer dans des quartiers pis que défavorisés, des endroits où même les migrants n'allaient pas. Au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait dans ces ruelles crades aux murs tagués d'étoiles à huit branches, sa couverture de demoiselle tout à fait normale jouait de plus en plus contre elle. Ici, elle changeait de trottoir pour éviter un groupe de jeunes, dont quelques hommes bêtes, avec casquette à l'envers ; là, un clochard qui devait manquer de tout sauf de bras puisqu'il en avait au moins le double de la normale, se trainait sous une couverture pour ne pas trop se montrer. Elle pressa encore plus le pas. Autant être rentrée à la planque aussi vite que possible.

Et puis son sang ne fit qu'un tour. Elle entendit quelques couinements au coin d'une rue, ainsi que d'autres sons qu'elle aurait dû reconnaitre. Il y avait du grabuge, des grognements, des mugissements et des aboiements mélangés ainsi que des insultes étouffées.
Sa curiosité l'emporta sans même qu'un quelconque combat commence. À pas mesurés, elle s'avança et darda d'un œil en direction du bruit dans la ruelle concernée.

Elle reconnut de suite les uniformes des milices de répurgateurs. Ils étaient une demi douzaine, avec leurs chemises noires, leurs gants noirs, leurs matraques noires, et pour l'un d'entre eux, un sacré limier noir qu'il tenait en laisse et qui aboyait rageusement sur leurs victimes. Ils avaient fait s'agenouiller devant un mur une bande d'une dizaine de jeunes mutants. Le chef des répurgateurs marchait derrière eux, en donnant au son de ses bottes une aura menaçante, en remuant sa matraque et en leur faisant la morale sur pourquoi la racaille dans leur genre devrait pas être permise dans un grand pays civilisé, et comme quoi ils avaient de la chance que des connards de shalléens aient fait passer des lois pour qu'on puisse pas juste les buter comme ça, ici, contre ce mur. Les homme-bêtes avaient l'air sur le point de se pisser dessus. Franziska resta un temps admirative à l'idée de ces six bonshommes démontant une bande d'homme bêtes fougueux, mais elle fut obligée de changer le fil de ses pensées. Un répurgateur l'avait vue, et par réflexe elle fit un pas en arrière et se prépara à filer. Ces types là étaient pas de la police, c'étaient des milices mille fois plus dangereuses, et tout bien pesé, même si elle était innocente, elle aurait préféré ne pas avoir affaire à eux. Alors en sorcière illégale, elle essaya de les distancer sans courir, mais deux d'entre eux accoururent quand même vers elle.

Les deux lascars avaient l'air musclés et prêts à se servir de cette masse pour défoncer tout et n'importe qui, des crânes rasés et des mâchoires carrées pour compléter le portrait parfait. Ces bonshommes athlétiques parvinrent sans peine jusqu'à elle, et quand elle les entendit l'interpeller, elle préféra s'arrêter plutôt que courir.

"Pardon... bonjour ...?

- Bonjour mademoiselle. Nous pouvons vous demander ce que vous faites ici ?"

Elle tremblait comme une feuille, mais à ce stade, ça n'avait rien de si suspect. La plupart des gens flippaient devant un contrôle de police, alors un contrôle par la milice des répurgateurs...

"Je traverse le quartier pour rentrer chez moi.

- Bien, vous pouvez nous montrer une pièce d'identité s'il vous plait ?

- Bien... sûr..."

Elle n'en avait pas, mais elle se tourna de côté pour ouvrir sa veste et faire sembler de chercher dedans. Il fallait vite trouver un plan pour se tirer d'affaire. Comme elle peinait à trouver, elle commença à grommeler de manière à peine audible. Si elle devait prononcer une formule magique, elle pourrait toujours la glisser sans que ça se remarque dans la bouillie de son grommellement et les prendre par surprise.

Plus patients qu'on ne l'eut crû, les deux répurgateurs semblaient comprendre parfaitement son stress et qu'il lui faille un instant pour sortir sa carte d'identité. l'un d'entre eux la pressa tout de même déjà de la question :

"Et où habitez vous ?


- Près du square Wilhelm II, heu... dans un endroit qui s'appelle Der Schatten ! Teleportiere mich, Fissa !"

Salut les andouilles !


Sans qu'un mot de plus soit nécessaire, la silhouette de Franziska commença à perdre sa teinte, sa texture, et sa matérialité tout en se résorbant dans sa propre ombre. les deux hommes furent trop stupéfaits pour prononcer un seul mot, tandis que la sorcière avait littéralement l'air de fondre devant eux, se changeant en ombres.

Pour réémerger d'une autre ombre, quelques ruelles plus loin, à à peine une dizaine de mètres, mais de l'autre côté d'un bâtiment entier. L'ombre projetée par l'immeuble de béton grisâtre se tordit en un endroit d'une manière impossible pour laisser émerger une tête rousse, et finalement une sorcière toute entière, de pied en cap. Elle s'épousseta, comme si ce sortilège avait dû laisser quelque poussière d'ulgu sur son beau costume, puis elle reprit son souffle. Elle avait eu une de ces peurs.

"Bordel, maintenant j'ai plus qu'à changer complètement de déguisement. Il va pas être content bébert."

Elle se remit en marche, espérant retrouver son chemin assez rapidement dans le bourbier qu'était ce quartier. Elle passa juste à côté d'une forme étrange cachée sous un drap sale et qui tendait d'une main difforme un gobelet pour quémander des pièces. Franziska lui accorda un regard, et rien de plus, elle continua sa route, mais la forme la suivit. La sorcière fit quelque pas, puis s'immobilisa, et se retournant d'un coup darda ses yeux sans teinte vers la chose, sans doute plus qu'à son tour mutée, qui osait venir l'importuner dans un moment pareil.
Image
"Dites vous là, je n'ai rien à vous donner, j'ai moi même du mal à avoir de quoi bouffer, et le peu que je gagne je dois le partager avec mon protecteur, alors si vous voulez pas de problèmes avec lui je vous conseille de me lâcher la grappe espèce de cafard de..."

De sous les draps commencèrent alors à émerger des choses, des membres impossibles chez un humain se contorsionnèrent selon des angles impossibles tout court, et un visage se tordit pour devenir quelque chose de conique, de verdâtre, de démoniaque avec de grandes antennes et des crocs suintants. Des modifications aberrantes apparurent à toute vitesse, élargissant le tronc pour laisser voir une sorte d'abdomen en segments et des élytres démesurés qui tombaient comme un queue de pie autour d'un costume taillé sur mesure à même cette parodie de chair chitineuse. Franziska, les yeux exorbités d'horreur, faillit bien tomber à la renverse, mais elle se contenta d'observer bouche béate tandis que la créature réajustait un chapeau melon sur un crâne inhumain et grotesque.

"Un cafard, dites vous. laissez moi vous dire qui ici est le cafard, frau Schrei. Vous ! Espèce de nullissime chancre incapable ! Ainsi vous vous complaisez à d'insignifiantes magouilles et de négligeables trafics de substances innommables. Et vous vous y plaisez ?"

Franziska n'en croyait pas ses yeux, mais la créature devant elle n'était autre qu'un démon, un qu'elle avait elle même invoqué du temps où sa principale préoccupation était de s'échapper coûte que coûte du collège gris.

"Ma... Made ...?

- Herr Maledictus Made, espèce de cancrelat bouffi ! J'y tiens. Je suis ici car nôtre maitre régisseur de la magie se plaint de plus en plus de votre inaction, sorcière ! Le chaos ne se réjouit pas dans les simples crimes insipides, on vous réclame de semer sur cette cité, le malheur, la désolation et le désespoir dans des proportions à nulle autre pareille. Si vous désirez être libérée de notre contrat, vous feriez mieux de remplir le quota immédiatement, et de me concocter sur le champs un sort colossale, grandissime, à la hauteur d'effacer votre dette envers les puissances du chaos.

- Je... Je... j'aurais crû que vous étiez moins... enfin plus...

- Frau, je suis las d'être confondu avec un campagnard tel que vous êtes. l'entreprise du chaos peut bien se passer d'incapables sans ambition telles que vous ! Nous respectons des quotas car telle est la volonté du seigneur de la magie. Si d'ici demain vous ne faites pas ressentir à cette cité l'ampleur cataclysmique des pouvoirs du chaos, vous entendrez de nouveau parler de moi, je vous l'assure.

- Je... Je vous assure que j'ai un plan. D'ailleurs, je m'apprêtais à le mettre à exécution. Il ne me manquait que quelques ingrédients, herr Made...

- Herr Maledictus Made. Et je crois avoir été assez clair avec vous. Vos trafics de drogues profitent au seigneur de la stagnation et de la déchéance, le putride que je n'ose pas nommer. Faites ressentir avant demain à Altdorf ce que cela signifie vraiment de manipuler la magie. Seulement ainsi, vous serez libre. "

À ces mots, il laissa tomber au sol un attaché-case, s'ouvrant sur le goudron en émettant une lumière violette. La silhouette verdâtre et informe du démon disparut alors dans la mallette, comme aspirée et déformée, avant que la mallette elle même se volatilise, ne laissant rien, pas même le vieux draps sale, tant et si bien que Franziska ne sut dire si elle avait entièrement rêvé cet entrevue.

"Merde... merde... merde !"

Les choses se bousculaient sans sa tête, se mélangeant sans que ça aie aucun sens. Elle avait juste fait appel une fois, une unique fois au chaos, afin qu'ils brouillent le système de surveillance du collège pour lui permettre de fuir. Avec la technologie de pointe des collèges de magie, c'était le seul moyen, elle en était sûre, mais elle avait presque réussi à oublier qu'il fallait payer un lourd tribut pour le service des démons. Au moins, on lui laissait un temps de répit. Tout en courant sous la pluie, elle dégaina son téléphone et appela Engelbert en soupirant.


"Allô ?

- Bébert ! Dis moi vite ! Tu sais où ce trouve ce vieux sorcier que t'avais planqué une fois ? Irrwitzer là !


- Quoi ? C'est qui ? Franzi, c'est toi ?"

Franziska laissa échapper un profond soupir de mécontentement. Elle était presque essoufflée à force.

"Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler Franzi !

- Pourquoi ? Tu m'appelles bien Bébert ?

- C'est pas la question putain !

- T'as fait des ventes aujourd'hui ?

- Oui, j'ai ton pognon, mais si tu le veux il va falloir m'aider à retrouver Irrwitzer !

- Hein ...? Quoi ? Mais pourquoi tu veux... attends...

- T'as pas son numéro ?


- Irrwitzer c'est ça ? Je crois qu'il a pris le large, en laissant toutes ses affaires. Les répurg' ont passé sa cahutte au peigne fin. Ils ont rien trouvé cela dit, mais ça lui a suffisamment foutu les chocottes pour qu'il quitte la ville sans bagages."

À ces mots, un sourire carnassier apparut sur le visage de Franziska. Si les téléphones avaient des yeux, le sien eut été terrifié.

" Vrai de vrai ?

- Oui, pourquoi ?

- Alors j'aurais pas besoin de son numéro. Les gars peuvent m'y emmener ?

- Où ça ?

- Mais chez Irrwitzer bordel ! Pas à Bonchardonland !

- Ok, ok, mais calme-toi. Tu vas trop vite là ! Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que tu lui veux au vieux Irrwitzer ?

- Ce que je veux ? Mais son savoir bien sûr ! Le savoir c'est le pouvoir !"


* * *
Irrwitzer habitait autrefois dans une vieille baraque à moitié en ruine, du genre qui aurait depuis longtemps dû être démolie mais qui, par on ne savait quelle sorcellerie, était passée sous les radars pendant des décennies. maintenant, elle servait de squat à quelques homme bêtes que les chats d'Engelbert avaient fait déguerpir en arrivant avec leurs blousons noirs et leurs battes de baseball. Bébert arriva sur sa moto peu après, Franziska dans le sidecar avec son chat sur les genoux et des lunettes de moto sur les yeux. Elle retira ses dernières en arrivant, et descendit en s'étirant les jambes. Elle laissa Balthasar la suivre et dégaina son téléphone, se mettant immédiatement en quête de réseau.

Cependant, Engelbert la regardait avec désapprobation.

"Tu nous a tous fait nous déplacer, et t'as même fait réveiller ton chat qui faisait la sieste, alors je peux au moins savoir ce que tu vas faire et pourquoi ça nécessite qu'on soit tous là ?

- Je risque d'avoir besoin de Balthasar, et vous, vous êtes là pour me protéger des squatteurs qui pourraient venir me déranger.

- Te déranger pendant que tu ... ?

- Pas tes oignons.

- Ah bah c'est super.

- Nan mais je suis sérieuse. Moins t'en sais mieux ce sera. Ah ! J'ai du réseau ! J'y vais."

Et sans donner plus d'explications, elle s'enfonça dans la demeure poussiéreuse du sorcier. Elle laissa un peu le hasard guider ses pas une fois à l'intérieur. Ça avait tout l'air d'une vieille bicoque sans intérêt, du genre d'endroit où un vieux retraité finit ses jours en ne faisant rien de plus grave que de regarder la télé et insulter les jeunes shalléos-démocrates qui prennent le pouvoir dans le pays comme tous les vieux de ces contrées civilisées.

Mais les répurgateurs commettaient toujours une erreur : celle de ne pas chercher à comprendre ce qu'ils combattent. Pourtant, le moindre sorcier de collège aurait ressenti d'une façon où d'une autre que quelque chose n'allait pas dans cette vieille demeure. Une sorcière d'Ulgu mieux que les autres.
En effet, Franziska sentait le vent gris s'accumuler dans cet endroit, se couler contre le papier peint, derrière les vieux meubles, et...

Dans un coin du salon, il y en avait une concentration phénoménale. D'ailleurs, on en voyait même les effets physiques, le papier peint s'était déteint, de la poussière et de la crasse s'était accumulé, et pourtant quelque chose poussait irrésistiblement à détourner les yeux de ce coin de la salle. À n'en pas douter, une sorte de Tarnbereich protégeait ces lieux.

Franziska ferma les yeux. Elle s'avança prudemment vers le coin de la salle, posant tout doucement un pied devant l'autre. Elle fut à peine surprise quand sa botte rencontra du vide... puis se posa sur une marche d'escalier, puis une autre encore devant, et une troisième. Elle rouvrit les yeux, et put constater qu'elle avait "cassée" l'illusion. L'escalier était maintenant parfaitement visible, et il descendait en colimaçon vers une immense salle souterraine qui tenait lieu de cave à la maison du vieil Irrwitzer.

"Excellent ! Ce vieux con m'a laissé une moitié de son parchemin, maintenant il est temps de trouver où il a rangé l'autre."

Elle commença par ressortir de la maison pour donner des instructions claires aux gangsters : personne ne devait entrer dans la maison pendant qu'elle faisait son rituel. Elle attrapa Balthasar sous son bras, et descendit en quatrième vitesse dans la salle sale qui abritait les secrets du magicien exilé.

C'était une immense salle circulaire, et il n'aurait fait aucun doute pour personne qu'on y avait pratiqué la sorcellerie. Des crânes d'animaux aux grenouilles et sangsues en bocaux, en passant par les fioles multicolores alignées sur un bureau au côté de vieux bouquins poussiéreux...

Mais ce furent d'autres détails qui attirèrent l'attention de Franziska. Elle repéra une vieille horloge à coucou, et s'assura qu'elle fonctionnait toujours. Puis elle dessina sur le sol un cercle et une étoile à huit branche avec pour centre le milieu de la salle. Là, un large trou dans le sol menait vers des profondeurs insondées. Puis enfin, elle farfouilla dans tous les placards et toutes les bibliothèques avec une rage démente, et arracha finalement un morceau de parchemin déchiré épinglé derrière une tête d'élan empaillée. les secrets d'Irrwitzer étaient maintenant à elle.

Elle tira péniblement un énorme chaudron au dessus du trou qui marquait le centre de la salle magique. Elle soufflait de fatigue, et en même temps riait comme une démente. les vents de magie étaient si puissants... si concentrés... si virtuoses dans cette pièce... il y avait tous les éléments pour lancer un sortilège magnifique ; le plus grand qui soit, celui qui déformait la réalité d'une cité entière pour correspondre à la volonté du sorcier qui osait exécuter le rituel.

Franziska rit comme une démente, et attrapa même Balthasar alors qu'il se frottait à sa jambe pour le serrer contre elle avec une joie hystérique.

"Tu vas voir, mon petit minoudou. Ta magnifique maitresse va réussir un sortilège qu'aucun sorcier n'est parvenu à effectuer seul jusqu'à aujourd'hui."

Elle posa les deux parchemins l'un contre l'autre, et les prit en photo avec son téléphone, puis s'appliqua à étudier le résultat. Cette formule était si puissante, qu'il fallait d'ordinaire la répartir entre deux sorciers, raison pour laquelle Irrwitzer avait confié une moitié de son précieux parchemin à Franziska Schrei. Mais désormais, la sorcière se sentait suffisamment égoïste et arrogante pour tenter la chose par elle même. un ricanement échappa de sa gorge, comme elle commença les préparatifs du rituel.

"Wunschpunsch... la liqueur des vœux. Voyons voyons."
Elle remplit le chaudron d'un liquide vert aqueux, puis se concentra pour appeler à elle les pouvoirs renfermés dans cette salle imprégnée. la magie ne se fit pas attendre. Un grondement infernal parvint à son oreille, et une chaleur pas si désagréable envahit la salle, faisant sécher en une seconde ses vêtements trempés de pluie. Le trou sur lequel reposait le chaudron émit un gargouillis vomitif, puis il en émergea dans un déchirement de lumière un geyser de flammes qui souleva le chaudron au dessus du sol dans la puissance de son éruption, projetant, dans un jeu de lumière incohérent, une lueur verdâtre et bleutée qui transfigura l'atmosphère de l'endroit. La magie devenait presque visible à l'œil nu, même pour ceux ne possédant pas le troisième œil. Franziska faillit rester mutique devant ce prodige, mais elle se ressaisit. Il fallait chanter et danser autour du chaudron avant de jeter ses ingrédients dedans. Avec un entrain qu'elle n'aurait sans doute pas eu si un quelconque humain avait été présent, elle commença à remuer en clamant à pleins poumons dans un mélange de reikspiel et de Magikane :

"Par le pouvoir imposant,

Du grand feu souterrain !

Prouve que ces éléments,

Sont un seul parchemin !

Prouve ta force de fer !

Formule de la nuit,

Par les flammes et la lumière !

Joins ce qui est détruit ! Joins ce qui est détruit !"



Cependant, en même temps que sa clameur, s'élevait une musique à nulle autre pareille, fruit d'un orchestre symphonique infernal, d'une philharmonie purement échappée des royaumes du chaos qu'elle invoquait à son secours. La musique était mélodieuse, mais agitée, empressée, excitée de voir quelle catastrophe démentielle elle allait participer à créer, et elle se mariait à la perfection avec la voix de Franziska qui, réfrénant un rire de complaisance, hurla en lâchant les deux morceaux de parchemin :

"Attention c'est parti !"


Les deux morceaux de vélin s'envolèrent dans un chaos de froissements comme s'ils étaient emportés par le vent. Ils se rejoignirent cependant au dessus du chaudron, dans une posture parfaite, plats et soudés l'un à l'autre pour former, comme l'intimait la formule magique, un seul élément d'une puissance phénoménale. Jusque là, les choses se déroulaient à la perfection bien que Franziska soit seule, et elle ne voyait pas pourquoi ça tournerait mal ensuite.

Elle devait désormais jeter dans le chaudron ses ingrédients qu'elle avait préparés à l'avance, un sourire goguenard aux lèvres, elle s'approcha d'un pas dansant du chaudron et lança les choses au fur et à mesure qu'elle les nommait.

"Pour ce vœux de dissimulation,
Une peau de caméléon,

Un masque de carnaval,
Un bon pour une chirurgie faciale

Une moustache et un faux nez,
Un journal intime que j'ai piqué,

Du maquillage de qualité,
Une gomme déjà usée

ma paire de lunettes,
Qui maquillait ma tête !"


Quand elle jeta cette paire de lunettes dans le chaudron et la vit se dissoudre instantanément, Franziska ne put retenir un petit rire grinçant. Elle détestait devoir porter des lunettes, mais elle s'en était accommodé durant des mois pour être méconnaissable. Seulement, la formule avait plus de chances de fonctionner si on y jetait des choses que l'on aimait.

"Et pour finir, l'animal le plus furtif sur cette terre,

Balthasar Gelt, mon potit chat."


Sans subtilité, elle attrapa le chat noir par la peau de la nuque.

"Crois moi j'en suis désolé mon petit minoudou. Enfin, sois sûr que je ne t'oublierais jamais."

Et elle le jeta dans le chaudron dont l'acide dévorant s'était mis à bouillonner rageusement sous la pression des flammes et des vents de magie déchainés. Aussitôt, Franziska reprit la formule. Elle en arrivait à l'instant le plus déterminant, et sa voix s'étirait dans de grands cris tandis qu'elle dansait toujours au son de la musique du chaos.

"Ô, Wunschpunsch, potion toute magique !

Exauce pour moi ce vœu maléfique !

Que chaque mutant, chaque magicien,

À partir de maintenant ne craigne plus rien,

Ce sort dissimulera leurs particularités,

Que même un dieu ne pourra plus déceler,

Que l'œil des humains soit incapable de remarquer,

Cornes et tentacules avant qu'ils ne viennent les frapper !

Que personne ne remarque l'aura d'un sorcier,

Avant que de ses sorts il ne vous ai foudroyé !

Nul limier ne saura plus qui traquer,

Et dans toute la ville le chaos va éclater !"


Et à ce dernier mot, sans autres ordres, la potion émit une explosion terrifiante, la musique s'interrompit pour reprendre de suite plus lentement, plus doucement, mais s'accélérant. Franziska savait ce que ça signifiait, et c'était le moment final où il ne fallait surtout pas se tromper, sans quoi son sort ferait pire que ne pas fonctionner : il partirait complètement en vrille.

"Et pour que ce sort répande les enfers..."


Elle ferma les yeux, prit une longue inspiration, les rouvrit :

"Répétons la formule à l'envers !"


Et en une seule traite, tout en dansant comme une folle, elle récita, sa voix montant crescendo en même temps que la musique, atteignant un pic hystérique quand elle arriva aux ultimes syllabes qui marqueraient sa réussite ou son échec cuisant :

"Éclater va chaos le ville la toute dans et,

Traquer qui plus saura ne limier nul,

Foudroyé ai vous ne il sorts ses de que avant,

Sorcier d’un l’aura remarque ne personne que,

Frapper les viennent ne qu’ils avant tentacules et cornes,

Remarquer de incapable soit humains des l’œil que,

Déceler plus pourra ne dieu un même que,

Particularités leurs dissimulera sort ce,

Rien plus craigne ne maintenant de partir à,

Magicien chaque, mutant chaque que !"


Le chaudron monta, il monta dans les airs propulsé par le geyser incessant de flammes multicolores qui déboitaient la réalité et reconstruisaient la trame de l'espace et du temps selon les inflexions maudites des vents de magie. Et une détonation sans pareille se fit entendre, défigurant la mélodie entrainante dans un apogée magistral digne d'un coup de canon, et une lumière qui était de chaque couleur à la fois sans les être en même temps se répandit et aveugla la sorcière pendant une bonne minute. Puis un bruit mécanique se fit entendre, avec un grincement de vieux rouages, un râclement presque buccal, et un son rassurant se produisit. Une voix inconnue, venue d'outre monde, dans un enfer ou un cachot lointain, laissa échapper à la suite sept râles témoignant chacun d'une douleur différente.

Puis s'en fut terminé. La brume lumineuse se dispersa, et Franziska vit que l'horloge était remontée. Elle poussa un cri de victoire dans le silence désormais pesant de la pièce.

"Ah ah ! Et s'il n'est pas dissipé dans sept heures, ce sort sera permanent ! Prenez ça sots sorciers ! Magiciens de pacotilles ! Agenouillés ! Essayez voir vous tous de dissiper mon sort maintenant ! Essayez ! même si vous y arrivez, ça voudra dire qu'une petite sorcière comme moi a quand même réussi à foutre la merde dans votre système et à faire paniquer tout Altdorf pendant sept heures ! Àmoi toute seule ! Ah ha ! On va bien voir si Balthasar Gelt et sa clique sont plus puissants que mon chat tombé dans une soupe !"

Dans sa candeur sans limite, elle s'accorda même une petite danse décomplexée. Le sentiment de puissance qu'elle avait ressenti était sans égal. Épuisée, elle gravit les escaliers en sens inverse, ne se retournant qu'une dernière fois avant de quitter définitivement cette pièce.

"Par précaution, je vais quand même essayer de me tirer loin d'ici. Je me vois pas vivre à côté d'un mutant à tentacules sans le savoir."

Elle rétablit le sort d'illusion qui masquait l'entrée et sortit dehors retrouver les membres du gang. Ils furent surpris de la voir débarquer, décoiffée, sans lunettes, et visiblement aussi candide que si elle s'était défoncée avec sa propre drogue.

"Qu'est-ce que t'as encore foutu ?

- Tut tut. Vous le saurez très vite. Ramenez moi à la planque. j'ai hâte d'allumer la télé et de voir ce que nos dirigeants vont faire maintenant."
Modifié en dernier par Franziska Schrei le 17 déc. 2021, 21:20, modifié 1 fois.
"Le savoir, c'est le pouvoir... alors autant qu'il soit uniquement à moi !"

Franziska Schrei, Sorcière illégale
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 9 | Int 8 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi 0 | Mag 9 | NA 1 | PV 45/60
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_franziska_schrei


Image



* * *

Retnu ned Nresärg

Erhän hci hcim nov Tiehleknud

Eleiv Egat nohcs

Nesseseb dnu solthcruf

Enielk Tlew

Eid hci netsatre nnak

Hcod se tgeis

Renej Liet ni rim

Red hcim remmi retiew theiz

Geiz rim ned Gew hcan netnu

Hci essah ned Gat

Hci essah sad Thcil

Geiz rim ned Gew sni Elknud

Ow Tiekmasnie thcsrreh

Niek Legeips rüf niem Thciseg


* * *

Image


Image

Avatar du membre
Piero Orsone
Mister Vieux Monde 2022
Mister Vieux Monde 2022
Messages : 182
Profil : For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio

Re: Concours: À la mode de... Participations

Message par Piero Orsone »

Thème space opera 🚀 🪐

L'ultime frontière qu'ils disaient. Elle avait une bien drôle de gueule l'ultime frontière. Des années-lumières de vide stellaire à se partager entre les gros. Pendant que les petits se chamaillaient les os.
Malheureusement pour le capitaine du galion des sables Thétis, il n'était pas un gros.
Sur les grains brûlants d'Arabis, son formidable engin cargo avait l'apanage de la puissance, mais pas de la vitesse. Des tirs de jezaïls défoncèrent la poupe.
« Chaque homme à son poste ! Halifax, les moteurs ?
-Ils utilisent du 24,2. Plasma. Si ça touche alors qu'ils sont à chaud, on vitrifie trente bornes de désert ! »
Mais depuis leurs baghla , les Copheri n'en avaient que foutre.
Les boutres remontaient le sable jusqu'à hauteur du vaisseau marchand, les échanges commencèrent. Les échanges de tirs. L'équipage avait la trouille au ventre. Fauchés par les décharges de plasma les corps s'empilaient. Le vieil arsenal balistique ne faisait pas le poids. Aux couleurs du Grand Khem, puisse sa poutre se dresser dix siècles de plus, les voltigeurs s'élancèrent. L'abordage commença. Sauf pour le malheureux Copheri touché au réacteur dorsale qui fit un looping avant de s'écraser dans le sable dans un panache noirâtre.
Le tireur chanceux souffla sur son canon. Ces buveurs de sueur commençaient à les lui piler menue.
« Snorri ! Ta berzingueuse a fini de charger ?!
-Deux minutes bon sang ! On n'est pas à la bourse !
-C'est les nôtres qu'ils vont couper si tu fais pas ce pourquoi je te paye !
-Tu ne me payes pas Piero ! »
C'était vrai. L'aventurier cosmique soupira avant de dégainer son sabre. Une arme pour des temps plus civilisés que ceux-ci. Le pont était une boucherie à ciel ouverte. Et il avait ses ustensiles en main. Il tira sur un enfant d'Arabis, croisa l'acier avec un autre. Les autochtones étaient des guerriers redoutables, des combattants illustres. Lui, il n'avait aucun scrupule. Il utilisait toutes les bottes de combattant des bas-fonds des stations spatiales. Coup de genou dans l’aine, crachat dans les yeux. Piero finit par suriner le pauvre bougre. Toutes les têtes se tournèrent à tribord. Un arc électrique avait frappé une des boutres. Un grésillement horrible, celui des chairs qui se calcinent. Les moteurs en rade, le vaisseau copheri s'enlisa.
« Ah bah enfin !
-Oh ta gueule. »
Ragaillardis, l'équipage remit de l'entrain à la fusillade. Piero égorgea le dernier voltigeur lorsqu'un froid vint saisir les corps des vivants. Un froid féroce à s'en briser les phalanges. Au beau milieu de la journée. Le psychomanciste Desmof était accroché au bastingage. Il irradiait de cette arcane si redoutée. Et le spectacle en face était encore plus à même de retourner les tripes que la friture à cinq mille volt du Dawi, Le sable engloutissait la nef ennemie comme si elle avait plongé dans une mer d'huile de moteur. Les hommes hurlaient. Ils sombraient dans un sable si familier qui était devenu mortel. Leurs bouches se remplirent de grains tandis que les survivants du Thétis observaient avec écœurement leurs mains frétiller avant de disparaître corps et biens.
« Il se dit que le sable des mers d'Arabis est fait des os des anciens... Bah c'est vrai. » hoqueta Karil en se laissant glisser contre le rebord. Exténué.
La dernière baghla fit demi-tour. Le Thétis était sauvé. Pour l'instant. Tout en dégageant les blessés et les morts, les trois voyageurs s'adressèrent au capitaine.
« Combien de temps avant Origo ?
-Oh. On y sera avant la nuit.
-Mais, s'exclama Snorri décontenancé, il ne fait nuit que dans quatre-vingt-dix-sept heures.
-Justement, on a tout notre temps. »

Origo, la rose au milieu des sables. Une rose flétrie, dégageant une solide odeur de choux trop cuit et de sueur. Mais qui disait sueur disait eau. C'était là toute la richesse de la colonie. Une des plus grandes aquifères d'Arabis. Et les Triades n'avaient pas raté l'occasion de la posséder.
Le Thétis s'amarra aux côtés de ses frères mastodontes de ferrailles. Pendant qu'on débarquait, Piero jeta deux briquettes d'Ankrédits au capitaine. « Dédommagement, pour les Hommes. »
En remontant les quais ensablés jusqu'au comptoir, le Dawi ne pu s'empêcher de faire remarquer :
« Donc lui il a un rab' pour quatre matelots cannés alors que tu ne veux toujours pas défrayer la bouffe du vaisseau.
-Roh mais écrases. »
Trois voyageurs au milieu d'une ville où personne ne voulait rester, ça ne se remarquait pas. La plupart des passants étaient enveloppés sous d'épaisses djelibs pour se protéger du soleil. Ceux qui n'étaient réellement que de passage suaient dans leurs combinaisons tâchées de cambouis. Des gardes Kureshites posaient un regard aussi las que verticale sur les cargaisons à inspecter qui arrivaient. Un des serpentiformes siffla en direction de Karil. En quelques reptations, il se retrouva face au parle-mort. Sa bouche bien trop humaine s'entrouvrit, huma l'air. Une langue bifide s'agita.
« Tu pues l'arcane, deux-jambes.
-J'ai mon permis.
-Fais voir ççççça. Il est périmé. Tu ssssais combien on donne dans les Princccccipats pour un illégal ?
-Bien plus que le prix de la paire de bottes que je vais me tailler sur ton cadavre, déclara Piero, son pistolet contre la hanche.
-On sssse calme. » L'hybride vipérin se gratta les cheveux. Cela se solda contre deux cents Ankrédits.
Une heure plus tard, dans une taverne crasseuse, décorée par des grilles-moustiques, le Dawi fulminait.
« Deux autres briquettes pour ces foutus lézards.
-Tout doux, Piero sentait le regard perçant des Skinkoïdes du fond de la taverne.
-Les Nagas, c'est déjà des serpents, les serpents, c'est déjà des reptiles, les reptiles c'est déjà les Dragons.
-Vous avez racheté les étoiles mais vous leur en voulez encore ? Je vais vraiment devoir te payer. »
Piero sourit de toutes ses dents. Le psychomanciste coupa dans la discussion pécuniaire :
« Va falloir que tu me files de quoi refaire un faux, j'ai pas envie de retourner dans les geôles d'un Prince.
-Karil, Karil, Karil. Mon petit Karil. C'est à la vie à la mort entre nous. Et la mort tu en connais un rayon. Bien sûr. Dès qu'on se tire de cette planète de mendiants on ira dénicher un faussaire. Et tu seras le plus formel délinquant de toute la périphérie galactique. »
Une voix, plus féminine, plus jeune, et tout aussi narquoise s'immisça :
« Plus formels je sais pas, les plus visibles c'est certains.
-T'es pas trop jeune pour entrer ici ?
-Vous êtes pas trop pauvres pour consommer ici ?
-Susanna marque un point.
-Oh écrase Karil. Et pour ta gouverne minuscule insubordonnée, on a trouvé ce que l'on cherchait et même mieux encore.
-Vous m'en direz tant. » Conclut la gamine en souriant.

