[Concours] Échanges involontaires, textes

Dans cet espace intemporel et hors du monde, les plus talentueux écrivains peuvent écrire pour le plaisir ou se mesurer entre eux, pour leur gloire personnelle ou par vengeance....

Modérateur : Equipe MJ

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Vous avez deux votes, en message uniquement.
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[MJ] Bugman
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[Concours] Échanges involontaires, textes

Message par [MJ] Bugman »

Consignes de vote par Katarin (car Bugman a la flemme :D) :
- Deux votes maximum par votant
- Seuls les votes dans les messages postés dans ce sujet comptent - le poll ne sert à rien (Bugman l'a laissé, personne sait pourquoi)

***


La Liste ^^

Piero tombe sur le corps de Dan
Karil tombe sur Taille
Adémar tombe sur la rouquine
Prestenent tombe sur Snorri
Dokhara tombe sur Necros
Snorri tombe sur Adémar
Ludwig tombe sur Prestenent
Necros tombe sur Johannes
Taille tombe sur Goraxul
Yan tombe sur Piero
Dan tombe sur Ar'Karan
Johannes tombe sur Yan
Goraxul tombe sur Ludwig
Et Ar'karan sur Karil

Vous aurez jusqu'à Lundi 01/03/2021 23h59 pour rendre vos textes ^^

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Goraxul
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Re: [Concours] Échanges involontaires, textes

Message par Goraxul »

Hors-sujet
Bonjour a vous tous,
J'aimerais tout d'abord remercier MJ Bugman pour le concours, et aussi m'excuser pour tout les lecteurs. Avant d'entamé votre lecture de ma proposition pour le concours, il vous serait important de bien lire l'historique de mon hôte, soit Ludwig Von Hofferbach car mon texte fait référence a beaucoup d'élément et s'imbrique dans la narration de son passé. Libre a Ludwig de l'incorporer comme officiel dans son bagage de personnage mais ce serait un honneur pour moi s'il acceptait cette proposition. Tout le texte à déjà été pésenté a Ludwig pour son approbation préalable et a un MJ afin de valider les propos pour respecter les règles concernant les sujets énoncés. Merci a Ludwig d'avoir accepter mon texte sans aucune censure et d'avoir embarquer dans mon délir. Bonne lecture.

-Gora
 ! Message de : Goraxul
:: AVERTISSEMENT ::
Ce texte comporte des éléments hautement violents et de nature sexuel pour un public averti seulement.

La pluie froide tombait sur son visage endolori alors qu’il était étendu dans la quasi-obscurité sur le sol composé de pierres plates . Le bruit d’un quelconque attroupement non loin le rappelait à la réalité. Une dure réalité alors qui tenta d’ouvrir les yeux. Au-dessus de lui, un ciel sombre et une lanterne suspendue au ras d’une chaumière de bois décrépie et de brique noircie par la cendre. Le bruit d’une charrette tirée par 2 chevaux passant à quelque mètre de lui le ramena une fois de plus hors de son sommeil rempli de démons nocturnes. Il s'essuya le visage de sa main droite afin d’ouvrir les yeux et comprendre ce qui se passait. Quelque chose n'allait pas. Sa main droite était petite, trop petite et surtout lisse comme si elle était faite de... peau.

L’homme se releva le torse afin de pouvoir comprendre ce qui se tramait ici. Quel étaient ces vêtements qui n'étaient pas sien, ou étaient ses cicatrices rappelle ses batailles passées et ses tatouages offrant son corps aux dieux du Chaos. Il n’était plus qu’un enfant, les cheveux horriblement courts, de minuscule bras et jambes, aucune pilosité faciale. Ce devait être une blague de l’Architecte. Un seul regard autour de lui ne fit que le confondre encore plus. Il n’était plus dans son repaire souterrain dans les steppes désolées, mais dans une ville, qui semblait ridiculement pleine de citoyens du sud priant leurs faux Dieux. Il avait échangé son corps musculeux et muté par le destin contre celui d’un homme dans la fleur de l'âge sans aucune dévotion dans l’endroit le plus éloigné de l’Oeil du Chaos qu’il ne l’avait jamais été.

Un sentiment de bonheur mélangé à de l'euphorie le traversa. Peu importe dans quel corps il se trouvait à l’instant, il avait une chance incroyable de planter une graine de discorde dans leur pays natal et ainsi déséquilibrer l’ordre établi. Offrant la chance à ses dieux de corrompre encore plus ce sordide hameau qui sentait la fumée et le poisson pourri. À chaque mouvement brusque, des marteaux lui martelaient le crâne et c’était accompagné de douleur vive au visage, il devait prendre son temps. Il n'avait plus sa musculature propre et pourrait rapidement être subjugué par un des gars qu’il voyait là-bas. Il portait uniformes, lanternes et armes au poigts. Tandis que lui, vêtu de quelque tissu disparate muni de boutons dépareillé et surtout détrempé de la tête aux pieds.

Il se releva sur ses pieds de peine et de misère, le sol tournait sous le poids du monde et il dû s'appuyer sur le mur adjacent afin de ne pas trébucher. Les gardes bougeaient relativement rapidement dans sa direction. L’homme tenta de faire quelques pas dans la direction opposée, mais ses chevilles ne supportaient pas très bien sa volonté de déplacement latéral. Les gardes le rejoignirent rapidement, l’un deux lui dit :
“Hey toi l’gueux, t’as trop bu on dirait hen!? “. L’homme tenta de répliquer “Laissez moi tranquille sal….” avant d'être poussé contre un mur plus solide que ses jambes. “On dirait que t’aurai pas dû sortir ce soir, c’est dangereux dehors tu crois pas”.

Un monde de rage et de fureur envahit l’homme. Des images de destruction irraisonnée et des visions de tête éclatées sur le pavement de la route de pierre l’assaillirent. Il ne souhaitait rien de plus au monde que de faire souffrir ces deux imbéciles. Leur ouvrir le crâne dans une envolée d’ultra violence. Leur arracher les dents une par une sans attendre. Le second coup vint rapidement et l’envoya se fracasser la mâchoire contre un rocher au sol. De toute évidence, son corps n’était pas prêt à s’en prendre au soldat en place. L’homme se mit à rire alors qu’il était au sol. C’était donc ça, être un homme du sud. C’était donc ça, l’ordre établi. La corruption et la rage étaient déjà partout chez eux. Un baril de poudre prêt à exploser à tout moment. Il ne manquait qu’une poussée dans la bonne direction pour que tous ces hommes ne tombent dans le ravin du Chaos et de la déchéance. Il serait cette étincelle, il sera cette tempête qui fera chavirer leur monde.

Ses sens lui revenaient un à un, les sons étouffés devenaient plus clairs, sa vision se focalisait rapidement. Il tendait ses muscles et serrait son poing avant de s’élancer vers le premier à l'allure patibulaire quand une voix l'interrompit.
“Garde! Ça suffit! Laissez cet homme en paix!”. Les gardes repoussèrent l’homme au sol avant de se retourner vers la carriole qui s’était approchée. “Mais qu’est-ce que tu…. Désolés m’dame, il est à vous m’dame, passez une bonne soirée.”

La voie qui émanait du carrosse était jeune et féminine. Elle parlait avec hésitation, mais savait se faire écouter. “Ludwig?? Mais qu’est-ce que tu fais là ?" L’homme leva le regard un instant et aperçu le corps d’une jeune femme qui descendait du véhicule immobilisé. C’était un carrosse qui avait un certain âge, il manquait d’entretien, mais fut sûrement prisé il y a quelques années. La demoiselle était bien vêtue, avec une grande robe terne et un chemisier ajusté crème. Ses cheveux étaient lissés sur sa tête et attachés en toque derrière la nuque. Un léger maquillage couvrait son visage presque parfait. Elle sortit du carrosse et traversa la pluie pour aller se prendre dans ses faibles bras l’homme qui avait de la difficulté à tenir debout. La pluie avait rapidement rendu transparente sa chemise et fait couler son maquillage. Un aperçu des courbes, la sensation de ses hanches contre lui et ses minuscules mains réveillèrent un instinct primaire du guerrier emprisonné dans ce corps qui n’était pas le sien. Elle tentait tant bien que mal de l’apporter avec elle vers le carrosse. “Aller viens te mettre au sec”, disait-elle. “Tu as besoin de te reposer, viens à la maison avec moi, mère sera heureuse de te revoir, ça fait si longtemps.” L’homme s’accrocha comme il pouvait avant de rentrer avec son aide dans le véhicule, un large sourire aux lèvres alors qu’il imaginait la suite de sa nuit dans cette odorifique cité de Nuln.
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Les chevaux tiraient l’embarcation depuis quelques minutes déjà, le visiteur dans le corps se sentait coincé dans cette chose. Il ne connaissait pas ce type de transport, il n’en avait vu que pour les prisonniers, mais celui-ci semblait bien peu solide. Le bois grinçait et craquait à chaque pierre sur la route. Les vibrations n'aidaient pas du tout son mal de tête, mais il se concentrait sur la nuque de sa compagnonne de route. Pas un muscle en vue, aucune cicatrice, une peau de lait, vierge de toute marque impie, il devra y remédier. Un cou si frêle demandera une légèreté dans les manipulations afin de ne pas le casser par accident. Il s’imaginait déjà y graver un appel au grand serpent. Il croisa son regard qui semblait le juger. “Désolé, je ne comprends pas ce qui se passe.” Dit-il. Elle baissa les yeux et fixa le sol de la calèche. “Moi non plus, ça fait si longtemps qu’on n’a pas eu de tes nouvelles, nous nous inquiétions beaucoup pour toi. Je suis heureuse de te savoir vivant frérot.”

Le carrosse s’arrêta devant une résidence qui demandait un bon coup de marteau ici et là, pas en ruine, bien placée, quelque étages, mais les rideaux laissaient à désirer et la peinture de la porte montrait un manque d’attention. Mais elle demeurait de bon goût. La jeune femme sortit en premier et alla ouvrir la porte en évitant d’être sous la pluie battante le plus longtemps possible. Ludwig se leva et descendit à son tour, sans jamais lâcher prise sur du chariot. Son équilibre s'améliorait chaque minute, il reprenait contrôle de ses sens rapidement. L’arrière-train de son accompagnatrice se montrait dans les plis de sa robe, il l’invitait et dû refréner l’appel de la bête intérieur afin de ne pas lui sauter dessus dans la rue aux vues des passants nocturnes. Elle referma la porte derrière lui et se dirigea sans attendre à l’étage.

Goraxul observa à travers les yeux de ce Ludwig un monde qui n’était pas sien. Une résidence étanche, illuminée, avec un plancher de bois immobile et des peintures sur les murs. Un tapis sur le plancher afin de cacher il ne sait quoi. Des chambres inutilisées s'ouvraient devant lui, un éclairage doux de quelque chandelle parsemé ici et là. Une bonne odeur alléchante de cuisine vint le chercher et lui fit presque oublier l’odeur de brûlé qui l’avait attaqué en sortant du carrosse. Il entendait la jeune fille se promener à l'étage.
“Allez viens Lulu, j’ai préparé ta chambre, il te restait quelques vêtements ici, j'espère qu’ils te feront toujours, tu dois avoir froid." Il monta l’escalier en caressant la rambarde d'escalier, toute faite de bois travailler. Il y avait une richesse dans cette maison, mais elle semblait si loin. La poussière s’accumulait dans les coins malgré l’apparence d'opulence. Les marches pliaient sous ses pas. Il dégoutait d’eau de pluie dans son avancée, mais il n’y faisait guère attention. Il entendait “sa soeur” bouger en haut. Elle était dans sa chambre et avait enlevé sa chemise détrempée. Il l'aperçut graduellement alors qu’il montait les derniers paliers. Tout d’abord la tête, les cheveux détachés et dégoulinants sur ses épaules laiteuses. Elle se retourna et il aperçut la fine poitrine saillante de la jeune femme alors qu’elle tentait de détacher sa robe. Elle devait avoir froid, un frisson la traversa. L’homme s’était immobilisé et observait le spectacle. Si petite, se disait-il. Il la fixait de longues secondes avant qu’elle ne se retourne et croise son regard. “Hé! Va dans ta chambre petit frère!, espèce de pervers!” Elle se couvrit rapidement et claqua sa porte en ricanant.

Sa chambre était impersonnelle, comme si personne n’y avait habité depuis des années, mais elle gardait quand même quelques souvenirs, des bibelots et surtout un miroir. Un lit simple, une armoire qui touchait le plafond, une chaise de bois, un petit foyer de pierre ou un feu venait d'être allumé, une table de chevet et une fenêtre recouvertes de rideaux violacés. Il retira sa chemise détrempée et se fixa devant le miroir. Il était prisonnier d’un corps d’enfant, un jeune homme à peine dans la vingtaine, une coupe en brosse, pas une cicatrice en vue, relativement grand mais sans grande musculature. Une pauvre nutrition devait l’avoir affamé, car il était presque sur les os. Il s’approche du miroir pour se voir le visage de plus près. Aucun tatouage de la grande bête, c’était un cauchemar, il ne se reconnaissait en aucun point. Il chercha une lame afin d’inaugurer sa présence, sur le mur il trouva un petit bouclier avec deux couteaux posés en décoration. Ils ne serviraient à rien dans une bataille selon le visiteur, mais des couteaux tranchant quand même. De quoi laisser une marque dans sa chaire virginale.

Un bruit à l'étage supérieur, deux voix, celle de sa sœur et une seconde féminine, mais plus âgée. L’homme ne put discerner ce qui se disait, mais un mélange de surprise et d’incompréhension se faisait entendre. Il retira ses pantalons trempés et enfila une seconde paire qui avait été déposée sur le lit par la fille. Des bruits de pas qui descendait un autre escalier à l'étage supérieur. Il cacha le couteau dans son pantalon et observa de nouveau sa chambre.


“Mon grand garçon, je me suis fait du souci! Comment vas-tu, ta sœur m’a raconté que tu avais des ennuis avec les gardes?” La grande dame entra en trombe dans la chambre et serra l’homme dans ses bras. Il sentit la poitrine flasque de cette femme à travers son bustier et les bras rachitiques de celle-ci et ça le répugna au plus haut point. La jeune fille entra à son tour dans la chambre et s’appuya sur le cadre de porte.

C’en était assez, il n’en pouvait plus de garder cette supercherie en place et il repoussa violemment la vieille dame.
“Lâche-moi sale pute!” Elle tomba sur le lit sans un cri. Sa sœur se jeta sur elle pour voir si tout allait bien. Un regard d’incompréhension et de surprise placardait le visage de sa mère. Mais surtout, elle était transie de peur et restait figée. “Que se passe-t-il Lulu. Tu as besoin d’argent c’est ça? Je peux t’aider”, dit-elle en se relevant avec l’aide de sa fille. La jeune fille renchérit “Qu’est-ce qui te prend Ludwig, je sais que l’on ne s’est pas quitté dans les meilleurs termes, mais ça ne mérite pas ça." “Ta gueule petite garce!” Il sortit rapidement le couteau de son pantalon et pointa la dame de l’extrémité de l’arme. “TOI, va t'asseoir sur la chaise!” Elle répliqua rapidement "Non, jeune homme, tu vas quitter ma demeure tout de suite, je n’acc….” “MAINTENANT OU J’OUVRE LA GORGE DE TA BIEN-AIMÉE SALOPE!” il attrapa la jeune fille par la gorge et lui planta la pointe du couteau sous le menton. “MAINTENANT VIEILLE GARCE OU JE LA SAIGNE COMME UN PORC!”.

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La jeune fille était recroquevillée sur elle-même en, tuméfié et ensanglanté, sanglotante alors que l’homme finissait d’immobiliser la plus vieille à la chaise de bois avec un mélange de ceintures de cuir et de corde pour les rideaux. Il s’approcha de l’oreille de la dame et lui chuchota doucement “Je veux t’entendre supplier pour sa vie, cri comme si sa vie en dépendait, car si tu ne dis rien, elle aussi se taira pour l’éternité. Observe l'œuvre du Sublime Serpent et apprend y une leçon, la création est divine, peu importe le tableau et son résultat. C’est l’acte, tout est dans l’acte.” Elle sanglotait et avait le souffle court de rage, les yeux injectés de sang aux agissements de son fils bien aimé. “Qu’est-ce que tu fais Ludwig! Mais arrête tout de suite, je m’excuse pour ton père, je te dirais tout”. Il la gifla violemment du revers de la main “Je n’ai rien à faire de cette histoire, supplie-moi!”.

“Vous n’êtes que deux sales putasses qui ne valent rien de bon, le Serpent profitera de votre corps sans plus…” Il grimpa sur le lit et appuya la lame de son couteau derrière la nuque de la Johanna. “Je vais te montrer sa grandeur et son immensité divine, tu vas voir." Dans un élan de rage, il déchira ses vêtements et la chevaucha sans grâce ou honneur. Une symphonie de hurlements et de pleures, une avalanche de sang et de foutre, Katharina suppliait son fils Ludwig de cesser, elle hurlait, chuchotait, sanglotait, elle perdait espoir et avait des hauts le coeur de voir ce terrifiant spectacle se dérouler devant elle sans pouvoir agir. Elle cherchait et cherchait ce qui pouvait avoir poussé son fils à commettre un tel geste, une telle infamie. Elle se demandait si c’était sa faute, si parce qu’elle avait caché son père depuis tant d'années il avait cherché du réconfort ailleurs et était tombé dans un culte comme elle en avait déjà entendu parler à la cour Von Liebwitz. Est-ce que si elle avait agi autrement, cette situation aurait-elle été différente?

L’homme attrapa la tignasse de la jeune femme afin de se donner un élan sauvage, mais échappa malheureusement son arme dans le processus. Le couteau tomba à quelques centimètres de la main de Johanna. L’homme ne s’en rendit pas compte sur le coup alors qu’il se livrait corps et âme au Prince des plaisirs. Elle se concentra, saisit fermement l’arme et se retourna promptement pour frapper son frère en plein cœur. Le coup était lancé, mais l’arme manqua la cible, elle taillada profondément l’épaule et l’arme se coinça contre un os. Elle se retrouvait recouverte de sang et lui proféra un grand cri d’extase alors qu’il saisit l’arme et la projeta dans le foyer qui réchauffait l’ambiance. Il attrapa la fille et la propulsa contre le miroir qui se brisa en centaine de morceaux tranchants. Katharina tentait plus que jamais de se défaire de ses liens, mais elle n’arrivait qu'à faire taper la chaise sur le sol sans se libérer .

L’homme se jeta sur le corps de la jeune fille et empoigna une poignée de morceaux de miroir et les força dans la bouche entrouverte de sa victime qui hurla de douleur. Il riait, il riait haut et fort, alors que le sang de son épaule se répandait sur son torse et colorait le plancher de la pièce. Il attrapa la mâchoire et la força à mastiquer, réduisant en charpie sa pauvre langue qui ne devait être plus que lambeau à l’instant présent. Elle ne bougeait plus, mais respirait toujours. Elle devait avoir perdu connaissance. Son regard se tourna vers la dame qui pleurait à chaudes larmes et qui en tentant de prononcer des mots inintelligibles bavais à grands flots.

Il se leva et cracha sur la dame.
“Le Sublime Serpent sur votre maison, pour des générations à venir" il attrapa le tisonnier qui était déposé dans le foyer et s’approcha d’elle avec un sourire menaçant. “Qui es-tu … tu n’es pas mon fils, c’est impossible, alors qui es-tu?” Il déchira le bustier de la dame et il apposa la tige de fer ardente sur sa tendre chair. Une odeur de viande calcinée emplit rapidement la pièce. Il prenait son temps malgré les cris de douleur. Il s’appliquait proprement, car il savait que son dieu l’observait, l’insigne du seigneur des excès sera à jamais gravé sur le sein de cette dame qui tomba à l'agonie rapidement. Il n’y avait plus un son outre la chaire qui fondait et le foyer qui crépitait. Une fois son œuvre terminée, il recommença dans le dos de la jeune fille. Plus grand, plus clair, un tableau majestueux qu’il offrait à son dieu Slaanesh signé de sa griffe personnelle, Goraxul.

