[Concours] Les Vertes Collines des Terres du Sud

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[MJ] Le Grand Duc
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[Concours] Les Vertes Collines des Terres du Sud

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Pour une immersion complète, je vous propose d'écouter cette musique pendant votre lecture. Bonne chance !

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Loin au Sud, au delà des nuits brûlantes et mystérieuses de l'Arabie, plus loin que les déserts et les pyramides maudites de la Terre des Morts, se dressent les savanes flamboyantes et les jungles impénétrables des Terres du Sud, sauvages et inexplorées. Rares sont ceux dans le Vieux Monde qui savent ce que cachent ces contrées inconnues, et moins nombreux encore sont ceux qui oseraient s'y aventurer, tant les légendes qu'on raconte sont terrifiantes. On parle de tribus d'orques sauvages chassant d'immenses troupeaux dans les plaines, sous un soleil brûlant qui fait blanchir les os dans les herbes sèches. On raconte contes et légendes à propos des civilisations perdues et cachées dans des temples hauts à toucher les étoiles, enfouies dans les lianes et la végétation de la jungle. On murmure à propos d'êtres vieux comme le monde s'y livrant à des rituels sombres et anciens, protégeant des trésors grands comme des montagnes, des fleuves d'eau claire au fond desquelles miroitent gemmes et pépites d'or pur. On évoque en tremblant les créatures géantes, écailleuses, garnies de griffes et de crocs empoisonnés qui happent leurs proies à l'affût sans que celles-ci s'en rendent compte. Seul un fou désirerait traverser le désert pour se rendre dans ce pays sauvage et oublié ...

C'est ainsi que Ibn Al-Hakim, cousin du sultan de Lashiek et grand explorateur, décida de monter une expédition pour s'enfoncer dans les mystères du Sud à la recherches de trésors et de réponses. Il lapida sa fortune pour recruter porteurs, muletiers et mercenaires, tant ces derniers faisaient payer chers leurs services pour se rendre dans ces terres maudites. La plupart dépensèrent d'ailleurs tout leur or la veille du départ en boissons et en femmes, tant ils étaient persuadés de ne jamais revenir vivant. Et alors que le soleil se levait sur la ville blanche de Lashiek, l'expédition se mit en route, Ibn Al-Hakim en tête, monté sur un magnifique cheval blanc. Suivis de quarante mercenaires, trente serviteurs et vingt mulets, il prit la direction du Sud, enveloppé dans son chèche bleu azur. L'expédition mit plusieurs semaines à traverser le désert et la savane, au cours desquels les combats furent nombreux contre les pillards des tombes, les bandes d'orcs en maraude et les créatures féroces qui vivaient sous ces latitudes. Mais bientôt, la troupe esseulée et amoindrie arriva en vue des jungles qui dressaient leur mur vert face à eux, comme une promesse presque certaine de richesse, d'aventure, et de mort abrupte. Ibn Al-Hakim sourit et remercia le Tout-Puissant avant de faire signe à la troupe d'avancer.

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Hou hou ! Bienvenue dans l'expédition d'Ibn Al-Hakim, brave PJ !
Vous incarnez dans ce concours votre propre personnage, qu'il soit elfe, nain, humain, chaotique ou quoi que ce soit d'autre. Recruté à Lashiek avec le reste de la troupe, vous avez traversé les déserts d'Arabie et de la Terre des Morts et vous en êtes sortis malgré un voyage mouvementé. Vous arrivez désormais dans les terres du Sud. Votre objectif ici est, en un post, de décrire la situation de votre personnage, sont état de pensée, ses actions, ce qu'il voit, entend et ressent. Le scénario est très libre : vous pouvez mettre en scène les PnJ que vous voulez, la scène que vous voulez (combat, marche, pause, exploration d'un temple, mort). Le cadre également : vous pouvez vous trouvez dans la savane qui borde les Terres du Sud, ou bien la jungle elle-même, près du rivage ou au coeur des terres, dans des ruines ou sur une rivière ... A votre convenance ! Les seules conditions sont le respect du cadre (expédition dans les Terres du Sud) et une mise en situation intéressante. Le gagnant sera sélectionné en fonction de son originalité, de la qualité de son texte en général et du respect du cadre. Il ne peut y avoir qu'un seul vainqueur, et la récompense prendra la forme d'un coffre dont le contenu est pour le moment connu par moi seul. Je suis le MJ en charge de ce concours, c'est donc moi qui déclarerai le vainqueur. Je vous souhaite bonne chance, et j'espère que votre inspiration donnera naissance à de magnifiques posts, il y a matière ! Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me contacter. Oh et si vous avez besoin de plus d'information sur les Terres du Sud, rendez vous sur la page dédiée de la Bibliothèque Impériale !

Pour les participants, postez votre texte dans ce sujet dès qu'il est prêt (et rien d'autre, toute question/remarque en MP !). Le concours sera fermé le 25 Avril, et le vainqueur désigné et récompensé ! A vos claviers, aventuriers ! Hou hou !
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Anton
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Re: [Concours] Les Vertes Collines des Terres du Sud

Message par Anton »


Mon nom est Anton von Adeldoch. Si vous lisez ces lignes, c'est que le destin m'a enfin rattrapé à l'orée de ces jungles, comme il a déjà rattrapé tant des nôtres dans ces déserts qui se déploient dans nos dos.

Si vous lisez ces lignes, c'est que je suis mort et j'espère que les cadavres de mes ennemis forment autour de moi une sépulture digne de celles de mes ancêtres. Je joins à ces lignes le récit, par le menu, des jours terribles qui viennent de s'écouler, des jours plus terribles et sanglants que ceux que jamais ne vécut aucun noble de nos contrées. Si vous le pouvez, portez ces derniers mots et ce récit à Terre-Noire, où vous serez mille fois remboursé de votre peine. Dans l'espoir d'une telle fin, c'est maintenant au Seigneur Von Adeldoch que je m'adresse.

Père, je vous supplie de bien vouloir me pardonner d'avoir ainsi failli à notre famille. Cette prière, je l'adresserai en personne aux mânes de nos ancêtres, si les Dieux veulent bien m'accorder cette pitié, dans ma disgrâce. Je meurs, loin de nos terres, sous un soleil brûlant qui n'est pas celui du Solland, et pour une cause qui n'est pas la mienne. Dans un endroit depuis longtemps délaissé des Dieux, et des hommes...




Anton souffla lentement sur le parchemin craquelé et relu avec soin les premiers mots qu'il y avait inscrit. C'était du très bon travail. Peut-être manquait-il tout de même un petit peu de dramatisme dans l'effet d'annonce de son nom ? Anton Von Adeldoch, héritier de Terre-Noire ! Plus grandiose bien sûr... mais n'était-ce pas un brin pompeux? Le jeune homme essaya lentement des tournures, à voix basse, les yeux perdus dans les reflets de sa plume, dans les vaguelettes de son encre et leurs remous contre les parois de verre de l'épaisse fiole. Un bref instant, il reconsidéra pour la centième fois la possibilité d'adresser directement ses mots à Emmanuella, puis la rejeta, une fois encore. Qui pouvait prévoir ce que la jeune fille serait devenue lorsque ce message l'atteindrait, s'il l'atteignait jamais? Il n'était pas question pour Anton que ses adieux héroïques soient condamnés au secret sous l'odieux prétexte que la déesse à qui il les destinait soit dans l'intervalle devenue la femme d'un absurde Comte Électeur. Non, sans doute valait-il mieux ne glisser qu'une ou deux lignes enflammées en guise de conclusion. Prenant intérieurement note d'y réfléchir au cours de la prochaine étape, le jeune noble noirci un peu plus son ultime parchemin avec quelques phrases soigneusement ciselées, puis serra avec délicatesse l'encre et la plume dans un épais baluchon accolé contre la pierre qui lui servait de pupitre. Le parchemin prit place contre son cœur, dans une poche cousue tout exprès : dût Anton Von Adeldoch tomber au combat, cet ultime témoignage ne manquerait ainsi pas de recevoir un peu de son sang.

Oui, il n'aura pas échappé au lecteur sagace que, dans l'année de ses vingt-cinq ans, Anton Von Adeldoch incarnait avec vaillance -et, à ses yeux, une irrésistible fashion- un certain idéal romantique. Un romantisme que même la noirceur de son récent voyage n'avait pu réellement ternir. Mais, aussi, qu'est-ce que c'était que ces sombres événements, et qu'est-ce qui pouvait ainsi pousser un coeur si plein de vie à développer avec tant d'emphase une prose si funèbre? Nous ne prendrons garde ici d'en dire plus ; laissons plutôt le récit avancer et le lecteur s'en faire une idée par lui-même.

Lorsque le jeune noble se releva, ses yeux balayèrent rapidement le campement chaotique dressé à la va-vite par les membres de l'expédition. Partout, des hommes affalés à même le sol cherchaient à échapper à la rigueur du soleil sous des paravents dressés sans convictions. La plupart étaient plongés dans un sommeil profond, savourant d'un grognement les légers brassages d'air qui faisaient venir à eux l'humidité délectable et les étranges parfums de l'immensité verte qui se déployait en arc de cercle devant eux. Hallebarde dorée plantée dans sol sableux, tout autour du fouillis de baluchon, de lanières et de métal, les débris de la garde d'Ibn Al-Hakim faisaient impassiblement face tant aux frondaisons troubles qu'à l'horrible fournaise scintillante qui s'étendaient chacune de part et d'autre du campement. Dans l'immobilité absolue du camp, il semblait que l'odeur de pourriture, de crasse et de sang les avait enfin quittés. Un lourd silence troublé seulement par le crissement du sable et les pas précipités du médecin d'Ibn Al-Hakim ajoutaient encore à cette sensation invraisemblable d'un calme au milieu de la tempête. A dix mètres du futur baron, le hoquet sanguinolent s'était tu lui aussi. Le propre frère d'Arudj était là, contre le corps agité de spasmes, les yeux dans le vague ; et ses hochements de tête mécaniques renseignèrent Anton mieux que n'importe quel diagnostique. La compagnie comptait un membre de moins. Le noble s'avança vers la jungle.

Devant lui une muraille verte et brune se déroulait à l'infini, occultant l'horizon tant en longueur que dans sa hauteur. Ça et là un rayon perçait la voute et faisait chatoyer d'émeraude les buttes de sable qui allaient mourir contre les troncs et les fougères. Les cimes se balançaient au rythme d'une musique qui leur semblait propre, sans que le moindre cris d'oiseau ne vienne en déranger l'harmonie. Des arbres plus hauts que tout ce que le noble avait jamais pu rencontrer ou imaginer noyaient de leurs racines imposantes et ventrues les sols tapissés de buissons étranges aux longues feuilles striées de veines épaisses. Seul devant une mer végétale qui couvrait jusqu'au ciel, le sentiment de faire face à une entité immense, ancienne et inconnue prenait le baron à la gorge, le foudroyait de peur, d'envie et de jalousie. Il sentait le besoin de faire mal à cette forêt, de lui faire mal avant qu'elle-même ne l'absorbe et ne transforme son existence en un passé lointain, puis ne le condamne à l'oubli. Il sentait qu'elle en avait le pouvoir, qu'elle le ferait, qu'elle l'avait déjà fait. Il voulait se saisir d'un fer immense et tailler les écorces si profondément que la sève coulerait à même le sol, pour que la forêt s'absorbe elle-même, s'ingère lentement, s’auto-détruise dans sa furieuse insatiabilité. Et, tout à fait en même temps, il sentait que cette puissance inconnue avait des secrets fous, des richesses et un savoir incroyable qu'il pouvait, lui, forcer, violer, dont il pouvait se rendre maître, et devenir aussi -plus!- puissant que l'abomination verte qui siégeait devant lui en absolu maîtresse du monde et de sa destinée. Il sentait qu'il pouvait devenir ce conquérant invincible dont parlaient les légendes, revenir chargé de tout l'or du Vieux Monde, absolu vainqueur de son ère et de celles qui suivraient. Il s'absoudrait de ses crimes, de toutes les indifférences qu'il avait rencontré, il serait l'orgueil de la famille, le pupille de la nation, le héros d’Emmanuelle. Il serait grand parmi eux et jamais son souvenir ne s'éteindrait. Non, cette forêt n'allait pas l'engloutir et ensevelir son nom. Elle allait l'accrocher par la violence et la force au firmament des étoiles.


"Elle a, sur vous aussi, un étrange effet n'est-ce pas?"

Ce n'était pas là une question, malgré sa tournure. Trois pas derrière l'aristocrate, le crâne tenu dans ce keffieh qu'il n'avait pas quitté du voyage, le Sayyid Abou Abd-Allah Mouhammad ibn Abd-Allah al-Hakim fumait lentement une des longues cigarettes orientales qu'il avait apporté avec lui de Lashiek. C'était sans doute la toute dernière du seigneur d'Arabie qui se consumait ici devant la jungle impénétrable ; Anton le soupçonnait de l'avoir conservée spécialement pour cette occasion. Combien de fois pourtant il avait dû être tenté par cette ultime bouffée de fumée, saturée des parfums de son pays ! Combien de fois avait dû se présenter à son esprit usé par la marche la tentation de profiter, tant que c'était encore chose possible, de respirer une dernière fois ces tabacs et ces épices aux goûts de harems et de palais ! Jour après jour, heure après heure, à chaque instant de l'effroyable traversée, et lorsque que tous avaient cru leur dernière heure venue, et tandis que la nuit tombait sur ces terres étrangères où l'espoir n'est plus que celui d'être encore assez en vie le lendemain pour voir l'astre de braise se lever à nouveau sur des têtes rendues trop lourdes par les bandages et les privations, comme elle avait dû se faire impérieuse, cette envie d'un éphémère retour! En vérité, il fallait être un véritable surhomme comme l'était le Sayyid pour avoir eu ainsi le flegme et la détermination de continuer à croire en son étoile, alors que celles de tant d'autres avaient blanchi parmi les ossements du désert. Puisse les Dieux en être remerciés : ce n'était que grâce à cet homme de fer qu'ils étaient encore en vie.

Ou, du moins, la plupart d'entre eux.

"Je ne crois pas aux sortilèges, Sayyid. Chaque homme porte dans son cœur tous les démons nécessaires à sa condamnation. Inutile d'en appeler à quoi que ce soit d'autre."

"Des démons... Ils doivent être chez vous bien puissants pour vous avoir amené jusqu'à cette orée monstrueuse, Freiherr."

"Sans doute, Sayyid, sans doute. Et j'imagine qu'il ne le sont guère plus que les vôtres."


Aucun mouvement n'était nécessaire chez les deux hommes durant cette conversation ; elle sembler tirer son naturel du prolongement d'un dialogue déjà ancien entre l'Impérial et l'Arabéen ou, plus justement, de la poursuite de deux discours intérieurs distincts, un instant unifiés par la parole. Aussi, chacun restait à présent silencieux, comme s'il n'était pas vraiment besoin de continuer à voix haute. Côte à côte, ils faisaient face à la forêt étrangère. Le jeune homme se tenait curieusement raide, les bras lancés de part et d'autre du corps, en proie aux va-et-vient des souffles d'air chaud qui, rasant la cime des arbres pour plonger vers le sol, faisaient jouer des grains de sable en petits tourbillons aux pieds des deux nobles. Au flanc de l'héritier des Adeldoch, une longue lame oscillait au grès des mouvements du vent et ne tenait guère en place que par la large fente du long ceinturon brun qui barrait la poitrine du baron depuis son épaule gauche à sa hanche droite. Ce cuir grossier jurait avec le justaucorps grisâtre sur lequel il ballotait ; et déjà, en bien des points, il l'usait et le coupait de sa tranche rêche. Une longue et rude étoffe d'un blanc cassé tentait tant bien que mal de séparer les deux pièces de vêtement. Des hauts de chausses allongés, à la façon austère de l'ancien Empereur, couraient jusqu'à des bottes de cuir fin et à semelles épaisses, qui seules dénotaient, par le soin de leur finition, de la haute situation de celui qui les portait. Anton von Adeldoch avait jeté une casaque à la couleur grise indéfinissable sur une épaule, et Morr savait par quel miracle elle y tenait ; autour de son cou, par-dessus un col à pointes desséchées, était une longue bande de tissu crème -seule concession faite au style arabéen, qui signait le chèche défait du jeune noble ; aussi pouvait-on voir en plein soleil que ses cheveux noirs tombaient jusqu'au bas de la nuque -hors le front, visiblement très grossièrement dégagé au ciseau. Nulle barbe pourtant, à l'exception d'une bande de moustache au-dessus de la bouche asséchée, s'aventurant le long des joues à la peau crevassée et tannée par le sable et le soleil. En vérité, personne à la cour de Nuln n'aurait reconnu au premier abord et sous cette si formidable apparence celui qui passait alors pour le favori de la sublime Emmanuelle Von Leibwitz, troisième du nom : un jeune godelureau du Wissenland nommé Adeldoch.
*

Il y eut un cri. Il y eut le silence.

