[Terminé - Concours] La Bataille

Dans cet espace intemporel et hors du monde, les plus talentueux écrivains peuvent écrire pour le plaisir ou se mesurer entre eux, pour leur gloire personnelle ou par vengeance....

Modérateur : Equipe MJ

Sondage : Lesquels de ces affrontements avez vous préféré ?

[MJ] Le Djinn et son siège de l'antique cité de Shartum
4
24%
Anton et sa baston de boules de neige estudiantines
2
12%
Freidrich Hadler et son épique bataille de Kislev
4
24%
Christer et ses escarmouches entre Cathay et les pillards elfes noirs
3
18%
Eranor et le combat dantesque livré par son Ost Scintillant
1
6%
Hans Ottweiler et son armée déterminée face aux hordes de Kornik Trois-Doigts
3
18%
 
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[MJ] Le Grand Duc
Warfo Award 2019 du meilleur MJ - RP
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[Terminé - Concours] La Bataille

Message par [MJ] Le Grand Duc »



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Tenez la ligne ! Sonnez le cor ! Déployez les bannières ! Bienvenue à tous dans la Bataille, un nouveau concours ayant pour thème ... la baston, la castagne, la déculottée ! Les règles sont très simples : vous devez rédiger un texte ayant pour contexte le cœur d'une bataille. Vous pouvez incarner un général supervisant depuis la colline avoisinante comme un pauvre fantassin faisant office de chair à canon, vous pouvez être un orque sauvage, un elfe arrogant ou un nain borné, vous pouvez traiter d'une simple escarmouche ou d'une bataille rangée titanesque où les armées ennemies alignent des dizaines de milliers d'hommes ! La bataille mise en scène peut-être terrestre ou navale, ce peut être une bataille rangée ou un siège, une embuscade ou tout autre manœuvre militaire. Le texte peut être rédigé à la première personne du singulier comme à la deuxième du pluriel (ou encore autre chose) et vous pouvez également mettre en scène votre propre PJ ou bien en imaginer un pour l'occasion.

Somme toute, c'est un concours très libre où la seule exigence est la mise en scène de combats. Le concours se termine le 15 août et le gagnant se verra remettre une bourse d'xp à dépenser en points de caractéristiques ou en compétences ! Les critères de victoire sont comme toujours l'originalité, l'inventivité, les descriptions, le rythme, la mise en scène. J'invite les MJ à participer également ! Les textes proposés devront être postés à la suite de ce sujet, et pour tout commentaire ou question, n'hésitez pas à me contacter par MP ou sur la CB. Et maintenant ... chargez !
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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[MJ] Le Djinn
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Re: [Concours] La Bataille

Message par [MJ] Le Djinn »

Passé recomposé
Le vent de midi, pourtant habituellement chaud et sec, paraissait aujourd'hui glacial et emplit d'une multitude de gouttelettes au goût salé, comme les larmes d'une femme qu'on aurait abandonnée à son sort. Ce sentiment d'isolation, de crainte et de solitude, Ehmeb le connaissait bien. Il n'y avait pas quatre jours qu'il avait regardé sa femme, son fils et ses deux filles partir en bateau vers le Sud, dans des terres encore sauvages mais où se trouvaient des colonies nehekhariennes. Car c'était ainsi, un homme devait protéger sa famille quoiqu'il en coûte, même si pour cela il devait ne plus jamais les revoir. Cet adage était déjà en vigueur dans les guerres habituelles des cités du pays, mais quand on annonçait une horde de mort-vivants telle qu'on en avait jamais vu dirigée par des créatures de la nuit et par Celui-Dont-Le-Nom-Ne-Doit-Pas-Être-Prononcé...

Il ruminait ainsi ces pensées, tiraillé entre la peur et le devoir. Sa position n'était pas aisée et ses chances de s'en sortir étaient minces, pour autant, il devait essayer. Ses hommes étaient là, en rang, prêts à se battre pour le Royaume Éternel, la défaite n'était pas une option. La bataille qui allait se jouer serait peut-être la dernière qui aurait jamais lieu à Nehekhara, soit Alcaadizar le Conquérant l'emportait, soit ils serviraient tous un nouveau maître dans la mort...
Et lui, quel était son rôle dans cette grande histoire qui allait se jouer dans les prochaines heures? Il était le Héraut du Roi-Dieu, il était Ehmeb le Protecteur, premier champion du souverain, son général le plus fidèle ainsi que son meilleur ami... Sa tâche serait vitale.
Les morts vivants allaient attaquer à la nuit tombée, les espions avaient prédit qu'ils frapperaient quatre points différents. L'armée d'Alcaadizar, au centre recevrait le gros de l'assaut, on prévoyait près de cinquante-mille morts-vivants dirigés par le Traître lui-même, son fidèle second l'infâme Arkhan, et une partie de ses meilleurs lieutenants, ceux que l'on appelait les vampires, ces monstres assoiffés de sang. Deux autres assauts, plus rapides et d'envergures bien moins importantes, seraient stoppés par les troupes de Numas et auraient lieu sur les flancs de l'armée principale, que les morts voulaient prendre en tenaille. Devant une stratégie si forte en troupes, on aurait pu espérer que le reste du terrain soit dégagé!

Alors pourquoi un tel détachement? Les deux Légions du Vautour de Khemri, les Flèches d'Aspic des jungles de Tanaan, vingt géants d'os de la Vallée des Rois, ramenés à la vie par les prêtres, plus de deux cent Ushabtis ranimés pour l'occasion... Au total c'était pas moins de huit-mille hommes et assemblages qui tenaient la forteresse de Shartum, presque un cinquième de l'armée de Nehekhara.
La raison d'une telle puissance était simple, la passe était vitale, c'était là que devait se replier l'armée d'Alcaadizar si la bataille en plaine échouait. A partir de là il était aisé de comprendre les conséquences de la perte du bastion. Le Grand Nécromancien semblait d'ailleurs parfaitement conscient de cet état de fait, car un détachement d'une quinzaine de milliers de morts se dirigeait droit sur la forteresse, grâce à un contournement habile des troupes centrales. Flanquée de deux hautes montagnes, infranchissables pour les morts, l'endroit semblait aisé à défendre, à vrai dire le faible nombre de ses ennemis inquiétait Ehmeb...

Les hommes se placèrent en position, les archers sur les remparts, les troupiers au premier niveau et dans les bâtiments, les géants et les Ushabtis devant la forteresse, là où ils ne seraient pas gênés pour bouger et où ils pourraient occuper suffisamment les morts-vivants pour que la forteresse puisse pleinement s'organiser. Le Héraut songea avec un sourire que si les vampires ramenaient les morts à la vie, ils étaient pour autant incapables de faire de même avec les assemblages, toutes les pertes en bas des murs seraient pour eux difficilement récupérables. La nuit tombait, tout commencerait bientôt...

Ptra venait juste de disparaître derrière les dunes et l'ont allumait tout juste les torches quand les premiers étendards moisis apparurent à l'horizon, portés par des squelettes blanchis menés par des nobles à l'apparence humaine mais dont les visages n'étaient que des horreurs difformes laissant paraître de longues dents affûtées. Des prêtres renégats les accompagnaient, fourbes traîtres ayant souhaités s'agenouiller devant les nécromanciens plutôt que de les détruire, ils paieraient pour leur affront.

Il n'y eut pas de demande de reddition, ni de provocation, seul le silence terrifiant des morts et la frappe régulière des troupes ranimées sur le sable tiède alors que le froid s'emparait de la nuit et du cœur des hommes. Dans son armure dorée à l'effigie du Dieu-Soleil, la Lance d'Affliction, qu'on disait capable d'aspirer l'énergie des vampires, à la main, son bouclier dans l'autre, Ehmeb observa avec inquiétude les légions d'os qui s'avançaient. Certains des hommes paniquaient déjà et les officiers durent donner de leur voix pour les faire tenir en place. De toute façon, ils n'avaient nulle part où fuir.
Levant la main, il fit préparer les archers aux flèches bénies, une volée obscurcit le ciel nocturne avant même que les premiers squelettes ne s'élancent sur les géants! Pourtant, peu touchèrent le sol car elles percutèrent ce qui semblait être un immense essaim de chauves-souris qui se dirigeait droit sur eux!

Ehmeb serra les dents, ainsi ils avaient compris sa stratégie et réagit en conséquence à une telle vitesse? Terrifiant... Il n'eut pas le temps de s'appesantir davantage, une créature fonçait droit sur lui: il la transperça d'un coup de lance et se pressa de se retourner devant la foule de ses hommes qui tentaient vainement de reculer.


-"Tout le monde reste en position! Archers, visez en priorité les chauves-souris! Soldats, formez un mur de boucliers, repoussez-les!"

Quelques minutes plus tard, la mêlée était en place. Les flèches avaient descendues des dizaines de créatures, mais des centaines d'autres arrivaient. Le champion n'était pourtant pas dupe, ces animaux maudits n'étaient qu'une diversion. Laissant en plan ses gardes du corps, il se précipita vers les remparts de la terrasse, il vit ce qu'il craignait: les assemblages, bien que très résistants, étaient en train de se faire déborder et à ce rythme leur sacrifice serait pratiquement inutile.

-"Archers, avancez sur les remparts, troupiers, protégez-les de vos boucliers, Légions du Vautour, exterminez ces abominations!

Il fallut plusieurs longs transferts d'ordres ainsi que des répétitions pour que la stratégie s'organise enfin. Formés pour être parmi les meilleurs tireurs de leur cité, les Vautours, dégagés de la masse de soldats qui les entouraient juste avant, purent mettre leur talent à profit pour faire tomber les chauves-souris en masse. L'intuition d'Ehmeb avait fonctionné, ces animaux étaient idiots devant la surprise et il leur fallait un peu de temps pour se reprendre en cas de tactique nouvelle. Ils s'acharnaient sur les boucliers des soldats, ne se rendant pas compte que leur nombre diminuait à vue d'œil. Quand les archers réguliers arrivèrent au bord des murs, ils étaient pratiquement débarrassés de la masse volante et piallante qui tentait auparavant de les dévorer vifs. Il était plus que temps, la moitié des assemblages avaient péris sous les assauts des vampires et de nombreux corps jonchaient déjà le marbre blanc de la forteresse. Il dépêcha sa garde personnelle pour décapiter les corps, afin d'éviter de les voir se relever, hostiles.

La pluie de flèches tant attendue tomba enfin sur les squelettes en contrebas, qui tombèrent à un rythme effréné. Malheureusement ce fût d'une plus courte durée que prévue, car bien vite leurs propres tireurs se mirent en place et d'autres renvoyés au Néant se relevèrent une fois encore. Ehmeb serra les poings. Le plan ne se déroulait pas aussi bien que prévu, il faudrait improviser.
Une heure passa encore, interminable, qui vit la chute des derniers assemblages. Les pertes adversaires étaient inférieures aux prévisions, bien que des trous étaient visibles dans les rangs ennemis. Il fallait maintenant prendre une décision: rentrer et préparer les défenses ou rester et tenter d'empêcher au maximum les morts-vivants d'enfoncer la grande porte? Dans un éclair il opta pour la seconde solution. La forteresse était déjà trop remplie, rajouter des hommes trop tôt ne ferait que compresser davantage les troupes.


-"Que les archers tiennent leur position et continuent les volées, troupiers, protégez leurs arrières!"

Le tout dernier géant d'os s'effondrait à peine qu'un groupe de vampire se constitua et commença à gravir la façade du bastion avec une rapidité alarmante alors que des squelettes préparaient les béliers pour attaquer l'entrée. La dizaine de créatures maudites se jeta sur les rangs des archers, forçant Ehmeb à reculer avec ses gardes. Le spectacle était désastreux, les archers étaient massacrés les uns après les autres sans que leurs protecteurs ne puissent réagir. Une bonne centaine était déjà morte quand les soldats trouvèrent enfin le courage de riposter. L'équivalent tomba pour que s'achève la non-vie des Maudits. C'était une catastrophe.
En bas, la grande porte était sur le point de céder et des squelettes tentaient l'ascension comme leurs maîtres avant eux. Peu agiles, la plupart tombaient et s'écrasaient lourdement au sol, ceux qui étaient montés le moins haut se relevaient immédiatement après, les autres restaient à terre, pour la plus grande joie des nehekhariens.

Le Héraut eut la mauvaise surprise de constater qu'un autre groupe de chauves-souris, plus petit cette fois, fondait à nouveau sur eux, sans doute une réserve en retard. Les Légions du Vautour, dont le nombre n'avait que peu diminué, constatèrent avec horreur qu'elles étaient les cibles cette fois.


-"Archers, continuez à tirer en bas. Vautours, tirez sur les bêtes, troupiers, protégez les Vautours!"

Ils n'eurent pas le temps de se mettre en place que trois chauves-souris se métamorphosèrent pour prendre une apparence presque humaine. Ensembles ils se ruèrent sur les Légions, jetant des sorts impies qui firent craquer le moral de plus d'un soldat qui voyaient leurs compagnons mourir de manière affreuse.
L'un d'eux sembla remarquer la présence d'Ehmeb, rutilant dans son armure en or. Avec un sourire carnassier il leva son bras vers lui et une main faite de poussière frappa de plein fouet un soldat qui s'interposa dans un moment d'héroïsme, lequel vieillit de plusieurs siècles en quelques secondes et tomba en poussière. Peu contrarié, la créature tenta de réitérer alors que le héraut lui fonçait dessus, lance au clair. Le sort maléfique repartit et frappa le bouclier, qui ne s'en ternit même pas. L'or ne rouillait pas, il ne vieillissait pas, il était éternel. Le sourire du champion était visible quand la lame de bronze forgé transperça la tête du monstre, aspirant son énergie vitale dans un bruit de succion affreux et le laissant retomber raide mort.

Il ne fallut pas plus de quelques instants pour voir apparaître au créneau des têtes squelettiques bien déterminées à envoyer les vivants les rejoindre pour l'éternité. Les archers ne seraient plus utiles ici, en combat direct, d'autant plus que les vampires ne tarderaient pas à forcer la porte en bas...


-"Archers et Vautours, descendez aider vos frères à la grande-porte! Troupiers, restez ici et assurez-vous qu'aucun mort ne passe!"

Lui même se positionna derrière les soldats au bouclier. Il faillit vomir en se rendant compte que la terrasse était couverte de sang et de corps, mais la situation ne lui permettait pas de jouer aux jeunes filles effarouchées. Ses soldats luttaient vaillamment pour empêcher les morts de prendre durablement pied, il fallait que ça continue. Quand il sentait que le front allait céder en un point, il envoyait un officier cherche des réservistes dans la forteresse. Parfois il intervenait lui-même, surtout contre des squelettes lourdement armés, pâle reste des gardes royaux d'antan.
Malgré tout ses efforts, les ennemis étaient trop nombreux et le millier de troupiers qui gardaient la terrasse ne tarderait pas à céder sous l'afflux de cadavres.


-"Repliez-vous, rentrez dans la forteresse! Barricadez la porte!"

Après avoir éliminé un dernier squelette de sa lance, il s'élança à l'intérieur, suivi de ses gardes. Épuisé, las et blessé en quelques endroits, il les congédia pourtant.

-"Je descends vérifier la situation, Parthem, vous êtes commandant en mon absence."

Il frappa fraternellement l'épaule de son chef des gardes et descendit à toutes jambes, poussant les flots d'hommes qui barricadaient chaque couloir, chaque salle, dans l'espoir de résister juste un peu plus longtemps, jusqu'à l'arrivée d'Alcaadizar le Conquérant...
A la porte principale, les prêtres chantaient leurs litanies bénies alors que les hommes formaient un mur de lance surplombé par des archers en position. La porte barrée par tout ce qu'on avait pu trouver n'allait pas tarder à céder, il faudrait être prêt.


-"Moi, Ehmeb le Téméraire, je prends le commandement de vos vies à cet instant. Archers, mettez en joue!"

La porte explosa sous l'effet d'un sortilège et un véritable flot de morts entra à la charge, ne craignant ni le déluge de flèches ni les lances, ni les khopesh des soldats. Ils frappaient les boucliers comme le torrent frappe la montagne afin de la sculpter, inlassablement, sans temps-mort, sans espoir, tuant les hommes les uns après les autres, heureusement ils étaient rapidement remplacés... Une créature horrible, semblable à une chauve-souris à corps d'homme, chargea dans la cohue et renversa le mur de bois, créant une brèche aisée pour les cadavres qui s'y engouffrèrent. Bien vite le monstre fût abattu mais Ehmeb en eut le souffle coupé, il n'avait jamais rien vu de tel et il espérait que ça ne serait plus jamais le cas.
En personne, le héraut se déplaça pour tenter d'endiguer la brèche et de sa lance il embrocha au moins quatre soldats ranimés dont l'essence vitale guérit ses plaies.

Le pire était pourtant à venir: les hommes paniquaient, ces morts les terrifiaient et il n'en faudrait pas de beaucoup pour qu'ils rompent les rangs. La mort dans l'âme, le général dû se résoudre à organiser une relève en plein combat, permettant aux morts de gagner plusieurs mètres sans difficulté, maintenant lui-même était acculé au mur du fond de la pierre, sur ses côtés deux couloirs dont un pouvant mener à la terrasse. Si Parthem échouait, ses troupes seraient prises entre deux feux dans un espace clôt. Tout se présentait mal.
Un soldat couru vers lui, l'air affolé, ses pires craintes se réalisaient, des vampires avaient pris d'assaut la porte de la cour supérieure, elle pouvait tomber d'une minute à l'autre. Ehmeb resta interdit, désespéré par cette annonce, tout était-il perdu? L'histoire de Nehekhara s'achèverait-elle avec la chute de la forteresse? Les Amazones de Khalida, unité d'élite de la Reine Bénie, tuée lâchement par Néférata quelques mois plus tôt, rejoignirent la porte pour seconder les hommes. La vue de ces femmes en armes, remplies d'une férocité guerrière, lui rendit un peu d'espoir. Oui, Il honorerait Ptra par sa victoire, Aspic par la vengeance et Djaf comme Usirian le remercieraient pour avoir sauvé les âmes des soldats ranimés.

La vision lui vint, sans doute inspirée par une des divinités à laquelle il venait de penser: s'il mourrait son armée continuerait à se battre, mais si le général ennemi tombait?...
Laissant là son mur d'hommes, il remonta les marches pour trouver des prêtres qui bénissaient et soignaient les blessés.


-"Pouvez-vous ranimer les géants d'os et les Ushbatis?"

Le Grand Prêtre acquiesça, ses six acolytes faisant de même, leur peau parcheminée et tannée trembla.

-"Il nous faudrait juste une vue sur eux et du temps pour cela..."

Le Héraut eut un sourire.

-"Dites au commandant Parthem de vous escorter, je vais vous en donner, du temps."
Les armées cadavériques commençaient déjà à remonter, les soldats parlaient de trois mille pertes dans toute la forteresse, une véritable catastrophe. Le champion, lui, parcourait Shartum en hurlant:

-"Suivez-moi! Suivez le Téméraire vers la victoire!"

Il renversait alors un adversaire, en plantait un autre et avançait dans la mêlée hostile, les coups ricochant contre son armure d'or et de bronze. Il était fortement suivit, les Amazones tenaient encore bon, des restes de la Légion des Vautours avaient pris des khopeshs pour le suivre, les Lions du Désert se taillaient un chemin à coup de glaive à travers les os.
Les pertes seraient énormes, mais il n'en avait cure, il avait fait un pari, il devrait s'y tenir. Maintenant qu'il était là, avec ses hommes qui sortaient pour affronter la nuée de morts, dans une dernière charge héroïque. Avec un sourire il constata qu'il ne s'était pas trompé, au milieu des cadavres un prêtre-liche continuait un rituel, il devait être la cause de tout cela.

Le Héraut marcha sur les corps pour se montrer à tous, alliés comme ennemis, dans son armure rutilante au clair de lune, frappant, tranchant, taillant pour sauver sa vie, avançant vers sa cible, secondé par ses troupes. Comme il s'y attendait, des vampires se jetèrent de la terrasse pour le défier, le provoquer dans des duels en plein milieu du champs de bataille. Il eut plaisir à en affronter un, qui avait une apparence de très jeune homme borgne. Ehmeb eut du mal à prendre l'avantage mais l'arrogance de son adversaire causa sa perte alors qu'il tentait un coup risqué et que son épaule fût transpercée une fois de trop et la magie noire qui le composait était absorbée par la lance.
Constatant l'absence des assemblages, Ehmeb tenta le tout pour le tout et projeta sa lance vers le hiérophante.

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La pointe trouva le ventre du prêtre-liche, qui tomba au sol avec un dernier râle d'agonie. Plus de la moitié de l'armée commença alors à s'effriter, les squelettes retournant à la poussière, incapables de se maintenir vivants sans l'aide de leur invocateur. Ehmeb sourit, tout était fini, les dieux lui avaient révélés la solution.

Le Protecteur allait se relever et crier sa joie quand une lame lui transperça le dos, à peine arrêtée par l'armure, une main gelée le retourna et il constata la présence d'une femme d'une beauté saisissante, mais incroyablement froide, qui lui souriait.


-"Mourir par la main de Neferata n'est-il pas le plus grand des honneurs? Tu as cruellement manqué de discernement, je suis tout aussi capable que cet incapable de m'Atep de tenir cette armée debout... Tu n'as fait que retarder l'inévitable, héros."

Ehmeb, décontenancé et au bord de l'évanouissement, tourna la tête pour constater que les troupes mort-vivantes reprenaient peu à peu consistance, en nombre certes plus faibles, mais tout de même trop important... Avec tristesse il releva le visage vers sa meurtrière, fataliste, quand il aperçut, juste derrière une créature géante d'os, de pierre et de métal qui reprenait forme, si silencieux au milieu des cris et des plaintes. Le géant d'os saisit sa lourde hache de bronze titanesque qui trônait à côté de lui.
Avec l'énergie du désespoir, le guerrier enlaça la primarque vampire et attendit la mort...


-"Je voulais juste, gagner du temps..."


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-"Ah, je crois qu'il est l'heure pour vous de rejoindre le Père Folkgar pour votre cours de théologie ulricaine. Nous terminerons l'Histoire des Fresques Nehekhariennes demain. Bonne fin de journée à vous."

La trentaine d'étudiants altdorfais se leva, tablette et grimoire en main pour rejoindre le temple. En quelques minutes, l'endroit était vidé, tous étaient bien contents d'en avoir terminé avec le barbant professeur Jacob et ses vieux livres! Tous sauf un, le jeune Johann, tout frais de ses vingt ans, se tourna vers son maître qui rangeait ses papiers.

-"Professeur? Je ne tiendrai pas jusqu'à demain... Qu'est-il arrivé à Ehmeb et à Shartum?"

Le vieil homme sourit, indulgent devant cet instant de naïveté. Essuyant son monocle il répondit, un peu moqueur:

-"Hé bien... Les hiéroglyphes expliquent que grâce cette action héroïque la forteresse fût sauvée, l'immonde vampire blessé et mis en fuite. Après il y a un passage disant que le général fût couronné de gloire et d'honneur avant de mourir une semaine plus tard de ses blessures. Mais mon garçon, vous ne devriez pas prendre tout ça trop au sérieux, après tout ce ne sont que des légendes!"
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Anton
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Re: [Concours] La Bataille

Message par Anton »

Anton faillit ne pas se réveiller.

La veille encore, il s'était couché tard pour revoir ses leçons du jour et de l'avant-veille, et transcrire de son écriture sèche et rabougrie sur un parchemin les enseignements contenus sur une tablette de cire. Comme à son habitude, la veillée avait creusé sous ses yeux sombres une raie bleuâtre, injecté ses iris de stries rouges sang. Pourtant, comme il se frottait machinalement les paupières, il sentait peu à peu la vigueur de sa jeunesse repeupler ses muscles assoupis par la nuit. Et l'esprit enfin clair, il comprit ce qui l'avait tiré de son lit: il était seul.

Or pour un jeune homme qui s'était installé quelques semaines plus tôt dans le dortoir étroit d'une maisonnette estudiantine de Nuln, c'est-à-dire pour une âme de seize ans qui vivait depuis vingt jours peut-être l'invasion constante de son intimité par des hordes de condisciples, certes de noble ascendance, mais néanmoins de parfaits inconnus, pour cette âme constamment assiégée, donc, le silence et l'espace soudains revêtaient une tournure des plus étrange. On eut pu même hasarder l'adjectif "d'inquiétant", si l'esprit d'un jeune noble comme l'était Anton eut condescendu à une activité d'aussi peu héroïque ou noble que d'éprouver de l'inquiétude.