Sa blessure serait fort malheureusement bientôt guérie et il ne pourra laisser qu'à son hôte le maigre souvenir de cette aventure rocambolesque. Probablement qu’il l'attribuera une soirée trop arrosée ou il aurait rencontré un ivrogne dans une taverne. À en croire les dires des femmes, il n’était pas sur le point de les revoir de sitôt alors qu'elles ne lui parleront plus jamais. Lui il se réveillera avec le pire mal de bloc possible et une nouvelle cicatrice sans savoir pourquoi et son esprit comblera le vide. Avec ces marques impies, elles n’auront plus d’autre choix que de s’associer à un culte local. Le chaos fera son oeuvre sur le corps chatié de la jeune femme et il corrompera leur esprits rapidement. Lors de leur prochaine rencontre, la discussion sera tout autre, les souvenirs effacés, les mensonges et les tensions au maximum. Comme le temps fait bien les choses, tous y trouveront leur compte et justifieront leurs actions aisément. Le chaos est partout. Le chaos … est … éternel...
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Goraxul , Élu du Chaos Universel

Fiche Wiki

FOR 10 / END 11 / HAB 7 / CHAR 11 / INT 10 / INI 11 / ATT 11 / PAR 11 / TIR 8
MAG 0 / NA 2 / PV 80/80
Compétence
  • Ambidexterie : Utilisation sans malus de deux armes à la fois
  • Arme de prédilection : Hache Chaotique/b] : Bonus +1 ATT pour hache, -1 ATT et PAR pour autre arme 1d3 tours
  • Autorité : Bonus de 1 pour interraction avec militaire
  • Chasse : Bonus de 1 lors de tentative de chasse
  • Coriace : Réduction de -1d3 dégats lors d'une attaque contre lui (minimum de 1 dégats)
  • Coup Puissant : Bonus de 1d3 dégats lors d'une attaque
  • Langue Noir : Permer de parler et de comprendre la langue des monstruosité du Chaos
  • Parade : La valeur de parade des armes et bouclier est doublée
  • Résistance Accrue : Bonus de 1 sur tout ses jets d'endurances
  • Sang Froid : Ne subit pas de malus en cas de situations stressantes
  • Sixième sens : Bonus de 1 lors qu'il se sent traqué pour découvrir la source
  • Survie en milieux hostile : Bonus de 1 lors de tentative de survie en milieux dangereux.

Expérience
  • XP 0/625


Armement
  • 2 x Hache Chaotique : 18+1d8 ; 8(16) PAR ; Percutante : 2 jet de dégât, garder le meilleur. Manier deux haches chaotiques en même temps permet de faire deux attaques.
  • Bouclier du chaos : 6+1d6 ; 16(32) PAR ; Déstabilisant : +2 à tout test visant à pousser/renverser ou à résister. Bouclier : relance automatique de la première parade ratée au cours d'un round.
  • L'Éventreuse : 30+1d10 ; 12(24) PAR ; Percutante [2 jet de dégât, garder le meilleur], Épuisante [-1 aux attribut par tour pendant 5 tour, max -4] Lente [+2 en PAR et en HAB pour défendre contre l'Arme]


Armure
  • Harnois du cultiste de Khorne : 10 points de protection partout sauf la tête.
  • Camail : 6 points de protection sur la tête ; Protection de maille à laquelle peut s'ajouter un casque.
  • Casque Noir : 14 points de protection sur la tête ; -1 INI et ATT, -2 HAB


Mutation 1/8
  • Peau écailleuse : Armure naturelle de 4 sur le bras droit.


Argent
  • Couronne : 8
  • Pistole : 0


RP

Kill List
  • 8 x Skavens
  • 2 x Disques de Tzeentch
  • 2 x Soldats Kislev
  • 1 x Homme-bête
  • 1 x Champion de Khorne mort-vivant
  • 1 x Goraxul miroir
  • 1 x Goblin

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Dan Surcouf
Warfo Award 2022 de l'Incitation au voyage
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Re: [Concours] Échanges involontaires, textes

Message par Dan Surcouf »

Le capitaine Dan Surcouf, commandant du Rouge-Gorge, avait vécu beaucoup de choses bizarres, dans sa courte existence. Il avait visité l'ile muette et découvert un monde sourd et muet particulièrement oppressant. Il s'était aventuré dans un souterrain pour y affronter une créature infernale, corrompue par le chaos, avant de poursuivre un répurgateur ayant jugé intelligent de faire mumuse avec une boulette de Nurgle. Il avait été impliqué dans un enlèvement et enfermé pendant un an à Rikjer. Enfin, un elfe sans aucune expérience, en matière de contrebande, lui avait sortit le grand jeu, avec brouillard magique et sbires en tout genre.

Mais, ça... ça, ça remportait le pompon. Quelques minutes plus tôt, il était tranquillement dans son Sloop, tabassant une sentinelle elfe qui avait eu l'excellente idée de grimper à bord. Et paf, voilà qu'il était maintenant dans cette taverne, avec un type qui lui baragouinait il ne savait quelles simagrées à propos d'un pouvoir destructeur.

-Tu es encore ignorant du savoir du destructeur... mais... n'en t'en fais pas, tu découvriras la vérité tôt ou tard.
Surcouf l'ignora, se pinçant l'arrête du nez, pour respirer un bon coup et essayer de comprendre ce qui se passait. C'est là qu'il remarqua que ses mains sortirent de son champs de vision... il se touchait le visage, ça n'aurait jamais dû arriver.

Il regarda ses mains. On pouvait difficilement appeler ça des mains. Elles étaient grosses, couvertes d'une légère fourrure tigrée et pourvue de petit bourrelets de chair au bout. Il appuya sur le bourrelet de son index, faisant ressortir la pointe brillante d'une griffe. C'était comme pour les chats.

Il passa prudemment ses mains sur son visage. Au niveau de ses globes oculaires, de longs tentacules de chairs s'étiraient, comme pour les escargots. Enfin, il sentit quelques chose remuer au niveau de ses fesses. Un de ses yeux pivoter automatiquement, tombant alors sur une queue de serpent.

-Le destructeur puise dans les faible pour obtenir des forts... Cependant, il faut lui prouver que l'on est digne de se dégager de la boue. Il a donc inventé... ceci.
L'autre œil de Surcouf se posa sur la petite boite en bois, qui contenait un vieil anneaux tout pourris.
-Cette chose m'a accompagné de nombreuse années pour me relever et devenir enfin digne de servir le destructeur. Il a fait de moi le digne serviteur que je suis et... peut-être... qu'il te permettra de le servir dignement. Cependant...
Dan ne l'écoutait pas vraiment, bien trop distrait par sa nouvelle forme.
-Soit ton enveloppe corrompus se fait dévorée.. remplacer par une autre plus faible mais... de la ou tu pourras t’élever pour devenir bien plus fort. Ou alors tu devras trouver une âmes suffisamment corrompus pour nourrir l'anneau... avant qu'il ne te dévore.
Le tavernier se tut et le regarda, comme si il attendait une réponse.

Surcouf sentit brièvement son rythme cardiaque accélérer. Par Ranald! Qu'est-ce qu'il était censé faire au juste? Il était une chimère, à laquelle un tavernier douteux essayait de refiler un vieil anneaux pourrave, parce que ça l'aiderait à servir un "destructeur"...

Après de longues délibérations, Surcouf finit par se calmer et arriver à la conclusion suivante: il s'était fait dessouder par la sentinelle, à un moment donné, sur le Rouge-Gorge, et il était probablement en train de délirer dans son inconscience. Il s'accouda donc au comptoir et fixa le tavernier avec ses deux yeux.

-Bon, pépère, t'es bien gentil, mais ça pue un peu l'arnaque ton délire. De là où je suis, t'as l'air d'être justement dans la phase "refiler la babiole à un autre pigeon avant de me faire bouffer".
Il croisa les bras.
-C'est la base de l'escroquerie, pépère: faut jamais dire qu'on vend de la camelote.
Il ricana.
-Allez, le prend pas mal, mais je vais me contenter d'un peu de pinard, si t'as. Je dois bien avoir quelques heures avant de me réveiller, autant que ça soit agréable pour nous deux.
Il regarda le tavernier et attendit qu'on le serve.
Dan Surcouf, Contrebandier
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Piero Orsone
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Re: [Concours] Échanges involontaires, textes

Message par Piero Orsone »

"Dans les geôles de Marienburg, y a des marins qui chantent les rêves qui les hantent au large de Marienburg."

Serpenter dans les méandres les plus obscurs de notre subconscient, batailler contre des moulins aux formes abstraites, fuir le passé, le présent l'avenir. Se réveiller, glisser et atterrir lourdement sur le sol. Bien dur. Froid. Humide. Mais ce n'est pas le sol dur du Hijo de Manaan. C'est de la pierre. Suintante, grasse, froide. Tâtonnant à deux mains afin d'avoir l'appui pour se redresser, réaliser alors que ce ne sont pas les nôtres.

-Madre Puta je suis où ? Bordel je suis où ?!

Piero regarda ses mains, pardon, ces mains. Ces mains étrangères. Ces mains couvertes de cors, aux phalanges noueuses. Si il n'avait pas d'ordinaire les mains douces d'une jeune bourgeoise, elles n'avaient pas cette longueur, cet aspect. Ce n'était d'ailleurs pas ses habits. C'était des frasques simples doublées en laine. Ses avant-bras n'avaient pas les mêmes tatouages. Il n'était pas lui. Et là il gueula pour de bon. Comme un orque en cage il se précipita aux barreaux. Hurlant en demandant où il était. Qui il était. Hurlant à s'arracher les poumons. S'agitant aux grilles comme un singe dressé de Lustrie.
Derrière lui le voisin de chambrée tiré de son sommeil se redressa pour le décoller. Il le mit par terre, le coinçant afin d'essayer de le faire taire.
-'Tain Dan, T'arrivasse quoi ? T'vas rameuter Kalkman sur nos fessards fissa si tu continues comme çô.
-Mais t'es qui encoré espèce di Stronzio ?

Dans les cellules adjacentes les prisonniers indisposés gueulaient en exigeant le silence, d'autres réclamaient du sang. Le bruit des bottes des matons suffit à calmer la plupart. La main de Josselin sur la bouche, s'agitant mollement, les yeux pleins de larmes, il ne fallu pas plus de temps pour saisir que quoi qu'il était, il était surtout à l'ombre. Et les accents jutones et impériaux ne trompèrent pas. C'était Rijker, la terreur de tout homme sans foi ni loi. Il était à Rijker, sur son sol froid. Il était à Rijker après s'être assoupi dans la paille d'un navire remontant la Soll.

C'est difficile d'estimer le temps lorsqu'on est enfermé. On attend, inerte, sur la banquette qui sert de lit. Piero attendait. La nuit avait été longue. Réalisant qu'il était coincé, renonçant à justifier cette situation invraisemblable. La joue contre le mur. Attendre.

-Allez Dan'. Tu d'vras tirer encore deux mois et t'es dehors. Va pas craquer maintenant. C'est que huit...neuf semaines. Allez Dan.

Ne pas répondre, à quoi bon. De toute façon il ne pourrait pas comprendre, Piero lui même ne comprenait déjà pas. Le temps passe différemment en cage. Il se passe des semaines et en même temps vous pouvez sentir chaque seconde couler avec lenteur, visqueuse comme de la mélasse. Le seul marqueur, le seul repère, c'est le bouillon de légumes, clair comme de l'eau de source. Et moins riche en sel. Bien évidemment que votre serviteur avait gouté quelques fois à la froideur des cachots, mais jamais sans une raison légitime. Et jamais à Rijker. L'inspection rapide de sa nouvelle anatomie lui apprit deux trois détails. Déjà que l'oiseau en question était pas bien gros et que le régime soupe à la flotte risquait pas de le remplumer. Il avait un attirail de marin aussi. Et quelques phrases nébuleuses avec Josselin lui confirmèrent qu'il avait un navire à récupérer. Que le rouquin lui ne sortirait pas avec lui. Et que les bonnes femmes de Marienburg ne se frottaient la panse contre la panse des bretonniens qu'au prix de bien des emmerdes pour ces derniers.

Ensuite ce fut le maigre réconfort, la sortie hebdomadaire. Une courte demi-heure. Soutenue par un Josselin de plus en plus inquiet, une épave humaine aux cheveux devenus filasses et longs, à la barbe piquant ses joues carrées de marin bordelerois, titubait jusqu'au soleil tant fantasmé. Et quel soleil. C'était la grisaille marienburgeoise la plus classique. Quelques goélands narquois voletaient sous les nuages lourds chargés de pluie. Mais la cour offrait à Dan Piero Surcouf la chance de gouter à l'air frais. L'odeur des corps, de la mer. De toutes les bandes de loufiats et de matons. À défaut d'avoir le bleu du ciel, son gris offrait un autre point de vue que celui des barreaux et de la cellule d'en face.

Marcher avec un autre corps, respirer avec un autre corps, être dans un autre corps. C'était quelque chose d'inimaginable, perturbant. De ses orteils au sommet de son crâne il se sentait comme un intrus. Au mauvais endroit. Et en même temps il ne pouvait qu'adresser une silencieuse condoléance à ce bougre dont il occupait désormais la cervelle. Puis on devait rentrer de cette trop courte pause dans l'ennui perpétuel des cachots. Vider un seau pour en remplir un autre. Noter par une marque sur les murs chaque dépôt de bouillon de poireau. L'empire des jours semblables, des nuits semblables, des sorties semblables. Prisonnier de Rijker et de Dan Surcouf. Lorsque son esprit divaguait il se demandait si l'infortuné marin s'était retrouvé sur le Hijo de Manaan. Peut être. Alors il ne serait pas si dépaysé. Il partait même pas trop mal dans la vie. Il troquait les cachots pour un cheval, une guitare et un pistolet. Petit bâtard de Dan Surcouf. Tu me laissais les rats et Josselin. Mais pourquoi t'en vouloir. Peut être même que t'étais pas en moi. Pardon Dan Surcouf. Et bonne chance avec le merdier qu'était ma vie. Bonne chance.

Puis un matin. Ou une nuit. Difficile d'estimer. On vint le chercher. C'était cette tinette pleine de Tobias Kalkman. Avec un autre bougre. Il ne s'empêcha pas de laisser remarquer avec sa voix grasse que c'était "Ton jour de chance vermine, si ça n'tenait qu'à moi je t'aurais laissé moisir dix ans de plus."
Soulevé sans ménagement, ramené dans les boyaux de la prison. Sur leur passage les taulards oubliés depuis tant d'années ricanaient en proférant des obscénités. On sortait si rarement de Rijker par la porte. Généralement c'était entre six morceaux de bois.

On lui rendit les effets personnels du pauvre Dan dans un sac. Ensuite ça serait un voyage offert jusqu'aux Suiddock. Après, ce n'était plus le souci de la prison. Lorsqu'il fixa le ciel matinal que l'aube avait teinté d'orange et de pourpre au dessus des eaux souillées de l'embouchure du Reik, il réalisa qu'il était libre. Mais libre d'aller où ? C'était la réflexion qui le tarauda sur la barque qui le ramenait aux quais. Il n'était ni bretonnien ni tiléen ni estalien. Déjà né dans la bâtardise de deux nations, le voilà bâtard de corps comme de sang. Bâtard d'esprit. Pas le bon accent. Et ce Dan n'avait pas l'air d'avoir bien des attaches. Pas de bourgeoise à l'attendre au pays. Puis ça serait malhonnête de lui voler sa vie. Il lui volait déjà son corps. Partir. Où ça ? Loin. Loin de ses anciennes vies. Pas de Roy ni de Prince. Il partirait là où les flots tempétueux de la mer des griffes irait le vomir. Si fait. C'était pour le mieux.

* * * * * *

Arrivé dans la bouillonnante métropole, le choc avec la lugubre prison manqua de lui provoquer un malaise. Partout on vendait, poissons, colifichets de protections, cuisses chaudes et presque pas percluses, repas tièdes presque sans rats. La foule était une masse immense et féroce qui vous absorbait. Comme un déshérité, il tenait son sac tout contre lui. Dedans un veston de cuir qu'il avait enfilé pour se tenir chaud durant la traversée, un vieux chapeau, du blé, de quoi trouer la peau des gens. Comme une sorte d'imitation de son lui d'avant, il avait enfilé le galurin, accroché le coutelas et le pistolet à sa ceinture rouge. On lui avait donné l'adresse de l'amirauté pour réclamer son navire. Hésitant, chancelant, il s'était retrouvé face au plus terrible ennemi de tout homme normalement constitué : Un bureaucrate. Créature imitant une apparence humaine pour mieux dévorer votre esprit et votre bourse par des explications alambiquées. Cinq pièces d'or. Ils se la mettaient bien ces enfoirés du Directoire.

Et me voilà propriétaire d'un fier Rouge-gorge. Bon ça se manœuvre comment ces engins-là. Il y avait dès lors une situation comique pour tout le monde sauf le principal intéressé. Amarré le long des multiples quais de Marienburg, un bougre s'évertuait à comprendre comment déployer la voilure et nouer les cordages de sa frêle esquif.

Il ne s'arrêtait que pour récupérer une pitance chaude à l'auberge d'en face. Les Marienburgers étaient des gens pressés et l'effet de nouveauté passa vite. Dès le deuxième jour on se désintéressa de l'énergumène. Au troisième on s'inquiéta qu'il puisse inquiéter le passage des navires avec sa coquille de noix, au quatrième un druide albionnais à moitié nu plaida en sa faveur, au cinquième il manqua de déclencher une émeute en demandant une bière potable à un tavernier d'ascendance couronnoise. À la fin du cinquième jour il partait vers le lointain.
Incertain, mal préparé, deux anciennes vies à fuir, mais de quel côté ? Vers l'Ouest et la Bretonnie, patrie de naissance du Dan ? Ou vers l'Est, ses norses, ses rochers et la brume douze mois par ans.
Il se rappela du gout de la bière et décida de s'orienter vers l'Orient. Et de douloureux souvenirs.

* * * * * *

Remontant les filets de ses gros doigts tout esquintés, le Vieux grogna en hissant des dizaines de merlans, de harengs ou de morues. De flasques bêtes à écailles froides que le Jeune s'empressait de mettre dans des tonneaux. La saison était bonne. On aurait de quoi passer l'hiver à se terrer avec ses oignons et ses poissons en saumure. Le Vieux ne disait plus grand mots tant deux décennies à pêcher avait rendu ce fardeau automatique. Et puis y avait de plus graves soucis. Les Norses pour commencer. Ils n'étaient pas venu troquer peaux et ambres contre fers et gnôles. C'est qu'ils préparaient un sale coup. Parole de ce vieux Peter.
-P'pa y a des langoustes, la Mère va nous faire d'la bisque.
Tout en frottant sa barbe qui commençait à grisailler, le Vieux approuva.

Dietershafen était une ville comme le Nordland en comptait bien d'autres. On vivait surtout de la pêche. Sur des quais poisseux à force d'y vider tout ce que la mer des griffes vomissait de poissons, de mollusques et de coquillages, blanchis par les chiures des oiseaux marins, un vieux sloop chargé de poissons accosta. Les autres pêcheurs saluèrent le retour au port de Peter le Vieux et Peter le Jeune. Il était pas trop bavard ce Vieux Peter. D'aucuns disaient qu'il fuyait quelque chose. Les autres rétorquaient qu'à la taverne du Gausser qui s'gausse, il chantait parfois, lorsque le vieux vin du sud avait assez trempé son gosier. Paraissait même qu'il chantait bien. Mais Peter le Vieux et Peter le Jeune rentraient surtout à la maison. Une simple petite bicoque qui logeait la famille Ulfr.

-La pêche a été bonne les garçons ? Manaan soit loué vous avez tous vos doigts cette fois-ci !

Elfriede vint enlacer son ainé et son mari dans une chaude embrassade. Elle avait noué ses cheveux blonds devenus un peu plus terne dans une longue natte. Cette enfant du nord avait bien grandi. Le temps et les grossesses l'avaient aussi élargie au passage. Revenant accueillir leur père, toute la tribu se massa auprès des marins nourriciers.
-Danü, Malwenn, Karl, Helena, comme vous grandissez vite. Un jour vous allez me dépasser vous le savez ça ?