Sans un mot, souplement, les deux hommes se tournèrent vers le campement, lame au poing. Au centre du cercle des gardes interdits, au milieu des guerriers allongés sur le sol brûlant de l'extrême fin d'un désert qu'ils avaient mis des semaines à traverser, un ignoble ver tortillait sa face aveugle contre le soleil. Il était dressé de toute sa hauteur, ruisselant du sang de l'infortuné qu'il avait happé en émergeant brutalement du sol. Les gouttelettes rubis giclaient à chaque contorsion de l'épouvantable bête, qui cherchait à mieux ingérer celui dont Morr avait déjà du réclamer l'âme ; elles allaient tacher de rouge la poussière pâle du campement, abreuver la soif de l'air sec et lourd. Sans un son, sans un geste brusque, les hommes du Sayyid ramenaient lentement à eux leurs armement hétéroclite. Ce ver n'était pas le premier. C'était une pitié d'en croiser un ici, pourtant ; mais ils avaient eu de la chance que seule la malheureuse victime ne dérange le sable par les vibrations de ses pas : la créature se croyait seule, et chauffait à présent sa peau gluante au soleil de midi. Captivé par les reptations absurdes de l'épiderme blafard, Anton ne vit pas le signe de tête échangé par les guerriers du camp ; le Sayyid, lui, observait, attentif, la réaction de ceux qu'il avait offerts en pâture aux enfers du Sud. Cinq carreaux d'arbalète allèrent se ficher dans la longueur du ver ; ceux qui étaient destinés à la tête allèrent se perdre loin de la bête. Vive comme l'éclair, elle se secouait déjà en tous sens, prête à attaquer dans la direction d'où naissaient ces bruits de course qui partout commençaient ; mais, se ravisant sans qu'il eut été possible de savoir pourquoi, elle s’apprêtait à replonger lorsque déjà un guerrier fut sur elle. D'un coup puissant, il abattit sur son flanc le fer de son arme, la dégagea, recommença, poussant un "Han!" de véritable bûcheron tandis que l'entaille s'élargissait, toujours plus énorme et ignoble dans la mollesse de cette abomination. La bête, éperdue de douleur, se dégagea brutalement et plongea vers le sol, entraînant l'arme du brave dans son flanc ; les autres guerriers, qui avaient prévu ce mouvement, l'interceptèrent pour la larder de coups brutaux ; elle se redressa sous la violence des blessures, comme pour chasser les intrus, ou se sachant perdue, présentant sa tête au cercle des hommes qui reculèrent face aux claquements hargneux de la terrible mâchoire. Le premier guerrier seul s'avança, arrachant sa hache toujours enchâssée dans le flanc du monstre, et lança un unique mouvement en direction de la tête, qui déjà sifflait déjà vers lui à toute vitesse pour éloigner de la blessure cette cause de douleur. Le fer aiguisé déchira la gueule dans le même mouvement, retranchant la chaire blanchâtre du crâne et des mâchoires jusqu'à dégager le corps béant d'un immense estomac. Projeté à terre sous l'impact, l'homme se releva, et une dague à la main, il poignarda longuement le corps spasmodique, dont la queue émergea brutalement du sol pour fouetter désespérément la poussière et le sable. De là où il était, Anton pouvait, tout en observant le terrible combattant dégager d'un coup de pied sa hache de sous le cadavre encore remuant, sentir que l'odeur de putréfaction était déjà revenue parmi eux.
*

Quelle poisse.

L'odeur les suivait depuis le début du voyage. Les prenait au cœur au moment où ils s'y attendaient le moins, revenant au détour d'un choc, d'une brutale bouffée d'air ; elle s'enrichissait de la gangrène des blessés, du sang et des boyaux qui s'allaient tâcher les guêtres, les armures, les vêtements. Ils avaient tout essayé, frotter, laver, s'asperger d'eau parfumée et allumer des braseros alimentés d'épices. Peine perdue : l'ignoble senteur amère et putride les suivait et réapparaissait à chaque halte, à chaque pause. C'était à croire qu'ils ne s'en débarrasseraient jamais ; surtout maintenant, avec la dernière cigarette du Mouhaddith partie, avec cette forêt mortelle encore à parcourir pour le bon plaisir du Sayyid. Car il ne manquerait pas d'occasion là-bas d'alimenter cette odeur de mort. Peut-être les dieux avaient-ils une dent contre al-Hakim ? Où était-il d'ailleurs, ce diable d'homme ? Le baron agita la tête et le chercha du regard. Déjà en direction du camp bien sûr. Un bref coup d’œil du noble repéra, à l'endroit où le prince se tenait plus tôt, jeté dans le sable, un brandon noir d'où s'échappait encore quelques braises et une fine fumée parfumée d'épices et de tabac. Il eut un hochement de tête, et ré-enroula lentement son chèche autour du visage. La pause était terminée.

Un geste replaça à son côté la longue lame tiléenne ballotée par le vent. Il tenta ensuite tant bien que mal de replacer ce fichu bandeau de cuir qui, décidément, n'était ni à sa taille ni à son goût. Puis il se mit en marche à la suite du Sayyid, en direction du reste de la troupe.

Pour les autres mercenaires aussi il semblait que la pause était terminée. Les hommes déjà récupéraient leurs paquetages et s’apprêtaient à la route. Nulle plainte ni malédiction à l'égard de ce fléau qui les avait frappé : c'était la loi du désert qu'ils subissaient, jusqu'à l'ultime dune de sable. C'était faire montre d'une lucidité remarquable ; pourtant, la victime n'était pas anodine ; c'était le médecin personnel du Sayyid, un homme dont la compétence et le sérieux avaient déjà sauvé un certain nombre des leurs. Anton songea qu'ils avaient sans doute là le dernier cadeau du désert à leur égard.

Bien sûr, cela qui augurait du meilleur. Comment au juste se frayer un chemin dans une jungle fatale et inconnue, en revenir chargés de trésors avant de retraverser ce cauchemar de sécheresse et de douleur sans prêtre ni toubib? Morr emporte les déserts et leurs malédictions ! Et surtout, les vers de tous poils et toutes espèces. Le jeune homme jeta un long regard de dégoût au long Ver qui étalait sa blancheur cadavérique et molle dans la poussière de sable. Maudite engeance... Anton n'avait pas l'expérience de ce genre d'expéditions ; mais d'après ce qu'il en savait, perdre son medecin avant d'affronter une jungle vindicative n'était pas spécialement signe de bonne fortune. Mais devant Anton, le Sayyid n'avait même pas un regard pour le corps blafard arrosé de sang ; il se dirigeait directement vers le bourreau de la bête. L'homme, tête baissée, essuyait ses armes sur une couverture tachée d'ocre et de rouge.

"Khayr ad-Din! Ce fut bien fait."

Khayr ad-Din leva les yeux, resta un instant immobile puis inclina légèrement la tête vers son employeur et seigneur.

"Mouhaddith. Je t'en remercie. Il est de mon devoir de travailler deux fois plus dur maintenant que mon frère n'est plus."

"Nous sommes pour Ormazd."
Anton, à portée discrète d'oreille, reconnu la terrible formule rituelle trop de fois prononcée au cours du voyage. Une âme de plus qui rejoignait Ormazd... C'était un brave. Nous prendrons le temps de l'enterrer loin de cette abomination puis nous partirons."

"Jazak Ormazd Khairan Sayyid. Mon frère Arudj reposera sans honte dans ce désert, aussi rude qu'il l'était... Mais j'espère que ton or vaudra nos sacrifices, Mouhaddith."


Le Sayyid acquiesça gravement, une main sur son kilij ouvragé, l'autre sur son cœur :

"Insha Ormazd. Nous ne le saurons qu'une fois à destination. Ayons confiance."

Le guerrier hocha lentement la tête en répétant ces mots saints, puis se détourna. Anton, lui, grimaçait. Ces maudits Arabéens et leur fatalisme commençaient tout doucement à user sa patience. Insha Ormazd...c'est-à-dire si le dieu le voulait bien. Avec l'accord du dieu en somme. Insha Ormazd ! Ils n'avaient que cette formule-là à la bouche ! Et, dans le cas présent,Anton craignait que le dieu ne le veule pas du tout. Oui, il doutait qu'un dieu quelconque ait envie de s'aventurer à dans cette jungle pour y aller exaucer les prières d'un groupe de mercenaires à la piété contestable ; il doutait même qu'un quelconque dieu pousse plus de quelques pas au-delà de l'orée, quand bien même la moitié de ses fidèles l'en implorerait à genoux. Sans compter que, d'après ce que le noble en avait compris et n'en déplaise aux enturbannés, Ormazd était un dieu assez enclin à n'en faire qu'à sa tête... Décidemment, tout en Anton lui hurlait de faire demi-tour et de rester loin de cette forêt oubliée. Une terreur ancestrâle le prenait peu à peu aux entrailles. Il eut soudainement le besoin de parler à quelqu'un. Parler vraiment, de façon sensée et rationnelle, pas par des élipses et autres demi-phrases teintées de mysticisme. Sans trop savoir que faire, le futur baron resta un instant interdit, ne voulant s'approcher ni de Khayr ad-Din, ni du Sayyid, tous deux plongés dans leurs pensées. Mais à qui d'autre s'adresser ? Anton balaya le campement dévasté d'un long regard désabusé.

La garde du Mouhaddith -le surnom par lequel tous les arabéens appelaient ibn al-Hakim- ne parlait pas un mot de Reikspiel, ni de la langue commune, ce pot-pourri jargonneux qui permettait pourtant de se faire comprendre dans la plupart des villes du vieux-monde. Les serviteurs étaient muets comme des tombeaux depuis le départ, et évitaient les mercenaires comme la vermine ou la peste. Ce dont, ajouta intérieurement Anton par honnêteté intellectuelle, on ne pouvait pas vraiment les blâmer. Restaient bien les autres mercenaires ; mais de qui s'approcher ? Il y avait bien un autre impérial...mais d'Erich, il n'était pas question. Ce noble était le seul autre survivant impérial de l'expédition, et Morr avait voulu qu'il ait lui aussi quitté l'Empire pour des raisons politiques et amoureuses... ce qui rendait bien sûr beaucoup moins unique, tragique et désespéré le propre geste d'Anton. Les deux jeunes gens se haïssaient donc avec la rigueur de la jeunesse et les manières de la noblesse, c'est-à-dire qu'ils ne s'étaient plus adressés un mot depuis le départ. Restaient cinq kislevistes, mais tous étaient accaparés par le soin de l'un des leurs, atteint d'une fièvre étrange qui refusait de tomber malgré tous les traitements. Porter un tel guerrier dans le désert n'était pas chose aisée, surtout pour des hommes habitués aux grands froids ; aussi les quatre valides, lorsqu'ils n'étaient pas en marche ou au chevet du malades, dormaient mollement sous chaque coin d'ombre qui se pouvait...et il était aussi inutile que cruel de les en déranger. Il y avait bien les trois Tiléens, mais ils ne parlaient qu'entre eux et semblaient se méfier de tous ceux qui les approchaient, Morr seul savait pourquoi. Baste. L'absurde prêtre d'Illuminas et sa stupide lanterne en plein désert ? Anton eut un rictus sauvage à cette pensée. Probablement son clergé lui prescrivait-il le vœu de silence, quand bien même le noble aurait recherché sa compagnie, ce qui n'était pas vraiment acquis : l'homme avait les yeux des fous et une voix aigre de vieillard qui mettait à vif les nerfs du jeune noble. C'était peine perdue. Quant au reste, aux deux cousines naines, aux étranges hommes en uniforme venus des Principautés et aux six fils du déserts qui partageaient leur temps entre la marche, les combats et leurs délicates pipes en os, cela faisait longtemps qu'eux etAnton n'avaient plus rien d'intéressant à se dire. Et longtemps qu'ils ne se disaient plus rien.

En réalité, il n'est pas difficile de concevoir à quel point ce jeune homme, élevé dans la splendeur des cours, la camaraderie des universités et l’amabilité confortable de ses terres ne parvenait pas totalement à se faire à cette solitude qui était la sienne depuis le début du voyage.

Car c'était, à dire vrai, un bien étrange groupe que celui que menait ibn al-Hakim. Depuis Lashiek, où l’appât de l'or et la soif d'aventure les avait tous rassemblés, chaque pas en avant avait semblé les diviser davantage au lieu de les souder toujours plus, comme on s'y serait attendu. Non, en vérité, la solitude était de règle dans ce groupe de mercenaires venus de tous les coins du monde. Chacun se plaçait mécaniquement en ordre de marche puis se laissait perdre dans le fil de ses pensées, n’interrompant ses réflexions solitaires que pour se battre, ou ensemble honorer les morts. Seul l'instinct de survie et le respect immense que leur inspirait le maître de leur expédition instillait un peu de cohésion à ce groupe hétéroclite ; peu à peu, les pertes et le silence avaient cisaillé les grandes unions, et les replis sur les groupes d'origine étaient devenus la norme. Nain avec nain. Tiléen avec tiléen. Oh, certes, quelques rares hommes avaient essayé de briser cette barrière qui s'installait insidieusement ; une poignée y était parvenu, réunissant le soir la troupe autour de leur envie de vie et de camaraderie. Làs ! Ces hommes avaient déjà quitté la compagnie au moment où se passe notre récit. Anton lui-même avait cassé sa vieille lame dans la cage thoracique du brigand qui avait eut raison du dernier d'entre eux, plusieurs jours plus tôt. Il ne s'était toujours pas remis de cette perte. La victime était tiléenne, bon vivant, s'était faite en quelques jours l'ami d'Anton et de la troupe ; il parlait une dizaine de langues, se disait musicien ; jamais il ne tombait à court de rimes, d'astuces, d'histoires, de chansons et d'énigmes. Mais il avait été la seule victime de cet assaut malheureux, seul homme tombé face à des lâches dont les os pourrissaient aujourd'hui au soleil ; et c'était son fleuret que le noble portait en souvenir à son côté droit, en remplacement des deux tronçons de son arme laissés sur le bord de la route. Dure perte, en vérité ; ces braves morts, leurs effets répartis entre les survivants, plus personne ne venait faire l'effort de créer du lien. La ligne d'horizon, le Sayyid, ses promesses, étaient les derniers morceaux d'unité de l'expédition. Et au fur et à mesure que l'on s'approchait du but, les paroles s'éteignaient et les figures se fermaient sur la fatigue et la détermination.

