[Surcouf] Et laisse l'eau couler sous les ponts...

[[MJ] The Puppet Master]

Vorhexen, l'avant sorcières, trois semaines après son aventure dans les Wastelands.
A la grille du canal 6, Marienburg.
Températures proches de 0°C.

Le guetteur monta sur le sloop de Surcouf en soufflant.

- Open de tas, de Noor, déclara-t-il à l'attention de son interlocuteur.
- Gewoon. Je zult zien dat er niets illegaals is.

L'aventurier attendit que le guetteur le dépassât et fût entre lui et ses deux compagnons pour le saisir au menton et lui trancher la gorge avant qu'il n'eût l'opportunité de produire le moindre son et que Surcouf ne pût réagir. L'homme à la capuche attrapa le bras du malheureux et soutint la lanterne pour qu'elle ne tombât pas et la garda en l'air projetant sa lumière sur cette scène macabre. Le troisième larron réceptionna le corps et l'amena au fond du navire avec douceur.
Tout se passa avec fluidité et sans heurt. Quelques secondes plus tard, on aurait dit que rien ne s'était passé, mis à part la présence d'un cadavre sur le « Rouge-gorge »...

[Dan Surcouf]

Le contrebandier grogna. Bien sûr! Il aurait dû s'en douter! Il s'étala une main lasse sur son visage, maugréant quelques jurons.
-Ah bah bravo! C'est malin!
Il pointa le sac du doigt.
-Vous n'avez pas pensé une seule seconde à m'avertir des emmerdes que ça pourrait nous apporter? Vous êtes des putains de génie les gars...
Il ouvrit le compartiment qui lui servait de cale et de cabine, avant d'en retirer deux planches, dévoilant un compartiment secret.
-Votre barda, là dedans. Ordonna-t-il. Et trouvez un moyen d'ouvrir ces fichues porte et de justifier tout ce bordel! Et le premier qui moufte c'est deux guilder en plus par personne!
Mais quelle bande d'amateurs! Garder de la contrebande bien en vue d'un douanier sans en avertir le capitaine!

Il grogna... il allait maintenant falloir trouver une solution pour se sortir de ce pétrin. Il commença à observer les environs, cherchant quoique ce soit susceptible de l'informer un peu plus sur sa situation et ses options. Le mécanisme d'ouverture était-il visible? Y avait-il d'autres gardes dans les environs? Y avait-il d'autres personnes dans les environs?

[[MJ] The Puppet Master]

Vorhexen, l'avant sorcières, trois semaines après son aventure dans les Wastelands.
Un peu avant l'aube, à la grille du canal 6, Marienburg.
Températures proches de 0°C.

L'aventurier secoua la tête de droite à gauche avec un sourire au lèvres.

- Pas possible mettre ça dans cale, Kapitan.

Il défit le sac et une tête apparut. Une toute jeune fille, les yeux furieux et la bouche bâillonnée se mit à se débattre en grognant.

Un enlèvement ! Surcouf était complice, en plus du meurtre du péager que l'aventurier casqué et son copain capuchonné faisaient rouler sur le ponton devant sa cabane, d'un putain d'enlèvement ! Oui, c'était officiel, la somme qu'il avait récupérée ne suffirait jamais à couvrir les frais de justice, graisser la patte à un geôlier, ou même s'offrir un dernier repas décent avant qu'on ne le pende. Bordel, cette situation déjà pas très claire au départ commençait à puer sévère.

- Pas t'inquiète, Kapitan. Bane ! Dagan ! Åpne porten, raskt.

Le porte-parole ne se départait pas de son sourire en coin. Ses dents blanches constamment découvertes, il semblait prendre la cascade d'imprévus avec beaucoup - trop ? - de décontraction. Ses deux acolytes avaient abandonné le mort bien en vue et, suivant ses ordres, s'étaient précipités vers la grille et commençaient à actionner le treuil dont la lourde chaîne faisait se lever la grille dans un boucan d'enfer à cette heure d'ordinaire si calme.
Dès que le passage commença à se libérer, l'aventurier invita Surcouf à remettre son embarcation en mouvement.

- Passons de l'autre bord de la fermeture, Kapitan. Bane et Dagan rejoindront l'esquif après avoir sabotagé le système pour ne pas qu'une poursuite soit donnée trop tôt.

[Dan Surcouf]

Oh... était-ce trop compliqué, pour une fois dans sa vie, d'avoir un honnête travail de contrebandier? Hein?

Bon, d'accord, c'était hypocrite. Du trafic d'être humain, c'était du trafic, au même titre que du trafic de cognac. Mais, par Ranald! La cale, c'était pour le cognac et sa chambre, pour les blondes! Ah... oui, c'est vrai. C'était la même chose sur le rouge gorge. Diantre, cette démonstration devenait de plus en plus complexe.