Tout en reposant son galurin sur une étagère, le patriarche vit son reflet buriné dans la vieille plaque polie. Le sel, le vent, les années avaient chacun leur tour prélevé un peu de sa jeunesse. Cette trogne qui lui était toujours un peu étrangère. Ses cheveux avaient reculé en même temps qu'ils prenaient la teinte des yeux d'acier de sa Elfriede. Vingt ans. Vingt ans à jouer un rôle. Celui de père, de protecteur, de marin-pêcheur. D'Ostlander venu chercher meilleurs bancs de poissons et villages moins ravagés chez ses voisins. Il en avait vu passer des saisons en mer. Il avait troqué ses anciennes vies pour la soupe de palourdes et une place près du feu. Une vie simple mais honnête. Et voir ses enfants grandir. Le plus grand était parti vers Salzenmund pour devenir apprenti. Fantini qu'il s'appelait. Les autres étaient là avec lui. Remplissant son verre de gnôle d'oignon qui raclait agréablement le givre au fond de sa gorge, il chantonna tout en fixant la chaudrée que sa Blonde servait.

-Dans les ports de Marienburg, y a des marins qui rêvent, qui rêvent allongés sur la grève et qui en crèvent que d'avoir trop rêver...

Allez Dan. Sans rancune mon vieil ami. C'était un bon bout de chemin qu'on a parcouru l'un dans l'autre.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
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Message par Dokhara de Soya »

- ... dégâts importants dans l'enceinte extérieure suite à la tentative de coup d'état. La taverne a essuyé un incendie s'étant propagé aux écuries, aux habitations, et à de nombreuses tentes proches - cela ne s'est joué que de peu pour que mes hommes maitrisent le foyer avant que les flammes ne s'étendent à notre palissade. Les couts de réparation ne sont pas exorbitants mais il est nécessaire de reconstruire rapidement - Schatten et Deldu ayant fait le ménage parmi les éléments séditieux, et suite aux pertes occasionnées par nos récentes expéditions, nous allons commencer à manquer de personnel vivant pour nos prochaines missions à la cité des damnés. Le soutien d'Isavimir nous permettra heureusement de compenser ces dépenses, d'autant plus que le margrave a promulgué une nouvelle taxe destinée à sécuriser ses routes. Il fait mention d'un incident majeur dans une auberge-relais fortifiée, et je le soupçonne de sous-entendre, sans preuves heureusement, une implication de notre part, aussi mieux vaut payer sans faire de vague pour le moment. A propos du responsable du coup d'état, il...

Dokhara émergeait lentement de sa léthargie, réveillée par cette voix monocorde qui semblait ne jamais s'interrompre, et dont l'accent étrange rendait sa compréhension difficile. Des chiffres, des lieux, des dépenses, des expéditions, rien qui n'ait grand sens dans l'esprit brumeux de la lahmiane dont la perception floue de son environnement ne se précisait que lentement.

Peau couleur basanée, deux cimeterres accrochés à la ceinture. Un arabéen. Sa voix est mélodieuse, mais difficile à comprendre : outre ses origines, il semble également avoir adopté les sonorités de l'est de l'empire, ces raclement gutturaux des "r" accompagnés de mots prononcés avec plus de tonicité que d'autres, donnant une rythmique naturelle à ses phrases.

Plus proche d'elle, sur sa droite, il y a quelqu'un d'autre. Elle est obligée de focaliser sa vision dans sa direction tant elle semble émerger d'un mauvais rêve, d'un brouillard opaque étouffant. Ses contours se précisent, son visage également : un noble au vu de sa vêture. Grand manteau ample, col relevé, vert sombre, liserés de motifs dorés et brunâtres. Il a un visage maussade, avec des rides d'amertume creusées de sa bouche à son menton. Sourcils froncés, des cheveux gris plaqués en arrière afin de dissimuler partiellement sa calvitie naissante. Contrairement à l'arabéen qui a les yeux plongés dans ses livres de comptes, celui-ci me regarde en oblique. Il a l'air... inquiet ?

Sursaut.

Il y avait d'autres silhouettes, sur les côtés. Des... des morts. Des squelettes en armure, aux orbites vides, qui se tenaient immobiles, leur main décharnée tenant solidement leur épée dans l'attente d'un éventuel danger. Elle avait failli crier, avant de se rendre compte de leur position, de la manière dont ils étaient tournés. Ces cinq revenants, ils.... ils la protégeaient, elle. L'arabéen ne semblait pourtant pas se formaliser de leur présence, pas plus que le cinquantenaire.

Quand le regard de Dokhara se mit à scruter des éléments plus proches de sa personne, elle dut retenir un hoquet de surprise devant sa nouvelle découverte, mais ne put empêcher ses yeux de s'écarquiller à la manière d'une chouette.

Sa... sa main. Alors que peu à peu elle revient à la réalité, que sa conscience semblait de nouveau en phase avec son environnement, les détails incohérents heurtèrent de plein fouet sa compréhension. Posée sur l'accoudoir d'un trône aux dimensions stupidement grandes, sa main décharnée était d'une laideur terrifiante : elle n'avait plus que la peau sur les os, un épiderme blanchâtre voire translucide, ses doigts avaient doublé de taille pour devenir bien trop longs et fins, et se terminaient par des griffes pointues qui ne semblaient pas pouvoir se rétracter.

Instinctivement, Dokhara tenta de reprendre apparence humaine. Jamais elle ne montrait sa forme vampirique à quiconque, sinon à ses victimes juste avant de les égorger. Lucrétia la détestait, elle lui interdisait formellement de dévoiler le monstre en elle, comme si le cacher suffisait à le faire disparaitre, comme si l'apparence pouvait se superposer à la réalité.

Impossible. Cette main griffue ne partait pas. Et de toutes manières, était-ce vraiment la sienne ? Même lorsqu'elle laissait sa nature émerger, elle ne ressemblait pas à ça elle le savait. Admettre qu'elle avait changé si profondément ? Qu'elle était devenue... aussi monstrueuse ? Car si c'était bien sa main qu'elle voyait, alors le reste... le reste...

Concentre-toi.

Lucrétia avait raison. A défaut de contrôler la situation, il est nécessaire de contrôler son apparence. L'arabéen s'était interrompu, et la regardait de travers, avec un sourcil relevé, peut-être réprobateur. Quoi qu'il se passe ici, la surprise et l'incompréhension sur son visage ne correspondaient sans doutes pas au paradigme attendu par ces deux hommes. Elle aurait pu hurler, bondir sur eux, se livrer à une juste colère salvatrice. Les déchiqueter, faire sauter la tête de l'arabéen et se repaitre de la fontaine de sang qui en résulterait, oui... mais ce n'était pas ce que ferait Lucrétia.
Laisser la peur contrôler ses actes, c'était admettre qu'elle existait. C'était admettre qu'elle n'avait aucun contrôle sur ce qu'il se passait. Elle ne pouvait pas redevenir une poupée à la merci des évènements, elle ne pouvait pas redevenir cette chose fragile qui subit au lieu d'orchestrer. Elle était une lahmiane désormais, et peu importait ce qui se déroulait en ce moment, elle garderait le contrôle.

Elle ne comprenait pas, mais elle pouvait déduire. Hors, elle était sur un trône, et ces deux-là n'y étaient pas. Manifestement, c'était donc elle qui dirigeait, et eux qui obéissaient.

Dokhara se refusa à parler. Pas encore. Ils s'attendaient peut-être à un certain accent dans sa voix, un certain ton employé, voire certaines formulations qui lui étaient inconnues. Quoi qu'elle soit en ce moment, quoi qu'il se passe, elle devait faire l'économie de mouvements et de paroles, et se débarrasser de ces deux là au plus tôt pour n'éveiller que le minimum de soupçons.

Elle fit un simple geste courroucé de la main pour inviter l'arabéen à reprendre son ennuyeux laïus, mais y prêta désormais bien plus d'attention. Chaque mot pouvait être un indice pour contextualiser sa situation.

- Nous cherchons toujours un moyen d'atteindre la fille du margrave, mais notre récente débâcle dans l'auberge a poussé ce dernier à garder sa famille en sécurité dans son fief, là où nous ne pouvons plus les atteindre. Nous continuerons de guetter des opportunités mais il va nous falloir faire preuve de patience. Par ailleurs, lors de mon inspection des dégâts causés par l'incendie, j'ai également remarqué des défauts structurels sur notre muraille intérieure - il faut croire que le géant ne dépensait guère de frais en maintenance de ses installations, et n'a pas payé bien cher ses maçons. Rien ne va s'écrouler seul, mais si l'on doit se préparer à l'éventualité d'une armée de serviteurs de Morr s'attaquant à nos murs, alors il va nous falloir demander à votre nouvel ami de nous avancer les matériaux pour renforcer certains pans.

L'arabéen parcourut rapidement la feuille qu'il lisait, puis s'adressa au cinquantenaire :

- Frank.

Le noble hocha la tête, puis se posta devant Dokhara avant de lui parler avec bien plus de déférence que son compagnon.

- Maitre, l'incendie maitrisé par Rallah et ses hommes a également altéré faiblement nos bastions nécromantiques. L'intégrité des gardes des cryptes n'est pas remise en cause, néanmoins j'ai du utiliser un sortilège puisant massivement dans la dhar pour rétablir les connexions entre nos bastions. Cela a eu pour effet pervers de fragiliser l'aethyr quelques secondes, et je soupçonne qu'il vous soit nécessaire de vous rendre dans nos cryptes afin de rétablir le lien unissant vos troupes skavens à votre sceptre : ils risquent sinon de n'obéir que maladroitement à vos prochains ordres.

A défaut de comprendre, Dokhara décida que les mauvaises nouvelles portées par "Frank" et "Rallah" étaient des prétextes idéaux pour s'en débarrasser. Elle fit crisser ses griffes sur l'accoudoir de son trône, se redressa tant bien que mal malgré sa colonne vertébrale curieusement récalcitrante, et tenta de prendre une mine grave.

- Sortez.

Un mot, un seul. Elle était leur reine - roi ? - en ces lieux. Ils lui rendaient des comptes. Son statut permettait donc des sautes d'humeur. Il lui permettait de ne pas avoir à se justifier, quoi qu'il se passe. Du moins l'espérait-elle.

Les deux hommes se regardèrent, clairement surpris. Cette réaction ne devait pas être coutumière. Le dénommé Frank la dévisagea, ses sourcils froncés trahissant... de l'inquiétude ? L'arabéen la scrutait aussi, mais lui semblait plus impertinent - ses yeux exprimaient du défi plutôt que de l'empathie.

Dokhara sentit le décor tourner. Une céphalée fulgurante venait lui agresser le crâne, un clou en fusion qu'on lui plantait à l'arrière de l’œil tandis qu'elle serrait les dents de douleur, perforant sa langue au passage. Des formes noires dansaient en périphérie de sa vision, des filaments ténébreux qui se propageaient avant de disparaitre lorsqu'elle le regardait directement. Elle secoua la tête pour faire passer la migraine, puis observa les deux hommes.

Ils hésitaient. Mais ils n'obéissaient pas.

Le tout pour le tout.

- SORTEZ !

Elle s'était levée d'un bond. Ainsi relevée, elle remarqua qu'elle était grande, très grande, trop grande. Plus de deux mètres sans aucun doute : elle dominait totalement les deux hommes.
Une main en arrière, les griffes prêtes à trancher. Sa bouche, son étrange petite bouche aux lèvres pincées, elle l'avait ouverte en grand et sentait désormais des rangées de dents pointues caresser sa langue. Pas deux canines destinées à perforer la peau pour se nourrir non - ici c'était une rangée de crocs cruels dont l'utilité semblait se limiter à l'arrachage et au broyage de tout ce qu'ils pouvaient enserrer.
Les revenants avaient réagi de concert. Pourtant Dokhara ne maitrisait aucunement son art, c'est à peine si elle savait faire danser une flammèche dans la paume de ses mains. Lucrétia n'aimait pas la nécromancie, elle trouvait foncièrement inélégant pour une vraie noble impériale que de s'entourer de défunts puants. Mais il n'y avait nul besoin d'apprendre cet art pour en utiliser les rouages instinctifs - et le contrôle des morts-vivants était un don naturel pour les vampires. Les cinq cadavres avaient dégainé leurs épées, et menaçaient maintenant les deux hommes.

Le stratagème fonctionna - le dénommé Frank obéit immédiatement et, une courbette plus tard, il quittait cette grande salle à pas rapides. L'arabéen le suivit, non sans adresser à Dokhara un regard suspicieux particulièrement appuyé.

La porte se referma, laissant la lahmiane plus ou moins seule. Les revenants rangèrent leurs armes et reprirent leur position neutre.

Putain de merde de putain de merde de putain de merde. De putain. De merde ! Qu'est ce qu'il se putain de passe bon sang ?

Elle ausculta son corps. Comme elle s'en doutait, il n'y avait pas que sa main qui ne correspondait plus à sa physionomie habituelle. Son bras, ses jambes, ils étaient problématiques également. Trop grand, trop longs, trop maigres malgré une fine musculature dissimulée. Pire encore venait ce qu'il y avait entre ses jambes, ce morceau de chair desséché qui ne pouvait appartenir qu'au sexe opposé. Un vampire masculin.

Tremblantes, ses mains monstrueuses vinrent tâter son visage. Il était osseux, sa peau tendue sur son crâne pour en laisser apparente chaque arrête. Ses yeux étaient renfoncés dans des orbites profonds, et lorsque sa bouche était fermée, les quatre crocs à l'avant en sortaient malgré tout par delà ses lèvres de façon ridicule.

Quand bien même elle n'avait l'utilité de ses poumons ni dans son ancien corps ni dans celui-ci, Dokhara poussa un long soupir tandis qu'elle tentait de garder son calme. Rien n'avait de sens, alors il lui fallait en donner. Trier les informations. Identifier ce qu'elle savait, puis agir.

Où était-elle ? L'arabéen avait formulé quelque chose là-dessus. Son accent. Et... la... la cité des damnés. Mordheim. La Sylvanie. Des milliers de kilomètres au sud de Zoïshenk.
A sa ceinture elle possédait un genre de sceptre. Dokhara n'avait pas de grande connaissance magique, mais le contact de cet objet était suffisant pour sentir crépiter la dhar. Et le vieux en avait parlé : elle pouvait créer un lien avec des morts-vivants grâce à cet objet. Des morts-vivants dans les cryptes, donc quelque part sous elle. Son... son armée ? Et... des rats ?
Qui était-elle ? Ce n'était pas son corps, et on la confondait avec quelqu'un d'autre. Un vampire aussi, c'était certain. Mais différent. Plus bestial, mais dissimulé. Incapable de prendre forme humaine.

Nécrarque.

"Nécrarque, dont la seule existence est vouée à la destruction du monde, à le remplir par des armées de mort-vivants, animés qu’ils sont par le rejet de la vie et la soif d’horribles expériences, de recherches occultes, et d’une magie corrompue."

Les mots de Lucrétia. La seule chose qu'elle savait de cette race de vampire qu'elle n'avait encore jamais aperçu.

Une expérience magique. Ce devait être ça, ce ne pouvait être que ça - ce nécrarque avait, d'une manière ou d'une autre, dissocié son esprit de son corps, et laissé l'esprit de Dokhara pénétrer son enveloppe à lui. Une expérience ratée - ou réussie ? - dont elle était la victime pour une raison ou une autre. Un instant, elle songea à son propre corps, peut-être désormais simple marionnette de l'un de ses congénères fou. Mais elle n'eut pas l'occasion de s'imaginer Lucrétia découpant son enveloppe charnelle en morceaux.

Tout à coup, la migraine resurgit et agressa Dokhara plus brutalement que la fois précédente. Elle tomba à genoux, et saisit son crâne entre ses mains en retenant tant bien que mal un hurlement de douleur. L'impression qu'on lui enfonçait un millier d'aiguilles dans le globe oculaire, qu'on brulait à vif l'intérieur de sa tête avec un tisonnier ardent. Le goudron noir, cette espèce de matière visqueuse dans la périphérie de sa vision, il rampait au sol jusqu'à elle, il se faufilait dès lors qu'elle ne regardait pas pour essayer de l'engloutir à la manière d'une amibe. Ce n'était pourtant qu'une illusion, une impression, la matière noire s'approchait sans jamais l'atteindre, s'effaçant de sa vue dès lors que la céphalée se calmait.

- Chier ! maugréa t-elle entre ses mâchoires serrées, la vulgarité permettant de ne pas céder à la panique, tandis qu'elle claudiquait tant bien que mal vers la sortie. Ce n'était pas que la douleur dans sa tête : ce corps était trop grand, ses jambes trop longues, son dos trop arqué, chaque mouvement était... bizarre.

Et à peine faisait-elle un pas que ses revenants faisaient de même, protégeant leur maitre où qu'il aille comme de bons toutous bien dressés. Quelle sinistre compagnie.

Si elle était dans le corps d'un nécrarque assez crétin pour inverser les corps et les esprits, alors il devait avoir un laboratoire, une bibliothèque, un lieu pour ses expériences. Son seul espoir, c'était de trouver des notes, des explications, des sortilèges, n'importe quoi pouvant donner un sens concret à cette situation, et peut-être l'espoir d'y trouver une solution.

Murs en pierre. Couloirs lugubres. Portes en bois closes. Escaliers qui montent, escaliers qui descendent. Où qu'elle soit, c'était grand, trop grand, et elle ne pouvait pas se permettre de déambuler au hasard, quand bien même ce lieu était sa possession. Il serait malvenu d'ouvrir chaque porte, et de saluer chaque personne croisée derrière d'un "oups pardon, je cherchais la salle d'ablution pour mon bain". C'est à peine si elle ne s'était pas trahie devant Rallah et Frank en une poignée de minutes à leurs côtés, elle ne pouvait pas faire de nouveau faux pas.

Alors qu'elle était plantée là dans un couloir, à regarder les chemins sans pouvoir se décider, une porte s'ouvrit et un homme en sortit. Un petit gaillard vouté qui sentait atrocement mauvais - plus encore que l'odeur putride qui émanait des lieux eux-mêmes - habillé de guenilles, aux dents jaunies et à la peau crasseuse. Lorsque l'individu croisa le regard de Dokhara, il pâlit de terreur et se mit aussitôt à regarder fixement le sol tandis qu'il bafouillait :

- Maitre Ahmosis, je... puis-je... puis-je faire quelque chose pour vous ?

La voix tremblante, craintive, comme s'il se pensait en danger à chaque instant. Très différent de la réaction des deux hommes dans la salle du trône : celui-ci craignait le nécrarque, surement à juste titre.

Parfait.

- Tu viens avec moi, gronda t-elle de sa nouvelle voix sifflante. Dans mon laboratoire. Passe devant.

Il eut un hoquet de terreur, mais pas le courage de discuter la volonté d'un maitre dont il n'osait même pas regarder le visage. Balbutiant un "Très bien maitre" à peine audible, il se mit à avancer dans les couloirs, puis à prendre les escaliers le menant au troisième étage. Sa démarche boiteuse était lente, et sa respiration saccadée trahissait ses inquiétudes. Apparemment, être invité dans la salle d'études du nécrarque n'était pas quelque chose de particulièrement enviable - nul doute que ceux qui y étaient invités n'en ressortissaient habituellement pas. Bien que cela ne soit guère prudent, Dokhara ressentit le besoin de malmener un peu ce triste sire - depuis son réveil dans la salle du trône, c'était la première fois qu'elle avait la sensation de contrôler un tant soit peu quelque chose. Alors elle enfonça l'une de ses griffes entre ses côtes et appuya assez pour perforer ses guenilles.

- Plus vite, coassa t-elle agressivement, une parodie de sourire aux lèvres.

- Ou... Ou... OUI MAI...MAI....MAITRE, piailla t-il, courbé en avant, sautillant presque en grimpant désormais les marches deux par deux.

Une goutte de sang avait perlé entre ses côtes, s'épongeant dans ses frusques nauséabondes. Une chance qu'il soit aussi répugnant - dans pareille situation, l'instinct premier qui l'habitait était de se nourrir pour reprendre des forces. S'il n'était pas aussi repoussant olfactivement, nul doute que Dokhara aurait eu grand mal à se contenir de le vider comme une gourde.