Les deux ogres les regardèrent en se frottant le mufle avant de s'écarter. Susanna rangea l'autorisation dans sa poche, les trois zouaves la suivant de près sans lâcher des yeux les imposants gardes-chiourmes.
« Même les Kureshites sous-traitent à plus laids qu'eux.
-Vous seriez surpris d'à quel point les Interplanétaires sont rares dans ce coin là de la Galaxie. Pendant votre petite balade dans le désert Fernando a dû dégager à coup de pompes à trois reprises des types qui voulaient voler des composants.
-Clairement, ce trou ne va pas me manquer. Ni le sable, ni les soleils, ni les locaux.
-Tu l'as dis Snorri tu l'as dit. »
À l'ombre des cargos kureshites et des cuirassés de l'armada libre, leur corvette d'occasion faisait bien piètre figure. Mais au moins elle n'avait pas coûté cher. Et ça restait un interplanétaire !
Le flamboyant Don Trantio patientait donc là, tandis qu'un Fernando en combinaison de travail s'affairait sur les propulseurs.
« J'préviens. Après les trois tirs de sommation, la loi m'autorise à vous tirer dessus.
-On est pas des farfouilleurs je te rassure l'ami.
-Piero ! Vieille ordure ! Plaisanta le mécanicien en glissant de sous la carlingue, vous n'avez même pas réussi à lui tirer dans le dos vous deux ?
-Rassure toi on l'a envisagé plusieurs fois. L'épave peut décoller alors ?
-Elle est à peu près aussi vivant que les esprits que tu manipules mais ouais. Et puis... Si le vide spatial nous tue ça prendra pas longtemps. »

L'immensité absolue du noir galactique tranchait avec l'éclat intense d'Arabis qu'ils avaient quitté il y a une heure à peine. Une immense boule de terre, de sable et de si peu d'eau, dorée comme les étoiles, face au néant. Le néant qui les appelait à chaque fois. Ce néant qui, ironiquement, les avait rapproché. Piero regarda tour à tour son maigre équipage et les meilleurs compagnons d'infortune que la Galaxie pouvait compter. Fernando Luperto, mécanicien d'armée pour les Principats. Réformé pour insubordination. Tout ça pour ne pas avoir voulu réparer les transporteurs de troupes pour une mission suicide. Karil Desmof, le parle-mort. Psychomanciste en rupture de ban. Fallait pas se fâcher avec vos supérieurs dans les assemblées des maîtres de l'Arcane. Après tout, c'était une ressource bien trop dangereuse pour la laisser aux mains de n'importe qui.
Snorri « Paye moi putain » Sturillson, ingénieur disgracié de l'Ankorium. Une autre sombre histoire. Celle du brevet des amarres magnétiques sur station orbitale halfling. Le népotisme dawi était arrivé à ses limites. Son rival avait bien trop de liens de sang et d'unions avec le conseil des ingénieurs du Kosmokarak Hirn. Enfin il y avait Susanna. C'était qu'une gosse qu'il avait dégotté lors d'une chasse à la prime. La dernière qu'il ait jamais faite. Ce qu'ils ne vous disaient pas en vous tendant les bases de données contenant les criminels les plus recherchés des différentes sociétés de ce putain d'univers, c'est que le type que vous veniez de faire coffrer pour trente-six perpétuités, il avait des mômes.

Le capitaine du Don Trantio reposa sa tasse de café. « Snorri, Karil, combien de temps avant la porte des étoiles ? 
-Dix minutes. Et après c'est tout droit jusqu'à l'arrivée.
-Parfait. Réjouissez vous. Après ça on aura assez d'Ankrédits pour se payer des vacances sur Lustifolia.
-Je suis pas très fan de Lustifolia, surtout leurs barbecues.
-Comment ne pas aimer vivre dangereusement, je ne comprendrais jamais. 
-Bon les demoiselles de Montfort là, on se tait, je nous calibre avec la porte. »
Le grand legs des Slanns à l'expansion spatiale. Les portes des étoiles. Une série de diaphragmes à traverser pour se retrouver à l'autre bout d'un système stellaire. Bon. Parfois il y avait une petite défaillance et vous vous retrouviez compressé ou carbonisé. Mais aucun système de transport n'est parfait. Et il y a bien moins de risque de se faire attaquer par des Copheri que sur une barge des sables. Au moins. Les portes s'ouvrirent une à une, le rayonnement était si intense que même au travers des vitres teintées, l'équipage finit par détourner les yeux. Plein gaz. Vers l'infini et au delà.

Les portes s'illuminèrent. Et dans un crachat arcanique, le Don Trantio se retrouva au beau milieu de la ceinture d'Alyester. Au delà du nom de son découvreur que ses pairs estimaient fabuleux en toute modestie, ce champs d'Astéroïdes était l'un des innombrables rachetés puis exploité par les Dawis. Et ils ne tardèrent pas à se le faire confirmer. Les vaisseaux miniers monumentaux ratissaient paisiblement l'espace, engloutissant les précieuses roches spatiales dans leurs gueules de léviathans. On y extrairait les minerais nécessaires à la galaxie. Des milliers de mineurs y travaillaient, de véritables clans dawis inféodés à leurs vaisseaux comme à une patrie. Piero regarda sa modeste patrie à lui, en enjambant le trou dans le parquet. Derrières leurs vitres ils pouvaient lire le nom peint sur les flancs du bloc de métal : Le Kubhagin.
« Celui de mon frangin était plus grand et plus carré. »
Mais ces citadelles flottantes n'appartenaient pas à n'importe quel fragment de l'Ankorium. C'était les bâtiments du Kosmokarak Azgal. Le plus grand casino de l'espace.
Le temple de la débauche, le paradis des élites de tous les systèmes. Ici l'on pariait des vaisseaux, des stations spatiales et même des mondes contre des sommes astronomiques d'ankrédits, de princepts ou d'eldollars. Et l'équipe de bras cassés du Don Trantio devait y faire affaire.
Les videurs dans leurs tuxedo levèrent les yeux. Dans des costumes aussi impeccables, Fernando, Piero et Snorri tendirent leurs faux identifiants.
« Bienvenue à Azgal monsieur Forlantino. »
Un dawi pimpé, l'héritier d'une compagnie de matériel médical et le gros bras avec la mallette. Le tour était joué. De sublimes créatures aux robes de soirée bien trop moulantes proposaient des cocktails aux couleurs flamboyantes. Des barons de la bordure brettoni s'accoudaient aux tables de Ranald menteur. Ils s'écartèrent pour laisser passer un magnat du carburant star-naggrundien. Les rejetons des Principats brûlaient le magot familiale avec l’opiniâtreté de la jeunesse dorée. Piero s'attarda un instant sur eux. Ces princes et princesses aux apparences étranges. Vulgaires. Ces êtres à la vie allongée artificiellement, embellis par les implants. Caste consanguine qui dirigeait la plupart des Homo Mundus. Ici ils rigolaient, un verre à la main, caressant les jetons et les cartes. En ce moment même leurs pairs déclenchaient des batailles pour des planètes, des ressources ou leur ego. Car à vivre comme des dieux, leurs colères provoquaient des cataclysmes.

Le Casino n'offrait pas que des jeux d'argent. Il y avait aussi des bains aux paillettes d'or pour la détente des investisseurs dawis, des spectacles de marionnettes, de fauconneries. Il y avait les restaurants de luxe et la fameuse brasserie Bugman. On disait même que le public adéquat pouvait trouver ici l'insondable, mais ce n'était que des racontars.
Nos trois malandrins de l'Espace s'assirent sur les banquettes du Thorak Lounge. La baie vitrée donnait une vue sensationnelle sur les fermes solaires et l'armada des vaisseaux amarrés à l'astrocasino. Au centre de la pièce circulaire, deux beautés mortelles aux cheveux de cuivre et de feu faisaient une démonstration de leur talent. Dans leurs robes assorties, l'une se perdait à glisser l'archet sur les cordes de son violon. C'est ses cordes vocales que l'autre exerçait. Une chanson sur une passion dévorante au milieu des glaces. Piero tourna le regard. Les deux Gorions aussi imposants que laids attendaient devant la porte de la salle privatisée.
« Y a pas à dire il sait se faire languir l'autre Dumrolsson, soupira Snorri en regardant l'heure.
-Tu sais comment sont les tiens. Il attend que notre patience soit usée. Pas de négoces à faire après.
-Monsieur Forlantino. Son excellence est prête à vous recevoir. »
La minuscule secrétaire halfling termina sa révérence avant de sautiller en direction de la porte gardée par les deux bœufs.
Ils jetèrent un regard torve aux trois mousquetaires avant de claquer la porte à peine Fernando rentré.
Assis derrière son bureau de bois précieux, à contre-jour, le Dawi tira sur sa pipe. Piero le salua avant d'écarquiller les yeux.
« Mais enfin... Dwimir ?
-Oh. Dwimir est indisponible. Une affaire de dragon, une longue histoire et ce n'est guère important. Mais n'ayez crainte très cher. Je suis son frère. Thralin. Et je suis sûr que nous allons bien nous entendre.
-J'en suis persuadé. Pour ce qui est de notre affaire commune. On a d'excellentes nouvelles. »
Fernando posa la mallette sur le plateau. Le Dawi s'avança un peu, laissant ses yeux curieux et avides glisser sur le faux cuir.
« Il va sans dire que l'expédition fut âpre. Périlleuse, quasiment mortelle. Des semaines sous la chaleur infernale d'Arabis, nos communications coupées à cause du sable. Les autochtones à nos trousses. Sans compter les maraudeurs.
-Oh ça oui Piero. Terrible. Mais regardez ça, confrère. L'artefact égaré depuis le premier âge des Expansions, Snorri ouvrit la valise dans un claquement métallique, la relique de Mahak'gufeen.
-Fascinant. Taillée dans les os d'un dieu selon la légende. Et cette lampe ?
-C'est là toute le charme de l'inattendu. Figurez vous que nous avons déniché la Lampe de Khem.
-Le libérateur d'Arabis. En ces temps de guerre, on en aurait bien besoin.
-Les temps de guerre passent, la paix revient. Pour ce qui est de la paye...
-Les temps de guerre sont coûteux. Notre clan s'est engagé avec les bataillons de l'Ankorium pour pacifier les mondes dévastés par la Waaagh Grimzog. La guerre civile qui crépite chez les Aeldar ne va pas faciliter non plus. Cela rend les investissements dans des antiquités moins...prioritaires. Ne vous inquiétez pas. Nous avons promis que nous payerons. Et un Dawi ne revient pas sur une promesse. Seulement. Les montants estimés seront revus à la baisse.
-Tout de même, dit Piero en fronçant les sourcils. Je suis sûr que nous pouvons nous arranger. »

Une heure plus tard, deux humains et un dawi dépités sortaient, mallette sous le bras, du bureau.
« Je...
- Non. Juste non. On a reçu moins que ce qu'Arabis nous a coûté en lotion solaire. Et on a même pas refourgué la lampe. C'est une catastrophe. Je plie bagages. »
Snorri s'éloigna à grands pas, assez paradoxalement. Fernando lui, lança un regard triste à son compère.
« Je vais poser des rustines pour que le vaisseau tienne le coup. À tout à l'heure. »
Piero soupira. Regardant les plaquettes de monnaie avec pitié, il alla s’asseoir à nouveau au lounge. Là bas il n'était qu'un humain dépité en costume parmi tant d'autres. Ruinés. Désespérés. Il commanda un whisky et regarda tout autour. Cette citadelle d'acier restait si froide. Si désincarnée. Sous le vert des tapis de jeu et le rouge des fauteuils. Sans la musique et les croupiers. Une bâtisse glaciale pour un peuple qui l'était tout autant.
Il quitta le Thorak, se laissant errer dans les entrailles du casino. Sirotant son verre, il regarda se faire et se défaire les fortunes des puissants. Une poignée de jetons plus tard, il s'en alla les rejoindre, perdu pour perdu.
Dans cet océan de notables, le seul qu'il remarqua était attablé au blackjack. Les traits figés à cause des produits juvénilisants. La tenue outrancièrement tapageuse, dernière mode des Principats. Il tapota de ses doigts bagués sur ses cartes. L'aventurier s'avança, se plaçant entre lui et un gros bonnet de l'armement, posant ses jetons sur le feutre.
« Salut Papa.
-Oh, Piero. Quelle étrange surprise. Je pensais justement à toi.
-C'est vrai ? Le fils demanda une autre carte.
-Non. Mais cela fait tout de même plaisir de te voir.
-Plaisir presque partagé. Le valet noir hein ? Comment va ce bon Pedro ? »
Le Prince Emilio posa trois jetons en étouffant un soupir. Il tourna ses yeux vers son prodigue rejeton.
« Hélas, notre brave Pedro nous a quitté il y a bien longtemps. Tu devrais pourtant le savoir. Le temps s'écoule différemment pour eux.
-Même après toutes ces années, soupira-t-il. Tu penses encore que je suis l'un d'entre vous.
-Tu peux continuer ta fugue infantile autant de décennies que tu le voudras. Tu es de mon sang. Tu es mon fils.
-Et j'ai renoncé à tous les avantages que cela représente.
-En jouant dans le casino le plus réputé de la galaxie ?
-J'étais là pour le travail.
-Le travail. Un prince de la famille Salvadore, famille régnante d'une centaine de systèmes stellaires. Et tu travailles ?
-Faut bien pouvoir se louer ce tuxedo. »
Il récupéra sa mise. Sur un vingt. La chance lui souriait.
« Vivre en chien errant aux marges de l'univers... Regardes ce jeton. C'est Remassia. On y avait passé nos vacances une année avec ta mère. Tu te souviens ? Un monde magnifique. »
Il glissa le jeton sur la table. Tira les cartes. Vingt-trois. Il perdait face à la banque.
« Et sans ciller je viens de perdre Remassia. Je la gagnerais peut être plus tard, ou bien l'Ankorium aura une nouvelle possession. Pourquoi s'échiner à grappiller une poignée d'ankrédits ? Pour occuper les décennies de vie supplémentaire jusqu'au jour où un anonyme sur une planète oubliée de tous mettra fin à ton périple ?
-Peut être Papa, peut être. Peut être que c'est ça que je veux. L'inattendu. Défier le destin. Se sentir vivant après chaque imprévu sur mon chemin. Tout plutôt que la route dorée et bien droite de tes ouailles.
-C'est le Chaos dans ton existence que tu recherches alors. Et pourtant tu devrais savoir ce qui arrive à ceux qui s'aventurent sur le chemin du chaos.
-Je laisse le chaos aux cénobites. Je préfère dire que je suis en pleine valse avec la chance. Parfois elle est là et me sourit. Parfois elle se glisse loin de mon étreinte et je suis gros-jean. »
Il retourna ses deux cartes. Valet et dix de pique. Blackjack. Le pactole.
« Et on vient de terminer notre premier temps. Au revoir Papa. Je t'envoie un souvenir la prochaine fois que je retourne près du cœur de la galaxie. »
Un homme en costume au milieu des autres, un homme qui avait démultiplié ses gains. Il en aurait presque embrassé l'agent de change. Sans oublier la tête de ses quatre compères en le voyant débarquer sur le tarmac. Leur voie était peut être semée d’embûches mais ils avaient de quoi les enjamber : Un interplanétaire et un million de crédits.


La jungle d'Ostonao. Sur une planète quelconque. Cet océan de cimes vertes avait été balayé par la guerre depuis quelque semaines. Les colonies humaines indépendantes subissaient l'assaut d'un détachement des rebelles aeldars qui voulaient utiliser la planète comme avant-poste.
Les batteries des dévots de la matriarche déchue pilonnaient les positions des locaux. Dans les tranchées, le jeune conscrit tremblotait en serrant contre lui sa vieille pétoire. Puis l'artillerie cessa.
L'infanterie aeldar s'élança. Les quelques survivants en état ne faisaient pas le poids face au nombre. Il se retrouva face à face avec une soldate en armure tactique. Elle pointa son fusil sur lui. Une détonation. Et elle s'écroula dans la boue. Le gosse regarda derrière lui. Les renforts. Les interplanétaires de l'Armada libre se posaient derrière leurs lignes. Les soldats de fortune se précipitèrent pour le choc frontale.
« En avant vermines ! Y a du pognon à se faire et des gens à sauver ! »
Des éclairs sortirent d'un boyau un peu plus loin. Des dizaines d'indésirables de la galaxie répliquaient aux tirs des Aeldars. Un homme se laissa glisser à ses côtés, avant de tirer au pistolet sur les Drannachs en approche. Il se fit rater de peu par une balle.
« C'est pas passé loin. T'en dis quoi gamin ? On s'assure de rester en vie et de continuer notre périple ? »
Les frontières de l'inconnu stellaire étaient sans cesse repoussées. Par des hommes et des femmes qui menaient une vie rude et semée d’embûches. Mais rien ne pouvait les entraver définitivement.
Car l'espace souriait à ceux qui avaient des drôles de rêve et l'audace de les réaliser.
Modifié en dernier par Piero Orsone le 20 déc. 2021, 22:26, modifié 1 fois.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
Profil: For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80

Lien: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio
Image
"Ma qué ?!"

Tu vuo' fa' ll'americano
mericano, mericano...
ma si' nato in Italy !

Avatar du membre
Catuvolcos
PJ
Messages : 123

Re: Concours: À la mode de... Participations

Message par Catuvolcos »

Catuvolcos version espion de Sa majesté
Le bruit des vérins ouvrant la portière me sortis de mon sommeil, il faisait sombre dans l'habitacle, éclairé seulement par une petite loupiote rouge. Le vent s'engouffra dès lors dans le transporteur, balayant dans tous les sens ma chevelure, pestant je les aplatis en arrière comme je pouvais et enfilai mon gaineau en prenant soin de bien le mettre conformément.

Le largueur qui selon sa couleur de peau et son grade faisait partie du prestigieux corps auxiliaire des Gurkhas Injien, me rit aux nez : Vous êtes bien malins vous les tombeurs du Intleacht Mhíleata avec vos coupes non réglementaires et vos mèches.

Riant de plus belle à mon tour je lui rétorquai qu’il était mal placé pour me dire ça avec sa moustache traditionnelle ridicule.

Sinon fermez vos gueules non, dois-je vous rappeler que l’on survole en ce moment en toute illégalité le foutu espace aérien du Reich Sylvanien, alors bouclez là et préparez-vous zone de saut dans 5 mikes.

Pffff encore ce petit avorton arrogant ayant fait ses études à la très prisée université d’Ogham, un enfant gâté mais dont le talent de pilote n’était plus à prouver. Je pris position en donnant ma sangle à mon comparse Gurkhas, good luck mate me dit-il.

Les deux bras tendus sur les bords le vent me fouettant le visage, je m’efforçais de regarder l’horizon nocturne et non en dessous de moi.

Bordel ya la putain de chasse de nuits des nécro-fachos qui se pointe à l’horizon, pas le temps d'être paufin sur ce coup-là, va falloir sauter fissa now !

Ma dernière pensée avant de me projeter dans le vide fut de me dire dans quel bourbier je m’étais encore mis. Puis je me pris une comme une grande claque venteuse.

48 heures plus tôt…

J’attendais patiemment devant la porte, depuis le temps que je patientais, j’avais eu tout loisir d’observer le lieu de fond en comble, les bureaux du ministère avaient été selon la légende construite sur les ruines du légendaire grand cercle, cela s’en ressentait dans l’inspiration du lieu, des fresques narrant les exploits des premiers hommes d’Albion, de la guerre originelle jusqu'à l'invasion continentale mes ancêtres avaient été de tous les conflits compensant leurs retards technologiques par leurs vaillances et leurs flegmes. Hélas les temps changent et la force brute ne rimait plus à rien maintenant que l’en pressant un simple bouton une nation pouvait déclencher une véritable tempête de feu nuclpierre, je lui en foutrais moi au docteur Skaven qui avait crée cette arme, tout ça pour que sa race se retrouve exterminée par la suite et dut vivre sous terre le restant de leurs jours pouah…

La porte s’ouvrit et le garde habillé dans son costume rouge aux motifs tourbillonnants de la Mère m’ouvrit.

Agent Catuvolcos le premier Lord est prêt à vous recevoir.

Le premier Lord en question était bedonnant l’oeil terne et le front dégarni, je me fis la réflexion que le temps où les plus forts commandaient sur Albion était révolu, mais ça c’était sans compter sur l’intellect et la capacité de prise de risque s'en flancher hors normes de notre cher élu.

C’est un honneur Monsieur.

Hum asseyez vous, je ne vais pas perdre mon temps de faire un cours d’histoire à un agent du renseignement militaire, mais comme vous le savez, depuis maintenant 30 ans et la fin de l’invasion continental, malgré l’arrêt de la guerre suite à des frappes nuclpierre sur Nagashizzar la menace vampire reste tenance. Notamment notre voisin du Reich Sylvanien qui se rêve de revêtir l’ancien empire des hommes du continent mais à leurs sauces fascistes et vampiriques. Mes alliés du Commonwealth m’ont fait parvenir des informations sensibles. Il se prétend que Vladof Von Carstein est en train d'expérimenter un programme d’armement nuclpierre. Vous vous doutez bien qu’il est déjà difficile pour nous et nos alliés Asuriens de leur tenir la dragée haute avec leurs pouvoirs maléfiques, si jamais il venait à acquérir l’arme cela compromettrait gravement le rapport de forces.

Je fais appel à vous car votre ancien maître le regretté Sir Puppet m'avait énormément vanté vos capacités. Un prototype des services de la couronne vous attend à l'aéroport de Cealthrow, il vous emmènera tout en furtivité en plein coeur du reich, vous n’aurez qu'à sauter de cet avion le moment venu et de rentrer en contact avec le partisan voilà une lettre qui ne faudra ouvrir qu'après l'atterrissage elle contient la suite des instructions, puis je compter sur vous agent.

Je me levai de ma chaise capitonnée, me mit au garde-à-vous et dit : Comme toujours premier Lord pour Albion et la Haute-Reine !

Présent…

Voilà le topo, j’ai atterri comme j’ai pu puis j’ai ouvert la lettre indiquant la position du point de rendez-vous, voilà vous savez tous alors vous me dites la suite des réjouissances.

L’homme devant moi était resté placide depuis le début, il était grand, la peau sombre typique des hommes habitant plus au sud que l’Arabie.
Image
Quand je suis arrivée aux Reich je pensais pouvoir fuir les persécutions et vivre tranquillement me dit-il en me laissant paraître des canines saillantes, mais c’est encore plus hypocrite que par-delà les mers ces foutus von Carstein et leur soi-disant supériorité vont voir ce que ça fait de se payer de ma tête, camarade du monde libre je vais tous t’expliquer mais d'abord va falloir te changer.

Me voilà en costume deux pièces prêtes à pouvoir y aller dans cette boîte de nuit branchée de l’est sylvanien, le trajet fut rapide malgré le brouillard ambiant la route était dégagée et le vampire roulait le pied au plancher. À pied en ville je pris bien soin de le suivre de près, un humain seul se faisait vite vidé de son économie mais pas que dans ces villes sinistres. L’entrée dans le club le "Blood Circle'" fut sans encombre étant donné la présence vampirique du collègue, les deux gorilles aux teints blanchâtres qui servaient de videurs acquiescèrent de la tête et ouvrirent les portes battantes.


L’ambiance était survoltées Humains et Vampires dansant, buvant, s'enlaçant et se droguant par centaines, la musique était très forte et pulsait sur un rythme démentiel, comme convenu je me séparais de mon collègue à la peau sombre lui partant sur le bar moi me frayant un chemin sur mon objectif, partout les corps se bousculaient, suaient, se touchaient. Une belle vampire à la chevelure rouge vint se presser contre moi, "dis mon joli je me sens si seule tu veux pas venir danser avec moi". En voilà une qu’il voulait me mettre sous sa dent dans tous les sens du terme, lui déposant un baiser sur la joue je lui susurrai que plus tard je serais tout à elle ou presque. Tant bien que mal je traversai la boîte de nuit, traversant le flot des fêtards j'essayais de deviner qui étais vivant et qui ne l’étais plus. Mais il faillait dire qu'avec cette mode stupide d'avoir la peau bronzée, les autobronzants pour Nécromants faisaient fureur et tout cela rendait mon observation plus difficile.Détournant le regard par moments devant des scènes vampiriques qui me donnait des hauts le cœur, j'espérais ne pas me recevoir une de ces célèbres "Blood Bath" fréquente dans les boîtes de nuit de Sylvanie. Pff des vampires fascistes et puis quoi encore, c'en était presque à regretter l'époque du grand ennemi Nagash.... Je me rendais bien compte que j’attirais le regard, ces êtres de la nuit devait trouver mon odeur différente du Reichlander habituel, ils avaient devants eux un pur produit de la perfide Albion.

J'accélère le pas et monte à l’étage où s'étalent les divans et toutes sortes de couples, là je vis enfin mon objectif, se prélasser sur un sofa.

C’était un espionne bien plus doué, ancienne et jolie que moi, la célèbre Lucry servant la néo-sororitée.

Ah c’est donc vous le fameux bouseux d’Albion que mes sœurs m'envoient récupérer allez suivez-moi.

Elle me fit entrer dans un petit boudoir servant il me semblait normalement à pratiquer toutes sortes d’activités: De la relation charnelle aux meurtres par exsanguination. J’étais d’humeur taquine.

Hum comme ça dès le premier soir ?!?

La claque que je me pris me retourna la tête, wouah la différence de force entre nous deux devait être abyssale.