Bien au contraire, l'étudiant se fit discipline, de manière à ne laisser s'exprimer dans ses traits tout au plus qu'une légère curiosité et, avec une lenteur délibérée, se leva. En garçon rigoureux, sous lequel perçait à le campagnard et l'homme de caractère, il s'astreint à plier ses draps à la perfection, alors même qu'une lavandière ne manquerait pas de passer plus tard se charger du linge de ses camarades de chambrée. Il employa la même lenteur délibérée pour réciter, à genoux, les quelques commandements de Sigmar qu'il convenait qu'un jeune homme de son âge récitât à son lever. On le voit, Anton n'était encore ni tout à fait citadin, ni tout à fait étudiant; et ses manies d'enfant sage faisaient, sans qu'il s'en doute, le bonheur de ces imitateurs de tous poils que sécrète naturellement tout groupe de jeunes hommes désœuvrés, ce qu'étaient certainement les étudiants de Nuln lorsque la Faculté ralentissait son rythme à l'approche de l’hiver.

Ses devoirs accomplis, rapidement vêtu et ganté (car il faisait dans la chambre un froid certain), Anton von Adeldoch s'autorisa enfin la distraction de se pencher par la croisée de la seule fenêtre du lieu pour voir si l'extérieur n'offrirait à disposition une quelconque explication à la disparition subite de tous ses camarades en une heure si précoce lors d'un jour de congé. Car comme le lecteur sagace l'aura certainement saisit bien avant que nous le disions, si le jeune noble avait bien failli ne pas se réveiller, c'était tout simplement parce que ce jour était consacré dans tout le quartier universitaire avant tout au repos. On s'explique dès lors l'intense curiosité qui se peignit sur le visage du jeune étudiant lorsqu'il aperçut, dans les laies de la grande houssaie que surplombait sa fenêtre, courir une demi-douzaine d'étudiants, à toute allure malgré la neige grise qui nappait le chemin, dans la direction bien connue des bâtiments de l'Université.

Certainement, rien de plus abscons qu'un étudiant en course par temps de neige et de congé; cela, même un universitaire en herbe comme l'était notre jeune Sudenlandais l'avait très tôt deviné. Allons, se disait-il, un étudiant digne de ce nom ne court guère que lorsqu'il est poursuivit, qu'il est en retard ou qu'il a faim; et en cela son instinct ne le trompait pas tellement. Et nous ajouterons, comme c'est le privilège du conteur de savoir ces choses-là, que comme l'apprendrait plus tard le jeune noble en usant les vénérables bancs de la Faculté qu'un étudiant véritablement sophistiqué à la façon de Nuln ne courrait en réalité que lorsqu'il avait faim, et encore fallait-il que le repas promis soit bien digne de cet effort. Aussi, nous conviendrons ensemble que le spectacle de ces six paires de chausses précipitées dans les chemins de neige fraîche méritait certes quelques questionnements...

Anton se décida à partir aux nouvelles.

***

Il n'était pas encore tout à fait l'aube lorsque le jeune homme émergea du parvis de la maisonnette, ayant dûment constaté que les autres chambrées avaient été elles aussi proprement vidées de leur population habituelle. Dans le froid né de la nuit, qui nimbait les branches des arbres d'un halo fantastique, dans la sécheresse lacérante d'un temps de grisaille enneigée, l'absence d'âme qui vive eut chahuté le cœur d'un moins brave que le jeune aristocrate. On aurait pu croire que la venue de la neige, si rare à Nuln en cette quantité et en cette saison précoce, procurerait au paysage un apaisement bienvenu; et en vérité un instant l'âme d'Anton se félicita de cette blancheur fine que revêtait le parc de l'Université. Mais une bise mordante le rappela très vite aux tristes rigueurs de la température: il s'engagea d'un pas vif sur le chemin où il avait vu tantôt disparaître les six manteaux si pressés.

Le cheminement dans le silence de ces bois endormis, que troublaient simplement le tassement d'une congère ou le sifflement du vent, prirent rapidement pour le jeune homme une allure fantastique. Il ne pouvait s'empêcher d'imaginer, dans cette atmosphère coie et désolée, l'apparition au détour d'un arbre d'une quelconque divinité de l'hiver ou de la nature, un Borée, une Princesse des Neige, un ours de Kislev même. Il se prenait à écouter les crissement nivaux, à compter ses souffles et ses pas. Il ne fallait pas grand chose à cette âme un peu impressionnable, toute pétrie de contes et de mythologies, pour convoquer à l'envi sous ces bois enneigés les errements d'une douce fantaisie. Et Anton ne fut pas fâché de voir, dans un lacet de son sentier, apparaître une figure qui eut l'air un tant soit peu humaine.

L'homme ou le jeune homme -car il portait une écharpe de laine qui couvrait tout son visage- traînait dans la neige par leur licou deux chevaux de traits qui devaient être ceux d'une charrette quelconque; en effet on leur voyait encore les œillères, et une partie du harnachement que l'on avait dû ôter à la hâte. Il avançait dans la direction d'Anton aussi vite que son attelage lui permettait, ce qui semblait encore être trop lent à son goût, car il jurait à tous les diables et l'air froid portait sa parole loin au-devant de lui. Lorsqu'il aperçu le noble, il se figea; mais il dû le trouver bien peu redoutable à l’œil car il reprit son cheminement presque aussitôt. Sitôt qu'il fût à sa hauteur, le jeune homme l'engagea. Mais aussitôt qu'il eut dit un mot des étranges disparitions de si bon matin, l'homme lui répondit d'un geste évasif qui désignait la direction d'où il venait:

"Dame, c'est bien naturel, puisque l'on se bat!"

"Comment, on se bat ? "

"Comment donc voulez-vous l'entendre ? On mobilise, et on se bat! "


La foudre tombant à ses pieds n'eut pas eut sur Anton un effet comparable. Ces trois mots "on se bat" provoquaient dans son âme une vague de sentiment qui le laissèrent stupide et béat, incapable même de répondre aux saluts du lad qui s'éloignait à vive allure. On se bat! Jamais encore le jeune Adeldoch n'avait connu la véritable bataille. Les leçons du maître d'arme, la chasse au lynx ou au loup, les corps-à-corps et les luttes avec quelques nobles de son âge, cela il le connaissait et l'avait pratiqué, mais on l'avait toujours tenu à l'écart des vrais événements. La bataille avait pour lui l'héroïsme des campagnes de l'Empereur, la vaillance de Magnus le Pieux, l'illustre des chroniques de Sigmar. C'était là la place véritable des nobles, les nobles authentiques, ceux de cœur et non d'argent comme le répétait si doctement son père. Comment! On se bat! Loin des duels mesquins et des chausses-trappes tendus, l'escarmouche, l'accrochement, la bataille, la guerre en somme étaient là! Mais tonnerre il fallait en être!

Et aussitôt la pensée de ses camarades qui, levés tôt sans doute par l'appel aux armes, s'étaient immédiatement rués vers les bataillons pour prêter main-forte, pour se frotter à l'ennemi, pour enfin simplement en être, à cette pensée donc le cœur d'Anton creva d'une jalousie immense. Ils se battaient déjà, eux! Lui qui déjà était la risée de tous par son âge et son origine, ses manières et son inexpérience, lui qui pourtant avait cent fois le cœur de ces nobliaux de Nuln, allait rester derrière, être traité de lâche peut-être ? Non, cent fois non! Dût-il débouler en pleine mêlée et tomber brutalement parce que trop tard arrivé, il préférait cent fois cela à rester coincé derrière. Il fallait joindre le champ de bataille et au plus vite! A cette pensée, Anton se tourna vers le drôle et ses chevaux pour lui demander le plus court chemin vers le feu; mais le temps de ces héroïques palabres internes avaient largement donné au lad le temps de se porter hors de vue. Le premier mouvement d'Anton de le rattraper se trouva rapidement arrêté par la crainte de perdre du temps en inutiles recherches; il était facile de deviner que le combat se déroulait près des universités, et il serait bien assez temps, une fois proche du feu, de se guider au bruit des canon. Quelques secondes de plus et le jeune noble courrait en direction de la Faculté.

***

Le pas furieux d'Anton le mena sans mal sur sa route enneigé. Peu à peu, comme les ruisseau se rapprochent pour se faire torrents, de nouveaux chemins serpentant entre les bois venaient s'ajouter pour élargir le sentier. Sans prêter attention à la lisière qui s'approchait, ni aux nombreuses bifurcations, le jeune noble continuait d’accélérer, tout à sa crainte de manquer coup de feu . Mais bientôt, il sembla désemparé; tantôt il sondait un chemin du regard, tantôt il se déportait sur l'autre, et on comprit rapidement à sa mine devant une énième croisée des chemins qu'il était au désespoir du chemin le plus court pour aller se faire héroïquement tuer. Une fois encore, pourtant, le hasard vint à son aide: une jeune fille approchait, une lavandière à en juger par sa petite charrette, son bourrichon et ses bannes destinées au linge. Encouragé par son sourire pudique, Anton lui demanda bravement ce qu'elle savait de la bataille et où il pourrait aller au plus vite rejoindre ses camarades. Elle lui jeta un regard désolé.

"Ah ça! Est-ce qu'on a idée d'aller comme cela braver le feu ? Tu n'as même pas de cheval !"

Ces mots firent sur Anton une très désagréable impression, mais il dut convenir qu'elle avait raison. La noblesse combat à cheval c'est là son but et ses atouts. A pied, il ne valait guère mieux qu'un fils de boucher -pire encore, car le fils de boucher eut sut manier un croc. Il fit donc réponse qu'il saurait bien en voler un à l'ennemi! Si le froid ne te tues pas avant, lui répondit la lavandière avec un sourire charmant, et là encore Anton dut convenir qu'elle avait raison. Il nous est nécessaire pour comprendre cela d'interrompre un instant notre récit pour présenter la tenue de notre héros, chose que la précipitation du jeune noble sur le chemin nous avait empêché de fait tout à notre aise.

Lorsque Monsieur Anton père décida d'envoyer son fils à l'Université de Nuln pour qu'il soit en mesure de dépasser y compris en science ceux sur qui son destin le destinait à régner, il dut faire face aux étonnants frais de scolarité que la Faculté a jugé bon d'instaurer pour séparer le bon grain de l'ivraie dans ses étudiants. A ces frais, venaient certainement s'ajouter les dépenses d'ordinaire que tout jeune noble dans une capitale de comté ne manque de faire; aussi Monsieur Anton père avait-il fourni à son fils une bourse qu'il jugeait suffisante pour se loger, se nourrir et se vêtir convenablement pour le mois. Mais à son arrivée à Nuln, le jeune Anton avait dû déchanter sur la portée de la bourse paternelle. D'abord parce que aux frais d'inscriptions s'ajoutèrent de multiples investissements non anticipés, comme de nombreux ouvrages obligatoires, la dîme pour la bibliothèque, les frais de dossiers, la taxe de séjour ou encore la très mystérieuse cotisation pour l'amicale des étudiants. Aussi, vingt jours après son arrivée et confronté aux premières froideurs, dans l'impossibilité morale de redemander à son père une nouvelle bourse sous peine d'être jugé de piètre gestionnaire, Anton avait-il dû se résoudre à ne se vêtir que du strict nécessaire; ses gants d'occasions perçaient déjà, et ses bottines ne semblaient guère en meilleur état. Sa cape semblait n'être qu'un vaste rafistolage. Le justaucorps seul, doublé de laine, semblait être à la hauteur des enjeux; mais il était certain que, confronté pendant une poignée d'heures à la neige, la tenue d'Anton ne tarderait pas à cesser tout à fait le rôle de protection qui lui était dévolu; d'où les remarques sagaces de la jeune lavandière, et la rougeur aux joues de notre jeune noble.

"Tiens, ne t'en fais pas va. J'ai pris des écharpes et des chiffons, et puis de quoi faire de la charpie pour nos gars du front. Tu n'as qu'à en doubler tes manches."

Et comme la lavandière avait un joli sourire, Anton ne se le fit pas répéter deux fois, et tâcha de se cuirasser un peu mieux, à défaut d'avoir son cheval.

***

Ils croisèrent le premier pas beaucoup plus loin, alors même que les premiers bruits de tocsins et de cloche perçaient enfin l'ouate épaisse des arbres et de la neige. Il était allongé, à bas de son cheval, livide, remuant à peine ses lèvres bleutées. Visiblement du même âge qu'Anton. Comme la lavandière se précipitait pour lui donner un peu d'eau de vie, Anton eut tout le loisir de contempler la malheureuse victime. Ses braies étaient déchirées à hauteur de cuisse, probablement suite à une course trop près de branchages; les plis étaient bourrés de neige, tassée, sous laquelle la morsure du gel se laissait deviner. Il avait dû laisser sa cape dans une quelconque escarmouche, un filet de sang coulait de sa joue sur la neige, sans que l'on sache s'il s'était blessé en luttant ou en tombant. Il ne respirait presque plus, quoique l'eau de vie sembla le ranimer un peu. La lavandière en donna ensuite une rasade à Anton, qui depuis qu'il s'était arrêté devant ce camarade tombé, n'avait plus remué d'un pouce. Il commençait à sentir un peu de cette trouille qui vous monte au ventre et dont les récits de bataille ne parlent guère. A contempler celui qui lui ressemblait tant échapper de justesse à une mort stupide dans le froid et l'oubli, et risquer malgré tout une amputation par le gel, Anton digérait avec peine ce qu'il s'était refusé de voir dans sa course vers le combat: les risques.

Morr seul sait ce qui serait arrivé de son bel héroïsme, eût-il été seul face-à-face avec l'image d'un mourant; mais de toute façon, la belle lavandière étant là, il n'était pas question de reculer. Il s'empara du cheval et, après s'être assuré que la lavandière s'en tirerait bien seule, et extorqué du bout du souffle de celui qui était tombé le mot convenu pour distinguer les amis des ennemis, il se précipita vers son destin.

***

La troupe se trouvait non loin. La neige de cet espace plutôt dégagé à l'orée des bois présentait de curieuses mouchetures qui s'agitaient, formant unités et bataillons, disparaissant sous les frondaisons pour se regrouper plus loin. Du coin de l’œil, Anton reconnut quelques-uns de ses camarades de chambrée qui, pelle à la main, offraient au détour d'une butte un retranchement à défendre. On sentait que c'était là un travail jeté à la va-vite et qui ne plaisait guère; la preuve, ces regards d'envie qui suivirent Anton et son cheval tandis que la bête les entrainaient tous deux un peu plus loin vers un groupe de cavaliers. On l'arrêta bien un instant pour demander le signal convenu; aussi Anton annonça-t-il gravement en dissimulant un petit frisson de plaisir que Le soleil lui-même point ne brille, La lande s'est tue sous la lune , et ne put s'empêcher d'exulter lorsqu'on lui laissa le champ libre pour se rapprocher du groupe.

Ces cavaliers étaient très imprudemment avancés sur le haut de la butte, à découvert, et dominaient de ce point de vue une partie du champ de bataille. La plupart avaient grande allure; on jeta à peine un regard à Anton lorsqu'il se joignit à la bande qui faisait cercle autour de trois ou quatre dernières années aux vêtements épais et colorés. L'un d'entre eux, personnage massif qui aboyait plus qu'il ne parlait, agitait sans s'en servir une lunette de fort bonne facture. Deux autres l'écoutaient gravement, hochant de temps en temps la tête. Un dernier, immense et voûté sur son cheval, semblait plongé dans la contemplation du paysage. Il semblait à Anton que la situation avait évolué, et que les plans devaient changer; mais il ne parvenait guère à saisir le détail dans ce tumulte, et préféra pousser légèrement avant pour reconnaître de lui-même ce qu'était la situation.

Il nous faut malheureusement avouer au grand dam de notre héros qu'il ne vit pas grand-chose. Son inexpérience, conjuguée à la lumière trouble du matin d'hiver, aux particules charriées par le vent, aux jeux des vallons et des bois, semblaient lui dissimuler les objets de l'attention générale de tous. Tout au plus parvint-il à deviner que là-bas, entre les grandes serres et le bâtiment des Grandes Études, on se battait, et assez rudement encore. Mais il n'eut même pas le loisir d'approfondir davantage son étude, parce qu'une décision venant d'être prise par le grand homme silencieux, et toute la compagnie levait le camp. Sans trop savoir que faire d'autre, Anton suivit.

***

Cette curieuse gymnastique fut répétée jusqu'au midi ou à peu près; à chaque fois, c'était la même scène, une course à cheval jusqu'à un point d'observation, quelques minutes de délibération, éventuellement sanctionnées par le départ précipité d'une estafette, puis un nouveau départ en toute hâte jusqu'au prochain arrêt. Anton, balloté sur son cheval, ne parvenant pas une seule fois à saisir où et si l'on se battait vraiment, ni même contre qui, et n’apercevant du champ de bataille qu'une vague brume et des donneurs d'ordres en selle, il trouvait décidément à la guerre une tournure singulière.

Enfin, la compagnie s'étant arrêtée, il prit sur lui et se hasarda à demander à son voisin de son ait le plus digne qui était ce fameux échalas qui semblait si bien dans son élément au milieu de ces hommes de guerre.

"Comment, tu ne le sais pas ? Mais c'est Ludwig Schwarzhelm. Où donc as-tu servi tout ce temps ?"

Anton inventa une réponse qui se perdit de toute façon dans le chaplis du départ. Ludwig Schwarzhelm lui-même! Tout était plus clair! Quelle fierté de servir dans l'escorte d'une célébrité comme lui! On le disait fidèle parmi les fidèles de l'Empereur, déjà à son âge; la légende voulait qu'il ait déjà trucidé en duel plusieurs nobles qui s'étaient avisés de plaisanter sur le compte du maître de l'Empire. Il était incontestablement un des étudiants les plus renommés de l'Université. Le cœur d'Anton se gonfla de joie et d'un naïf orgueil. Quoi! Vingt jour à peine après son arrivée, et voilà déjà qu'il prenait part à une bataille sous les ordres d’une telle idole! Il n'y avait plus qu'une chose qui chagrinait vraiment le jeune noble, et qui ternissait un peu sa joie, c'est qu'il ne pouvait pas s'empêcher de penser que jusqu'à présent on ne s'était pas encore beaucoup battu à son goût.

Aussi sa joie fut-elle à son comble lorsqu'il entendit, alors qu'une fois de plus l'escorte traversait au galop des layons empesés de neiges, le sifflement caractéristique de lourds projectiles en approches. Instinctivement couché sur sa selle, Anton pu voir à ses côtés s'effondrer un camarade que l'on ne prit certainement pas le temps d'attendre. Tout le long du chemin, que la vitesse et l'adrénaline changeaient en un corridor sifflant et flou, d'immenses congères de neige volaient en éclat tandis que de larges sillons se dessinaient sur la poudre encore intacte qui bordait le sentier. Les projectiles explosaient à présent tout autour d'eux, et pourtant le jeune cavalier ne pouvait s'empêcher de penser: ça y est, j'ai connu le feu, je suis un vrai soldat! Et avec l'insolence du bleu, il sorti indemne de ce premier échange avec les machines infernales du camp adverse.

***

Depuis quelques heures maintenant Adeldoch galopait avec ceux qui étaient pour lui des camarades éternels. Ils avaient connu le feu ensemble, gardé d'illustres personnages ensemble, et pavané sur tout le champ de bataille en fringant équipage, fiers de se battre sous leur bannière. La froideur de ton et d'attitude qu'Anton avait remarqué au début chez les cavaliers s'était totalement dissipée depuis que, repensant à une vieille astuce découverte dans un livre, il avait retrouvé une lavandière et offert de son eau-de-vie à la chevauchée. Depuis, il était parfaitement intégré, et se serait fait tuer pour ses camarades s'il l'avait fallu. Deux heures approchaient, et il n'avait toujours pas aperçu un seul ennemi à moins de dix pas, mais n'en avait cure; il semble que c'est là la façon de faire la guerre chez nous se disait-il, alors baste, faisons-là ainsi! Et rasséréné par son raisonnement et la joyeuse troupe de ses nouveaux amis, il avait continué à galoper.

Les heures s'écoulaient ainsi dans une grande satisfaction.

Plus tard cependant, il finit par réaliser qu'il avait quitté la compagnie du divin Ludwig pour s'attacher à la seule escorte du large agité qui semblait lui aussi membre de leur État-major. Ils traversaient alors une petite clairière à quatre ou cinq cavaliers en direction du front ouest (ou du moins c'est ce qu'il lui semblait), lorsque le sifflement caractéristique des machineries de l'adversaire se fit entendre; aussitôt on donna le galop, mais c'était peine perdue: un projectile fantastique alla proprement enlever deux des cavaliers de leur monture qui filèrent aussitôt, tandis que le dernière année s'effondrait sous son cheval qui semblait s'être blessé à la patte. Tandis que l'escorte l'aidait à se dégager, Anton, resté seul à cheval, tenta de récupérer les autres bêtes, sans succès. Lorsqu'il revint dans la clairière bredouille, cependant, il eut la désagréable surprise de voir tous ses camarades fondre sur lui, l'enlever promptement de sa selle pour le mettre à bas, tandis que le gros dernière année se hissait à sa place et piquait des deux sans demander son reste; comme Anton stupéfié s’apprêtait à demander des comptes, il lui fut répondu qu'ayant le seul cheval en état, il était bien naturel qu'il le céda à Monsieur Von Trompehaut. Se sentant trahi, Anton commença à s'énerver, et à nommer voleurs ceux qui encore un instant plus tôt étaient toujours des camarades. Suite à quoi il se retrouva très proprement sonné d'un beau coup sur la tête, qui fit qu'il cessa de casser les oreilles à ces messieurs de l'escortes, qui filèrent bien vite retourner aux ordres.

Anton, une fois rétabli, se retrouva bien seul et bien malheureux. Aussi ne bouda-t-il pas son plaisir lorsqu'il vit arriver, avec sa petite charrette, sa jolie lavandière.

***

Anton se ramassait dans la neige, prêt à en découdre avec le premier ennemi qui surgirait des bois. Tu sais te battre ? Avait demandé le deuxième année. Un peu, avait répondu le jeune homme, toujours décidé à connaître le combat pour de bon. Aussi se trouvait-il à présent en embuscade, à dix pas à gauche d'un camarade et à dix pas à droite d'un autre, ce qui montait l'effectif de cette unité commandée par le deuxième année à pas moins de quatre. Sur les conseils avisés du vétéran, il avait pris une paire de gant sur un blessé, et tentait à présent de se modeler des projectiles comme l'autre le lui avait montré.

"Mais bon sang tu ne sais même pas faire ça ? Mais de quel bled tu débarques par tous les Dieux ?"

Il ne lui en avait pas moins expliqué le geste, et à présent, l'oreille aux aguets, Anton attendait de se battre. Enfin, se disait-il. Tout à l'heure je n'ai fait que courir comme un lièvre qui zigzague sous les coups du chasseur. Là nous faisons quelque chose de guerrier, me voilà soldat! Et il attendait donc le signal du deuxième année, qui lui avait explicitement commandé d'attendre l'ordre pour ouvrir le feu.

Bientôt cependant notre héros pu distinguer l'ennemi. Habillé de laine épaisse, avec d’énormes binocles, il avançait courbé sous les branches sans savoir qu'Anton le guettait. C'est un peu comme la chasse, se dit-il, et comme la pensée lui plaisait, parce qu'elle le rapprochait d'une chose qu'il connaissait bien, il s'accrocha à cette idée, au point de se laisser glisser hors de son affût doucement. Il s'approcha encore, attendit l'instant propice, puis fondit sur sa proie. Sa première boule arracha les lunettes de son adversaire, la seconde le cueilli à l'estomac. En se retournant, paniqué, l'autre arracha sa cape, sans laquelle il ne pourrait continuer le combat dans la neige: quelques secondes plus tard et il était en fuite. Anton, que ses réflexes de chasseurs avaient poussé à marcher pour voir la dépouille, manqua de se faire proprement recevoir par un collègue de l'ennemi en fuite; mais le second année et ses deux hommes apparurent comme par magie et mirent le larron en déroute.