Le terrifier en revanche... c'était un plaisir immature, oui, mais nécessaire pour retrouver un peu de confiance en elle. Car qu'elle l'admette ou pas, Dokhara était effrayée. Elle n'avait jamais été séparée de Lucrétia, encore moins dans un milieu aussi potentiellement hostile. Les cliquètements des revenants qui la protégeaient derrière elle ne la rassuraient aucunement - quand bien même ils lui obéissaient pour le moment, Dokhara ne pouvait se fier à une magie nécromantique qu'elle ne contrôlait qu'à l'instinct et non pas consciemment. Si elle était démasquée, elle ne pourrait pas forcément compter sur ces protecteurs silencieux.

Elle ne pouvait qu'improviser, et espérer.

Leurs pas les menèrent au troisième étage du fief du nécrarque, où Dokhara put découvrir deux grandes pièces qui lui offrirent un mince filet d'espoir : il y avait tout d'abord une bibliothèque de taille modeste, remplie de vieux ouvrages poussiéreux, rangés tantôt dans de vieilles armoires usées par le temps, tantôt directement posés en piles sur diverses tables vermoulues. Et surtout, il y avait bel et bien un laboratoire d'alchimiste, d'une taille gigantesque et rempli à craquer de fioles et d'ingrédients sous verre. Où que l'on posait le regard on trouvait du matériel servant à quelque expérience malsaine : les armoires étaient pleines de cristaux multicolores, le mur agrémenté de centaines de crochets retenant chacun une petite bourse soigneusement étiquetée, les bureaux étaient jonchés d'alambics et de marmites au contenu douteux, et un débarras servait même à stocker diverses espèces animales vivantes dans des cages. Le paradis d'un scientifique fou à lier.

- J'ai changé d'avis. Va t-en.

L'homme putride ne chercha même pas à comprendre la raison de ce revirement, trop heureux de pouvoir quitter les lieux. Probablement avait-il cru qu'il serait le sujet d'une expérience. Alors qu'il commençait à redescendre les marches, Dokhara gronda dans sa direction

- Je vais être occupée. Que personne ne me dérange les prochains jours, où je t'en tiendrais responsable.

Sitôt la larve humaine disparue, Dokhara laissa son regard parcourir la laboratoire.

Si seulement j'avais la moindre idée de quoi faire de tout ça. Lucrétia saurait. Lucrétia sait toujours.

Laissant échapper un soupir de dépit, elle prit quelques heures pour fureter dans tous les recoins du laboratoire, mais cette première approche était dénuée de méthodologie. Elle n'avait absolument AUCUNE connaissance alchimique, ni scientifique, ni... rien du tout. Ses talents se limitaient au charisme et à la séduction, et avec sa nouvelle apparence autant dire qu'elle partait avec un solide handicap dans son environnement actuel. Mais elle savait lire, n'avait pas besoin de dormir, et avait à disposition tous les ouvrages qui avaient pu guider les expériences magiques du nécrarque, ainsi que ses notes de recherche qu'il avait disséminé ça et là. Aussi ses espoirs résidaient non pas dans la salle d'expérimentation, mais bien dans la bibliothèque qui devait contenir la somme des connaissances acquises par le nécrarque, et par conséquent, ses inspirations dans ses travaux personnels.

La lahmiane se tenait sur le seuil de la librairie, observant les centaines et centaines d'ouvrages stockés dans cet endroit, et vint frotter son crâne de dépit, s'ouvrant le front avec l'une de ses griffes trop longues.

Les prochaines journées s'annonçaient particulièrement longues.


***


Quatre jours passèrent, bien que Dokhara perdit en réalité toute notion de temps. Les volets fermés ne laissaient passer aucune lumière, et la commode à l'entrée de la bibliothèque disposait d'une réserve inépuisable de bougies de suif et d'huile pour lanterne. Malgré son injonction à l'humain puant, Frank et Rallah vinrent quelques fois déranger sa lecture, prétextant quelques sujets importants concernant le margrave, leur allié Von Eischloss, ou quelque expédition afin de faire avancer le projet de colosse zombi. Dokhara ne les laissa pas entrer, et ceux-ci étaient donc condamnés à communiquer au travers d'une porte close, tandis qu'elle leur répondait aussi succinctement que possible. Ils n'étaient pas dupes : ils développaient une certaine inquiétude vis-à-vis du nécrarque, ils sentaient bien que quelque chose clochait dans son comportement. Dokhara savait que la supercherie ne tiendrait qu'un temps, qu'elle devait trouver une solution avant qu'ils ne se décident à la confronter directement. Pour le moment, Frank se contentait de rares questions inquiètes sur ses actuelles recherches et l'aide qu'il pourrait fournir, tandis que Rallah se montrait bien plus intrusif, voire menaçant. Les bruits de cliquetis des revenants qui la suivaient partout commençant à lui taper sur le système, elle leur avait ordonné de dégager en vitesse - une idée catastrophique puisqu'elle inquiéta davantage encore ses sbires sur son état de santé : apparemment, le nécrarque dans son état normal ne se serait jamais séparé de ses gardes du corps.

Tu parles d'un fêlé paranoïaque.

Mais les recherches de Dokhara n'avançaient pas. Ses lectures s'étaient naturellement portées vers les tomes traitant de la possession par des démons ou des esprits - l'on y parlait de sujets apparentés à son actuel problème, à la présence d'esprit ou d'âmes dans des corps qui ne leur appartenaient pas. Les nouvelles y étaient catastrophiques, car tous les traités parcourus stipulaient peu ou prou la même chose. Seuls deux résultats étaient possibles sur le long terme : le rejet ou l'assimilation.

Pour le premier, la théorie stipulait qu'une âme est trop étroitement liée à son corps pour pouvoir en être séparée indéfiniment. L'âme appelle son corps d'origine, et le corps cherche son âme, et il n'y a rien à faire pour empêcher ce processus. L'on ne pouvait pas forcer une âme à demeurer dans un corps qui n'était pas le sien, car ce dernier ne pouvait que rejeter l'intrus vu comme un parasite, une maladie. Une théorie à laquelle Dokhara ne pouvait que porter du crédit : ses migraines n'avaient fait que s'accentuer au fil des jours, au point qu'elle en finissait parfois par se rouler au sol de douleur pendant de longues minutes, incapable de faire autre chose que de mordre ses joues pour contenir la douleur, tandis que le goudron imaginaire semblait vouloir engloutir la bibliothèque dans un raz-de-marée noirâtre. Elle était une lahmiane, elle n'aurait pas du ressentir de la douleur si elle ne le désirait pas, elle aurait du rester maitresse de ses sens et de ses émotions, mais la logique ne semblait pas prévaloir face à cette douleur de l'esprit. Les migraines empiraient tant et si bien en nombre et en puissance qu'elle acquit la certitude que ces dernières finiraient obligatoirement par la tuer. Pire encore, les traités de possession évoquant ce phénomène de rejet ne disait aucunement qu'une fois morte, son esprit pourrait retrouver son corps d'origine pour autant. A la vérité, selon ces recherches, une âme sans enveloppe est condamnée à se déliter rapidement, à perdre ses caractéristiques uniques pour devenir autre chose. C'est ainsi par exemple que spectres et banshees se développent : leur âme persiste dans notre monde après la mort, mais cette dernière se désagrège jusqu'à ne plus être qu'un fragment de ce qu'elle était, un résidu bestial animé de pulsions destructrices sans aucune humanité résiduelle. Autre donnée inconnue à toute cette prose scientifique : Dokhara était une vampire, pas une humaine. Son âme avait été perdue lors du Baiser de Sang, elle n'était donc normalement pas sujette à la possession selon ces ouvrages. Sa situation actuelle laissait pourtant penser que certaines possibilités en dehors des théories existaient.

La seconde hypothèse défendue par ces livres était pire encore. Selon elle, le corps pouvait dans certaines circonstances s'accoutumer à sa nouvelle âme. Mais cela n'allait pas sans effets secondaires notables : l'enveloppe s'associe de gré ou de force à la perception du monde de l'esprit qui y est enfermé, quitte à muter atrocement pour être en phase avec sa conscience. Des exemples font état de fait d'hommes possédés par des démonettes, ayant vu peu à peu des seins et des cornes leur pousser, leur bras muter en une parodie de pince de crabe, voire leur sexe changer. Dokhara préférait ignorer purement et simplement cette seconde possibilité : imaginer son enveloppe actuelle, cette grande silhouette décharnée morbide, tout à coup dotée de sa crinière flamboyante, ou de ses hanches bien arrondies, c'était une idée trop cauchemardesque même pour une vampire. Alors songer à la réaction de Lucrétia découvrant sa progéniture ainsi... non, non, vraiment, mieux valait mettre ces ouvrages-ci au feu.
Et pourtant, les migraines qui donnaient crédit à la première théorie avaient pour effet secondaire de laisser croire que la seconde était également possible. Car lorsque le goudron l'approchait suffisamment, lorsqu'il venait effleurer ses doigts et gratter contre sa peau, alors elle le voyait, elle l'imaginait grimper sur son bras droit, et former les runes mêmes que la vieille Tsinep avaient tatoué dans sa chair. Des symboles strygani de protection, un alphabet antique que les serviteurs de Strygos utilisaient en des temps anciens. Sur son bras blafard immaculé de nécrarque, Dokhara voyait son tatouage gravé dans sa peau, et elle le devinait faire barrage au goudron, quoi qu'il fut. Et lorsque la douleur mentale s'apaisait, son bras reprenait l'apparence décharnée du vampire blaffard, sans plus aucune encre pour l'agrémenter.

On toqua à la porte. Ou plutôt, on frappa du poing contre la porte.

- Ahmosis, sortez de votre antre. Je vois bien que quelque chose vous trouble, et que vous refusez de nous en parler. Ça a assez duré.

Dokhara se figea. Le foutu arabéen et son insistance tenace.

- Écoutez-moi bien. Vous m'avez sorti de ma cellule il y a longtemps, et je me tiens à vos côtés depuis. Je gère ce fief, vos finances, vos troupes, vos expéditions à Mordheim. Vous avez besoin de moi vous le savez, et vous n'aimez pas ça. Je vous ai vu dans bien des états, mais il est évident que cette fois vous cachez quelque chose d'important. Vous me devez une discussion honnête, Ahmosis. Maintenant.

Pas d'échappatoire. pas moyen de le baratiner - elle avait son corps, pas ses souvenirs. Il la démasquerait en une seconde.

L'odeur. Le bruit. Son cœur qui bat derrière la porte. Rythme lent, il est confiant, aucune crainte. Mais il n'y a pas d'écho, pas d'autres vivants. Il est seul.

Dokhara saisit la clé entre ses doigts trop longs, et la fait tourner dans la serrure afin de la déverrouiller.

- Entre.

La porte s'entrouvre. La lahmiane n'hésite pas une seule seconde. En temps normal elle aurait préparé le combat, attendu qu'il baisse sa garde puis croisé son regard pour hypnotiser sa cible et profiter de sa léthargie pour le tuer proprement, en silence. Mais la frustration, la colère et la faim, tout cela faisait un cocktail bien trop détonnant dans le cœur éteint d'une vampire pour qu'elle puisse réfléchir convenablement - ne restait que l'animal pris au piège, tapi, qui lutte pour sa survie.

Plongeant sur lui, Dokhara enfonça dans son torse ses dix griffes d'un seul coup. Ses yeux s'exorbitèrent de surprise, tandis qu'il observait son ventre perforé. Par réflexe combattif, ses deux mains s'étaient posé sur les poignées de ses cimeterres à sa ceinture, malheureusement une petite seconde trop tard. Il ne cria même pas, quand bien même sa bouche entrouverte semblait vouloir exprimer quelque étonnement. Sa trop grande confiance en lui, son arrogance, avaient été sa perte.
Déployant toute la force colossale de cette enveloppe, Dokhara crispa ses doigts dans les entrailles de l'arabéen avant d'écarter les bras en tirant de toutes ses forces pour libérer ses griffes, déchiquetant l'homme en morceaux. Il mourut immédiatement, et avant même que son corps ne touche le sol, déjà le visage du nécrarque plongeait dans ses blessures pour en boire le jus. Sans plus de contrôle, laissant libre cours à des pulsions trop souvent inassouvies par la faute de Lucrétia, Dokhara laissa éclater toute sa bestialité, dévorant à pleines dents ses entrailles, croquant son cœur comme un fruit trop mûr et réduisant son corps en charpie sanguinolente. Quatre jours de stress et de peur avaient poussé Dokhara dans les limites du contrôle qu'elle pouvait exercer sur elle-même, et en cet instant elle s'abandonna totalement à la Bête : alors même que seul le sang lui était nécessaire, elle lui dévora de nombreuses parties du corps plus ou moins appétissantes, à l'instar de son cerveau ou de ses reins. Sans doutes qu'elle vomirait tout cela dans les heures à venir, mais encore fallait-il vivre jusque là.

Car son repas terminé, Dokhara était certes ragaillardie mais désormais dans une situation critique : à l'instar de ses vêtements et de sa peau, le couloir était désormais recouvert de sang de tripes et d'humeurs, et il allait être quelque peu difficile de convaincre quiconque que ce déchainement de violence envers ce qui était apparemment le bras droit d'Ahmosis était nécessaire. Et elle n'avait pas pris beaucoup de précautions pour rendre son repas silencieux.

Ce fut donc sans grande surprise qu'elle décela des bruits de pas dans l'escalier. De nombreux pas.

Dokhara se rua dans le laboratoire, et verrouilla la porte derrière elle. Si elle voulait s'en sortir, elle ne disposait pas de beaucoup de temps.

Son regard loucha en direction du tonnelet de poudre de malepierre qu'elle avait découvert. Elle ne savait pas exactement quelles étaient les propriétés alchimiques de la roche lunaire, mais elle savait néanmoins que sous sa forme de poudre, cette dernière était hautement explosive. Elle pouvait donc partir dans un magnifique bouquet final... mais c'eut été admettre la défaite. Non, l'objectif était la survie, coute que coute.

Des feuilles, des cristaux, des métaux, des fioles... Des liquides nauséabonds multicolores, des centaines d'étiquettes pour des milliers d'expériences. Elle n'avait trouvé aucune piste pendant quatre jours, alors qu'escomptait-elle trouver en quelques secondes ?

Du bruit derrière la porte. Des cris. Le cadavre avait été découvert.

Il y avait une potion en particulier. Dans l'étude, le gros tiroir verrouillé à clé, clé qu'elle possédait dans sa poche. Une fiole dont la couleur vert émeraude attirait le regard, des volutes noires dansant dans le liquide. Un liquide pour lequel il n'y avait aucune note de recherche, aucun indice sur son utilité, sinon cette étiquette "Voyage vers les consciences".

Quand elle l'avait trouvée, quatre jours plus tôt, elle s'était résolue en l'absence d'indices clairs quant à son utilité, à ne pas toucher à son contenu. Mais aujourd'hui, le choix était mince : affronter ce lieu, ses morts-vivants, ses nécromants, ses rats-ogres et va savoir quelles autres horreurs, dans un corps qu'elle ne pourrait jamais tolérer ou bien... boire cette chose, dans l'unique espoir que le mot "voyage" avait quelque signification littérale.

Une nouvelle céphalée fulgurante fit le choix pour elle. Elle s'écroula en arrière, laissant cette fois-ci un réel hurlement déchirant percer sa gorge. Tout le laboratoire tournait autour d'elle, ses tempes se mettaient à battre à un rythme frénétique et la douleur était telle que même construire des pensées cohérentes devenait impossible. Seul comptait la fuite, fuir le danger, fuir le goudron noir qui coulait du plafond pour l'engloutir, fuir la douleur.

Arrachant le bouchon de liège de la fiole avec les dents, Dokhara s'écroula en arrière, et vida son contenu verdâtre dans sa bouche ouverte, avant de perdre connaissance.


***



- Et bien, il y a du mieux ! Salut belle gosse !

Dokhara se contemplait en roucoulant de bonheur. Habillée à la mode kislévite, la jeune femme avait retrouvé son enveloppe chérie, sa petite taille, sa belle peau opaline, sa crinière rousse flamboyante, et ses fesses bien rebondies. Sans même se soucier de son environnement, n'y percevant aucun danger immédiat, elle prit grand plaisir à retirer son manteau blanc pour caresser sa peau retrouvée du bout des doigts, à observer chaque parcelle d'elle-même, à renifler sa propre odeur corporelle teintée de sa douce huile d'amande.

Lorsque la conscience de la jeune vampire avait de nouveau émergé, elle s'était réveillée dans son corps, à l'intérieur d'une vaste pièce circulaire, sorte de cavité gigantesque creusée dans une montagne de roche grise usée par le temps, striée de fissures et gangrénée par une espèce de calcaire noirâtre. Après quelques minutes d'auto-satisfaction pour se féliciter d'avoir retrouvé toute sa parfaite féminité, Dokhara se décida à reprendre les rennes de sa non-vie et trouver une échappatoire définitive à sa nouvelle prison.

Elle n'eut pas le loisir d'étudier les lieux dans le détail, qu'une voix d'outre-tombe rugit derrière elle.

- INTRUSE.

Elle sursauta de terreur, certaine qu'elle était la seule entité présente en ces lieux. Mais alors qu'elle se retournait prestement, elle put constater la présence d'une créature impossible, un géant métallique mesurant plusieurs fois sa taille, portant pour armure un entrelacement de cadenas de chaines et de serrures, et pour arme une clé démesurée faisant office de masse géante en métal.
Passée la surprise, Dokhara remarqua que la créature était translucide. A la manière d'un spectre, ses contours semblaient imprécis, son corps intangible, comme si la chose était là sans l'être.
Un mystère de plus. Quel était cet endroit, et qui était cette créature en métal éthéré ?

- Je... vous demande pardon ?

- VOUS N’ÊTES PAS L’ŒIL CRÉATEUR. VOTRE PRÉSENCE EST UNE ABERRATION.

- Je ne suis pas... quoi ? Qu'est... qu'est ce que tu es ? Et où sommes-nous ?

Un silence de quelques secondes. Suivi d'une réponse caverneuse.

- QUITTEZ CES LIEUX, VOUS Y ÊTES UNE ABERRATION.

- Volontiers. Puisque tu n'es pas hostile, je suppose qu'il me suffit d'emprunter l'une de ces huit portes et...

- JE SUIS LE MAITRE DES CLÉS. JE PUNIRAIS QUICONQUE TROUBLANT L’ÉQUILIBRE DES CONSCIENCES.

- Ce qui veut dire... qu'on est pas copains ?

Nouveau silence. Nouvelle réponse après quelques secondes de silence.

- NE TOUCHEZ PAS AUX PORTES.

Dokhara marqua à son tour un temps d'arrêt, et observa autour d'elle. Dans la salle circulaire composée de roche grise et de fissures noires, il y avait huit portes, toutes manufacturées différemment les unes des autres. En dehors de ces voies de sortie, il n'y avait rien, strictement et rigoureusement rien du tout. Pas un meuble, pas un être vivant ou mort, pas une poussière. Rien.

- Tu te fous de moi. Je ne peux littéralement rien faire d'autre ici que d'ouvrir l'une de ces portes.

- NE TOUCHEZ PAS AUX PORTES.


- Mais comment je sors si... ?

- NE TOUCHEZ PAS AUX PORTES.

- Ouais, et bien parle à mon cul.

Ce disant, elle se détourna de lui et se dirigea vers la porte la plus proche. Celle qui se tenait devant elle avait un encadrement en bois, et était recouverte de centaines de parchemins punaisés, tous griffonnés de pattes de mouche illisibles à l'instar des notes retrouvées dans la bibliothèque du nécrarque.

Alors qu'elle allait poser sa main sur sa poignée, elle sentit que le golem éthéré se mit en branle, et tenta d'utiliser la gigantesque clé de métal dans sa main comme arme improvisée pour l'arrêter dans son élan. Il était rapide, plus rapide que sa masse le semblait paraitre, et le coup fila à toute allure vers son corps... pour le traverser sans qu'elle ne sente quoi que ce soit.

- Quoi que tu sois, tu n'as aucun pouvoir. Je ne ressens aucune forme de magie émaner de toi, et aucun cœur qui bat pour t'animer. Comme si tu n'étais pas vraiment là, un écho de ce qui fut mais n'est plus. Un souvenir. Alors reste tranquille.