Écoutez-moi plutôt espèce de coujat des îles brumeuses, regarde ma main plutôt ce que je tiens c’est la capsule contenant les plans des installations scientifiques planchant sur la fission de la malepierre et tu sais quoi ça donne quoi la fission gros malin.


De la nuclpierre…

Ah tu ne sers donc pas à rien prend cette caspusle et va la remettre à ta Haute-Reine, elle seule et tes alliés Asuriens ont les moyens de détruire ces installations, fait le bien, deux de mes sœurs sont mortes pour l’obtenir ses plans allez vas.

Je n'ai pas le droit à un baiser d’adieux di-je en souriant.

Vite avant que je te vide de ton sang !

Je sortis du boudoir et commenca à me diriger vers le bar où se tenais un étrange concours ou le but étais de boire le plus grand nombre possible d'un liquide un peut trop rougeâtre à mon gout, tient je me rendis compte que la musique avait changé.
Commençant à déambuler parmi la masse en délire, je vis de loin des vampires à l’air revêche tous habillé de cuir noir, marchant dans ma direction et point encore plus mauvais il suivait la vampirette aux cheveux rouges de tout à l’heure, cerise sur le gâteau elle me pointa du doigt. C’est dans ces moments-là que je remerciais la couronne de m’avoir fait subir l’un des entraînements le plus pénible du monde connu. En un éclair je sortis mon 9 mm compact de sous ma veste et neutralisa les deux vampires en cuir. Le bruit des tirs fut atténués par le brouhaha ambiant mais pas assez pour déclencher la panique.

Là ce fut le chaos entre les fêtards, qui se bousculaient, la musique en fond, et les renforts ennemis. Je savais que ces types habillés de cuir étaient des durs, des scions von Carstein sélectionnée et fanatisée au credo vampirique dès l’enfance mais malheureusement pour eux il avait un agent spécial de sa haute majesté en face d’eux. Progressant à travers la foule et abattant à la suite mes ennemis, je vis même bondir du bar mon collègue aux lunettes de soleil sortant deux pistolets et abattant sans sommation.
Le combat était furieux les tirs pleuvaient dans tous les sens. Je ne sais comment un Von Carstein se retrouva dans mon dos en tenta de me mordre la jugulaire, je pus in extremis lui agripper la tête et le balancer au sol, je n'avais même pas le temps de l’abattre que déjà un deuxième me bondissait dessus et me renversa au sol. Alors qu'il s'approche pour me finir je pus le projeter en me servant de mes jambes, là dans cette position dos au sol je pus les abattre sans contrainte.
Me relevant je pointai mon arme sur un énième vampire, bang le coup parti mais je ne sais comment cet enfant de mort, part je ne sais qu'elle prodigieux réflexe, esquiva la balle, pour se retrouver nez à nez avec moi. Mon arme était à sec et pas le temps de recharger, me soulevant par les épaules il me lança contre la foule que je percutai brutalement.
À moitié assommée, le vampire me pris par le cou et commença et se pencher dangereusement trop près de ma carotide à mon gout. Mais cela causa sa perte au lieu de me neutraliser directement il voulait s'amuser et bien il allait en avoir pour son argent. Prenant la dague cachée sur mon mollet droit, je la lui passai en travers de la bouche. Hurlant de rage et de douleurs il me reposa sans perde une seconde je recharge mon arme et l'abats de deux tirs dans la tête.
Tant bien que mal nous purent sortir du club, non sans gratifier les deux gorilles de l’entrée d'un doublé tête, passant par les égouts putrides de cette ville, puis longeant les taudis humains nous purent finalement retrouvé le véhicule et bondirent dedans. Le pieds aux planchers, la vétusté des routes Sylvaniennes et le brouillard nous arrangeait bien, nous voilà traçant direction plein nord en terrain neutre. En place arrière je tirais sur des espèces de grosses chauves-souris qui nous poursuivais, mais le bolide du comparse finit par les semés.

Si jamais nous réussissons à franchir la frontière de l’Union des Républiques Socialistes Kislévites nous étions tirés d'affaires. Là direction l'ambassade d’Albion un coup de fil et un coup de fax et les centres secrets de fission du Reich seraient compromis.

Dis-moi mais tu t’appelles comment enfaite ?


Le vampire a la peau sombre se contentât de me lancer un grand sourire bien blanc et pointu…
Modifié en dernier par Catuvolcos le 19 déc. 2021, 16:48, modifié 4 fois.
Catuvolcos, Voie du Druidisme
Profil: For 8 | End 9 | Hab 9 | Cha 9 | Int 12 | Ini 9 | Att 10 | Par 8 | Tir 9 | Foi 13 | NA 1 | PV 35/75 | San 41/49
Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... catuvolcos

"La nature est par définition incontrôlable. Le mieux que l'on puisse faire est d'essayer de l'influencer, mais toujours on reste soumis à ses caprices."
Familier : Renard
Image

Avatar du membre
Nola Al'Nysa
Warfo Award 2022 du meilleur PJ - Etoile Montante
Warfo Award 2022 du meilleur PJ - Etoile Montante
Messages : 87
Profil : FOR 11 / END 8 / HAB 9 / CHAR 8 / INT 9 / INI 8 / ATT 11 / PAR 11 / TIR 9 / FOI 0 / NA 1 / PV 65
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_nola_al_nysa
Localisation : Myrmidens

Re: Concours: À la mode de... Participations

Message par Nola Al'Nysa »

Thème retenu : High Fantasy

Frissonnante de froid, je laissais le timide soleil de l’après-midi me réchauffer tandis que j’ajoutais du petit-bois dans le feu et approchais mes mains des maigres flammes. Je m’enveloppai ensuite dans mon lourd manteau de fourrure, bus un peu d’eau-de-vie et touillai ma soupe. Il me fallait ajouter régulièrement de l’eau car les légumes secs se ramollissaient avec une lenteur désespérante. J’attendis donc, assis auprès de mon feu, en l’alimentant de branchages ou de brindilles. Au bout de quelque temps, je rouvris les yeux et m’efforçai de déterminer si j’étais épuisé de coups ou simplement recrue de fatigue, mais j’estimai rapidement l’entreprise aussi futile que l’inventaire de mes plaies et bosses, et je m’attaquai à ma soupe telle qu’elle était, avec les haricots encore un peu croquants. Je souris amèrement en pensant au fait qu’il y a encore seulement deux jours, nous nous interdisions de faire du feu de peur de guider nos ennemis vers nous, mais ils étaient maintenant assez proches pour que se dissimuler ne serve plus à rien.
Wagner se laissa lourdement tomber à côté de moi avec un long soupir de fatigue. « Quel foutu froid, j’ai l’impression d’être gelé depuis des jours… ». Sans dire un mot, je lui tendis un bol de bois qu’il entreprit de remplir à son tour de soupe tiède avant de lui aussi commencer à mâchouiller en silence, les yeux perdus dans le vide. Je jetais un regard circulaire au bivouac et à notre troupe hétéroclite et constatais chez tout le monde le même abattement. Cela faisait maintenant une dizaine de jours que nous étions pris dans une course-poursuite avec les forces du mal à nos trousses et malgré tous nos efforts, nos poursuivants gagnaient chaque jour un peu plus de terrain.

Ces dernières années, la situation du vieux monde s'était dégradée. De l’est, des armées entières de peaux vertes, d’hommes bêtes, d’orques et de toutes autres engeances du mal, guidées par Darraluuth, un puissant sorcier, avaient commencé à se déverser sur les terres de Kislev et de l’empire. Dans un premier temps, les hommes s’étaient dressés seuls face à cette menace, mais, les mois et les années passant, les autres peuples avaient à leur tour pris conscience de l’urgence de la situation, les elfes étaient sorti de leur forêt et les nains de leur montagne afin de venir en aide aux hommes pour endiguer ce raz-de-marée maléfique. Mais leurs efforts furent vains et, bien qu’ils parvinrent à retarder l’avancée de ce qu’on appelait maintenant l’armée des ténèbres, celle-ci continua petit à petit de gagner du terrain, et cela, malgré tous les efforts des peuples libres pour endiguer l’invasion. Les territoires tombaient sous le contrôle de Darraluuth et le désespoir se répandait à travers les terres de l’ouest.
C’est à ce moment, qu’une puissante magicienne elfe proféra une prophétie qui, si elle s’accomplissait, pourrait changer le cours du conflit. D’après Loreleia Naefiel,
« Celui qui a le pouvoir de vaincre le seigneur noir approche. Il est né sur la terre qui la première a vu le sang couler. Lorsque les frontières disparaîtront, lorsque les temps seront si sombres que même l’espoir semblera s'éteindre, il s'élèvera. Habité de flammes, il rallumera la lumière de la résistance. Il disposera d’un pouvoir que le seigneur noir ignore, et lui seul possède la force de le détruire. Quand les combats atteindront leur apogée, et que le destin devra choisir un camp, l’élu s’avancera et dans ses mains, reposera l’avenir des peuples libres. »

Image
Cette prophétie fut présentée par les elfes à Altdorf au conseil des trente, une assemblée constituée de représentants de chacun des peuples libres ayant pour but d’organiser la défense des terres de l’Ouest. Le conseil rendit son verdict, il fallait trouver au plus vite cet élu et le mettre en sécurité afin de juger si oui ou non, il avait le pouvoir de mettre fin aux combats et de ramener la paix dans le vieux monde. Le temps pressait et des dizaines de groupes expéditionnaires furent mis sur pied pour se lancer à l’est, au-devant des forces du mal afin d’essayer de localiser ce fameux élu. Au fil du temps, la prophétie se répandit dans tout le monde libre et de nombreuses personnes, désireuses de fuir la guerre ou attirées par l'appât du gain, se présentèrent d’elles-mêmes au conseil des trente ce qui ralentit considérablement la quête pour trouver le véritable élu. De son côté, Darraluuth avait lui aussi eu vent de la prophétie et s'était également mis en tête de trouver celui ou celle qui était destiné à le détruire afin de l’anéantir avant qu’il ne puisse développer ses pouvoirs et accomplir son destin. Il envoya à son tour des groupes de créatures s’infiltrer derrière la ligne tenue tant bien que mal par l’armée libre de front pour semer la terreur dans les villes et villages de l’empire et mettre la main sur celui qui, disait-on, aurait le pouvoir de le briser.
Finalement, après plus d’un an de recherches, alors que je parcourais les terres de l’est avec mon unité de recherche, nous eûmes vent d’une rumeur racontant qu’un jeune fermier avait détruit tout un régiment d’hommes bêtes alors que ces derniers, s’étant infiltrés profondément dans les territoires impériaux, avaient attaqué son village et tué sa famille. Sans perdre de temps, nous nous étions rendus sur place et avions découvert les ruines d’un petit village carbonisé, le jeune homme en question était là lui aussi. J’avais pénétré la première dans les ruines de sa propriété, le spectacle était désolant : l'étable était vide, le potager à l'abandon, et des outils traînaient disséminés çà et là. J’avais descendu les quelques marches qui menaient à la maison, et m’étais approché de la porte d'entrée entrouverte. Lorsque je l’avais poussé, ses vieux gonds avaient gémi. À l'intérieur, il faisait sombre et il régnait une odeur de mort. Un homme était pendu au plafond, une femme et une petite fille gisaient à terre dans une mare de sang. Les habitants du village nous racontèrent qu’alors que sa famille se faisait massacrer sous ses yeux, le jeune homme était entré en transe et qu’une vague de feu avait surgi tout autour de lui, détruisant sur son passage tous les hommes bêtes qui l’entouraient. Évidemment, cela fit écho en nous avec la prophétie et nous décidâmes d’emmener le garçon, Markus de son prénom, avec nous pour le présenter à Loreleia Naefiel en personne. Nous n'eûmes pas de mal à le convaincre de nous suivre, il avait perdu tout ce qu’il possédait et nous l’avions prévenu que s’il restait, des forces du mal viendraient elles aussi vérifier s’il était l’élu, ce qui ne pourrait qu’apporter encore plus de malheur sur son village et ses habitants. Le temps nous était compté car nous nous doutions que les sbires du seigneur noir devaient déjà être en route. Le soir même, notre compagnie repartait vers Altdorf accompagnée de Markus et de ses deux amis les plus proches Sven et Tanja.

Cependant, les choses ne se passèrent guère comme nous l’aurions souhaité. Quelques jours après notre départ, un des elfes qui composaient notre groupe et que nous avions volontairement laissé derrière nous pour surveiller nos arrières et nous prévenir quant à d’éventuels poursuivants nous rattrapa et confirma nos plus grandes craintes, une grande horde était à nos trousses et elle progressait rapidement. Lyra Daejeon, l’elfe qui commandait notre unité, prit la décision de changer de direction pour aller trouver refuge dans les montagnes auprès des nains du Karak Hirn et la longue course-poursuite commença. C’était l’hiver et la neige nous ralentissait tout comme l'inexpérience à cheval de nos trois jeunes protégés et malgré tous nos efforts, la horde ennemie avançait sur nous inexorablement. C’était un vrai jeu de bluff qui se mettait en place, nous ne faisions quasiment jamais de pause et alternions entre des phases de trots pour dépasser un tertre ou une colline qui nous dissimulait à la vue de nos poursuivants et des phases où nous marchions à côté de nos montures pour leur permettre de se reposer durant le moment ou ceux qui nous chassaient ne nous voyaient plus. Pourtant, malgré cela, la horde ne ralentissait pas et la distance qui nous séparait de nos ennemis diminuait encore et toujours.

« Allez tout le monde, c’est l’heure de bouger, on lève le camp. Départ dans 5 minutes ». L’ordre de Jens, le commandant en second de notre unité, un vétéran impérial qui avait fait plus que ses preuves au combat, me tira de mes réflexions. Secouant mes membres engourdis par le froid et courbaturés par les efforts des dernières semaines, je m’affairais à remettre ma selle sur le dos de ma jument et à bien accrocher tout mon paquetage. Je remis mon outre d’eau-de-vie dans mes fontes et en fis un rapide inventaire : quelques biscuits secs, un peu de tabac et des lanières de viandes séchées, rien de bien réjouissant. En quelques minutes, le petit groupe était prêt à partir pour une nouvelle chevauchée interminable. Nous étions quinze, quatre elfes dont la commandante Lyra, sept hommes, des impériaux mais aussi un kislevite et deux bretonniens, nos trois jeunes protégés et moi, Nola, l’amazone de Lustrie, qui avais découvert ce monde malgré moi, et ce depuis le pont d’un navire pirate, et qui me retrouvait là, bien loin de chez moi à me battre pour une cause qui me dépassait largement.
Nous partîmes au trot, nos montures protestant contre ce mauvais traitement, mais nous n’avions pas le choix. Je me portais à la hauteur de Jens et les trois jeunes paysans me suivirent.
« Alors capitaine, quelles sont les dernières nouvelles ? »
« Apparemment, Elauthin les a aperçus tout à l’heure qui franchissait le col que nous avons passé ce midi. Ils sont juste derrière nous. » Un frisson me parcourut alors qu’il posait sur moi un regard résigné. Nous étions encore trop loin d’après les dires de mes compagnons pour espérer atteindre la montagne et la protection des nains avant que la horde ne nous rattrape et tout le monde en avait conscience, bien que personne ne l’évoquait jamais à haute voix.
Nous chevauchâmes ainsi toute la nuit durant, ne faisant une pause pour faire boire nos chevaux qu’au petit matin. L’humeur était morose et personne ne parlait, chacun étant trop occupé à ruminer ses sombres pensées et à tenter de se réchauffer tant bien que mal pour avoir l’envie de discuter. Ce n’est que vers midi que nous aperçûmes pour la première fois la horde à nos trousses. C’est Tanja qui les repéra, alors que nous étions au sommet d’une colline, ils émergèrent de la forêt que nous avions quitté peu de temps auparavant.

« Je ne les pensais pas si proches » murmura Lyra à côté de moi. Elle échangea un regard entendu avec ses congénères aux longues oreilles. L’espoir revint pourtant dans l’après-midi lorsque les premiers contreforts des montagnes noires se détachèrent plus nettement au loin, il nous semblait même distinguer la passe des deux filles qui, une fois franchie, devait nous permettre d’être hors de portée de nos poursuivants. Cependant, avant d’atteindre cet abri, il fallait traverser une dernière forêt. Nous nous engageâmes sous la cime des arbres sans un regard en arrière alors que la nuit tombait. La neige rendait notre progression laborieuse et nous ralentissait, tout comme les branches des conifères qui poussaient en tous sens et nous obligeaient à des détours interminables mais qui avaient au moins l’avantage de nous protéger du vent froid qui soufflait sans discontinuer dans les plaines de cette région. J’étais habitué à la forêt, mais celle-ci était différente en tout point à ma jungle natale, les arbres, le sol, la faune, rien ne me rappelait ce que j’avais connu en Lustrie. Et ce froid, cette neige, comment pouvait-on vivre dans ce climat ? Avant cela, je pensais avoir connu le froid, quand, mouillée par les embruns sur le pont d’un navire, je travaillais à hisser une voile ou aidais à maintenir un cap, mais je me rendais compte aujourd’hui que cela n’était rien comparé aux températures dans cette région du monde.

Image
La nuit commençait à tomber lorsque nous les entendîmes pour la première fois. Ils nous talonnaient maintenant de près, mais avec les arbres et la neige, nous ne parvenions pas à les situer précisément. Alors que je m’attendais à la voir accélérer, Lyra nous donna l’ordre de nous arrêter. « Nous avons fait ce que nous avons pu durant ces derniers jours. Mais il n’est maintenant plus temps de fuir devant nos ennemis. Mes frères elfes vont rester derrière nous pour tenter de les ralentir. Si malheureusement, cela ne suffit pas, je compte sur le courage des hommes pour faire le même sacrifice. » Les uns comme les autres, nous nous regardâmes en hochant la tête, chacun semblait prêt au sacrifice ultime pour retarder la horde et permettre aux peuples libres de garder un espoir dans la lutte contre le mal. J’interceptais un regard échangé entre Tanja et Markus, ils étaient terrifiés, et cela, je le comprenais parfaitement. Il y a encore quelques semaines, ils n’étaient que de simples paysans de l’est de l’empire, et ils se retrouvaient maintenant perdus dans une forêt enneigée, de nuit et avec une horde de créatures à leur trousse.
Sans plus de cérémonie, le groupe se scinda en deux, les elfes à l’exception de Lyra restèrent sur place tandis que nous poursuivions notre route en tenant leurs chevaux par la bride. Je me retournais sur ma selle pour jeter un dernier regard en arrière, et j’eus tout juste le temps de les voir disparaître dans les hauteurs des arbres de la forêt, leurs longs arcs de bois dans le dos. « Faites pleuvoir la mort sur ces créatures et envoyez- les se faire foutre. » marmonais-je pour moi-même.

Nous continuâmes d’avancer à un rythme plus soutenu. Une dizaine de minutes après avoir laissé nos compagnons derrière nous, de grands rugissements retentirent, brisant le calme de la forêt. Un frisson d’angoisse me parcourut l’échine. Le vacarme dura un moment, puis le calme reprit ses droits et plus un son ne nous parvint. Nous avonçions toujours dans le noir, parfois, un rayon de lune perçait la voute impénétrable de la forêt et éclairait notre chemin, je me demandais comment Lyra pouvait être sur d’aller dans la bonne direction car j’étais moi-même incapable de m’orienter dans ce labyrinthe vert et blanc. Au bout d’une demie heure, nous fîmes halte pour écouter les sons en provenance de la forêt. Dans le noir rien ne semblait bouger et nous retenions notre souffle, une tension électrique s’était emparé de notre petit groupe de survivants. Les montures étaient nerveuses et ne tenaient pas en place « On dirait que tout est calme » dit Sandro « chuuuuut » lui répondit Lyra en lui intimant d’un geste de se taire. Au même instant, un craquement retentit dans les buissons juste derrière nous, suivi l’instant d’après d’un sifflement et Sandro s’effondra dans la neige, une hache de guerre plantée dans le dos.

« ILS SONT SUR NOUS » cria Lyra en piquant sa monture ! Nous partîmes tous dans un galop effréné. Je fus surprise de voir que nos montures étaient encore capables de courir, mais je pense qu'elles étaient autant effrayées que nous par les créatures qui surgirent de l’obscurité et se jetèrent à notre poursuite. Cependant, ce regain d’énergie ne dura pas et très vite, la jument comme les chevaux des autres eut de la peine à garder le rythme. Au moment où Jens s’arrêta pour se retourner et attendre l'arrivée de nos ennemis, j’avais moi-même déjà ôté mon lourd manteau de fourrure et commencé à m’attacher les cheveux à l’aide d’un ruban de tissu comme je le faisais toujours avant un combat. Aucun mot ne fut prononcé, je mis pied à terre comme l’ensemble des hommes présents et nous prîmes position en silence dans la petite clairière. Je croisais le regard de Tanja alors qu’elle disparaissait dans la nuit accompagnée de ses deux compagnons à la suite de Lyra, un regard glacé d'effroi et de tristesse et, à ma grande surprise, je parvins à lui sourire. Tapotant l’encolure de ma monture, je lui murmurais à l’oreille « File ma belle, tu as fait plus que ton travail, va et ne reste pas dans les parages ». Elle me donna un petit coup de tête dans la poitrine avant de s’en aller lentement à la suite du groupe qui poursuivait son chemin.

Étonnamment, après des jours entiers à fuir, j’étais presque contente que cela soit enfin terminé, je fis quelques pas dans la clairière, étirant mes jambes endolories et bougeant mes épaules pour m’échauffer, le calme m’avait envahis et je me sentais bien. Je respirais profondément l’air froid de la nuit et expiré lentement, produisant un petit nuage de buée. Puis, je sortis mes deux sabres et à l’instar de mes camarades, je me campais fermement sur mes deux jambes, attendant que la horde se jette sur nous. Jens prit la parole : « Merci à vous mes frères pour le sacrifice que vous vous préparez à faire. Peu importe ce qui franchira la lisière de ces arbres, nous vendrons chèrement notre peau et nous en emmènerons le plus grand nombre avec nous. Un jour viendra peut-être ou le courage des hommes faillira, mais ce jour n’est pas arrivé. Aujourd’hui, nous nous offrons en sacrifice pour tout ce qui nous est cher sur cette terre, alors dites le avec moi : à mort !! » et tous reprirent en chœur à plusieurs reprises « À mort !! À mort !! »
Le calme retomba sur la clairière, et quelques flocons commencèrent même à tomber paresseusement autour de nous. Puis, les monstres émergèrent de la forêt pour se positionner face à nous. Ils étaient nombreux, hommes bêtes, peaux vertes, gobelins, orques et autres créatures que je ne savais identifier.

Nous nous affrontâmes du regard pendant une seconde qui parût durer une éternité, puis dans un mélange de cris et de beuglement, ils se jetèrent sur nous. « RESTEZ EN GROUPE ET TENEZ LA LIGNE ! » hurla Jens, quelques instants avant l’impact. Je me jetais en avant, évitant une première créature qui avait bondi sur moi et heurtais un imposant peau verte de l’épaule. Je me dégageais et d’un coup de sabre lui ouvrit le ventre. La créature poussa un cri en s’effondrant mais déjà, deux gobelins bondirent sur moi, j’en accueillis un d’un coup de pied en l’air et l’autre m’agrippa au niveau du torse en m'entrainant dans sa chute. Nous roulâmes dans la neige et je me relevais la première, faisant siffler ma lame, je fis taire ses affreux petits rictus de plaisir. Je me retournais pensant affronter le second gobelin mais à sa place, je me retrouvais face à un orque massif qui m'assena un coup rotatif de sa massue énorme. Je me baissais au dernier moment et j’entendis derrière moi un tronc d’arbre exploser sous l’impact. Je voulus me relever mais dû au contraire faire un nouveau bond sur le côté pour esquiver un nouveau coup visant à m’enfoncer dans le sol. Un homme attaqua l’orque ce qui m’offrit une diversion, je me redressais et me jetais sur la créature mais elle me saisit au vol en m’envoya voler quelques mètres plus loin. J'atterris contre un tronc d’arbre et m’affalais dans la neige à son pied. Me relevant péniblement, j’en profitais pour éliminer deux créatures qui se tenaient dos à moi et qui parurent surprises de me voir arriver derrière elles. Le combat se poursuivit ainsi pendant un moment, nous reculions petit à petit, forçant nos adversaires à payer un lourd tribut pour chaque mètre de terrain gagné et, au bout d’un moment, je me retrouvais seule avec Jens et Metody, un kislevite bourru mais diablement redoutable au combat. Mes deux compagnons étaient encore plus mal en point que moi et je savais que nous ne pouvions plus tenir bien longtemps. Nous jetâmes donc nos dernières forces dans la bataille. J’esquivais un coup de hache d'un homme bête et l’attrapais par une de ses cornes pour le tirer en avant et profiter de son élan. Je plantais ma lame à la base de son cou et l’enfonçais profondément. La retirant, je me déportais en arrière pour éviter l’orque qui arrivait à sa suite, tandis que j’affrontais ce nouvel ennemi, je ne vis pas le gobelin qui arrivait derrière moi et ce dernier me planta son poignard derrière la cuisse. Dans un cri de douleur, je me débarrassais de mon premier adversaire puis fis volte-face et d’une attaque combinée de mes deux sabres, fit sauter l’affreuse tête de la sournoise créature qui m’avait blessé. Nous étions en train d’être complètement dépassés, je reçus une nouvelle blessure au bras, la lame d’un orque franchissant ma garde sans que je ne puisse rien y faire. Jens fut le premier à tomber sous les coups de trois gobelins qui le mirent en pièces. Metody se rapprocha de moi et, dans un grand éclat de rire il me dit « Et il n’en resta que deux... Que le meilleur gagne Nola ! » avant de se jeter à la rencontre d’un orque. Alors qu’il abattait son ennemi, je le vis avec horreur se faire littéralement trancher en deux par une créature dont j’avais entendu parler, mais que je ne croyais pas voir un jour. Sortant de la pénombre, un minotaure s’avança vers moi et, marchant sur le cadavre du Kislevite, il rejeta sa gueule en arrière pour pousser un cri à vous faire faire des cauchemars pour le restant de vos jours.

Image
Je fis quelques pas en arrière et butais sur le corps de Jens, je me retrouvai allongé sur le dos dans la neige. La créature se tourna vers moi et je reculai en rampant avant de me retourner pour m’enfoncer en boitant dans la pénombre de la forêt. Ma blessure à la jambe me gênait trop pour que je puisse courir. J’ôtais le bandeau de mon front et m’en servi comme bandage de fortune pour ma jambe avant de reprendre ma pénible progression. Je savais que je ne pourrai pas semer les créatures qui en avaient après moi mais j'espérais faire gagner encore un peu de temps à Lyra, Markus Tanja et Sven.
À mon grand étonnement, je finis par sortir de la forêt, j’étais arrivé sur un plateau enneigé battu par les vents et qui montait en pente douce. Je m’aperçus que le jour se levait et me rendit compte que j’avais totalement perdu la notion du temps depuis le début des affrontements dans les bois durant la nuit qui venait de s'écouler. Je continuais ma progression quand j’entendis un cri derrière moi. Me retournant, je vis le minotaure accompagné de toute sa horde sortir des arbres et se diriger vers moi. Il ne courrait pas, mais ses jambes puissantes et les grandes enjambées qu’il faisait lui permettaient de me rattraper sans difficulté. « Fais chier ! » dis-je à voix haute en maudissant ma jambe blessée et ma lenteur exaspérante. Au bout d’un moment, j’atteignis néanmoins le haut de la pente, et je commençais à partir d’un petit ricanement nerveux qui se transforma bien vite en un véritable fou rire. J’étais parvenu au rebord du plateau dont la falaise tombait à pique dans le vide. Je me retournais pour faire face à mes poursuivants, qui s’étaient arrêtés à quelques mètres de moi. Étonnamment, ils n’avancèrent pas plus et seul le minotaure continua de se rapprocher de moi. « Alors mon gros, tu veux qu’on règle ça tous les deux c’est ça ? » lui dis-je avec un sourire. Il marqua un temps d’arrêt face à moi, puis dans un beuglement à vous glacer le sang, il fit voltiger sa lourde hache et passa à l’attaque. Malgré ma jambe et mon bras blessés, j’évitais sans peine son premier assaut, je me glissais sous son bras et fis couler le premier sang de notre duel à mort d’un coup de lame bien placé. Le cuir de sa peau était dur et les poils semblaient lui fournir une protection naturelle. Je fus déçu de ne voir qu’un fin filet de sang couler de sa blessure. Il rugit quand mon arme mordit sa peau une seconde fois après que j’aie de nouveau esquivé une attaque et je commençais à prendre confiance. Sa troisième attaque fut la bonne pour lui, alors que j’esquivais à nouveau sa hache, je ne vis pas venir le coup qu’il me donna avec le manche de son arme au retour. Le bois heurta mon crâne et un éclair blanc me passa devant les yeux. Rapidement, un filet de sang chaud coula sur le côté de mon visage, me gênant pour le combat en réduisant mon champ de vision. Cependant je ne comptais pas abandonner si facilement et notre affrontement se poursuivit ainsi un long moment, sous les acclamations de la horde démoniaque qui nous encerclaient, j’avais l’impression d’avoir véritablement mis les pieds en enfer. Le souffle commençait à me manquer et mes coups étaient de plus en plus faibles. Alors que je tentais une nouvelle attaque, la créature para avec le manche de son arme et me donna un coup de sabot au creux de l’estomac qui m’envoya rouler au sol. Alors que je me relevais tant bien que mal avec un rictus de douleur, au bord de la falaise, elle me chargea tête baissée et je ne pus l’equiver. Je ne poussais même pas un cri quand la corne me déchira le flan, la créature se redressa et à la force de mes bras, je réussis à me tenir sur ses cornes pour me hisser sur sa nuque. Cette fois, je savais que c’était la fin du chemin pour moi. Attrapant le poignard qui était dans ma botte tout en m’agrippant toujours d’une main à l’une des cornes de la bête, je lui dis en levant mon arme « Je nargue la mort depuis longtemps, mais aujourd’hui je suis enfin prête à la rencontrer, et toi, tu m’accompagnes » puis j’abattis mon arme dans la gorge de la créature et entrepris de la faire glisser le long de son puissant cou. Il poussa un beuglement, tituba sur le côté, et je pesais de tout mon poids pour nous attirer vers le précipice. Un premier sabot se déroba dans le vide, il sembla résister un moment à l’attraction terrestre, puis nous basculâmes, lui avec un long mugissement, et moi dans un silence religieux. Nous tombions et le temps me sembla s’arrêter, tout m'apparaissait indistinct et lointain, les sons étaient distordus, le paysage défilait trop vite sous mes yeux pour que je puisse le voir clairement, c’était calme, c’était apaisant… puis ce fut l’impact.