Bien sûr, il est naturel de se demander comment une telle compagnie aurait alors pu, sans cohésion ni camaraderie, se jouer des traquenards du désert. Comment l'équipe avançait-elle, sans fraternité pour en souder les membres ? C'était là le plus grand mystère de l'expédition al-Hakim. Oui, en vérité, et comme en témoignait la mort du Ver, ces hommes qui ne se parlaient pas et ne se connaissaient plus étaient d'une efficacité martiale redoutable. Oui, sans amis ni sans frères, ces hommes savaient défendre leurs voisins avec une main de fer et une âme en acier trempé. C'était là, du point de vue du noble, un miracle où transparaissait la patte subtile et inspirée d'al-Hakim. Qui d'autre savait sonder les cœurs comme lui l'avait fait? Qui d'autre pouvait, dans le renfoncement de toute sa science des hommes, faire émerger les certitudes qui conduiraient à choisir un à un des hommes et des femmes qui, sans un mot, sans une prière, allaient mourir pour lui avec la discipline des guerriers-liges des légendes? Car c'était bien ce qui s'était passé au cours du voyage. Sans connaître rien de celui qu'il secourait, chaque membre se lançait aux cris de détresse l'arme à la main, prêt à donner sa vie pour que survive son camarade. Chaque membre de l'expédition avait déjà sauvé au moins une fois la vie de chaque autre au risque de la sienne. Ils n'étaient pas animés par un esprit de fraternité, non. Ils étaient portés par un incroyable esprit de survie. Une rationalité à toute épreuve. Qui l'eut crû en voyant ces trognes hétéroclites de baroudeurs et de bandits de grands chemins? Dans le danger, seul le groupe assure la survie ; c'était ce que chacun, en son fort intérieur, avait compris et appliqué. Jamais Anton n'avait vu de pareils hommes, lui qui avait toujours cru les mercenaires passifs, vénaux, égoïstes. C'était en vérité des professionnels que le Sayyid avait recruté pour traverser le désert ; des professionnels, et ils agissaient en tant que tels : sans panique et sans état d'âme, laissant derrière eux des tombes dans les dunes et des cadavres pourrissant le long d'une route sanglante. Rien, ni les vers, ni les pillards, ni les sombres sortilèges des morts qui marchent sous le soleil n'avaient eu raison à un quelconque moment de leur courage et de cette lente méticulosité qui semblait être la marque de fabrique de l'expédition. Anton, arrivé en Arabie avec des rêves de conquête plein la tête et le désespoir amoureux au cœur, avait vite refroidi son âme au contact de ces incarnations guerrières ; mais il n'était pas le seul : tous avaient intégrés, sans que l'on y prit garde, une mentalité semblable de froideur implacable. Les tours de garde se planifiaient sans un mot et alternaient sans une faille ; les vivres se partageaient chaque soir en portions égales, sans plaintes ni discussions ; et dans la bataille comme dans la marche et le repos, celui qui avait le savoir donnait ses ordres, et tous obéissaient sans discuter, cet homme fut-il soldat, chef ou serviteur. Dans cette compagnie, seule la compétence avait voix au chapitre. Et cela donnait au groupe une discipline et une force de frappe infernale dont chacun pris séparément aurait eu bien de la peine à déterminer l'origine.

En son fort intérieur, Anton leur avait donné un nom. Il les appelait "les damnés du Mouhaddith". "Les damnés", ça sonnait toujours bien. Et puis il ne voyait pas très bien qui oserait contester à l'endroit où ils se trouvaient le titre d'enfer sur terre. La seule chose à perturber encore un peu l'aristocrate, c'était de comprendre ce qui pouvait encore faire avancer ces âmes, toujours plus loin. Par-delà la damnation, pour ainsi dire..

Inutile de le préciser au lecteur: l'héritier de Terre-Noire était fasciné comme jamais. Par ce climat, par ces hommes implacables, par ce demi-dieu arabéen sur lequel les ennuis et les contrariétés semblaient glisser sans jamais l'atteindre. Sans s'en rendre compte, il s'imprégnait de cette atmosphère. Mais, plus encore, cette expédition, ce groupe, ces épreuves l'avaient transformé à leur tour. Il n'était plus tout à fait le même que six mois plus tôt, tout comme il était encore très différent de ce qu'il deviendrai six mois plus tard. Il s'était endurci, mûri. Ses gestes étaient devenus sûrs, sa voix posée, sa silhouette affermie. Il n'avait survécu que parce qu'il s'était adapté vite, très vite ; il en avait compris la nécessité, il avait absorbé son environnement, les codes et les conduites, s'était reforgé en quelques semaines des attitudes, un comportement, des attentes. Le jeune von Adeldoch n'était plus le garçon plein d'allant, d'ambitions creuses et de romantisme facile. Une poignée de semaines avaient suffit pour amorcer en lui une transformation qui, au fil des années, allait faire de lui l'homme rationnel, volontaire et cynique qu'il allait devenir. Ce sens puissant de l'adaptation l'avait sauvé, tout comme plus tard il saurait faire en politique sa force et ses succès...Mais n'anticipons pas! Pour l'instant Anton von Adeldoch est un mercenaire de vingt-cinq an qui rêve pendant les longues marches sous le soleil brûlant de la belle Von Leibwitz, de son retour triomphal en Empire, et de ces hommes implacables dont ibn al-Hakim a su faire un instrument parfait pour que réussissent ses plans et ses projets. Oh, bien sûr, il y avait des pertes. Ils en avaient même sans arrêt. Mais la machinerie concoctée par al-Hakim continuait à s'enfoncer dans le désert à un rythme égal, quelles que fussent les adversités et les tragédies ; les valides se relayaient pour porter les blessés, jusqu'à ce qu'ils guérissent, meurt, ou déclarent vouloir être abandonné à la colère du désert. Oui, ils étaient nombreux à s'être arrêtés à l'ombre d'une dune, yeux fermés, main sur leur arme ; ce terrible destin, cette ultime souffrance réservée aux infortunés qui n'avaient pas le cran d'en finir plus brutalement, Anton effaré l'avait observé un nombre de fois dont seul Morr pouvait décemment tenir le compte. Le médecin et le soleil rendaient tous deux des verdicts terribles qui conduisaient bien souvent les blessés à préférer l'immobilisme de la mort à la poursuite de la souffrance. Oh oui, il y avait eu des pertes, trop au goût du jeune homme. Il chercha rapidement du regard le maître de cette expédition insensée, et balaya une énième fois du regard le campement, les serviteurs, ses compagnons. La vérité, c'était que les tombeaux de sable qu'ils avaient creusés le long de leur route sous les assauts du désert étaient bien plus nombreux que cette poignée de vivants qui s'agitait à présent dans l'attente du départ.

Anton fit un rapide décompte. Le Mouhaddith du Garbiyyard avait perdu les deux tiers de ceux avec lesquels il avait quitté Lashiek. Les deux tiers.

Et c'est en le contemplant là, sublime de sérénité sous le soleil de plomb, face à la tombe fraîchement creusée d'Arudj, qu'Anton sut avec certitude que le Sayyid n'hésiterait pas une seule seconde à se défaire du dernier tiers, pourvu que cela le mène, comme il l'avait toujours prévu, au-delà de la grande jungle.


EDIT: Post terminé.
Modifié en dernier par Anton le 25 avr. 2014, 03:58, modifié 13 fois.
Anton von Adeldoch, Noble du Sudenland, lien vers l'aventure en cours: http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 380#p97380
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FOR 9/ END 11/ HAB 7/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 11/ PAR 8/ TIR/ 9/ PV 75/75, bonus de l'équipement inclus avec -2 Par/Hab à l'adversaire, -1 armure de l'adversaire et parade 10, protection tête/bras/torse de 9.

Détails permettant d'arriver à ce profil:
Profil: FOR 8/ END 10/ HAB 8/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 10/ PAR 9/ TIR/ 9/ PV 75/75
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armes: Arc court (dégâts:26+1d8, malus -2/16m) ; "fleuret estalien" (rapière, dégâts:14(+8)+1d8, parade 10, rapide (-2Par/Hab de l'adversaire pour parer/esquiver), perforant (1) (ignore 1 point d'armure adverse))
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Thorak Grim'Azul
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Re: [Concours] Les Vertes Collines des Terres du Sud

Message par Thorak Grim'Azul »

En espérant que vous prendrez du plaisir à le lire, même si je pense être un peu hors sujet ^^

Aussi surprenant que cela soit, la jungle des Terres du Sud était envahie depuis quelques secondes par un étrange silence. Le vent avait cessé de faire vibrer les branches des arbres millénaires, les plantes carnivores avaient arrêtées de mastiquer leurs carcasses d’os et les prédateurs restaient tapis dans l’ombre, sans bruit et prêt à tuer. Une bataille venait d’avoir lieux, rapide et intense. Au milieu des arbres âgés de plusieurs siècles dont la cime obscurcissait le ciel, les vainqueurs se tenaient droits au-dessus des cadavres qui répandaient leurs sangs sur cette terre sauvage. L’heure était venue pour le guerrier nain, après des années d’attentes, son vœux le plus cher allait être exhaussé, Thorak Grim’Azul allait mourir.

L’ancien Longue-Barbe observait la lame qui dépassait de son abdomen, le manche en ivoire terminait par un rubis jurais au milieu de sa barbe couleur de cuivre. D’avantage maintenant que des flots de sang s’échappait de sa blessure. La couleur noirâtre indiquait que la lame devait certainement être enduite d’un quelconque poison qui accélérait son agonie. Alors qu’une quinte de toux lui fit cracher du sang, il songeait qu’il avait attendu ce moment pendant des années. Il avait tout fait pour mener une vie droite et honorable, faisant son maximum pour se relever après la tragédie qu’il avait connu. La chance, le destin ou l’ironie l’ayant épargné plus d’une fois, trop de fois. Il avait échappé à la mort trop souvent alors que nombre de ces camarades avaient péris. Aujourd’hui c’est presque soulagé qu’il sentait ces forces l’abandonnées mais malgré ces convictions, il s’accrochait toujours fermement au manche en acier de son fidèle marteau de guerre, DumZaraz.

Comment en était-il arrivé là ? Alors que sa vision se troublé légèrement, son esprit s’accéléra et il revit les dernières mois de son existence, ceux qui l’avaient amenés à venir se perdre dans une contrée aussi éloignée de chez lui. Tout commence lorsque, officiellement, Thorak avait quitté sur un coup de tête l’armée du Haut-roi pour se lancer dans l’aventure, libre. De retour d’une mission difficile, il avait annoncé à son supérieur ne plus vouloir rendre de compte, ne plus vouloir être responsable de la mort de nains sans raison valable, on l’avait donc remercié, pour ces bons et loyaux services, et congédié sans plus de cérémonies. Il commença donc sa retraite par la Tilée, plus précisément Rémas, là où l’un de ces amis humain y résidait depuis qu’une vilaine blessure, et l’âge, l’avait contraint à restreindre ses courses à travers le monde, Léonardo Antonelli.

L’ancien soldat du Haut-Roi Thorgrim séjourna plusieurs jours chez son ami, buvant différant vins locaux sans modérations avant qu’une nouvelle ne parvienne à ses oreilles et n’intéresse sa personne. Plus au sud, un homme organisait une expédition vers des terres inexplorées et inhospitalières, les Terres du Sud. Thorak n’avait pas l’âme d’un explorateur mais il avait toujours été curieux et l’aventure était quelque chose qui le stimulait, c’est du moins ce qu’il expliqua son ami qui était le premier surpris de le voir s’engager dans une telle aventure. Malgré les mises en garde de son ancien frère d’arme humain, devenu plus sage avec l’âge, le nain n’en fit qu’à sa tête, n’écouta pas ses conseils et prit congé. La route jusqu’à la ville de Lashiek fut longue depuis Rémas, et exclusivement maritime. Fort heureusement, Grim’Azul avait acquis le pied marin lors de précédente mission ou le voyage en bateau lui avait été imposé. Lorsqu’il arriva dans la ville dites, c’est le dépaysement qui l’accueilli. Il n’avait jamais été aussi bas dans le sud, l’Arabie n’était pour lui que mystères et légendes. Le nain pénétra dans la cité en observant les bâtiments et la foule, curieux de tout. Lorsqu’il rencontra un habitant, il lui jeta un sous de cuivre et l’interrogea.

« Bonjour, je cherche un certain Ibn Al-Hakim… »

Thorak n’avait nul besoin de parler d’avantage, et malgré son accent commun à couper au couteau, on lui indiqua le palais où se déroulés les entretiens de recrutements pour l’expédition. Thorak n’eut pas à demander son chemin trop souvent tant l’édifice surplomber les maisons alentours par sa grandeur. En arrivant devant le palais de marbre blanc aux hautes colonnes, le nain marqua un temps d’arrêt, il était impressionné par l’édifice mais en même temps dépaysé par la richesse qui transpiré de ces pierres. Il sut que c’était le bonne endroit en apercevant une foule compact mais dense se masser à l’intérieur. Sans attendre, il suivit le mouvement, découvrant un rassemblement des plus hétéroclites.

Le nain de Karaz Ankor grimpa quelques marches pour découvrir une foule encore compact de badauds venus tenter sa chance dans les recrutements. Plusieurs tables avaient été dressées afin de mener des entretiens individuels et les gens venus du monde entier faisais la queue. Thorak choisis une file au hasard et attendis en observant autour de lui. Il découvrit bon nombres d’humains provenant de régions diverses du mondes. Des impériaux de divers comptés, des bretonniens avec leurs dialectes étranges, des géants kislévites, des pistoléros Tiléens, des Arabéens naturellement et même quelques Cathayens aux yeux bridées si rares dans cette partie du monde. Les hommes n’étaient pas les seuls à se présenter apparemment il y avait aussi des non-humains, mais ils étaient bien moins nombreux. Quelques nains, des halflings et même un ou deux elfes.

Thorak se retrouva finalement devant un homme d’âge mur qui lui demandait son nom. Il répondit et s’en suivit un interrogatoire d’une dizaine de minutes sur son parcours, ses motivations et sur ce qu’il pouvait apporter à une telle expédition. A l’issue de cet entretien, l’homme confirmait son embauche en lui remettant une bourse d’or plus que conséquente et en lui donnant rendez-vous ici même le lendemain en début d’après-midi. Il avait su le convaincre par sa formation militaire, sa discipline et son expérience face à des créatures innommables. Avant de quitter la table, le serviteur d’Ibn Al-Hakim lui conseilla de séjourner à l’auberge du « Chameau d’Or », c’était l’établissement qui avait été loué pour les mercenaires de l’expédition. Le guerrier nain acquiesça d’un signe de tête et s’en alla laissant sa place à un impérial à accent de l’Ostermark.

En quelques minutes, Thorak découvrit le « Chameau d’Or », des chants de diverses langues s’élevant de l’intérieur et un animal, que le nain supposait être un chameau, de la couleur de l’or ornant le dessus de la porte, lui indiquait qu’il avait trouvé le bon établissement. En poussant la porte il sentit des effluves de bières, mais pas seulement. Il entra et pris quelques secondes pour détaillait la foule massait dans l’auberge. C’était une vision étrange, dans la même pièce se trouvait des peuples et des nations diverses, vivant à des milliers de lieux les uns des autres et pourtant tous étaient réunis sous le même toit. Alors que Thorak observait la foule bien trop nombreuse pour l’établissement, une voix l’interpella.

« Hé l’ami viens donc t’assoir avec nous, il nous reste de la place ! »

La voix qui avait parlée appartenait à une femme, bien que très jolie elle ne semblait pas attirés l’attention des hommes avoisinants. Peut-être était-ce dut à ces manières d’homme, aux armes qu’elle arborait fièrement ou alors aux deux Tiléens assis à côtés d’elle qui veillaient sur elle comme deux chiens de garde. Thorak fit quelques pas et s’assit sur le tabouret de libre qu’il restait à sa table déjà bien remplis. Vu qu’il faisait partis des derniers à faire son inscription à cette expédition tous devait déjà ce connaitre. La jeune femme, qui l’avait interpellé, se pencha en avant vers lui et l’observa quelques minutes sans ciller du regard. Grim’Azul en profita pour l’observait également. La tiléenne était très jolie, elle possédait une silhouette assez musclée pour une femme aux formes généreuses, le nain sut reconnaître à sa tenue qu’elle devait être marin probablement. Elle portait au côté une rapière et un pistolet à la ceinture. Détail plus étrange, sa couleur de cheveux était d’un rouge sang, rien de bien naturel, elle devait se teindre les cheveux pour un tel résultat, Thorak se demanda pour quelle raison elle faisait cela. Sans prévenir la jeune se recula et sourit en affichant des dents blanches en bon état, ou presque. Elle regarda la tablée et entreprit de se présenter.