Il se pinça l'arrête du nez, faisant signe aux kidnappeurs de la foutre dans la cabine du rouge-gorge.
-Bon bon, foutez là dedans... mais ça, c'est un passager supplémentaire. Faudra payer pour son passage.
Il allait falloir la jouer fine si il voulait s'en sortir. Trois contre un? Il n'avait aucune chance contre ces brutes.

Toutefois, ils allaient vers la mer. Il jouait à domicile. Il obéit donc, pour le moment, à ses patrons. Il attendrait d'être plus loin pour agir. Ici, c'était trop risqué.

[[MJ] The Puppet Master]

Vorhexen, l'avant sorcières, trois semaines après son aventure dans les Wastelands.
Un peu avant l'aube, un peu plus loin dans le canal 6, Marienburg.
Températures proches de 0°C.

Les pas des deux acolytes de l'aventurier resté sur le sloop battaient la cadence sur les pontons à mesure qu'ils couraient et bondissaient pour rejoindre le « Rouge-gorge ». Surcouf menait silencieusement à la rame son embarcation dans l'étroit canal secondaire. Les maisons avaient toutes les pieds dans l'eau et les quais en bois leur servaient de pas de porte. Ici, Marienburg ressemblait à une ville sur pilotis posée au milieu d'un lac.
Dagan, le plus âgé des trois aventuriers, celui qui portait une capuche, rattrapa le sloop en premier. D'un formidable bond, depuis l'un des nombreux embarcadères, il avait atterri au milieu du « Rouge-gorge » en roulant sur le côté avec agilité. L'affaire était plus compliquée pour le second, visiblement plus lourd que son compère, qui voyait la distance grandir à mesure qu'il s'essoufflait à crapahuter sur les quais erratiques.

- Attendre Bane, Kapitan.

Surcouf avait pratiquement dû arrêter son navire pour permettre au dernier larron de les retrouver. Il haletait comme un buffle et dut ôter son casque à lunettes, dévoilant un visage marqué par les cicatrices et une vilaine brûlure de la joue droite jusque derrière l'oreille où sa tignasse n'avait pas pu repousser, pour se sentir un peu mieux.

La grille avait été relâchée derrière eux par Bane et Dagan et ils avaient pris soin de détruire le système de levage. Pour autant, le contrebandier et ses passagers n'étaient pas tirés d'affaire ; une cloche tintait déjà au loin dans le petit matin frileux, signe que l'alerte avait été donnée. On n'allait pas tardé à leur donner la chasse. Personne ne disait rien comme si chacun avait peur d'attirer l'attention et de dévoiler leur présence.

A quelques encablures droit devant, le canal s'élargissait un peu pour arriver sur une des voies de navigation principale. Avant ça, sur la droite, un tout petit passage s'ouvrait pour repartir dans un dédale de canaux annexes.

L'accès direct au port n'était plus très loin mais qu'en était-il de l'alerte ?

[Dan Surcouf]

S'engouffrer dans les dédales fluviaux de Mariendburg? Bah! En voilà une drôle d'idée, qui effleura l'esprit du contrebandier en voyant ce petit passage à droite. Le rouge-gorge était un navire de petit tonnage, ce qui lui offrait une grande maniabilité... mais fallait pas non plus déconner. Tenter de semer un éventuel poursuivant dans ce fourbi, c'était le meilleur moyen de finir encastré dans une fumerie de poisson!

Non, définitivement, c'était le grand large qu'il lui fallait. Le Rouge-Gorge était rapide, il allait falloir jouer là dessus. Mais, pour le moment mieux valait naviguer tranquillement, comme si de rien n'était. Ils n'étaient pas encore sortis et un sloop fonçant à pleine allure non loin des lieux d'un crime reporté, c'était le meilleur moyen d'attirer l'attention.

Il se contenta alors de manier son navire, comme si il était un pêcheur qui partait tranquillement au travail.
-Que quelqu'un reste à l'intérieur avec la cargaison. Ordonna-t-il. Les autres...
Il pointa un filet de pêche qui traînait au fond du navire.
-Faîtes mumuse avec... et essayez de pas ressembler à des foutus truands.

[[MJ] The Puppet Master]

Vorhexen, l'avant sorcières, trois semaines après son aventure dans les Wastelands.
Un peu avant l'aube, à l'intersection entre le canal 6 et la voie d'entrée n°2, Marienburg.
Températures proches de 0°C.