Ignorant désormais le golem spectral, Dokhara entrouvrit la porte, pour y découvrir une bibliothèque aux proportions délirantes. Où que portait son regard, l'horizon n'était constitué que d'étagères et d'armoires s'alignant encore et encore. Si la salle circulaire ne l'avait pas convaincue sur la nature de ces lieux, les rayonnages infinis d'une librairie à l'architecture labyrinthique ne pouvaient que la conforter dans l'idée qu'elle ne se situait non pas sur le Vieux Monde, mais dans quelque dimension magique étrange. Si cette idée aurait pu la faire frémir d'inquiétude, elle ressentait à cet instant précis plutôt une douce excitation face à la découverte de l'inconnu : jamais de sa vie elle n'aurait pu imaginer découvrir endroit aussi singulier, où les lois du monde semblaient à ce point distordues.
Elle n'avait aucun doute sur le propriétaire de ces lieux : les ornements présents étaient trop similaires à ceux qu'elle avait pu voir dans le fief du nécrarque. D'une manière ou d'une autre, cet endroit était le sien. Curieusement et malgré ses dimensions infinies, la bibliothèque ne contenait finalement que très peu d'ouvrages - les armoires étaient tristement vides, comme si le dénommé Ahmosis avait acheté un château gigantesque dans lequel il vivait tristement seul. Le contenu, bien que comportant sans doutes un petit millier d'ouvrages, était presque ridicule en comparaison du contenant.

Soupirant, Dokhahra se résigna à faire demi-tour. L'endroit était désert, et après quatre jours entiers sans pause ni distraction à dévorer des livres aux théories fumeuses et au contenu abscons, se replonger dans de nouvelles lectures n'était pas vraiment sa priorité. Quant à chercher une issue là-dedans, cela semblait tâche impossible tant la taille des lieux semblait illimitée.

- Même pour un mage, même pour un nécrarque, je ne pense pas la dhar capable de telles... possibilités. Animer quelques cadavres, oui, mais ça... ça dépasse l'entendement. Où... où sommes nous ?

Le golem de chaines ne répondit que par le silence et l'immobilisme.

- Tu... boudes ?

Pas de réponse. Tant pis.

Nouvelle porte, nouvel espoir. Pas un chemin souvent emprunté au vu de la quantité de toiles d'araignées présentes. La porte elle-même, encadrée de deux barres noires courbées et recouverte de filins blanchâtres semblait à première vue nécessiter un bon coup de plumeau. Entrouvrant avec précaution la poignée, les filaments semblèrent se délier pour laisser apparaitre une ouverture, s'enfonçant dans des ténèbres illuminées seulement par un réseau de toiles opalescentes. Les fils blancs formaient des lignes, des dessins, des schémas, ils représentaient quelque chose, comme l'alphabet d'un langage que la lahmiane ne pouvait pas comprendre. La pièce ressemblant à s'y méprendre à la caverne d'une araignée géante, Dokhara préféra refermer cette porte-là, agitant la main pour se débarrasser des résidus de toile collée à sa paume.

- NE TOUCHEZ PAS AUX PORTES.

- Oui, oui, je sais.

Troisième essai. Nouvelle porte, dont le bois humide semblait avoir pourri avec le temps - sous le palier, l'on pouvait voir de minuscules rigoles d'eau qui coulaient pour s'échapper de la pièce, tandis qu'à travers on entendait distinctement un liquide qui ruisselait. C'est donc sans grande surprise que derrière ce nouveau passage, Dokhara ne découvrit qu'un immense lac, une étendue d'eau à perte de vue, sans aucune terre imaginable dans le lointain. Parfois la surface vrombissait d'une onde discrète, et des chuchotements inaudibles et inquiétants se faisaient entendre. Toute vampire était-elle, pouvant nager sans jamais se fatiguer ou marcher dans les fonds marins sans besoin de respirer, un océan sans fin ne semblait pas une issue intéressante : après quelques heures, le tissu mort de sa peau commencerait à subir les affres de l'humidité, et après quelques jours elle finirait par... moisir, littéralement parlant. Non, ce chemin-ci non plus ne convenait pas. Soit.

- A quoi servent ces lieux ? La bibliothèque, je comprends, mais la caverne ? Le lac ? Ce sont des lieux de villégiature, quand les plans de domination du monde deviennent trop pesants à supporter ?

Croyant que le golem ne répondrait pas à ses provocations, Dokhara s'avança vers la porte suivante, quelque peu dépitée de ses premières tentatives infructueuses. Pourtant, avant qu'elle n'atteigne sa destination il se décida finalement à engager un dialogue.

- LES PORTES ABRITENT LES CONSCIENCES. LES CONSCIENCES PERMETTENT DE COMPARTIMENTER LA PENSÉE, DE STRUCTURER LE CHAOS POUR Y FAIRE GERMER DE L'ORDRE, POUR PERMETTRE L’ÉQUILIBRE.

- Je... d'accord, si tu veux. Mais il n'y a personne là. Parce que...

Dans le silence qui s'ensuivit, Dokhara fit germer le début d'une compréhension.

- Parce que le nécrarque n'est plus là. Il a abandonné ces lieux tout autant qu'il a abandonné son corps. Donc ce qui vivait ici est parti, sauf... sauf toi. Pourquoi es-tu là ? Tu es puni ? Tu n'as manifestement pas la force de m'empêcher d'explorer cet endroit, alors à quoi bon rester ? Qu'est-ce que tu es ?

Le retour du silence.

- Évidemment. Ce n'est pas grave, je comprends.

Quatrième porte donc. Cette dernière était la plus complexe de toutes : composée de métal, elle semblait scellée par un assemblage complexe d'engrenages reliés les uns aux autres, elle cliquetait comme un pendule à chaque seconde qui passait. Lorsque Dokhara tourna la poignée de cette porte-ci, des dizaines de mécanisme se mirent en branle, se connectant les uns aux autres dans un fracas de "tic" et de "cling". Le paysage qui se dévoila derrière était encore plus ahurissant : c'était un océan d'engrenages, une machinerie folle sans doutes bâtie par une horde de nains fous. Les rouages allaient de la taille d'une pièce de monnaie à celle d'une maison entière, de la fumée sortait d'immenses machineries à vapeur tandis que de gigantesques cadrans d'horloge produisaient un infernal cliquetis constant. Dokhara resta figée devant ce spectacle délirant, sa propre perception partant à a dérive alors que sa vue et son ouïe se faisait hypnotiser par la perfection mathématique de ces lieux. Chaque bruit, chaque son, était orchestré de façon à reproduire des rythmiques précises, des schémas se répétant à l'infini dont elle se complaisait à compter chaque occurrence. Le fracas des engrenages était ordonné pour se répéter de manière synchrone avec le bruit des pendules, et tous ces sons formaient des mélodies complexes qu'elle ne pouvait s'empêcher d'identifier, de dénombrer, et de mesurer.
Combien de temps resta t-elle ainsi piégée sur le seuil de cette pièce ? Pour un humain, il eut été facile de surpasser la surprise et l'admiration et de se décider à bouger, mais pour une vampire, tout particulièrement une lahmiane comme Dokhara ayant hérité de la même perception surnaturelle que sa génitrice, ce lieu était un immense traquenard. Parce que ces rythmiques, ces cliquetis, ces fracas répétés en canon, ils avaient une logique parfaite, et ils poussaient ainsi la vampire à compter. A dénombrer les "clic" avant le "chtac". A vérifier que la mesure en quatre temps était bien respectée par ces vingt-trois pendules aux sonorités différentes. A observer la magie avec laquelle ce réseau de billes courant d'un conduit à un autre s'entrechoquaient avec la régularité d'un métronome tandis qu'elles offraient un biais de calcul idéal pour dénombrer rapidement des objets en base douze. Dénombrer les engrenages, la durée des mélodies, le nombre de cliquetis à la minute, tout cela elle le pouvait, parce qu'elle était infiniment supérieure à toute autre race. Elle le pouvait, et le devait. Sa perception supérieure lui permettait de voir, d'entendre, de ressentir, de comprendre avec une précision d'horlogère la mécanique exacte induite en ces lieux, mieux que quiconque. Elle avait BESOIN de compter, BESOIN de comprendre, BESOIN de trouver du sens aux chiffres et aux nombres que ce réseau d'engrenages créait.

Ce fut le retour de sa migraine qui la sauva de cette hypnose. Sans crier gare, la céphalée reprit avec plus de puissance encore que lorsqu'elle était dans le corps du nécrarque. Elle tomba au sol et hurla sans discontinuer, grattant son crâne de ses ongles avec tant de virulence qu'elle perfora sa peau et laissa des flots de sang noirâtre couler dans ses cheveux. La douleur était insupportable, ravageant ses pensées, détruisant tout sur son passage. Et il n'y avait pas qu'elle - le goudron, la substance noire, elle inondait toute la pièce. Mais cette fois ce n'était pas une illusion, c'était réel. Comme une tumeur, une maladie obscure détruisant tout sur son passage, la matière visqueuse se répandait sur les parois grises, s'infiltrait sur les portes, contaminait tout l'espace. L'énorme porte en métal, celle que Dokhara avait délibérément ignoré jusque là, barricadée derrière des centaines de chaines énormes dont chaque maillon faisait une vingtaine de centimètres, tremblait sur ses gonds. C'était par ses interstices que le goudron noir fuyait, c'était de là que venait son origine.

Le golem... il n'était pas affecté. le goudron ne l'atteignait pas. Il marmonnait une litanie, dans un langage qui lui était familier. Une formule, la même, répétée encore et encore, rythmée et accentuée toujours de la même façon. Au milieu de l'océan de douleur que lui procurait la migraine, cette phrase qu'elle ne comprenait pas était malgré tout une bouée à laquelle s'accrocher, un fil sur lequel ses pensées pouvaient s'agripper pour ne pas se faire aspirer par la marée. Son bras la brulait atrocement, et le tatouage strygani se mit à briller à son tour, l'encre noire semblant réagir à la litanie, aidant Dokhara à affronter le parasite. Et lorsqu'enfin la douleur reflua, lorsque la jeune lahmiane retrouva le contrôle de ses sens, elle put observer que le goudron reculait, perdait du terrain, aspiré lentement derrière cette porte si solidement barricadée. Ça voulait sortir, mais ça n'y arrivait pas. Pas encore.

- C'est... c'est ça que tu fais. Tu entraves cette chose.

Elle ne comprenait pas le comment ou le pourquoi. Tout était si abstrait, si bizarre, rien n'avait de sens. Elle ne pouvait se fier qu'à son intuition, à son instinct. Son tatouage strygani de protection aux esprits avait réagi à la formule antique utilisée par le golem éthéré. D'une manière ou d'une autre, elle savait qu'à chacune de ces migraines de ces derniers jours, cette scène avait du se produire à l'identique ici.
Mais si cette explication était la bonne, alors ça voulait dire... ça voulait dire...

- C'est sa putain de tête. Pitié non, pas ça. Je suis dans la tête vide du nécrarque. Merde. MERDE ! Son foutu corps blafard doit être dans les vapes sur le sol de son laboratoire en ce moment même, parce que sa potion était juste une drogue mentale de merde. Et si c'est vrai... si c'est vrai alors... alors je...

Dokhara n'eut pas la force de prononcer la fin de sa phrase, qu'elle préféra laisser en suspens. Refusant désormais d'écouter son instinct, elle se rua sur toutes les portes qu'elle n'avait pas encore ouvertes.

- Faut que je me tire. Je peux pas finir comme ça. Pas dans le corps de... cette chose. Ni dans sa foutue tête. Faut que je me tire.

- NE TOUCHEZ PAS AUX PORTES.

- TA GUEULE !

Entendre sa voix, créer du sens avec des mots, c'était tout ce qu'elle pouvait encore faire pour se rassurer. Crier, jurer, se défouler, tout pour ne pas céder à la panique. Mais les portes suivantes ne lui offrirent aucune nouvelle étincelle pour alimenter son désir de liberté. Des geôles pleine de cages et de chaines dans lesquelles on percevait des cris de lamentation, un tertre funéraire mouvant dont le sol s'animait pour tenter de la dévorer, et un marais boueux rempli de milliers d'arches, multitude de portails ne menant pourtant jamais nulle part sinon à son point de départ.

Aucune issue. Aucune échappatoire.

- Prisonnière. Je suis prisonnière.

Elle s'écroula sur le sol, laissant son dos percuter la roche sur le sol. Au-dessus d'elle, le golem éthéré semblait l'observer par le trou de serrure qui servait de visière à son casque.

- VOUS ÊTES UNE INTRUSE. QUITTEZ CES LIEUX.

Elle aurait pu jurer, l'insulter, hurler, mais à quoi bon ? Toute cette situation n'avait aucun sens, alors pourquoi tenter de garder le contrôle ? Ses nerfs lâchèrent, et Dokhara éclata de rire. De longues minutes d'un rire nerveux et absurde, qui résonnèrent contre les parois grisâtres de la salle circulaire. Quand enfin elle se calma, ne resta plus qu'un silence assourdissant qu'elle laissa planer de longues minutes tandis qu'elle parcourait du regard les brèches dans le plafond par lesquelles on distinguait de fines coulées de goudron noir tentant de s'immiscer. Ce qui n'arrivait pas à passer par la porte se frayait un chemin à travers la roche elle-même semblait-il, afin de se déverser ici, goutte après goutte.

Enfin, elle se décida à rompre le calme :

- Tu m'étonnes qu'il ait voulu fuir son corps. Entre sa tronche de chou-fleur avarié et les problèmes de plomberie dans son crâne, c'est sur que mon petit cul devait lui paraitre une reconversion idéale. Mais j'étais à mille kilomètres d'ici, dans le trou du cul du Kislev. Je ne sais même pas qui est ce Ahmosis, je n'ai jamais mis les pieds en Sylvanie. Alors pourquoi ? Pourquoi moi ?

- L’ŒIL N'A JAMAIS PORTE SON REGARD SUR VOUS.

- Alors quoi, c'est tombé sur moi par hasard ? Dans la loterie des vampires, c'est moi qui ai remporté le grand prix ? Un ticket acheté, un nécrarque offert ?

Pas de réponse. Le golem ne semblait pas particulièrement réceptif au sarcasme. De toutes manières, comprendre les causes de sa situation ne l'avancerait guère. Il n'y avait pas d'échappatoire à la salle circulaire, et quand bien même sa conscience réintégrerait le corps d'Ahmosis, ce ne serait que pour mieux se faire tuer par les sbires de l'arabéen. Aucune issue.

- VOTRE PRÉSENCE EST UNE ABERRATION. QUITTEZ CES LIEUX.

Dokhara bondit sur ses pieds, tandis qu'elle sentait la migraine regagner du terrain. Ses tempes tremblaient, mais cette fois Dokhara ne la craignait pas, bien au contraire. Elle comprenait maintenant, et regardait le golem avec un air de défi.

- Tu sais quoi mon gros ? Va bien te faire foutre.

Hors de question de perdre. Peu importe comment, peu importe les sacrifices et les dommages collatéraux, par un moyen ou par un autre, Dokhara de Soya survivra. Sigmar, Rhya, Ranald, Slaanesh, Lucrétia, elle avait suivi toute puissance capable de lui offrir une échappatoire. Il était temps de franchir l'étape suivante. D'un pas décidé, elle se dirigea droit vers la porte blindée servant de confinement au goudron.

- NE TOUCHEZ PAS AUX PORTES

- Cause toujours.

Le golem se jeta sur elle, frappant de nouveau de son arme colossale. Il ne rencontra pas plus de résultat que lors de sa tentative précédente, mais cela ne l'empêcha pas de réitérer la tentative encore une fois.

- NE. TOUCHEZ. PAS. AUX. PORTES.

Dokhara était désormais animée d'une rage noire. Elle se retourna pour faire face au colosse éthéré, et le regarda droit dans les yeux - si tant est qu'il en possédait derrière sa visière-serrure.

- Ton maitre s'est tiré ! Regarde cet endroit, putain regarde-le ! Il est désert ! Tu as été abandonné derrière, fragment inutile et obsolète d'un vampire que tu n'intéressais plus. Dehors, il n'y a plus qu'un corps vide, une enveloppe inutile qu'il a jeté comme un vieux linge. Et ici... ici il n'a laissé que le monstre noir. C'est pour ça qu'il s'est tiré, c'est évident, il a fui. Fui cette chose, fui ses responsabilités. Et toi... à quoi bon emmener le gardien de prison, si on a plus besoin de prison ?

La chose fut ébranlée. Suffisamment pour arrêter de frapper. Suffisamment pour qu'en réaction, la porte aux énormes chaines se mette à trembler sur ses gonds, comme si l'entité derrière savait que son heure était venue. Elle l'appelait, Dokhara pouvait le sentir. Son bras la brulait, sa migraine lui lacérait la cervelle avec insistance. Elle entendait les murmures maintenant, elle comprenait que la douleur n'était que le message d'une entité surpuissante donc les simples mots possédaient trop de puissance pour être entendus, même par une lahmiane. La chose lui promettait un changement. Une fusion. Une transcendance.

Une sortie.

- LA RUINE... NE DOIT PAS... ÊTRE LIBÉRÉE.

- Tu t'es assez battu. Il est temps pour toi de se reposer. Et pour moi d'évoluer à nouveau.

Dokhara se jeta en avant, et d'un seul revers de ses griffes, les maillons déjà trop fragilisés se rompirent en éclats.

La porte explosa.

Et le goudron déferla, emportant tout sur son passage.
Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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Taille Tallgott
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Re: [Concours] Échanges involontaires, textes

Message par Taille Tallgott »

La petite Lufti avait enfin choisi entre son arc et sa lance, ramassant ses affaires à l’aveugle, tout en dodinant son derrière et en oubliant encore une fois de resserrer les coutures défraichies de son chemisier.
J’avoue que sur le moment j’avais un peu de mal à me concentrer, pendant que Gäbel s’adressait à moi. Aussi je détournais le regard de la vision aguichante que la jeune femme nous offrait.
C’est au moment où j’allais prendre la parole qu’une détonation se fit entendre, suivis d’une autre puis un brouhaha extraordinaire. Je ravalais mes pensées et je risquai immédiatement un œil au travers des planches maladroitement dégrossies de la baraque pour voir ce qu’il se tramait à nouveau à l’extérieur.
Le ciel au-dehors était étrangement verdâtre et une constellation de petites paillettes luisantes d’un vert impur commençaient à envahir l’air. Je clignotais plusieurs fois des mirettes pour me ressaisir au cas ou ma vision me jouait de mauvais tours.




Image — Она была права, вы вернулись, мы ждали, какие заказы у Товарища?
— Госпожа Страдания попросила нас присмотреть за твоим трупом, некоторые ребята были голодны, но их больше нет, чтобы тебя видеть.
Image

— Euh… Bha.... ?




Un molosse blond me fait face, en me parlant dans une langue incompréhensible. Houlala, ça doit être des effets secondaires, de la drogue des saloperies de mutants. L’ermite pas net me l’avait bien dit, j’aurais peur… très peur, qu’il disait.
Ça y est je repars en crise, j’en ai trop pris, pour sûr que le chaman de cette bande d’hommes bêtes est un bon, parce que là franchement, là je n’y crois pas mes yeux, c’est hallucinant.
Bon, je veux bien essayer de papoter avec le blondinet.





Image
— Je ne pige rien gars, je suis où ? Pfff, d’accord laisse tomber.





Ce paysage ne m’est pas du tout familier, une sorte de désert, des arbres mutilés, pas un brin d’herbe, tout est cramé ici. Et ça pue, à mes pieds il y a une espèce de campement de clochards, d’ailleurs ils sont tout prosternés, mais qu’est-ce qu’ils branlent ?
N’empêche, c’est des sacrés gaillards, dignes de Taal, et le grand blond qui continue à s’adresser a moi avec sa grosse voix agressive, mais bordel, peut-être qu’il bavarde avec quelqu’un d’autre ?
Je jette un coup d’œil derrière moi, nan, personne c’est bien a moi qu’il parle.... Au moment où je porte ma main à la tête pour témoigner d’un certain découragement, je me rends compte que ma paluche n’est pas habituelle.
Enfin je veux dire ma main est énorme, enfin ma main normale et pas petite, mais bon vachement moins balèze et bigrement moins, euh écailleuse ? Je me mets à gratter frénétiquement ces vilaines écailles, mais c’est peines perdues, ça ne veut pas partir.
Bon des écailles c’est passables, ça doit être fréquent sous hallucinogènes, nan, mais ce n’est pas possible regarde moi ce plateau.
Bordel si je lui colle une baffe avec ça, je suis sûr que je lui arrache la tête au blondinet, du moins il risque de devoir bouffer de la soupe pendant un moment.
Tout d’un coup, je sens quelque chose de tout doux se poser sur moi. Des minuscules mains toutes fines, toutes douces, quand je vois la chose qui m’explore, je pousse un hurlement dont je ne me savais pas capable.