« Mon nom est Maria Lucienzo, les deux gars derrière moi sont Théo et Nico, mes seconds, je n’ai jamais réussi à en choisir un seul. Nous venons d’une petite ville au nord de Luccini, en Tilée et nous avons décidés d’amarrer notre bateau pour nous joindre à l’expédition, nous espérons y trouver suffisamment d’or pour prendre notre retraite, comme presque tout le monde ici d’ailleurs. Bien sûr on n’est pas stupide, enfin pas complètement. A trois, c’est dangereux là-bas, pour cela nous préférons faire équipe, les autres préfères restaient entre nations ou races, pour ma part je pense que s’ouvrir aux autres peux s’avérer un investissement juteux, et nous sommes plusieurs à penser pareil, alors qu’en dis-tu ? Veux-tu te joindre à nous ? »

Thorak tourna la tête vers les autres membres de ce fameux groupe, effectivement ils étaient hétéroclites. Ce n’était pas forcément ce qu’avait imaginé l’ancien Longue-Barbe mais l’idée n’était pas pour lui déplaire et cette femme lui plaisait, pas physiquement mais son franc parler et son assurance lui rappeler Léo dans son jeune temps. Alors qu’une jeune femme d’à peine quinze ans lui déposait une chopine de bière devant lui sans lui demander la moindre somme d’argent, il se décida à accepter la proposition de Maria.

« J’accepte. Nous allons tous dans les Terres du Sud à la recherche de trésors disparus mais cela ne nous empêches pas de nous soutenir. Si les légendes sont vrais, il y en aura bien assez pour nous tous, et bien plus même. Mon nom est Thorak Grim’Azul, ancien soldat, désormais à la retraite »

L’ancien engagé du Haut-Roi leva sa chope en saluant ces nouveaux compagnons de fortunes qui levèrent leurs verres en réponse et se présentèrent tour à tour. Le premier était un nain, pas n’importe lequel, un Tueur.

« Mon nom est Beldor. Content de compter un frère dans les rangs de notre petite troupe »

Le nain face à Thorak arborait la crête orange et les tatouages bleus caractéristiques des tueurs nains. Sur la table, à portée de mains, reposaient deux haches légères de bonnes factures. Le nain comme tous ceux de sa caste déshonorés déambulait torse nu. Une chose est sure, les Terres du Sud était une destination de choix pour un Tueur, il y avait des ennemis de choix et une mort quasi certaine à la clé.
A côté de lui, contrastant par sa taille, se tenait un géant blond dont les origines étaient lisibles sur son visage, un Kislévite. Derrière lui se tenait cinq de ces camarades. Apparemment il semblait le chef de sa compagnie et surtout le seul à parler quelques mots de langue commune. Les hommes derrières lui étaient semblable et buvant calmement un breuvage laiteux qui sentait fort l’alcool. Dans la chaleur de la cité d’Arabie les kislevites n’étaient pas difficiles à identifier, ils étaient les seuls à se promener à moitié torse nu tant la chaleur les incommodés en comparaison de leur toundra gelée. Le colosse blond posa sa choppe et tendis une main à Thorak que ce dernier serra.

« Je suis Jorgen Harl. Derrière ce sont mes hommes, enchanté nain Thorak »

La poignée de main échangé, le guerrier nain vit les épaules des cinq kislevites se détendre légèrement, c’étaient des guerriers à n’en pas douter. A sa droite se tenait un elfe, aussi surprenant que cela soit, il buvait un verre d’eau calmement sans dire un mot mais écoutant soigneusement l’échange qui avait lieu en ce moment même. Thorak posa son regard sur l’elfe et fut surpris de constater un air bourru. Il avait un aspect robuste, un air viril et imposant. La surprise passé, Thorak posa son regard sur les cheveux châtain clair de l’elfe et remarqua un manque de soin et d’entretien qu’il n’avait jamais vu chez ceux de son peuple. L’elfe qu’il avait devant lui n’était pas un elfe comme les autres, au premier coup d’œil il en était persuadé. Son interlocuteur garda le silence le temps que l’ancien Longue-Barbe le détail. Pendant ce temps, il ne détourna pas le regard une seule seconde, s’amusant presque de la situation. Lorsque Thorak se rendit compte de la situation, l’elfe prit la parole à son tour.

« Mon nom est Ethenael Alfëydr, enchanté de faire votre connaissance Longue-Barbe. Comme vous l’avez si bien dit, nous sommes là pour nous soutenir dans la recherche de trésors disparus… »

Thorak resta perplexe en observant l’elfe face à lui qui réutilisait ses propres mots, comme si il se moquait de lui. La commissure de ces lèvres se souleva et l’elfe inclina poliment la tête en signe de salutation. Cet individu n’était pas anodin, bien au contraire. Thorak se décida à passer au dernier membre de leur troupe qui se révélait de plus en plus étrange de minutes en minutes. Le dernier membre était un de ces rares Cathayens, les cheveux attachés en chignons, il portait un sabre courbe dans le dos et buvait silencieusement. Lorsqu’il remarqua que le nain le regardait, l’homme aux cheveux noir, à la peau jaunie et aux yeux bridés se présenta.

« Bon…Jour… Moi être Xyan »

Il semblait être celui qui maîtrisait le moins la langue commune, ce qui n’était pas surprenant, même ça façon de s’habiller prouvait à quel point il était un étranger. Thorak le remercia de ses efforts d’un signe de tête et leva sa chope de bière dans sa direction. Il en profita pour boire une lampé et jeta un rapide coup d’œil à ses douze hommes et femmes qui constituait désormais le groupe qu’il venait de rejoindre. D’un seul et même mouvement tous les treize levèrent leurs chopes et burent à l’aventure qu’ils allaient vivre. Bien que l’ambiance soit à la fête, Grim’Azul ne put s’empêcher de jeter un regard à l’elfe et constata que ce dernier l’observait également. Tous deux cachaient des choses mais ce n’était ni le lieu ni l’instant pour en dire plus.

La nuit fut riche en alcool et en nourriture, chacun chantant et racontant certaines de ces aventures. Les kislevites chantèrent quelques chants de chez eux, Maria raconta avec Théo et Nico quelques histoires de marins et Beldor conta une ou deux de ces batailles. Les seuls à garder le silence furent Grim’Azul qui écoutait attentivement les autres mais appréciait l’ambiance, Ethenael qui comme le guerrier nain ne disait pas un mot mais restait bien plus discret et enfin Xyan qui ne comprenait que très peu ce qui se disait. Autour d’eux les autres passaient le temps dans la même ambiance, festoyant comme si c’était la dernière fois qu’ils le pouvaient. Ce qui pour beaucoup serait probablement le cas.

La fête dura jusque tard dans la nuit et les derniers à se coucher accueillir le lever du soleil. La matinée et le début d’après-midi fut réservé aux derniers achats puis tous se rassemblèrent au palais du cousin du sultan, le responsable de l’expédition, Ibn Al-Hakim. Ce dernier attendait les mercenaires sur une montagne de coussins, des serviteurs s’afférant à préparer le nécessaire pour le voyage. Les quarante mercenaires se massèrent dans le palais de marbre et attendirent que leur hôte leur donne la marche à suivre. Ibn se leva et s’avança de quelques pas vers la bande de mercenaires qui se trouvait face à lui, trois serviteurs armés se trouvant derrière lui, leurs mains sur leurs sabres courbes.

« Mes amis, soyez les bienvenus dans ma demeure. Vous avez été choisis pour faire partis de cette expédition hors du commun, nous allons explorer des terres oubliées depuis des millénaires. Nous allons laisser notre nom dans l’histoire, durant des siècles les gens se rappellerons notre nom à tous, nous serons ceux qui ont découvert les trésors et les secrets des Terres du Sud ! »


Quelques grognements et applaudissements fusèrent des mercenaires, surtout à la mention des trésors. Tandis que le financier de l’expédition buvait tranquillement un verre, son intendant expliquait les étapes de notre voyage. Le départ aurait lieu à l’aube dès le lendemain, les mercenaires retournèrent donc à l’auberge pour une dernière soirée de beuverie avant que notre contrat ne commence. Thorak aperçu un homme relativement âgé, un impérial apparemment, il s’en approcha et le salua avec toute la diplomatie dont il était capable, l’interrogeant sur son rôle au sein de l’expédition. Le vieil homme de presque soixante ans se tourna vers le nain, le crâne dégarni et des cheveux blancs se mêlant à une longue barbe, il avait l’air âgé mais l’épée à sa ceinture était un signe qui voulait dire qu’il n’était pas pour autant sans défense.

« Cher maître nain, mon rôle parmi vous est de celui du savoir. Je suis un cartographe. J’aurais pour tâche de vous guider mais également celui de consigner par écrit notre épopée. Mon nom est Tadéus Gusvald, enchanté »

Le nain salua le vieil homme et discuta quelques instants avec lui sur leur itinéraire. L’impériale semblait ravi que quelqu’un s’intéresse à ses connaissances, il ne se fit pas prier pour expliquer les différentes étapes de leur voyage, du moins ce qui était planifié.

« Nous aurons pour première épreuve de traverser le désert d’Arabie, ce n’est pas une mince affaire. Heureusement pour cela nous seront aidé par bon nombre de natif de la région. Nous ferons escale à un port de commerce sur le Golfe de Medes appelé El-Kalabad, nous pourrons nous reposez un peu et réapprovisionner. Le plus dur sera à venir, nous entrerons sur la Terres des Morts, Nehekhara, l’Empire des Rois des Tombes. Là il faudra être prudent, le moindre faux pas sur la route et on peut se retrouver dans l’une des cités maudites. Mais curieusement Ibn semble confiant et ne pas craindre ces terres, j’en ignore la raison mais je lui fais confiance. Notre première étape dans ce désert de mort sera l’émirat de Ka-Sabar, c’est un choix de notre employeur. Peut-être est dut à une certaine école de sorcellerie, un peu comme nos collège de nos magie dans l’Empire, que l’on trouve là-bas. Une fois cette partie atteinte nous descendrons vers les Terres du Sud. A partir de là nous n’avons qu’un itinéraire, malheureusement imprécis. Trop peu sont revenus pour qu’on puisse éditer des cartes correctes, mais c’est ce qui n’est pas indiqué qui est le plus intéressant !»

Le vieil homme malgré son âge parlé avec entrain et passion, il était réellement impatient de se lancer dans l’aventure même s’il savait pertinemment qu’il n’en reviendrait probablement pas. Thorak sourit devant l’entrain de l’humain face à lui, il ne pouvait que saluer une telle passion.

« Je dois avouer que j’apprécie de savoir votre présence avec nous. C’est rassurant de savoir où nous mettons les pieds et que l’un d’entre nous prennes en note ce qui se déroulera pour la postérité ou à titre posthumes, cela laissera une trace dans l’histoire quoi qu’il arrive »

Le vieil homme se mit à rire bien que le nain n’était pas sûr d’avoir fait de l’humour, mais après une bonne claque sur l’épaule, l’humain s’en alla retrouver Ibn Al-Hakim pour terminer les détails de la route. Thorak s’en alla rejoindre ses nouveaux camarades et termina de son côté les préparatifs de l’expédition avec le reste de son nouveau groupe. Chacun emmenant le strict minimum pour supporter une traversée du désert à pied. Il acheta une outre d’eau plus résistante, des fioles d’antipoison chez un herboriste conseillé par l’un des serviteurs d’Ibn, des rations adaptées au climat désertique et de quoi dormir à l’abri la nuit. La nuit fut plus sobre que les précédentes, personne n’ayant envie de commencer la traversée avec une bonne gueule de bois. Au levée du soleil, Lashiek vit Ibn Al-Hakim quitté la cité sur son destrier blanc à la tête de ces quarante mercenaires qui précédaient eux même les trente serviteurs qui menaient la vingtaine de mulets. Tous marchaient avec l’énergie et l’entrain du départ, pas uns ne se doutaient de l’épreuve et du cauchemar qui les attendaient, sinon ils auraient marchés avec moins d’engouement.


La première épreuve n’était pas des moindres, traverser le désert d’Arabie. Du sable à perte de vue, des ossements d’anciens animaux, voire d’anciens explorateurs, et les charognards comme seules compagnies. Le soleil était si chaud qu’il n’y avait pas que la peau des marcheurs qui se craquelaient, même la terre se fissuraient, déshydratait. Quelques rares buissons existaient encore, complètement desséchés et sans vies. Fort heureusement pour la compagnie, l’eau avait été prévu en suffisamment grande quantité pour que personnes n’en manquent jusqu’à leur première étape, El-Kalabad. En chemin, le groupe ne rencontra qu’un seul contretemps, des bandits Touaregs. Ces derniers bien que nombreux n’égalèrent pas le nombre de mercenaires de la compagnie que formé celle d’Ibn et surtout certains des mercenaires étaient des vétérans dans leurs domaines. Thorak se savait douer avec son marteau et pourtant il dut reconnaître que bon nombre des engagés de la compagnie pourrait lui être fatal. Il y avait un archer originaire du Talabecland qui avait abattu une demi-douzaine de bandit à lui seul avec cinq flèches seulement, sans se déplacer. Il y avait un arabéen qui jouait du poignard si vite qu’on ne le voyait même pas bouger les bras, les hommes mourrait autour de lui sans qu’il bouge. Des individus comme eux il y en avait plusieurs dans la troupe. Mais il y avait aussi des êtres comme Ethénael, lui personne ne le prenait pour cible. Curieusement il restait à l’écart, il pouvait faire une cible facile mais personne ne semblait se soucier de lui, comme si personne ne remarquer sa présence au milieu d’une bataille, c’était un phénomène étrange. Thorak, qui se forçait à garder un œil sur lui, semblait le seul à se rendre compte de ce détail, l’elfe l’avait remarqué et l’observait avec un demi-sourire sur le visage, conscient d’être espionné.

La traversée du désert ne fut pas pour autant dépourvue de perte, six serviteurs et quatre mercenaires périrent durant ce trajet de sécheresse. Certains durant l’escarmouche avec les bandits, d’autres à causes du soleil et quelques-uns à causes de morsures de scorpions ou de vipères des sables, pourtant ils avaient été prévenus de dormir avec leurs bottes, mais ils n’avaient pas écoutés. L’expédition n’avait commencé que depuis quelques semaines à peine et déjà prêt d’un septième de la compagnie, serviteurs compris, avait péris. Tadéus l’avait pourtant dit, c’était la partie la plus facile, ça promettait.

Finalement le reste arriva à El-Kalabad, un village relativement petit par rapport à celui que la compagnie d’Ibn avait quitté voilà plusieurs lunes mais après des semaines à dormir dans le sable chaud du désert hostile d’Arabie, n’importe quel village aurait fait l’affaire. Aussi tous furent très heureux de séjourner pendant trois jours et deux nuits dans cette ville portuaire. Al-Hakim par l’intermédiaire de ces intendants refit le plein des rations et du nécessaire avant d’avoir à reprendre la route. Quant aux mercenaires, ils firent ce qu’ils savaient faire de mieux, ils burent et festoyèrent comme si c’étaient le dernier jour de leur vie, ce que chacun avait cru possible dans ce désert. Tous étaient dispersés dans différentes auberges mais Thorak retrouva ceux qui faisaient sa compagnie depuis le début de cette aventure. Durant cette première étape il était venu à apprendre un peu plus sur chacun, surtout sur les chefs de chacun.

Maria n’avait pas eu une vie facile, une femme corsaire, même en Tillée, devait savoir se faire respect, sinon elle risquait la dérision dans le meilleur des cas et dans le pire des cas… Thorak préférait ne pas y penser. Sous ses airs sûre d’elle et arrogante, elle était relativement digne de confiance et loyale, tout comme son ami Léo s’était révélé l’être, était-ce un trait des tiléens ? Il ne le pensait pas, mais il avait eu la chance que le peut qu’il est croisait soit des gens bien. Ses seconds étaient deux hommes qui l’aimaient mais pas d’un amour charnel, plutôt un amour fraternel. Ils veillaient sur elle comme le feraient des frères, ce qui était une bonne chose, surtout dans le contexte actuel. Durant toute la traversée, ils s’étaient entraidés, comme une famille.