La violence du choc m’assomma à moitié et l’air quitta mes poumons. Je repris conscience quelques instants plus tard quand un froid terrible me saisit, j’étais dans une eau glacée. Malgré mes blessures, l'adrénaline m’aida à remonter à la surface, j’agrippais une touffe de poils, compris qu’il s’agissait du minotaure et me hissait le long de son dos. J’émergeais de l’eau et pris appuis sur une surface dure et gelée. Nous étions tombé sur un lac gelé, le minotaure, de par son poids avait touché le sol en premier et la partie inférieure de son corps avait traversé la croûte glacée mais le haut s’était simplement écrasé contre la glace dure comme de la roche. Tombant sur lui, j’avais eu la chance de passer à travers la membrane dure qui recouvrait le lac. Je rampais quelques instants sur la glace pour m’éloigner quand, avec un craquement, elle se fendit et le corps entier de la créature bascula dans les profondeurs du lac. J’étais tellement exténuée, j’avais tellement froid qu’à ce moment, je m’allongeais sur le dos à même la glace. Au loin là-bas, il me sembla voir trois chevaux et leurs cavaliers gravissant la montagne et franchissant la passe des deux filles, à moins que ce ne fût qu’une illusion qui sait ? Je pris une longue inspiration : ma mission était achevée, j'avais mené l’élu sain et sauf dans les montagnes, à temps pour qu’il ne soit plus menacé par les forces du mal. J'essayai de ressentir diverses émotions. Triomphe ? Joie ? Exaltation ? Non. J'étais trempée, fatiguée, affamée, blessée, glacée jusqu'au cœur : seule. Ma vue commença de se brouiller et, dans un dernier soupir, je dis « Faites en sorte que cela n’est pas était vain », puis se fut le noir et le néant.

Image
La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

Nola Al’Nysa, Voie du Forban
Profil: FOR 11 / END 8 / HAB 9 / CHAR 8 / INT 9 / INI 8 / ATT 11 / PAR 11 / TIR 9 / FOI 0 / NA 1 / PV 65
Mon histoire : ici
Quelques récits sur la vie de Nola : ici

Awards :
  • Meilleur PJ - Etoile Montante : 2022
  • Bourrin en chef : 2022 & 2023
  • Incitation aux voyages : 2023


Dessins de Nola Al'Nysa réalisés par NmForka :
► Afficher le texte
► Afficher le texte

Avatar du membre
Susi Tristepanse Bonchardon
Warfo Award 2022 du meilleur PJ - Ecriture
Warfo Award 2022 du meilleur PJ - Ecriture
Messages : 43
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_susi_tristepanse_bonchardon
Autres comptes : Dokhara de Soya, [MJ] Katarin

Re: Concours: À la mode de... Participations

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

Susi Bonchardon, dans une version Steampunk de son aventure actuelle
La nuit s'annonce sombre dans Neuesdorf. Ce n'est pas une surprise : ça fait bien longtemps que les humains de la capitale n'ont pas eu la chance d'apercevoir une étoile ou l'une de nos lunes dans le firmament charbonneux. Non pas que ça empêche la cité noire de briller dans l'obscurité de son progrès : alors que les derniers rayons du soleil qui permettaient à la brume noire de devenir grise s'effaçaient de l'horizon, les premiers allumeurs de gaz débarquèrent pour faire leurs rondes dans les artères de la cage. Installée sur les toitures de la ville, dissimulée aux regards, je n'ai pas grand chose à faire pour le moment sinon les observer. Reconnaissables à leur casquette cirée et l'échelle sur leur épaule, ils vont de lampe en lampe et ouvrent le conduit du bec de gaz pour l'enflammer. Ce qui est drôle avec l'éclairage de la métropole, c'est qu'en luttant contre l'obscurité elle en produisait davantage encore : le long du Reik les cokeries Gelt qui fabriquaient le gaz de houille laissaient échapper de menaçantes fumées de leurs cheminées, tandis que la combustion dudit gaz dans la ville produisait, en plus d'une odeur pestilentielle, des résidus de goudron encrassant les canalisations, et des dégradations noirâtres sur les peintures et tissus de toute la cité.

J'arrête de jouer les espionnes car le métier de fonctionnaire n'est pas des plus passionnants à observer, et me couche sur les tuiles d'ardoise pour me détendre un peu. Je respire un grand coup, tâchant de faire le vide dans mon esprit angoissé. Je pioche dans ma tabatière de quoi chiquer, puis laisse mes pensées divaguer. Un vrombissement dans l'air et une lumière rouge qui clignote dans la brume au-dessus de moi m'indiquent le passage d'un aéronef, surement venu s'amarrer dans l'Oberhausen District. J'ai toujours rêvé d'embarquer dans l'un de ces dirigeables, mais le ticket est bien trop cher pour les modestes moyens dont ma famille et moi disposons - seul le train nous est accessible, parqués comme des animaux dans le "wagon non-humain" avec tout notre attirail. Un jour, mes rapines me permettront de monter là-haut, de côtoyer les coqs en redingote de la haute, mais pour le moment je ne peux tromper le plancher des vaches qu'avec les toitures des chats.

Je soupire tristement.

Voilà seulement dix jours que la foire Bonchardon s'est installée sur la Königplatz, et nous allons déjà devoir quitter les lieux. La faute aux chevaux mécaniques de Drido - ça fait de fois qu'on les monte et démonte sans pouvoir assurer une vraie maintenance de leurs composants, et évidemment un pignon à la denture usée s'est grippé dans une crémaillère. La turbine a vapeur n'était équipée d'aucune sécurité, et plutôt que d'interrompre le manège, elle a juste produit toujours plus d'énergie qui s'est accumulée jusqu'à l'explosion. Pas une grosse explosion, hein, c'est qu'un manège pour gosses, mais suffisante pour que le gamin dessus vole quelques mètres et s'écrase sur les pavés avec la grâce d'une locomotive. Ranald étant taquin, il s'est avéré que le môme était le fils d'un noble, un dénommé Timothy Stokes, un grand bige avec rouflaquettes en cardigan, monocle et haut-de-forme bardé d'or qui le faisaient paraître encore plus gigantesque. Pas le genre de cul-brillant qu'on a envie de contrarier, et celui-ci a vraiment pas aimé qu'on apprenne à son môme à jouer les icariens - il a eu qu'à hausser la voix pour que la garde tabasse une poignée d'entre nous, et on s'est retrouvés menacés de mort si on dégageait pas de la cage à l'aube.

Je ferme les yeux et revois Assmus qui se fait rouer de coups, alors même qu'il est roulé en boule sur le sol, recroquevillé sur lui-même pour se protéger misérablement. Je revois le noble qui serre contre lui son gosse avant de s'avancer pour distribuer des coups de canne, s'amusant de ma famille qui se fait démolir avec le sourire de celui qui se fait "justice" - que Véréna s'enfonce sa balance dans le fondement si elle approuve ça.

Et puis je me revois moi, qui n'ai rien pu faire, qui me suis contentée de regarder en serrant les poings, trop terrifiée pour oser bouger.

J'ai une larme qui coule dans mes lunettes, venant mouiller le cuir collé à ma peau. Je serre les dents et les poings pour lutter contre cette faiblesse : ce n'est pas le moment de me laisser aller. Je reprend lentement le contrôle de mes émotions, me forçant à prendre de grandes inspirations. En dix jours, mes poumons se sont habitués à l'air pollué de la cité, et je ne tousse presque plus. Je glisse ma main sous ma chemise, et en sort le gyroscope porte-bonheur qui me suit partout où je vais, que j'embrasse copieusement avant de le remettre à sa place, le métal froid me rappelant sa rassurante présence entre mes seins. Ce vieux grigri ranaldien me suit partout où je vais, et lorsque j'ai besoin de détendre mes nerfs, j'aime le faire tournoyer pour contempler son hypnotique valse infinie.

J'arrive à me calmer. Je m'accroche à ma résolution : ce soir, le grand noble va perdre un peu de sa superbe, parce qu'il va se voir déposséder de ses richesses. Ce soir, Susi Bonchardon va chaparder un homme de la haute. J'ai pris contact avec une vieille connaissance de papa dans la garde, et il s'avère que Herr Stokes n'est pas aussi copain que ça avec les autorités, du moins, pas avec celles qu'il n'a pas réussi à corrompre pour dissimuler ses sales affaires. J'ai ainsi appris par inadvertance que mon noble quittait la ville ce soir, et laissait un domicile sans surveillance pour la nuit - pas moyen que je rate cette occasion, pour non seulement rendre à ce bige la monnaie de sa pièce, mais surtout acquérir assez d'argent pour assurer notre survie dans les mois à venir. Sans cela, on aura même pas les moyens de louer un wagon dans le Grimgrandel Express de demain matin, et serons condamnés à arpenter les routes à pied jusqu'à la ville la plus proche... ce qui signerait assurément notre arrêt de mort. En dehors des cités fortifiées et des locomotives blindées, les bêtes avaient repris leurs droits sur le monde désolé - et quand ce n'était pas le chaos mécanique qui venait vous sacrifier à la gloire des quatre ou un gang d'Ork Mothar ravis de pouvoir écrabouiller quelque chose sous leurs pneus, c'était une tempête de Chamon qui pouvait vous rattraper et vous figer en statue d'or pour l'éternité.

Le temps passe, mais je surveille l'heure sur la grande tour de Sigmar, merveille d'horlogerie moderne qui dominait toute la ville. Une gigantesque structure d'or et de cuivre, de rouages et de cliquetis, si massive que tous les habitants de la cité pouvaient la voir en levant la tête. Deux faisceaux de lumière surpuissants émanaient de la comète d'or qui trônait en son sommet, filant dans les airs pour percer la brume, guidant les dirigeables comme les vieux phares le font avec les paquebots.

Vers minuit, j’entends le bruit singulier du crissement métallique sur la pierre de la rue en contrebas, le genre de sons strident qui vous file la chair de poule. Le couvre-feu est désormais actif, et ne trainent plus dans les rues que les arpenteurs de Véréna. Je hais ces choses et ce qu'elles représentent : une justice froide et implacable, dénuée de toute âme. Je ne comprendrais jamais comment les habitants de la ville arrivent à dormir sur leurs deux oreilles en sachant que ces abominations errent devant leurs fenêtres. Trop de lames pour pas assez d'humanité - si ces choses me voient, ce ne sont pas mes gadgets qui vont les empêcher de me découper comme un jambon. En savoir un si proche m'a filé une angoisse telle que même après qu'il ait quitté les lieux, je n'arrive pas à me calmer pour patienter davantage, aussi je me décide à terminer mes préparatifs. Je lève la manche gauche de ma chemise puis utilise ma sangle en cuir pour faire un garrot, avant d'extraire de mon sac une fiole de concentré de feyeyés aux lueurs jaunes. Avec une seringue j'en extrais la quantité exacte correspondant à ma morphologie, puis me l'injecte directement dans ma veine palpitante. L'effet est très rapide - je sens tout mon corps se tendre, mes sens s'aiguiser, et ma perception du monde s'affiner. Je dois me retenir de ne pas m'envoyer une seconde dose dès à présent à des fins récréatives, et range à contrecœur la drogue dans ma sacoche. J'en extirpe ensuite un minuscule flacon qui contient une pincée de délice de Ranald - je glisse l'embout du tube dans ma narine, puis renverse la tête en arrière en inspirant un grand coup. Ca me file un frisson dans tout le corps, mais rapidement je sens l'énergie envahir mon corps, mes muscles se stimuler, ma motivation à agir se renforcer. Que les arpenteurs aillent se faire foutre, ce ne sont pas des choses sans âme qui arrêteront Susi Bonchardon !

Tracer son chemin sur les toits de la ville basse est aisé pour une acrobate dopée comme moi : les rues sont étroites et les immeubles collés les uns aux autres, donc il suffit d'enchainer les sauts pour progresser sans mal. Lorsqu'une différence de niveau survient entre deux bâtiments proches, il se trouve toujours quelque tuyauterie de cuivre que je peux escalader. La difficulté se trouve non pas dans la facilité à se frayer un chemin, mais plutôt aux dangers inhérents à l'absence totale de professionnalisme dont faisaient preuve les ouvriers et charpentiers de la ville basse. Il n'était pas rare qu'une tuile mal fixée se dérobe sous mes pieds, qu'une jointure de tuyaux ait perdue ses vis et que tout menace de s'écrouler sous mon poids, ou encore que l'évacuation de conduits de vapeur se fassent par des aérations dissimulées, menaçant de brûler vif quiconque se trouvant devant. Heureusement pour moi, grâce aux drogues j'ai le pas sur et la démarche légère, j'anticipe les dangers, et j'esquive avec brio chaque embûche pour rejoindre le Pont des Citoyens.

Ranald soit loué, ce sont des humains qui sont chargés de garder les lieux et non pas des arpenteurs. J'ai déjà négocié avec eux en amont mon passage - normalement réservé aux gens ayant un passeport ou une attestation de citoyenneté - mais c'est quand même avec un pas inquiet que je m'approche d'eux. Trop tard pour reculer - pour se rendre à la ville haute, je n'ai d'autre choix que de croire en ma bonne étoile.

- Tu me dois dix goldmarks Jarvis. La semi-femme est vivante.
- Ravie de voir que je vous aide à vous enrichir capitaine, dis-je avec un sourire alors que je les rejoignais.

Le quarantenaire avec sa fine barbiche taillée en pointe m'observa de son unique œil, derrière son monocle vissé sur sa tempe. Le capitaine de la garde Phileas Heaton était un ami de mon père, et c'est pas respect envers lui qu'il avait accepté de m'aider - du moins en partie. Quand je lui ai demandé des informations sur un noble de la cité il a demandé à ses hommes de me foutre dehors, jusqu'à ce que je crie le nom de Timothy Stokes. A ce moment, une lueur d'avarice avait brillé dans sa prunelle fatiguée, et il s'était montré bien plus coopératif.

Je le laisse s'accroupir à mon niveau et enfoncer l'aiguille métallique d'une broche dans la doublure de ma veste noire. Le bijou en cuivre représente la tête d'une petite chouette. Le capitaine remonte ensuite son képi, puis se saisit dans sa poche d'une minuscule clé en laiton qu'il glisse dans une fente de la broche. Il tourne trois fois le mécanisme, et les yeux de la chouette se mettent à s'ouvrir et se refermer à rythme régulier, laissant entrapercevoir la finesse d'un mécanisme complexe qui opérait à l'intérieur de l'objet.

- Vous êtes surs que ce gadget va me protéger des arpenteurs ?
- T'as qu'un moyen d'le savoir gamine, répondit-il avec un regard torve.

Je soupire. Ce n'est pas comme si je pouvais faire la difficile. Dans la ville basse, les arpenteurs étaient faciles à éviter, de par leur faible nombre et leur technologie limitée. Là où je me dirigeais c'était pas la même : ils étaient plus nombreux, plus malins, plus rapides et évidemment plus mortels. Pour se déplacer pendant le couvre-feu, il fallait une autorisation de l'empereur ou de l'un de ses sbires. Je ne sais pas d'où le capitaine tient cette broche et il ne me le dira pas si je lui demande - je ne peux donc que faire confiance aveuglément, et prier Ranald de me protéger.

- T'as deux heures avant qu'elle cesse de faire effet.
- Deux heures ? C'est...
- Je suis pas en train de négocier petite. On me relève dans deux heures, et si c'est pas les arpenteurs qui ont ta peau, ça sera mon remplaçant quand il te verra arriver de la haute sans passeport adéquat.
- Et si... je ne trouve pas votre coffret ?

Il me fit un sourire terrifiant en se relevant. La lumière était faible, et l'ombre de son képi sur son visage lui donnait un air menaçant. Les épaulettes dorées sur sa veste le rendaient plus imposant, et son étui à pistolet ouvert rappelait qu'il lui suffisait d'un geste pour administrer la loi à qui lui manquait de respect. Ses deux hommes se rapprochèrent eux aussi pour me fixer de toute leur hauteur. Je pourrais disparaître dans le fleuve dès à présent, personne ne s'en soucierait jamais sinon ma famille que personne n'écouterait.

- Tu feras honneur à ton paternel, et tu le trouveras, Tristepanse. Et tu me le ramèneras en ayant tenu la bride à ta curiosité quant à son contenu. J'en suis... sur et certain.

Il n'avait même pas besoin d'énoncer verbalement de menaces pour que le message soit limpide comme de l'eau de roche. Alors je baisse la tête en signe de soumission, rabat mon capuchon sur mon crâne, et traverse le pont sans tergiverser davantage. Je ne connais pas personnellement le capitaine Heaton, mais je me rappelle bien que papa lui faisait confiance quand la foire s'arrêtait à la capitale. Et même si papa n'est plus là aujourd'hui, je pense pouvoir me fier à son entourage, même si celui-ci semble patibulaire - après tout, le capitaine ne risque t-il pas sa carrière pour m'aider à chaparder la maison de Stokes ?

Je ne peux plus me déplacer de toit en toit dans les hauts-quartiers, car les maisons sont trop espacées les unes des autres, alors je rase les murs, et court de zone d'ombre en zone d'ombre. Le plus difficile c'est de rester immobile entre deux planques pour vérifier l'absence de sentinelles - avec le délice de Ranald qui me stimule, j'ai envie de courir et de sauter, pas d'attendre sans bouger. Le district du grand temple de Sigmar est un enfer de grandes avenues et de places vides offrant une vision à des mètres à la ronde, mais heureusement la style architectural local favorise les colonnades et artifices exubérants offrant de nombreuses cachettes si l'on sait s'en servir. Lorsque je contourne l'esplanade centrale et malgré l'énergie bouillante dans mes veines qui me motive à rester en mouvement, je suis bien obligée de m'arrêter pour contempler quelques secondes la cathédrale sigmarite : dans une ville qui a laissé le progrès s'insinuer comme une maladie dans ses entrailles à renfort de tuyauteries, de cheminées et d'exhalaisons noires, l'église en marbre blanc au style gothique resplendissait plus que jamais, comme un ilot de pureté dans une mer de charbon.

C'est dans le district des manoirs que mes ennuis commencèrent. Je perçus dans une ruelle adjacente ce sale crissement métallique, dont le simple bruit me faisait avoir des sueurs glaciales dans la nuque. L'arpenteur était loin, très loin encore, et si j'ai pu l'entendre ce n'est que grâce à mes dopants. Mais je n'ai je le sais, que très peu de temps avant qu'il ne soit à portée pour m'entendre lui aussi, alors j'ai immédiatement couru à perdre haleine dans la direction opposée, ciblant le croisement le plus proche pour disparaitre dans la premère alcôve venue. Mais sitôt que j'avais tourné, le regard en arrière pour vérifier que la chose ne me suivait pas, ce fut pour mieux percuter de plein fouet un second arpenteur posté à l'angle. Sonnée par l'impact, je perdis l'équilibre et tombai en arrière, mes fesses amortissant la chute.

Elle me scrutait. Prise au piège entre elle et sa compère derrière moi, je ne pus que rester immobile, contemplant sa terrifiante beauté sans oser remuer du moindre centimètre, comme si mon immobilisme pouvait me rendre invisible.
Image
Je déteste ces putains de choses.

Son visage de métal poli imitait les traits humains, mais son absence totale d'expressivité ne rendait son observation que plus effrayante, puisque l'on se mettait inconsciemment à tenter de trouver des émotions à une créature qui n'en avait aucune. La neutralité de la justice, mon cul oui, c'est juste une foutue machine de mort imaginée pour jouer les croque-mitaines. Les trois articulations de son cou laissèrent échapper un nuage de fumée grise, avant de se tordre vers moi, comme pour me regarder de plus près. Sa queue de métal ondula deux fois pour lui permettre de se coller à moi, le crissement de l'or grattant les pavés résonnant plus fort que jamais, couvrant même les battements incontrôlables de mon cœur. Son torse n'était plus qu'à une cinquantaine de centimètres de ma tête alors qu'elle se penchait, me laissant observer dans le détail les sublimes gravures qui parcouraient ce corps d'argent poli, notamment le relief de la balance de Véréna sur son plastron. Je préfère me concentrer sur ça plutôt que sur les deux lames qui pendouillent au bout de ses mains, pointe vers le bas, de peur que la dernière chose qui s'imprime dans mes rétines soit l'arpenteur les lever soudainement.

Elle observe ma broche. Je respire avec difficulté, mais quand j'inspire je sens mon gyroscope appuyer sur mon thorax. Je ne peux rien faire sinon prier Ranald par le biais du contact de ma peau contre le métal du petit engin porte-bonheur. L'une de ses mains articulées vient toucher la tête de chouette du bout de son doigt, lentement, dans un concert d'infimes cliquetis. Le monde s'arrête. Puis redémarre. L'arpenteur se recule en serpentant en arrière, puis repliant ses bras droits contre son torse, elle produisit une courbette magnifiquement distinguée. Enfin, elle se détourna de moi, et se remit à serpenter contre les pavés, crissant majestueusement dans les rues du district.

Il me fallut une poignée de secondes pour me relever. Le temps de réaliser que je n'étais pas morte. Le temps de remercier Ranald en laissant échapper une larme de bonheur, avant de lui promettre des richesses que je n'aurais sans doutes jamais. Le temps de retrouver le contrôle de mes membres tétanisés qui se voyaient déjà reposer dans le jardin du Veilleur.

Une fois debout, en revanche, je ne demande pas mon reste. Je détale comme un foutu lapin qui a le feu au cul vers le quartier sud. J'essaie de rester discrète, bien sur, mais plus forte encore que la drogue, la terreur s'est fait une place de choix dans ma cervelle et elle n'a pas trop envie de négocier de la "prudence" en échange de toute seconde superflue à passer dans ce lieu infernal. Heureusement, le chat ne m'a pas abandonnée, et grâce à lui je parviens rapidement à destination sans plus attirer l'attention d'un autre arpenteur - si la chouette me protège théoriquement, ce n'est pas pour autant que j'ai envie de relancer les dés à chaque rencontre avec la corneille.

J'attrape ma paire de jumelles et prend le temps d'observer les lieux. Le manoir Stokes n'est pas bien différent en apparence des autres. Entouré d'un jardin bien entretenu et de bonne taille, il affiche une tour centrale surplombant sa double porte d'entrée, une multitude de petits toits indépendants et de balcons aux formes arrondies. La façade était composée d'un mélange de briques rouges, grises et blanches, envahies par endroits d'un lierre aux teintes sombres. La tuyauterie était ainsi partiellement dissimulée par la végétation, ne réapparaissant que discrètement derrière d'épais buissons pour faire deviner son cheminement jusqu'au château d'eau proche. Je ne devine aucune lumière allumée à l'intérieur, et suppose donc que si des domestiques s'occupent des lieux en l'absence de leur maitre, ils sont désormais assoupis.

Je dégaine mon grappin lupin, vérifie le manomètre, puis met en joue la rambarde du balcon central dont m'a parlé le capitaine, avant d'appuyer sur la détente. L'air comprimé expulse la griffe de métal qui tire derrière elle la réserve de câble, puis vient se saisir du parapet du premier coup : avec l'expérience, je devenais chaque jour meilleure pour utiliser ce joujou. Je n'ai plus alors qu'à utiliser le second réservoir d'air comprimé pour remonter par petites décharges, chaque pression sur la détente rembobinant le câble. Mieux valait éviter de le faire en une fois pour ne pas s'envoler jusqu'à la lune...
Une fois correctement réceptionnée, je laisse passer quelques secondes pour m'assurer que personne n'a perçu le cliquetis de mon grappin, puis me met à l'ouvrage. Aucun volet ne protège la baie vitrée de ce balcon-ci, mais il est néanmoins solidement fermé à clé. Je me saisis donc de mes outils dans ma besace : j'applique un peu de lubrifiant sur une petite surface, puis enfile mes lunettes de protection afin de protéger mon visage. Enfin, je dévisse manuellement la pointe en diamant fixée au centre de mon grappin lupin, et l'utilise pour commencer à faire ma découpe. Ma souplesse est un avantage évident : un trou large d'une trentaine de centimètres me suffit amplement pour me faufiler, et je n'ai pas à travailler trop longtemps pour parvenir à mes fins : Ranald soit loué, l'épaisseur est fine. Le travail terminé, j'utilise une simple ventouse pour extirper le morceau de verre, avant de me faufiler par l'ouverture produite.

A l'intérieur, je me glisse le long du rideau occulteur pour découvrir la pièce dans laquelle j'ai atterri. Il s'agit manifestement d'une étude, une pièce de très grande taille dans laquelle Timothy Stokes venait se reposer. L'un des murs était entièrement dissimulé par de grandes bibliothèques en bois verni et orné d'or, la partie basse composée de gros tiroirs et la partie haute de rangées de livres méticuleusement rangés par taille et par couleur de reliure. Sur les autres parois de la pièce, on retrouvait une décoration trop chargée : il y avait des portraits de Stokes, de sa femme et de son fils, mais aussi tout un tas de vitrines entomologiques, pleines à craquer d'insectes morts multicolores et d'inscriptions à rallonge pour les nommer.
Sous ce mur, il y avait un bureau qui faisait plus de deux mètres de long, recouvert de choses et d'autres : une machine à écrire, un phonographe à cylindres, un scarabée fossilisé sur un présentoir, un globe terrestre, des piles de lettres et de feuilles entassées sur des ouvrages ouverts les uns sur les autres. C'est ce meuble que je fouille le premier, et je ne suis pas déçue du résultat : je met rapidement la main sur une magnifique montre à gousset en or, un stylographe finement gravé, ainsi qu'un portefeuilles bourré de goldmarks. Il y a aussi une poignée de billets de banque imprimé avec les motifs d'Handrich - je les empoche également, même si je sais bien qu'en dehors de Neuesdorf ils me seront inutiles.

Dans un tiroir verrouillé que j'ouvre sans mal grâce à mes crochets, je trouve ce que le capitaine désirait : un coffret en cuivre d'une cinquantaine de centimètres de long pour trente de large. J'ai essayé de l'extirper du bureau, mais pas moyen : le contenant était soudé au tiroir. Loin de me laisser démonter, j'ai donc sorti le tiroir tout entier : il y eut une résistance sur la fin, le menuisier ayant surement installé une sécurité pour qu'aucun enfant ne puisse faire tomber le tiroir sur sa tête en jouant, mais dopée au délice de Ranald j'ai juste à tirer comme une forcenée pour le déloger.

J'y suis allée un peu fort : au moment où la sécurité s'est cassée, je suis tombée à la renverse en arrière, et le tiroir est allé s'écraser au sol : Ranald soit loué, le grand tapis a partiellement étouffé le bruit de l'impact. Je me relève d'un bond, et examine alors le compartiment : il s'avère que celui-ci a une structure en bois, mais a été renforcé par des tiges métalliques, dont certaines ont visiblement été soudées à mon coffret.

Pas moyen que je traverse la Haute-Ville en portant ça sur mes épaules : outre la dimension du tiroir, le poids du tout était bien trop important pour que j'y arrive toute seule. Je n'avais clairement pas les outils pour faire de la découpe dans du métal, et quand bien même je trouverais une scie quelque part dans le manoir, je doutais pouvoir travailler en silence : c'était déjà un miracle que personne n'ait entendu le bruit de mon tiroir percutant le tapis au sol précédemment. Pas le choix, malgré les instructions du capitaine j'allais devoir ouvrir le coffret pour ramener directement son contenu : mieux valait ça que de ne rien ramener du tout, n'est-ce pas ?

La cassette est au centre du tiroir, ce qui me permet d'accéder à quatre de ses six faces. Elle est recouverte de dispositifs complexes : engrenages, compas, tuyaux de cuivre, loquets et molettes crantées. Mais il n'y a aucune serrure dans laquelle enfoncer une clé, seulement un minuscule trou, large d'un millimètre ou deux, dans lequel on pouvait faire passer une aiguille - néanmoins, mes tentatives d'y glisser la pointe d'une plume ne donnèrent aucun résultat. J'y passe plusieurs minutes à tenter de trouver un mécanisme caché, à appuyer sur toutes les aspérités, à tenter d'introduire des objets dans cet étroit trou, tout cela en vain.