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— AAAAaaaaH Palsembleu !




C’est une sorte de petite femme à la peau foncée, aux cheveux blancs comme la neige, elle est mignonne, presque, mais il y a un truc pas net.
Tous ses vêtements sont déchirés en haillons et d’ailleurs les miens aussi, mais, mais, je porte un pagne maintenant ?
Cette fillette pourrait laisser croire qu’il s’agit d’une simple esclave, mais l’épée à la lame sombre qui pend à côté de son entrejambe, me laisse penser bien autrement. Elle paraît être d’origine elfique… mais d’où vient cette fameuse peau noire ?
Son apparence est plutôt étrange, elle semble comme enfantine, fragile, par ailleurs en plus d’une grâce anormale, cette dernière a une peau extrêmement douce.
Elle continue à me fureter autour de moi et là je vois sa main disparaitre sous mes débris de bénard.




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— Par, les illustres burnes de Taal !




Je sens mon truc se dresser comme jamais, quand bien même la belle Heilwig, la plus jolie du village s’était approchée de moi pour me remercier, il n’était pas devenu comme ça.
Enfin bref j’avoue que je n’avais jamais eu une aussi grosse appétence.




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— Ola ! tout doux pierro.




La demoiselle me regarde de ses doux yeux d’amande, libidineuse à souhait, c’est là que je vois sa langue sortir, une langue serpentine, beaucoup trop, longue, beaucoup trop.....




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— AaaaAAAAH !




Cette fois s’en est trop, sans réclamer mon reste, je prends mes jambes a mon cou en traversant le campement de clodos tout en hurlant à pleins poumons. Mes longs cheveux noirs combattent les rafales de ma fuite effrénée l’une après l’autre.



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— À moiiiiiiiiiIIIIIIIIIIIIIIIiiiiiiiiiIIIIIIIIIIiiiiiiii !!

Taille Tallgott, Voie de la foi guerrière.

FOR 10 / END 10 /HAB 10 / CHAR 9 / INT 10 / INI 10 /ATT 10 / PAR 9 / TIR 8 / NA 1 / FOI 7 / 04/65 PV

Le bosquet de l'ermite:

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Compétences :

-Sociales: Alphabétisation, Doctrine du culte ( Taal et Rhya ), Méditation.
-Artisanales: Architecture, Travail de la pierre.
-Sylvestres: Camouflage, Orientation.
-Martiales: Coriace, Résistance accrue, Coups puissants, Course à pied.


lien fiche personnage : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_taille_tallgott

« Par la terre, l’arbre et les os. » : Serment courant chez les adeptes de Taal et Rhya.
« Par les Saintes burnes de Taal. » : Serment courant dans la famille Tallgott.


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Prestenent d'Affreloi
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Profil : FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 65/65
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Re: [Concours] Échanges involontaires, textes

Message par Prestenent d'Affreloi »

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Il y eut un tressaillement dans la trame obscure de la réalité. Un flot qui bafouait la netteté en tant que concept même, un éclair aux couleurs dépassant celles qu’un œil réel peut concevoir. Un remous inhumain fit maugréer les torrents de l’éther, trembler les fondations de la réalité avant de percer avec un élan unique le chaudron où les âmes se retrouvent. Une vague de flammes incohérentes et d’ondes diaboliques traversa le monde avec un sifflement à la malice terrifiante.

En d’autres termes, ça a fait : « zzzZZZZZZAAAPP ! » Puis : POUF ! » et l’univers a été balafré à jamais.

La technologie skaven dans toute sa grandiose et malodorante splendeur.


Prestenent se réveilla d’une soudaineté qui à elle seule aurait pu lui broyer le cerveau. C’était comme si son crâne remuait, mais pas ce qui se trouvait à l’intérieur, fracassant et fricassant le contenu déjà bien ramolli de sa noble caboche. Il sentait des élancements cruels secouer la peau de son crâne, comme une migraine à la ténébreuse virtuosité. Sans le savoir, pour la première fois de sa courte et misérable existence, le noble bretonnien vivait les effets d’une gueule de bois, sans pour autant qu’il ait pu expérimenter la célébration qui l’avait mené à cet état. Cruels méfaits du hasard.

« Millediantre de palsamfoutre. Quelle débilitante et vive douleur céans. J’en aurais presque des envies de me bastonner sur le crâne avec un maillet. »

C’était étrange à ses yeux. Il lui était rarement arrivé d’avoir de telles douleurs. Le climat de son pays natal avait beau être propice aux maladies, il n’y avait eu qu’une ou deux fois où il avait eu de gros rhumes, et même ces choses là étaient bien loin de ce qu’il vivait en cet instant. Il essaya bien de bouger, mais le moindre mouvement était d’une pénibilité outrepassant toutes les limites du possible. En plus de courbatures incessantes lacérant la moindre fibre de ses muscles, il y avait ce sentiment que ses membres étaient trop courts, trop larges, tordus et crochus, gras et vieux. Terriblement vieux.
Dans son champs de vision trouble comme une soupe de mucus où les murs d’une chambre se profilaient avec la netteté d’une sauce béchamel, il finit dans un glorieux effort par retrouver sa main que la kinesthésie seule ne parvenait pas à distinguer dans ce chaos. Tel un réflexe, il la porta vers son crâne endolori pour apaiser sa souffrance en caressant avec la tendresse d’une embrassade maternelle sa chevelure pouponneuse et nacrée. On devine quelle fut sa surprise de ne rien trouver qu’une peau sèche, flasque, et fripée par des épreuves plus douloureuses que celle qui se faisait endurer derrière la barrière du crâne.
Un instant de flottement infini et dévorant accueillit le frisson horrifique qui fit trembler ses deux lourdes épaules. Il lui fallait un moment pour accepter que ses sens ne s’étaient effectivement pas trompés, et que ses mains n’avaient pas fait disparaître le ressenti de ses cheveux.

« Carambredouille de cornenfumée de chiennerie de merde ! »


Il se redressa avec une vivacité qu’il n’avait pas. Chancelant. Choqué, au sens propre. Il retomba, assommé par la violence de ce choc. Il lui fallut de longues et pénibles secondes pour redresser lentement son corps allongé, aidé seulement par un poids inhabituel qui lui pendait à la face.
Il cligna des yeux. Cligna encore. Puis encore une fois pour être sûr. Il remua les bras. Grimaça de douleur. Arrêta. Recommença. Grimaça de plus belle. Arrêta pour de bon.
Le décor qui l’entourait se faisait plus clair, prenait des formes vraisemblables, mais pas net en aucune façon que ce soit. Il y avait comme une puanteur qui se dégageait de l’image même qu’il avait de son environnement. Ses yeux le trahissaient, floutaient sa vision, comme s’il était devenu myope.
Était-ce possible qu’il soit devenu myope ?
Non, bien sûr que non. Une telle chose ne pouvait pas arriver à un chevalier, et surtout pas à lui.
Mais tout de même…
Prestenent se prit doucement, très doucement, la tête entre les mains. C’est à cette occasion qu’il comprit quelque chose qui le troubla presque autant que la perte de ses cheveux.
Des poils lui sortaient du visage. C’était très sale comme perspective, mais avec un effort il parvenait à comprendre que c’était une barbe. Quelque chose de naturel, qu’il n’aurait jamais lui, mais qui était naturel tout de même.
Mais comment en avait-il une alors ? Une lumière se fit dans son esprit, l’escargot jaillit de sa coquille avec grâce et élégance pour pavaner ses antennes en assénant d’un coup de pied (ou de ventre) tonitruant une vérité si manifeste et indiscutable qu'elle ne serait jamais discutée, c'était manifeste.
Il avait vieilli. En un instant il s’était retrouvé vieux, immensément vieux, à un point dépassant l’âge auquel il aurait pensé qu’il mourrait. Peut-être était-il simplement si vieux que la sénilité et la maladie lui avaient fait perdre la mémoire d’une majeure partie de son existence et qu’il ne se rappelait pas de comment il était passé du jeune et fringant - quoi que désargenté - chevalier errant qui entrait triomphalement - comme un voleur - à Ponte-Vileau, à cette carcasse décrépite et myope se mouvant avec peine dans une alvéole grisâtre de quelque château méconnu.
Mais au fait, cette thèse avancée avec tant de gastéropodesque assurance, n’avait-elle pas une faille ? Une faille infime, mais déterminante, qui rejetait en bloc ce que son cerveau d’escargot (ou son escargot de cerveau selon) lui avait offert en guise de juste justification ?
Cette faille, elle existait, oui, bien sûr, c’est que lui, Prestenent d’Affreloi, dernier chevalier de la maison d’Affreloi, pour une certaine raison qu’il se devait de reconnaitre, quel que soit son âge, il ne pouvait pas avoir de barbe.

Navrant état de fait qui le rattrapait une fois encore, mais outre que l’escargot, d’une lâcheté toute digne de son espèce retournait en sa coquille et laissait en plan un mystère autant entier, Prestenent se trouvait maintenant dans une sorte de béatitude horripilante.

Avoir une barbe n’était pas un fantasme bien grand pour lui, mais sans doute parce qu’il avait renoncé à cette perspective il y avait bien longtemps. Au fond, l’idée était à la fois grisante et effrayante. En étant porteur de barbe en ce moment, avait-il franchi un cap sans retour ? Un deuxième ? C’était un peu comme si un de ses plus grands problèmes s’était envolé, mais que la perte de ce problème, au lieu de le faire se sentir plus léger, l’alourdissait de remords. Au fond, avec une barbe, était-il encore vraiment lui ?

Était-il encore vraiment lui au fait ? Il se regarda cette fois avec plus d’attention. La couleur du poil, d’un noir graniteux, lui semblait pouvoir dériver de la sienne si il avait vécu assez pour le voir se décolorer. En revanche, les proportions, les bras, les jambes, le gras, le gras bon sang ! Il ne se sentait pas comme lui même. Aucune transition temporelle n’avait pu le faire changer à ce point. Surement une malédiction des plus terribles et invraisemblable avait dû l’enfermer dans un corps malade et mourant, d’ailleurs les coups de burin de son cerveau sur la paroi du crâne n’étaient-ils pas la douloureuse preuve qu’il n’avait rien à faire dans ce corps ?

D’ailleurs c’était véritablement enquiquinant.

« Millebleu de diantre » il commençait à manquer de jurons pour dire son désarroi. D’ailleurs parler était pénible, et sa voix avait des accents étranges, à la fois rocailleux et persiflants, comme celle d’un mauvais lutin avide d’or. « Que la Dame me vienne en aide ! De quel maléfice suis-je victime en ce jour ! »

Il n’avait plus de force dans ses membres, un raidissement mal avisé lui ayant pris toute son énergie. Ses membres refusaient de bouger pour le faire se lever. Il était sec, courbaturé, désolé et fatigué.

Mais Prestenent n’était pas de ceux qui renoncent face à la perspective d’un effort. Des efforts il en avait fait toute sa vie pour atteindre ses objectifs. Il avait outrepassé tous les maléfices que les forces mal intentionnées avaient pu lui lancer, à commencer par celui qui à la naissance lui avait donné le mauvais type de chromosomes. Ça n’était pas un tambourinement nerveux sous sa peau et un engourdissement malsain qui allait l’empêcher de se tirer de cet infâme bourbier.
Un mouvement des bras en arrière, un mouvement des bras en avant, un bond et le voilà presque sur pied, sur la pointe des pieds, sur le nez, AÏE !

« Chiasse de cornetambouille de merde ! »

Il se releva avec le nez ensanglanté. Au moins ce mauvais coup devait lui avoir réveillé en partie les méninges. Il ne sentait presque pas la douleur, mais ça ne tarderait pas. Les sensations qui l’inhibaient pour l’instant étaient un goût abominable qui torturait sa langue, une langueur affreuse et une soif dévorante. Son odorat l’avertit également que son niveau d’hygiène était tout bonnement révoltant. À la première occasion, il devrait prendre un bon bain. Peut-être même deux à la suite pour être sûr.
En attendant, il se mit à parcourir la salle avec un regard acéré comme de la mayonnaise. Son regard se posa à un endroit où s’entassait un fatras impossible d’objets et d’outils aux usages occultes et détonnant. Comment le noble illettré aurait-il reconnu des calepins, des règles, des équerres et des rapporteurs ?
Il farfouilla dans ces choses, prit des carnets de notes, les regarda, les rejeta. C’était inintéressant, il n’y avait même pas de dessins. En revanche il y avait aussi des feuilles bien plus grandes où étaient tracés de somptueux et étranges symboles cabalistiques. Il les rejeta aussi. Ce n’étaient pas de jolis dessins.

La clé ne se trouvait certainement pas là. Qui aurait l’idée de fournir des informations utiles et pertinentes sous la forme d’inscriptions sur des carnets ?

Un bruit attira son attention. Cette fois, avec un sursaut d’intelligence, il pensa à ne pas se retourner avec brusquerie tandis que son regard amorphe se coulait vers la porte. Quelqu’un y frappait.
Prestenent demeura coi durant un certain nombre de laps. Les coups redoublèrent, avec un grommellement audible en dépit de la distance et des obstacles qui auraient dû bloquer le son. Une voix caverneuse, une créature qui ne l’était sans doute pas moins, tout cela l’attendait derrière cette porte, dégageant une aura si malfaisante et furibonde que même le chevalier bretonnien en eut des frissons.
Mais baste. Que pouvait-il lui arriver de pire au point où il était ? Des milliards de choses, mais là n’était pas la question. Il se dirigea en trainant les pieds vers la porte, et l’ouvrit.

Derrière se tenait un personnage trapu et pourtant colossal, on eut dit le nain de Nowel mais avec une barbe d’un différent coloris. Il avait même avec lui une grande hotte remplie à ras bord.


« Alors Sturillson, bien dormi ? J’espère pour vous parce que c’est la dernière fois que vous dormirez ce mois ci. Vous avez bien fait la fête hier, mais maintenant, il va falloir voir à travailler.



- Hein ? Quoi ? Plait-il ? »


Prestenent ne comprenait pas un traitre mot du parler de la créature. Son désarroi eut pourtant été bien plus grand si ç’avait été le cas.
L’autre prit à peine garde de ces baragouinages étranges et mit la faute sur la même cause que celle des tremblements et des coups d’œil mal assurés.


«  La bière c’est bon pour l’esprit, mais il vaut mieux étaler sa consommation et pas se noyer en une fois. Pas le temps d’attendre que vous soyez remis. D’abord vous devrez aller voir le hall pour vous occuper de la paperasse, histoire d’être sûrs. Ensuite, vous devrez remplir vos quotas. J’espère pour vous que vous avez d’autres idées à revendre, parce que le dernier truc était un peu limite, surtout en contact avec de l’eau, vous l’avez vu vous même. Entre nous, vous avez eu de la chance qu’un truc pareil soit passé, mais à l’avenir faites un peu moins original. Tenez, comme je suis sympa, je vous ai apporté la notice avec tout ce qui doit être amélioré d’après les longue barbe. On a listé tout ce qui allait pas. »


À ces mots, il placa avec virulence entre les mains d’un Prestenent encore tout à fait ahuri un carnet rempli de papier à l’encre à peine sèche qui dégoulinait partout. Mais il ne s’arrêta pas là. Il posa sa hotte et en sortit une quantité démoniaque de volumes chacun plus épais que l’esprit de Prestenent.


« Je vous conseille de consulter ça, et ça, et aussi ça. Ça pourrait vous être utile pour les points de vingt sept à trente huit. Ensuite, je vous ai aussi ramené quelques classiques au cas où ça vous donnerait des idées. Bref, prenez tout ça et mettez vous au boulot. Ici on ne reste jamais oisifs longtemps. »


Prestenent ne savait pas où il trouvait la force de soutenir à bout de bras la montagne de papelards pestilentiels qui étaient venus envahir son intimité avec leurs valeurs absconses d’écriture, de lettrisme et de littérature. En plus ça n’avait même pas l’air d’être écrit en bretonnien. De la langue esstrangère ?


« Parbleu de Millesamcouille ! Mais par quelle faquinerie de filandreux foutriquet vous permettez vous…


- Si vous arrivez même pas à parler après avoir descendu quelques litres, vous ferez pas long feu ici. Enfin, je vous souhaite quand même bonne chance. »


À ces mots, l’énergumène ferma la porte et laissa Prestenent chargé d’interrogations et de peines auxquelles nulle réponse n’existait, sinon dans cette horreur pourrissante que sont les bouquins.

« La Dame me vienne en aide ! »
FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 20/65
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Yan Xishan
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Re: [Concours] Échanges involontaires, textes

Message par Yan Xishan »

Le texte suivant est très inspiré du roman Princes de sang, de Raymond E. Feist.
Praise the omnissahia for this glorious and magnificent unexpected wifi !
Alors que Yan Xishan était en train de poncer un énième rondin de bois abattu par le village et les volontaires des communautés environnantes, ses mains caleuses le faisant souffrir devant l’effort fourni depuis le petit matin, des débuts d’ampoules apparaissant sur celles ci, la sueur venant à plusieurs reprises lui gêner la vue ; il continuait néanmoins à poursuivre son effort, conscient d’être le seul à des lieux à la ronde d’avoir quelque savoir sur le traitement du bois, la fabrique d’encoches, et la science des charpentes. A lui, une fois le bois abattu par les courageux, mais peu expérimentés bûcherons improvisés, c’était à lui que revenait le travail de détail, puis la supervision du chantier, les tâches simples pouvant être déléguées sans trop de soucis, mais le gros œuvre, nécessitant de la douceur et de la précision, devait être effectué par lui même, ou au moins sous sa surveillance.
Et à côté de ça, il y avait sa pauvre fille, ayant perdue sa mère depuis peu, qui errait dans ses pattes, une poupée de chiffon en main, à l’observer dans un coin, sans mot dire, depuis des heures.
Se passant un torchon sur le front, il essuya la transpiration qui s’écoulait sur son corps, puis se dirigea hors de son atelier improvisé, marchant dans une mer de copeaux de bois, avant de pouvoir mettre un pied dehors.
Le soleil du midi vint l’aveugler un moment, avant que ses yeux ne se remettent de la soudaine lueur. Au loin, il pouvait apercevoir les ouvriers désignés volontaires s’assembler autour du lieux où ils avaient décidés de bâtir le grenier communal, où seraient stockées les récoltes survivantes pour l’hiver, dont une partie était déjà cuisinée par les femmes dans des chaudrons et casseroles, afin de servir à manger aux travailleurs.
A côté de ça, des terrassiers s’activaient pour établir les fondations d’un grand bâtiment. Celui ci servirait à loger et protéger du froid de l’hiver les locaux. Il serait commun à tous les habitants, les hommes d’un côté, les femmes et les enfants de l’autre. Ce serait inconfortable, pas forcément facile pour tout le monde, mais c’était le mieux qu’ils puissent faire. Surtout que l’on installerait un système de chauffage par le plancher. C’était possible, des plans existaient pour ce genre d’installation. Le palais ancien du temps où leur village vivait sous le règne éclairé d’un prince, était doté d’une installation similaire, qui faisait la fierté de du potentat, au point que celui ci publie ce petit travail d’ingénierie dans les communautés alentours, et que ce système soit imité, afin de profiter au peuple ou quelque chose comme ça. La salle de réunion du conseil était doté d’un système similaire. En nettoyant les ruines de celle ci, incendiée, il lui avait été possible de comprendre et reproduire le machin, bien qu’à une plus grande échelle puisque ici ce ne serait pas dix ou vingt personnes qui en profiteraient, mais presque une centaine, durant toute une saison.