"A la bonne heure, au moins tu sais viser", acquiesça le deuxième année. "Et maintenant filons avant de nous retrouver cernés et criblés à notre tour!"

***

Commença alors une étrange course-poursuite, où il fallait à tout prix éviter les terrains trop découverts, bien trop exposés, mais aussi les zones encombrées de congères, qui ralentissaient et frigorifiaient. Épuisé par cette journée de d’efforts et d'émotions, Anton suivait comme dans un rêve éveillé la trace que faisait le second année dans les profondeurs des parcs de l'Université. Des fuyards en maraude leur apprirent que le vieux moulin était tombé aux mains de la confédération des artisans, que les apprentis menuisiers s'étaient rangés à eux, que la zone était d'autant plus dangereuse que les ingénieurs en herbe et leurs redoutables lance-neige réalisaient un tir d'encagement dans le secteur pour contenir l'offensive.

Mécaniquement, pas après pas, il avança pour se replier encore et encore au plus profond des résidences pour les nobles de provinces où ils pourraient enfin s'arrêter. Amer, le jeune aristocrate remarqua que lorsqu'il s'agissait de fuir, gueux et sang-bleus tenaient également du mouton, ce qui lui valut une vive réprimande du deuxième année.

"Si ces imbéciles de Nuln étaient descendus de leurs chevaux pour appuyer la province quand nous tenions encore la Bibliothèque, la bataille était gagnée. Mais non, ils ont voulus charger en terrain découvert, et voilà où nous en sommes maintenant! Qu'est-ce qu'ils s'imaginaient ? Que les types d'en face allaient s'enfuir en courant juste parce que nous avions les capes à dorures et eux les bottes à fourrures ? Morr les prennent tous!"

Et il cracha d'un air dégouté dans la neige. Anton écouta avec horreur ces accusations. Il savait la noblesse de Nuln peu habile dans le jeu des armes, mais de là à dire que la roture avait été plus intelligente que l'élite de l'Empire, il y avait quand même de la marge... pourtant il voyait bien qu'à l'évidence, son camp subissait une débandade certaine. La noblesse pouvait-elle faillir? Elle, première ligne de défense de l'Empereur... ces considérations se perdirent dans la difficile marche.

On regagna le bataillon un peu avant sept heures; une échauffourée avec de jeunes démons que leurs tenues bistre identifiaient comme des apprentis artilleurs avait éclairci encore davantage leurs rangs. Autour de lui, des mines blafardes, rendues pâles par le froid et la retraite, engoncées dans des lainages bien visiblement pris sur l'ennemi. Les regards étaient sombres, la province ignorait ostensiblement les quelques cavaliers de Nuln encore en selle. Nulle part Anton ne parvint à mettre la main sur sa chère lavandière, tout n'était que lassitude et chaos.

Pourtant ce n'était guère qu'un avant-goût de ce qui les attendait: alors même que le détachement du deuxième année réintégrait le gros des troupes, un cri de panique se fit entendre:

"Les Dédaleux! Les Dédaleux!"

En un instant, le vide se fit autour d'Anton; tout autour de lui, abandonnés, pelles, écharpes, gants, brouettes, façonneur de boules de neiges, et même ce qui ressemblait à une glacière runique. Cette armée qu'il venait de retrouver avait disparu en un instant au cri terrible de Dédaleux, qui depuis toujours signifie dans le monde universitaire de Nuln les bandes sans pitié venues des Taudis. Seuls les débris, les feux de camps, les calèches abandonnées, la neige boueuse et les fanfreluches tombées au sol témoignaient du passage d'une armée entière; le silence en un instant était retombé sur le bois!

Anton, était à la fois trop fatigué pour réagir et trop las de la fuite pour courir encore. Qu'ils y viennent, se disait-il, nous verrons bien si je ne puis en emmener quelques-uns avec moi! Et de commencer lentement à se retrancher. Pourtant, avec surprise, le jeune homme dut bien constater le temps passant que nul Dédaleux n'apparaissait à l'horizon; seul restait le vent de panique qui avait emporté son deuxième année, ses camarades et le reste de la troupe.

Le silence, à nouveau.

Alors le jeune noble se retrouva seul au milieu du chaos du départ précipité et de la ruine des espérances armée de la noblesse de Nuln. Et en s'avançant à pas mesurés sur ce qui était certainement au printemps une pelouse propice aux amourettes, il ne pouvait s'empêcher de se faire songeur, presque triste; et son principal chagrin était de ne pas avoir adressé cette question au deuxième année : « Ai-je réellement assisté à une bataille ? » Il lui semblait que oui, et il eût été au comble du bonheur, s’il en eût été certain.



Image
Très librement inspiré de Stendhal et de la Chartreuse de Parme (Ch. III pour les curieux :biere: )
Modifié en dernier par Anton le 04 août 2015, 14:09, modifié 1 fois.
Anton von Adeldoch, Noble du Sudenland, lien vers l'aventure en cours: http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 380#p97380
Profil de combat :
FOR 9/ END 11/ HAB 7/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 11/ PAR 8/ TIR/ 9/ PV 75/75, bonus de l'équipement inclus avec -2 Par/Hab à l'adversaire, -1 armure de l'adversaire et parade 10, protection tête/bras/torse de 9.

Détails permettant d'arriver à ce profil:
Profil: FOR 8/ END 10/ HAB 8/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 10/ PAR 9/ TIR/ 9/ PV 75/75
Compétences: Monte, Arme de prédilection (rapière +1 Att)
armes: Arc court (dégâts:26+1d8, malus -2/16m) ; "fleuret estalien" (rapière, dégâts:14(+8)+1d8, parade 10, rapide (-2Par/Hab de l'adversaire pour parer/esquiver), perforant (1) (ignore 1 point d'armure adverse))
Protections: mailles. Torse, dos et bras, protection de 9, encombrement de -1 HAB, ATT et PAR
Talisman de Gork : +1 For Att et END
Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges
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Friedrich Hadler
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Re: [Concours] La Bataille

Message par Friedrich Hadler »

La bataille de Kislev


« -Soldats, je ne serai pas long... »

*Ouais bah tiens, tu parles, on te connait, cap’taine Hadler… * Pensa le jeune engagé Andréas Valens, qui venait de souffler ses dix-sept bougies.

« Je sais que pour beaucoup d’entre vous il s’agit de votre première bataille, et que vous devez avoir peur. »

*Non, t’es devin ou quoi pour lire dans mes pensées ?*

« Vous vous demandez pourquoi vous êtes ici, face à la mort incarnée. »

*Et surtout pourquoi on ne peut pas être ailleurs… *

« Je comprend vos sentiments, moi aussi, j’ai peur. Moi aussi, je préférerais être chez moi. »

*Mais oui bien sûr fais-nous rire ! Toi, le parfait petit soldat, on va te croire, tu serais capable de te couper un bras si l’autre idiot de général Steiner te l’ordonnait, et jamais tu ne laisserais quelqu'un crever à ta place.*

« Mais pourtant je suis ici comme vous, et je ne cèderai jamais. »


*Ha bin tiens, j’avais raison, t’avais pas peur. *

« Je ne cèderai pas, car comme vous je suis un soldat, et que je suis là pour protéger les faibles et les innocents. Face à nous se dresse l’une des plus grande armée du chaos réunie depuis la Tempête du Chaos. »

*Et moi, alors, qui me protège, capitaine ? Ma vie vaut moins que celles des faibles et des innocents dont tu parles ? Et moi-même, ne suis-je pas aussi innocent ?*

« A l’intérieur des murs de Kislev, notre vaillant Empereur Karl Franz, la Tsarine Katarina, un contingent de nains et le gros de nos troupes font face à Archaon et à ses légions, massés au Nord de la ville. Ils vont faire une sortie pour les fixer. Ce qui ne laissera devant nous qu’une petite fraction de son armée, celle que l’on a actuellement en face de nous : ils n’auront pas de renforts. »

*Mouais, petite, c’est-à-dire tout ce qu’on voit là devant nous ? Au bas mot ils doivent être vingt cinq mille.*

« Ils comptent sur nous pour briser le siège qu’ils subissent en attaquant par le Sud. Si nous ne parvenons pas à briser l’armée ennemie et à atteindre les remparts, ils sont condamnés. Et si Kislev tombe, il y aura des centaines de milliers de morts. Le chaos marchera sur l’Ostland, l’Ostermark, le Talabecland, puis déferlera sur le reste de l’Empire. Nos foyers, nos familles, nos amis, tout cela n’existera plus. »

*Peut-être, mais au moins on sera en vie.*

« Alors je vous le dis : mieux vaut mille fois mourir que reculer face à ces démons. Fuir serait non seulement trahir nos alliés kislévites qui ont tant de fois versé leur sang pour nous, trahir l’Empereur qui nous attend derrière ces murs, trahir l’Empire et Sigmar son fondateur notre dieu, trahir l’Ostland, votre patrie et son armée, trahir vos familles, vos amis, trahir l’humanité toute entière même, mais également vous trahir vous-même. »

*Bof je sais pas, mais moi je vois pas en quoi je me trahirai moi-même en sauvant ma peau. Je me suis engagé pour la solde, j’ai pas signé pour un aller simple à la boucherie. *

« Et songez bien que nous ne sommes pas seuls. Notre détachement de six mille Ostlanders est commandé par le valeureux Duc Loft en personne, ainsi que sa fille Erika qui l’a accompagné, et le général Steiner les seconde. Du Reikland, commandés par la noble famille van Grunwald, quatre mille hommes supplémentaires nous accompagnent. Du Wissenland même, pas moins de cinq mille hommes sont avec nous, sous les ordres d’Anton von Adeldoch. Laisserons-nous dire que les taureaux de l’Ostland sont moins braves que nos compatriotes du Sud de l’Empire, ceux qui viennent de provinces où pourtant la guerre est quasi-inconnue ? »

*J’en ai rien à ficher moi de notre réputation, tout ce que je veux c’est vivre, bordel.*

« Et que diront alors, ceux de nos alliés qui viennent nous aider ? Les boyards Zack Tokavaleskï et Jekaterina Anderska, et leurs pulks. Ils sont sept mille guerriers. Ces hommes et ces femmes du Nord donnent leur sang depuis des générations pour que nous puissions vivre en paix dans l’Empire. Aujourd’hui nous pouvons, nous devons leur rendre la pareille. »

*Sont cons ces kislévites, pourquoi ils ne s’installent pas plus au Sud s’ils veulent pas combattre le chaos à tous bouts de champ.*

« Et même des non-humains sont à nos côtés pour nous aider ! Vous avez tous vu comme moi la cavalerie étincelante du seigneur Eranor Dréanoc des Cimes Stellaires, qui est venu d’Ulthuan, la lointaine île des elfes pour nous prêter main forte. Et des bois d’Athel Loren, le puissant mage Thornaël Sombrecime et sa suite d’elfes des bois : ils sont venus en amis pour verser leur sang à nos côtés. Admirez le courage de Korlandin, ce tueur de démons nain qui va seul au devant de sa mort, sans même porter d’armure : il fait honneur à sa race. Tâchons de faire de même avec la nôtre. Montrons leur ce que valent les humains. »

*Et bien qu’ils aillent crever en enfer s’ils le veulent, ces arrogants elfes et ces nains tarés, mais sans moi.*


Au loin, on entendit un unique coup de canon en provenance de l’autre côté de la capitale assiégée, bientôt suivi par de nombreux autres bruits de détonations. Au loin, aussi petits que des insectes, on voyait des griffons et des monstres volants s’élever dans les cieux. Au Nord, la bataille qui devait servir de diversion venait de commencer. Il fallait maintenant percer avant que la sortie ne soit repoussée.

« Non, l’abandon n’est pas une option aujourd’hui. Nous vaincrons, ou nous mourrons tous en essayant de vaincre ! Au nom de tout ce en quoi nous croyons : pour l’Empereur, pour l’Empire, pour l’Ostland ! Pour nos alliés, pour nos familles, pour l’honneur ! Par Myrmidia, par Sigmar et par Ulric EN AVANT, MARCHE ! »

Putain par tous les dieux, mais qu’est-ce que je fous là ! Pensa le jeune Andréas alors que l’armée entière se mettait en marche au son des canons et des marches de guerre impériales.
Au Sud, trente mille guerriers du chaos sous le commandement du champion exalté de Nurgle Azok Wurlftred et de son second Malvis barraient la route aux renforts attendus par la garnison. Le chaotique avait déployé son armée juste hors de portée des canons de la ville. Il avait disposé l’essentiel de son infanterie dans un cercle de chariots sur une position légèrement surélevée. En première ligne, il avait placé ses dix mille guerriers du chaos en armure lourde et quelques milliers de démons dont un Grand Immonde. En réserve, toujours dans le cercle des chariots, mais derrière ses guerriers lourds, il gardait son infanterie légère, ses quelques milliers de maraudeurs, ainsi que ses gardes du corps, cinq cent élus de Nurgle. Ses nombreux sorciers étaient dispersés dans toute son armée. Derrière le cercle de chariots et la colline, hors de la vue des assaillants, se tenaient prêts plusieurs milliers de cavaliers et de démons rapides, dont un prince-démon ailé.


L’armée de l’Ordre, elle, était à peine moins nombreuse. En tout elle comptait vingt-deux mille hommes et près de trois mille elfes, dont environ deux mille d’Ulthuan et un millier d’Athel Loren. La totalité de l’infanterie avait été disposée au centre, prête à lancer un assaut frontal sur la colline fortifiée, les humains en première ligne. Les tireurs, eux, marchaient juste derrière l’infanterie de corps à corps. L’ennemi étant sur une colline, ils pourraient lui tirer dessus dans risquer de toucher leurs camarades des premiers rangs. La cavalerie humaine couvrait le flanc gauche, tandis que la cavalerie elfe se chargeait de protéger le flanc droit.
A l’arrière, ne restait en réserve que quelques troupes auxiliaires chargées du train, des halfings, des femmes et quelques mercenaires, dont les joyaux étaient sans conteste constitué de deux unités d’ogres. Un clan de chevaucheurs de rhinox commandés par Garghar Goinfre, et des craches-plombs sous les ordres de son ami Glork Lboum (accompagné de son fidèle gnoblard Doudou). L’artillerie s’était déployée juste devant lesdites réserves. Elle était malheureusement assez faible, puisqu’elle ne comportait qu’une trentaine de batteries de canons et mortiers, plus quelques lance-fusées et autres machines expérimentales à fûts multiples, à quoi venaient s’ajouter une trentaine de balistes à répétition elfiques, véritables merveilles de technique qui pouvaient se replier pour le transport et ne pesaient presque rien. Le temps était idéal pour un hiver kislévite. Beau, sec et sans vent, parfait pour l’artillerie et les tireurs. Le sol gelé amplifierait même les effets dévastateurs des machines de guerre impériales.
Dès que le signal fut donné et que les tirs commencèrent au Nord de la capitale kislévite, les artilleurs de l’armée du Sud mirent leurs pièces en batterie, tandis que l’infanterie se mettait en marche au son des musiques militaires impériales. La bataille de Kislev avait commencé, et de son issue allait dépendre le destin du Vieux-Monde.


Au premier rang de l’infanterie se trouvait le cinquième régiment de la troisième division ostlandaise, dirigé par le capitaine Friedrich Hadler qui avait lui-même insisté auprès du général Steiner pour être placé en toute première ligne. Un acte que lui considérait normal, mais qui avait rendu malade le soldat Valens quand il l’avait appris. Ce dernier s’était engagé dans le cinquième régiment de la troisième division en sachant que son capitaine était un grand ami du général Steiner, duquel il avait sauvé la vie, disait-on. Aussi avait-il espéré qu’au moins ce damné Hadler use de son influence pour éviter au maximum les risques. Au lieu de ça le capitaine semblait complètement fou, prêt à se sacrifier ainsi que tous ses hommes pour ce que cet imbécile croyait être le « bien ».
*Mon œil oui, « le bien », tu veux surtout te mettre au premier rang pour être sûr qu’on crève tous sans reculer pour que ta petite pute et son groupe de chasseurs soient tranquilles derrière.*
En effet, il était de notoriété dans le régiment que Friedrich Hadler entretenait plus que des relations professionnelles avec une éclaireuse en chef prénommée Katja…

Au fur et à mesure que les lignes de front se rapprochaient, le chaos essuyait des pertes. L’artillerie les pilonnait sans relâche, les boulets de canon défonçant les chariots, et les obus de mortier retombant en sifflant parmi les guerriers en armures noires et les démons. Les lance-fusées expérimentaux des ingénieurs envoyaient leurs engins avec plus ou moins de précision, mais l’armée ennemie était tellement grande qu’il était difficile de la rater, même si l’unité touchée n’était pas forcément celle visée. Les balistes elfes tiraient des volées de petits traits à une cadence incroyable, et avec une précision digne des meilleurs engins des ingénieurs impériaux. Le Grand Immonde était clairement la cible de plusieurs batteries de canons et de balistes elfes qui cette fois tiraient un seul projectile beaucoup plus grand. Mais c’étaient bien les canons à futs-multiples qui étaient de loin les plus meurtriers, avec leur feu continu de projectiles qui traversaient sans peine les armures du chaos les plus solides. Puis vint le moment où les ennemis furent à portée des armes de tir individuelles : arquebuses, arcs et arbalètes. Ce fut une véritable pluie continue de projectiles qui s’abattit sur les guerriers des puissances de la ruine.

Les chaotiques semblaient totalement dépourvus d’armes à distance et restaient donc sur leurs positions défensives, faisant fi des pertes. Ces pertes étaient d’ailleurs relativement peu nombreuses : l’abri des chariots et l’épaisseur de leur armure protégeait les guerriers du chaos des petits projectiles et même partiellement de l’artillerie. Seuls les démons semblaient subir de lourdes pertes, au point que le Grand Immonde lui-même s’effondra pour ne plus se relever après avoir encaissé une salve de trois boulets impériaux tirés par plusieurs batteries de grands canons qui s’étaient focalisés sur lui. Mais, contrairement aux hommes, les démons ne ressentaient pas la peur et ils tirent donc leurs positions sans sourciller. De toute façon ils savaient que les impériaux et leurs alliés seraient obligés de venir les charger pour les déloger et briser le siège, d’autant plus que dès que la sortie au Nord de la ville serait repoussée, les chaotiques pourraient espérer du renfort des légions d’Archaon : le temps jouait donc en leur faveur.

Les sorciers des deux camps se livraient des duels magiques dans des crépitements d’étincelles de toutes les couleurs.

Au pied de la colline, les premières lignes impériales se préparaient à charger, tandis que sur leurs flancs, les cavaliers les dépassaient au grand galop pour tenter de prendre en tenaille les ennemis protégés par le cercle des chariots dont un grand nombre déjà avait été réduits en miettes par les canons impériaux. Dans un même élan, sous le fracas assourdissant des trompettes et de l’artillerie, les deux forces de cavalerie sur les flancs et l’infanterie de face chargèrent les chaotiques.

Ce fut à ce moment précis que le plan d’Azok se révéla…
***
Le capitaine Friedrich Hadler venait de lancer l’assaut frontal sur les chaotiques, tandis que les cavaliers de elfes et humains chargeaient leurs flancs. Juste derrière le capitaine, Andréas Valens, en première ligne, courait le moins vite possible la petite cote qui le mènerait au contact des guerriers en armure noire, mais il était poussé par la masse de ses camarades. Il fallait être complètement cinglé pour foncer sur des brutes de deux mètres dans des armures complètes qui semblaient infaillibles. Il n’y avait plus que cinquante mètres qui séparaient les deux fronts, maintenant, non, quarante, non, trente ! Avec une expression de terreur pure sur le visage, Andréas voyait très distinctement les volées de flèches et les grêles de balles rebondir ou être déviés par les épaisses armures et les boucliers des guerriers noirs. Le choc était imminent : plus que quelques secondes. Fuir, il lui fallait fuir, il allait mourir s’il continuait vers l’avant, il en était sûr. Il n’entendait plus maintenant que les horribles cris des démons et des serviteurs de la ruine. Les sons amicaux s’étaient tus.
Paralysé par la terreur, la jeune recrue ne put même pas lever son arme pour parer le coup que s’apprêtait à lui asséner le guerrier du chaos qui lui faisait face. Ce dernier leva sa masse d’armes pour frapper, et s’effondra dans une gerbe de sang quand « Devoir », la lame bénie du capitaine Hadler, s’enfonça dans son flanc droit laissé sans protection. Reprenant ses esprits, Andréas se hâta de lever son bouclier devant ses yeux et frappa à l’aveuglette de son épée dans un grand coup de taille asséné totalement à l’aveugle. Il sentit la lame s’enfoncer dans quelque chose de mou et vit un portepeste qui s’effondra à ses pieds une fraction de secondes plus tard. Il poussa un petit cri de terreur à cette vue et tenta de se dégager sur le côté. Autour de lui, ses compagnons se battaient tant bien que mal. Les tirs n’avaient pas cessé, mais heureusement la plupart étaient relativement précis et atteignaient les chaotiques. Un énorme carreau de baliste traversa les rangs ennemis juste devant eux en embrochant plusieurs guerriers de la ruine sous les acclamations des impériaux. Devant lui, le capitaine Hadler se battait comme un lion. A sa droite, le quatrième régiment de la troisième division ostlandaise avançait également, mené par le capitaine Poigno Ertezi qui maniait son épée à deux mains comme un fou furieux.

Les chaotiques, cependant, tenaient fermement les brèches ouvertes par les canons dans le cercle des chariots, et les impériaux peinaient à avancer d’un pouce. A chaque chaotique qu’ils tuaient, un autre prenait sa place et comblait la brèche. Et mis à part le capitaine Hadler, bien peu semblaient assez forts pour tenir tête aux guerriers chaotiques qui massacraient les pauvres humains assez fous pour les affronter. Il fallait deux ou trois soldats pour espérer terrasser un seul guerrier noir. Par chance, des tirs de baliste extrêmement précis venaient souvent frapper les ennemis à quelques mètres d’eux, ainsi que des volées de flèches elfes. Les humains, eux, avaient dévié leurs tirs plus hauts sur la colline, loin de la mêlée pour être sûr de ne pas toucher leurs camarades : ils étaient moins confiants en leurs capacités à viser juste.
Andréas Valens cherchait désespérément à éviter le combat. Il ne pouvait reculer, poussé par le groupe, ni se jeter à terre pour faire le mort, car il aurait été tout simplement piétiné par ses camarades qui montaient à l’assaut. Aussi trouva-t-il refuge en se plaquant contre l’un des chariots, du côté des assaillants évidement. Ainsi, il se trouvait juste à côté du capitaine et de ses hommes qui affrontaient les chaotiques, mais hors de la portée de ses derniers, comme s’il s’était plaqué à un mur alors que les combats faisaient rage pour la porte. Content de lui, il resta là pendant une quinzaine de minutes, plaqué contre le chariot et refusant obstinément de bouger, et regardant ses camarades se faire tailler en pièces sous ses yeux, mais gagner un à un des mètres de terrain jusqu’à sortir de sa ligne de vue en s’enfonçant dans la brèche. C’est alors qu’il vit que son régiment, qui comptait plus de cent-cinquante hommes à l’origine, avait entièrement disparu, une petite partie ayant réussi à entrer dans la brèche, l’autre ayant été massacrée. Les troupes de la seconde ligne de corps à corps s’avançaient à leur tour dans la brèche et disparurent elles aussi de son champ de vision, les deux maîtres inquisiteurs Dagmar Mueller et Jade Dahlia en tête.