Mon esprit en ébullition ne se laisse pas abattre pour autant : même sans serrure, aucun coffre n'est destiné à rester fermer pour toujours. J'ai déjà fouillé le bureau de fond en comble, alors je me met à observer tout le reste de la pièce. Je roule le tapis à la recherche de quelque latte amovible. Je tente d'escalader les rayons de la bibliothèque et de bouger quelques livres à la recherche d'un passage secret. Je décroche tous les tableaux dans l'idée qu'un interrupteur pouvait se dissimuler derrière l'un d'eux. Résultat : j'ai mis assez de bazar pour qu'on puisse croire qu'un ogre furieux s'était introduit dans la pièce à la recherche de quelque pitance - et je ne me suis pas gênée pour mettre en pièce sa précieuse collection d'insectes en me remémorant bien le passage à tabac de ma famille.

Je perd du temps, beaucoup, et je regarde nerveusement la petite broche de chouette toutes les minutes, de peur de me rendre soudainement compte que ses yeux ont arrêté de cligner. Il faut vraiment que je me grouille.

Finalement, je remarque un détail. Sur la bibliothèque, quand j'ai bougé des ouvrages, ce n'était pas sans racler une fine couche de poussière à leur base, trahissant le travail négligeant des serviteurs de ce manoir. Mais sur l'une des plus hautes étagères, là où le regard ne permettait plus de voir les objets rangés au fond du meuble et nécessitant que j'escalade le mobilier jusqu'au plafond, étaient entreposés plusieurs cylindres de cire devant lesquels le bois présentait de belles lignes dépourvues de saleté, comme si on avait raclé l'un de ces objets du bout des doigts pour s'en saisir ou l'entreposer.

J'hésite un petit moment. Mon intuition me hurle que j'ai raison, que je détiens désormais la clé de l'ouverture du coffret entre mes mains, mais mon instinct lutte à contre-courant de l'adrénaline, du délice de Ranald et de mon excitation, pour me hurler de ne pas faire ce que je m'apprête à faire. Comme si j'avais le choix : sans le coffret - ou son contenu - le capitaine ne me laissera pas retrouver la Ville-Basse. Alors je m'approche du phonographe, et en tremblant j'ouvre son boitier pour y glisser mon cylindre de cire à l'intérieur, puis je tourne la manivelle sur le côté de plusieurs tours, jusqu'à ce que le ressort soit tendu à son paroxysme. Puis je relâche.

C'est un morceau de piano qui sort du phonographe. Les notes sont déformées et désagréables à écouter, trahissant l'usure du cylindre, et peut-être aussi de l'appareil de lecture. C'est sinistre au possible.

Un cliquetis sur ma boite. Les engrenages bougent, le couvercle se soulève lentement. A l'intérieur, je vois un petit pistolet injecteur muni d'une fiole vissable remplie d'un liquide vert sombre. Je le saisis.

L'un des gros tiroirs des étages du bas de la bibliothèque s'ouvre lui aussi, mais bien plus brutalement.

Je l'avais fouillé, et il était vide lors de mon inspection. Alors pourquoi quelque chose vient d'en surgir d'un bond ?

La forme humanoïde se réceptionne magnifiquement devant moi, sur ses deux jambes repliées. C'est une femme, ou tout du moins ça y ressemble. Ca a des bras, des jambes, des mains, des pieds, des fesses, une poitrine, des cheveux, et des vêtements. Quand elle relève la tête dans ma direction, je pourrais presque croire à son humanité, grâce aux globes de verre peint dans ses orbites et au maquillage finement appliqué sur la porcelaine.

Image

Putain d'automate.

Elle observe la pièce que j'ai si bien dévasté, comme si elle était capable d'analyser quoi que ce soit. Puis son regard revient vers moi, et en un éclair, deux formes métalliques surgissent de ses avant-bras et se déploient dans ses mains : deux éventails métalliques qui j'en suis sure, n'ont pas qu'un but décoratif. La seconde suivante, déjà elle bondissait vers moi. Je doute que ma broche puisse la persuader que tout cela n'est qu'une vilaine méprise, aussi j'écoute mon instinct et bondit en arrière, juste à temps pour entendre siffler son arme métallique tout contre mon visage. Elle ne perd aucunement l'équilibre dans sa tentative échouée, et se met à multiplier les taillades dans ma direction que j'esquive tant bien que mal : je ne sais pas du tout me battre, mais dopée à la poudre de Ranald, j'ai les réflexes d'un animal pris au piège. Elle est vive et il n'y a aucune hésitation dans ses gestes, mais je suis une acrobate dopée aux excitants, capable de mille pirouettes pour sauver mon petit cul.

Elle bouge au rythme de la musique, comme si elle dansait sur la mélodie sinistre du phonographe.

Je regarde du coin de l'œil le rideau occultant qui dissimule ma voie de sortie. Mais je n'ai pas le temps de réfléchir à un moyen d'atteindre cette partie de la pièce : la femme mécanique ne me laisse aucun répit. Je tente d'utiliser le bureau massif pour faire un obstacle à ses assauts, mais elle saute par-dessus avec une vivacité hors du commun. Je lui jette ce qu'il me passe sous la main - mes bolas à compression, la machine à écrire, des bouquins, un portrait de Stokes, mais elle les évite sans mal, lorsqu'elle ne les tranche pas en deux en plein vol avec ses éventails d'acier. Rien ne la ralentit, sinon la musique qui semble lui imposer un certain rythme entre ses attaques. J'hésite à lui balancer le phonographe à la gueule, mais alors que je fais un pas en arrière pour esquiver un coup d'estoc, mon pied trébuche sur un cadre entomologique, et je me casse la figure en arrière. Mes fesses cassent le verre protecteur et viennent écraser les papillons. Je panique totalement, et me met à ramper en arrière, dos au sol et de manière totalement désordonnée pour éviter les lames qui perforent le plancher à côté de mes jambes.

Elle est plus rapide à frapper que je ne le suis à me relever.

Je hurle de douleur alors qu'un éventail s'enfonce profondément dans ma cuisse gauche. Le sang gicle sur le tapis. Sa bouche mécanisée s'ouvre tandis que ses deux globes de verre observent ma blessure. Comme pour exécuter une parodie de sourire.

Putain d'automate.

Comme si c'était une arme à feu, je me saisis du grappin lupin à ma ceinture et tire droit dans sa putain de caboche. Dans un cliquetis parfaitement rythmé sur les notes de piano, sa tête se tourne sur le côté dans un angle impossible, et esquive le projectile.

Deuxième pression de gâchette.

Le grappin s'était accroché sur la tringle à rideau que je visais. Et me voilà qui m'envole vers elle, et percute l'automate sur mon chemin de plein fouet sur mon chemin. je me suis mise en boule autant que possible, mais l'impact n'en est pas moins douloureux - cette connasse a eu le réflexe de se baisser, mais je suis arrivée trop rapidement et mon pubis a heurté de plein fouet son crâne trop dur. Et j'ai même pas le temps de souffler - je lâche ma prise en plein vol, laissant mon arme finir sa trajectoire sans moi tandis que me profite de l'élan pour aller m'écraser contre le rideau occultant. Je me saisis de la lourde étoffe à pleines mains, glisse sur sa longueur, puis me relève dès que je touche terre en utilisant tout ce que j'ai de forces : je serre les dents, mais entre l'impact dans mon entrejambe et ma cuisse perforée j'ai mal à en crever, c'est atroce de juste me tenir debout.

Une lame traverse l'étoffe et vient perforer le mur à trois centimètres de ma trogne.

Je me jette en direction de ma voie de sortie, tandis que l'automate taillade à l'aveugle le rideau. Ranald soit loué, j'ai encore la force de jouer les contorsionnistes, et comme un serpent je me faufile dans ma minuscule échappatoire. Les lames sifflent près de moi, mais par une chance insolente je sors de cet enfer avant de me faire charcuter à nouveau.

Sans plus de grappin, je n'ai d'autre choix que de saisir de la balustrade du balcon, de m'y laisser pendre, puis de me laisser tomber dans les jardins un étage plus bas. Avec ma cuisse perforée, la réception est abominable : je m'écrase lamentablement au sol et hurle de douleur. Mais tandis que je me relève tant bien que mal, les drogues dans mes veines aidant à surpasser la souffrance quitte à le payer plus tard, je me rassure en me disant que le pire était derrière moi : le trou que j'avais pratiqué dans le verre était bien trop petit pour les formes généreuses de l'automate puissent emprunter le même chemin. Que Ranald bénisse les inventeurs libidineux.

Le bruit du verre qui explose.

Elle est passée à travers la baie vitrée.

Je me met à courir sur les pavés - qu'est ce que je peux faire d'autre ? Cette chose va me traquer jusqu'à la mort - mon seul espoir, c'est le pont, et le capitaine. Je regarde derrière moi : l'automate avance dans ma direction en marchant. Elle ne court même pas, je suis tellement diminuée qu'elle doit être certaine de pouvoir me rattraper sans avoir à se fatiguer. Ça doit l'amuser de faire durer l'instant, comme un chat avec une souris.

Putain, qu'est-ce que je raconte ? Elle ne pense pas, elle n'a pas d'émotion, c'est moi qui lui en prête. Parce que ça serait plus rassurant si ce n'était pas qu'un tas d'engrenages sans âme.

Je me traine lamentablement, laissant un sillon de sang sur mon chemin. Quand bien même j'arriverais jusqu'à la basse ville, je ne suis pas bien certaine que ma blessure ne soit pas mortelle. Maman est bonne infirmière, elle nous a déjà recousu plein de fois, Rudi Rimi et moi. Mais je ne peux pas me faire d'illusion : si ça a touché une artère... mieux vaut ne pas y penser.
Si je meurs ici tout est foutu. On ne parle plus d'une marche nomade à travers les routes désolées du Vieux Monde pour ma famille, là ça sera l'exécution publique pour tout le monde. Vu ce que j'ai entendu au sujet de Stokes, il n'y a aucune chance qu'il se montre magnanime vu les dégâts que j'ai infligé à son bureau, et tout le monde se fout bien du destine de quelques halfelins criminels. Cet enculé va se délecter de nous voir massacrer sur la place publique par des arpenteurs, avant de rentrer chez lui se taper une bonne queue dans son automate suceur.

Faut que je me tire de là. Il le FAUT.

Lorsque soudain, le bruit de la mort m'apparut comme celui de la vie.

Le crissement d'un arpenteur.

Perdu pour perdu, j'ai claudiqué à toute vitesse vers lui. Et saisissant ma broche de chouette dans la main pour la tendre en avant, j'ai crié en pleurant :

- Aidez-moi ! Par pitié, aidez-moi ! Je suis une citoyenne de la haute ville, je suis attaquée par un automate défectueux, vous me devez assistance !

Devant moi, l'arpenteur ne réagit pas. Derrière moi, j'entends les pas de l'automate qui s'approchent - dix mètres, guère davantage.

Le golem vérénéen serpente dans ma direction, son métal crissant sur les pavés. Il ne semble pas regarder l'automate derrière moi, seulement ma petite personne, mais comment en être sure avec ces pupilles argentées immobiles moulées dans le métal ?

Que Véréna me juge, je n'ai pas mérité ça. Je suis juste une bonne petite chapardeuse, pas une vilaine fille. Je voulais juste jouer un mauvais tour à un méchant bige, et aider ma famille. Par pitié, Ranald, Véréna, Sigmar, n'importe qui capable de m'entendre, sauvez-moi.

Je ne sais pas si mes prières ont été entendues, mais l'arpenteur se met à me contourner lentement. Sa queue de métal serpente autour de moi, comme pour me protéger. Puis son corps se contracte sur lui-même, il lève ses épées, et se jette en avant sur l'automate, avec la puissance d'un ressort qui se détend. Les éventails percutent les lames dans un bruit d'acier qui résonne dans toute la rue, et les deux choses sans âmes commencent alors un ballet mortel dédié à la mise en pièce de leur congénère. Je suis presque hypnotisée par leurs mouvements, mais mon instinct hurla assez fort dans ma caboche fatiguée pour me rappeler que je n'avais guère le luxe de jouer les spectatrices. Quel que soit le vainqueur de pareil affrontement, j'avais de bonnes chances de finir perdante si je prenais racine ici.

J'ai claudiqué dans la brume, à la seule lueur des lampadaires qui semblaient lutter de plus en plus difficilement contre la noirceur de cette capitale déshumanisée. Le souffle court, je m'efforçais d'ignorer le point de côté qui n'était qu'une gêne mineure en comparaison de ma cuisse déchirée. A chaque pression sur mon muscle, elle m'élançait davantage et c'est presque à cloche-pieds que je progressais.

Débouchant dans le quartier des églises, je faillis abandonner, m'effondrer au sol et lâcher prise. Devant moi, des avenues trop longues et des places bien trop grandes. Je le savais, je n'avais parcouru que la moitié du trajet, et je doutais avoir la force mentale et physique pour fournir une seconde fois l'effort gigantesque qu'il m'avait fallu pour parvenir jusqu'ici.

Laborieusement, sans même plus avoir la force de lever la tête, je me trainais de mètre en mètre. Devant moi, la cathédrale de Sigmar ne me semblait plus du tout aussi resplendissante que lors de mon passage précédent. Elle n'était qu'un stupide tas de pierre trop gros, qui prenait trop de temps à être contourné.

De toute cette fuite, pas une fois je n'avais regardé derrière moi. De peur d'y voir ma mort venir me chercher. Et lorsque, rejoignant les murs de la cathédrale, je décidais de regarder rien qu'une fois, dans l'espoir stupide de me rassurer, je compris combien j'avais été sage de ne pas le faire jusqu'alors.

L'automate traversait la brume, à la lumière des lampadaires. Ses habits étaient en ruines, son visage en porcelaine brisé en morceaux, ses rouages et articulations mécaniques bien trop apparentes désormais pour qu'on puisse encore douter de sa vraie nature. L'un de ses bras pendait lamentablement le long de son corps, balançant au rythme de ses pas. L'autre tenait l'une des épées de l'arpenteur, levée dans ma direction.

Des larmes coulent sur mon visage. Ma main contre la paroi de la cathédrale pour me guider, l'autre serrant ma petite broche de chouette dont les yeux étaient désormais terriblement immobiles, je continue ma pitoyable fuite, pas après pas, trop lentement pour espérer quoi que ce soit quant à mon avenir. Puis de manière plus lamentable encore, je m'écroule sur moi-même, ma jambe refusant de me porter ne serait-ce qu'un pas de plus. Je m'écrase sur les pavés, ferme les yeux lors de l'impact, et n'ose même plus les ouvrir.

Je prie pour toute ma famille. Je les ai certainement condamnés. Sans plus d'espoir je me laisse totalement aller : je sanglote, puis pleure abondamment sans plus avoir la force de crier mon désespoir. Je donnerais tout ce que j'ai pour avoir la force de me relever, de me battre, de survivre. Mes possessions, mes ambitions, ma vie toute entière. Tout, TOUT, plutôt que ça.

Je rouvre les yeux malgré tout, trop lâche pour juste accepter mon sort dans le noir. Et à travers les larmes, je vois une lueur vert sombre qui danse de manière hypnotique juste devant mes yeux. Dans ma chute, ma besace s'est ouverte, et a roulé au niveau de mon visage le pistolet à injection, prêt à l'emploi.

Piteusement, j'ai levé une main tremblante vers lui, tandis que j'entendais résonner derrière moi le bruit métallique des pieds de l'automate qui frappaient le pavé, de sa cruelle démarche tranquille. Serrant maladroitement la chose dans ma main, je l'ai ramené vers moi, puis ai glissé mon index contre la détente, avant de presser l'aiguille contre ma gorge.

J'ai inspiré tout l'air que je pouvais, comme si quelque part dans cette atmosphère polluée pouvait se trouver un peu de courage.

J'ai appuyé sur la détente.

La pointe perfore ma peau.

Surgirent alors la folie, la furie et le gout du métal.

Et un petit schéma du grappin lupin pour le plaisir des nains ^^
Image
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

Profil : For 7 | End 7 | Hab 14 | Cha 12 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | NA 1 | PV 50/50

États temporaires :
-

Compétences :
- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
- Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne

Équipement :
Porté :
- Bolas
- Grenades assourdissantes
- Grappin
- Outils de crochetage
- Boucle d'oreille en or
- Couteau à beurre
- Gibecière
- Lait du Moot

Équipement de voyage (pas systématiquement porté) :
- Costume de scène
- Tenue de Monte-En-l'Air
- Miroir maudit
- Stocks de tabac
Awards \o/
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2022 du meilleur PJ - Ecriture

"Avec Susi, y a pas de souci !"

Avatar du membre
Rovk Alister
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - Etoile Montante
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - Etoile Montante
Messages : 102
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Autres comptes : [MJ] Le Naufrageur

Re: Concours: À la mode de... Participations

Message par Rovk Alister »

Rovk Alister, dans une version SolarPunk/BioPunk de son monde dans une réalité parallèle.

Le destin est le plus grand des farceurs. Il peut rester identique, et ne pas modifier les choses pendant des millénaires, comme il transforme tout du jour au lendemain. Comme toujours, cette fatalité est suivie par les folies des hommes. A travers celle-ci ressort une grandeur incroyable, mais parfois, si autrefois souvent, cruellement terrible. En cet âge, une décennie après l’événement le plus tragique du millénaire, les vents se tournent enfin vers les survivants.

Nombreux sont les jeunes Norses comme moi, Rovk Alister, à avoir échappé au conflit apocalyptique mené par l’Élu des dieux. Leur avenir, auparavant encore inconnu, s'est éclairci en moins d’une année. Dans cette région sudiste de la Norsca, une merveille des ancêtres fut découverte. Un cadeau de la terre, mère de tous les hommes est désormais l’objet de presque tout changements, aussi follement positifs soient-ils.
Image
De sa fine tige blanche, émerge des pétales plus dorés que les rayons solaires, et une légère fumée bleu-verte s’échappe du bouton. Son parfum est plus rafraîchissant que dix verres de bière en été, et sa lumière subsiste uniquement le jour, signalant qu’elle se repose aussi. Cette espèce d’effet lumineux la rend unique en ce monde, et je suis fier d’en voir des milliers illuminer chaque année nos champs.

Certains n’y voient qu’une plante qui brille, comme de nombreuses autres qui poussent au printemps dans les fertiles vallées, ce qui n’est pas foncièrement faux.

Mais la vérité est bien plus inimaginable, car elle absorbe moult choses par sa pureté magique. Quand exposée à notre pouvoir, emplie de Dhar et d’énergie chaotique, elle devient aimante à la corruption. Absorbant et détruisant celle-ci à jamais. Tous les peuples sudistes veulent en posséder comme un alcoolique veut sa boisson. Mais par un bienheureux hasard, elle ne pousse que sous certaines conditions bien adéquates à nos régions. Il faut un peu de soleil pendant toute la pousse et de la fraîcheur. Mais surtout beaucoup de vents magiques encore peu dilués. Seul le sud du continent des pillards permet de réunir toutes ces conditions. Son réel pouvoir, c’est d’avoir apporté au monde l’opportunité de changer à jamais.

Ce changement, c’est cette fleur, maudite par tous les chaotiques. Tous ? Non, les peuples Norses comme les Baersonlings ont décidé de s'ouvrir au monde en la cultivant, et entamer des démarches pour la vendre aux Kislévites et aux Impériaux. Dans d’autre circonstance, notre destruction est leur plus grand plaisir. Hélas pour les nostalgiques, ce n’est plus, et ne sera plus jamais le cas. Ça je le jure !

Ma routine aussi est bien différente, elle est devenue un véritable travail pendant sept mois par an. Je m’installe au centre d’une culture, et je pratique la magie noire. Heureusement pour moi, être entouré par ces plantes me protège des accidents aéthériques, car elles dévorent les fluctuations dans mes sortilèges. Je travaille très dur, car il faut au moins une petite douzaine de sorts classiques pour les acclimater aux ténèbres arcaniques.

Ma propre tante m’a renié, et tous les monastères, temples et cabales de sorciers du chaos aussi. Mais ma famille, la vraie, est à mes côtés. Tous mes cousins, ainsi que mon oncle vivent dans le village que nous avons construit, à la frontière Kislévite. Jamais je n’aurais cru que mes journées seraient aussi heureuses, remplies de bonheur, de gratitudes, et de richesses.

Car oui, des richesses nous en accumulons. Des dizaines de caravanes arrivent à la fin de la saison pour repartir, chargées avec notre produit contre la corruption. Ambassadeurs, maîtres sorciers, haut-dignitaires, seigneurs marchands et j’en passe demandent des entretiens avec moi, pour s’arranger sur la quantité, ou négocier l'exclusivité aussi.

Je parle de mon village, mais ce n’est plus la réalité. Chaque semaine, des groupes entiers de Norsii viennent nous rejoindre dans cette aventure. Je pense que nous avons atteint le millier d’habitants il y a peu.
Image
Ils obéissent au Clan, dirigé par mon oncle, que je conseille avec fierté sur les choix que je considère comme importants. Le nom Alister est respecté dans le vieux monde, ou du moins c’est ce que l’ambassadeur impérial me bassine chaque matin.

Car oui, désormais, de nombreux chamans locaux font partie de notre grande famille. Je ne sais pas dire combien de chariot partent chaque année. Mais ça augmente, ça c’est certain.

L’ambassadeur de l’empire de Sigmar, Astolfo Flucht, m’a proposé de me rendre dans leur empire, pour que je puisse rencontrer mes plus grands acheteurs. Je l’aime beaucoup, il m’apprécie à ma juste valeur et me parle avec honnêteté. Après une demi-année à l’avoir comme invité, on commence à se connaître lui et moi.
Image
Astolfo est plutôt petit et rondouillet. Il a une grande barbe très bien entretenue. Malgré son âge, il ne manque pas de vigueur, et se montre habile de la langue comme de l’esprit. C’est lui qui m’apprend à parler le Reikspiel tous les matins, en échange je l’aide avec son Norse les soirs. Quand je l’ai rencontré, j’étais jaloux de ses habits puant l’opulence, mais maintenant ça m’est passé. Dans son monde, les chapeaux sont signe de pouvoirs et de supériorité, ils sont fous ces sudistes. Le voilà qui approche d’ailleurs, je continue d’écrire plus tard.

Bonsoir jeune Prince, comment vas-tu ?

Comme tous les jours, très bien. Je pense avoir compris la subtilité des différents pronoms en Reikspiel.
Besoin de quoi que ce soit ? J’ai la soirée de libre, tous les chariots sont partis la semaine passée, aucun problème en vue.


Et bien, j’avoue n’avoir pas bien compris une chose, même avec les explications du Patriarche suprême en personne.

Qui ?

Le grand sorcier avec son masque en or, celui que je t’avais montré en peinture il y a quelques jours.
Bref, ce n’est pas important pour l’instant, ce qui m’occupe l’esprit, c’est de savoir comment vos fleurs détruisent la corruption en détails. Comment l’appliquer quoi. On m’explique rien et ça m’énerve.


Ah, du calme Astolfo, je vais tout te dire. Elle avale les énergies autour de manière passive, permettant de détruire les réminiscences corruptrices après un certain temps. Si elle ne meurt pas avant bien sûr. Ou sinon, on peut arracher les pétales et en faire une mélasse. Cette mélasse garde des effets puissants pendant quelques heures, si on l’applique pendant cette durée, elle peut même guérir les mutations.

Cependant, ça demande une assez forte quantité de celles-cis pour y parvenir. Quelques livres pour être plus précis. Elles ne survivent pas plus d’un an d’après les rapports.


D’accord, d’accord. Merci Rovk, tu m’enlèves une interrogation plus grosse que Morrslieb. Bien qu’ici elle soit rouge, il y a des choses qui ne changent pas en taille.

Est-ce que c’est tout ? Tu veux aller jouer au lancer de couteaux peut-être ?

Non, je suis bien trop mauvais. Cependant, j’ai un projet, et j’ai l’accord de ton oncle. Je veux t’emmener avec moi dans l’Empire, à Altdorf. Les plus hauts veulent te rencontrer, ton oncle dit que tu es celui qui est à l’origine de tout. L’image de l’avenir, c’est toi mon garçon.

Nous partirons juste avant l’été et nous arriverons en automne. Une escorte professionnelle s’occupera de notre sécurité.


Je, je ne sais pas quoi te dire. Je ne connais rien de ce monde, ça me terrifie de partir dans l’inconnu.

Jeune Alister, toute la vie est l’inconnu, et c’est en partant à l’aventure qu’on le découvre. On ne vit qu’une fois, alors autant faire tout ce qu’on peut espérer. Car le futur, c’est à nous de le décider désormais.

Bientôt tu seras Jarl, seigneur, noble et dirigeant de ces terres. Tu possèdes un potentiel aussi grand que Sigmar avant son avènement en tant que chef de sa tribu. Tu es unique ! Nous connaissons tous les deux la vérité sur ce monde, ce sont les forts qui décident pour les faibles.

Et toi, tu deviendras peut-être l’un des hommes les plus forts du monde, mais uniquement si tu acceptes d'être avec les grandes Nations.


Comme toujours, tu as raison. J’accepte ce défi par les ancêtres !

Je lui tends la main, et il la sert immédiatement. Est-ce que je viens de sceller mon futur ? Probablement, mais je suis fier de pouvoir dire que je l'accueille bras ouvert et la tête haute. Le sourire de Herr Flucht est aussi fier que mon cœur. Sa poigne vaillante renforce ma confiance.



Après avoir salué mon oncle, mes amis et mon peuple, je pars avec une boule à la gorge et un tronc au ventre. Je risque de ne pas pouvoir les revoir avant une année. Mon ami l’ambassadeur part avec moi, un remplaçant temporaire est arrivé avec notre escorte. Des dizaines d’hommes en armures, ainsi qu’un chariot et un coche seront ma compagnie pendant ses prochains mois. Les guerriers sont vétérans, ou du moins ils en ont l’air. Leur étrange arme de bois, qui utilise de la poudre couleur charbon m’intrigue.

C’est la première fois que je monte dans ce genre de véhicules de luxe, je ne sais pas vraiment comment bien m’installer, mais j’y arrive en imitant mon voisin de siège. C’est confortable, presque trop. Nous partons enfin après quelques emplettes, et je salue par la fenêtre les miens. Je suis heureux, amer, mais heureux.

Lors du premier camp, je commence à sentir que les gardes sont froids. Ils semblent avoir peur de moi. Comme si j’étais une bête de foire, ou une créature étrange. Je les comprends, il est facile d’imaginer pourquoi. Mais je n’aime pas être entouré de statues de glace au cœur de pierre. Je commence alors à chanter une chanson qu'Asto m’a apprise. Le tambour du chevalier terrestre. La plupart sont très surpris de découvrir que je sais parler leur idiome. Plus d’un rigole nerveusement, mais après quelques couplets, le courtisan barbu me rejoint pour pousser la chanson.

À la fin du spectacle, j’en vois plusieurs secouer la tête, et je crois même entendre un ricanement plutôt honnête. J’espère avoir fondu l’atmosphère autour de moi, je déteste ne pas pouvoir discuter avec des étrangers. Lors du repas, je palabre un peu avec eux, et les jours suivants continuent d’améliorer nos relations. Après un mois de trajet, au plein nord du Kislev, je pense qu’ils me considèrent comme un humain, et peut-être un ami.

J’ai ouï dire que dans leur culture, il est très rare que quelqu’un s’ouvre autant aux autres. Ça à dû leur faire chaud au cœur qu’un petit jeune le soit autant avec eux. Je raconte mes mésaventures, et eux les leurs. Moi qui pensais que le sud était si peu dangereux, j’aurais mieux fait de me taire. Un soir, l’un d’eux, l’officier en charge je crois, essaie avec subtilité de me questionner sur mes fleurs de soleil. Il espère en tirer quelques bribes d’informations. Pas de chance pour son désir de subtilité, je lui déballe tout ce que je sais, et à voix haute pour tout le monde.

Je ne pensais pas que les yeux humains pouvaient autant d’écarquiller. Il me dit que les rumeurs sont donc vraies. Il commence alors à hurler victoire, à dire que Sigmar leur a permis de tenir le coup, le temps que l’âge d’or commence. Mon âge d’or, d’après lui. Il me sert alors dans ses bras d’une embrassade virile, les larmes aux yeux. Il n’est pas le seul des hommes ici à avoir cette réaction. Nous buvons beaucoup d’alcool pour fêter ça.

Je ne sais pas quelle souffrance ils ont connu pendant l’invasion, mais dans leurs yeux, ils ont quelque chose que j’ai vu chez tous mes nouveaux frères au nord. Une lueur, celle de l’espoir. Beaucoup d'escales sont organisées pour se ravitailler, et mes journées sont bien monotones. Heureusement, quelques-uns m'enseignent l’étiquette de leur pays, et des classes sociales.

Un événement capte cependant plus mon attention que les autres. J’ai été invité lors d’une escale à rendre visite à une dame dudit village. Elle est très âgée, et possède plus de rides à son visage que l’écorce d’un chêne. Elle me pose beaucoup de questions, et je lui réponds. Elle me demande alors de me mettre à genoux. Dubitatif, j’accepte son injonction avec une certaine réticence. Sentant probablement la tension dans l’air, elle me pince la joue et ébouriffe mes cheveux d’une caresse familiale. Ensuite elle parle, lentement mais sûrement. Avec une grâce étrange, elle se déplace comme si la faiblesse apparente de son corps n’est qu’illusion.
Image
Je suis choqué par la vitesse avec laquelle elle range les affaires de sa hutte en bois et paille. Je bois ses paroles, car elle m’inspire de grandeur, encore et toujours plus. Son léger accent me fait sourire, je trouve ça adorable. D’après ses dires, ma mission est tellement noble que tous les esprits sont avec moi. Entendre une Kislévite me souhaiter une si bonne chose casse en moi quelque chose, mais je ne sais pas quoi. C’est comme si dans ma tête, une pièce venait de s’écraser au fond d’un puits, causant la flaque d’eau à résonner bien fort. Ça me fait presque mal au crâne cette histoire.