L’enfant lui emboîtant le pas, ils firent quelques pas en direction du jardin où les décédés étaient enterrés, lorsque la crémation n’était pas possible, avant de lever les yeux vers le ciel bleu, lorsqu’une détonation étrange attira leur attention. Quelque chose non loin d puissant soleil semblait avoir éclaté, et des morceaux retombaient vers le sol.

Mettant sa main en visière devant ses yeux, Yan Xishan parvint à percevoir comme des zébrures vertes retomber en leur direction.
Légèrement inquiet à la vue de ce phénomène météorologique inconnu, il se plaça instinctivement entre sa fillette et ces étranges volutes, pour voir ses craintes augmenter lorsque celles ci semblèrent altérer leur chute pour tomber dans sa direction cette fois ci.
Se retournant, il ordonna à son enfant de courir se réfugier dans la cabane, alors que lui même la suivrait….
Pour être frappé au dos pas ces étranges fumées vertes.
Au départ, inquiet, il se passa les mains sur le corps, pour découvrir que rien ne s’était passé.
Loué soit le dragon, pensa-t-il un instant, avant d’être soudainement prit par un malaise. Une envie de vomir, alors que rien ne passait ses lèvres.
Puis il fut brutalement renversé, ou en eut l’impression. Rien ne vint le percuter, mais ses yeux se mirent à tourner, comme s’il avait été prit dans le creux d’une vague, et entraîné par celle ci vers le plage, le roulis lui faisant perdre toute notion d’équilibre, de haut et de bas, et non pas pendant quelques courtes secondes, mais durant de longues minutes, où il n’eut devant lui que des visions sans aucun sens. Là des troglodytes hurlant à la lune dans le froid, ici d’étranges esprits des montagnes activant des machines de mort infernales, ailleurs des barbares fouettant de pauvres hères dans des champs, les faisant travailler jusqu’à ce que mort s’ensuivre, par ici des navires effilés taillés en pièce par de grosses barcasses maladroites crachant du feu….

Et enfin une cité de sable et de briques où sa vue se stabilisa, ses mains reprirent consistance, l’air était respirable… Et une alarme dans son esprit s’activa.
Il se passa les mains sur le corps. Une visage. Barbu ? Un torse. Des vêtements étranges. Une paire de braies. Aux couleurs différentes de siennes.
Puis le mal de tête qui vint le cogner, le forçant à s’agenouiller pour dégueuler sur la voie publique toute sa bile. Et d’avoir un aperçu de ses traits dans l’eau d’un abreuvoir.
Des traits étrangers. Il se retourna, espérant voir quelqu’un derrière lui dont l’image se refléterait à la place de la sienne, en vain. Ces traits étranges étaient les siens. Cette moustache ridicule, ce chapeau étrange qui le coiffait, cette arme inconnue lui battant le flanc… Tout ceci était sien… Mais lui était inconnu.
Cela ne faisait sens. Les proportions de son corps avaient changées également. Il se sentait mal à l’aise, étroit, désorienté. Se relevant avec difficulté, il parvint à avoir un nouvel aperçut de ses environs immédiats.
Un lieu exotique, sale, surpeuplé et misérable. Un cadavre traînait au sol, recouvert de mouches, se décomposant au soleil. Et les mutilations à son torse suggéraient que des chiens avaient prit leur part sur le malheureux, avant l’aube. Les passant ignoraient le cadavre, certains baissant parfois les yeux, et c’était là leur seule réaction visible. Le guet ou la milice n’allait elle pas faire quelque chose à propos de ça ?
Ah. Si. Un groupe de gamins ? Oui, un groupe de gamins vint le prendre et le traîner jusqu’à ce qui semblait être un canal, avant de se diriger vers un marchand pour récupérer quelques pièces. Et c’était tout ? On avait jeté le corps, sans aucuns rites, juste parce qu’il gênait le commerçant ?
À quelques pas de là, un homme vêtu de robes s’accroupit, ignorant les passants. Alors que Yan Xishan l’observait, il se relevait et disparaissait au milieu de la foule, laissait derrière lui la preuve toute fraiche qu’il ne s’était pas accroupit pour se recueillir pour l’âme du défunt, mais bien pour répondre à l’appel de la nature !

Dieux d’en haut ! Il n’y a donc pas de latrines publiques dans cette ville !?

Des latrines publiques ? lui répondit une voix sur le côté, jamais entendu parler de quelque chose pareil. Qui les construirait. Et les nettoierait ? Pourquoi quelqu’un prendrait cette peine ?

Un gamin crasseux à ces côtés. Qui était il ? Que faisait il là ? Quel était son lieu avec lui ?

Allez signore. T’as récupéré de ta cuite ? On y va ?

Pas son fils au moins. Son valet ? À cet âge ?
Regardant à nouveau autour de lui, il signifia au petit de mener la voie, peu importe où ils iraient car il n’avait aucune idée de là où ils étaient, ni de ce qu’il faisait là.
Ils se glissèrent parmi la foule qui circulait entre les docks qu’ils découvrit, et la ville. Yan Xishan était surpris par l’incroyable diversité des gens qui l’entouraient. On pouvait y entendre tous les accents et y voir toutes sortes de tenues vestimentaires. Il n’avait jamais rien vu de tel auparavant, au fin fond de son village. Des femmes passèrent à côté de lui, voilées de la tête aux pieds et vêtues de robes bleues ou brunes, ne laissant apparaître que leurs yeux , alors qu’à quelques mètres de là, ce qui semblait être un groupe de chasseurs venus de plaines herbeuses examinaient des marchandises en exposant leur corps sombres et huilés. Ils étaient nus, à l’excpetion d’un simple pagne, mais laissaient apparaître leur vanité dans de nombreux bracelets, colliers et boucles d’oreilles en cuivre qu’ils portaient, ainsi qu’au travers du choix de leurs armes. Certains visages arboraient des tatouages claniques, tandis que d’autres affichaient leurs croyances à travers le port de robes étranges qui marquaient leur appartenance à quelque étrange temple païen. Des femmes à la peau cuivrée, ou encore plus foncée, portaient des tissus aux couleurs vives enroulés autour de leur corps, depuis la poitrine jusqu’au genou, et des chapeaux tout aussi colorés, de forme conique. Des bébés aux yeux sérieux semblaient monter la garde, portés dans leur dos dans des écharpes en bandoulière.
Des enfants, d’appartenance aussi diverses que possibles, passèrent en courant dans la rue, à la poursuite d’un chien qui frayait un chemin à travers la forêt de jambes humaines, faisant rire Yan Xishan.

Ce chien court comme si sa vie en dépendait.

Son accompagnateur haussa les épaules. C’est le cas. Ces gamins des rues ont faim signore.

Yan Xishan avait du mal à tout intégrer. Il y avait tellement de nouveautés qu’il ne pouvait tout appréhender. Partout où il posait les yeux, des centaines de gens étaient présents. Ils allaient dans un sens et dans l’autre, flânant, se pressant… Mais sans jamais payer attention à la foule autour d’eux. Encore plus que la présence imposante de cette concentration d’âmes, la pression de celle ci, il y avait le brouhaha incessant de voix, l’odeur, des corps sales, des parfums exotiques, des excréments humains et animaux, des odeurs exotiques et des épices exotiques. Toute la puanteur de cette terre arriérée et étrangère lui assaillait les narines. La rue était si bombée que le fils du dragon avait du mal à se déplacer sans frôler l’un de ces étrangers, lui faisant prendre conscience du poids d’une bourse à l’intérieur de sa tunique. Étrange lieux pour la placer. N’était il pas plus pratique de la poser à sa hanche ? En tout cas, il avait besoin d’un répit.
Et heureusement pour lui, ils arrivèrent devant une taverne dont les portes étaient grandes ouvertes, Yan Xishan faisant signe au garçon d’ouvrir la voie.
Dans la pénombre relative, des hommes étaient assis à une table en coin et discutaient à voix basse. En dehors d’eux, la sale était vide. On leur servit une bière amère, qu’il régla avec quelques unes des pièces dans sa bourse. Cuivre, argent… Mais pas d’or. Il tendit une, puis deux puis trois pièces de cuivre, jusqu’à ce que le serveur semble satisfait.
Quelques dizaines de minutes plus tard, deux autres hommes entrèrent et vinrent s’asseoir à leur table.

L’un d’eux avait la quarantaine, une vilaine cicatrice à la joue et son armement bien diversifié signifiait qu’il s’agissait très certainement d’un vétéran ou d’un mercenaire. L’autre, en revanche, était d’un tout autre style. Une robe pêche ayant connu de meilleurs jours, puisque la couleur était délavée. Une taille moyenne, des jambes arquées et les traits d’un vautour. Sa tête asymétrique, presque carrée, était étrangement perchée suur un long cou, lui donnant un air comique. Un mince duvet de cheveux sur le crâne, la cinquantaine, et des yeux se réduisant à deux fentes étroites lorsqu’il sourit à celui aquel Yan Xishan avait prit la place. Sans parler de sa peau légèrement dorée.

Assis, ils se mirent à déblatérer, comme quoi la garde du palais avait été renforcée, et que Piero – c’était lui même apparemment – aurait peu de chances d’obtenir une audience à l’improviste. Leur affaire s’engageait encore moins bien. Quelle affaire, il n’aurait sut dire. Mais il était apparemment dans de gros ennuis, dont il ignorait les détails.

La seule chose qu’il savait était qu’ils allaient rencontrer des représentants de la « confrérie des loqueteux », un genre de groupe local peu fréquentable, pour que ceux ci les fassent passer à travers les mailles du filet.
Absolument aucune idée de ce dont ces gens parlaient non plus.


Ainsi, ils passèrent l’après midi à siroter de la bière et du jus de fruit. Le dragon soit loué, ses compagnons employaient cette version abâtardie du reikspeil si commune aux frontalières, ce qui donnait un indice à l’artisan sur sa location, bien que très vague, et lui permettait également de suivre les conversations. De plus, ses compagnons ne perçurent aucun changement suspect chez lui, mettant son silence inhabituel sur le compte du dégrisaillement de la veille. Enfin sauf pour l’étrange homme. Lui ne cessait de lui faire de sourires entendus au détour de quelques blagues et histoires improbables racontées à la tablée. Il devinait quelque chose ou bien, cet étrange « Nakor » ?
Finalement, ils finirent par enfin sortir peu avant le coucher du soleil, passant à travers une place de marché où Yan Xishan eut l’occasion, une fois de plus, de prendre pleinement conscience de l’altérité de son environnement.
Des hommes à la peau bronzée passèrent à côté de lui, une peau brillant même en cette fin d’après midi. Mais aussi des gens à la peau claire, ou légèrement dorée. Certains étaient vêtus de vestes de soie et de culottes s’arrêtant au genou, d’autres étaient en armure, ou bien portaient la chasuble de moines. Certaines femmes s’habillaient de manière très pudique, tandis que d’autres se promenaient nues ou presque, sans que personne n’y fasse attention, à moins que l’une d’entre elles ne soit particulièrement jolie.
Yan Xishan apprit que ces barbares étaient issues d’une large confédération de tribus des environs, peuplade féroce, dont les membres pouvaient vous traquer à l’autre bout du monde pourvu qu’il en estime avoir une raison. D’où le fait que leurs femelles puissent se déplacer sans être importunées dans ces lieux sales et dangereux.
Ailleurs, deux solides hommes en habits de cavaliers menaient chacun deux demoiselles enchaînées, qui passèrent à côté de lui. Les malheureuses, entièrement dévêtues, marchaient les yeux fixés au sol. Ailleurs, un groupe d’hommes musclés, aux cheveux blonds ou roux, portaient des fourrures et une armure, malgré la chaleur infernale du moment. Ils échangèrent des insultes avec les cavaliers, sans pour autant en venir aux mains.

Des sortes de « norses », mais différents. Essentiellement des bandits et commerçant parcourant les mers. Des hommes violents et fiers vénérant un esprit féminin. Et que des conflits pareils éclatent lors du « festival » était apparemment chose commune. C’est pourquoi l’armée était déployée en grand nombre dans les garnisons de la cité, pour réprimer toute bagarre dans le sang. Les conflits n’étaient pas tolérés lors du jubilé. Paix ultime oblige. Bien sûr ça ne durait que le temps des festivités….
Cette cité appartenait définitivement à une culture qui n’était pas la sienne.

Lorsque le guet sonna la deuxième heure de la nuit, le groupe s’engagea dans une ruelle que le garçon leur avait indiquée. Ils étaient sensés rencontrer la confrérie ici.
Une voie déserte, étroite et jonchée de détritus. La puanteur était insupportable, rendant la digestion de la viande trop grasse et du pain entamés plus tôt difficile. La fétidité lui donnait à nouveau envie de vomir. Et le fait de marcher sur le cadavre d’un chien n’améliora pas la situation.
« Nakor » lui annonça qu’un jour, un ami lui avait expliqué que les voleurs plaçaient souvent des ordures le long des rues qu’ils utilisaient pour s’échapper, afin de décourager toute inspection, expliqua-t-il au groupe.
Tout au bout de la ruelle se trouvait une porte en bois, avec un verrou en métal. En tournant la poignée, il s’aperçut que celle ci était verrouillée.

Une voix sortit alors de nulle part, leur souhaitant une bonne soirée.
Six hommes armés se dirigeaient vers eux.
Il avait un très mauvais sentiment.
Leur interlocuteur avait de nombreuses cicatrices au visage, sans doute causées par la variole, au point qu’il était défiguré. On pouvait clairement voir à quel point il était moche, malgré la faible lumière éclairant la ruelle. Les autres silhouettes derrière lui étaient avalées par l’obscurité.

À peine entamée, les négociations tournèrent à l’empoignade. Son compagnon mercenaire n’était pas parvenu à convaincre les voleurs de travailler avec eux. En fait, ceux ci semblaient plus intéressés par la prime sur sa tête qu’autre chose. Quelques mille pièces d’or apparemment. Quel genre d’enfoiré était il pour être aussi désiré ? Ou qui avait il énervé pour que l’on soit près à dépenser autant pour sa frimousse ?

Ranald soit loué, la ruelle était trop étroite pour permettre au compagnon de sortir son épée bâtarde, le forçant à devoir recourir à ses deux dagues, tandis que lui même dégainait une rapière, arme étrange qu’il avait avec lui, le gamin, lui, était armé d’une épée courte. S’avançant tous les trois, le dernier larron, lui annonça entreprendre d’ouvrir le verrou, les assurant que ça ne prendrait « qu’un moment ».
La lame de Yan Xishan atteint le premier voleur à la gorge par un magnifique coup d’estoc, où celui ci écarta les jambes au point de craindre de déchirer les coutures de son pantalon. Visiblement, la mémoire musculaire du corps qu’il ‘‘occupait’’ était habituée à ce genre d’acte… Le mercenaire, lui, devait utiliser ses deux dagues pour parer les attaques de son adversaire, alors que le gamin, qui n’avait visiblement jamais tenu d’épée auparavant, faisait des moulinets dans tous les sens avec tant de conviction que son adversaire reculait, ayant peur d’essayer de passer sous sa garde.
La mort d’un des brigands fit reculer le reste, qui n’avait vraiment pas envie de se tailler à la lame de Yan Xishan. La ruelle étant trop étroite pour donner l’avantage à quiconque, elle permettait aux deux camps de gagner du temps. Les bandits pouvaient se contenter de feindre, reculer encore et encore, pour laisser se fatiguer Yan Xishan et ses compagnons, avant de les finir.
Nakor, quand à lui, farfouillait dans son sac pour y chercher quelque chose. Un genre de fiole. Mais l’artisan n’eut pas le temps d’en voir plus, son attention étant rappelée ailleurs, pour protéger son bras gauche d’un coup de glaive, auquel il répliqua d’un nouvel estoc, porté au bras droit de l’adversaire. Un nouvel homme hors de combat.
L’étrange petit homme, lui, versait une petite quantité de poudre dans le creux de sa main avant de refermer le couvercle de sa fiole. S’agenouillant devant le verrou, il souffla sur la poudre et celle ci, au lieu de s’éparpiller sur la poignée, forma une mince ligne droite qui s’engouffra dans le trou de la serrure. Il y eut une série de cliquetis puis l’homme se releva, un sourire aux lèvres.

On peut y aller, annonça-t-il calmement au groupe.

Aussitôt dit, le mercenaire le poussa brusquement dans l’embrasure de la porte, tandis que Yan Xishan lançait une série de coups qui repoussa les brigands. Cela permit au gamin de rattraper le groupe, tandis que Yan fermait la marche, et que le mercenaire claqua violemment la porte derrière lui, et Nakor lui tendit une chaise pour bloquer la poignée. Ça leur ferait gagner un moment.
Le fils du dragon se retourna et prit alors conscience de deux choses. De l’une, c’est qu’une fille presque entièrement nue le dévisageait avec de grands yeux qui semblaient plus âgés que le reste de sa personne. Elle était assise devant une porte et attendait le bon vouloir de la personne qui se trouvait à l’intérieur de la pièce.
La deuxième était l’odeur suave qui planait dans l’air. Une odeur qu’il reconnaissait. Elle empestait dans la salle des anciens, lorsque l’écorcheur leur ‘‘rendait visite’’. C’était celle d’une drogue. L’opium, mêlé à d’autre flagrances et huiles parfumées.
Ils étaient dans un bordel.
Bordel.
Comme tout individu sensé devrait s’y attendre, trois solides gars apparurent dans le couloir. C’étaient les hommes chargés de surveiller et protéger l’établissement, et chacun était armé d’un gourdin et un couteau, et l’un portait une épée à la ceinture.
Hurlant, l’un d’eux exigea se savoir ce qui se passait, les yeux écarquillés à l’idée de bientôt pouvoir faire couler le sang.
Yan Xishan comprit dans la seconde que quoi qu’il dise, le gros bras avait l’intention de se battre. Se précipitant devant le mercenaire, il l’obligea à baisser sa dague pour bien faire comprendre le message : ils n’avaient pas l’intention de cuaser des ennuis. Puis jetant un coup d’œil à la porte derrière, il improvisa.

C’est le guet ! Ils essayent d’enfoncer la porte !

Au même moment, les brigands eurent la courtoisie, très obligeants qu’ils étaient, de donner un coup dans la porte, faisant ainsi bouger la chaise de quelques centimètres.

Ah les sales bâtards ! S’exclama le premier gros bras. On avait pourtant payés ce mois-ci !

Ces salauds sont gourmands et vont vous bousculer pour en avoir plus, continua Yan Xishan pour rajouter de l’huile sur le feu.

Le deuxième garde, un peu moins sanguin que son collègue, essaya d’arrêter l’escrimeur, mais ce dernier lui attrapa le coude pour le pousser das la direction du premier.

Ils sont dix et ils sont armés ! Ils prétendent qu’il y a une taxe supplémentaire à payer à cause du jubilé et que vous ne l’avez pas fait.

Le bruit causé par le raffut poussa quelques clients à passer la tête dans l’entrebâillement des portes pour voir ce qui se passait. À la vue d’hommes armés, plusieurs portes se refermèrent violemment. Puis une fille se mit à crier et la panique se déclencha.

Attends un peu mon gars ! S’exclama le troisième garde.

L’artisan eu juste le temps de lever son bras pour parer le gourdin qui s’abattait sur lui. Réceptionnant le coup avec son bracelet en cuir, il protégea sa tempe, mais pas sans que son bras s’engourdisse au choc.
N’ayant pas grand-chose de mieux à faire, il eu juste l’idée de crier ‘‘C’est une attaque !!!’’. Et l’instant suivant toutes les portes de s’ouvrir à la volée. Le garde essaya à nouveau de lui frapper la tête, mais le mercenaire couvra Yan Xishan, portant un coup de la poignée de sa garde derrière l’oreille du gros bras.
Repoussant violemment le garde sonné dans les bras d’un gros marchand qui essayait de s’enfuir avec ses vêtements dans les mains, il improvisa à nouveau pour rajouter de la confusion au chaos ambiant.

C’est le père de la fille ! Il est venu pour te tuer l’ami !