Puis il entendit des sonneries de trompettes qui n’annonçaient rien de bon. Bientôt suivies par des cris de terreur bien trop humains et des hurlements belliqueux qui eux n’avaient rien d’humain. De là où il était, il vit les troupes de l’Ordre refluer plus ou moins précipitamment vers la plaine en bas de la colline. Voyant cela, Andréas lâcha aussitôt son épée et son bouclier, et jeta son casque pour courir en hurlant vers le gros de ses camarades qui se massaient dans la plaine devant la colline. Derrière-lui, il entendait des cris de guerre et des bruits de combat, signe qu’au moins les hommes qui avaient passé la brèche n’étaient pas tous morts et qu’ils continuaient à se battre, ce qui lui donnerait du temps pour fuir. Il ignora les ordres hurlés derrière lui
« Retraite ! Par Myrmidia, battez en retraite dans la discipline ! » « Par Sigmar, repliez-vous, mais continuer à repousser ces créatures de l’enfer ! », et il courut sans s’arrêter ni regarder derrière lui jusqu’à la base de la colline. Mais alors qu’il était encore à deux cent mètres du gros des troupes de l’Ordre qui battaient en retraite globalement sans affolement. La raison de cette retraite lui fût bientôt connue. Leur cavalerie avait été prise à revers par la cavalerie ennemie ainsi qu’une armée de démons particulièrement rapides, au moment où elle-même chargeait l’infanterie lourde chaotique retranchée derrières leurs chariots et en position surélevée. L’attaque des cavaliers chaotiques avaient complètement surpris les cavaliers, qui, chargés de flanc et pris en tenaille, avaient subi de très lourdes pertes et avaient été contraints à se replier sur le gros de l’infanterie en bas de la colline ou de fuir le champ de bataille. Il ne restait plus grand-chose maintenant des heaumes d’argents elfiques du seigneur Eranor Dréanoc, ni des cavaliers ailés de Kislev, pas plus que des chevaliers impériaux. En tout, il restait peut-être quatre cent cavaliers qui n’étaient pas en déroute et s’étaient ralliés au centre avec le reste de l’armée.
Pire encore, la cavalerie et les démons ennemis avaient continué dans leur lancée et chargeaient maintenant le gros de l’armée qui était en train de battre en retraite à quelques centaines de mètres de la base de la colline. En se retournant brièvement, le soldat Valens put constater que le sort de l’infanterie qui avait pris d’assaut la colline n’était guère plus enviable : le général ennemi avait lancé toutes ses réserves dans une contre-attaque qu’il menait lui-même à la tête de sa garde d’élus de Nurgle. Les quelques impériaux qui étaient en vie se repliaient tant bien que mal, luttant à un contre cent. Ceux qui avaient tourné les talons et fuyaient la colline comme Andréas ne devaient leur survie qu’au sacrifice vaillant des hommes disciplinés qui reculaient en combattant, menés par quelques héros charismatiques, tels que les deux maîtres inquisiteurs et les capitaines Hadler et Ertezi.
Devant une telle vision, Andréas fut renforcé dans sa certitude de la défaite et redoubla d’efforts pour rejoindre le gros des troupes alliés. Pourtant, tout n’était pas encore fini. Et tandis que le centre de l’armée de l’Ordre était maintenant pris en tenaille par la cavalerie et les démons, et risquait une charge imminente de front des assaillants qui dévalaient la colline, les réserves chargèrent. Les terrifiants chevaucheurs de rhinox, suivis des craches-plombs et des réserves dans leur quasi-totalité, y compris les artilleurs dont les pièces ne pouvaient plus servir de peur de toucher leurs camarades, les cuisiniers et les même femmes. Ils étaient menés par une jeune fille qui n’était autre qu’Erika Loft, la fille du Duc Loft.
Par miracle, cette charge héroïque monopolisa l’attention des chaotiques qui étaient en train de massacrer le gros des troupes de l’Ordre, et leur donna le temps de se réorganiser, ainsi qu’à Andréas et à ceux qui se repliaient de rejoindre le gros de leur armée. Mais le répit fut de courte durée. Rapidement, l’élan de la contre-charge des réserves impériales se brisa, et bien que la sauvagerie des ogres causa de lourdes pertes aux démons et aux chevaliers des dieux sombres, leur nombre était tel que bien vite, les réserves se retrouvèrent réduites à se replier dans le cercle que formait maintenant ce qui restait des armées du bien coalisées.

Les serviteurs des puissances obscures, eux, se préparaient à lancer l’assaut final, la victoire étant à portée de leur main. Andréas, sentant que la fin était proche, tentait quant à lui de se faufiler le plus au centre possible du cercle, à l’abri derrière ses camarades. Des régiments qui étaient allés se battre contre le chaos au corps à corps, il ne restait pas grand-chose. Les hauts-elfes survivants, qui devaient être trois ou quatre cent dont une grande majorité de heaumes d’argent et quelques servants de baliste, se regroupaient autour de leur seigneur Eranor Dréanoc, qui, bien que visiblement blessé, hurlait des ordres sans répit en gesticulant, couvert de sang de la tête aux pieds, sur son noble coursier elfique Senthoi, dont la robe habituellement blanche était devenue écarlate. Les elfes sylvains, qui avaient été en seconde ligne, étaient presque intacts, mais leurs carquois étaient vides et leurs lames tirés. Impassibles, ils attendaient sans peur, entourant leur chef, le puissant tisseur de charmes, Thornaël Sombrecime qui rayonnait de puissance magique.
Les kislévites avaient payé un lourd tribut, leur cavalerie et leurs infanterie avaient été presque annihilées, et seuls restait de leurs pulks quelques cavaliers ailés qui avaient mis pied à terre et se préparaient à défendre chèrement leurs peaux, regroupés autour de leurs boyards Zack Tokavaleskï et Jekaterina Andreska et de quelques kossars. Quand aux impériaux, leurs régiments de tireurs étaient presque intacts bien qu’à court de munitions, mais il ne restait rien de leurs épéistes, lanciers et hallebardiers.
Alors qu’il se frayait un chemin parmi des arquebusiers impériaux, Andréas Valens crut qu’il avait perdu la raison. Tout d’abord, il y croisa un homme d’âge moyen, qui, prenait des notes sur une sorte de livre, à côté de ceux qu’il identifia facilement comme étant le père et le fils van Grunwald, commandant le détachement du Reikland, et le reste de leurs gardes du corps, qui avaient tous mis pied à terre. Une épée était à sa ceinture, mais hormis cette arme, il ne portait rien qui rappela la guerre. Le fils van Grunwald, Valérian, s’adressait à lui en le nommant « Joseph Trautmann », et en lui contant la fin héroïque du général Steiner qui s’était sacrifié pour permettre le repli d’une petite fraction de la cavalerie humaine. Continuant son périple pour fuir toujours plus le danger, Andréas ignora le scribe et repoussa de la main une petite halfinguette qui se dirigeait droit vers les hauts-elfes. Cette dernière se plaint vivement et le soldat Valens put constater non sans frémir qu’elle avait à la main une petite épée magique couverte de sang : elle avait du tuer des ennemis, elle, une petite halfing ! Quelques instants plus tard, il se retrouvait en face d’une magnifique femme qui visiblement n’était pas une guerrière, mais avait dû suivre l’armée, peut-être avec les filles de joie. Pâle comme un linge, mais l’air déterminé à vendre chèrement sa peau, elle disait à une de ses camarades rousse et non moins jolie
« C’est la fin Irène, c’est la fin... ». En d’autres circonstances, Andréas Valens se serait certainement arrêté pour engager la conversation avec les deux jeunes femmes, mais en l’occurrence il était tellement pressé de fuir qu’il continua sa route en les bousculant. Il croisa de nouveau les deux maîtres inquisiteurs Jade Dahlia et Dagmar Mueller qu’il évita soigneusement, d’autant qu’ayant jeté ses armes et son casque il était évident qu’il ne cherchait plus à se battre. Heureusement pour lui ces derniers étaient penchés sur le corps sans vie du capitaine Poigno Ertezi auquel ils étaient en train de rendre les derniers hommages.
La jeune recrue se trouvait maintenant parmi les tireurs de l’Ostland et du Wissenland, là se trouvaient réunis la famille Loft, qui dirigeaient les troupes Ostlandaise, et Anton von Adeldoch, qui dirigeait les troupes du Wissenland. Andréas vit alors un spectacle qu’il aurait cru impossible encore quelques secondes auparavant : son propre capitaine, Friedrich Hadler, qui semblait sérieusement blessé au torse et à la tête, semblait effrayé. En s’approchant il put entendre qu’il hurlait « Katja ! » dans la foule. A quelques dizaines de mètres de là, hors de son champ de vision, la même Katja Endrafen hurlait également pour essayer de retrouver ledit capitaine Hadler. Mais dans cette cohue, les seuls qu’il était facile de retrouver étaient les ogres.

Pendant ce temps, les forces du chaos s’étaient regroupées autour de leurs proies, et Azok Wurlftred, leur chef, lança l’ordre de charge. C’est à ce moment que de la masse des armées de l’Ordre sortit un tueur de démons nains, seul. A sa crête orange et à son absence d’armure, il était facilement reconnaissable : c’était Korlandin Gundrikson. Hurlant des cris de guerre dans sa langue natale gutturale, il fonça seul en direction d’une unité de soixante portepestes dirigée par un démon exalté. Devant un tel acte de bravoure ou de folie, les combattants des deux camps semblèrent s’arrêter pour regarder ce qui allait se produire. Et lorsqu’il découpa d’un seul coup la tête du puissant démon avant de balayer de sa hacher les portepestes les plus proches, tout le camp de l’Ordre laissa exploser sa joie funeste dans une clameur. Mais le nain fut vite submergé par la masse. Bientôt, il disparût noyé dans la masse des démons et on ne le revit plus.

Tandis que tueur de démons trouvait au combat une mort honorable, les ordres fusèrent en tout sens dans le camp des impériaux et de leurs alliés. Andréas, bien à l’abri au centre du cercle, n’avait plus rien d’autre à faire que regarder ces compagnons se battre en priant pour qu’ils forment une brèche dans l’armée du chaos où il pourrait s’engouffrer pour fuir. A son grand étonnement, le seigneur elfe Eranor Dréanoc, qui avait pris sur sa selle la halfinguette lança sa monture droit sur les élus de Nurgle, l’unité de gardes du corps du général adverse, le redoutable Azok Wurlftred. Il fut suivit par le reste de ses heaumes d’argent, puis par les servants de baliste à pied et par le reste des troupes de l’Ostland et du Wissenland. De leur côté, les troupes reiklandaises des van Grunwald, les kislévites, ainsi que la totalité grande partie des troupes irrégulières, mercenaires, auxiliaires, artilleurs et réserves, chargèrent droit sur les maraudeurs du chaos, qui étaient de loin les plus faibles troupes du chaos. Mais ils étaient encore très nombreux, car ils avaient subi très peu de pertes, et de surcroît ils étaient frais, contrairement aux impériaux. Enfin, l’ost d’elfes sylvains se prépara à affronter l’élite de l’armée des dieux sombre, les démons rapides et la cavalerie lourde chaotique, menés par le terrible prince-démon ailé.

La charge des heaumes d’argent n’atteignit pas son objectif. En effet, Azok n’était pas stupide et il avait vu la manœuvre. Aussi avait-il dépêché les guerriers du chaos qu’il lui restait devant son unité d’élus afin qu’ils encaissent le choc de la charge et enlisent les cavaliers elfes. Ces derniers avaient depuis longtemps brisé leurs lances de et se battaient maintenant à l’épée. La violence du combat qui s’en suivit fut rare. Bien qu’excellents combattants, les elfes, individuellement, ne faisaient pas le poids face aux guerriers du chaos, qui étaient plus nombreux. Un à un, ils tombaient. Seule l’arrivée des soldats de l’Ostland et du Wissenland permit aux heaumes d’argent de mettre en déroute les guerriers en armure noire, au prix de lourdes pertes. Mais, un mal en chassant un autre, ils se retrouvaient maintenant devant les cinq cent gardes du corps d’élite d’Azok Wurlftred, une unité de guerriers encore plus grands et plus forts que les autres, aux solides armures vertes et qui portaient tous une arme dans chaque main. Sous une bannière qui rappelait une mouche verte pustuleuse, les élus chargèrent les heaumes d’argent et les impériaux survivants, avec une violence inouïe.
Sentant que c’était là sa dernière carte, le noble seigneur des Cimes Stellaires, Eranor Dréanoc, ainsi que sa petite compagnonne halfing, lança Senthoi au galop vers l’unité qui les chargeait. Voyant cela, un champion de Nurgle, qui n’était autre que Malvis, le second d’Azok, s’avança pour entamer un combat singulier. Enfin, pas vraiment puisque la halfinguette était avec le noble. Avec un puissant cri, le chef chaotique projeta une de ses haches droit sur Senthoi qui la reçu en plein poitrail et s’effondra, bloquant sous lui son maître et la petite halfinguette. Content de lui et sûr de sa victoire, Malvis s’approcha du seigneur elfe blessé et coincé sous sa monture défunte. Le seigneur des Cimes Stellaires sentait sa fin toute proche. Avant même sa seconde charge, il était déjà gravement blessé. Là, coincé sous son noble Senthoi qui l’avait servi jusqu’à la fin, il n’avait plus la force de se dégager. Son bras gauche, sur lequel il était tombé, était brisé. Il sentait la vie s’échapper de lui par les nombreuses plaies qu’il avait au torse, là où des coups avaient brisé son armure et ses côtes. Chaque inspiration était pour lui une torture, un véritable supplice. Mais, il devait continuer à se battre, ne serait-ce que pour sauver son amie Artemisia Veregard, la halfinguette qui elle aussi était bloquée devant lui sur la selle, ne serait-ce que pour racheter le nom des Dréanoc sali par sa sœur qu’il aimait pourtant malgré tout et qu’il allait bientôt rejoindre. Au prix d’un effort surhumain, il leva son épée, qui fut écartée par la hache du chaotique avec un éclat de rire. Ce que le champion du Grand Père ne vit pas venir, en revanche, c’était le coup d’épée magique que lui asséna Artemisia la halfing dans la jambe droite, la transperçant de part en part ainsi que son épaisse armure en lui arrachant un cri de douleur. Instinctivement, Malvis riposta en plongeant rageusement le fer de son arme dans la poitrine de la halfinguette agonisante à ses pieds, qui rendit son dernier soupir. Mais le seigneur elfe n’avait pas dit son dernier mot : il leva son épée une nouvelle fois et frappa, tranchant net la main gauche du champion de Nurgle au niveau du poignet. Par réflexe, Malvis donna un coup de pied qui envoya au loin la lame elfique, et frappa d’un puissant revers pour décapiter l’elfe mourant et désarmé. Mais au dernier instant, la lame de la lourde hache fut bloquée par une épée impériale. Le duc Loft en personne avait paré le coup et riposta aussitôt vers la tête du chaotique. Ce dernier se baissa en ricanant, et, avec des réflexes et une force surhumaine, frappa vers le flanc du duc qui para le coup à grand peine, mais ne put rien contre l’attaque inattendue que le champion de Nurgle lui asséna de son moignon. Il tomba au sol, lâchant involontairement son épée. Ses hommes voulurent intervenir, mais ils en furent empêchés par des élus de Nurgle qui firent barrage. Impitoyablement, le champion chaotique décapita son adversaire qui pourtant le défiait encore du regard au moment de sa mort. Un cri d’horreur de jeune fille réjouit Malvis. Un
« NOOONN, PAPA ! » que la duchesse Loft, d’ordinaire si réservée, n’avait pu retenir. La jeune fille se précipita sur le chaotique amputé, qui ricana et para facilement toutes ses attaques en la narguant, avant de la mettre à terre d’un coup de pied à la poitrine qui la sonna. Il s’apprêtait à réserver à la courageuse fille le même sort que celui qu’il avait donné à son père quand une voix retentit, dans un souffle faible, mais audible. « Hé, toi, viens plutôt affronter un adversaire à ta taille, lâche ! » Le capitaine Hadler n’attendit pas la réponse du chaotique pour lui asséner une série d’attaques violentes et variées de sa lame bénie, qui portait le symbole du duc Loft. Il serait juste que ce soit cette lame qui venge justement le duc, pensa-t-il. Hélas, même amputé, le champion de Nurgle était supérieur à l’humain, déjà sérieusement blessé et qui avait perdu son bouclier, le bras gauche fracturé. En quelques passes, Friedrich Hadler comprit qu’il avait trouvé son maître et que son heure était venue : le chaotique bloqua « Devoir » entre le fer et le manche de sa hache et d’un coup sec fit chuter la lame derrière lui. Le capitaine savait qu’il n’aurait pas le temps de tirer sa seconde vieille épée, qu’il gardait toujours ceinte à sa taille. Il n’avait pas peur de mourir, mais avait un seul regret : si seulement il avait pu revoir Katja une dernière fois… Mais alors qu’il s’était résigné à mourir, il s’aperçut que le champion de Nurgle s’était arrêté net dans son geste mortel, une lame bien connue lui transperçant la poitrine par derrière. Le chaotique, pas encore vaincu, se retourna et sa hache s’abattit sur la poitrine du noble Eranor qui avait ramassé Devoir et frappé dans un ultime effort. Le champion de Nurgle n’eut jamais le temps de faire quoi que ce fût d’autre, car déjà Friedrich avait tiré sa vieille épée et s’en était servi pour décapiter son adversaire. Cette fois, le chaotique s’effondra, mort, à côté de sa dernière victime. Tandis que derrière Friedrich, un cri de soulagement d’une voix familière retentit. Le capitaine Hadler se retourna à temps pour voir Katja se précipiter vers lui, mais ce fut la dernière chose qu’il vit. Soudain sa vue se brouilla et il tomba au sol, raide mort.
Azok Wurlftred venait de venger son second, d’un seul coup de hache dans le dos. Il se tenait maintenant debout, face à deux jeunes femmes en larmes, mais prêtes à en découvre avec lui : Erika Loft et Katja Endrafen.
Souriant, le champion exalté de Nurgle, favori du Grand Père, et général en chef de l’armée s’avança, ses deux haches à la main. Il était confiant, aucun être humain ne pouvait rivaliser avec lui, et encore moins deux faibles femmes…
Levant ses haches, il para facilement les assauts de ses deux adversaires, se riant d’elles. Tant Erika que Katja comprirent vite qu’elles n’avaient aucune chance face à un tel adversaire. Azok prenait plaisir à faire durer l’affrontement en multipliant les parades, les esquives et les petites blessures infligées avec ses haches infectées de mille maladies. Bientôt, épuisées, et couvertes de coupures superficielles, les deux pauvres impériales se résignèrent à devoir mourir sans avoir pu venger Friedrich Hadler. Elles allaient cesser de lutter quand Anton von Adeldoch, le commandant des troupes du Wissenland, les rejoignit. A trois contre un, ils avaient peut-être une chance. Sachant que le temps jouerait contre eux puisqu’ils se fatiguaient bien plus vite que le champion du père Nurgle, les trois humains choisirent de tenter le tout pour le tout, et se fendirent chacun dans une direction différente, oubliant toute notion de prudence. Le général chaotique avait beau être un surhomme, il n’avait que deux bras, deux haches, et s’il sut bloquer les épées des deux jeunes femmes qui filaient vers sa tête, il ne put parer le fleuret d’Anton qui s’enfonça profondément dans son torse, perforant l’armure et la peau, puis labourant les chairs putrides dans une affreuse giclée de sang verdâtre avant de casser net en butant contre une cote. Avec un grognement sourd, le chaotique s’ébroua et rit : il avait bien cru être mort, mais non. Quel était donc cet être stupide qui utilisait contre lui une arme à la lame si fine ? Autant utiliser une aiguille contre un troll. Ignorant complètement sa blessure, qui eut été fatale pour un simple humain, le champion exalté fit un moulinet de ses haches pour faire reculer ses deux adversaires féminines, avant d’abattre le noble du Sudenland désarmé d’un coup de hache vertical qui fendit sa tête en deux. Puis il s’avança vers ses deux prochaines victimes, qui tentèrent une nouvelle fois de l’attaquer. Ni l’une, ni l’autre n’eut le temps de comprendre ce qui leur arrivait. A la vitesse de l’éclair, Wurlftred para leurs attaques avant de riposter d’un mouvement circulaire de ses haches qui ouvrit le flanc de ses deux adversaires, à la fois. Les deux jeunes femmes qui s’étaient haï durant leur vivant tombèrent côte à côte, tandis que leur sang s’écoulait à flots de leurs flancs ouverts...

A l’opposé du champ de bataille, la bataille faisait rage entre les maraudeurs du chaos et les troupes reiklandaises, appuyées par le reste des réserves. Les ogres restants faisaient un véritable massacre parmi les kurgans, et les humains, guidés par les Van Grunwald père et fils, semblaient avoir une vrai chance de s’en tirer. Tout le monde se battait, y compris le scribe Joseph Trautmann et les filles telles qu’Irène Rosenwen et sa camarade Evaë. Zack Tokavaleskï, Jekaterina Andreska et le reste de leurs troupes kislévites étaient en première ligne. Ici, l’ennemi n’était pas disposé à accepter des combats singuliers. Au contraire, les maraudeurs tentaient de profiter à fond de leur léger avantage numérique, en attendant les renforts des guerriers du chaos et des démons pour en finir tranquillement avec leurs adversaires. Ils n’avaient qu’à gagner un maximum de temps pour espérer la victoire, alors que de leur côté, les impériaux, les kislévites et les mercenaires se démenaient comme des diables pour tuer suffisamment de maraudeurs pour faire une brèche dans leurs lignes et les mettre en fuite.

Les elfes sylvains, dont l’ost était presque intact, affrontaient eux l’essentiel des forces chaotiques. La totalité des démons et des chevaliers du chaos s’étaient ligués contre eux, et un terrifiant prince-démon ailé était à leur tête. Même si la saison hivernale nuisait à leurs pouvoirs, les elfes restaient de redoutables guerriers, et le tisseur de charmes qui les menait, Thornaël Sombrecime, était l’un des plus puissants mages mâles de tout Athel Loren. Ce dernier maîtrisait à la perfection les énergies du vent de Ghur, le domaine de la bête. Au premier rang des siens, il n’hésitait pas à aller au corps-à-corps contre les plus puissants démons, ni à charger les redoutables chevaliers du chaos. Sa magie semblait invoquer des animaux fantomatiques à son aide, et plus d’une fois un démon fut banni suite à une charge de cerfs éthérés. Autour de lui, les elfes sylvains semblaient remplis d’une fureur et d’une combativité qui n’était pas elfique, mais bestiale. Ils avaient également la force et l’endurance de bêtes féroces. Les danseurs de guerre, déjà particulièrement doués en tant normal avec leurs lames, virevoltaient autour des chaotiques, insaisissables, et prélevaient un lourd tribut aux forces des dieux sombre. Même les gardes sylvains, qui étaient avant tout des archers, pouvaient presque rivaliser avec leurs adversaires d’élite en combat singulier. Mais hélas, les chaotiques étaient près de six fois plus nombreux que les elfes des bois. Chaque elfe qui tombait augmentait l’avantage des chaotiques, et il devint vite évident aux yeux de Thornaël Sombrecime qu’il ne pourrait pas l’emporter comme cela. Le mage sut alors qu’il n’avait pas d’autre choix pour espérer vaincre que de tuer le chef des démons, le prince-démon ailé, qui était également un puissant sorcier. Il le démontra en décollant vers l’armée des Reiklander où il se posa près des deux inquisiteurs, Jade Dahlia et Dagmar Mueller. Les deux sigmarites s’étaient tout de suite jetés sur lui, portés par une haine viscérale du chaos, mais le démon s’était contenté de lever deux doigts de sa main droite en direction des humains. Il prononça la formule ironique
« Vous êtes coupables ! » et aussitôt deux rayons de lumière verte intense se matérialisèrent entre ses doigts et les humains, et ils tombèrent tous deux au sol, sans vie.