Voulant passer à autre chose, je lui offre une de mes fleurs. Elle sort alors de sa pauvre bâtisse et elle approche un arbre au centre des maisons. Le brave pilier naturel n’a pas l’air vieux, mais est assurément mourant par son écorce pourrie et sa texture presque molle. Je me rappelle avoir déjà vu un tel arbre près d’une grotte d’un Vitki. C’est pas vraiment beau à voir, en plus il empeste désagréablement la pourriture, je suis à plus d’une dizaine de pieds pourtant.
Image
Soudain, je ressens une fluctuation dans les vents, mais ils passent par la terre comme des centaines de vers de terres. Je comprends alors qu’elle est une Vedma, une gardienne du Kislev. Avec sa magie, elle ouvre l’arbre en deux comme un panier en osier et met la fleur à l’intérieur. Après un court instant, elle prononce une formule dans un langage magique que je ne reconnais pas.

Et par les dieux, les ancêtres et leur volonté commune, l’aura de mort autour de l’arbre change drastiquement. Il reprend vie devant tous les villageois du coin. Les Kislévites, malgré mon apparence et mon accent clairement Norsii. Ils me demandent mon nom en se mettant autour moi. Je leur réponds que je suis Rovk Alister, futur Jarl, et futur roi.

Je m'attends à ce qu’ils rigolent et se foutent de moi, qu’ils considèrent mes propos comme étant du vide. Non, rien de tout cela. Dans leur regard, il y a du respect et de la bonté. Leur attitude me montre que peu importe mes origines, je suis le bienvenu. Ils m’acceptent pour ce que je suis, et ce que je veux devenir. Mon passé est la seule chose dont ils se moquent.

Peut-être est-ce par arrogance, mais je sais au fond de moi que c’est en partie vrai. Mon ambition a été le fruit de ma réussite après tout, alors pourquoi ne pas la laisser brûler encore un peu ? Je repars du village, et je me sens mal. Toute ma vie, j’ai vécu dans la haine des fils d’Ursun. Ils ont massacré ma famille, et complètement retourné toute mon existence. Et pourtant je n’arrive pas à les détester sans me dégoûter. Car au fond de moi, peut-être par idéalisme, j’aime tous les hommes. Car je sais que nous sommes identiques au fond de nous. Je ne sais pas combien de jours je n’arrive pas à dormir. Mes entrailles me brûlent. J’ai l’impression que tout mon être profond change, que mon essence se transforme.

Nous repartons le lendemain, je ne me sens pas bien. Seuls les dieux savent à quel point je me sens près de la mort. Toute chose dans cette étrange cage qu’est mon âme a été retournée de fond en comble. Je ne me reconnais plus quand j’observe mon reflet. Qui est cet homme ? Et pourquoi est-ce que je le connais ? Je questionne tout désormais. Qu’est-ce qui est vrai ? Rien n’échappe à mon questionnement que j’ose appeler philosophique. Je déconstruis chaque objet, chaque concept, chaque idée. Il ne reste plus rien, où du moins c’est ce que je désire. Je n’arrive plus à réfléchir clairement. Tout cela n’a aucun sens. J’ai l’impression d’être un poisson perdu au milieu d’une plaine.

Il me faut de bonnes heures de réflexion pour me rendre compte à quel point je suis cynique et rempli d’amertume. J’ai tant de regrets, tellement… Pendant combien d’années me suis-je donc allégrement menti ?
Le monde ne demande qu'à être aimé, car c’est en aimant et aidant les autres qu’on profite réellement d’une vie juste. Des milliers de plaisirs qui ne demandent qu'à être partagés. Si la qualité de vie des hommes s’améliore, alors ils auront accès à bien plus de plaisir. La vie n’en sera que meilleure.

Je suis bien plus calme, et je pleure de joie, car je comprends l’absurdité de la haine. La pire maladie de notre monde en vérité. Quand on me demande si je vais bien, je réponds mieux que jamais. Auparavant, être libre de mes échecs, de mes problèmes et des horreurs du passé était un mythe. Désormais, c’est mon monde. Et je veux le rendre le plus magnifique possible. Voir les forêts, autrefois mourantes briller d’énergie naturelle. Si tous les hommes sont libres d’une grande part de leur problème, alors ils peuvent se concentrer sur d'autres. Ainsi, le monde deviendra un bien meilleur endroit. Grâce à cette nouvelle ressource, ne demandant presque rien, si ce n’est du soleil, de l’exploitation et de l’entretien alors qu’elle offre tout.

Cela doit bien faire trois mois que nous voyageons, et à chaque escale, plein de gens viennent me voir pour discuter avec moi. Mes mots parcourent la terre plus vite que les jambes de nos chevaux. Tous sur le chemin semblent avoir entendu qui je suis. Ce qui se passe à cause, ou plutôt grâce à mon Clan, dépasse la simple rumeur de taverne. Parfois on m’acclame, des mères me tendent leur enfant pour que je les bénisse. Ça m'excite de savoir qu’on m’attribue tant de choses alors que je ne suis qu’un pion. Chaque soir je suis incroyablement fatigué, mais je ne cesse de respirer toujours plus fort. Voir tant de visages, et savoir que derrière chacun il y a des pensées, une histoire et une identité. Ça donne le tournis, comment expliquer ça de mes maigres mots ? Essayer de représenter toutes ces informations dans mon profond intérieur, et tenter de l’imaginer doit être au-delà de moi. Je n’y arrive pas, c’est bien trop pour si peu de temps.


Ce monde fait battre mon cœur si puissamment qu’il en devient engourdi, et pourtant je me sens léger comme le vent. Tous les matins je me lève un peu avant les premières lueurs, et j’écris. Pour moi, et un jour pour les autres aussi. Déchainer ma plume libère mon esprit. J’ai rencontré des centaines de personnes, et dans leurs yeux, ils ont presque tous un minuscule soleil. Quand je le vois chez ces adultes, enfants et vieillards, je souris comme si mon anniversaire était quatre-cents fois par an. Après avoir traversé les villes Kislévites, mon escorte à doublé, j'ai l’impression d’avoir une imposante hanse constamment autour de moi.

Heureusement, seuls ceux du départ forment la supposée garde rapprochée. Je n’aime pas trop ces nouveaux protecteurs, ils sont bizarres. Il me font penser à moi avant, un fanatique sans aucune lumière à suivre autre que celles des autres. Moi, je veux créer mon propre chemin, ma propre destinée, ma lampe dans les ténèbres.

Nous passons par la frontière du Nord, puis par la terre appelée Talabecland. Très peu de choses se passent, mais une chose me désole. Je vois beaucoup de ruines de villages et de bourgades dans le nord de l’empire. Je me sens coupable au début, mais je me rappelle que je n’y suis pour rien. C’est quand après cinq mois nous rentrons dans la région nommée le Reikland, terre du fleuve du même nom, que je suis perdu. Tout ce monde me semble si proche, et pourtant si lointain.

Par conseil de mon oncle il y a quelque temps, je me suis débarrassé de toutes mes affaires religieuses. J’ai échangé mes bijoux du Serpent contre des artefacts familiaux. Je ne ressemble à personne ici, ils sont tous civilisés, sentant des parfums et parlent avec le même étrange accent qu’Astolfo. Cependant, c’est ici que l’on m'accueille avec le plus de révérences. J’ai l’impression d’être un véritable prince. Plus d’une centaine de guerriers me gardent farouchement.
Image
Une escouade d’hommes et de femmes habillées en robes me dévisagent avant d’entamer la conversation. Ce sont eux aussi des sorciers, mais ils sont drôlement habillés de toutes les couleurs. Ils me questionnent bien plus profondément sur les fleurs que n’importe qui d’autre. Ils sont aussi choqués par mes mots, ils me prennent presque pour un fou. Quand je leur montre les fleurs, le plus vieux d’entre eux me tape amicalement l’épaule. Ils font venir une jeune femme enchaînée qui semble avoir reçu un don des dieux. Son visage est recouvert d’écailles, et elle est terrifiée. Je lui demande de se calmer, et que je vais l’aider.
Image
Je sors mon barda et je prépare la mélasse. J’écrase les fleurs, les fait chauffer puis sécher. J’applique ensuite le baume sur son visage lentement et doucement. Les écailles commencent à tomber, et derrière elle, son visage d’autrefois ressurgit en quelques instants. Elle regarde une flaque à côté de nous, et elle fait couler sa joie sur ses joues.

On lui retire ses chaînes, et elle me serre dans ses bras. Mes gardiens s'apprêtaient à l'agripper, et l’auraient bien fait si je ne leur avais pas fait signe de rester calme. Elle me remercie encore et encore de l’avoir délivré de la malédiction. Tous autour, sorciers, soldats et invités applaudissent. Des cris de fête résonnent dans l’air. Il scande le nom de leurs divinités, pour les appeler à voir le nouveau miracle. Tous ces hommes ont connu le cataclysme qui a failli consumer le monde à jamais, ils ont dû tant reconstruire…

Je discute avec le plus ancien des sorciers, sa barbe rousse sentant le soufre me perturbe. Ses habits rencontrent avec merveille le teint de sa pilosité, et ses accessoires métalliques similaires à un brasero me font un peu rire par leur ridicule. Parmi les citoyens ici, c’est probablement lui le plus chaleureux et enjoué. Il est comme un enfant qui découvre une nouvelle passion, à fond dedans si je puis dire. Il propose alors à Astolfo de faire un détour sur le chemin. Il veut me montrer quelque chose.

Nous marchons alors à travers quelques bosquets pittoresques de la région à grand pas. Suivi de quelques remarques comiques, je remarque une ouverture dans l’épais feuillage. Le rouquin me dévisage avec un sourire complice, à croire qu’il veut me surprendre avec une fête !

La lumière m’aveugle un peu, je dois plisser les yeux pour voir ce qui ressemble à une ferme à quatre façades. Cependant, il n’y a pas de champs ici , alors qu’est-ce donc réellement ? Soudain, une odeur vient me caresser les narines, si douce et si agréable. Je la connais bien, presque trop bien même. Ce sont mes petites fleurs, des centaines d’entre elles qui entourent le bâtiment. Petites protectrices de l’endroit, je distingue plusieurs étrange formes assises au milieu de celle-ci. Plusieurs bénis des dieux semblent se reposer tranquillement ici. Mes camarades de marche m'expliquent que c’est une des mutanteries financées par les cultes religieux depuis un édit de l’Empereur. Plutôt que les brûler, ils les mettent à l’écart, ici.
Image
Déformés, changés au plus profond de leur être, ils attendent que les fleurs les purgent de leur mal. Je les vois en train de jouer aux dés, sans être terrifiés pour leur vie. Mon ami au pouvoir de flammes me raconte que tous n’ont pas cette chance, et que parfois même, ils sont quand même tués après être guéris car le mal subsiste en eux. Ça me dégoûte d’entendre de telles âneries. Mais quand je vois ces victimes, désormais libres de nombreux problèmes, futur guéri même, je me sens bien heureux.

Soudain, quelqu’un sort par la porte principale. C’est un jeune homme, aux cheveux châtains et aux habits de Haut-Seigneur. Son menton proéminent, signe de supériorité, me rappelle quelqu’un que j’ai vu sur un tableau, mais qui ? Il salue les autres mutés et avance vers nous, suivi d’un homme qui porte ses paquetages. Quel fut alors mon choc quand j'entends les mots du magicien. C’est le fils de l’empereur en personne, le prince Wolfgang Holswig-Abenauer.
Image
Il m’explique alors que grâce à mes fleurs, le fils de l’empereur est sauvé. Pour me rendre grâce, l’empereur m’invite chez lui, au palais impérial. Il désire discuter avec moi de moult sujets à propos de mon peuple, et surtout du sien. J’ai l’immense privilège de discuter avec le Prince, il est très reconnaissant. Nous partons alors vers notre convoi, ou plutôt devrais-je dire notre armée.

J’ai hâte de rejoindre la capitale. Il est temps de faire changer les choses, à jamais
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_rovk_alister

Stats :
FOR 7 / END 8 / HAB 8 / CHAR 14 / INT 13 / INI 8 / ATT 8 / PAR 8 / TIR 8 / MAG 11 / NA 1 / PV 70/70

État temporaire :


Compétences :
• Chant (B) : Permet de gagner de l'argent en chantant. Donne un +1 pour capter l'attention de cette manière.

• Séduction (B) : +1 pour tenter de séduire.

• Torture (B) : +1 pour faire parler et avouer par la torture.

• Survie en Milieu Hostile (B) : +1 pour les tests de survie dans un tel environnement.

• Éloquence (E) : +1 pour persuader et manipuler verbalement.

• Sens de la Magie (E) : Est capable de ressentir la magie.

• Sixième Sens (B) : Peut ressentir si il est suivi ou épié par un test. Avec un +1 si intentionnel.

• Langue hermétique – Démonique (E) : Sait parler écrire et lire le démonique. (en cours d'apprentissage)

• Alphabétisation (E) : Capable de lire et d'écrire le Norsii (en cours d'apprentissage)

• Doctrine du Culte - Slaanesh (E) : Connait les coutumes et autres connaissances liées au culte de Slaanesh.

• Incantation - Domaine de Slaanesh (E) : Peut utiliser la Magie Chaotique de Slaanesh et la Magie Primaire.
Sortilèges :
• Domaine de Slaanesh
Mineurs :
-Hypnose / 6 mètres / Instantanée / Permet de calmer la cible et la rendre plus sensible aux suggestions.
-Regard du démon / Soi-même / 1D6 heures / Obtient temporairement la compétence “Vision Nocturne”.
-Voile du désir / Soi-même ou Contact/ 1D6 heures / Cache les blessures et autres impuretés et défauts visible.

Moyens:
-Fouets des extrêmes / Soi-même / 1+1D6 tours / Un fouet / Gagne deux fouets magiques, utilise le TIR et gagne le bonus de FOR x1, infligent 12+1D8, Rapide et Long. Le sorcier gagne +1 en TIR et Ambidextrie.

-Lien exotique / 36 mètres / Instantanée/1D6 tours / Fil de soie / Projectile magique, 15+2D10 qui ignore les armures non-magiques. Cible et sorcier sont reliés, permettant au sorcier de se rapprocher ultra-vite et gagne 1 ATT, +1 TIR, et +1 INI face à la cible

- Vocalise / Soi-même ou 24 mètres / 1h / Langue coupée / Modification de voix à volonté + projection à volonté à 24m, télépathique par rapport à la voix du sorcier.

Supérieurs :
- Beauté révélée/ Soi-même ou contact / Instantanée / Du maquillage de bonne qualité / File une mutation de Slaanesh à la cible, si pas consentante, fait un test d'END pour résister. Chaque MdA donne un -1 au test d'Endu.


• Domaine Primaire
Mineurs :
- Coupe-froid / Soi-même / Une heure / D'office 18 degrés Celsius autour de soi sur 1m de large. Marche pas si froid/chaleur est magique.

Moyens :
- Guérison des plaies / Soi-même ou Contact / Instantanée / Une plante médicinale / Soigne 10+1d10 PVs, une fois par jour max sur la même cible.


Équipement de combat :
• Bâton Démoniaque : 1 mains / 10+1D8 / 8 parade / "Assomante", utilisable que par les classes magiques / +1 PAR
• Dague de la Béatitude : 1 mains / 12+1d6 / 6 parade / Rapide, -1 ATT et -1 PAR si touché par la dague.

• Tenue de Cultiste : 2 protection partout sauf la tête.
Équipement divers :
- 100 sceattas d'argent
- Une grande sacoche
- Un grimoire
- Un grand pardessus
- Du parfum
- De l'hydromel
- Un sac a sapin
«Sorcier Slaaneshi pour vous servir et se servir de vous !»

Avatar du membre
Goraxul
Warfo Award 2019 du Dévot
Warfo Award 2019 du Dévot
Messages : 137
Profil : For 10 | End 11 | Hab 9 | Cha 10 | Int 10 | Ini 12 | Att 12 | Par 11 | Tir 8 | NA 2 | PV 80/80
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_goraxul
Autres comptes : [MJ] Galrauch, Félix Braun
Localisation : Désolation Chaotique
Contact :

Re: Concours: À la mode de... Participations

Message par Goraxul »

Goraxul, dans un futur Dieselpunk de l'empire
“Rien ne vaut l’odeur d’un corps en décomposition dans un baril de pétroléum oublié au soleil depuis 2 mois. Rien J’te dis! Allez fait le plein avant kch’te dégomme la tête ‘spèce de larve!” Goraxul, élu du chaos universel, 16 Kaldezeit 2820, sur les rebords de la Route 273 dans l'État du nord de l’Empire-Unis, anciennement connu sous le nom de Nordland.
Image

Un film visqueux polychromatique scintillait sur la mer des griffes. Le soleil réussissait tant bien que mal à traverser quelques rayons au travers de l'épais nuage toxique provenant des raffineries en haute mer. Cela fera bientôt 2 siècles que les nains ont découvert la première poche souterraine de pétroléum dans les terres arabéenne. Ce mystérieux liquide opaque rivalise la malepierre en frais de pouvoir latent, mais sa stabilité à l'état neutre, contrairement à la pierre skaven, est plus qu'impressionnante. Depuis, rien n’est plus pareil, le monde et les gens ont changé.

Image

Le vrombissement de 4 motocyclettes thermiques, dernières modèle, criarde et scintillante, produites par la société Gorka Davidson, ne dérangeait personne. Le tintamarre du centre-ville et des véhicules à moteur congestionnant la centralplatz était coutumier à ce moment de la journée. La population industrialisée de Marrienberg était froide, détaché des touristes affublant leur précieuse métropole pour venir faire un tour de gondole à vapeur, visiter le vieux palais en ruine sur son île déserte. Les gondoles étaient non seulement d’un vacarme horrible, mais l’odeur des émanations lors du décollage était nauséeuse. Les petits modèles à 3 places pouvaient flotter à quelques mètres du sol, pas plus, sous peine de devenir hautement incontrôlables et de s’écraser dans la mer. Elle arrivait à maintenir une vitesse de croisière d’une trentaine de miles à l'heure. Ce qui était hautement suffisant pour traverser la baie et rejoindre le circuit d’observation touristique. Les guides donnaient des conseils à l’aide d’une radio montée aux tableaux de bord de chaque gondole sur la bonne chaîne du transmetteur RF.
“Sur votre gauche près de l'île Riker, la tour de l’Espoir était anciennement une prison détenant les pires criminels du Saint Empire de Sigmar. Depuis la chute de l’Empereur Boris IV Selinbeck et de son régime tyrannique il y a 98 ans, l’endroit fut abandonné aux mains des pillards et des squatteurs. Trop cher à restaurer et d’aucune valeur aux yeux du président de l’Empire-Unis. Une proposition de conversion en zone protégée écologique est, depuis 10 ans, en gain de cause auprès des groupes écolofacho, mais les puissantes entreprises d’exploitation pétrolière craignent une concurrence à leur présente exploitation des ressources naturelles gisant au fond de la baie. À votre droite, le magnifique pont de Steinberg où la … “.

-------------
Image
La guerre avec les peuples Ork n’avait jamais été aussi sanglante dans toute l’histoire de l’humanité. Les régiments mécanisés des peaux vertes utilisaient des armes qui avaient été non seulement banni par les peuples civilisés, mais aussi oubliés. Des grenades incendiaires de pétroléum émulsifié, Mek de combat plus haut que le Grand Train Impérial qui sillonne à grande vitesse les terres dévastées par les conflits armés et depuis peu, des drogues de combats qui rendaient les soldats armures insensibles à toute douleur, les blessures d’armes à feu ne les arrêtaient tout simplement plus. Le ciel était obscurci par les envolées de zeppelin visant à protéger le territoire des invasions, mais en réalité ce n’était que des cibles de plus pour les Orks qui vidaient salve après salve de tourelles de leurs chars automatique. Ces immenses véhicules à chenilles réduisant à néant les terres autrefois foisonnantes de cultures agraires. Il provenait de l’est, déferlant par-dessus les montagnes à l’aide de leur forteresse volante. Ces tas de ferraille apportaient sous eux, une pluie nocive d’huile bouillante, bien involontairement de leur part malheureusement due à la nature rafistolée de leurs machinations. Soutenu dans les airs par un horrible mélange de ballon dirigeable et de fusées pour diriger l’amas de tôles vers les frontières ennemies. Une fois rapprochés de la ligne de combat, les Orks, Gobelins et trolls étaient catapultés. Certains munis de parachutes multicolores armés de mitrailleuses, d’autre portrait un dangereux amalgame métallique autopropulseur qui les faisait traverser rapidement les lignes en évitant le plus grand retour de tirs des troupes humaines qui tentait un temps bien que mal de les empêcher d’avancer sans grand succès.

-------------
Image

Le sol fait de tôles rouillées vibrait doucement sous les bottes à cap d’acier de Goraxul qui regardait les colonnes de fumée se rapprocher doucement à l’horizon. Il était vêtu d’une froc de cuir et de diverses pièces d’acier amalgamé qui formaient un assemblage chaotique pouvant offrir une certaine protection envers les assauts de tout genre. Ce n’était pas un blindage lourd comme les grenadiers impérial ou stylisé comme un stratège elfique, il ressemblait plus à un hors-la-loi d’autoroute croisé avec un broyeur à viande recouvert de panneaux de signalisation routière. Les alliances orchestrées depuis les derniers siècles commençaient enfin à porter fruit. Dans cette pièce vitrée, il était entouré d’un Ork aux teints très sombres vêtu seulement de deux ceintures de balles à tête explosive, un dawi-zharr assis profondément dans son fauteuil, le visage caché par son heaume métallique n’ayant qu’une fissure lui permettant de voir ces interlocuteurs, deux humains visiblement mutés, l’un vêtue d’un harnais de cuir exposant cicatrices et tatouages et l’autre en vêtement militaire impériale traditionnel gris, argent, et bien taillé. Il portait à ses mains un lourd tome disproportionnellement grand arborant un seul œil frétillant qui semblait toujours observer et accumuler du savoir sur tout ce qui se passait autour de lui. Tous semblaient attendre impatiemment l'arrivée de quelqu’un. De longues minutes passèrent dans un silence quelquefois coupé par le hissement d’une canalisation ou le bruit d’une goutte d’huile qui tombait d’un des tuyaux au plafond et qui s'écrasaient lourdement sur le plancher de feuilles de tôle grisâtres.


Ce paysage sonore fut spontanément brisé par le bruit d’une chasse d’eau, le vacarme d’une porte qui claque et un lourd soupir haletant. Une grotesque parodie de femme sortie de ce qui semblait être une salle de bain en remontant sa culotte moulante et tâchée de vert-de-gris. S’en suivant au vacarme, une déferlante d’odeur horripilante qui assaillit les narines de chacun présent. Les deux mutants réagirent bruyamment, l’ork semblait ne rien avoir senti et le nain ne broncha pas d’un poil. Goraxul, quant à lui, eut une larme à l'œil face à cette vague d’amour divine qu’il traversait.
“Comme je disais, les forces de Goz’Olyn devraient détourner suffisamment l’attention des bataillons pour que l’opération BMT - Brule, Mutile, Tue - puisse frapper en plein cœur de l’Empire-Unis. Le KRAKEN est en place?” demanda-t-il au nain.
Un
“oui” se fit entendre, mais en réalité ça ressemblait au bruit d’un vilebrequin lancé dans un déchiqueteur à déchets, plus mécanique que vivant. Satisfait, l’élu se retourna vers l’horizon qui tremblait toujours. “Nous frappons ce soir, cette ville ne sera plus que ruine, et nous apporterons ainsi un fatal coup aux réserves de pétroléum des hommes.”

-------------

Le soleil se couchait sur la métropole de Marrienberg. Le tintamarre des véhicules à moteur accompagnait le scintillement des nuages provoqués par les violences des assauts lointains en première ligne se calmait tranquillement. Les derniers cuirassés entraient au port, la muraille haute de 20 mètres se refermait sur la mer des griffes pour la nuit. La nuit s'installa vraisemblablement pour être paisible aujourd’hui… si ce n’avait été que de cette calamité qui ruina le beau moment.

En son centre, au cœur de la baie, un tumulte de vague se mit à pousser les embarcations accostées sur les remparts. Une accumulation d’oxygène se mit à brouiller la surface relativement calme du port, l’eau bouillonnante s’agitait de part et d’autre. Les cuirassés vacillaient, les plus petits navires perdant leurs cargaisons par-dessus bord alors qu’il se faisait brasser comme un prunier en saison de récolte. On entendait les marins crier à l’aide, “Un homme à la mer!”, une fois, deux fois, et puis 4 fois, provenant d’un peu partout dans la baie. Puis un silence de mort, un calme plat alors que des centaines de personnes s'étaient accumulées aux abords de la grève afin de voir d'où provenaient ces agitations maritimes.

Une orgie de tôle froissée et de vagues meurtrières brisa l'angoisse du calme passé. C’était une frégate, elle coulait soudainement avec ses 35 membres d’équipage alors qu’elle faisait une ronde de sécurité. Deux larges déflagrations à son bord scellaient son destin, c’était la réserve de pétroléum et les munitions explosives qui avaient signifié l'arrêt de mort du vaisseau. Les hommes criaient à l’aide, deux petits remorqueurs quittaient leurs amarres afin d’aller rescaper ceux qui se débattaient contre les vagues inconnues. Une alarme retentit sur les quais, BZZZZRRTTTT BZZZZRTTTT BZZZRRTTT, des phares directionnels pointaient l’épave qui coulait rapidement afin de trouver les naufragés restants. Des morceaux de coques et d'armement flottaient épars parmi les victimes. Les remorqueurs arrivaient rapidement pour secourir le plus de membres d’équipage possible, mais c’était trop tard. Deux immenses colonnes d’acier hautes de 10 étages s'abattirent sur les navires en route. Puis c’était au tour des vagues de revenir d’assaut sur les navires toujours accoster. Un cuirassé se fit agripper par ce qui ressemblait à deux immenses tentacules d’acier sortis de la baie sombre et terrifiante. Les soldats arrivèrent à leur poste et se mirent à tirer sur ce qui n’était pas possible. Un céphalopode mécanique d’envergure cyclopéenne mesurant près de deux fois la hauteur du plus haut pont de Marrienberg se hérissait au centre de la baie et utilisait ses multiples bras tentaculaires télescopiques afin d'attaquer de tout bord tout côté. Les navires coulaient les uns après les autres, les armes des soldats ne semblaient ne rien pouvoir lui faire. Le carnage maritime était sans équivoque.
Image
-------------

De l’autre côté de la ville, sur la muraille surplombant le Reik, l’alarme de proximité hurlait, mais personne n’y était pour lui répondre, tous étaient à la baie. Tous sauf un seul soldat, Franz, jeune recrue, munie d’une carabine d’usage et d’une paire de longues-vues. Franz n’avait pas choisi sa journée pour décider de rester en arrière. Franz resta figé quand l’ombre titanesque avançait vers la ville. Franz échappa ses longues vues, puis sa carabine. Franz recula et s’adossa contre la muraille de ciment.
L’ombre terrifiante était accompagnée d’une pulsation dans l’air, un bruit lointain de tôles vibrantes. Des lourds pas rapides qui s'approchaient horriblement vite de sa position. Rapidement, Franz dut lever les yeux, car la CHOSE le surplombait. Ça ne ressemblait guère à un zeppelin ou une forteresse volante d’Ork, c’était trop chevelu? Non, Vivant? Non, c’était chitineux!
Image


Alors que le Nain casqué était aux commandes du mastodonte d’acier et de pétroléum dans la cabine vitrée centrale recouverte de tôles rouillées, Goraxul ne pouvait s'empêcher de rire à gorge déployé alors qu’il voyait le début de la fin pour l’Empire-Unis. Ce soir, Marrienberg, brûlera.

Image
Image
Goraxul , Élu du Chaos Universel

Fiche Wiki

FOR 10 / END 11 / HAB 7 / CHAR 11 / INT 10 / INI 11 / ATT 11 / PAR 11 / TIR 8
MAG 0 / NA 2 / PV 80/80
Compétence
  • Ambidexterie : Utilisation sans malus de deux armes à la fois
  • Arme de prédilection : Hache Chaotique/b] : Bonus +1 ATT pour hache, -1 ATT et PAR pour autre arme 1d3 tours
  • Autorité : Bonus de 1 pour interraction avec militaire
  • Chasse : Bonus de 1 lors de tentative de chasse
  • Coriace : Réduction de -1d3 dégats lors d'une attaque contre lui (minimum de 1 dégats)
  • Coup Puissant : Bonus de 1d3 dégats lors d'une attaque
  • Langue Noir : Permer de parler et de comprendre la langue des monstruosité du Chaos
  • Parade : La valeur de parade des armes et bouclier est doublée
  • Résistance Accrue : Bonus de 1 sur tout ses jets d'endurances
  • Sang Froid : Ne subit pas de malus en cas de situations stressantes
  • Sixième sens : Bonus de 1 lors qu'il se sent traqué pour découvrir la source
  • Survie en milieux hostile : Bonus de 1 lors de tentative de survie en milieux dangereux.