Horrifié, le marchand écarquilla les yeux et sortit du bâtiment en courant nu comme un ver, sa robe chiffonnée dans les mains. Une femme à l’air endormi, qui devait avoir la quarantaine, s’avança sur le pas de la porte.

Mon père ?

Au même moment, le gamin cria aussi fort qu’il le put ‘‘voilà le guet !’’. Puis la porte de derrière eut le charmante surprise de s’ouvrir et les voleurs firent irruption dans le couloir, où ils entrèrent en collision avec des jeunes filles et garçons dénudés, des hommes abrutis par la drogue et deux gardes très en colère. Le chaos ambiant redoubla lorsque deux gaillards apparurent au bout du couloir en exigeant de savoir ce qui se passait.

Ce sont des fanatiques religieux ! hurla l’artisan. Ils essayent de libérer vos esclaves, garçons et filles ! Vos hommes se font attaquer là-bas ! Allez vite les aider !

Par miracle, le reste du groupe parvint à se tirer de la confusion cauchemardesque qui régnait dans le couloir et coururent vers l’entrée du bâtiment. Le marchand courant nu comme un ver avait attiré l’attention du guet, et deux gardiens de la ‘‘paix’’ se tenaient devant la porte lorsque Yan Xishan l’ouvrit.

Oh messieurs ! C’est horrible ! Les esclaves se sont révoltés et sont en train de tuer les clients ! La drogue les a rendus fous et ils ont une force surhumaine ! Je vous en prie, il faut appeler des renforts !

L’un des hommes d’armes tira son épée et se précipita à l’intérieur, tandis que le second prit un sifflet à sa ceinture.
Quelques secondes plus tard, après un strident coup de sifflet, une dizaine d’hommes du guet arrivèrent en courant sur les lieux de l’émeute et s’engouffrèrent dans le bâtiment.

Deux pâtés de maison plus loin, Yan Xishan et ses compagnons choisirent une table dans une auberge obscure. Le mercenaire jeta son casque sur la table, ruisselant de sueur.

Da Trantio, si je me faisait pas arrêter pour ça, je t’éclaterais la tête, débuta le mercenaire, avant d’être interrompu par le rire de Nakor qui montait.
Après une bonne tranche de marre, le petit homme se calma, pour servir à son auditoire un simple ‘‘c’était rigolo’’, dans lequel était contenu tout le comique, le ridicule et le danger de la situation dont ils s’étaient tirés.
Pour la première fois de sa vie, Piero Da Trantio avait trouvé un homme plus taré que lui même. Et il n’était même pas là pour profiter du spectacle.
Si un est supérieur à d'autres, alors il doit protéger ceux lui étant inférieur. Et si un est inférieur, alors il doit uniquement s'acquitter de sa tâche diligemment. Le rang ne fait pas l'individu, mais les individus font leur rang.
Ceux qui changent selon leur rang sont de petits hommes. A l'inverse, ceux qui s'acquittent de leur tâche - qu'elle soit aisée ou difficile - diligemment, peu importe leur rang, sont ceux qui sont nommés "nobles". Pour parvenir à un but, il n'y a pas une méthode mais plus de dix.
24 — « De sinistres bourgeons dans ton sang se décomposent. Et ton désir de savoir pourquoi termine tout. »
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Snorri Sturillson
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Message par Snorri Sturillson »

Bon sang, ça m'a retourné la tête ces histoires de trapèze-blanc... Malgré cela, j'ai réussi les dernières finitions sur les rainures, donc je devrais pouvoir dormir une heure de plus cette nuit.
Il faudrait que je remette de l'ordre dans ma case, ça devient une épreuve pour utiliser le bureau sans encombres. Bah, je ferai ça demain, tiens.

Tsss...

***
Qu'est-ce que c'est que ça ? Un cor ? Un clairon ? On dirait un appel. Si c'est encore les autres traînes-galoches de l'étage au-dessus qui s'amusent avec les tubulaires, ils savent que c'est pas comme ça qu'on me dérange...
Tiens, voilà le deuxième appel... Qu'est-ce qu'ils peuvent être ennuyeux quand ils sont saouls ceux-là, heureusement que la porte est verrouillée.
Un troisième appel, vraiment ? Non, là, c'en est trop, ils vont m'entendre !
Attends, ça venait pas d'au-dessus ce clairon. Qu'est-ce qui pourrait bien demander un triple, hein ? Oh pétard, ça y est, c'est le va-t'en-guerre. Vite, vite, vite ! Dehors, vite ! Mes chausses - Tiens, elles ont l'air un peu courtes -, mon barda, et au trot !


Qu-ghhh-Hein ? De la lumière, dans le grand hall ? De la lumière naturelle ?!

- "Von phumtar ! Qu'est-ce que c'est que cet accoutrement ?! On attend plus que vous pour partir, qu'est-ce que vous faites ?
- "Adémar, enfin, habillez-vous !

Comment c'est possible d'avoir de la lumière naturelle à plus de deux-cents coudées de profondeur ?! Si c'est encore une bricole de Morgasson, et qu'il s'est mis à faire des trous dans la voû... Ou sinon, c'est le ciel. C'est le ciel, ça ? Hm, j'ai... Les pieds dans la paille et les gravats. Y'a même de la terre tout autour. Je serais remonté à la surface ? Noooon, j'ai pas pris autant d'escaliers que ça, impossible. Et puis, de toute façon, il aurait fallu que je prenne les grands élévateurs, à moins de passer par les Salles Supérieures et -!

- "Adémar, retournez d’où vous venez, enfin ! Vous ne serez pas chevalier sans culotte !
- Fiston, faut qu'tu retournes mettre tes froques,
- Ouais, et faut qu'tu t'dépèches, y'a l'capitaine qui t'attends"

A qui il parle ? A moi ? Mais je... Mais qu'est-ce que font des Umgis dans un endroit pareil ? La Guilde accepte les arriérés maintenant ? Ils ont ouvert les Halles aux grouillots ? Hé, d’où il me pointe du doigt celui-là ? Qu'est-ce que j'ai sur - Ah. Ah oui, j'ai pas mes froques. J'ai juste un... Une... très longue chemise, mais pas assez longue non plus - Oulah, il fait froid d'un coup - et j'ai... J'ai maigri ? Non, c'est un effet d'optique, j'ai des lunettes sur le n-Bah non, j'ai pas de binocles, mais j'ai... Mon nez s'est ramolli, et il a rétréci...

On va faire demi-tour, et retourner se coucher. J'ai du renifler de la moisissure sèche durant mon sommeil. Oui, j'ai dû manger un truc pas frais, mal comprendre une farce de Ureksson, ou quelque chose du genre. Hé mais c'est... C'est quoi cette baraque ?! Qu...

QUEL EST LE SALE FROTTE-CANON QUI A CONSTRUIT CET IMMONDICE ?!

Quel gâchis !
Quel gâchis, vraiment ! Utiliser de la pierre dure pour ça, franchement, c'est insultant - criminel même ! Et personne n'a réagi depuis ? C'est que ça n'a pas l'air récent ce travail en plus... Ça penche à l'angle, ça s'enfonce sous les portes, et y'a... Bon sang, il manque même une pierre angulaire sur la courtine !

- "Nan mais c'est quoi cette horreur ?! C'est quoi ce travail de bretonnien ? Qui a fait ça, hein ?
- Fiston, ça va pas ?
- Ne m'appelez pas fiston, Herr-sergent. Et déjà, qu'est-ce que vous faites là, hein ? Qui vous a donné l'autorisation d'être ici ?
- Enfin, gamin, m'sieur, c'est... C'est chez vous ici..."

Chez moi ?

...

Il veut naviguer les Trois Cascades, ma parole ! Oh pétard, c'en est trop. Farce ou pas farce, il va prendre pour tous les autres... Aaaaah, j'aime pas m'énerver dès le réveil... En plus, toute cette lumière et ces gueules vaseuses, ça me colle une de ces migraines... Attends. J'ai... J'ai des cheveux ?

...

- "Adémar von phumtar ! par la grâce du Marteau, rhabillez-vous, et reprenez vos esprits !
- Lietrich, allez chercher le médecin. Qu'il rejoigne Adémar dans sa chambre"

J'ai... des cheveux... Des... Cheveux...
Je... On... Enfin... Je... Je dois...
Il me faut Tempérance, et... Ou alors...
Il me faut quelque chose de fort, très fort... - Aïe - Bon, pas de doutes, ce sont bien des vrais cheveux, et pas une tignasse collée sur ma tête.

Mais alors, c'était quoi ce clairon ?

[...]

C'est quoi cet endroit ? Si c'est un rêve, c'en est un horrible ! Mais si c'est un rêve, je devrais avoir un certain contrôle, non ? Enfin, quoique, ce ciel diurne avait l'air bien réel, tout comme les faces mal rasées de ces Umgis. Si cela ne tenait qu'à moi, je dirais que c'était des vrais Umgis, aussi ignorants et incapables que les vrais. Tiens, y'a un tapis sous le plancher - Et donc y'a un plancher.

Un plancher... Là, il manque du ciment, ici c'est de la pierre ponce, là le bois est fendu, là-haut ça menace de casser dans le prochain demi-siècle, et... Non, faut pas que je m'égare. Retournons au début.

Pffff, même l'escalier est mal entretenu. Si c'est ma cervelle qui me joue des tours, je veux bien savoir d’où est-ce qu'elle me sort de telles horreurs. C'est dingue, je pourrais me forcer à vomir rien qu'avec ce que me disent mes yeux. Quant aux odeurs, eh bien... Non, l'humidité suffira.

Je suis sorti de cet endroit, je crois. Bien. Ça ne ressemble absolument pas à mon dortoir, évidemment. Ça, c'est le lit, ça, c'est une armoire, et ça c'est - Attends, je viens de voir quoi ? C'est qui celui-là ?

C'est... Moi ?
Mais je... Attendez... Mes mains... J'ai des toutes petites mains, longues et quasiment osseuses tellement elles sont faméliques... Et j'ai même pas de callosités au-delà de la paume - et la gauche c'est à peine mieux.
Tiens, le sol est très éloigné d'un coup. J'ai, enfin je crois que j'ai grandi... Oulah, qu'est-ce que j'ai fait... Ooooh, ça va pas, faut que je m'occupe les mains dans ma...

De... Ma barbe ?

Ma... J'ai un truc qui a craqué là... Ouh il fait chaud d'un coup...
Bon-bonjour le tapis... C'est... Moelleux, finalement... On dirait que - ooooh, bonsoir les points blancs... Et les petits points noirs... Arrêtez de bouger, je ... Peux plus parler...
Fermer les yeux...

- "Eh bien, Freiherr Adémar, qu'est-ce donc que tout ce raffût de bon matin ? Votre père m'a convoqué sur-le-champ, mais j'imagine que ce n'est rien de grave, n'est-ce pas ?"

Hihihi, ça chatouille... Oooooh, ça tremble beaucoup...
Faut pas f...

- "Freiherr Adémar ? Adémar ?! Adémar !"
Snorri Sturillson
Voie de l'étude de l'ingénierie - Compagnon (Ingénieur Nain de Zhufbar)
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"Vous n’avez pas le droit d’avoir votre opinion. Vous avez le droit d’avoir votre opinion renseignée.
Personne n’a le droit d’être ignare.
"
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Adémar
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Message par Adémar »

Tout avait commencé quand Adémar s’était éveillé en sursaut dans un lieu complétement différent de l’auberge ostlandaise qu’il connaissait et avec… Un dos musculeux en partie recouvert de tatouages devant son visage. Sa surprise fut d’autant plus grande que le propriétaire du dos en question émettait des grognements de douleurs ainsi que des jurons dans une langue incompréhensible pour lui.

Dans ses mains, l’écuyer tenait un stylet très fin ainsi qu’un flacon d’encre dans l’autre. Le stylet gouttait d’une infime quantité de sang. En sursautant le mouvement du stylet avait laissé une profonde estafilade sur la chair de l’homme. Alors que l’individu se retournait pour demander une explication à sa tatoueuse.

Adémar fut comme irrésistiblement attiré par la goutte de sang qui coulait le long d’un majeur très fin et de couleur très pale qu’il ne reconnaissait pas. Sans le vouloir, il lécha la goutte et tout devint écarlate pour lui. L’écuyer entendit juste un cri de surprise puis d’horreur avant de perde pied.

Quand il reprit conscience, il se tenait debout toujours dans la même pièce inconnu, mais cette fois-ci, il y avait un corps avec la nuque dans un angle improbable et le reste de son anatomie complétement atrophié comme si tout le sang avait quitté son corps.

Encore déboussolé et perdu dans une situation qui lui échappait complétement le jeune homme se pencha prudemment sur le corps. Il se rendit subitement compte d’un poids supplémentaire sur son torse. D’une main hésitante, il se palpa et une agréable sensation de plaisir lui parcourut le corps.

"J’ai… Des seins, mais non, non ce n'est pas possible. Punaise, mais qu’est ce que j’ai devant le visage ? C’est… Des cheveux longs ? " Il tira dessus, mais rien à faire, ce n’était pas une perruque. " Je suis… Une femme ? "
Dans une dernière vérification, il passa une main sur son entrejambe. Il eut beau chercher. Il n’y avait plus rien.

Sous le choc de ces constatations, il s’affala sur une chaise et se prit sa nouvelle tête dans les mains.
" Tout va bien, oui tout va bien, je dois sûrement être en train de rêver. C'est ca le corp devant moi est imaginaire et je ne suis pas une femme. " Murmurait-il pour se rassurer.

"Mais si c’est un rêve alors je peux faire ce que je veux non ? Je peux avoir une force surhumaine par exemple."

Voulant vérifier, il attrapa le bras gauche du massif corps devant lui et tenta de le propulser de toutes ses forces sur le mur en face. Le corps traversa la paroi de bois comme si elle n’existait pas pour ensuite finir sa course une dizaine de mètres plus loin et 6 mètres plus bas.

" Putain, mais oui, c’est bien un rêve ! Je peux faire ce que je veux ! Par contre le corps de femme je ne vois pas pourquoi j’aurais rêvé de ca " Plongé dans son émerveillement, Adémar ne prêta pas du tout, attention aux bruits de pas qui approchaient.

La porte de la pièce s’ouvrit en grinçant. Loin de s’inquiéter. Le jeune homme se tourna lentement vers la source du bruit. Devant lui se tenait une véritable déesse au visage transpirant l’innocence. Une créature céleste au corps divinement sculpté invitant quiconque l’admirant à s’abandonner à des plaisirs inavouables réprouvé par la morale.

" Je suis apparemment le plus chanceux des hommes. Dites-moi divine créature. Que me vaut le plaisir de vous rencontrer ? " Demanda Adémar d’une voix trahissant des arrière-pensées douteuses.

"Putain, c’est le meilleur rêve de ma vie !" Se répétait-il intérieurement.

"Dit-moi ma chère. Que t’arrive t’il ? Tu sembles… Différente." Répondit la créature d’une voix maîtrisée ne laissant transparaître aucune émotion.

"Je vais parfaitement bien, mais effectivement, tu vas me trouver très différent après ce que je vais te faire connaître. Parole de Von Phumtar." Répondit-il voix tendancieuse en s’approchant de son interlocutrice d’un pas langoureux. Il voulut passer sa main droite sur son visage, mais la femme devant lui l’attrapa à une vitesse impressionnante, lui fit une clef de bras parfaitement maîtrisée. L’immobilisa et lui murmura à l’oreille d’une voix glaciale.

" Tu… N’est…Pas… Dokhara. Alors dit-moi très vite ce que tu es misérable insecte et ce que tu as fait à ma Dokhara. "

Dans un glapissement de surprise, le jeune homme tenta de se défaire de la prise. Il y parvint, mais un bruit sec se fit entendre. En s’éloignant le plus possible de cette femme. Adémar vit que son bras droit avait une position non-naturel. Il écarquilla les yeux non pas à cause de la douleur, mais parce que sous ces yeux, le bras se replaçait de lui-même dans sa position initiale avec un clac sonore ne laissant aucunes traces de blessures.

" Diablerie que ceci ! Qu’est-ce que tu es ? Et qu’est-ce qui se passe ! Réponds ! " Cria l’écuyer d’une voix apeuré et féminine.
La femme devant lui avançait d’un pas mesuré, d’un calme et avec un port royal. Sans un bruit.
" Qui est-tu et qu’est t’il advenu de Dokhara ? " Redemanda t’elle toujours aussi glaciale.

" Mais j’en sais foutre rien ! Je ne sais pas qui s’est Doraka ! Je suis en train de rêver ! Tu n’es pas réel ! " Cria le jeune homme de plus en plus paniqué en reculant.
La créature devant lui se saisit de lui par la gorge, le plaqua au mur et reposa la même question avec toujours ce ton glacial qui terrifiait Adémar.
"Qui est-tu et qu’est t’il advenu de Dokhara ? "

" Mais puisque je vous dis que j’en sais rien ! Lâchez moi ! Laissez-moi tranquille ! " Criait le pauvre homme.

" Réponds ! " Cria la femme d’un ton si impérieux que l’écuyer ne put se soustraire à l’autorité.

" Je… Je suis Adémar Von Phumtar.*gulp* je suis écuyer dans l’ordre du vaillant sanglier sous les ordres du capitaine Arbercrombie en Ostland. Je suis en train de rêver et je n’ai aucune idée de qui est cette Dorade-kha dont vous parlez. Pitié, je vous ai dit tout ce que je sais, laissez moi " Débita précipitamment l’interrogé en sentant des larmes lui monter aux yeux.

La créature semblait réfléchir quand des bruits de pas précipités tonnèrent dans les escaliers. Un groupe d’hommes barbus, massifs comme des ours et les armes aux poings arriva à l’entrée de la porte. Ils étaient tendus et Adémar pouvait sentir un liquide chaud circuler sous les muscles et la chair lui mettant l’eau à la bouche, occultant un court instant sa peur. L’écuyer tendit une main vers les barbus en essayant de demander désespérément de l’aide et pour essayer de s’abreuver du nectar si proche et attirant. Il assista à un recul collectif des hommes dont la plupart affichaient une peur profonde sur leurs visages.

Ce que voyait les kislevites, c’était une horrible créature à l’air de chauve-souris tendant vers eux, un bras horriblement déformé et griffus. Heureusement, le monstre qui ressemblait étrangement à Dame Dokhara était fermement tenu par Dame Lucretia qui restait toujours d’un calme absolu.
Cette dernière lâcha des mots dans une langue que ne comprenait pas Adémar, mais après quelques instants d’hésitation les hommes se retirèrent laissant le pauvre écuyer seul avec ce monstre.

" Bien maintenant que ces insectes croient que tu es un démon que je vais exorciser, ils vont nous laisser en paix. Reprenons… " Dit Lucretia en reportant son attention sur son captif.
Avant qu’elle ne puisse finir sa phrase, Adémar puisa dans toute la force (et le désespoir) qu’il pouvait solliciter pour donner un violent coup de pied double dans le ventre de son geôlier. L’impact fut d’une force tel qu’il projeta son tortionnaire à l’autre bout de la pièce.

Sans réfléchir l’écuyer se jeta dans le trou laissé par le corps du kislévite. Il faisait nuit dehors et l’air était chargé de flocons de la taille d’un pouce. Son atterrissage dans la neige gelée fut misérable et il se brisa les deux jambes, hurlant de douleur Adémar rampa désespérément dans la neige vers un salut impossible et illusoire.

Un bruit de chute se fit entendre juste derrière lui et il comprit que la démone l’avait suivi et était sur lui.
" Non ! Non au secours ! Aidez-moi ! C’est un cauchemar, je vous en prie !" S’époumona le jeune homme, cherchant désespérément de l’aide.
Une poigne de fer l’attrapa sur la nuque et une autre dans le dos. Le ramenant hurlant à l’intérieur de l’auberge qui se vida instantanément de ses occupants.

Cette nuit et toutes les suivantes furent déchirées par les hurlements d’Adémar qui vécu un réel cauchemar dans les bonnes mains de Lucretia. Bien décidée à retrouver sa petite Dokhara chérie.
Fiche wiki: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_ademar_von_phumtar
Compétences:
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équipement offensif:
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équipement défensif:
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Conseil d'ami : :mrgreen:
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"Je ne connais pas d’outil de négociation plus efficace qu’une armée impériale sur le pied de guerre"

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