S’étant débarrassé des répurgateurs gênants, le puissant démon retourna au centre de ses forces qui affrontaient les elfes sylvains. Il était temps qu’il s’occupe des elfes, pensait-il, et tout particulièrement de leur chef, le puissant magicien.
Tout ailé qu’il était, le prince-démon ne montrait aucune envie de fuir devant le courroux du tisseur de charmes. Se concentrant sur sa cible, l’elfe dissipa coup sur coup chacune des tentatives de sorcellerie du démon, non sans continuer à aider ses soldats en leur insufflant magiquement la force des bêtes sauvages. Résolument, lentement, mais sûrement l’ost des elfes sylvains s’enfonçait dans les rangs chaotiques en direction du prince-démon. Rien ne semblait pouvoir arrêter Thornaël et ses sbires. Le mage était habité par la force de l’ours, et sa peau avait la résistance du cuir de rhinox. Et même lorsqu’il était blessé, un simple sort refermait la plaie et il continuait à se battre comme si de rien n’était. En voyant l’avancée inexorable des elfes dans sa direction, le prince-démon comprit vite quels étaient leurs intentions. Il attendit le dernier moment, puis, tandis qu’une dernière ligne d’enfants du chaos étaient massacrés devant lui, il déploya ses ailes et nargua d’une boutade Thornaël Sombrecime :
« Alors, petit mage, que dis-tu de cela, essaye donc de m’attraper. Tu aurais dû savoir que la fureur de l’ours est vaine contre l’aigle. » Tandis qu’il s’envolait, les elfes sylvains continuaient à combattre, cette fois entièrement encerclés par leurs adversaires : dans leur percée, ils étaient arrivés exactement là où le prince-démon comptait les attirer. Assaillis de toutes parts, les elfes mourraient en masse, taillés en pièces par les démons et les chevaliers du chaos plus nombreux. Mais, étrangement, le tisseur de charmes ne semblait pas contrarié : il semblait avoir prévu une telle réaction de son adversaire. Ses yeux brillants de puissance magique, Thornaël éleva les deux mains au dessus de lui, en direction du prince-démon. Quelques mots suffirent : deux lances couleur d’ambre, grosses comme des carreaux de baliste, apparurent dans les mains du mage qui les projeta à une vitesse surnaturelle en direction des ailes du démon. Ce dernier ne put rien faire, bien qu’il tenta de dissiper et d’esquiver le sort, il était trop faible pour espérer rivaliser avec un mage elfique. Les fines membranes de peau qui lui permettaient de se maintenir dans les airs furent déchirées et le lourd démon tomba comme une masse. Il percuta le sol gelé de Kislev avec une puissance inouïe. S’il n’était pourtant pas encore vaincu, Thornaël Sombrecime s’occupa de l’achever. Le mage n’avait même pas attendu que son ennemi tombe pour se transformer en bête primordiale, l’incarnation même de la sauvagerie bestiale. Tout en déchiquetant son ennemi, il enseigna à sa victime un peu trop arrogante la leçon qu’on lui avait lui-même apprise des années auparavant : « Comme le cycle du jour et de la nuit, les enfants du chaos doivent s'éteindre au soleil couchant. Il est donc de notre devoir de s'assurer qu'ils ne se relèveront plus jamais. En cette saison, la forêt dort et nous ne pourrons invoquer nul soutien de sa part. Écoute attentivement, car ceci est mon premier enseignement. Si les enfants de la sylve voient leur pouvoir fluctuer au grès des saisons, les adeptes de la bête savent puiser leur puissance dans la rage ancestrale et éternelle de Loren. L'ours hiberne peut-être en hiver mais fou serait celui qui voudrait le réveiller car il sait que sa force d'esprit ne décline jamais. » Car telle était la puissance du vent de Ghur. La disparition du prince-démon entraîna la volatilisation d’une grande partie des démons mineurs du champ de bataille. Néanmoins, la situation restait critique, et les elfes sylvains n’étaient guère plus que quelques centaines.
Pire, le reste des guerriers du chaos en avaient fini avec les hauts-elfes, les osltanders et les wissenlanders, et chargeaient les elfes sylvains, tandis qu’Azok Wurlftred et sa garde d’élus de Nurgle se dirigeaient vers l’arrière des Reiklanders. Mais la puissance magique de Thornaël Sombrecime n’avait plus d’égale sur le champ de bataille : les quelques sorciers du chaos qui restaient étaient bien trop faibles pour oser se mesurer à lui, après ce qu’il venait de faire au puissant prince-démon. Le tisseur de charmes savait que l’issue de la bataille ne dépendait plus que de lui. En effet, s’il parvenait à tuer le chef des chaotiques, il pourrait retourner la situation, et il restait encore assez d’humains en uniformes blancs en vie pour espérer vaincre. Confiant dans ses pouvoirs, le tisseur de charmes se prépara à lancer un sort qui tuerait sur le coup le champion exalté du chaos. Il canalisait la puissance magique nécessaire, quand soudain, il prit conscience que quelque chose n’allait pas. Il avait déjà connu des fiascos, par le passé, mais cette fois, c’était différent. Il le sentait, le démon qu’il venait juste de bannir, et qui voulait revenir le posséder… Garder le contrôle de lui-même fut une véritable épreuve pour Thornaël, qui dut y employer toute la force de sa volonté. Par expérience, il savait que ce genre de lutte ne durait jamais longtemps, mais que pendant ce court laps de temps, il devrait rester immobile. Il était vulnérable, sans défenses, à la merci du premier venu : seuls ses compagnons pourraient le défendre. Mais il se rendit bientôt compte de toute l’étendue de son échec, quand il vit les elfes alentours se tourner vers lui, avec des visages déformés par des rictus de haine totalement irrationnelle. Il voulut crier quand ses propres danseurs de guerre le découpèrent en morceaux, mais il en était incapable.

Partout sur le champ de bataille, le carnage était total. De sa position centrale, le soldat Andréas Valens avait vu la fin des troupes hautes-efles, ostlanders et wissenlanders. Il avait alors fui parmi les reiklanders, espérant trouver le salut dans la fuite s’ils parvenaient à briser la résistance des maraudeurs. Ce ne fut pas le cas. Dès qu’il vit la fin du mage elfe sylvain et la charge de dos des élus des Nurgle dans les Reiklanders et leurs alliés, Andréas Valens choisit de faire le mort. Il se cacha sous un tas de cadavres : il y avait là celui du scribe qu’il avait vu, ainsi que ceux des deux très belles jeunes filles qu’il avait bousculées un peu plus tôt. Au dehors, le massacre se poursuivit encore pendant une heure ou deux, avant que les forces du chaos ne reprennent leur siège de Kislev. Cruel, Azok avait ordonné à quelques uns de ses hommes de massacrer les survivants.

Andréas Valens, lui, n’osa sortir de sous le tas de cadavres qu’au milieu de la nuit suivante. Il rampa hors du champ de bataille, avant de se mettre à courir dès qu'il fut hors de vue du camp des chaotiques. Il avait survécu, mais pas question de rentrer chez lui. Se souvenant des paroles de feu son capitaine qui avait prédit qu’en cas de défaite l’Empire serait mis à feu et à sang, il résolut fermement de quitter à jamais ces terres trop septentrionales et de s’établir dans une contrée australe plus accueillante. Le duché de Moussillon, en Bretonnie, par exemple…

PS : la bataille décrite ci-dessus ressemble trait pour trait à une autre bataille, du monde réelle celle-ci (en tout cas pour les mouvements de troupes et le déroulement, et la géographie). A ceci-près que dans la bataille réelle il n'y a pas de siège en toile de fond.
Notons que la bataille dont il s'agit est également considérée comme marquant le début de la fin d'un Empire.
Un autre indice est glissé dans le texte pour deviner de quelle bataille il s'agit : il a un rapport direct avec le nom d'un protagoniste.
Qui saura deviner de quelle bataille il s'agit ?
Lien fiche wiki : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... ich_hadler

Profil : FOR 10 / END 11 / HAB 10 (9*) / CHAR 10 / INT 10 / INI 10 / ATT 14 (13*) / PAR 14 (13*) / TIR 11 / NA 3 / PV 85/85
*: profil avec armure (bonus des compétences non inclus)

Compétences :
• Sang-froid : Votre personnage a ce qu'on appelle des «nerfs d'acier». Il sait rester maître de lui-même dans les situations les plus dangereuses. Bonus de +1 sur n'importe laquelle de ses caractéristiques lors de la réalisation d'une action dans un climat de stress et de tension mentale.

• Coups puissants : augmente les dégâts occasionnés à ses adversaires de + 1D3 pts de dégâts.

• Autorité : bonus de +1 lorsque, confronté à des militaires, il essaye de faire prévaloir son autorité, ses ordres etc.,

• Arme de prédilection : épées à une main : Bonus de +1 en ATT lorsqu'il en utilise en combat. Par contre, lorsqu'il utilise une autre arme que son arme de prédilection, il reçoit un malus de -1 en ATT et en PAR pendant les 1D3 premiers combats qu'il livrera avec cette arme, le temps qu'il s'y adapte.

• Alphabétisation : Votre personnage est capable de lire et d'écrire les langages utilisant l'alphabet du vieux monde s'il comprend ce langage.

• Langage secret : jargon de bataille : Votre personnage sait parler le jargon des batailles.

• Anticipation : Votre personnage, au combat, arrive à prévoir les réactions d'un ennemi. Pour analyser le style de combat de son adversaire direct, il lui faudra 2 rounds entiers. A partir du 3ème round, cette compétence lui permet d'avoir un bonus de +1 en ATT et en PAR contre ce seul adversaire. (Pour bénéficier de ce bonus contre un autre adversaire, il lui faudra l'avoir combattu pendant au moins 2 rounds)

• Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR avec un arc.

• Volonté de Fer : Votre personnage se révèle être particulièrement très résistants à la peur, aux attaques mentales et à tout ce qui pourrait tenter de briser sa volonté. Il obtient +1 aux tests pour résister à un contrôle mental, à la peur etc…

• Parade : Double les points de parade de l'arme ou du bouclier utilisé.

• Coriace : Diminue de 1D3 les dégâts subis (jusqu'à un minimum de 1).

•Réflexes éclairs : +1 aux test INI en réaction à la surprise.


Equipement de combat : • Devoir (épée à une main) (18 +1D10, 12 Parade) Les morts-vivants, les démons etc… Que la lame touche subissent 1d6 dégâts de plus
• Bouclier d'acier (6+1d6 dégâts, 16 parade)
• Epée à une main (16 +1D8, 12 Parade)
• Cotte de mailles (9 protection, tout sauf tête -1 HAB, ATT et PAR)
• Arc court (26+1D8, -2 TIR/16 m)

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Christer
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Re: [Concours] La Bataille

Message par Christer »

En 860, après avoir subi deux longues années de raid et de pillage intensif, Cathay parvint enfin à riposter et à couler l’Arche Noire qui terrorisait ses côtes. Ce fut un coup dur pour la famille qui avait monté cette expédition, et son prestige au sein de la noblesse s’en trouva fort diminué. Lockhart, le plus jeune fils, que l’on surnommait « l’Hydre », jura que ces misérables humains paieraient pour cela, quand le temps serait venu.


Cent cinq ans après les faits, une invasion de criquets migrateurs (une espèce qu'on ne rencontrait normalement pas sous ses latitudes) se répandit dans les champs de la région de Song Jiang. Les insectes, sous l'effet d'un été inhabituellement chaud, se développèrent à une vitesse exponentielle, provoquant une grave crise alimentaire dans toute la contrée. Sortant d'un hiver très rude suivi d'un printemps sec, les réserves de nourritures n'avaient pas pu être entièrement réapprovisionnées et les importations se révélèrent rapidement insuffisantes.

La mort commença à frapper, en particulier chez les vieux et les infirmes, et le sang avait même coulé dans de petits hameaux où les villageois désespérés se querellaient pour de la nourriture : le boulanger d'un petit village avait été poignardé à l’estomac après une altercation au sujet d’une simple tranche de pain. Voyant une opportunité, des gens peu scrupuleux n'hésitèrent pas à s'enrichir grâce à la misère des gens, le marché noir devint florissant alors que les prix se mirent rapidement à flamber.

Le désespoir fit bientôt place à la grogne qui commençait à se répandre comme une épidémie dans le pays, attisée par de sinistres démagogues qui poussaient la populace à se soulever par des diatribes charismatiques à l'encontre des dirigeants qui semblaient incapable d'enrayer la crise. Se rendant compte que la situation allait rapidement dégénérer s'il ne faisait rien, le Duizhu décida d'envoyer des détachements de soldats mater les insurrections, mais celles-ci furent toutes prises dans des embuscades soigneusement préparées et massacrées par des attaquants inconnus.

Le maitre de Han-Yi n'était pas né de la dernière pluie, il commença à saisir ce qui se passait, il rappela tous les soldats à leurs casernes et se coupa du monde en attendant que la vraie menace apparaisse. Lorsque la région entière fut au bord de la guerre civile, les Elfes Noirs entrèrent en action.

Ceux-ci accostèrent et traversèrent Song Jiang sans que personne n'essaye de les arrêter. Le Duizhu l'avait vu venir et s'était préparé en conséquences : depuis des jours il n’avait cessé d’annoncer son intention d’écraser ceux qui maltraitaient son domaine ; inondant les réseaux de communication avec de la propagande déclarant que nul ne pourrait jamais triompher de sa puissante armée et de son inébranlable infanterie.

Cents soldats réunis avançaient vers l'armée ennemie. L’arrogance du Duizhu avait mandaté l’usage d’une si petite force : aucune résistance n’était prévue. Mais le maitre d'Han-Yi avait sous-estimé ses ennemis : le peuple de Song Jiang marchait aux cotés des armées de Naggaroth !

Les autochtones, armés seulement d'arcs rudimentaires et de bâtons, subirent de lourdes pertes alors qu'ils lançaient l'assaut sur la force de soldats venue arrêter les Elfes Noirs. Pendant ce carnage, une triade d’Assassin soutenue par des équipes d’Ombres attaquèrent par l'arrière, prenant les soldats d'Han-Yi totalement par surprise et éliminant le QG sans rencontrer d'opposition sérieuse. Ils n’avaient pas prévu cela. Leur structure de commandement était trop rigide et ils n’eurent pas le temps de comprendre ce qui se passait. Le manque de cohérence et de coordination les empêcha tout simplement de pouvoir réagir face à la soudaine apparition des tueurs de Naggaroth.

Se jetant dans la bataille, les Furies causèrent encore plus de confusion et semèrent le chaos parmi les forces d'Han-Yi. La doctrine de combat des forces Cathayennes exigeait le sacrifice, ils ne pouvaient battre en retraite. Les guerriers de Cathay offrirent donc vaillamment leurs vies pour leur cité, confiant en la croyance qu'ils seraient victorieux : que pouvaient-ils faire d’autre que se battre et mourir ? Les quelques soldats qui battirent en retraite furent plus tard exécutés pour lâcheté.

Moins de trois heures plus tard, la vallée était jonchée de cadavres, les Elfes Noirs avaient gagné la première bataille de cette guerre. Les habitants de Song Jiang qui avaient mené l'assaut en lieu et place des troupes de Naggaroth et qui avaient survécu (80% d'entre eux étaient morts pendant l'affrontement tandis que seuls quelques Druchii étaient à déplorer comme pertes) furent promptement enchainés comme esclaves, tout comme les habitants des autres hameaux qui se trouvaient sur le passage de l’armée des Elfes Noirs : Lockhart allait avoir besoin de main-d'œuvre pour la suite des opérations.

Après cette débâcle, le Duizhu savait qu’il devait réagir rapidement et en masse. En public, il blâma les chefs de la force d'attaque pour leur assaut impétueux et tête baissée sur les forces de Naggaroth - même si c’était exactement ce que la doctrine de combat d'Han-Yi dictait. Ce furent donc les soldats qui avaient donné leurs vies pour leur cité sans penser à la retraite qui furent renvoyés à titre posthume, leurs réputations ruinées et leurs familles disgraciées.

Dans le même temps, le maitre d'Han-Yi renforça encore plus les défenses de sa cité. Lockhart repoussa délibérément son assaut d'une semaine entière, laissant ainsi le temps aux habitants d'Han-Yi de se rassembler puis de se retrancher derrière les impressionnants murs fortifiés de leur cité, si bien qu'au début de la bataille, près de deux mille soldats étaient prêts à défendre leur foyer. Les troupes de Naggaroth n'étaient cependant pas restées inactives au cours des sept derniers jours, comme allaient douloureusement le découvrir les combattants d'Han-Yi.

Les Elfes Noirs se déployèrent de sorte à pouvoir attaquer sur plusieurs fronts à la fois, tout en laissant certaines zones de la ligne de défense inoccupées. Alors que l'assaut était donné, des bombes explosèrent dans le Cité, jetant à bas des dizaines de bâtiments et de ponts, bloquant ainsi les principales voies de ravitaillement. Le Duizhu se retrouva ainsi incapable de transférer des forces et de l'équipement depuis les zones ignorées vers les zones attaquées. Leurs groupes de soldats divisés tentèrent de résister tant bien que mal face à l'avancée meurtrière des troupes de Naggaroth, mais le manque de renforts leur rendit la chose quasiment impossible. De même qu'ils ne pouvaient espérer aucune aide extérieure, ceux qui se repliaient ne pouvaient le faire avec suffisamment de rapidité, et des dizaines d'entre eux s'agglutinèrent sur les dernières voies de retraite avant de se faire faucher par une grêle de traits lancé par des arbalètes à répétition d’Ombres infiltrées.


Les défenseurs mirent deux jours à se regrouper suffisamment pour pouvoir envisager une contre-attaque sérieuse. Des agent-doubles infiltrés dans le cité avaient toutefois usé de chantage et de corruption sur des hauts gradés d'Han-Yi qui furent obligés de leur révéler les détails du plan, ce qui allait permettre aux Elfes Noirs de se préparer avec soins à la bataille qui allait arriver. La contre-offensive marcha droit dans un piège sophistiqué : le gros de l'armée de Naggaroth, qui n'était là que pour appâter les combattants d'Han-Yi, se tenait stationné derrière des tranchées, des pièges et des redoutes. Sous les ordres des Elfes Noirs, les esclaves avaient travaillé jusqu'à la mort pour transformer la montagne en une zone de vingt kilomètres carrés de mort assurée.

Les pièges prélevèrent tout d'abord un lourd tribut puis, lorsque les guerriers d'Han-Yi atteignirent les premières lignes de fortifications, les Elfes Noirs firent pleuvoir sur eux un véritable déluge de d'acier. Alors que les premiers échanges de tirs occupaient l'attention des combattants d'Han-Yi, des groupes d’Ombres jaillirent de plusieurs postions secrètes derrière eux.

Les soldats d'Han-Yi se retournèrent pour faire face à cette nouvelle menace et se retrouvèrent pris entre le marteau et l'enclume. Ils se rallièrent rapidement autour de leurs Sergents et tentèrent de submerger les tranchées qui n'abritaient déjà plus personne. Les combattants d'Han-Yi aperçurent alors les tenues de collègues faisant route vers eux, mais une fois que ceux-ci eurent été assez proches, les "renforts" se révélèrent être un détachement d’Elfes Noirs déguisé qui utilisèrent aussitôt leurs arbalètes à répétition avant de se replier et de disparaitre dans la confusion qu'ils avaient créée.

Ce n'était que le début du cauchemar pour les guerriers d'Han-Yi. Lockhart ordonnait régulièrement à ses hommes de se retirer d'un endroit pour en investir un autre tout en maintenant une pression constante sur Han-Yi, une tactique destinée à morceler les troupes régiments par régiments. Les Sorcières usaient de leurs pouvoirs pour propager des voix fantomatiques dans les vents, sapant la résolution et la loyauté des défenseurs. Le Duizhu restait pourtant convaincu de ses chances de victoire et poussa toujours plus en avant. Ses troupes ne pouvaient qu'obéir, leur maître ayant instauré une hiérarchie solide et immuable et avait établi une ligne tactique dont ses soldats ne déviaient jamais, ils devaient être prêts à mourir pour lui.


À partir du sixième jour, chaque soldat d'Han-Yi luttait virtuellement seul et était forcé d'empiler les cadavres de ses camarades pour se protéger ou de se terrer dans les ruines pour éviter de se faire faucher par un tir d'arbalète. Ils s'étaient définitivement embourbés dans le no man's land et ne pouvaient plus s'en sortir. Des gradés pensaient que le plus sage était de demander un cessez-le-feu mais le Duizhu refusait d'admettre l'évidence, ce qui n'était pas le cas de plus en plus de soldats : beaucoup avaient fini par comprendre que les Elfes Noirs n'étaient pas venus pour les soumettre ou prendre leurs terres, mais bel et bien pour les anéantir, les tuer jusqu'aux derniers. Un certain nombre de soldats commença à déserter, abandonnant - avec regrets souvent - leurs compagnons dans le creuset de mort où l'obstination insensée de leur Duizhu les entrainait.

Bien qu'il se tienne dans l'ombre depuis le début de la campagne, Lockart restait calme et laissait le Duizhu le défier sans relâche. Il savait que la vue de leur seigneur désespéré démoralisait les habitants qui ne comprenaient pas pourquoi ces démons se déchainaient sur eux, ni pourquoi nul n'arrivait à les en protéger. Les soldats d'Han-Yi furent forcés d'admettre leur humiliante impuissance face à un ennemi qui semblait toujours avoir un coup d'avance sur eux.


Les Elfes Noirs finirent par se retirer, lorsque les renforts venus d’autres régions se mobilisèrent enfin. Ils laissèrent derrière eux une cité en ruine. Il fallut quatre-vingt-neuf années à Han-Yi pour réparer les pertes en hommes, en matériel et en notoriété qui furent infligés par les Elfes Noirs : 73% de la population avait été tuée où réduite en esclavage et les survivants portaient d'horribles séquelles de ces combats.

Tel fut la vengeance de Lockhart l'Hydre.
Fiche Wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:annaliese_jaeger

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Re: [Concours] La Bataille

Message par Eranor »

Le soleil disparaissait lentement sous l’horizon d’un blanc immaculé. Des flocons descendaient doucement des nuages qui couvraient le ciel de la plaine enneigée de Kislev et formaient une mince couche blanche sur les tentes elfiques alignées en nombre. Au centre du campement fortifié, une tente plus grande fichée d’une bannière dessinant un dragon s’enroulant autour d’un phénix trônait. Illuminé par des torches, Eranor attendait en son intérieur, assis sur un tabouret aux formes d’un siège curule posé en face d’une table sur laquelle une grande carte parsemée de figurine s’étalait. Le noble Asur était pensif, il savait avoir commis une erreur en avançant si vite dans un territoire inconnu où les forces du chaos se déchainaient. Pourtant, il savait aussi que le siège que subissaient les humains ne pouvait encore durer, les renforts elfiques qu’il apportait seraient leur seul chance de s’en tirer.

Eranor n’était pas un politicien. Les joutes verbales auxquelles se livraient les siens dans la cour du roi phénix se terminaient invariablement par sa défaite. Mais ceci n’était pas le cas de ses géniteurs. Usant de leurs relations, de corruption et d’arguments frappants, ces derniers avaient réussi à soutenir leur fils au-delà de toute espérance. Ainsi, Eranor Dréanoc, prince elfique reconnu pour ses hauts faits guerriers, avait pu rassembler une force conséquente pour marcher sur les forces du chaos qui menaçaient d’écraser Kislev pour ensuite mettre à bas toute résistance de l’empire. Des terres féériques d’Ulthuan, Eranor avait rassemblé pas moins de vingt mille elfes dont au moins dix-sept mille valeureux caledoriens. Six mille lanciers et cinq mille archers avaient répondu à son appel aux armes à travers toutes les montagnes de Caledor, quatre mille princes dragon accompagnés de deux mille heaumes d’argent s’étaient rassemblés sous sa bannière. D’Hoeth, le vieil ami du noble, Erlendar Azerith, avait rassemblé une vingtaine de mage dont cinq au moins étaient particulièrement expérimentés, protégés d’un millier de maitres des épées, pour l’aider lors de son combat. Du temple d’Asuryan, un autre millier de gardes phénix accompagnaient l’ost elfique et d’Ellyrion et des terres dévastées de Nagarith, deux-cent patrouilleurs elyriens et huit cents guerriers fantômes veillaient sur les troupes. Avec les navires et les marins, Lotherne avait cédé une centaine de baliste serre-d’aigle à l’expédition. L’armée était accompagnée d’une dizaine de phénix cœur de givre, venant terminer leur vie dans un ultime combat contre ce qui voulait annihiler toute vie, d’une autre de grands aigles dont quelques-uns étaient monté par des héros cherchant la gloire sur le champ de bataille et d’une demi-douzaine de griffons. Bien malheureusement, aucun dragon ne suivait la force d’Ulthuan, le roi phénix estimant ces nobles créatures trop importantes pour la défense du continent insulaire pour s’en séparer.

Et pourtant, malgré cette impressionnante force, Eranor redoutait le combat à venir. Sans prendre gare, il s’était avancé dans Kislev et désormais, il ne pouvait plus éviter le combat contre les forces que le chaos avait envoyé pour bloquer la marche Asur et l’empêcher de briser le siège des murs kislevite où l’empereur humain espérait vaincre le mal provenant du nord. Cependant, trop sûrs d’eux, les hommes chaotiques avaient commis à leur tour une faute. Eux aussi n’avaient nullement cherché à dissimuler leur avancée, cherchant même, pensait Eranor, à se faire connaitre des hauts elfes pour que la peur s’empare d’eux. C’était mal connaitre les guerriers impassibles de sa noble race… Les patrouilleurs ellyriens avaient pu donner la composition adverse et leur emplacement avec une grande précision, laissant au général Asur le choix du terrain. De leur côté, les guerriers fantômes avaient cartographié sans peine l’endroit qu’Eranor avait jugé propice à son combat. Mais même avec ces éléments, l’issue était de loin favorable au chaos.