Expérience
  • XP 0/625


Armement
  • 2 x Hache Chaotique : 18+1d8 ; 8(16) PAR ; Percutante : 2 jet de dégât, garder le meilleur. Manier deux haches chaotiques en même temps permet de faire deux attaques.
  • Bouclier du chaos : 6+1d6 ; 16(32) PAR ; Déstabilisant : +2 à tout test visant à pousser/renverser ou à résister. Bouclier : relance automatique de la première parade ratée au cours d'un round.
  • L'Éventreuse : 30+1d10 ; 12(24) PAR ; Percutante [2 jet de dégât, garder le meilleur], Épuisante [-1 aux attribut par tour pendant 5 tour, max -4] Lente [+2 en PAR et en HAB pour défendre contre l'Arme]


Armure
  • Harnois du cultiste de Khorne : 10 points de protection partout sauf la tête.
  • Camail : 6 points de protection sur la tête ; Protection de maille à laquelle peut s'ajouter un casque.
  • Casque Noir : 14 points de protection sur la tête ; -1 INI et ATT, -2 HAB


Mutation 1/8
  • Peau écailleuse : Armure naturelle de 4 sur le bras droit.


Argent
  • Couronne : 8
  • Pistole : 0


RP

Kill List
  • 8 x Skavens
  • 2 x Disques de Tzeentch
  • 2 x Soldats Kislev
  • 1 x Homme-bête
  • 1 x Champion de Khorne mort-vivant
  • 1 x Goraxul miroir
  • 1 x Goblin

Image

Avatar du membre
Dan Surcouf
Warfo Award 2022 de l'Incitation au voyage
Warfo Award 2022 de l'Incitation au voyage
Messages : 304

Re: Concours: À la mode de... Participations

Message par Dan Surcouf »

► Afficher le texte
Les extraordinaires aventures de Martin de Mavignon, mousquetaire du bon Roy Louis, et de son compagnon, le capitaine Surcouf, commandant du Rouge-Gorge.


Nous sommes en l'an de grâce 1625. La Bretonnie, sous le règne du bon Roy Louis, est en guerre contre ses voisins. C'est une période de trouble, où parlent la poudre et les intrigues. Un domaine dans lequel le bon Roy Louis, trop jeune et encore pétris de l'honneur chevaleresque des siècles passés, manque cruellement d'expérience, délégant ce rôle au Duc de Montfort, son Chancelier, dont la famille, au court du dernier siècle, s'est efforcée à moderniser et réformer le pays.

Cette modernité, toutefois, rencontre une discrète résistance, menée par le Roy en personne. Le Royaume de Bretonnie, prisonnier de cette rivalité, est divisée par les jeux de pouvoir et d'influence que se livrent les deux hommes, au sein de la noblesse et de la bourgeoisie. Des conflits, parfois violents, éclatent entre les partisans du Roy et du Chancelier, principalement entre leurs gardes respectives: les mousquetaires et la garde rouge.

Bordeleaux, contrairement à beaucoup de grandes villes Bretonniennes, avait la chance d'être relativement éloignée d'un tel conflit. C'était une terre de marins, bien loin des intrigues de Couronne et des conflits frontaliers. Toutefois, la guerre était loin d'avoir épargné la cité. Elle restait le plus grand arsenal royal de Bretonnie. Chaque jour, des milliers de charpentiers, forgerons et artisans accouraient, pour entretenir et construire la flotte royale.

Ses marins et officiers, entre deux missions, envahissaient ses rues, ses tavernes et ses bordels, causant bien des troubles aux habitants, qui, néanmoins, devaient reconnaître que les affaires marchaient bien. Le capitaine Dan Surcouf, commandant du Rouge-Gorge, ne pouvait qu’acquiescer.

Il ne fallait pas se laisser berner par ce titre aussi ronflant. Dan Surcouf ne commandait guère plus qu'un sloop, dont il était le seul membre d'équipage. Ses couleurs étaient les couronnes sonnantes et trébuchantes qu'on lui versait. Quand à son sang, quand bien même aurait il été bleu, par le plus grand des hasards, la très ancienne et vénérable profession de sa chère mère lui enlevaient tout espoir de pouvoir le revendiquer. Sachant qu'il y avait plus de chance pour que son père ne soit un de ces marins ventripotent, au sang le plus impur pouvant être imaginé, avant de verser dans l'hérésie.

Le Rouge-Gorge solidement amarré sur les quais, le très honnête capitaine avait donc mis pied à terre, en quête de nouvelles opportunités commerciales. La guerre, comme nous l'avions dis, battait son plein, redistribuant complètement les cartes du jeu de l'offre et de la demande. L'alcool, les armes, le bois, le fer, les vivres. Les prix s'envolaient, les taxes fluctuant au gré des campagnes et des batailles. Les voies de communications étaient bien évidemment ciblées par les armées ennemies, les partisans et les brigands, quand ce n'était pas l'armée royale qui ne bloquait pas directement la route.

Pour un contrebandier, c'était un essor économique sans précédent. Presque toutes les tavernes regorgeaient de personnages douteux, cherchant un audacieux capitaine, pour transporter leurs marchandises, au nez et à la barbe de la guerre.

Pénétrant dans une taverne du port, il trouva l'habituelle foule de marins, catins et aventuriers en tout genre. Des gueules mémorables, qui avaient toutes leurs histoires, ainsi les faveurs et antagonismes des dieux. Il se sentait presque à la maison. Il avait grandit dans ce genre de bouge.

Progressant jusqu'au comptoir d'un pas confiant, ayant bien l'intention de se commander un peu de vin, avant de commencer à prospecter. Ranald, le dieu des gens douteux et du hasard, de part son humour légendaire, en avait toutefois décidé autrement.

Pile au moment où il passa à côté d'une table, un gentilhomme, vêtu d'une longue cape brune, se leva. Le capitaine, malgré tout ses efforts, ne put éviter la collision. Il percuta de plein fouet l'homme, le faisant perdre l'équilibre et, par la même occasion, son verre, qui termina au sol, dans un craquement sinistre, qui fit couiner de douleur le moindre ivrogne dans un rayon de six lieues... soit toute la ville.

Le silence s’abattit dans la taverne, tandis que le précieux nectar se répandait sur le plancher sale et poussiéreux. L'homme à la cape, alors, se retourna lentement, manquant d'éborgner le marin avec ses longues moustaches.

-Comment osez vous, monsieur! Vociféra, indigné, le gentilhomme, dont le visage était à présent aussi rouge que les gardes de la chancellerie.
-Mon bon monsieur... répondit aussitôt le capitaine. Vous vous êtes levés si soudainement, que je n'ai pu vous éviter.
-Impudent coquin!
Le marin le regarda quelques secondes, impavide. Encore un corniaud qui se prenait pour un gentilhomme. Ils se dévisagèrent.
-J'exige des excuses et que vous me remboursiez ma consommation.
Surcouf croisa les bras. Bah voyons! Il la connaissait cette technique. Le coup de la coupe a moitié vide, un faux accident et paf, un pigeon naïf vous payait un deuxième godet.
-Monsieur, je m'en trouve fortement navré, mais tout ceci ne serait pas arrivé si vous aviez regardé avant de vous lever.
-Vous osez me rejetez le blâme ?
Ses moustaches tremblaient presque de rage.
-Vous, sombre sot, qui ne savez vous mouvoir dans une taverne ? Muffle ! Sot !
Surcouf soupira et posa une main sur son épaule, l'écartant gentiment de son chemin.
-Bonne journée monsieur.
L'homme, toutefois, ne l'entendait pas de cette oreille. Il saisit la main de Surcouf posée sur son épaule, pour le ramener vers lui.

Sentant que la situation tournait au vinaigre, le capitaine ferma son poing et lui envoya dans le nez. Surpris, il lâcha le marin, reculant de quelques pas. Un mince filet de sang maculait sa moustache à présent, tandis qu'un sourire s'étirait lentement sur ses lèvres.

-Fort bien, monsieur. J'accepte.
Surcouf arqua un sourcil.
-De ?
-Le duel pardi ! Je relève votre défi. Puis m'enquérir de votre nom?
Le marin le regarda, abasourdit.
-Euh... Capitaine Dan Surcouf.
-Fort bien, capitaine. Je suis Martin de Mavignon. Donnons nous rendez vous... ce soir ! Au vieux phare !
Il essuya alors sa moustache ensanglantée avec sa manche, avant d'attraper un large chapeau à plume, sur la table, puis de s'en coiffer. Il salua Surcouf, avant de quitter les lieux, laissant le commandant du Rouge-Gorge confus.

Il oublia toutefois bien vite l'incident, après quelques verres, un saucisson et une agréable discussion avec un douteux personnage, qui l'engagea pour acheminer plusieurs barriques de cognac jusqu'à Couronne.

Il ne rentra que tard, à son navire. Le Rouge-Gorge l'attendait, fidèle au poste. Il grimpa sur le pont, avant de déverrouiller l'écoutille, puis de s'engouffrer dans les entrailles du navire, rejoignant la petite pièce qui lui servait de chambre et de cuisine. Il alluma un petit feu dans le poêle à bois, puis retira ses bottes. Il ouvrit alors le garde manger, duquel il sortit un morceau de viande, empaqueté et salé. Puis il attrapa un bocal, remplis de poids. Il mis l'ensemble dans une petite marmite en fonte, remplie d'eau, qu'il plaça sur le poêle.

Quelques minutes plus tard, le marin mangeait tranquillement sur le pont, une cane à pêche coincée entre ses jambes. Au loin, le soleil se couchait, gratifiant Bordeleaux de son orange spectacle.

Un grincement se fit entendre derrière lui.

-Pleutre !
Surcouf se retourna. Mavignon venait de monter sur le pont, sa rapière au poing, le visage cramoisi.
-Nous réglerons ça ici et maintenant ! Vociféra le gentilhomme.
Le marin se leva précipitamment. Ce type voulait clairement lui faire la peau. Et il n'avait même pas d'épée!

-Attendez... je...
Mavignon sortit une seconde rapière de sous sa cape. Il la lança au marin, qui la récupéra maladroitement.
-Ici. Maintenant!
Il défit alors les lacets de sa cape, la laissant tomber sur le pont, révélant le pourpoint bleu des mousquetaires du roi.

Le capitaine déglutit bruyamment, avant de dégainer la rapière. Dans quoi est-ce qu'il s'était encore fourré ?

-En garde! Hurla le mousquetaire.
Surcouf releva l'épée, tremblant comme une feuille, essayant de se donner une contenance. Monsieur de Mavignon pointa son épée vers le ciel, saluant son adversaire, avant de se mettre en garde.

Un sourire gêné s'afficha sur le visage du marin. Il prit alors aussitôt ses jambes à son cou, fuyant vers la proue du navire. Monsieur de Mavignon lâcha un jurons et se lança à sa poursuite.

-Reviens ici! Lâche!
Même pas en rêve! Il avait d'autres projets que de se faire pourfendre pour un vulgaire verre de vin !

La mousquetaire, en bon soldat de sa majesté, le bon Roy Louis, rattrapa sa problème le capitaine et tenta de le perforer d'un coup d'estoc. Le marin esquiva d'un bon, avant de se réfugier derrière le mât.

-Battez vous ! Malandrin !
La rapière du mousquetaire fendait l'air, empêchant le marin de passer d'un côté ou de l'autre du mât, qui toutefois le protégeait.

Monsieur de Mavignon tenta de contourner le mât et, naturellement, le marin prit la fuite dans l'autre sens. Ils étaient à présent revenue à la poupe. Le mousquetaire envoyait de grand coup frustrés, qui fouettait derrière les oreilles de Surcouf. Il se retrouva alors acculé au bastingage arrière. Il fit volte face, présentant sa lame à son adversaire, qui pila net pour ne pas s'embrocher dessus.

Le bon soldat retrouva néanmoins vite sa contenance, relevant sa lame.

-Enfin ! Vous allez prendre ce duel au sérieux, capitaine !
Mais les yeux de Surcouf s'étaient déjà posé sur un cordage, à portée de main, solidement attaché au mât. Il échangea un regard avec le mousquetaire, qui mis quelques secondes à comprendre ce qui allait se passer.
-Je vous l'interdit !
Mais trop tard, le capitaine du Rouge-Gorge était déjà sur le brin. L'empoignant solidement en main, il sauta par dessus le bastingage, sur tribord. La corde se tendit et il décrivit un arc de cercle par dessus le quai. Il vit le mousquetaire courir vers la proue, un air passablement énervé sur son visage.

L'atterrissage fut loin d'être aussi gracieux. Il s'écrasa sur la coque. Le choc lui fit lâcher la corde. Il se sentit tomber pendant un court instant, mais quelque chose le retint violemment par le col de sa chemise, dont il entendit craquer quelques coutures.

Il releva la tête. La grosse main de Monsieur de Mavignon le tenait solidement par le collet. Le visage du mousquetaire était rougit par l'effort et la colère.

-Cessez vos pitreries, monsieur !
-Et vous lâchez moi avec votre duel !
Le mousquetaire arqua un sourcil, avant de sourire, amusé par ce choix de mots fort peu judicieux.

Puis, soudain, une troisième vois éclata, depuis les quais.

-Vous là bas !
Les duellistes tournèrent leurs têtes vers le nouveau venu. Correction : les nouveaux venus. Quatre hommes, vêtus de rouge, arborant les couleurs de la chancellerie. La garde rouge!
-Mousquetaire! Continua leur leader. Au nom du Chancelier, je vous arrête, pour violation de la loi sur les duels!
Monsieur de Mavignon grogna. Le marin, lui, se sentit prit d'un profond sentiment de gratitude, à l'égard des gardes rouges, qui venaient, très certainement, de le sauver d'une mort certaine.
-Par la Dame, quelle bande d'empêcheur de tourner en rond...
Le mousquetaire tira le capitaine jusqu'au niveau bastingage, d'où il pu rejoindre le pont.

Les gardes rouges, entre-temps, étaient montés à bord. Leurs armes tirées, prêtes à partir.

-Mousquetaire, vous n'êtes pas sans savoir que les duels entre gentilshommes ont été interdit par son excellence, le chancelier de Montfort.
Surcouf hocha la tête. Le chef des garde se tourna alors vers le marin.
-Cela s'applique également à vous, monsieur. On ne fait pas un duel seul.
Le capitaine du Rouge-Gorge fronça les sourcils.
-C'est pas faute d'avoir essayé...

Un court silence s'installa. Monsieur de Mavignon dévisagea un à un chaque garde rouge.
-Posez vos armes et suivez nous! Aboya leur leader.
Le mousquetaire échangea un regard avec le marin, avant de sourire.
-Capitaine, que diriez vous de régler notre différent d'une autre façon ?
Surcouf soutint son regard quelques secondes, avant de sourire.

Le mousquetaire releva alors son épée, défiant les quatre gardes rouges.

-En garde, messieurs !
Surcouf, lui, ne s’embarrassa pas d'autant de décorum. Il attrapa un seau qui traînait par là et l'envoya au visage des gardes. Instinctivement, ceux-ci se protégèrent en relevant les bras.

Monsieur de Mavignon leur sauta dessus. D'un coup précis, il taillada la main d'un des gardes rouges, lui faisant lâcher son épée avant de lui envoyer un coup de pied dans la hanche, l'envoyer mordre la poussière sur le pont du Rouge-Gorge.

Il fut alors immédiatement pris à parti par le chef des gardes rouges, tandis que les deux autres s'élançaient à la poursuite du capitaine, qui s'engouffra dans les entrailles de son navire.

Monsieur de Mavignon croisa le fer avec le chef des gardes, parant un coup d'estoc au visage, avant de contre attaquer par une coup à la tête. L'homme était toutefois vif sur ses pieds et esquiva d'un petite bon en arrière.

Mavignon salua son adversaire de son épée.

-Nous n'avons pas été proprement présenté. Je suis Martin de Mavignon, mousquetaire de notre bon Roy Louis.
-Je suis le baron de Laroche, garde rouge de son excellence.
Le garde dont le mousquetaire avait abîmé la main s'était relevé. Il avait récupéré son arme, il tenta de venir en aide à son supérieur, mais son supérieur l'arrêta d'un signe de la main.
-Occupez vous du marin.
Le garde hésita quelques secondes, avant d'obéir, puis de partir rejoindre ses camarades à l'intérieur du navire.

Monsieur de Mavignon s'inclina poliment, remerciant Monsieur de Laroche pour sa courtoisie.

-Monsieur le baron, frappez le premier.
Laroche sourit, avant d'envoyer son épée vers l'avant. Le mousquetaire décrivit un arc avec sa lame pour l'intercepter. Toutefois, le garde rouge avait déjà retiré la sienne, pour la renvoyer un peu plus haut.

Une feinte qui faillit bien bien être fatale au mousquetaire, qui ne s'en tira qu'avec une égratignure sur la pommette. Un sourire narquois s'étira sur les lèvres de Laroche.

Les deux hommes croisèrent le fer, s'affrontant avec finesse et audace. Les lames s'entrechoquaient à peine, glissant l'une sur l'autre, se déplaçant avec légèreté pour prendre l'ascendant sur l'autre. Laroche et Mavignon se tournaient autour, tels deux lions. Dans ce ballet mortel, parfois, un estoc parvenait à fendre l'air, à quelques centimètres d'emporter un nez, un œil ou une oreille. Parfois, le métal éraflait la chair, projetant des gouttelettes rouges sur le pont du sloop.

Monsieur de Mavignon en était presque ravi. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas trouvé un adversaire à la hauteur!

Soudain, l'écoutille du Rouge-Gorge s'ouvrit, laissant ressortir son capitaine, armé de la marmite et d'un pistolet. Il se plaqua immédiatement sur le côté. Quelques secondes plus tard, un garde rouge sortit à son tour. Surcouf lui écrasa la marmite sur la caboche, avant de le rouer de coups de pieds.

Au sol, le visage tuméfié, le garde rouge s'était recroquevillé en boule, gémissant de douleur. Le marin lui envoya un dernier coup de pied, pour faire bonne mesure, avant de tirer en arrière le chien du pistolet et de le pointer sur Laroche.

-Assez !
Le duel s'interrompit, les deux hommes s'éloignant l'un de l'autre avec méfiance. Laroche les jaugea quelques instants, sourcils froncés. Puis, il baissa lentement son épée, avant de la retourner dans son fourreau.
-Nous nous reverrons.
Il inclina légèrement la tête, avant de quitter le navire.

Quelques heures plus tard, trois gardes rouges, sanguinolent et ficelés comme des saucissons, étaient abandonnés sur les quais de Bordeleaux. La voile du Rouge-Gorge se gonflait dans la nuit, lançant le petit navire à l'assaut de l'océan.

Le capitaine Surcouf, à la barre, mine renfrognée, dévisageait Monsieur de Mavignon, qui huilait son épée, après l'avoir soigneusement débarrassé du sang et de la saleté, inconscient des tracas financiers qu'il venait de provoquer chez son nouveau compagnon de voyage. Non pas que le marin compte lui en faire part. Ranald seul savait de quel genre de réaction cet étrange personnage le gratifierait!

-Avouez que nous formons une bonne équipe! S'exclama le mousquetaire, souriant de toutes ses dents.
Surcouf se renfrogna un peu plus.

-Rien de tout ceci ne serait arrivé si vous n'aviez pas fait l'impasse sur votre stupide duel.
-Mais au final, nous nous en somme sortis, monsieur Surcouf. Avec audace et panache!
-Ben je m'en serais bien passé.
Le mousquetaire se leva, retournant son arme dans son fourreau, avant de s'approcher du marin.
-Sans doute. Mais peut-être était-ce un coup du destin.
Surcouf leva les yeux au ciel. Le mousquetaire lui envoya un coup de poing dans l'épaule.
-Hardi, capitaine! Je suis sûr que la compagnie des mousquetaire, non, notre bon Roy, pourrait utiliser un homme de vos talents.
Il plongea alors une main dans son pourpoint bleuté, en tirant un petit rouleau de papier, au cachet brisé.
-Que diriez vous de faire cap sur Marienburg? Aventure, fortune et gloire, pour la couronne et le royaume!
Surcouf le dévisagea quelques secondes.

Il avait eu assez d'aventure, avec monsieur de Mavignon, pour le restant de sa vie. Le Roy pouvait lui verser tout l'or du monde, il était hors de question qu'il parte sur une mission suicidaire avec un mousquetaire!

Une explosion retentit au loin. Une gerbe d'eau rinça le mousquetaire et le marin jusqu'à l'os. Les deux hommes se tournèrent. Un immense galion, au loin, se dressait, arborant le pavillon rouge de la chancellerie.

Un autre boulet s'écrasa dans l'autre, puis encore un autre, et encore un autre! Surcouf déglutit. Et voilà. Son navire était maintenant recherché par la garde rouge, voir peut-être toute la marine royale. Il soupira.

-Cap sur Marienburg alors...
Dan Surcouf, Contrebandier
Profil: For 9 | End 9 | Hab 11 | Cha 11 | Int 12 | Ini 9 | Att 9 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 70/70
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_dan_surcouf

Avatar du membre
[MJ] Le Djinn
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Messages : 1199
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Localisation : Dans ma lampe...

Re: Concours: À la mode de... Participations

Message par [MJ] Le Djinn »

Tétradie dans un film dramatique français.
Un crépuscule grisâtre se couchait sur Altdorf alors que s’achevaient l’époque des moissons. Un froid vicieux s’emparait à pas feutrés des rues, pénétrant sous les portes des nécessiteux comme dans les fenêtres bardées de mauvais verre des petits bourgeois. Les rues, emplies pendant la journée des commerçants et de leurs clients, se vidaient par petites étapes alors que parallèlement les tavernes s’emplissaient, accueillants les hommes quittant le travail pour reprendre un autre labeur, celui de la vie de famille.
Une petite charrette fendait la foule des habitués de la Tempelstrasse, son cocher conspuant les infortunés passants ayant le malheur de traverser la route. Il jurait tant et si bien que sa passagère, le teint rougit par la honte devant le flot d’injure, se mettait les mains sur les oreilles en priant pour ne plus rien entendre. Vain effort, s’il en était. Peu inspiré, un importun vint chercher des problèmes au conducteur qui, dans un coup de pied violent, l’envoya au sol avant de lui asséner depuis sa hauteur des coups de son fouet à coche. Le dernier obstacle avant la destination ainsi franchit, il eut tout le loisir de faire ralentir ses chevaux qui glissaient sur le marbre blanc de la Tempelplatz. Au milieu de ce parterre d’un blanc immaculé, l’immense temple de Sigmar, le plus grand de tout l’Empire, s’élevait. Puissant et majestueux, son aura de sainteté envahissait l’âme à peine le regard orienté vers lui, créant chez ceux qui le regardaient une fièvre pieuse accompagnée d’une puissante envie de prier le patron des impériaux.

Pourtant, ce n’était pas devant la grande porte que l’on déposait aujourd’hui la petite passagère, une adolescente de treize ans au mieux qu’un pontife estimait mieux à sa place dans les murs des couvents du Reikland. Un d’entre eux se trouvait non-loin, au sein de l’enceinte d’un temple secondaire, presque privé, où prêtres et apprentis vivaient loin de l’agitation urbaine.


-"Voilà, petite, lâcha le cocher à sa passagère. Tu descends là."

La damoiselle attrapa un baluchon et sauta du chariot droit, claquant des talons sur les pavés. D’un geste habile elle remit ses cheveux corbeau en place avant de chercher dans une petite bourse ce qu’elle pourrait payer pour le voyage.

-"Tu ne me dois rien, petite, le culte a déjà payé. Bon courage à toi, Sigmar te gardera."

Un coup de fouet sur le derrière du cheval et la voiture s’ébranla, laissant bientôt entendre les claquements du bois sur la pierre de la place. Restée seule, Tétradie orienta son regard vers la grande porte de bois et d’acier qui barrait l’entrée du temple. Un coulis de morve émergea de son nez, qu’elle balaya de sa manche. Son cœur se serra quand elle comprit qu’il était désormais trop tard pour faire marche arrière.

-"Allez ma grande…"

Sa main agrippa le heurtoir et frappa par trois fois contre le bois. D’un coup d’œil elle regarda le ciel. La nuit chutait rapidement, l’heure du repas serait sans doute passée et elle devrait jeûner jusqu’aux mâtines. Comme personne ne venait, elle heurta à nouveau le fer forgé contre la porte, déclenchant cette fois la venue d’un moine qui la regarda un œil de bœuf horizontal.

-"Vous désirez, à cette heure ?"

-"Euh… Je suis Tétradie Gondegh…"

-"Gondeghissel ? Ah, enfin ! Vous êtes en retard."

-"Ah ? Euh… Décholée…"

-"Entrez."

L’enceinte franchie l’on entrait dans le cloitre, qui se représentait comme le plus typique que la novice n’ait jamais vu. Un carré d’une quinzaine de mètres de côtés avec un centre parcouru de fleurs d’une petite dizaine. La surface manquante constituait une série de couloirs protégés par un plafond soutenus par des piliers peu décorés, presque nus. Des bancs de pierre bordant le jardin permettaient aux passants de s’asseoir pour méditer ou discuter, quoiqu’à cette heure personne ne ressentait cette envie, surtout par le temps humide et bientôt pluvieux.
Au pas de course, le moine amena Tétradie jusqu’à un dortoir dans les tréfonds du monastère, après une série d’escaliers. Il ouvrit la porte avec une énorme clé avant de se pousser pour qu’elle entre. Evidemment, en tant qu’homme il n’avait pas le droit de pénétrer dans le saint des saints de novices féminines.


-"C’est ici que vous dormirez. Il doit y avoir votre nom sur un des coffres au pied des lits. Vous savez lire ?"

-"Oh, oui… Merc…"

-"Alors allez. Le réveil aura lieu à quatre heures, la mère supérieure Jacelyn s’entretiendra avec vous de l’organisation du couvent. Bienvenue."

Avant même qu’elle n’ait eu le temps de le remercier, il la poussa à l’intérieur du dortoir et referma la porte de cellule derrière lui. Ses pas s’éloignèrent tandis que l’arrivante observait ses camarades qui la jaugeaient avec la curiosité de l’hyène devant un cadavre. La salle, qui devait faire une vingtaine de mètre de longs, accueillait autant de jeunes filles d’entre environ douze et dix-huit ans, âge de l’ordination officielle. Il s’y retrouvait tous les physiques, tous les regards et sans doute tous les caractères, du moins ceux qu’on pouvait attendre chez une future nonne.
Tête rentrée dans les épaules, regard vers le bas et joues rosies par la honte d’être ainsi le centre de toutes les attentions. Tétradie fonça à travers le couloir, essayant de voir son nom apparaître sur un des rares lits défaits. Trouvant le sien entre ceux de deux apprenties, elle se jeta dessus avec tellement de précipitation que celui fit rire quelques-unes des novices. Ses deux voisines, plus compréhensives, ne lui en tinrent pas rigueur et tentèrent même le premier pas alors que la nouvelle arrivante essayait de vider son sac de ses rares affaires sans les brûler sur les bougies disposées partout dans la pièce. La plus âgée des deux, blonde et à la carrure de soldat du rang, s’approcha pour lui poser des questions avec une étonnante douceur pour une fidèle du Dieu-Guerrier. Elle devait avoir quatre ans de plus que son interlocutrice et respirait la confiance par tous les pores de la peau.


-"Bonsoir ? Tu es sûre que ça va ? Tu es toute rouge ?"

-"Che… Che vais…"

-"Non, non ne t’affole pas, je comprends ! Je m'appelle Mathilde. Tu t’appelles comment ?"

-"Tétradie. Tétradie Gondeghissel."

D’autres novices approchèrent, attirées par la curiosité. La foule aurait pu effrayer encore davantage l’arrivante, mais au contraire, elle semblait reprendre confiance en elle. Le stress du premier contact passé, elle savait ne plus rien craindre. N’était-elle pas après tout en territoire ami ?

-"Oh c’est amusant comme nom. D’ailleurs j’reconnais pas ton accent ! Tu viens d’où ?"

-"Du’ch Middenland."

Un silence s’abattit dans la pièce. Un éclair aurait pu s’abattre en plein milieu du dortoir que le résultat n’aurait pas été aussi terrible. Mathilde reprit lentement, avec une composante menaçante dans la voix.

-"Du Middenland ? T’as bien dit ça ?"

-"Oui ?"

-"Alors… T’as déjà couché avec un loup ?"

Rendue muette par le ridicule de la question, elle ne put fournir aucune autre réponse que deux yeux écarquillés.

-"Beh ? C’est connu que les filles du Middenland baisent avec les loups avec le clergé d’Ulric ! Va pas nous prendre pour des cruches !"

Une autre fille derrière leva la main bien haut.

-"Ça se trouve elle a eu une portée honteuse! C’est pour ça qu’elle est là !"

-"C’est trop mignon les louveteaux ! Ils sont où les tiens ?"

-"Mais c’était un vrai loup ou un homme-loup ? Chez Ulric on sait jamais, le père Vandheim il a dit !"

-"Un homme-loup ! Tu peux pas coucher avec un vrai loup ! "

-"Vous avez vu ses poils là, dans les oreilles ? Sa mère elle en a sucé un, j’suis sûre !"


Des rires éclataient dans la foule. Toutes s’y mettaient, essayant d’être la plus odieuse. Dépassée, paniquée, Tétradie attrapa son oreiller et le serra contre elle en essayant de faire le vide dans son esprit.

-"Du coup si c’est une ulricaine, comment on l’appelle ? Elle peut pas garder son nom."

-"La louve ?"

-"Ben non, la louve c’est un animal sauvage !"

-"Et elle est pas sauvage celle-là ?"

-"Ben non, t’as vu ses cheveux longs ? Trop soigné !"

-"La chienne alors ?"

-"Parfait !"