Jorgen Harl était un cliché de la Kislev, l’indomptable guerrier du nord. Quoiqu’on lui mette devant lui, il ne faiblissait pas, soutenant ses hommes au détriment de sa propre sécurité. Lorsque l’un de ces hommes étaient mort d’un flèche d’un brigand touareg durant l’attaque il était rentré dans une rage folle, perdant toute notion de stratégie. Sa grande hache tournoyant et faisant sauter tête et membres de ces ennemis dans des flots de sang. Par la suite, subissant d’avantage les effets de la chaleur que les autres peuples, les kislevites restèrent très soudés.

Xyan de son côté était un être bien plus mystérieux. De part ces origines et son manque de connaissance du langage commun, il était difficile de dialoguer avec lui. Malgré tout, il accomplissait les tâches comme les tours de garde ou le montage du campement avec une efficacité surprenante et sans rechigner. Il ne soupirait jamais et avançait toujours d’un rythme soutenu sans traînait, un véritable prodige. Le Cathayen n’était pas très à l’aise dans les réunions de groupe, il était toujours l’un des plus discrets et manger sans bruit, n’attirant que peu, voire pas du tout, l’attention. Cela étant il était toujours autour de la table lorsque les gens se regroupaient pour festoyer, il se trouver toujours autour du feu lorsque certain veiller tard et pareil quand un groupe se décidait à jouer aux cartes. C’est pour cette raison que Grim’Azul se dit que l’homme n’était peut-être pas si distant qu’il voulait sans donner l’air, il ne savait peut–être tout simplement pas comment parler aux gens, outre son problème de langue.

Contrairement au Cathayen, si quelqu’un n’avait pas de problème pour parler c’était bien Beldor, le Tueur, malgré son statut sinistre chez les nains, n’était pas un compagnon morose, loin de là. Bien qu’il est décidé de consacré sa vie à racheter son honneur pour une raison qu’il avait décidé de ne pas partager, il n’était toutefois pas d’une compagnie déplaisant. Il se plaisait à raconter nombres d’histoires toutes plus farfelues les unes des autres qui lui étaient arrivés. Bien souvent, le confrère nain du Longue-barbe finissait debout sur la table à mimait un combat contre un ennemi imaginaire au grand plaisir de la foule hilare.

Le seul que Thorak n’arrivait pas à cerné s’était l’elfe, Ethenael. Bien plus que Xyan, c’était un véritable mystère. L’elfe en lui-même tout comme sa présence en ces lieux. Il avait accepté de rejoindre le groupe mais ne se joignait à eux que rarement, ne participant qu’un minimum aux activités, souvent à la demande de Grim’Azul d’ailleurs, et le reste du temps il restait à l’écart. L’ancien soldat nain en était sûr, il cachait quelque chose, il n’avait plus qu’à apprendre quoi. Il n’eut pas bien longtemps à attendre.

Alors que le nain s’était retrouvé seul, fumant un peu de tabac dans sa pipe pour se détendre à l’extérieur de l’auberge, l’elfe était venu le rejoindre de son propre chef. Sans un mot il prit place à côté de lui, sans montrer le moindre signe d’agacement dut à la fumée. Cet elfe était bien étrange. Thorak continuait à tirer sur sa pipe en essayant de montrer qu’il n’était pas le moins du monde décontenancer par les actes de son compagnon, si tant est qu’il puisse le considérer comme tel. Du coin de l’œil, Grim’Azul se rendit compte que l’elfe souriait, pas à moitié comme lorsqu’il l’épiait mais complètement.

« Que puis-je vous pour vous Thorak Grim’Azul ? Depuis notre départ de Lashiek vous ne cessez de me garder à l’œil, aurais-je attisé votre curiosité d’une quelconque manière ? Si telle est le cas, j’en suis honoré, car il en va de même pour vous ! »

Une nouvelle fois l’elfe surprenait le nain, malgré son air viril et sauvage, l’elfe parlait avec aisance et amusement, maniant les mots habilement. Thorak l’aurait cru un peu plus direct dans ses propos, comme lui, à tort. Thorak retira sa pipe de sa bouche et continua de fixer les dunes de sable que l’on apercevait par-dessus les toitures des maisons de la ville d’El-Kalabad.

« En quoi ai-je attiré votre curiosité ? Je suis un soldat nain à la retraite, je n’ai rien de bien différent des mercenaires de la troupe d’Ibn Al-Hakim, je suis ici pour explorer les merveilles que cache les Terres du Sud, lorsque j’aurais ma part, je compte bien couler des jours heureux dans un paradis perdu, au calme. En revanche, vous ! Que fais un elfe sylvains au milieu d’un désert ? Je m’interroge. D’ordinaire, vous êtes du genre discret, voir invisible. Comprenez ma surprise quand j’ai intégré ce groupe de remarquer que vous en faisiez partie, j’ignore encore vos motivations, mais je suis persuadez qu’elles n’ont pas grand-chose à voir avec celle d’Ibn, n’est-ce pas ? »

L’elfe souriait toujours, il ne cachait pas son amusement et Thorak crut même déceler d’avantage de plaisir dans son regard, comme une sorte de jeu dans ses iris vert. Il était impossible de déterminer l’âge d’un elfe à son physique mais le Longue-Barbe était, pour une raison inconnue, persuadé que l’elfe en face de lui était vieux, très vieux. D’un mouvement leste, Ethenael se retrouva debout, se tenant face au nain, le regardant droit dans les yeux.

« L’heure de percer tous les secrets n’est pas encore venu Grim’Azul. Ni les miens, ni les vôtres. Mais je vous en prie, par respect pour mon intelligence, ne prétendais pas être un mercenaire comme les autres. Vous m’avez percé à jour, en partie du moins. Il en est de même pour moi. Bien que j’ai d’autre armes que la perspicacité naine, mon cher ami, bien d’autres. Vous avez votre quête, j’ai la mienne. D’ici là, continuons à jouer au mercenaire, je dois dire que cela m’amuse un peu, pas vous ? »

Le Longue-Barbe ne répondit pas, troublé par les paroles de son interlocuteur, comment pouvait-il savoir ? C’était impossible. Alors que le nain se creusait la tête, l’elfe inclina la tête d’un rapide salut et disparu sans se presser vers l’intérieur de l’auberge, laissant le guerrier nain à sa réflexion. Thorak resta plusieurs minutes encore à se triturer le cerveau en essayant de percer les secrets de l’elfe quand pris d’un accès de nerf, il jura comme un ranger nain de sa connaissance et alla se coucher, les questions seraient toujours là demain !

Il avait raison, le lendemain les questions étaient toujours là, mais aucune réponses ne vint à lui, pire l’elfe était toujours là à le regarder avec un sourire amusé. Fort heureusement le temps passé dans la ville portuaire ne dura pas longtemps, l’expédition repris sa route et Thorak dut retrouver sa concentration s’il ne voulait pas mourir bêtement. Car désormais ce n’était plus un désert ordinaire qu’il allait traverser, mais la terre des morts, Nehekhara. La moindre erreur d’itinéraire conduirait la troupe dans les villes dirigeaient par les rois morts, des endroits d’où nul ne ressortirait, vivant en tout cas. La pression sur les épaules Tadéus Gusvald grandissait d’un cran, mais c’est Ibn qui le rassura en lui posant une main sur l’épaule.

« N’ai craintes mon ami, Yussef sera notre guide, il connait la route jusqu’à Ka-Sabar, il étudie la magie là-bas, j’ai passé un accord avec l’école. Il vient avec nous et en échange nous leur remettrons quelques-uns des artefacts magiques que nous découvrirons dans les Terres du Sud, mais pour sa sécurité, je préfère que tous pense que tu diriges l’itinéraire. »

Grim’Azul avait entendu toute la conversation, ainsi donc Ibn avait négocié la présence d’un mage avec eux, voilà donc pourquoi leur commanditaire semblait si sûr de sa traversée de la terre des morts. Toutefois le mage préférait se cacher derrière le vieil homme afin d’éviter les persécutions, cela pouvait se comprendre. De ce qu’en savait Thorak s’était courant, même dans l’Empire. C’est donc pas l’intermédiaire de Tadéus que Yussef fit comprendre que bien qu’il connaisse la route, cela ne voulait pas pour autant dire qu’elle était dépourvue de danger. Bien au contraire, il incita donc tout le monde à la prudence et mena le convoi avec Ibn à ses côtés.

Yussef avait raison sur deux points. Premièrement il connaissait la route, deuxièmement il avait raison d’être prudent. La distance entre El-Kalabad et Ka-Sabar était trois fois plus courte que la distance que nous avions faite depuis notre départ et pourtant huit personnes y laissèrent la vie. Un ver des sables affamé avala quatre d’entre eux d’un seul coup sans qu’il soit possible de faire quoi que ce soit, trois autres furent tués à cause de sable mouvant, encore trois idiots qui n’avaient pas écoutés les consignes, on leurs avaient dit de ne pas s’éloigné de la route indiquer par Yussef, désormais ces trois impériaux n’avaient plus à s’en soucier. Et le dernier fut tuer par une nuée de scarabées du désert, une vilaine coupure dut à un accident idiot et les insectes étaient sortis de nulle part pour dévorer le corps jusqu’aux os, laissant un squelette en à peine quelques secondes, il s’agissait de Niko, le second de Maria.

Ka-Sabar était une ville bien plus grande que la ville portuaire où ils avaient fait escale quelques semaines plus tôt. En arrière-plan de la ville se détachait un bâtiment colossal plutôt étrange qui dénotait mais que les gens observaient avec mystères et respect, la fameuse école de magie de Ka-Sabar. De ce qu’appris le nain, la magie en Arabie était mieux vue que dans l’Empire, loin d’être aduler ils étaient bien plus tolérer que dans certains coins du monde. Dès son arrivé dans la ville Yussef s’excusa auprès d’Al-Hakim et disparu vers l’école durant les deux jours de pause que nous accorder notre commanditaire dans la ville. Durant ce laps de temps, Ethenael vint taquiner une nouvelle fois le nain qui cette fois-ci ne rentra pas dans son jeu et décida de s’amuser de la situation, se confortant dans son rôle de mercenaire comme les autres, offusquant presque l’elfe, ou alors il fit bien semblant.

Il rejoignit rapidement les autres membres de sa compagnie. En temps normal, chaque moment avec eux était synonyme d’amusement et de bonne ambiance mais la perte de Niko, l’un des seconds de Maria avait plongé cette dernière et donc le groupe dans une ambiance un peu morose. Toute le monde savait qu’il y aurait des morts, mais personne ne pensait que ça lui arrivait jusqu’à ce que ça nous touche personnellement, Thorak connaissait trop bien se sentiment, il avait perdu bien trop de gens proche durant ces dernières décennies. Les autres essayèrent de consoler la jeune femme, Théo essayait désespérément de lui remonter le moral mais elle avait l’impression d’avoir perdu quelque chose d’irremplaçable. Alors que les autres buvaient plus calmement qu’à l’habitude et que la jeune femme sombrait dans la déprime, Thorak se décida à essayer à son tour, il jeta un œil à son second et attendit que la jeune femme se retrouve seule pour aller s’entretenir avec elle. Elle essayait de garder bonne figure mais devant le nain, calme et conscient de sa douleur, les larmes commencèrent à perler.

« J’ai l’impression qu’on m’a arraché un poumon, de ne plus pouvoir respirer, j’ai peur. Peur de ce qui pourrait arriver si Théo venait aussi à disparaître, que deviendrais-je si je me retrouvais toute seule ? Quand cette douleur disparaitra-t-elle ? »

Les larmes coulant silencieusement sur ses joues mates, la jeune femme espérait probablement du nain des paroles rassurantes, seulement Grim’Azul ne savait pas mentir, aussi lui fit il part de sa propre expérience.

« Malheureusement jamais, tu ne te débarrasseras jamais de cette douleur, ce sera ta souffrance. Tant que tu porteras les souvenirs de Niko dans ton cœur, tu souffriras. Mais comme tous tu apprendras à vivre avec, pour toi, pour Théo et pour d’autre que tu rencontreras. Niko n’aurait certainement pas aimé te voir dans cet état. Quant à la peur de perdre quelqu’un qu’on aime, je pense que malheureusement elle va de pair avec les émotions, tu ne peux rien y faire si ce n’est cesser d’aimer. Ce que je ne te souhaite pas… »

Thorak allait partir quand la jeune femme posa une main sur son épaule.

« Merci Thorak, ce n’est pas forcément ce que j’avais envie d’entendre, mais je pense que c’est ce que je devais entendre. J’ignore qui tu es sous cette grosse barbe rousse, mais tu es bien plus observateur que tu ne veux bien le faire croire »

Elle s’abaissa, plaqua un baiser sur la joue du nain et rentra dans l’auberge retrouver son second et tenter de retrouver aussi son moral, qui reviendrait progressivement. Les deux jours suivant furent plus jovial et Maria retrouva peu à peu sa bonne humeur, ainsi que le reste du groupe. Durant leur séjour à Ka-Sabar, Thorak s’entretint avec Tadéus sur la distance qui les séparaient de la Terres du sud. Le vieux cartographe lui indiquait sur ces cartes qu’il ne restait pas plus de deux semaines de marches avant d’atteindre les premiers arbres de la jungle, une fois là-bas, l’itinéraire restait assez hasardeux. Les seuls points de repères étaient quelques rares villes connues et la chaîne des montagnes, Thorak acquiesça en disant qu’il serait peut-être bon de ne pas trop s’en éloigner, que cela faisait un bon repère géographique. Tadéus approuva et promit d’en parler à Ibn Al-Hakim.

Le départ de la ville de Ka-Sabar fut bien moins énergique que pour la ville de Lashiek, beaucoup s’étant rendu compte du risque de mort avant même d’avoir attend le but de cette expédition. Six mercenaires décidèrent d’abandonner et firent demi-tour, remboursant leur dette à Ibn et partirent vers le désert qu’ils avaient eu bien du mal à traverser, nul ne sait s’ils sont vraiment rentré chez eux ou s’ils ont péri dans le désert mortel d’Arabie sans personnes pour les aider. De leur côté, les vingt-huit mercenaires et les vingt serviteurs restant continuèrent en descendant vers le sud, il n’était plus qu’à quelques longues journées de la jungle et de ces dangers, mais aussi de ce qui marquer le début du véritable objectif, pour chacun. En pensant cela, Thorak ne put s’empêcher de regarder Ethenael. L’elfe était dos à lui, prêt à partir, les bras croisés, discutant avec la jeune Tiléenne, depuis plusieurs jours l’elfe semblant moins sauvage, il lui arrivait d’échanger quelques phrases avec elle, cela ne durait pas bien longtemps mais c’était suffisant pour surprendre le nain. Lorsque Théo rejoignit Maria, l’Asrai s’éloigna non sans jeter un œil à Grim’Azul avec un sourire amusé, toujours le même.

Avant d’atteindre la fameuse jungle des Terres du Sud, il devait traverser la plaine des Fauves, un lieu nommé ainsi à cause d’une présence intense de dangereux félins. Fort heureusement, leur nombre encore conséquent dissuaderait n’importe quelle troupe de félins aussi agressifs soit-il. Cette partie du trajet fut d’ailleurs la plus calme pour notre expédition, la moins mortelle. Il y eu quelques tentatives de la part d’une meute de fauves affamés mais rien qu’un peu de bruit et quelques flèches ne fit fuir. A l’exception d’un des hommes de Jorgen qui mourut d’une vilaine fièvre, nous n’eurent pas de mort violente à déplorer.