Au moins cent vingt-cinq mille hommes marchaient sur les Asurs, six hommes pour un elfe. L’ennemi disposait de quatre-vingt-dix mille maraudeurs, cinq mille cinq cents maraudeurs montés, deux mille cavaliers du chaos et vingt mille déchus. Mille massacreurs de Khorn formaient la garde rapprochée du prince démon qui commandait à cette force impressionnante accompagné de deux mille cinq cents chiens du chaos, deux mille ogres du chaos et deux mille trolls du chaos. De par l’avancée rapide que nécessitait leur attaque, les chaotiques n’avaient pu apporter d’artillerie, mais quarante mages de Tzeentch, vingt manticores, vingt géants du chaos et dix carnabrutes parsemaient les rangs du chaos.

-Messire, vos commandants sont arrivés.

Eranor releva la tête pour découvrir un lancier tenant entrebâillé le tissu servant d’entrée à sa tente. Il lui fit un signe de main, puis le soldat s’écarta, laissant place à une dizaine d’elfe aux armures suffisamment décorée pour laisser deviner leurs rangs respectifs. La décision du noble de Caledor ne faisait pas l’unanimité, il le savait. Ses officiers auraient préféré faire marche arrière pour sauver l’ost, mais le seigneur des Cimes Stellaires était intraitable : il combattrait le chaos sur ces plaines blanches et vaincrait.

-Les humains arriveront demain dans la matinée. Ils ont monté le camp à quelques dizaines de kilomètres d’ici et prendront la route avant l’aube… Mes patrouilleurs confirment leur rapport, au moins cent vingt mille de ces engeances corrompues.

Eranor se leva regardant ses commandants un à un, le visage impassible.

-Nous ne pouvons abandonner le Kislev, l’avenir du vieux monde en dépend. Ils ont l’avantage du nombre, mais la majorité de leurs forces sont mal armées. Ils ne doutent pas de leur victoire et connaissent mal nos forces, je doute qu’aucun de ces hommes n’ait jamais affronté un Asur… Leur folle arrogance sera leur perte.

-La vôtre nous coutera la vie.

Artelion, le commandant des princes dragon, avait une personnalité forte et supportait relativement mal d’avoir dû être placé sous le commandement d’Eranor, bien plus jeune et ayant participé à bien moins de campagne que lui. Il défiait ouvertement les décisions du général Asur à chaque conseil, mais ce dernier ne doutait pas de sa loyauté une fois sur le champ de bataille, son honneur et son amour pour sa patrie dominant le reste. Le sire Dréanoc prit appui de ses mains sur la carte où étaient placées les statuettes représentant ses troupes.

-Peut-être, mais plutôt mourir pour une juste cause que survivre avec le poids de l’abandon sur la conscience.

Eranor se redressa en déplaçant plusieurs statuettes alors que continuaient les discussions stratégiques. Finalement, elles prirent fin alors que la lune était haute dans le ciel et la tente centrale déversa alors ses occupants. Pendant un instant, seuls restèrent Erlendar et Eranor. Le mage lança un dernier regard de supplique puis disparu à son tour alors que le noble restait sur ses positions. Il se sentait vieillir de plusieurs millénaires… Toute sa jeunesse avait été constituée de rêve héroïque et de combat mythique, d’espoir de se retrouver dans la situation d’aujourd’hui… Ce n’était que maintenant qu’il comprenait réellement ce qu’un tel combat signifiait. L’Asur sentait sur lui le poids de la vie de ses camarades, il entendait les pleurent des mères, la douleur des pères et les lamentations de frères de chacun de ses soldats. Ce n’est qu’une fois que l’on obtient la responsabilité d’une vie que l’on comprend son prix… Et en cet instant, il en avait vingt mille entre les mains. Telles étaient les dernières pensées du courageux général avant qu’il ne se laisse capturer par un sommeil agité.

*** Arrière***


Solénior, du haut du léger surplomb où étaient déployées ses batteries de balistes, contemplait le champ de bataille. L’ost Asur avait été placé en échelons afin de couvrir le plus de terrain possible. Son centre, reculé de quelques dizaines de mètres, était constitué de trois mille lanciers protégeant trois mille des archers, aidés du millier de garde phénix tandis que le flanc droit était tenu par le reste des troupes de milice ainsi que par les maitres des épées protégeant la majorité des mages, le reste se trouvant au centre. Cachées par le surplomb, les créatures volantes elfiques attendaient l’ordre de se dévoiler. Au flanc gauche, les patrouilleurs ellyriens et un millier de hommes d’argent attendaient les ordres alors qu’à l’extrême droite, les princes dragon et le reste des heaumes d’argent étaient directement commandés par le général Eranor. L’armée Asur paraissait impressionnante, aussi immaculée que la neige dans laquelle elle attendait en cette matinée ensoleillée, mais l’adversaire s’avérait plus menaçant encore. Les lignes de maraudeur s’étendaient bien plus que le dispositif haut elfe et les terribles créatures dépassant de leurs rangs avaient de quoi faire frémir même les vétérans les plus expérimentés. Le chaos était organisé en deux grands blocs, l’un à l’avent et l’autre à l’arrière. Il aurait suffi de l’un d’entre eux pour submerger les Asurs… La voix du général se fit entendre, portant jusqu’au commandant des balistes, essayant d’amener l’enthousiasme dans ses rangs.

-Il fut un temps où le monde était sur le point de sombrer dans le chaos et la folie… Il fut un temps où le nord crachait continuellement ses démons et ses créatures maudites pour écraser toute vie sur son passage… Et en ce temps, nous, le peuple béni d’Asuryan, avons pris les armes pour préserver l’ordre et la vie. Nous avons levé nos lances et brandi nos épées contre le mal et alors, les démons majeurs eux-mêmes apprirent à nous craindre. Aujourd’hui, les derniers rejetons de ce même chaos dévastateur ont oublié qui nous sommes et se rassemblent de nouveau face à nos rangs argentés ! Alors, mes frères, montrons leur que nous, nous n’avons pas oublié qui nous sommes et que nous n’avons pas perdu la valeur des millénaires passés !

Des acclamations suivirent la déclamation alors que Solénior affichait un léger sourire. Le moral aide toujours à la victoire mais il doutait que cela soit suffisant en ce jour. Le plan du général était audacieux et pouvait fonctionner, mais même alors, la victoire serait incertaine… Pourtant, Solénior et ses balistaires se battraient jusqu’au bout, tout comme le reste de l’armée. Maintenant qu’ils étaient ici, il n’y avait plus de retour en arrière et les Asurs n’étaient pas du genre à abandonner aussi facilement.

Espérant broyer les rangs argentés des elfes, le prince démon fit avancer ses géants, ses trolls et ses terribles carnabrutes à travers la plaine enneigée. Les commandants avaient tous soupçonné ce mouvement et, profitant de l’avantage de choisir le terrain, ils avaient déjà préparé des repères pour leur indiquer à partir de quelle distance leurs tirs seraient le plus efficace possible. Ainsi, les immenses traits des balistes partirent en premier sur les créatures corrompues, s’enfonçant pour une bonne part dans la chaire des monstres. Alors que ces derniers s’avançaient de plus en plus, les traits des archers s’envolèrent, réussissant au final à amenuiser le nombre de créatures de moitié. Alors que l’impact était imminent, les rangs Asurs s’ouvrir, laissant de larges ouvertures à travers lesquelles s’engouffrèrent les monstruosités tout en recevant encore et toujours les projectiles des balistes. Profitant de la stupidité de leurs adversaires qui peinaient à comprendre ce qui se passait, les hauts elfes refermèrent leur piège et frappèrent de toutes parts de leur longue lance les trolls et les géants. Ce fut en cet instant que, dans un grognement de rage, le prince démon lança le premier de ses blocs à l’assaut du dispositif de son antagoniste en faisant s’envoler ses terribles manticores. Aussitôt, Solénior fit un signe de bras et une moitié des balistes se tournèrent vers le ciel et formèrent un véritable barrage de tir de traits plus petit tandis que les créatures volantes cachées par le monticule recouvert de neige prenaient leur envole. Ces nobles créatures mystiques profitèrent du soleil derrière elles pour faucher les manticores réussissant à passer le barrage de projectile avant d’effectuer des suites d’attaques en piquet sur les premières lignes des maraudeurs dans le but de désorganiser leur charge.

Le combat était lancé et la mort réclamait d’ores et déjà sont dû parmi les hommes comme parmi les elfes.
***flanc gauche***
Mandelion considéra la petite victoire Asur avec circonspection. C’était bien joué de la part du général, mais bien nombreux étaient ceux qui s’avançaient désormais et un combat bien plus difficile s’annonçait. L’immense supériorité numérique des adversaires leur ferait tenter un encerclement pensait-il, et avec raison, car trois mille cinq cents maraudeurs montés dirigeaient la meute de chiens du chaos par la gauche, là où le commandant des patrouilleurs se trouvait. Des milliers de maraudeurs à pied suivaient la marche de la cavalerie pour écraser les Asur présent. La neige encore fraiche ralentissait cependant leur mouvement, laissant à Mandelion le temps de mettre en formation serrée sa cavalerie, les patrouilleurs devant et les heaumes d’argent derrière. Il misait sur l’habilité légendaire des patrouilleurs ellyriens pour l’exécution de son plan mais ne se faisait pas d’illusion quant à ses chances de tenir…

Quand Mandelion jugea son antagoniste suffisamment proche, il fit s’avancer ses troupes, d’abord au trot puis au galop, la neige n’étant pas suffisamment épaisse pour empêcher une charge. La meute de chiens et les maraudeurs montés firent de même et s’élancèrent au plus vite contre les Asur. Alors, Mandelion leva son bras et les patrouilleurs tournèrent pour partir à gauche tout en tirant avec leurs arcs sur les hordes de chaotique. Croyant à un mouvement d’évitement, la cavalerie corrompue commença son mouvement vers la gauche, exposant son flanc à la puissante charge des heaumes d’argent positionnés juste derrière les patrouilleurs. Ces cavaliers elfiques s’élancèrent avec toute la puissance de leurs destriers, fauchant les lignes antagonistes comme du blé mûr. Alors, Mandelion fit tournoyer sa lame étincelante dans l’aire et la troupe de patrouilleur se retourna sur ses poursuivants, semant le chaos et la mort dans sa formation déjà meurtrie. Il n’en fallut pas plus pour que les plus influençables des humains commencent à reculer, bientôt suivi par d’autres jusqu’à ce que la troupe entière ne se dépende, prenant la fuite devant ces créatures enragées qui les découpaient aussi facilement que s’ils n’étaient que des enfants.

Des cris de joie se firent entendre parmi les puissants cavaliers Asur et se turent aussi rapidement qu’ils étaient apparus. Derrière la cavalerie en retraite, des milliers de maraudeurs à pied s’en allaient charger les elfes. Mandelion parvint à remettre en position ses frères d’armes à force de cri et d’aller-retour dans ses rangs et, sans attendre que la distance ne soit trop faible, l’envoya charger les innombrables guerriers du chaos. Avec ses compagnons à ses côtés, Mandelion se jeta dans la mêlée pour un ultime combat. Il était né à Ultuan et mourrait pour l’honneur de sa patrie, comme il l’avait toujours souhaité. La fierté de l’île-continent frappa avec une puissance inespérée la marée interminable des maraudeurs du chaos. Ces derniers maniaient hache et épée et étaient très peu protégés, ce qui les rendait particulièrement vulnérables aux cavaliers, privés d’allonge et de quoi briser la charge. Les Asurs en profitèrent sans modération, le commandant ellyrien rassemblant ses elfes pour reculer et envoyer de nouvelles charges aussi souvent qu’il était possible de le faire. Les lances étaient brisées ou bloquées au travers d’un corps transpercés, mais nul n’abandonnait. Guidé par l’enthousiasme de leur première victoire, chacun poursuivait sa lutte avec une rage encore inconnue de ces pitoyables humains qui avaient cru pouvoir se lever face aux forces légendaires des Asurs.

Le cœur brulant d’une ardeur qu’il n’avait jamais connue, Mandelion coupa la tête de l’humain pétrifié par la surprise à sa droite alors que son pur-sang écrasait de ses sabots le crâne d’un autre adversaire s’étant jeté au sol pour esquiver un autre cavalier. Lui-même n’avait pas soupçonné être capable de faire tant de ravage. Faisant tourner sa monture pour préparer une nouvelle charge il envoya de nouveau sa lame trancher la chair d’un ennemi de plus qui tomba en faisant virer la neige au rouge. Il fit quelques mètres, accompagnés des siens (ayant subi bien peu de pertes) puis retourna avec violence dans la mêlée, piétinant et coupant tout ce qui osait se dresser contre lui. Voulant répéter la manœuvre, il aperçut les troupes rapides qu’il avait fait fuir. Les maudits s’étaient ralliés et avaient profité du combat que les Asur menaient contre l’infanterie légère chaotique pour contourner la formation par la gauche. « Patrouilleurs, avec moi ! » hurla-t-il alors, faisant lever la bannière d’Ellyrion proche de lui. Il chargea ainsi les maraudeurs montés, laissant derrière lui les heaumes d’argent pour affronter seuls l’infanterie. Mandelion repéra un homme tatoué et particulièrement musclé, portant deux haches décorées et ensanglantées qui aboyaient des ordres. Sans attendre, il prit sa direction pour le défier. Il était sans conteste leur chef et le commandant elfe ne voyait son salue que dans la mort de cet homme.

« Viens donc te mesurer à la mort si tu t’en crois capable, humain misérable ! » lança l’elfe d’Ellyrion, provoquant un rictus de son adversaire suivi d’un grognement bestial. Des maraudeurs s’écartèrent, laissant la place aux deux duellistes pour se charger mutuellement. Les haches de l’humain fendirent le ciel pour ne rencontrer que la solide lame de l’Asur, qui répliqua avec célérité d’un revers d’épée, esquivé de peu. L’affrontement continua tandis que les montures se tournaient lentement autour. Les haches trouvaient toujours l’épée sur leur chemin et la lame ne parvenait qu’à infliger de maigres estafilades sur le corps de l’humain. L’une des armes humaines finit par frapper de haut en bas, finissant aisément déviée, tandis que l’autre s’abattait sur le flanc gauche de l’elfe qui ne put ramener sa lame à temps. L’arme traversa son armure et se ficha dans la chair de l’elfe qui laissa échapper une exclamation de douleur, mais la hache avait été trop ralentie par l’armure pour que la blessure ne soit mortelle. Le chef humain voulut retirer son arme de la blessure, mais elle s’avéra bloquée, laissant une seconde de déconcertassions que Mandelion utilisa pour trancher le bras de l’importun. Avec une moue mélangeant étonnement et douleur, le maraudeur contempla son adversaire et ne put que constater sa défaite lorsque l’épée elfique détacha sa tête du reste de son corps, faisant voler une gerbe de sang sur le blanc de la neige.

La sueur dégoulinant de son front, Mandelion profita du répit qui lui était offert pour dresser un bilan de la situation. Le sol était jonché de cadavre et l’épuisement gagnait les rangs Asur. Il était devenu impossible de charger tout en gardant la formation et les patrouilleurs se faisaient littéralement submerger par les humains qui attaquaient par le flanc. Monopolisant les forces qui lui restaient, l’ellyrien fit tourner sa monture et rejoignirent ses rangs tout en criant : « Retraite ! Sonnez la retraite ! Reculez en formation ! » Puis il héla un patrouilleur « Allez chercher Eranor ! On ne peut plus tenir, on a besoin d’aide ! ». Les elfes étaient obligés de céder, Mandelion savait que l’armée risquait alors l’encerclement et la destruction, mais rester sur place reviendrait à se faire massacrer… Tout reposait sur les épaules du général Eranor Dréanoc désormais.
***centre***
« Reformez les rangs ! Maintenez la formation et préparez-vous à l’impact ! » Baelis avait pu constater avec bonheur que son appréhension n’était pas fondée. Le piège contre les géants et les trolls avait fonctionné avec des pertes minimes de son côté. Mais la joie fut de courte durée car les maraudeurs s’étaient mis en mouvement… Observer près de soixante-quinze mille hommes s’avancer vers soi quelque chose de particulièrement affolant et il devait agir au plus vite pour que ses unités subissent la charge dans les meilleures conditions possibles. Et même alors, il n’était pas certains que la formation ne tienne bien longtemps… La plupart des ogres du chaos s’avançaient contre lui et Baelis distinguait le mouvement des chiens du chaos dirigés par au moins trois mille cinq cents maraudeurs montés visant à contourner son flanc gauche pour encercler les elfes. Le millier de heaume d’argent et les quelques deux-cent patrouilleurs ellyriens se tenaient prêts à bloquer la manœuvre mais ils ne tiendraient pas longtemps face à tant d’ennemis…

« Abaissez les lances ! » L’impact était imminent, plus que quelques secondes… « Pour Asuryan et pour Ulthuan ! » Les maraudeurs couraient par milliers et vinrent s’écraser contre les lanciers elfiques. Les lances frappèrent avec célérité et précision, fauchant des ennemis par centaines avant même qu’ils n’arrivent à porter un coup, mais à chaque humain tombant avec un bruit étouffé dans la neige fraiche, deux autres lui succédaient en hurlant de plus belle. Les ogres avaient pris pour cible les gardes phénix encadrant les lanciers, croyant pouvoir balayer ces soldats en quelques instants. Leur méconnaissance les conduisit à un prompt trépas, les hallebardes tranchantes comme des rasoirs découpaient les lourds guerriers corrompus avec une facilité étonnante et les flèches des archers avaient des cibles faciles en ces monstres de grande taille.

Les guerriers du chaos se jetaient dans la mêlée comme des gobelins courant à l’abattoir. La formation serrée des lanciers leur permettait de frapper sur trois rangs et la taille de leurs lances conjuguées à l’agilité naturelle des elfes faisait que la plus grande partie d'assaillant finissait transpercée avant même de s’approcher des miliciens elfiques. Pourtant, la rage du combat et la soif de sang des soldats humain paraissaient sans limite. Ils continuaient inlassablement à charger et à se jeter à leur propre mort, jusqu’à ce que certains parviennent à frapper les solides boucliers Asurs, protégés des pointes par les cadavres de leurs camarades défunts. Mais les bras ne failliraient pas, le premier rang en vint à laisser tomber ses lances et à dégainer ses lames forgées avec finesse. Chaque elfe pouvait abattre deux humains, mais, toujours, un troisième arrivait et d’autres encore se bousculait derrière lui. Baelis, en première ligne, continuait le massacre, tranchant et découpant tout ce qui avait l’audace de s’approcher de lui. Il surveillait le plus souvent possible les flancs de sa troupe, assaillis par les unités d’ogre du chaos, mais les gardes phénix tenaient ferme, tombant ou tuant sans mot dire et sans ne jamais ne serait-ce que frémir face à leur sort. Ces élites avaient l’aide des bataillons d’archers qui criblaient de flèche les cibles faciles offertes par les ogres et les aigles ainsi que les phénix restant avaient permis de faire reculer l’assaut des monstruosités engendrées par le chaos.

Le corps-à-corps durait encore et encore. Baelis savait que ce n’était qu’une question de temps avant que le flanc gauche, tenu par les cavaliers sous les ordres de Mandelion, ne cède face au flot interminable d’ennemi. Alors, il ne pourrait tenir son corps d’armée, qui serait broyé par un étau mortel. De même, ses lanciers finiraient inévitablement par s’épuiser alors que de nouvelles troupes fraiches affluaient en continu du côté de l’adversaire. D’ailleurs, un nouvel arrivant tenta d’assaillir Baelis par sa gauche, ne recevant comme récompense qu’un prompt coup d’estoc venant transpercer sa poitrine et ressortir par son dos. Mais à peine le commandant elfique eut le temps de retirer son arme qu’un « Attention messire ! » fusa et le vétéran fut projeté au sol. Baelis se releva promptement pour découvrir un ogre, reliquat des restes du bataillon perdu dans les lignes, dont l’énorme masse venait de littéralement défoncer le crâne du porte-bannière qui s’était élancé pour sauver son officier supérieur. La bannière chût devant les yeux stupéfaits des lanciers dont le moral commençait à fluctuer. Voyant ses troupes perdre lentement tout espoir de survie face à cet océan d’ennemi, Baelis se débarrassa de son bouclier et se jeta sur la bannière du seigneur Dréanoc tandis que l’ogre écrasait un pauvre malheureux tentant vainement de se protéger de son bouclier.

« Tenez bon mes frères ! Tenez-bon, par Asuryan ! Nul ne peut s’opposer à la colère de Caledor ! » Hurla alors Baelis tout en brandissant bien haut la bannière de la maison Dréanoc représentant un dragon s’enroulant autour d’un phénix. L’ogre fut instantanément attiré par les appels de l’officier Asur et envoya sa masse du haut vers le bas pour écraser l’importun, mais celui-ci fit un petit bond de côté, évitant la lourde arme tribale. Baelis lança alors sa lame dégoulinante de sang dans un arc de cercle mortel qui traversa le gras de son ennemi sans le blesser sérieusement. L’ogre tenta alors de balayer l’espace devant lui avec un beuglement, mais ne trouva que le vide laissé par un pas en arrière du commandant haut elfe, qui répliqua par une nouvelle entaille de bas en haut qui fit gicler le sang à nouveau. Une nouvelle tentative d’écraser son opposant fut un échec et la pointe de l’épée elfique vint percer le flanc de la créature. Celle-ci lança alors son bras gauche vers l’elfe, l’attrapant avant qu’il ne puisse retirer son arme. Il jeta sa masse et l’agrippa de sa seconde main sous les épaules, soulevant l’Asur à la hauteur de sa tête. Baelis, étouffé par l’étau des poings de l’ogre, agrippa la bannière de ses deux mains et enfonça le bois renforcé d’acier dans l’œil de son opposant. Ce dernier hurla, lâchant l’elfe par réflexe. Alors, Baelis retira la bannière et la planta de nouveau dans la blessure, encore et encore jusqu’à ce que l’ogre s’effondre sur le dos et que l’Asur se trouve debout sur le cadavre, appuyé sur la bannière profondément enfoncée dans la tête de son ennemi.

Baelis enleva sa lame encore enfoncée dans le flanc de l’ogre et porta la bannière haute au-dessus de lui. Malheureusement, son combat l’avait sorti des lignes et l’avait avancé parmi l’ennemi et ce dernier ne se priva pas de lui faire remarquer. Un maraudeur sauta sur l’Asur qui parvint in extremis à parer l’attaque avant de tuer l’humain, bien vite remplacé par deux autres. Le premier n’eut même pas le temps de porter son attaque avant de succomber mais le second parvint à planter son arme dans la cuisse du preux commandant. Baelis se vengea en éventrant l’impudent, mais la hache d’un nouveau maraudeur vint frapper de son tranchant son ventre. L’acier traversa son armure et se ficha profondément dans la chaire, faisant mettre un genou à terre à Baelis. Dans un ultime effort, il envoya sa lame dans un coup d’estoc qui transperça son antagoniste puis son bras tomba, incapable de ne soutenir ne serait-ce que son poids. Haletant, Baelis considéra les cadavres entassés sur la neige, ses frères d’armes qu’il rejoindrait bientôt. Il attendait qu’une arme humaine vienne en finir de lui, un genou à terre, ne tenant en position qu’avec l’aide de la bannière pleine de sang, mais un vent de panique semblait souffler dans les rangs du chaos alors que les Asur avançaient d’un pas ferme. Quelque chose s’agitait au loin… Mais un voile noir tombait lentement sur la vision de Baelis et, après une ultime expiration, il chût dans la neige baignée de sang.
***flanc droit***
Erlandar voyait le début du plan d’Eranor s’effectuer sans accroc. Les forces du chaos s’étaient certainement attendues à une victoire facile et, comme tout adversaire dans ce cas, avaient grandement sous-estimé la résistance elfique. Mais il y avait matière à penser que le prince démon ne se ferait pas avoir une seconde fois aussi facilement. Le premier bloc de maraudeur s’avançait déjà vers les lignes elfiques, empli de rage et assoiffé de sang. La majeure partie des déchus se tenait face aux troupes autour du mage, prêts à en découdre, et déjà les vents de magie s’agitaient. Les soldats hauts elfes allaient mener un combat difficile, mais il ne se déroulerait pas que sur le plan physique. Erlandar savait les mages du chaos deux fois plus nombreux que leur vis-à-vis elfique et leurs pouvoirs dévastateurs pourraient mettre un terme à tout espoir de remporter le combat. Aussi avait-il exhorté à ses disciples de ne pas essayer de jeter de sort offensifs dans le but de monopoliser le plus de puissance possible contre la magie démonique. Les armées n’étaient toujours pas au corps-à-corps que de brutaux déchainements des vents de magie se firent sentir par les mages. Aussitôt, Erlandar s’affaira, avec l’aide de ses confrères, à défaire le travail des chaotiques, défaisant leurs sorts comme l’on enlève file par fils ce qui constitue une tapisserie.