-"La chienne !"

-"La chienne ? Approuvé !"

-"La chienne de Middenheim ! Ouaf !"


Un flot de larmes perça au coin des yeux de la Gondeghissel alors qu’elle essayait de se boucher les oreilles tandis que les quolibets volaient. Certaines imitèrent le cri du loup, les aboiements des chiens et lui frappèrent sur les jambes et le corps. Elle ne voulait rien sentir, ne surtout rien sentir.
La porte du dortoir s’ouvrit en grand, révélant une femme d’âge mûr, en robe de nuit et au faciès des plus furieux.


-"Qu’est-ce qu’il se passe, novices ? On vous entend dans tout le monastère !"

Les filles se mirent en rangée d’instinct, tentant toutes d’être désolées. Mathilde s’avança.

-"Rien ma Mère, c’est juste Tétradie qui nous faisait rire et…"

-"Gondeghissel est arrivée ? Au pied, jeune fille."

Lentement d’abord puis plus vite, la concernée se leva pour s’arrêter devant ce qu’elle devinait être la mère Jacelyn. Ses joues viraient au rouge pivoine, des sillons humides entouraient son nez et ses lèvres jusqu’au menton, ses yeux enflés par le chagrin imploraient qu’on l’achève.

-"Che chuis là, ma mère."

-"Ainsi vous mettez déjà la pagaille à votre arrivée ? Ma patience est bien maigre, jeune fille. Ne vous avisez plus de troubler la sérénité de ces lieux."

Elle fixa encore Tétradie, qui se retenait de protester avec vigueur, ayant déjà eu l’occasion auparavant de constater que se révolter n’apportait que la punition.

-"Vous vous épargnez des coups uniquement parce que je sais que les flagellants ne ressentent plus la douleur. Mais je saurais vous punir autrement : demain, pas de repas toute la journée. Le jeûne aiguise l’esprit et vous donnera l’occasion de méditer."

Satisfaite d’elle-même, elle se retourna vers la porte, crachant une malédiction dans sa barbe avant de sortir.

-"Ces foutus middenlanders…"

La porte se referma alors que des rictus se formaient sur les lèvres des apprenties.

-"Oh ? Elle sent pas la douleur ? Pratique…"

***
L’écho de la sonnette percuta les murs du dortoir, comme tous les matins. Les draps se levèrent à l’unisson tandis que les novices se levaient. La mère supérieure Jacelyn, toujours à l’affût de la moindre faute, inspectaient les rangs.

-"Catherina, debout ! Erika, tu ne crois que je ne t’aie pas vue ? Tu ne mangeras pas ce matin."

Et comme chaque matin, elle s’arrêterait au pied du lit de Tétradie, qui ferait de son mieux pour ne pas la voir.

-"Gondeghissel."

Parmi toutes les novices, elle était la seule à être exclusivement appelée par son nom de famille, symbole du mépris pour son origine. Depuis un an bientôt, c’était son quotidien. A terme, les quolibets ne la touchaient plus. Elle se contentait de baisser la tête et d’accepter, sachant qu’aucune aide ne viendrait. Toutes les filles n’étaient pas aussi cruelles que ses tortionnaires, bien sûr, mais une telle omerta régnait que les rares qui auraient pu la défendre n’osaient pas le faire, de peur de devenir des victimes à leur tour. Pire encore, parfois elles se moquaient cruellement d’elles, pour se faire bien voir de la meute.

-"Pas de prières ce matin. Vous allez nourrir les indigents avec les novices du couvent de la Bienheureuse Catherine. Je vous veux toutes vêtues et prêtes dans moins d’une heure devant l’entrée."

Au sein des nonnes les réactions furent mitigées, entre celles qui s’ennuyaient déjà à côtoyer ce qu’Altdorf comptait de plus misérable et puant et celles qui voyaient en cette sortie une occasion de voir autre chose que les murs gris et les gravures religieuses du couvent. Dès que la religieuse partit, les ragots et autres moqueries allèrent bon train, notamment de la part de Mathilde qui s’empressa de lancer à la cantonade :

-"C’est bien, on va pouvoir promener la chienne !"

Et Angela d’en ajouter une couche :

-"Quelqu’un a une muselière ?"

-"Et une laisse !"


Mais Tétradie n’écoutait déjà plus. Depuis la dernière session de flagellation, cinq jours plus tôt, elle se sentait fiévreuse. Une démangeaison constante au milieu du dos la torturait au point que le sommeil lui échappait. Ainsi, l’épuisement l’immunisait aux insultes et comparaisons animales, tant ses pensées ne parvenaient plus à s’aligner correctement pour interpréter ce qu’elle entendait.

L’assiette de soupe qu’on lui servit se vida sans même que Gondeghissel en ait conscience. C’est tout autant en automatique qu’elle se vêtit de sa coule de moniale pour se réveiller debout devant la porte en bois du couvent, en rang de deux avec les autres novices. A sa gauche, Monika, une des rares novices à vraiment se soucier de sa personne la fixait avec des yeux chagrinés. Sur le ton de la confidence elle murmura :


-"Tétradie ? Tu vas bien ?"

-"Hm…"

-"T’es toute pâle…"

-"Silence dans les rangs !"

La voix de la Jacelyn claqua comme un fouet, coupant court à l’échange. Les deux portes du couvent s’ouvrirent à l’unisson, révélant une série de paniers remplis de pain les attendant sous la protection de plusieurs membres du Guet.

-"Vous en prendrez un chacune. Entamez maintenant le Geschrei Sigmar."

Toutes approuvèrent en baissant docilement la tête et en avançant d’un pas lent mais décidé, précédées par leur mère supérieure. La procession attira rapidement l’œil des habitants, pèlerins, marchands ou miséreux qui évoluaient tôt le matin sur le parvis du Grand Temple. Capuche baissée sur leur visage, pour qu’on en voit que le nez et le menton, face en diagonale vers le sol, mains jointes devant elles, elles chantaient.

Am dunkelsten Tag
Ist Sigmar erschienen
Singt, gutes Volk!
Tanzt, gutes Volk

In den Wald hinein,
In den Bergen,
In der Ebene,
Für uns hat er gekämpft.

Jubelt Sigmar zu, gutes Volk.
Feiert Sigmar, gutes Volk.
Denn für das Reich ist er erschienen.

Entonnée avec le cœur, cette prière chantée redonna des forces à Tétradie, plus qu’elle ne l’aurait pensé. Ses douleurs dorsales ne disparaissaient pas mais elle se sentait désormais capable de les supporter, de les affronter. Les mille combats de Sigmar pour l’Empire et ses habitants lui avaient coûté bien plus que quelques démangeaisons, aussi devait-elle suivre son exemple et tolérer stoïquement l’épreuve qu’il lui infligeait. Car qui d’autre si ce n’était lui, celui qui régnait parmi les dieux ? Maître du destin des hommes, il pouvait éprouver qui il souhaitait. Ce jour, c’était son tour. Un simple mauvais moment à passer, c’est ce à quoi elle songea en éprouvant un vertige, ce qui ne l’empêcha pas d’avancer mais lui fit perdre le fil du chant, fait qui n’échappa pas à la mère.

-"Tétradie ! Arrête d’être sotte et suis un peu !"

-"Pardon, mère chupérieure…"

La marche continua néanmoins sans s’arrêter jusqu’au détour de la rue du Pignon, nommée ainsi en l’honneur d’une ancienne échoppe vendant notamment des pignons de pin à très bas prix, plat qui faisait ainsi la subsistance des pauvres du Reikerbahn District. Sous l’étage du bâtiment, lequel débordait sur la rue, s’étaient réfugiées les novices de Shallya dans l’attente de leurs correspondantes de Sigmar. Contrairement aux apprenties du dieu guerrier, vêtues de gris, elles passaient toutes en blanc, telles les Colombes qu’elles deviendraient un jour. Les mères se saluèrent entre elles, échangeant un signe de tête et quelques politesses. Du coin de l’œil, Tétradie remarqua que les consœurs de la déesse de la guérison portaient à leur épaule des paquetages remplis de vivres secs, elles-aussi. Bien des pauvres feraient festin en ce jour. Autoritaire comme toujours, Jacelyn annonça à la cantonade :

-"Mes enfants, chacune d’entre vous se met en couple avec la première shalléenne devant elle. En bon ordre !"

Autour d’elles des silhouettes grises s’amoncelaient, attirées par la charité comme les abeilles par le miel. Par habitude autant que par discipline, les sigmarites se placèrent en une file unique, martiale, avançant l’une après l’autre pour découvrir leur nouvelle partenaire. C’est ainsi que la fille du nord se trouva nez à nez avec une shalléenne d’une année, peut-être deux. Des cheveux courts d’un blond éclatant coiffés à la garçonne, une tête de plus que Tétradie, un corps longiligne mais nerveux. Tout chez elle respirait la santé et la confiance en elle. En un mot, elle était la fierté incarnée. La sigmarite resta pensive un instant, ne sachant comment réagir devant cette fille qui incarnait à ses yeux une sorte de vierge guerrière.

-"Enchantée, je m’appelle Aline Devonerg, mais tu peux m’appeler Aline."

Avec un grand sourire, elle inclina le haut de son corps, mains jointes. Comme électrisée, Tétradie l’imita.

-"Che suis Tétradie Gondeghissel, che suis rafie."

Instinctivement, ses lèvres se pincèrent. Dans la précipitation elle avait laissé filer son accent. Tout allait recommencer, comme toujours.

-"Ah, middenlandaise ? Je viens d’Ostland ! On est presque de pays !"

Au lieu d’une brimade, la future nonne attrapa les poignets de Tétradie pour les serrer avec tendresse, laissant la concernée coite. Ses joues rosirent derechef et une vague de chaleur lui monta aux oreilles, si vite qu’elle crut s’évanouir. D’un geste, ses mains se retirèrent avec bien trop d’empressement pour être naturel. Dans un moment de panique elle s’empressa de reprendre :

-"Oh euh… Ben oui… On s’y met ?"

Tournant le dos comme si elle avait vu un démon, la novice fonça plus qu’elle n’avança vers un groupe de jeunes enfants formant comme une masse avançant et reculant au gré des mouvements des religieuses, tels des vagues. Dans le passé, Tétradie avait déjà participé à plusieurs distributions de nourriture, mais jamais il n’y avait eu autant de gens. Sa plus grande surprise vint cependant de leurs habits : la plupart ne s’habillaient pas des vêtements du Reikland adaptés à leur condition. Le style était différent, en somme. Une voix venant de derrière elle la tira de ses pensées, comme les ayant devinées.

-"C’est la guerre. Les forces des ténèbres se renforcent dans le nord, les réfugiés arrivent déjà."

Cette fois, son ton était amer, bien loin de la joie qu’elle affichait en premier lieu. Rendu curieuse, l’exorciste chercha à en savoir plus.

-"La guerre ?"

-"Ouais, la Corneille à Trois Yeux descend du nord en ce moment même, c’est le père Ludorf qui nous l’a annoncé, l’autre jour."

-"Personne ne nous a rien dit au coufent..."

-"On l’a appris ce matin, vous ne devriez pas tarder à vous le faire dire aussi."

Un soupir.

-"On va avoir du travail, Tét'. Va falloir prier sec."

Les plaintes d’une vieille femme réclamant un bout de pain interrompirent la conversation. Le départ de la charité, chaotique, sembla trouver l’ordre alors que les novices prenaient de l’assurance. De longues s’écoulèrent encore durant lesquelles les denrées quittèrent les paniers, ravissant les estomacs malheureux.

A la toute fin, les supérieures déclarèrent trente minutes de pause avant de retourner aux couvents. Trente minutes pour une journée de travail. Au fond du panier d’Aline restait une queue de pain ayant échappé à la faim populaire. Elle le tendit à Tétradie.


-"Tu devrais manger, tu es toute pâle."

Celle-ci refusa poliment en repoussant le bras tendu.

-"Ch’est rien, ch’est rien. Je me sens juste un peu fatiguée."

Comme à son habitude elle se gratta l’arrière du dos, il lui sembla sentir une petite douleur quand ses doigts passèrent sur sa peau. Ses yeux s’ouvrirent de surprise et rencontrèrent ceux d’Aline, avant que Tétradie ne tourne la tête vers le bas en un réflexe gêné.

-"Tétradie ?"

Elle prit bien soin de ne pas répondre et tenta de réprimer au mieux les démangeaisons dans son dos. Dans un geste aussi rapide qu’imprévisible, Aline lui sauta vers l’arrière, remonta sa coule d’un coup et la tint à deux mains pour observer les chairs meurtries. Totalement surprise et interdite de stupeur, la flagellante n’osa pas contester. Un sifflement impressionné émergea de son dos.

-"Et bah, c’est infecté dis-donc. Où est-ce que tu t’ais fait ça ?"

-"Che… Che peux pas…"

-"Lame ? Nan, c’est pas assez droit pour du couteau. Lamelle de cuir ?"

Prise en porte-à-faux, la sigmarite n’osa pas répondre.

-"C’est donc ça. Je vais te passer tout ça à l’eau et tu vas le continuer tous les jours jusqu’à ce que ça cesse. Et tu en parles à la Mère, hein. Non parce que là le prochain dieu que tu vas rencontrer c’est Morr."

-"Oh."

L’annonce ne choqua pas particulièrement la jeune fille : ce n’était pas sa première infection, bien qu’usuellement elles se trouvaient bien plus haut et étaient plus douloureuses qu’autre chose. Sans doute qu’elle avait gagné trois ou quatre jours de traitement avec ça. Tout de même, elle reprit sa coule avec un geste d’agacement. Se retrouver le dos nu en pleine rue, même si personne ne regardait… La simple idée la rendait malade ! A côté d’elle, Aline reprit sa place sans avoir l’air de se soucier de son geste. Voyant que les shalléennes se regroupaient, elle tendit la main à sa camarade.

-"Allez, c’est mon heure. A la prochaine, Tétradie Gondeghissel."

Son sourire effaça tous les doutes de la sigmarite. A sa grande surprise, celle-ci s’entendit dire :

-"Tu penses qu'on se reverra ?"

L’autre parut étonnée, mais reprit très vite sa contenance, son sourire s’agrandissant.

-"Si tu y tiens, je peux demander à aller assister les sœurs de Shallya qui vont visiter les couvents. Je viendrai te voir quand je pourrai."

La sonnette de regroupement retentit dans les rues. Tétradie se leva à son tour.

-"Avec plaisir !"

***
Deux hivers se succédèrent à Altdorf alors que les corbeaux de la guerre faisaient chaque jour davantage leur chemin à la capitale. Le conflit atteignait son paroxysme et des armées de barbares venus du nord se confrontaient à des légions bien organisée d’elfes, de nains et d’hommes. La vague de l’Ordre les repoussait tel un bouclier dressé entre la civilisation et les ténèbres, mais les pertes demeuraient nombreuses et les veuves vêtues de noir se multipliaient dans les rues.

La vie gardait malgré tout ses droits, contre vents, marées et mauvaises nouvelles. On la voyait pousser dans la boue des rues, sur les feuilles des poètes, sur les verres levés des compagnons d’armes en route et, de façon plus surprenante, dans une cellule vide derrière les portes closes d’un monastère sigmarite. Des soupirs glissaient sous la porte dont la serrure avait été soigneusement bouclée et des sons de chair faisaient frémir les saintes figures peintes en fresque sur les murs de la pièce inhabitée. Au plafond, levant Ghal Maraz haut au firmament, Sigmar jugeait la scène avec la sévérité attendrie d’un père envers sa fille devenant trop adulte.
Sous lui, deux femmes couchées sur une coule s’adonnaient à certains des plus vieux plaisirs du monde. Sans concupiscence excessive, sans jeux morbides et malsains dont raffolent les adeptes du Prince des Plaisirs, avec leurs lèvres, leur peau et leur profonde affection l’une pour l’autre.
Tétradie aurait souhaité que ce moment dure à jamais.

Par trois fois elle baisa les lèvres d’Aline qui lui rendit en minaudant. Farouche, la shalléenne se fraya un chemin jusqu’au cou de sa dulcinée qu’elle caressa du bout de la langue, laissant l’exorciste soupirer de satisfaction. Satisfaites toutes deux par cette heure d’amour, elles se laissèrent tomber au sol, dans les bras l’une de l’autre. Ravie d’être de retour dans l’étreinte rassurante de son aimée, la sigmarite se fraya un chemin pour trouver une position confortable, la tête entre l’épaule et la poitrine de son amante.
Deux ans bientôt qu’elles se connaissaient, un qu’elles avaient passé le cap de l’affection. Pas un instant Tétradie ne regrettait d’avoir rendu son baiser à Aline, par une douce après-midi d’automne, entre les arbres du Grand Temple de Shallya. La voyant rêveuse, sa belle lui caressa les cicatrices du dos et lui demanda :


-"A quoi tu penses, ma Tétra ?"

-"Oh, à pas grand-chose."

-"C’est-à-dire : pas à rien."

-"T’es bête. Allez, faut y retourner, ils doivent se douter de quelque chose maintenant."

Prétextant une pénitence à effectuer, Tétradie s’était soustraite du regard constant des sœurs pour aller retrouve sa douce, qui s’arrangeait toujours pour la rejoindre en s’infiltrant par une des nombreuses ouvertures du monastère. Un homme n’aurait pas pu emprunter les fenêtres étroites ou les trous de grille qu’elle franchissait, ce qui expliquait que très peu d’intrus se soient frayés un chemin jusqu’au couvent jusque-là.

-"Et la Jacelyn, toujours à la prière à Montag? "

-"Toujours, Al’. Mais sois discrète, tu veux ?"

-"Comme une ombre ! Tu veux que je passe demain aussi ?"

-"Bien sûr !"

Rapidement habillées, les deux jeunes filles échangèrent un dernier baiser avant d’ouvrir la porte de la cellule et de se séparer. De son côté, la sigmarite devait retourner à l’office afin de donner le change et laisser le temps à Aline de quitter le sanctuaire sans attirer l’attention.
Quand elle entra dans le cloître, baigné de lumière, elle trouva ses compagnes en route pour les cuisines, où les attendaient la tâche de préparer le repas pour les moines et les prêtres. Le diner serait sans doute sommaire, comme d’habitude, mais il fallait tout de même s’en occuper.

La tâche dura quasiment une bonne heure, durant laquelle les novices suèrent en découpant les panais, tranchant le jambon et transvasant les boissons des tonneaux aux cruchons. C’est qu’il y avait une véritable petite armée de religieux à nourrir et l’effort que l’ensemble demandait n’était pas négligeable, même pour une vingtaine d’adolescentes. Ces moments de travail acharnés plaisaient en fait beaucoup à Tétradie, qui ne se faisait pas insulter, houspiller ou attaquer quand tout le monde avait la main à la pâte. Une chose la surprit cependant, ainsi que bon nombre de sœurs : l’absence de la mère Jacelyn. Habituellement elle ne manquait pas une occasion de les surveiller et de râler sur tout et sur rien, mais pas là.

La force de l’habitude et de la discipline aidants, les filles de Sigmar accomplirent tout de même leur devoir avec zèle et laissèrent les plats préparés sur les tables de la cuisine, en évidence pour les serviteurs qui les apporteraient à leur maître. La tâche terminée, il y avait une petite heure de trou avant que les futures nonnes ne passent aux prières d’avant-repas, puis au repas lui-même et enfin aux premières d’après-repas. De quoi rester occuper, comme l’exigeait leur métier de dévotion.


La rumeur se propagea pendant le repas, normalement silencieux mais durant lequel des murmures s’élevaient toujours, çà et là.

-"Quelqu’un a été pris ce matin!"

-"Où ça ?"[/color]

-"Dans le sanctuaire ?"

-"Dans le couvent ?"

-"Le couvent !"

-"Ils surveillent ?"

-"Oh ben depuis qu’on a annoncé la venue d’un prêtre, là…"


D’un coup, Tétradie leva les yeux vers la place habituellement occupée la supérieure. Vide.
Elle comprit alors ce qu’il se passait. D’un ton autoritaire, elle demanda à Annie, sa voisine de droite.


-"Quelqu’un… Où ?"

-"Oh, près des murs de ce qu’Amalia raconte…"

-"Des murs ?"

-"Ben oui, des murs percés."

En se retournant vers son bol de haricots blancs, la Gondeghissel devint pâle. Si elle ne sortait pas Aline de là… Elle ne connaissait que trop bien les méthodes de Jacelyn. Des nuits de fouet, de chevalet, de privations. Un régime inhumain, au service d’un dieu qui exigeait le meilleur de chacun. Pourquoi ses serviteurs devaient-ils être brutaux et cruels ? Elle ne se l’expliquerait jamais. Une invective arrivant de loin à sa gauche la ramena à la réalité.

-"Alors ? Fraü la Nordique a pas mangé ? La gamelle est pas bonne ?"

Revenant à elle, Tétradie constata qu’en effet, le repas avait filé sous ses yeux sans qu’elle ne touche à son plat.

-"Ouais, ch’ai pas faim."

Sans même essayer de cacher son énervement, elle se leva et fila, contrairement à tous les protocoles en vigueur qui exigeaient que les novices sortent en même temps. Peu lui importait la punition cependant, elle devait agir avant qu’Aline ne souffre.
En premier lieu, la question la plus simple : où pouvaient-ils l’avoir emmenée ? Soit dans les cellules de punition situées sous le couvent ou dans une pièce d’étude, plus proche de la sortie. La première solution lui apparut comme la plus probable. Fiant davantage à son cœur et à sa foi envers Sigmar qu’à sa prudence, elle se lança dans les couloirs à pas de loup.

Personne dans les couloirs, à l’heure du repas ce n’était rien d’anormal. Souvent les moines et les nonnes partaient lire ou prier après avoir déjeuné et la vie reprenait peu à peu une heure plus tard. Saisissant son unique chance, Tétradie se rua dans l’escalier qui menait aux souterrains où l’on enfermait les sœurs trop rebelles aux goûts des supérieures. Par le passé, elle y avait goûté de nombreuses fois, aussi aurait-elle pu s’y guider dans le noir absolu.
En quelques marches à peine, l’atmosphère tranquille et lumineuse du monastère disparu. Ici, sous la demeure de Sigmar, on se trouvait pourtant bien loin de son regard. La pierre froide et grise succédait au marbre blanc et la nudité du rocher remplaçait la délicatesse des frises gravées. Le soleil pénétrait par de hautes fenêtres, étroites comme des yeux mi-clos et fermées de barreaux épais. Un silence de mort régnait entre ces murs, comme toujours quand quelqu’un s’y trouvait. Même les rats préféraient fuir ces lieux de misère.

Quelques pas plus loin elle sautait un carrefour, puis surveillait un angle droit vers la gauche. Comme il n’y avait toujours personne, elle avança un peu plus sereinement, guettant à travers les portes, la main serrée sur sa poitrine. Enfin, après une dizaine de pièces vides, elle reconnu à travers les barreaux, la silhouette tant désirée. D’un coup sec elle ouvrit la lourde porte de bois pour découvrir Aline, attachée aux mains par des cordes montant au plafond. Ses chevilles enchainées, son corps meurtri de coups à certains endroits précis, peu mortels mais très douloureux. Une torture d’interrogatoire, il n’y avait pas de doute.


La blessée leva des yeux épuisés vers Tétradie. Une poignée d’heures avaient suffi à lui faire perdre espoir, alors qu’en serait-il après une nuit ?

-"Je vais te sortir de là !"

Alors qu’elle avançait pour sauver sa belle, l’exorciste en devenir se retrouva comme soulevée hors du sol. Un regard en arrière lui fit comprendre avec horreur qu’elle était tombée dans un piège. Devant elle, le sourire aux lèvres, la mère Jocelyne l’avait attrapée. Elle ricanait retenant sa proie.

-"Voilà la souris qui fait rentrer les dévots des autres dieux. Je m’en serais douté."

Le coup de genou qu’elle décocha à la novice fût si puissant que sa victime en perdit le souffle. Un coup du talon dans le flanc suivi, plus violent encore. Un goût acide apparut dans la bouche de Tétradie alors que son estomac refluait sous les chocs. Sur le dos, elle réussit de justesse à se retourner pour vomir tandis que ses yeux s’embuaient de larmes. Le claquement des chaînes emplissait la pièce, ainsi que des bruits étouffés qu’on n’aurait su qualifier d’humains. La main de la mère supérieure s’empara de ses longs cheveux et une nouvelle douleur lui brouilla les sens alors qu’elle se faisait tirer sans ménagement. De désespoir, elle tenta d’accrocher ses mains à tout ce qui pouvait la sauver : les creux des pierres au sol, les angles des murs, les portes. A chaque fois ses doigts finissaient écrasés ou demeuraient impuissants.

On lui parlait, elle ne comprenait pas. Elle priait Sigmar à pleine bouche, mais des matières du Seigneur des Mouches lui emplissaient les gencives et la gorge, si bien qu’elle ne pouvait plus prononcer le moindre mot.
Puis les ténèbres, le bois claquant contre la pierre, le son de la serrure, le silence brisé uniquement par ses mains tâtonnant contre les fétus de paille et les couinements sans fin des rats qui rôdaient. A genoux et désemparée, il ne lui restait plus rien, à part prier et espérer. Espérer quelque chose, n’importe quoi.

Que ça soit par une facétie des dieux ou un coup du destin, elle ne tarda pas à recevoir une réponse à ses appels. La porte de cachot s’ouvrit sur une forte silhouette, haute et massive. Le visage franc du propriétaire de ce corps de guerrier lui apparut clairement en une image familière. Plus tôt, elle avait entendu dire qu’un prêtre étranger arrivait au temple sous très peu. Elle ne s’attendait pas à le voir, lui.
Eric von Nuln, son maître depuis Middenheim, s’adressa à elle en ces termes.


-"Sors-donc, Tétradie. Nous avons à parler et tu as mieux à faire que de pleurer sur rien."

***
Une fine pluie s’abattait sur Altdorf, comme il était courant en la saison.

Une armée en marche battait le pavé depuis le palais impérial. En ordre de bataille, les ordres de sept temples, les chevaliers de trois commanderies et les hommes de douze casernes claquaient le talon au pas martial, le regard droit devant, en direction de Middenheim qui, disait-on, ne tarderait pas à être assiégée.

La majorité des nonnes et des moines des différents temples étaient partis assister leurs camarades et leurs concitoyens par des chants et des prières publics. Tétradie, elle, toujours punie, n’aurait pas l’honneur d’assister au départ. Depuis trois semaines elle recevait les corvées les plus ingrates, les plus dures, mais elle ne se laissait plus faire comme avant. Sa douleur l’avait endurcie, rendue plus sèche, plus violente. Pour tout dire, elle en avait même perdu son accent à force de mesurer chaque mot.
Mais son petit plaisir était le Feistag, seul jour où Aline pouvait s’échapper de ses propres punitions pour venir la rejoindre. Au fond, la nonne était persuadée que von Nuln savait mais qu'il laissait faire.


-"Je pars, Tét’"

Les mots tombaient comme une sentence.

-"C’est pas toi, c’est moi."

Un mur les séparait à présent. La palissade du couvent que tant de fois Aline avait franchi. Chacune assise d’un côté, dos contre la pierre, pour ne pas se voir à travers elle.

-"C’est parce qu’on m’a dit de ne plus te revoir ? On me le disait déjà avant."

-"C’est pas ça."

-"La Jocelyn n’est plus là, tu n’es plus…"

-"Tét’…"

-"Mais parle-moi !"

-"Je pars à Middenheim."

Devant la révélation, Tétradie resta silencieuse. Il ne s’agissait pas de la ville, non, elle en avait de mauvais souvenirs mais comprenait bien que son cas était particulier.

-"C’est la guerre là-bas."

-"Je sais."

-"On ne te laisse pas le choix ?"

-"On m’a proposé, j’ai accepté."

Les traits de la sigmarite blêmirent quand elle entendit les dernières paroles. Elle ne pouvait y croire, pas après tout ce qu’elles avaient vécu. Elle porta son index droit à sa bouche et mordit dedans pour étouffer un sanglot.

-"Tétradie ?"

-"Pourquoi tu ne veux pas rester ?"

Nouveau silence.

-"Tu avais besoin de moi, Tét’, à l'époque. T'avais besoin de moi, mais plus maintenant."

-"Mais…"

-"Tu t’en sortiras seule. J'ai d'autres gens à aider maintenant."

-"Tu m’aimais vraiment ?"

Il n’y eut aucune réponse, juste le bruit des pas qui s’éloignaient. Rien de plus à ajouter, seulement le long silence gêné des amants qui se séparent. La sigmarite aurait voulu faire comme dans les contes et les légendes : pleurer tout son saoul le départ du preux chevalier, se morfondre de douleur et hurler aux cieux indifférents. Rien ne vint en plus de quelques hoquets malheureux. Son amie avait préféré partir dans le nord, quitte à y mourir, plutôt que de rester et essayer de construire quelque chose avec elle. La couleuvre serait longue à avaler. Maintenant elle devrait faire comme tous les jours : se lever, garder la face, afficher une neutralité de circonstance et aider aux tâches quotidiennes comme si de rien n’était.
Justement, la vaisselle l’attendait, avant de repartir prier pour les orphelins.

Seule dans les cuisines, la pile de bols, assiettes, couteaux et autres cuillères sales dans un grand bac, elle se mit à la tâche, versant seau d’eau après seau d’eau et attrapant un savon de Bordeleaux. Ce serait sa vie, elle le savait.

Mais elle ne serait plus jamais la chienne du Middenland.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

Répondre

Retourner vers « Grimoire des Sages Écritures »