Ensuite, une lueur vient lui caresser le visage, elle est légère. Il ouvre péniblement les yeux, et voit le soleil se lever. Aussi rouge qu’une cerise, entouré de son manteau violacé, il éclaire doucement le pont du navire. Après un court instant d’admiration, il remarque qu’il n’a pas froid. En effet, une épaisse couverture verdâtre recouvre l'entièreté de son torse et de ses jambes.
Les jours passent sur le navire, et les leçons continuent, encore, et encore. Rien de réellement intéressant ne se produit durant cette semaine. Le temps passe lentement. Les journées d’études monotones se suivent. Il remarque aussi que son étude avance plutôt vite, bien que la majorité de celle-ci soit très théorique. La cuisine, elle est un peu meilleure, Aïke s’habitue certainement à la préparation alimentaire en mer.
Un soir, Aldrinn surprend ses parents en train de discuter avec le capitaine avant qu'ils ne rentrent tous dans la cabine de l’officier. Grâce à ses sens d’elfe, notamment de ses oreilles bien plus sensibles, il parvient à entendre quelques bouts de la conversation.
« Soit, soit. Nous emprunterons ce trajet, mais sachez que je me répète pour une bonne raison. Nous sommes avant (bribes incompréhensibles), vous savez ce que ça veut dire au moins ? (bribes inintelligibles) sont en période de (bribe étouffée). Il faudra en assumer les conséquences, mages. »
Ses parents ressortent de la cabine, et derrière eux, le capitaine arbore une expression plus froide que la glace. Une frustration se lit sur son visage, avant qu’il rentre et claque violemment la porte de son antre.
Une autre journée passe, mais cette fois-ci, le décor habituel à bien changé. Au lieu d’être entouré par la mer et avoir la côte à tribord, ils sont en face de deux falaises. Immensément grandes, elles laissent un énorme espace ou la mer s’est installée.
Avant même que l’apprenti mage ne fasse quoi que ce soit, des ordres volent dans tous les sens. Ils se préparent au combat, balistes chargées et arcs déployés. L’habituelle grâce des marins Asur, bien que toujours présente, est accompagnée d’une certaine précipitation.
Le capitaine, lui, est à la barre et semble le plus calme ici. Les trois voiles déployées, il essaye de maintenir le cap tout en restant hors de portée des nordiques. Vu la vitesse du bateau, cela devrait être un jeu d’enfant. Ses parents sont au milieu du pont, et tente de faire quelque chose avec leur vent respectif. Hélas, l’adolescent ne parvient pas à déchiffrer ce qu’ils font exactement. Il comprend qu’il manipule leur vent pour les rendre, plus sûr ? C’est très bizarre, et une première pour le futur mage. Il est vrai que les vents semblent plus forts qu'à Marienburg, ou plutôt plus changeants, devrait-on dire.
La Snekkja est encore un peu loin, mais il est clair qu'à un moment, ils vont être à portée de tir. Et en effet, la petite baliste sur le côté droit du navire commence à tirer. Les projectiles envoyés s’enfoncent dans le bois du navire de guerre, craquelant légèrement sa surface. Cette escarmouche unilatérale à distance se prolonge pendant une bonne minute tandis que l’équipage prend leurs arcs.
Soudain, un hurlement se fait entendre du haut de la falaise et en levant les yeux, il aperçoit une silhouette humanoïde. Elle tient quelque chose au bord du précipice, et le pousse vers le bateau. Un tonneau vient percuter l’une des voiles et se fracasse dans un capharnaüm assourdissant. Ses éclats atterrissent sur le pont comme une forte grêle. Un liquide orange vient recouvrir la voile et le mat. Il est épais, très épais et colle à la surface. Ce poids rajouté sur la voile l’écrase et referme à moitié celle-ci, la rendant inutile.
Maintenant que la vitesse de leur vaisseau est réduite, les guerriers humains se rapprochent énormément. Le cadet du navire, son arc prêts de lui, voit plusieurs possibilités s’offrir à lui. Les membres de l’équipage, qui compte tirer sur le navire, mais aussi la baliste qui semble avoir du mal à tirer au bon endroit à cause d’un manque d’instruction. Et il y a cette espèce de produit qui recouvre une partie de la voile principale. Peut-être que ses tuteurs ont besoin d’aide pour attirer les vents eux aussi.
Une chose est sûre, ce n’est pas le moment pour se tourner les pouces.