Finalement, après presque un mois et demi de marche à travers le soleil brulant et les vents cinglant du désert d’Arabie la troupe d’explorateurs et de pilleurs d’Ibn Al-Hakim venait enfin d’arriver sous le couvert des premiers arbres des Terres du Sud. Le groupe d’un peu moins de cinquante personnes s’avança plus profondément dans cette végétation luxuriante et attirante. Après des jours et des jours sous un soleil brulant, ne plus ressentir la chaleur du soleil grâce à la densité du feuillage des arbres était agréable. Au bout d’une heure de marche, Ibn arrêta le convoi et s’avança aux devant d’un précipice. Sur sa gauche des ruines, probablement des restes de ce qui fut une habitation ou un temple, face à lui une chute d’eau qui se terminait en un petit cour d’eau, et tout autour des arbres et des buissons à perte de vue. Par respect ou par désintérêt, tout le monde le laissa contempler son paysage. Le moment était presque religieux et paisible, presque.

Durant les heures qui suivirent un campement fut installé et tout le monde en profitait pour se détendre. Se rinçant du sable du désert dans l’eau ou profitant d’un coin d’ombre bien méritait. Les groupes se reformaient et chacun mangeait un morceau pour reprendre des forces, prêt à attaque le but de cette expédition, la chasse au trésor.

Un grondement provint du cœur de la jungle, il était très éloigné mais assez proche pour que tous l’entende et s’en inquiète. D’un coup tout le monde cessa de bouger et de parler, figé de stupeur, chacun se demandant qu’elle créature pouvait pousser ce genre d’hurlement. Alors qu’un frisson malsain parcourait l’ensemble de l’expédition, Ibn décida qu’il était temps de faire un petit discours et d’expliquer la suite des évènements. Il grimpa sur un gros rocher avec l’aide d’un de ces serviteurs et prit la parole.

« Mes cher amis, nous avons réussi notre premier objectif ! Nous voici dans les fameuses Terres du Sud ! Certes nous avons perdus un tiers de notre expédition mais nous sommes encore nombreux et les trésors de cette région ne demandent qu’à être ramassés ! Essayons de rester groupé, si à l’avenir nous venions à être séparés, retourné à Lashiek avec des trésors pleins les bras. Je vous les rachèterais au prix fort, je vous le promets ! Maintenant allons explorer cette jungle luxuriante ! »

Dans cette ambiance d’euphorie beaucoup de mercenaires devinrent entreprenant et se lancèrent à l’assaut de la forêt, ne prenant que trop de risque. C’était certainement l’intention d’Ibn qui savait influencer les foules. Le seul groupe à rester prudent était celui que formait Thorak et ces comparses. Ils n’étaient plus que dix et comptaient bien le restaient. C’est pourquoi, moins de six heures plus tard, ils furent le seul groupe autour d’Ibn et de ses serviteurs, le seul autre mercenaire était Tadéus et ses cartes, les autres mercenaires ayant pris beaucoup d’avance pour rafler les plus belles pièces de trésors, du moins c’était leur plan.

Durant la marche Thorak compris qu’il y avait quelque chose qui clochait dès les premières heures, pour plusieurs raisons. La première raison était qu’Ibn murmurait trop souvent avec Yussef. La seconde raison était que pour un groupe qui ignorait où il se rendait il allait bien trop vite et bien trop précipitamment. Ne prêtant pas assez attention à leur environnement pourtant mortellement dangereux. Ils semblaient trop pressé, quelque chose de précis les attirer en ces lieux. En regardant l’elfe, Grim’Azul se rendit compte qu’Ethenael pensait comme lui. Quoi qu’il se passe, l’ancien Longue-Barbe n’aimait pas ça.

La route dans la jungle n’était pas plus reposante que sur le sable du désert. Les racines proéminentes, la terre humide et les feuilles glissantes rendaient la marche particulièrement difficile. Le soir venu, alors que tout le monde se rassemblait pour se reposer et se restaurer, deux clans se formaient. Celui d’Ibn avec ces serviteurs et celui des mercenaires. Les discutions dans le groupe de Thorak furent assez calme, tout le monde ressentant la fatigue de la journée. Malgré la proximité des hommes d’Ibn, le nain réussit à trouver un créneau de quelques minutes pour s’entretenir avec l’elfe, seul à seul.

« Nous sommes seul, nain »

Thorak acquiesça.

« Vous avez vos secrets, j’ai les miens, nous y viendrons à un autre moment, mais aucun de nous ne met tout le monde en danger, du moins je ne le pense pas. En revanche, Ibn Al-Hakim n’est pas venu ici pour s’enrichir, il a déjà les poches suffisamment pleines, il est venu chercher autre chose, et pas seulement lui. Il y a ce mage de Ka-Sabar qui ne le quitte plus. J’ai remarqué aussi que le lanceur de couteau, le mercenaire arabéen n’était pas partie avec les mercenaires. Il s’est déguisé en serviteur, cela s’est fait discrètement mais je suis sûr que c’est lui. Sa façon de bouger ne trompe pas. »

L’elfe sourit même si ce n’était pas avec le même amusement que d’habitude. Il semblait réellement apprécier le nain face à lui, ce qui semblait l’amusé lui le premier.

« Grim’Azul vous êtes surprenant, je prenais les nains pour des êtres rudes et dépourvus d’observations. Comme quoi même avec l’âge on peut encore commettre des erreurs. Je suis d’accord avec vos observations. Ibn est là pour une raison malsaine et dangereuse, il risque de provoquer la rage des habitants de ces terres. Vous devez pousser le groupe à décider quelle partie il prendront, celui d’Ibn ou celui des habitants de la jungle, au risque de repartir bredouille. Pour ma part mon choix est fait. Qu’il fasse vite, le choix viendra bien plus vite que vous ne le pensait, si je ne m’abuse nous nous dirigeons actuellement vers une cité temple, celle de Cuexotl. Elle ne doit plus être très loin et nous serons arrêté bien avant de l’apercevoir… »

Encore une fois Ethenael parlait par énigme bien qu’il semble avoir toute les réponses, il ne donnerait pas plus d’infos à Thorak. Très bien, le nain savait à quoi s’en tenir. Il devait parlait aux autres et rapidement. Avant de quitter l’elfe, il lui posa une question simple.

« Asrai, peux-tu au moins me dire dans combien de temps nous atteindrons cette cité-temple ? »

Il était passé au tutoiement, provoquant un peu l’elfe afin d’avoir une réponse. L’elfe se retourna vers le nain et le regarda sérieusement, sans sourire.

« Une réponse contre une réponse ! Si nous gardons notre rythme, nous atteindrons les abords de la cité dans trois jours. A mon tour, qui êtes-tu réellement Thorak Grim’Azul ? »

Pour une fois ce fut au nain de sourire, il savait que cette question devait agacée l’elfe depuis le début de leur joute verbale, il pouvait décider de le laisser ainsi sans réponse. Mais se serait contraire à ce qu’il était, ainsi décida-t-il de répondre à l’elfe, en tout honnêteté.

« Je suis Thorak Grim’Azul, du clan Marteau de Bronze, de Karaz-A-Karak. Guerrier du Haut-Roi Thorgrim, est-ce que cela répond à ta question ? »

L’elfe plissa les yeux, puis sourit. Thorak n’était pas sur de savoir quoi pensé mais l’elfe passa à côté de lui en lui tapotant l’épaule, un signe amical probablement. Le nain ne traîna pas longtemps dans la clairière et revint auprès du groupe. Le nain s’assit en silence auprès de ces camarades, observant silencieusement l’elfe face à lui. Pour l’heure ce n’était pas le meilleur moment pour prévenir le reste de la troupe. Ibn et ces hommes avaient les oreilles trop proches. Cependant lorsque la nuit serait passée, il ne resterait que deux jours d’après les dires de l’elfe, il ne fallait pas traîner.

La journée suivante fut assez intense. La troupe dut gérer un problème imprévu sur l’heure du repas, des plantes carnivores. Totalement immobile et invisible au milieu de toute la végétation, personne ne les avait remarqué jusqu’à ce qu’un des serviteurs d’Ibn se fasse littéralement avalé par la plante. Il y en avait trois au total. Le plus à même d’en venir à bout fut Beldor, Jorgen et ses hommes avec leurs grandes haches tranchantes, mais encore une fois l’un des Kislevites y laissa la vie. Il ne fut pas engloutie par la plante mais l’une des épines l’érafla et l’antipoison que Thorak posséder n’était pas assez puissant pour neutraliser celui de la plante. Moins de cinq minutes après la blessure le guerrier du nord convulsait et mourrait.

Malgré la perte du kislevite, Ibn ne laissa que peu de temps à Jorgen pour pleurer son frère d’arme. Thorak questionna Ethenael sur sa capacité à rattraper Ibn et ses hommes dans cette jungle. L’elfe s’en amusait en expliquant que ce serait à la portée d’un enfant, de ce fait le nain s’approcha d’Ibn et lui conseilla de partir devant, qu’ils les rattraperait après avoir donné quelques minutes à Jorgen, dix minutes pas plus. Pressé par son projet personnel, l’arabéen accepta et disparut avec ses serviteurs. Thorak revint vers le groupe, Ethenael observa Grim’Azul alors qu’il demandait à tous de l’écouter attentivement. Jorgen et ses deux Kislevite, Maria et Theo, Xyan et Beldor le regardèrent surpris par l’urgence dans sa voix.

« Il faut que je vous parle. Nous allons droit dans les ennuis. Ibn ne cours pas après des trésors, mais plutôt après quelques choses de précis. Et s’il met la main dessus, nous risquons un conflit avec les habitants de la jungle. Nous nous dirigeons vers une cité-temple, Cuexotl, d’après Ethenael. Ne demandez comment il le sait, il ne le dira pas, mais je pense qu’on peut lui faire confiance. Il n’est pas ici non plus pour les trésors de cette région, tous comme moi… »

Le silence planait et personne ne parlait. Un peu abasourdi par ce qui venait d’être dit. Xyan tentait d’assimiler rapidement ce qui venait d’être dit, Beldor se demandait quel confrontation allait avoir lieu et cela lui convenait du moment qu’elle était épique, Jorgen s’emporta contre ce maudit Ibn pour la mort de trois de ces hommes et Maria interrogea l’elfe et le nain sur les raisons de leurs présences en ces terres. L’elfe secoua la tête, comme si attendait Thorak il ne répondrait pas, Grim’Azul n’était pas forcé de tout dire, mais il pouvait en dire une partie.

« Je suis venu ici porter un courrier, si tant est que le destinataire existe encore… »

Il resta vague mais cela semblait suffire à la Tiléenne. Avec un peu d’aide Thorak réussi à expliquer à Xyan le fond du problème et enfin tous prirent une décision, il ne s’impliquerait pas dans le projet d’Ibn. Cependant lorsque Jorgen proposa de faire demi-tour, le nain l’en empêcha.

« Malheureusement, nous ne pouvons pas. Toutes les rations sont avec Ibn et j’ai peur que nous ne tenions pas deux jours sans cela, il va nous falloir le suivre et atteindre le bon moment pour s’opposer à lui et récupérer de quoi survivre. »

C’est Ethenael qui termina la réunion en prenant la direction qu’avait pris Ibn et ses hommes.

« Croyez-moi, vous saurez quand le moment sera venu ! »

Durant une journée et demie, la troupe marcha silencieusement, jetant des regards, parfois peu discret à la troupe de serviteurs d’Ibn. La tension devenait palpable au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans la jungle. Si au début c’était agréable de ne plus ressentir la brûlure du soleil sur la peau, désormais l’absence de ciel avait quelques choses de malsain, même pour Thorak habituait à vivre sous terre. La jungle était relativement bruyante, des insectes, des oiseaux et même des prédateurs plus gros. Il y avait fort à parier que le gros des mercenaires avaient mal fini au vu des cris qu’ils avaient entendu la veilles, des hurlements et puis un grondement comme celui qu’ils avaient entendu en pénétrant la jungle.

En début d’après-midi Thorak sentait que son groupe perdait patience et celui d’Ibn commençait à se poser des questions, fort heureusement, ou malheureusement, il n’y eut pas besoin d’attendre plus longtemps. Alors qu’Ibn et Yussef discutait entre eux, Ethenael avança plus rapidement, dépassant le convoi et se plaçant devant lui. Il ordonna à tous de s’arrêtaient, ce que tout le monde fit surpris. Par réflexe, Thorak enroula la main sur DumZaraz, son fidèle compagnon. Ibn s’avança.

« Que se passe-t-il ? Un danger ? »

L’elfe n’était plus aussi amical qu’avec le nain, il était froid et ses iris vert semblaient jeter des éclairs.

« Ibn Al-Hakim, j’ignore ce que vous et votre mage convoité dans cette cité-temple mais vous n’irez pas plus loin ! Je suis venu de loin pour m’entretenir avec le peuple de la jungle. Je refuse de laisser des hommes remettre mes plans en cause, vous n’irez pas plus loin, vous ne volerez rien en ces terres qui ne vous appartiens pas ! Repartez avant qu’il ne soit trop tard »

La rage se lisait sur son visage mais curieusement ce n’était pas sur celui qu’on eut. Yussef poussa Ibn. Il avait préparé son plan depuis des lunes. Il savait qu’au sein de ces cité-temples reposaient des reliques puissantes et que cela lui donnerait plus de pouvoir qu’il n’en avait jamais espérer. Il serait capable de prodige, il serait capable de vivre des siècles et rien ne pourrait se mettre en travers de son chemin. Il avait réussi à influencer le cousin du Sultan pour qu’il finance cette expédition, lui vantant les mérite d’une telle expédition, il marquerait l’histoire de son nom, quelle idiotie. Il n’avait servi que de support financier. Yussef était depuis des mois tombé sous l’influence d’un des démons de l’Architecte du Destin qui lui murmuraient à l’oreille, des démons corrupteurs. La rage et la corruption se lisant sur son visage, du moins pour ceux qui avait déjà était confronté au chaos sous l’une de ces formes. Le mage plissa les yeux et hurla sur l’elfe.

« Qui croyez-vous être elfe pour me barrez la route ! Vous et votre groupe allez mourir et je rien ne m’empêcheras de mettre la main sur les reliques qui sont cachées dans les temples de cette jungle et surtout pas vous ! Ibn tuez-les ! »

Aussitôt, comme un pantin obéissant à son marionnettiste, le soi-disant responsable de l’expédition ordonna à ses serviteurs de tuer le groupe de mercenaire. Finalement les serviteurs révélèrent leurs vraies natures, des hommes d’armes. Tous cachés des armes sous leurs vêtements et maitrisaient le combat sous différentes formes. Comme Thorak l’avait supposait le mercenaire au poignard s’était même glissé dans les serviteurs et il tira un poignard de son baudrier pour tuer l’un des Kislevites avant qu’il n’est le temps de prendre sa hache. La bataille devint violente, C’était du deux contre un et Thorak se lança dedans en hurlant.

« Pour MarteauDeBronze et pour Grimnir ! »

DumZaraz frappa mais ses adversaires étaient relativement agiles et esquivèrent la tête dévastatrice de son marteau de guerre. Du coin de l’œil Grim’Azul vit Yussef effectuait un combat de mage contre l’elfe Ethenael, qui se révéla être également un mage. Thorak reporta son attention sur son propre combat et alors que son marteau s’écrasa sur la clavicule de son ennemi, lui broyant la moitié du côté. Son adversaire s’effondrant au sol dans des convulsions, mourant quelques secondes après. Réarmant son bras, Grim’Azul se jeta dans le combat voisin aidant Maria au prise avec un homme maniant un sabre courbé contre sa fine rapière, son pistolet ayant déjà tiré son coup qu’elle avait malheureusement raté. Le combat était épuisant, surtout avec la chaleur étouffante, Thorak brisa le bras de son adversaire et d’une torsion du poignet il remonta son marteau et l’écrasa contre la mâchoire de son ennemi. Alors qu’il mourrait, comme beaucoup d’autre autour de lui, Thorak jeta un œil autour de lui. Maria était indemne, si ce n’est quelques égratignures, elle se précipité au côté de Théo en train d’agonisé au sol, une vilaine blessure à la gorge. Xyan se battait en virevoltant partout frappant ses adversaires avec son sabre courbe, bien qu’une lame dépasse de son dos, il était mortellement blessé. Mais même dans ces conditions, le guerrier donné son maximum, entrainant le plus d’ennemis avec lui. Jorgen était mort avec ses hommes, les hommes d’Ibn les avaient pris pour cibles en priorités, les prenants pour les plus dangereux du groupe. Beldor menait toujours son propre combat contre trois arabéens.