L’archimage était si concentré qu’il ne remarqua qu’à peine que les chaotiques avaient heurtée les lignes de lanciers et de maitre des épées des Asur. Les deux tiers de ces formidables guerriers étaient sur le flanc droit de l’ensemble elfique, protégeant les mages, le reste couvrait le flanc gauche et empêchait tout encerclement. Le positionnement en échelons des forces elfiques s’était révélé très efficace contrairement à ce que l’intuition aurait tendance à faire croire. Le centre était en retrait et espacé de plusieurs dizaines de mètres du flanc droit, mais la brèche laissée était en vérité inexploitable. Que des forces essaient de prendre à revers les maitres des épées en profitant de l’espace creux et elles exposeraient leur flanc aux terribles gardes phénix ainsi qu’aux tirs de baliste et d’archer. Que ces mêmes forces essaient de s’enfoncer plus pour prendre à revers les gardes phénix et elles exposeraient cette fois leur arrière aux maitres des épées qui se feraient un plaisir de démontrer leur talent extraordinaire tout en se trouvant en ligne directe avec les archers du flanc droit. Les Asur avaient alors pu étendre leur ligne au-delà de ce que leur nombre leur permettait, rendant tout encerclement global plus complexe à mener.

Mais cette position n’empêchait pas le chaos d’envoyer une bonne partie de sa cavalerie s’occuper du flanc gauche, ça, Erlandar l’avait repéré malgré la concentration constante que lui demandait sa tâche cruciale. Contre les cibles peu protégées que donnait le chaos, les maitres des épées se révélaient d’une efficacité remarquable. À chacun de leur coup ou presque, un homme s’écroulait, un membre en moins ou le ventre ouvert et l’adversaire suivant n’avait qu’à peine le temps d’approcher avant de subir le même sort. C’était une véritable muraille de lames virevoltantes que les Asurs formaient. Ceux qui affrontaient les lanciers, quant à eux, peinaient à s’en approcher, devant pénétrer un mur de pointes aussi aiguisées que des rasoirs avant d’approcher d’un elfe protégé du bouclier de son camarade. Si la situation semblait favorable, Erlandar n’était pas dupe, les elfes finiraient par fatiguer et par ployer sous le nombre comme la roche finit par s’écrouler sous l’érosion de l’eau. Tout n’était qu’une histoire de temps. Profitant d’une brève accalmie, Erlandar jeta un coup d’œil dans la direction du flanc gauche, espérant qu’il puisse tenir la cavalerie qu’il avait vue se jeter sur lui. Distinguant ce qui lui semblait être une anomalie, il fit s’élever la terre sur laquelle il reposait prenant une soixantaine de centimètres de hauteur pour constater avec appréhension que les cavaliers de Mandelion allaient se retrouver à engluer dans un combat contre des milliers de maraudeurs tandis que s’en rassemblaient d'autres derrière, ralliés par leur chef soufflant dans une corne sans discontinuer.

Alors, Erlandar su qu’il devait tenter le tout pour le tout. Sans son aide, les mages ne parviendraient certainement pas à maintenir l’ascendant sur leurs homologues chaotiques, mais l’armée serait entièrement détruite s’il n’agissait pas pour aider le flanc gauche en difficulté. Tout en se reposant au sol, l’archimage commença son incantation, ressemblant autour de lui les huit vents de magie. Il les manipulait comme un peintre, ses pinceaux, il les tressait avec minutie et élégance jusqu’à obtenir le résultat qu’il espérait. Enfin, il envoya toute la puissance qu’il avait accumulée vers le flanc gauche. Il s’était attendu à devoir outrepasser les dissipations adverses, mais à la place de manipulation des vents, il sentit ces derniers affluer avec une force inespérée autour de lui. Une puissante brise accompagnait son sort, se mêlant à lui avec grâce pour transformer la beauté même en une magnificence telle qu’on en voit qu’une fois dans sa vie. Irrésistible, le sort parti, insufflant la force d’Asuryan en personne dans les cœurs des Asurs formant le flanc gauche. Satisfait, Erlandar ne pouvait plus que contempler les charges répétées des elfes, écrasant tout sur leurs passages et survivant aux blessures qui auraient été fatales à un être normal.

Eranor, quant à lui, n’avait pas attendu que les géants du chaos ne chargent pour débuter son mouvement. Il avait lancé les princes dragon et le millier de heaume d’argent qui l’accompagnaient au trot vers la droite. Le prince démon avait repéré sans peine la position et le déplacement du général elfique et avait positionné ses deux mille cavaliers du chaos et ses deux mille autres maraudeurs montés en face des princes dragon. Ces troupes s’étaient mises en mouvement en même temps que les Asurs pour empêcher toute tentative d’encerclement et furent prestement suivies d’une dizaine de milliers d'autres maraudeurs. Eranor continuait cependant d’avancer, étirant les lignes toujours plus tout en gardant un œil sur ceux qui suivaient son mouvement parmi ses adversaires. Derrière lui, les corps-à-corps s’étaient déjà lancés et le second bloc constituant l’arrière de l’armée du chaos s’était mis en marche pour épauler l’avant qui s’était heurté à plus de résistance que prévue. Pourtant, Eranor continuait de trotter plus à droite encore. Les chevaliers chaotiques avaient entrepris de se rapprocher lentement pour préparer une charge sur le groupe du général Asur mais, inlassablement, il continuait vers la droite jusqu’à ce qu’enfin arrive ce qu’il attendait.

Le seigneur des Cimes Stellaires avait tant et si bien étiré les lignes qu’une brèche était apparue entre le centre et le flanc gauche du dispositif du chaos, laissant un espace libre entre Eranor et le prince démon. Le général leva le bras et le cor des princes dragon sonna, alors se dévoila le plan du noble Asur. La totalité de la cavalerie pivota et partit au galop en direction de la brèche alors que se dévoilaient les guerriers fantômes, caché depuis le début de la bataille par la cavalerie. Ceux-ci chargèrent les cavaliers du chaos et les maraudeurs montés qui, pris par surprise, ne purent réagir pour bloquer celle des Asur. Comprenant la menace, les maraudeurs à pied essayèrent de bloquer la puissante charge mais des groupes de heaume d’argent régulièrement détachés du gros de la troupe chargeaient les humains désorganisés qui s’échinaient tant bien que mal à refermer la brèche.

Des unités du second bloc parvinrent enfin à se placer sur le chemin de la puissante cavalerie elfique pour essayer de stopper son avancée. Dans celles-ci, l’un des mages chaotiques se trouvait et ressentait l’emprise des Asur sur les vents de magie s’affaiblir. Il voyait là une fenêtre d’action pour envoyer sa puissance réduire en miettes ces elfes prétentieux qui osaient défier la domination des dieux du chaos. Rassemblant ses forces, il commença son incantation, attrapant les énergies des vents de magie qui l’entouraient et les faisant fusionner pour en tirer une force dévastatrice. Avant même que la menace ne se rapproche trop, il envoya sur elle toute sa haine et sa cruauté sous la forme d’une immense boule enflammée aux reflets verdâtres. La création du Dhar frappa les cavaliers de plein fouet dans une gerbe de flammes et de fumée. Un rictus moqueur apparut alors sur le visage déformé du mage, voyant l’ultime baroud d’honneur des elfes vaincu si facilement. Mais il disparut aussi vite qu’il n’était apparu alors qu’un reflet étincelant du soleil sur la lame du général Dréanoc, en première ligne, traversait la fumée qui se dissipait. La dernière chose que le monde se souviendrait de lui serait sa peur mêlée à son incompréhension alors que la lame d’Eranor découpait son crâne en deux et que les fiers princes dragon écrasaient les lignes des maraudeurs.

Les hommes faisaient de bien piètre adversaire face aux meilleurs chevaliers du monde connu, succombant par dizaines sous les armes scintillantes du peuple d’Ulthuan. La stupeur avait fait son effet, l’armée adverse commençait à se désorganiser, les cavaliers chaotiques essayaient de se désengager de leur combat contre les guerriers fantômes pour attaquer les soldats sous le commandement d’Eranor et la résistance s’affaiblissait. Eranor cria un ordre au sonneur de cor à ses côtés, trois coups retentirent et une moitié des princes dragon, sous le commandement d’Artelion, se rabattit vers les ennemis qui avaient engagé le combat contre la partie du flanc droit Asur tenue par Erlandar. Les humains n’eurent même pas le temps de former une ligne correcte avant que le choc ne renverse les premiers rangs tandis que les troupes à pied elfiques commencèrent à se mettre en marche. La formation qui s’était placée entre Eranor et le prince démon céda, laissant le noble général partir au galop avec plus d’un millier de prince dragon en direction du commandant démoniaque, uniquement protégé par ses gardes d’élite. Mais il ne put que constater avec rage que le démon avait déjà commencé à reculer, rappelant le maximum de ses troupes pour les sortir de ce carnage et affronter l’elfe en un jour plus propice. Eranor se lança alors à sa poursuite pour en finir une bonne fois pour toutes, mais un patrouilleur illyrien, blessé et les armes couvertes de sang, vint le haler. « Mandelion ne tiendra pas plus longtemps, il a besoin d’aide ou son unité entière va se faire massacrer mon général ! ».

Avec un juron, Eranor arrêta ses cavaliers et prit un instant pour observer le champ de bataille. Sur le flanc droit, les maraudeurs étaient en déroute. Les cavaliers du chaos faisaient une retraite pour rejoindre leur commandement et ceux qui avaient attaqué les forces d’Erlandar se faisaient massacrer par l’avancée des soldats et les charges des princes dragon. Au centre, l’intégralité des unités provenant du second bloc des maraudeurs reculait, abandonnant à la mort ceux du premier bloc qui n’étaient pas parvenu à percer les lignes Asur. Celles-ci s’étaient mises en marche et la panique s’était emparé des survivants du chaos, qui refluaient en tous sens. Sur le flanc gauche, une moitié des forces en présence suivait les ordres de son général et reculait, mais ceux qui continuaient la lutte mettaient à mal les troupes de Mandelion, gardant une large supériorité numérique. Eranor ne pouvait se résoudre à abandonner les siens et mena ses chevaliers elfiques en direction du flanc gauche de son armée pour retomber sur l’arrière des hommes du chaos. Revigorées par l’apparition de leur général, les forces du flanc gauche soutinrent la contre-attaque de l’Asur par une dernière charge, dévastant les rangs humains qui, voyant le reste de l’armée les abandonner et leur arrière se faire massacrer, sombrèrent dans la panique.

Le bras d’Eranor était en feu à force de tailler dans les troupes ennemies mais il continuait inlassablement son œuvre, galopant entre les corps des morts. Mais sa monture finit par glisser sur un tas macabre de corps ensanglanté, faisant choir dans le rouge sanguinolent de la neige le général Asur. Il se releva néanmoins sans peine et sans blessure, la chute ayant été amortie, mais se retrouva nez à nez avec un humain portant une armure du chaos complète et un lourd espadon. Ce champion bouillait de colère face à la fuite des siens et continuait son carnage, les forces décuplées par sa rage infernale. Il chargea l’Asur, l’arme haut au-dessus de lui et la lança en direction de son antagoniste. Eranor fit un rapide pas de côté, évitant la lourde lame et en profita pour effectuer une attaque de taille avec son épée décorée, qui ne put que ricocher sur l’épaisse armure du soldat du chaos. Aussitôt, avec un grognement rageur, ce dernier releva son arme et la fit tournoyer mais l’Asur intercala son épée sur la trajectoire, faisant glisser l’espadon qui termina sa course dans la neige. D’un revers, Eranor fit ricocher une nouvelle fois son arme sur l’armure du chaos, incapable de la traverser. Le combat dura encore une poignée de minutes, l’un ne parvenant pas à percer la défense de l’autre qui ne pouvait enfoncer son armure. Mais finalement, profitant de ce que le champion du chaos relevait son arme pour frapper de toutes ses forces, Eranor envoya la pointe de son arme juste sous le casque de l’ennemi. L’épée traversa le cou de l’adversaire, juste entre le casque et le plastron, et fit gicler le sang jusqu’à l’armure de l’elfe. Pendant quelques secondes, l’humain resta debout, gargouillant dans son propre sang, essayant de lancer tout de même son impressionnante arme sur le général elfique, puis il s’écroula sur le dos, retirant par la même l’épée qui était plantée dans sa gorge. En avant, des cavaliers Asur avançaient pour rejoindre leur commandant, tout autour, les guerriers du chaos fuyaient pour tenter de sauver leur vie. Le combat arrivait à son terme.
***
L’ambiance au camp était bien différente cette fois. Les troupes fêtaient cette victoire inespérée face à un ennemi en large supériorité numérique et le coucher de soleil s’accompagnait de joie plutôt que d’appréhension. Pourtant, comme lors du jour précédent, Eranor était assis devant une carte, attendant la venue de son corps d’officier. Ce n’était qu’une bataille de gagnée, une belle bataille certes, mais pas celle qui sauverait l’empereur humain assigné et le Kislev aux abois. Les pertes du côté des elfes étaient étonnamment faibles, dans les deux-cent cinquante tuées et mille cinq cents blessés, tandis que près de trente mille humains gisaient sur la neige, entouré de la majorité des créatures géantes corrompues qui s’étaient avancé sur l’armée Asur. Mais les survivants qui étaient parvenu à fuir étaient encore nombreux et au moins les deux tiers étaient avec le prince démon, de retour vers le siège et encore d’autres forces démoniaques. Enfin, les officiers arrivèrent dans la tente d’Eranor, leur nombre réduit d’un quart et un autre quart couvert de bandage sanguinolent.

-Nous ne devons pas nous attarder ici. Si nous faisons assez vite, nous pourrons rattraper les forces du prince démon avant qu’elles ne rejoignent leurs alliés du siège, et ainsi affaiblir la pression du chaos sur l’empereur humain. Avec l’aide des troupes venant du sud…

-Les troupes n’iront pas plus loin. La voix d’Artelion avait provoqué un silence pesant. Vous avez remporté une magnifique victoire aujourd’hui, seigneur Dréanoc, mais continuer à avancer reviendrait à suicider nos frères sur encore plus de troupes du chaos, et pas contre des maraudeurs cette fois. J’ai fait un rapport de la situation à la cour du roi phénix, et il m’a accordé le commandement de l’armée pour un repli en ordre jusqu’au navire. Nous rentrons.

-Je ne rentrerais pas ! Continua Eranor en se levant avec colère. Quoi que dise le roi phénix et quelles que soient vos magouilles politiques, l’empire des hommes a besoin de nous ! Je n’abandonnerais pas nos alliés à une mort certaine aux mains du chaos ! L’empire tout comme le Kislev ne doit pas tomber pour le bien de tous et jamais je ne reculerais !

-Vous pouvez soit rentré avec l’armée et être accueilli en héros sur Ulthuan, soit vous jeter au-devant d’une mort certaine et de l’oubli de votre nom dans un combat perdu d’avance, à vous de choisir…

-Mon choix est fait, dès demain, je marcherais sur l’armée démoniaque, avec ou sans le consentement de la cour. La survie de nos alliés dépend de nous, ne l’oubliez pas ! Eranor lança un regard à chacun de ses officiers, cherchant leur soutient dans son combat. Mais tous reculèrent, ne laissant que Solénior, le maitre des balistes, et Mandelion, dirigeant le peu de patrouilleur restant et les heaumes d’argent. Avec tristesse, le général regarda droit dans les yeux son ami Erlandar, mais celui-ci secoua la tête.

-Je ne peux pas regarder mes camarades se jeter dans une mort certaine… Rentrer, c’est l’unique solution…

L’aube se levait sur l’armée, prête à se mettre en marche. Pourtant, le gros des troupes reculait, ne laissant que deux mille heaumes d’argent et quelques balistes au seigneur des Cimes Stellaire, continuant son chemin vers ses alliés assiégés.
Pour ceux qui l'auraient repéré, la tactique employée et les chiffres en présence proviennent également d'une bataille irl connue, tout comme dans le cas de Krieg ^^ (enfin, j'ai tout de même divisé les chiffres par deux...)
Eranor Dréanoc, Voie du noble elfe (sous voie du noble)
Profil: For 8 | End 8 | Hab 11 | Cha 12 | Int 10 | Ini 10 | Att 12 | Par 12 | Tir 9 | NA 1 | PV 60/60
Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... or_dreanoc
Equipement :
-Plastron en plaques légère (10 protection [torse et dos], -2 HAB, -1 ATT et PAR)
-Bouclier elfique (6+1d6 dégâts, 18 parade, déstabilisant)
-Épée longue elfique (16+1d8 dégâts 13 parade)
-Heaume elfique orné d'un rubis (9 protection [tête], -1 HAB, tout adversaire se trouvant face au porteur doit relancer le jet de dégâts de son arme et garder le moins bon)
-Jambières en plaque légère (9 protection [jambes], -1 HAB)
-Brassards en acier bleu (8 protection [bras], -1 HAB)
-Gantelets en acier bleu (8 protection sur les mains [+ poignets], pas de malus)

Protection totale :
-tête : 9
-jambes : 9
-torse et dos : 10
-mains et bras : 8

Compétences :
Acuité visuelle
Autorité
Vision Nocturne
Monte (cheval)
Volonté de fer
Arme de prédilection (épée)
Alphabétisation
Éloquence
Connaissances Tactiques
Parade

Profil avec malus/bonus :
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Hans Ottweiler
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Re: [Concours] La Bataille

Message par Hans Ottweiler »

[align=]Il y a longtemps sur la terre des fils de Sigmar...


Aussitôt qu'on eut annoncé leurs noms Erek Snorrisson le sévère entra dans la tente au côté du fils de son roi. A l'intérieur du grand pavillon, se trouvait déjà réuni la totalité de l'état major du comte électeur. Cela contraria le vieux général nain et réveilla sa méfiance qui n'était jamais loin. Ils étaient parfaitement à l'heure pour le conseil de guerre, comme il sied à un être de parole, mais la réunion avait manifestement déjà commencé depuis longtemps.
Les officiers humains s'interrompirent à leur entrée et même s'ils les saluèrent certain avait du mal à cacher leur embarra ou même à soutenir leurs regards. Au centre de l'assemblée, debout devant le trône qu'il avait lentement daigné quitté, Willem Hagen Hoenohm, grand-duc du Talabecland, Bien-aimé de Taal, Margrave de la Marche Orientale, les regarder avec nonchalance et un air vaguement amusé. Erek avait connu le père du noble et tenta de trouver des similitudes entre le puissant monarque barbu, qui avait mérite sa sympathie et son respect et son rejeton imberbe, couvert d'un pourpoint délicat et sans arme au milieu d'un camps militaire. Le nain pensa qu'il aurait personnellement préféré se trancher un bras plutôt que d'avoir un fils aussi dissemblable de lui.
Entouré de guerriers les deux jeunes aristocrates se saluèrent sans chaleur: les tentions financières ressentes dû au changement de politique du nouveau grand duc avaient refroidi l'ancienne cordialité qui régnait à la cour de son défunt père. Malgré leur désaccord douanier, le roi Morhold de Karak-Kadrin avait envoyé son fils cadet soutenir les troupes de l'électeur impérial, lorsque Kornik trois-doigts avait une nouvelle fois franchi les cols. Le clan de l'ours brun avait été chargé d'accompagner la royale progéniture sur les terres des hommes et Snorrisson en tant  que Thane avait pris la tête de ses guerriers, renforcé par une foule de volontaires d'autres clans, que la jeunesse rendaient aventureux.


Le connétable de Talabheim résuma la situation, le seigneur de guerre orque avait lancé une nouvelle guerre d'aventure dont sa race était passé maître. Les troupes peaux-vertes avaient franchi les montagnes du bord du monde et avaient traversé l'Ostermark en début d'automne. Contrairement à ses raids prétendants Kornik s'était plus profondément enfoncé dans l'empire et avait hiverné dans la ville de Krugenheim qu'il avait mis a sac ainsi que les régions avoisinantes, vassal de l'électeur Willem. Au printemps il avait commis sa première erreur, car plutôt que de repartir directement avec son butin, il avait tenté de doubler la mise et s'était attaqué à la ville de Tauer. Les habitants avaient profité de l'hiver pour mettre leur localité en défense et avait vaillamment résisté. Le pillard avait donc dû lever le siège afin d'échapper à l'ost du Duc enfin rassemblé. Faisant le pari que les orques remonteraient la rivière Stir pour renter chez eux, les troupes humaines avaient fait mouvement pour leur couper la retraite.
L'avant-veille les éléments avancés s'étaient accrochés à l'avant-garde ennemie. Les deux camps avaient regroupé leurs unités éparpillées par la marche en prévision de la bataille maintenant inévitable. Demain, on enfilerait son armure et on ferait payer cher à l'adversaire sa témérité.


-Les rapports des éclaireurs estiment les forces orques inférieurs aux nôtres. Conclut Hulf von Altenbourg, grand maître de l'ordre des traqueurs de Taal. Néanmoins, mes seigneurs, je vous remet en garde contre le danger d'une trop grande assurance, notre ennemi est rusé et la défaite de sa dernière expédition ne l'a pas empêché de recruter encore plus de tribu pour ce nouveau raid.

-Rassurez vous, votre grâce, enchaîna trop rapidement le jeune grand-duc. Tous ici sont parfaitement conscients des risques. De plus, je rappels pour nos alliés que la stratégie mit en place vise à mettre une fin définitive à la carrière de ce Kornik.

-Votre excellence, demanda Erek Snorrison, Je préconise d'attaquer directement le bagage de ces créatures pour pouvoir secourir au plus vite les nombreux prisonniers. Si l'assaut est porté avec détermination cette échéance maudite ne pourra pas facilement s'en prendre à eux en représailles. Je me porte volontaire pour ouvrir la voie avec mon clan.

-Je vous remercie, noble Thane. Répondit embarrassé le connétable, confirmant les soupçons du général nain. Mais le plan de bataille est déjà arrêté.

-Nobles kazalids, poursuivit de sa voix de jeune fat le comte Willem, mon artillerie est encore embourbée à plusieurs lieux, vos canons sont les seuls dont je disposerais probablement demain. J'ai donc besoin que vous les disposiez à un endroit précis et que vous vous assuriez qu'ils puissent tirer le plus longtemps possible.


Heinrich de Hulmbourg, un beau chevalier de l'hôtel de l'électeur impérial désigna une carte disposée sur la table.


-Les peaux-vertes suivent la voie de halage de la rivière. A deux lieu d'ici, le cour d'eau forme une double boucle, avant de reprendre son axe, vous devrez vous déployer dans la hanse et formerez l'aile gauche de notre ligne de front qui sera disposé perpendiculairement à la Stir. Les méandres vous couvriront le flanc et l'arrière, les milices rurales seront à votre droite sur l'extrados de la rivière et protégeront la continuité de notre dispositif. Vos tirs fixeront l'ennemie et notre flanc droit frappera ses troupes de flanc les écrasant contre le cours d'eau infranchissable.


Le vieux nain fronça les sourcils


-Notre arrière est entouré par cette même eau infranchissable, si vos miliciens sont repoussées, toute retraite sera coupée pour mes soldats et nous serons isolés du reste de l'armée


Le général en chef vint au secoure de ses officiers hésitants


-Vous êtes les plus à même de tenir ces positions ...Hautement stratégique, vos bouches à feu y feront merveille. De plus, la route suivant la rivière facilitera l'arrivée rapide des réserves.