Thorak serrait volontiers allait aider le nain Tueur mais ce dernier n’aurait pas apprécié une aide dans un combat, cela n’aurait qu’accentuer son déshonneur, aussi décida-t-il d’allait aider Xyan. Il fit trois pas dans sa direction lorsque une bouffé d’air s’échappa de ses poumons. Une douleur se fit ressentir dans son torse. Il baissa les yeux et découvrit un poignard avec un manche en ivoire et un rubis scintillant. Il s’apprêtait à prendre le manche et le retirer quand ces jambes tanguèrent et il tituba en arrière, s’écroulant contre le tronc d’un arbre, probablement millénaire, c’est ainsi que Thorak assista impuissant à la suite du combat.

Tandis que Yussef faisait appel à une magie corrompu et néfaste pour l’environnement qui l’entourait, Ethenael manipulait une énergie positive. Il était un maître-mage, un tisseur de charmes maîtrisant plusieurs voies : celle d’Athel Loren, celle de la vie et celle de la bête. Il n’était pas n’importe qui et bien qu’il est mis sa fierté d’Asrai de côté pour cette mission, il refusait de céder le pas à cet homme corrompu, jamais. Il puisa dans sa puissance et concentra son énergie pour contrer la magie chaotique de l’humain. Malheureusement il se trouvait loin de sa forêt, loin de la source de sa puissance. Alors que le combat tournait en sa défaveur, une aide qu’il avait vu en songe vint dans un timing parfait. Elle arriva dans un grondement terrifiant et réduisant les ennemis de la jungle en morceaux.

Beldor luttait à trois contre un, ce n’était pas encore assez épique pour lui, il ne pouvait pas mourir comme ça. Cela ne laverait pas son honneur, sa honte était trop grande. Aussi alors que les coups étaient échangés, des rugissements se firent échos et tétanisèrent presque tous les hommes de la clairière, mais pas le nain. Lorsqu’il vit la créature, il sut qu’il était destiné à mourir face à elle. Une sorte de guerrier reptilien aux écailles bleues bipède de plus de deux mètres et portant une armure d’os. Elle manipulait une épée d’os dentelée mais ce n’était pas ces seules armes, des griffes et des crocs affutés comme des dagues naines. Beldor courut la hache à la main, il effectua quelques moulinet avec son arme et frappa, son arme heurta dans une gerbe d’étincelles la lame dentelets de l’homme lézard. Cela aurait pu être le début d’un long et glorieux combat, malheureusement la créature se battait pour tuer. Le saurus de plus de deux mètres balaya les jambes du tueur avec sa queue et le cloua au sol en lui plantant sa lame dans le torse sans la moindre hésitation. De toute façon, il était difficile de lire des émotions sur le faciès d’une telle créature. Thorak observa la scène avec tristesse pour le tueur mais avec une pointe de soulagement pour le nain qui avait enfin obtenu ce qu’il désirait si chèrement, la mort face à un adversaire de valeur. Par la suite, trois autres créatures pénétrèrent la clairière et éliminèrent sans peines leurs adversaires.

Le mercenaire aux poignards lança une volée de couteaux qui furent déviés sans difficultés par les écailles du saurus, lorsqu’il fut à portée de l’arabéen, il le taillada en deux d’un simple revers de lame, passant aussitôt à un autre adversaire, sans état d’âme. Ibn fut décapité par la lame d’une nouvelle créature et Yussef hésitait entre se concentrait sur l’elfe ou se tournait sur les saurus, son hésitation causa sa perte. La lame dentelé lu traversa la colonne vertébrale et son abdomen avant qu’il ne termine de se poser la question. Il ne restait que Thorak, mortellement blessé, Maria pleurant la mort de Théo et Ethenael immobile, chacun se tenant devant un saurus qui s’approchait lentement, arme à la main près à tuer.

Voilà comment il en était arrivé là, tout ce chemin pour finir ainsi. Il avait accepté une mission téméraire du Haut-Roi en personne. Tout comme il l’avait fait dans le passé dans le nord, il devait porter un courrier de son roi à une cité naine restait sans nouvelle depuis bien trop longtemps. Nul ne savait vraiment s’il restait encore quelqu’un là-bas, ni même si Karak Zorn existait encore, mais il avait accepté la mission, toutefois il y avait mis quelques conditions. Il savait qu’une expédition s’y préparer, il ne voulait donc pas emmener plus de nain à une mort certaine, il partirait seul, le roi avait accepté sans hésité. Sa seconde condition était qu’il simulerait sa retraite, ainsi en cas de mort il n’y aurait ni honte ni déshonneur sur sa famille et sur son clan. Conscient de la difficulté de la mission et du risque important d’échec, Thorgrim avait accepté sa requête, la trouvant même raisonnable, son soldat n’avait demandé ni or, ni titre, il était plus que modéré dans ses récompenses.

Malheureusement, même si mourir pour rejoindre sa femme et sa fille disparus était son vœu le plus cher, échoués dans sa mission lui pesé lourd sur le cœur. Il sera sa main sur le manche de DumZaraz et attendit que son ennemi abatte sa lame dentelée sur lui, lui apportant le repos éternelle. La jungle était plongée dans un silence macabre, probablement dut à la présence des prédateurs suprêmes. Sans précipitation, Les trois saurus levèrent d’un même mouvement leurs cimeterres et s’apprêtèrent à l’abaisser quand une voix maladroite et déformée s’éleva. Ethenael s’était agenouillé devant le saurus face à lui et marmonnait quelques mots dans une langue qu’il semblait lui-même difficilement maitriser. Le temps semblait comme suspendus et rien n’y personne ne bougea, pas même les saurus. Finalement la lame des saurus se rabaissa lentement et sans agressivité. La surprise et la stupeur firent échappés à Thorak une bouffé d’air qui lui arrachèrent une quinte de toux si violente qu’il expulsa une quantité impressionnante de sang. Sa vision se troubla et il sentit l’acier du couteau dans son torse entaillé d’avantage sa chair. Son champ de vision se rétrécit et finalement tout devint noir.

Une naine blonde comme les blés tenant contre sa taille une enfant naine d’une dizaine d’année, des cheveux cuivrés comme ceux de son père. Nara et Brilda. Un sourire radieux et des yeux brillants de joie et de bonheur. Elles se tenaient debout devant une petite maison, celle-là même qu’ils avaient habités quelques années ensemble à la capitale. En les voyants le cœur de Thorak s’emplit de bonheur et d’allégresse. Il avança à leur rencontre, pour les prendre dans ses bras, cela faisait des décennies qu’il attendait ce moment. Il se mit à avancer dans leur direction mais plus il s’avançait et plus les deux silhouettes se reculaient. Il se mit à courir, hurlant leurs prénoms mais il n’arrivait pas à les atteindre. Finalement une lumière aveuglante l’obligea à plisser les yeux et à détourner le regarder, la voix de sa femme l’atteignit avant qu’il ne soit obligeait de voir son visage souriant disparaître.

« C’est trop tôt, ne soit pas trop pressé, nous t’attendrons éternellement »

La lumière lui fit mal aux yeux. Il était courbaturé de partout et en se redressant la douleur lui fit comprendre qu’il était toujours vivant, à son grand désarroi. Lorsque ces yeux ne furent plus éblouis par l’intense lumière, Thorak put découvrir les êtres qui se trouvaient autour de lui. L’elfe était penché sur lui, le poignard empoisonné était posé au sol à côté de ces genoux et ses mains étaient couvertes de sang, le sang de Grim’Azul. Maria Lucienzo se tenait assise à côté du nain, elle avait l’air effondrée, complètement épuisée. Ethenael se redressa et Thorak se rendit compte qu’à l’exception des courbatures liées à la fatigue, il n’avait pas d’autre douleur. Sa plaie à l’abdomen n’existait plus, il écartait sa barbe poisseuse pour découvrit son abdomen intact. Son armure avait été percée, le sang avait tâché ses vêtements mais sa peau était intact, il ne restait qu’une cicatrice légère. Le guerrier nain posa ses yeux sur l’elfe, ce dernier était épuisé, il semblait fatigué d’un effort intense, comme sauver la vie du nain. Thorak savait qu’il devait la vie d’une manière ou d’une autre à la magie de l’elfe.

Grim’Azul se redressa, sans difficultés à sa surprise et aida même l’elfe épuisé à se remettre debout. Lorsque celui fut redressé, Thorak se sentit presque obliger de le remercier, il était en vie. Il ne pouvait pas ne pas le remercier même si au fond de lui, il était le seul à savoir ce qu’il avait perdu en renonçant à la mort.

« Je te remercie Ethenael, je vois l’effort que cela semble t’avoir couté de me ramener à la vie »

L’elfe sourit mais secoua la tête.

« Navré Grim’Azul, je n’ai pas ce talent, je ne ramène pas à la vie, je soigne les blessés uniquement. Tu n’étais, heureusement, pas encore mort. Et le prêtre-mage derrière moi m’y a largement aidé. »

L’elfe se tourna vers une créature que Thorak n’avait jamais vu, ni même imaginé. Le fameux prêtre-mage se trouvait encadré par les quatre saurus qui avaient réduit en miette l’expédition d’Ibn en quelques secondes. La créature se tenait assise sur une stèle de pierre étrangement runée qui flottait dans les airs. La créature ressemblait à une sorte d’énorme grenouille à l’aspect redoutable et à l’intelligence mortelle, son regard était braqué sur lui et le nain n’osait pas dire le moindre mot. Le regard de la créature avec quelque chose de perçant, il avait l’impression qu’elle savait tout de lui, du plus profond de son âme, jusqu’à l’instant intime qu’il venait de vivre. Il préféra détourné les yeux et ce faisant il découvrit à l’écart de ces créatures reptiliennes, un nain. Assez grand, puissamment bâti, il tenait sa hache la lame dans le sol. Il ne portait aucune armure et attendait qu’on s’intéresse à lui, patiemment. Malgré un aspect sobre il dégageait une présence imposante, rien que le simple fait qu’il se tienne naturellement dans cette jungle, sans armure et sans crainte était déjà impressionnant. L’elfe se rendit compte que Thorak l’avait remarqué et pris la parole.

« Le prêtre-mage a sondé nos esprits, il connait les raisons de notre présence et à accepter de consentir à nos requête, la tienne est ce nain. Le rouleau, avec la rune de ton roi, que tu cachais dans ton sac lui a été remis il y a quelques minutes. »

Le nain s’avança vers le nain de Karaz Ankor, il le salua en se frappant le torse, Thorak répondit à l’identique. Le nain prit la parole sans attendre.

« Je te salut Thorak Grim’Azul. Merci à toi et ton roi de ne pas nous avoir oubliés, il est agréable pour nous de savoir que les nôtres ne nous ont pas effacés de leurs cœurs. Cependant cela doit cesser, plus aucun nains ne doivent venir chercher Karak Zorn, ils n’y trouveront que la mort. L’heure n’est pas venu pour nous de refaire surface, pas encore. Prend cette lettre et remet là à ton roi et à lui seul. Ce qui y est écrit devrait suffire à le convaincre sans en révéler trop. Maintenant repars chez toi guerrier, garde le souvenir de cette rencontre mais n’en parle jamais, donne-moi ta parole, je saurais m’en contenter »

Thorak ne savait pas vraiment quoi dire, mais il avait réussi sa mission, posant son regard sur le nain qui se trouvait face à lui, sans savoir comment il était persuadé qu’il était face au roi de Karak Zorn. Aussi humble et dépourvu de richesse qu’était le nain, il y avait quelque chose en lui de royal, une assurance qui dépassait le commun des mortelles. Le Longue-Barbe frappa son torse de son poing fermé et prêta serment.

« Moi Thorak Grim’Azul, fils de Gurdan MainDeFeu, du clan MarteauDeBronze, nain de Karak-A-Karaz, au service du Haut-Roi Thorgrim je prête serment en ce jour de ne parler de cette rencontre qu’à mon roi et à nul autre. J’y engage ma vie et mon honneur »

Le nain face à lui hocha la tête, satisfait. Il sera l’avant-bras de Thorak à la manière des guerriers et lui remis un parchemin sur lequel était apposé un étrange sceau, celui du roi de Karak Zorn probablement. Grim’Azul glissa le précieux rouleau sous sa chemise et se tourna vers l’elfe qui avait pris place à côté du prêtre-mage, à côté des saurus. L’elfe posa un regard désormais amical sur le Longue-barbe.

« Il est l’heure pour nous de nous quitter, je vais accompagner le prêtre-mage. Il a accepté ma requête également. L’heure des secrets est révolue. Je suis un Tisseur de Charme et un membre de la cour d’Orion. Athel Loren, mon foyer souffre de certaines faiblesses et je suis venu ici afin d’apprendre comment y remédier. Les mages ici présents sont d’un niveau qui défi la raison et, je dois le reconnaître, ma compréhension. Mais n’ayez crainte, le prêtre-mage va s’assurez par l’intermédiaire de ces gardes et d’autres serviteurs que votre retour jusqu’aux abords de la jungle se fasse en toute sécurité, vous ne rencontrerez aucun problème. Adieu Thorak Grim’Azul, nos chemins se croiseront certainement une nouvelle fois, j’en ai la certitude, d’ici là tachez de rester en vie ! »

Le palanquin du Slaan fit demi-tour, l’elfe et le nain le suivirent sans attendre. Deux des quatre saurus l’accompagnèrent tandis que les deux autres attendaient auprès de Thorak et Maria. La tiléenne indiqua au nain le mulet, il y avait suffisamment de ration pour eux deux et il était inutile de se charger plus que de raison. La jeune femme avait pris le temps de remplir les sacoches avant le départ, délestant Ibn et ses hommes de leurs bourses. Le temps de boire un peu d’eau et de se mettre en route vers le nord et Thorak se rendit compte qu’il n’était plus que deux dans la clairière, les saurus n’étaient plus là, en apparence en tout cas. Le Longue-Barbe était persuadé que les guerriers reptiliens étaient toujours dans les parages à surveillés le nain et l’humaine.

Durant les deux jours qui suivirent, Thorak et Maria n’eurent aucun problème. Ils ne rencontrèrent aucun ennemi et leur route fut bien plus paisible qu’à l’allée. Maria devint plus bavarde sur le chemin du retour mais sa bonne humeur était encore absente, en même temps les lieux ne prêtait pas à la détente. La perte de Niko puis de Théo quelques semaines plus tard l’avait bouleversé mais elle savait que cela pouvait arriver. Le fait de savoir les sacoches du mulet pleines de l’or d’Ibn avait sur elle un effet thérapeutique sur son état de nerf. Thorak quant à lui était bien morose, il n’arrivait pas à se dire qu’il avait été si prêt de rejoindre Brilda et Nara. Ethenael lui avait dit qu’il n’était pas mort, pourtant il était persuadé de ne pas avoir rêvé la voix de sa femme, il avait été à quelques pas de les retrouver. Grim’Azul désespéré d’un jour pouvoir rejoindre les siens.

Comme promis, ils furent raccompagnés à la lisière de la jungle mais à partir de là il devait se débrouiller seul. Contrairement à l’allée où cinquante personnes pouvaient effrayés des meutes de fauves, un nain, une humaine et un mulet étaient des proies beaucoup plus à leur portée. Du moins c’était ce que se disait Grim’Azul, persuadé qu’il ne dépasserait pas la première semaine dans le désert. Il avait tort. Quelque chose sur eux devait faire fuir les félins car aucun ne s’approcha d’eux, ils devaient avoir peur de quelque chose. Le nain optait pour l’odeur des saurus et de la jungle qui devait encore être sur eux, en tout cas ils ne traînèrent pas pour en vérifier l’efficacité. Le duo rejoignit épuisé la ville de Sudenburg, une colonie impériale ou la langue parlée était la même que la leur. Thorak avait vu l’emplacement de cette cité sur l’une des cartes de Tadéus lors de leur première traversée. Avec le petit butin qu’il avait dérobé à Ibn, ils purent sans problème se trouver deux places à bord d’un bateau Tiléen. Maria pouvant ainsi rentré chez elle tandis que Thorak serait toujours plus près de ses montagnes.

Le bateau fut une partie de plaisir pour Thorak, après avoir assommé un des matelots trop curieux du contenu des sacoches de Maria, les autres marins restèrent à l’écart durant les semaines de voyage. Thorak profita de ce temps pour se reposer et réfléchir. Depuis plusieurs mois il avait tout abandonné, sa carrière dans l’armée, sa famille et même l’idée de réussir sa mission. C’était tellement improbable qu’il n’avait pas osé croire qu’il réussirait. Lorsque le couteau s’était planté dans son abdomen et que ses forces déclinés, il s’était sentit soulagé. Et lorsqu’il avait retrouvé Nara et Brilda, il avait senti une paix qu’il n’avait pas ressentie depuis des décennies. Encore une fois le destin s’était joué de lui, on ne lui avait pas accordé le repos qu’il attendait, pas encore. Lorsqu’il était revenu à la vie, il était désemparé, triste et abattu. Qui aurait pensé que rester en vie lui couterait tant. Cependant avec le recul et les jours de voyage, son esprit ne cessait de réfléchir et il en vain à une conclusion bien plus plaisante.

Les années avaient passés, il avait combattus et tués et bon nombres d’adversaires, mais il était désormais sûr de deux choses. La première c’est que lorsque son heure viendrait, s’il continuait à suivre la même voie qu’il s’était tracé, digne et honorable, il irait rejoindre sa famille auprès de Valaya. La seconde était lié à la phrase de Nara, il n’était pas obligé de se précipité dans la mort ou de la laisser venir rapidement, son épouse lui avait dit, elles l’attendraient éternellement. Cette simple pensée suffit à rendre Thorak, un nain simple, heureux.

Dans les semaines qui suivirent Maria fut déposé dans un port de Tilée à Luccini et les deux amis se saluèrent dans une franche accolade, se jurant de se revoir rapidement. Thorak n’eut pas besoin de rappeler à la jeune femme de garder le secret, elle s’était bien rendu compte d’elle-même que personne ne croirait son histoire et elle ne voyait surtout aucun intérêt d’en parler. Elle avait ramassée assez d’or pour plusieurs années et compter bien ne jamais remettre les pieds dans le sud. Grim’Azul serait bien resté plus longtemps en sa compagnie mais il avait une mission à terminer et la Tiléenne avait de l’or à cacher. Thorak organisa donc son voyage de retour en piochant quelques pièces d’or à Maria qui lui offrit de bon cœur. De cette manière, Grim’Azul aurait bien moins de marche à faire que prévus. Le soldat réussi à louer les services d’un marin Tiléen en partance pour Barak Varr. De là-bas, Thorak n’aurait plus que quelques semaine de marche montagneuse pour rallier sa destination finale.

Thorak Grim’Azul atteignit la capitale naine couvert de poussière, de boue et de neige. Il traversa les portes, les galeries et les ponts sans se soucier des regards surpris de certains gardes, curieux de son retour dans la cité après sa retraite. Pour tous, le guerrier nain avait été remercié de l’armée il y a plusieurs mois de cela maintenant. Une seule personne, dans toute la citadelle, était au courant de la vérité et il se rendait à sa rencontre. Malgré sa détermination et son énergie retrouvées, Thorak était épuisé et même ses bottes étaient dans un sale état. Plusieurs gardes l’interrogèrent sur les raisons de sa visite mais il ne répondit pas et se rendit au cœur de la cité. Les seuls gardes qui ne le laissèrent pas passé furent les Brisefers gardant la porte de la salle du trône. Une fois devant la porte, il se présenta et demanda une audience avec le Haut-Roi, Thorgrim le Rancunier. L’un des gardes ouvrit la porte et disparut. Plusieurs minutes passèrent et l’un des nains recouvert d’une armure lourde de métal en gromril ressortit, autorisant Grim’Azul à entrer.

Une fois à l’intérieur, la porte se referma sur lui et Thorak se retrouva seul avec le Haut-roi et les quatre Brisefers qui se trouvaient dans chaque coin de la pièce, garde personnel du Haut-Roi. Grim’Azul savait qu’il pouvait parler devant eux, le roi lui ayant donné sa mission en leurs présences, il ne gardait aucun secret pour ses gardes du corps.

Debout au centre de la pièce, son casque à la main et son marteau posé sur le sol en pierre. Le Haut-Roi des nains de Karaz Ankor attendait. A sa ceinture pendait un ouvrage millénaire et épais dans lequel étaient inscrit les milliers de rancunes envers le peuple nain. Le Haut-Roi des nains arboré un visage ferme et fatigué, la gestion d’un royaume pouvait s’avérer une tâche éreintante. Toutefois la venue de Grim’Azul dans sa salle de trône éveilla l’intérêt du souverain et il attendit que s’approche son guerrier, ce que fit Thorak.

Le guerrier du clan MarteauDeBronze s’avança et plia le genou devant son roi, plaçant son poing sur son cœur. Il présenta ses salutations à son Roi et ce dernier attendit patiemment la fin de ce protocole. Lorsque ce fut fini, il ordonna à Grim’Azul de se relever.

« Grim’Azul, je t’écoute, fais-moi ton rapport ! »

Thorak se releva et se tint bien droit, les mains jointes derrière le dos. Il jeta un regard autour de lui pour vérifier qu’ils étaient bien seuls, lui, le Haut-Roi et les quatre Brisefers de confiance du roi. Lorsqu’il fut sûr de la sécurité de la salle Thorak se lança dans son débriefing. Cela dura plusieurs longues minutes. Finalement, Thorak en arriva à la conclusion et à son échange avec le nain qui devait être le souverain de Karak Zorn. Thorgrim écoutait attentivement les paroles de son guerrier, avide de chaque information. Lorsqu’il conclut son récit, Thorak tira le rouleau de sous sa chemise et le remit à son roi. Le rouleau était un peu tâché par le sang de Grim’Azul lorsqu’il l’avait glissé sous sa chemise, encore fraiche du sang versé. Cela ne faisait que souligner le prix qu’avait payé le nain pour cette mission. Thorgrim prit le rouleau, observait silencieusement les tâches de sang sans rien dire et regarda ensuite le sceau qui y était appliqué. Un sourire étira sa barbe. Il décacheta le rouleau et étira le parchemin, lisant sans dire un mot la lettre. Cela dura quelques secondes puis il enroula le rouleau. Le Haut-roi des nains poussa un soupir à feindre l’âme. Thorak y vit la fatigue des siècles en quelques secondes. Thorgrim se dirigea vers l’un des braséros qui se trouvait à sa portée et y plongea le rouleau. Le parchemin s’embrasa et disparut dans les flammes à jamais. Thorgrim revint se planter devant Thorak.

« Grim’Azul, du clan MarteauDeBronze, tu as accompli ta mission avec brio, j’aurais aimé te couvrir d’or pour te remercier et te récompenser au-delà des limites mais tout cela doit rester secret. Tu as déjà prêté serment, je ne te ferais pas l’affront d’en demander un second, et je fais confiance à ton sens du devoir. Je demanderais à mes Brisefers de prêter serments à leurs tours également. Tous ceci ne doit jamais être révéler, Karak Zorn doit rester disparu, c’est très important. Bien plus que je ne l’aurais cru… Mais parle Grim’Azul, y a-t-il une récompense que je pourrais t’octroyer sans que cela ne soit trop flagrant ? »

Thorak n’avait pas vraiment réfléchi à cette réponse, il donna donc la réponse qui lui passa par la tête et parla comme à son habitude franchement et sans arrière-pensée.

« Si cela est possible Haut-Roi, je souhaiterais être réintégrais dans les rangs de l’armée au poste que j’occupais avant cette comédie et toucher la solde correspondant à mon absence ? »

Si Thorgrim avait été perplexe devant la lettre de Karak Zorn, il l’était également devant le nain qui se trouvait face à lui. Son rire rocailleux s’éleva dans la salle du trône. Un son grave et puissant.

« Et bien Thorak Grim’Azul voilà une demande bien originale, est-ce là tout ce que tu désires ? Retourner servir sous mes ordres ? N’es-tu donc que devoir et honneur ? Par Grungni va ! Je t’accorde une semaine de permission, ton poste te sera restituer dans l’heure, ta solde sera apporter chez toi et puisque nul récompense ne te semble à la hauteur de tes actes, je déciderais moi-même de ta récompense. Maintenant va profiter de ta permission, va prendre un bain et boire à ton retour dans les rangs de l’armée naine, mais n’oublie pas ! Pas un mot sur ta mission ! »

Thorak acquiesça de la tête et salua son roi avant de partir vers la porte pour prendre congés. Avant de franchir la porte, la voix du Haut-Roi l’arrêta une nouvelle fois.

« Ne t’éloigne pas trop non plus, je pourrais avoir besoin de toi à nouveau un jour ou l’autre… »

Grim’Azul s’inclina et sortit en souriant. Fier d’avoir accompli son devoir. Il referma les lourdes portes de la salle du trône et s’engagea dans la galerie menant à la maison de ces parents. Il était calme et serein. Cela faisait bien des années qu’il n’avait pas était dans un tel état d’esprit.
Thorak Grim'Azul, Guerrier Nain
Profil (avec bonus): For 13 (14) | End 13 (14) | Hab 11 | Cha 11 (12) | Int 11 | Ini 7 | Att 14 (13) | Par 13 | Tir 8 | NA 2 | PV 83/100
Lien vers fiche de Thorak Grim'Azul

Objets: Anneau du dragon (+1 For et +1 End) // Cor de Guerre (bonus sur les troupes +4 sur un jet de CHA) // Badge de l'expédition (+1 Cha)

Arme // Armures : Hache de Grom Poing d'Acier 16+1D8 (Percutante et Précise) // Cotte de maille naine: 9 Torse/Dos/Bras/jambes et Casque léger usé : 4 Tête //
Le Bouclier du Taureau: 14 en Parade (Déstabilisant)
Compétences:

Combats
Coup Précis Niv 3 : - 4 en Att lors d'une attaque ciblée. (Cette compétence sert uniquement à annuler un malus)
Bagarre Niv 1 : Pas de malus sur Att et Par et 1d12 Points de dégâts lorsque le PJ combat à mains nues
Coups puissants Niv 1 : Ajoute 1D3 points de dégâts
Coriace Niv 1 : +1 a tout ses tests de Force et retranche 1D3 points de dégâts (Jusqu'à un minimum de 1 point de dégât)
Arme de prédilection (Marteau de guerre) - +1 en Att lorsqu'il utilise cette catégorie d'arme // -1 en Att et Par s'il utilise une catégorie d'arme différente
Désarmement Niv 1 : +1 en Att pour désarmer, si réussite l'arme est projeté à 2D6m de son propriétaire

Résistances
Volonté de fer Niv 2 : +2 aux jets de volonté dans les situations de peur, de terreur etc...
Sang froid Niv 2 : +2 aux caractéristiques dans des situations stressantes. (Cette compétence sert uniquement à annuler un malus)
Résistance à la magie Niv 1 : +1/NIV pour résister aux effets de la magie
Vision Nocturne Niv 1 : Permet de voir dans l'obscurité
Résistance accrue Niv 1 : Ajoute +1 à tout ses tests d'endurance

Sociales
Autorité Niv 2: +2 lorsque le pj essaye de faire valoir son autoritaire auprès de militaires

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Concours] Les Vertes Collines des Terres du Sud

Message par [MJ] Le Grand Duc »

[CONCOURS FERME, RÉSULTATS SOUS PEU]
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Concours] Les Vertes Collines des Terres du Sud

Message par [MJ] Le Grand Duc »

[LES RECOMPENSES SERONT DISTRIBUEES SOUS DEUX JOURS.]
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Concours] Les Vertes Collines des Terres du Sud

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Mes plus plates excuses aux participants pour mon manque de constance. Après plusieurs mois sans nouvelles, voilà les récompenses des valeureux aventuriers pour leur courage et leur audace !


Honneur à Anton von Adeldoch, noble du Sudenland, pour avoir remporté ce concours.
Notre gentilhomme à l'esprit aiguisé repartira au sein de l'Empire après un long voyage, non sans ramener quelques souvenirs de son périple dans les terres inconnues du Sud ...

Dans une poche latérale de la sacoche en cuir qui bat la selle de son noble destrier se trouve un talisman primitif, ramassé à la va-vite sur le cadavre encore chaud du shaman d'une tribu d'Orks sauvages qui avait eut la mauvaise idée d'attaquer l'expédition du sa magnificence le prince Ibn Al-Hakim. Ce pendentif d'allure grossière est composé d'un simple faciès d'Ork taillé dans un morceau de bois et coloré à l'ocre rouge. Il représente probablement Gork, Mork ou une autre divinité sanguinaire de ce peuple de brutes arriérées. Cependant, ce vulgaire objet primitif irradie d'une aura étrange, comme un battement régulier et profond. Anton peut le sentir vibrer dans les fontes de sa selle, alors même qu'il chevauche vers le Nord. Qui sait quels enchantements sauvages il peut en réalité contenir ...
Image Tasliman de Gork
Confère +1 For, +1 End, +1 Att lorsque porté.
Mais ce n'est pas le seul trésor que notre jeune sang bleu a trouvé dans le Sud. Dans une poche contre sa poitrine, pliée dans une serviette de papier, repose une magnifique fleur. Ses quatre pétales rouges encadrent un pistil érigé recouvert de pollen orangé. Mais Anton von Adeldoch a été mis en garde par Ahmed, l’herboriste du sultan qui accompagnait l'expédition, quelques jours avant que ce dernier ne soit happé par un fauve et traîné, hurlant, quelque part au fond de la jungle pour y servir de repas : le pollen de cette magnifique plante est un poison extrêmement virulent, bien connu des Arabiens. En le séchant et en le mélangeant à un peu de lait de chèvre aigre, on obtient une substance blanchâtre et visqueuse dépourvue de goût ou d'odeur ... et capable de tuer quiconque l'ingère en quelques minutes.
Image Passiflore pourpre
Poison blanchâtre et inodore, causant vomissements, diarrhées foudroyantes étouffements et arrêt cardiaque. Effectif en quatre minutes.



Et félicitations à Thorak Grim'Azul, guerrier vaillant et loyal du Haut-Roi de Karaz-Ankor.

Après avoir rempli sa mission royale, le fidèle Longue Barbe s'est remis en route vers le Nord, en direction des couloirs et des halls souterrains de Karaz-a-Karak, pour avoir l'honneur d'annoncer aux siens le succès de sa quête. Accroché à son col, le badge de l'expédition du prince Ibn Al-Hakim réverbère le soleil ardent qui cuit la savane que le soldat nain traverse pour rentrer chez lui. La broche représente un poing refermé sur une lame. L'armature en bronze soutien un fond en morceaux de lapis-lazuli polis. Un tel ornement montre à tous, voyageurs et explorateurs, soldats et marchands, que le nain Thorak Grim'Azul s'est joint aux braves qui, un jour, eurent le courage de traverser les terrifiantes et impénétrables jungles des Terres du Sud.
Image Badge de l'Expédition
Confère +1 Char lorsque porté.


Ces objets vont être ajoutés à vos inventaires respectifs par mes soins. Merci encore pour votre participation, et bravo à tous deux pour vos textes que j'ai beaucoup, beaucoup apprécié !
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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