-Mes seigneurs, clôtura le gonfalonier Tosten le rouge. Nous avons tous nos ordres, vos troupes devrons être en position une heure avant l'aube. Anéantissons cette vermine, reprenons leurs nos richesses et nos gens. Pour l'empire, pour Taal et pour Sigmar.


Jour de la bataille. Une heure avant l'aube.


Erek parcourait à la lueur des lanternes ses toutes nouvelles positions. La Stir effectuait un large méandre dont la zone d'étranglement faisait quelque trois cents pas, le Thane y avait disposé ses troupes. A l'avant, rangé sur quatre rangs se tenaient ses guerriers, les plus vieux et les plus lourdement armurés en première ligne, de part et d'autres des combattants, les valets s'activaient à disposer des pieux, des troncs d'arbres et de larges panneaux d'osier pour bloquer le chemin de halage derrière cette épaisse barrière improvisée les arquebusiers et arbalétriers encordaient et chargeaient leurs armes. Les volontaires des autres clans attendaient calmement à l'abri d'un petit bosquet quelques deux cents pas en retrait, une éventuelle faiblesse dans la ligne pour intervenir. La totalité du train était disposé en cercle sur la plage au centre du méandre de telle sorte qu'il constitue un taudis de repli. Les serviteurs, conducteurs et domestique y étaient regroupés.

Le terrain était mauvais, quatre cents pas devant un talus et une ravine masquaient la vue, les effectifs des unités ennemies seraient difficiles à évaluer. La route d'accès étant bordé d'arbre. L'absence de véritable relief ne permettait pas de disposer l'artillerie en batterie, le général nain avait donc disposé ses trois canons au milieu des gens de trais à l'abri derrière des mantelets de campagne. A droite au-delà des miliciens arrivés sur place en retard, se trouvait un ensemble d'étendue en friche entrecoupé de haies clairsemées, une position bien plus adapté pour se battre et manœuvrer, mais les humains semblaient s'être réservé le cœur du champ de bataille, probablement pour bénéficier de la gloire de la victoire. Erek était amer, la courte vue de ses alliés pouvait leur couter cher. Tout en gardant une œil sur les nombreuses torches des troupes qui défilaient sur la route vers le flanc opposés, il inspecta une énième fois ses retranchements.


Lever du jour.


Le jeune Urin, grimpé sur son poney, déboula à vive allure en faisant de grands gestes. Il faisait partie du groupe de guetteur disposé sur le talus


-Ils arrivent ! Ils arrivent ! Hurlait-il euphorique, en arrivant devant son Thane.

-Ou ? Combien ? Demanda le général impassible.

-Sur la route, à deux mille pas quand je suis parti, trop rapide pour être très chargé

-Des gobelins. Conclut l'officier. Cette vermine reconnaît le terrain, ils n'attaqueront pas avant une heure


L'expérience de la longue barbe était bonne, rapidement on peut apercevoir la face hideuse des goblinoïdes derrière les couverts, mais des tirs sporadiques des arbalétriers les rendaient prudent et ils ne firent que couiner dans leur langue abjecte. Snorrisson donna ses dernières instructions, tout le monde savait ce qu'il devait faire, il avait parfaitement confiance en eux, ils étaient tous de sa famille, de son clan. Son porte-heaume lui verrouilla son casque, son porte-bouclier lui fixa une imposante rondache au bras, les soldats des trois derniers rangs se décalèrent et le sévère kazalid pris comme le voulait la tradition sa place rituelle au premier rang.


Les hurlements se firent de plus en plus fort derrière le talus et subitement répondant à un puissant son de cor sa crête et la route grouillèrent littéralement d'ennemie, vociférant à plein poumon. Couvert de hardes bestiales agrémentées ça et là de vêtements volés l'ennemi haïs, faisant fit du relief avala en un temps record la distance qui les séparé, il stoppa dans le plus grand désordre à une trentaine de mètres et décocha une dense pluie de flèche. Répondant a un ordre sec, la première ligne naine s'agenouilla en constituant un mur de bouclier chevauchés, les lignes arrières disposèrent les leurs avec méthode et comblant les trous laissés par leur frère, formèrent une protection parfaite que ne traversait que le bruit des impacts. Le bruit assourdissant des armes à feu isola momentanément les combattants dans un bourdonnement douloureux. Les pillards tiraient trais sur trais à une cadence bien supérieur aux défenseurs dont les tireurs durent s'abriter, laissant les gobelins libres de s'approcher. Observant la manœuvre par un petit interstice, Erek vit les rangs adverses s'ouvrirent pour laisser place à des individus plus gros, mieux armés, les bras entièrement peint en rouge. Mené par un kobold de presque six pieds ils percutèrent frontalement les guerriers cuirassés. Le général dut convenir que la racaille peaux-vertes agissait avec une certaine tactique, la ligne avancée eu juste le temps de se relever avant de subirent le choc. Les assaillants étaient dans une véritable frénésie, frappant a toute volée, percutant de l'épaule ou bondissant par-dessus le rempart d'écus. La vieille barbe plaqua son heaume contre sa rondache et senti le soldat derrière lui s'appuyer contre lui, le bouclier toujours au-dessus de sa tête. Les coups ne le faisaient pas reculer, il comptait calmement dans sa tête, il n'était pas encore temps d'ouvrir la coquille, la pointe d'une lance traversa sa targe à quelques centimètres de son crane, pas maintenant. Son adversaire utilisant sa hampe comme un levier, brisa les courroies et lui arracha la protection du bras. Un gobelin lui assena un grand mouliné de cimeterre, la lourde barbute du général plia sous le choc, mais tient bon, pas encore, la peau verte récidiva, à moitié sonné son cimier tranché en deux, Erek bloqua l'attaque de sa hache. En même temps que tous ses compagnons, le général arriva au bout du décompte et appliquant une tactique ancestral, toute la troupe fit un pas en avant, la poussée refoula l'ennemi, parfaitement rodé à la manœuvre les rangs arrières solidaire de la première ligne. Le deuxième pas fut tous aussi irrésistible, désorganisant le front adverse, alors à ce moment seulement les nains ouvrirent le mur de bouclier et frappèrent l'assaillant de leurs armes. Les goblinoïdes bousculés tentaient de se relever, d'autre reculaient pour se donner du champ et d'autres encore poussaient pour résister ou monter à l'assaut, le manque de cohésion se transforma en désordre puis en fuite. Laissant des dizaines de cadavre sur le terrain, l'ennemi reflua derrière le talus accompagnait de balles et de viretons.


-Ils ne reviendront pas avant une heure, prophétisa le vieil officier, alors que les serviteurs menaient les morts et les blessés à l'arrière remplaçaient le matériel brisé et restauraient les combattants.


Milieu de matinée


Les canons tiraient sans discontinuer depuis une heure. Les artilleurs pointaient au jugé par-dessus le talus et les bosquets, guidés par le bruit et les fracas de la bataille principale. Le gros de l'armée orque semblait avoir débordé leur position par la droite et affrontait très probablement le corps principal du comte, les gobelins avaient lancé un nouvel assaut infructueux sur le retranchement nain avant de disparaître, on pouvait encore voir des trainards entre les haies, épiant ou tirant occasionnellement des flèches dans leur direction. Les soldats de Karak-Kadrin en profitèrent pour souffler, manger et prendre des trophées. Erek Snorrisson rageait, il n'avait aucune information fiable sur les mouvements ennemis lui ôtant toute possibilité de prise d'initiative. Les messagers qu'il avait envoyés au Grand-duc n'étaient pas revenus ou sans l'avoir trouvé.

Un lourd martellement se fit entendre, puis s'amplifia. Masqué par les reliefs du terrain, mais repérable à l'épais nuage de poussière qu'elle dégagée, la cavalerie orque approchait, effectuant une large courbe vers le centre de l'affrontement avant de bifurquer vers leur position. Émergeant de la crête d'une colline, lancé à plein vitesse sur leur imposant goret, la lourde troupe montée poursuivait un petit groupe de cavalier, les longues bannières que brandissaient les fuyards ne laissaient aucun doute sur leur identité: l'état major de l'électeur impérial poussant une reconnaissance hardi s'était fait couper de ses lignes et pris en chasse par les peaux-vertes. Le Thane comprit immédiatement la gravité de la situation, la prise ou la mort du noble général porterait un coup terrible à son armée, les orques n'allaient pas laisser passer cette chance de transformer une bataille difficile en grand triomphe. Les cavaliers sous pression galopaient sens destination précise tentant juste de s'éloigner du danger, au centre de la formation on pouvait maintenant apercevoir le cimier en plume de grillon de Willem Hagen. Les officiers disparaissant derrière le talus arrivèrent sur le chemin de halage et le descendirent ventre à terre vers les nains. Les chevaux écumant franchirent finalement le corridor que les guerriers de l'ours brun leur avaient ouvert dans leurs rangs. Transpirant, mais soulagé le porteur de l'étendard personnel du comte salua chaleureusement le vieux général. Les sangliers ne pouvant tenir le rythme longtemps avaient ralenti pour s'arrêter hors de vue des canons meurtriers, leurs chefs n'étaient pas stupides et avaient remarqué l'absence d'échappatoire des retranchements cerné par la Stir. Ils laissèrent reposer leurs montures et envoyèrent des messagers au maître de guerre. Dans le camps Kazalid c'était la grande effervescence, si les ennemis portaient ses forces vives sur leurs positions ils ne leur resteraient qu'à mourir sur place en priant leurs dieux que les renforts arrivent vite.


Fin de matinée


Les milices rurales couvrant la connexion des soldats de Karak-Kadrin avec l'armée avaient été rapidement dispersé par une charge sauvage, après une brève résistance, les irréguliers avaient fuit leurs positions pour éviter le massacre. Les craintes de Erek se voyait confirmé, ils étaient maintenant sans soutiens et sans possibilité de replis. Si sa mort n'avait pas été aussi dramatique, la longue barbe se serait réjoui que le grand-duc fasse les frais de son incompétence tactique, mais malgré son ressentiment le nain feraient son devoir, il protégerait le général en chef de l'ost allié au péril de sa vie et celles de sa parenté.

La cavalerie ennemie se remit en branle, débordant les deux cotés du talus, leur assourdissant cris de guerre couvant le tonnerre des sabots. Olaf Gueule-cassée le plus vieux guerrier du clan de l'ours brun donna son dernier conseil.


-Que ceux qui se retrouve devant la porte du banquet des anciens, attendent les autres. On nous féra meilleur accueil si on arrive en groupe...


Les détonations d'arquebuse couvrirent la suite, les gens de trais tirèrent à trente mètres en deux salve, les pillards déboulait sur dans un grand désordre, les premières bêtes s'écroulèrent pour être aussitôt percuté par les suivantes, la confusion morcela la charge, mais contournant les enchevêtrements de corps, les survivants poursuivirent leur assaut. Les braves soldats nains n'eurent plus qu'à rentrer la tête dans les épaules et à reformer leur mur de boulier. Les sangliers arrivèrent par petit groupe, sans cohésion, les premiers refusèrent l'obstacle et longèrent le rang frappant rageusement, brisant ou arrachant au passage les targes emboîtées. De plus en plus d'orques arrivèrent au contact et les massives bêtes à moitié aveugles, le flaire saturé finirent par enfoncer les lignes impeccables des nains qui furent bientôt percé en maintes endroit. Les guerriers percutés, renversés, parfois écrasés par le corps d'un goret qu'il avait éventré, tentaient de maintenir leurs rangs avec professionnalisme. Les arbalétriers tiraient à bout portant sur l 'ennemi bien plus grand. Une colonne profita d'une faiblesse pour bousculer les derniers défenseurs et percer la formation. Mener par le prince de Karak-Kadrin, une charge des volontaires des autres clans rétablie la situation, les brèches furent comblées et les chevaucheurs renoncèrent. Le goulet défensif n'était plus qu'un amoncellement de morts et de blessés, des corps de nains, d'orques et de bêtes gisaient pêle-mêle les uns sur les autres.
Face contre tête, Erek sentit le poids qui lui écrasait le dos disparaître il se leva difficilement à cause de son bras brisé, les deux marteliers de la garde du fils du roi Morhold repoussaient l'orque démembré qui lui écrasait les reins. A coté d'eux, le comte électeur le regardait, impeccable dans son armure neuve, une longue épée ensanglantée à la main. Il lui désigna la route bordant la rivière. La-bas de nombreuses peaux-vertes se rassemblaient autour d'une imposante bannière.


-Général, Kornik arrive. Il a rassemblé tout ce qu'il a pu trouver et viens pour nous. Fait reculer vos guerriers sur vos chariots, il est indispensable de l'attirer dans le méandre.

-Il sera plus facile de les contenir ici. Articula malgré la douleur la longue barbe. Les cadavres de ces vermines nous serviront de rempart, au fond du méandre c'est beaucoup plus large, nous serons submergé. Allez-vous mettre en sécurité, nous les retiendrons autant que possible, la bataille est perdue pour eux s'il ne vous tue pas.

-Général, répéta l'humain, vous pourriez bien réussir et il est indispensable que ce Kornik soit dans ce cul de sac lorsque le piège se refermera sur eux.


Quelque chose clochait. La voix du grand duc ne correspondait pas, l'épée qu'il portait n'était pas un croc runique. Le comte releva sa visière faisant apparaître le visage de Heinrich de Hulmbourg.


-Willem Hagen Hoenohm est en sécurité bien loin d'ici. Lui confirma le chevalier sacrifié. Il nous revient de faire en sorte que sa stratégie soit une réussite.

§§§§

La dernière charge des orques emporta tous sur son passage, Erek, le prince de Karak-Kadrin, le vieux Olaf et la quasi-totalité du corps expéditionnaire nains, dînèrent le soir même au légendaire banquet de leurs ancêtres où on leurs fit bon accueil. Le chef de guerre Kornik trois-doigts tua de sa main le faux, mais courageux duc du Talabecland sur la plage du méandre, à peu près au même moment une puissante colonne de piquier verrouillait la langue de terre sellant le destin de l'orque. Le soir de la bataille, acculé le pillard fut finalement décapité par les hommes du gonfalonier Tosten le rouge qui resta pour la postérité le grand héros de la journée...[/align]
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [VOTES OUVERTS - Concours] La Bataille

Message par [MJ] Le Grand Duc »

L'échéance pour soumettre de nouveaux récits est arrivée à son terme et les votes sont désormais ouverts ! Je vous invite à choisir deux batailles parmi celles proposées et à donner les raisons qui ont motivé votre choix. N'hésitez pas à vous exprimer également sur les autres textes. Les votes seront fermés d'ici une dizaine de jours et les récompenses octroyées au(x) vainqueur(s) !

Avant de voter, je tiens à tous vous remercier pour votre participation. De sont là des textes d'une grande qualité, plein de héros épiques et de castagne bien sanglante ! J'ai adoré vous lire et je ne peux que regretter de n'avoir eu le double -non, le triple !- à dévorer. Encore bravo messieurs (dames ?).


Pour ma part, je vais voter pour Hans et Friedrich.

Hans a réussi à me tenir en haleine grâce à son rythme et à sa narration et j'avoue que, malgré les fautes de forme, j'ai été accroché dès le début par cette belle baston. J'ai particulièrement apprécié de visualiser ces quatre lignes de nains et leur mur de bouclier résistant face aux vagues des Peaux-Vertes !

Friedrich nous a offert une bataille grandiose et admirablement bien illustrée et je me dois de souligner l'originalité de son aventure dans laquelle nous avons pu suivre de nombreux PJs du forum ce qui était réellement sympathique et donnait une dimension d'autant plus dramatique qu'ils se sont tous fait poutrer par les méchants :chaotique: Je suis certain qu'un hibou grand-duc volait dans les parages la nuit avant le combat ...

Sinon, j'ai aimé l'originalité du post d'Anton à la plume toujours si précise, sophistiquée et fleurie. J'ai aussi beaucoup apprécié l'exotisme des textes de Christer et du Djinn. Chez ce dernier, j'avoue avoir été très surpris par la fin du texte qui était finement tournée et qui m'a fait penser à une scène à la Indiana Jones, avec le professeur et ses histoires anciennes. Et Eranor, enfin, un grand bol de grandeur et de nombres à quatre chiffres qui donnent une dimension titanesque à cette belle bataille. Une grandeur qui fait penser à un certain Alexandre ... ;)

A vous !
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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[MJ] Kriegsherr
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Re: [VOTES OUVERTS - Concours] La Bataille

Message par [MJ] Kriegsherr »

Personnellement, mes choix ne se porterons pas sur mon propre texte (je suis Friedrich Hadler). D'abord parce que je trouve que voter pour moi-même serait horriblement prétentieux de ma part, et deuxièmement parce j'ai préféré un autre texte au mien.

En effet, mon premier choix se porte sans la moindre hésitation sur le texte de Djinn. Je ne saurais trop dire pourquoi, mais je pense qu'il a réussi à me faire rentrer dans le texte et à me tenir en haleine jusqu'à la fin. Je croyais vraiment que la bataille serait une défaite...

Mon deuxième choix est beaucoup plus compliqué, car les textes suivants sont tous très bons. J'ai d'office éliminé le mien, pour les raisons évoquées ci-dessus. Me restait donc le choix entre Anton, Eranor, Hans et Christer.

Anton a fait un très bon texte qui m'a étrangement donné une impression de déjà lu, mais je ne me souviens plus où j'avais lu un texte légèrement semblable. Quoi qu'il en soit c'était original et vraiment très très bien écrit. Chapeau bas. Toutefois, je dois avouer que je l'estime un peu hors-sujet, car le sujet était la bataille et non celle de boules de neige. Du coup je pense qu'il ne m'en voudra pas trop si je ne vote pas pour lui. :)

Hans a réalisé une très belle participation. Une bataille classique parmi les classiques orques et gobelins contre Empire et nains. Combien de fois ai-je lu des récits de ces batailles dans les LA ? Combien de fois les ai-je moi-même jouées avec mon Empire allié à des nains contre des viles peaux-vertes ? Ceci-dit jamais ô grand jamais je n'ai sacrifié mes amis pour gagner, mais à la limite pourquoi pas.

Christer a fait lui aussi un texte qui mérite d'être récompensé. Il a porté le projecteur sur une région méconnue du monde de warhammer : Cathay, et il l'a fait d'une main de maître. J'avais vraiment l'impression de me dépayser en lisant sa proposition, et cela, ça signifie que pour lui le pari est réussi !

Eranor a réalisé un très beau texte. Il a su gérer le récit d'une bataille taille XXL sans perdre le lecteur et sans incohérence, ce qui est souvent très difficile à réaliser. L'ennui est que j'ai reconnu beaucoup trop tôt dans son texte (au moment du déploiement déjà au vu de l'inégalité des armées et de la disposition des troupes) la bataille de Gaugamélès et que donc j'ai tout de suite ce qui allait se produire ensuite, et cela n'a pas été démenti. Du coup ça m'a un peu gâché le suspens vu que je m'étais moi-même spoilé. Mais mention spéciale quand même à Eranor ! Le lien de son texte avec le mien était aussi un clin d'œil que j'ai vraiment apprécié (il m'avait dit quand j'avais posté : "Zut je voulais aussi faire 1 truc sur Kislev", et au final je pense qu'on peut dire qu'il l'a fait, et bien fait de surcroît).

Quoi qu'il en soit mon deuxième vote va donc à Christer, parce qu'il aura vraiment réussi à m'amener dans la lointaine Cathay !

Et encore une fois mes sincères félicitations à tous, j'ai vraiment pris plaisir à lire tous vos textes sans exception et ça reste le plus important. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y avait un niveau de fou dans ce concours !
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
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Anton
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Re: [VOTES OUVERTS - Concours] La Bataille

Message par Anton »

A mon tour :^^:

Merci d'abord au Duc pour ces concours auxquels il s'entend si bien. Je crois que dans l'histoire du forum toutefois il y a ici un succès mémorable, tant au niveau du nombre de réponses que de la qualité des textes : félicitation!

Bien entendu je ne voterai pas pour moi, mais qu'on se le dise: gagnant ou pas je me suis bien amusé :sadique: .

Ce que j'ai aimé avant tout c'est qu'il y a eu dans ces textes un exotisme que l'on ne trouve pas forcément à une telle concentration dans ce forum. Je pense au texte de Djinn avant tout (moi j'oublie tout le temps que ces gens-là ont pas toujours été des squelettes, il était plaisant de les voir confrontés eux-même à des mort-vivants...), mais aussi à Christer que décidément on ne lit pas assez souvent!

J'ai bien aimé aussi (oui, oui, à un moment ou à un autre de mon post il faudra voter, hein, mais bon c'est dur alors en attendant je vais distribuer les compliments) ces belles petites situations héroïco-désespérées auxquelles nous sommes tous sensibles, façon mort-de-Boromir. Celle de Hans, avec l'annihilation du corps nain est très réussie, même si trop abrupte pour être en tête dans le registre (Boromir met un bon quart d'heure non à y passer ?). Celle de Djinn est parfaitement dosée, on sent que c'est un genre que monsieur maîtrise; on s'attache juste assez au personnage pour comprendre la réaction de l'étudiant: Qu'est-il arrivé à Ehmeb et à Shartum?? On voudrait savoir, on a peur de le deviner! Celle de Krieg est trooooop bien parce qu'il y a tous nos Péjis ou presque, mais personnellement les voir tous mourir un à un me file le cafard à la fin, on aurait pu laisser gagner Thornaël quand même...

Une autre qualité c'est le style, la façon de faire, voir simplement la forme. C'est simple mais génial, le truc d'Hans et de ses noms en gras fait tellement héroïque que j'ai pas pu m’empêcher de le copier dans ce post. Et de dévorer le récit de sa bataille. Christer quant à lui a réussi à me laisser le sentiment d'être tombé par hasard sur une vieille chronique oubliée pleine d'enseignements, découverte dont je suis resté très très satisfait! Mention spéciale à Eranor qui nous guide dans un choc de dizaine de millier de combattants avec une grande clarté: personnellement, avant de choisir un point de vue concentré à Anton pour ma propre bataille, je m'étais essayé à faire bouger les corps de troupes par centaines, j'étais d'une telle lourdeur et d'une telle incompétence que je ne peux que saluer l'exploit! Ce n'est vraiment pas facile. Dans la même veine j'ai aimé aussi le fil rouge de Krieg qu'était Andréas Valens, qui nous a parfaitement guidé dans ce choc des titans.

Et puis il y a les chutes, les rebondissements, les inattendus. Djinn, avec son professeur et surtout les étudiants auxquels, quelque part, on s'identifie volontiers, le brave Eranor qui s'en va mourir (presque) seul et à qui on donnerait presque beaucoup pour le suivre (ou en tout cas pour suivre la suite de cette campagne...), la traîtrise un peu anticipé du Comte chez Hans, ou encore cet ultime rebondissement, le post de Duc qui nous fait gentiment voter dans son concours comme pour nous complimenter d'avoir trop bien écrit pour qu'il puisse choisir seul.

Bravo à tous, et puis je vote comme ça, par pur instinct, pour Krieg et Christer, dont les deux textes sont finalement ceux qui m'ont le plus surpris dans le sujet, la forme, le fond, ou simplement l'imagination en général. Mais il n'y ai pas un seuil texte que je n'ai pas lu d'une traite et avec beaucoup de satisfaction.
Anton von Adeldoch, Noble du Sudenland, lien vers l'aventure en cours: http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 380#p97380
Profil de combat :
FOR 9/ END 11/ HAB 7/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 11/ PAR 8/ TIR/ 9/ PV 75/75, bonus de l'équipement inclus avec -2 Par/Hab à l'adversaire, -1 armure de l'adversaire et parade 10, protection tête/bras/torse de 9.

Détails permettant d'arriver à ce profil:
Profil: FOR 8/ END 10/ HAB 8/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 10/ PAR 9/ TIR/ 9/ PV 75/75
Compétences: Monte, Arme de prédilection (rapière +1 Att)
armes: Arc court (dégâts:26+1d8, malus -2/16m) ; "fleuret estalien" (rapière, dégâts:14(+8)+1d8, parade 10, rapide (-2Par/Hab de l'adversaire pour parer/esquiver), perforant (1) (ignore 1 point d'armure adverse))
Protections: mailles. Torse, dos et bras, protection de 9, encombrement de -1 HAB, ATT et PAR
Talisman de Gork : +1 For Att et END
Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges
Fr.N.

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