- Hørte du kapteinen ? I bunnen av skipet, raskt ! Bane. Og ta utstyret. Vi må være diskre...

Apparemment, l'homme dont Surcouf ignorait toujours le nom avait dû traduire ses instructions car, immédiatement après, ce que le Bretonnien avait demandé était fait.
Bane prit avec lui les armes et l'équipement qui pouvait les trahir et s'engouffra dans la cabine, laissant ses deux compères sur le pont du sloop à jouer les pêcheurs. On l'entendit faire un boucan de tous les diables et pester ; s'était-il cogné la tête ou s'était-il étalé de tout son long ? Surcouf n'eut pas le loisir de le vérifier. Une barge, sur laquelle se tenaient trois hommes, commençait à se mettre en travers du canal devant eux, sans doute dans le but de bloquer l'accès à la voie qui aurait dû amener le marin et ses passagers vers le large.

L'un des hommes fit signe à Surcouf de ralentir et de venir se placer derrière la barge, contre un quai. Il y avait encore la place de passer car la barge ne bloquait encore que la moitié du canal. S'il maintenait l'allure, il pouvait faire passer le « Rouge-gorge » mais voulait-il courir le risque de ne laisser aucun doute quant à leur implication dans les raisons qui venaient de déclencher l'alerte ? Combien de chances avait-il de réussir à se faire passer pour un honnête pêcheur et de repartir libre, sain et sauf ?

Dilemme, dilemme...

[Dan Surcouf]

Le marin grogna dans sa barbe. Par Manann et Ranald! La maréchaussée était déjà là! Il soupira, lança un regard à son employeur.
-Restez tranquille... Pensez gardon.
Il fit signe aux agents fluviaux qu'il avait bien reçu le signal. Il dégonfla les voiles et laissa le sloop glisser jusque derrière la barge. Au passage, il évalua ce qu'il avait derrière la barge et sa marge de manœuvre pour décamper au plus vite si besoin.

Une fois arrivé au niveau de la barge, il gratifia les gardes d'un regard ennuyé, semblable à celui d'un pêcheur qui perdait de l'argent à poireauter dans les canaux, au lieu d'aller jeter ses filets au large. Il salua nonchalamment les gardes.
-Bretonnien? Demanda-t-il.

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Vorhexen, l'avant sorcières, trois semaines après son aventure dans les Wastelands.
Un peu avant l'aube, à l'intersection entre le canal 6 et la voie d'entrée n°2, Marienburg.
Températures proches de 0°C.

Maintenant qu'il était garé derrière la barge, Surcouf n'avait plus vraiment de marge de manœuvre pour s'échapper s'il le fallait et les aventuriers l'avaient bien compris. Celui qui parlait un peu le Bretonnien le gratifiait d'un regard appuyé à la fois incrédule et contrarié d'un air de dire : « Qu’est-ce tu fous, bordel !? Tu veux nous faire pendre ou quoi !? », l'autre avait lâché le filet et sa main droite glissait doucement vers le manche de la dague qu'il portait au côté. Sur le quai de planches, un milicien de la Capitainerie, chemise aux manches bouffantes bleu et rouge, jupe jaune à liseré rouge sur chausse bleue et bottes de cuir, portant hallebarde et plastron de cuirasse, calot rouge et moustache brune, les attendait. Lorsque le sloop toucha le quai, l'homme ordonna quelque chose d'une voix éraillée :

- Pas, parkeerbon en scheepspapieren ! Wie ben je en waar ga je heen ?
- Bretonnien ?
- Laissez-passer, reçu stationnement et papiers du schip ! Qui c'est vous êtes et où va comme ça ?

Ces trois camarades sur la barge achevaient de traverser le canal en traînant une lourde chaîne derrière eux. Lorsqu'ils auraient atteint l'autre rive, il y aurait assez de place entre le quai et leur embarcation pour forcer le passage avec le « Rouge-gorge » à condition que la chaîne fut enlevée au préalable. Les anneaux qui la constituaient devaient faire une main d'épaisseur et peser pas loin de quatre livres pièce, le tout fixé à une borne de pierre à l'angle d'une cahute qui servait sûrement de poste de garde.

- Alors !? poursuivit le milicien sur le quai, commençant déjà à perdre patience. Pas entendez la cloche ? C'est danger d'alarme. Ce doit arrêter naviguer onmiddelijk.

Il attendait toujours les papiers que Surcouf n'avait plus... et pour cause. Avant l'altercation à la grille, son reçu de stationnement avait été donné au péager qui devait encore le tenir au creux de sa main crispée et déjà froide...

Que faire maintenant avec, sur le pont, deux fauves prêts à bondir et un troisième dans la cabine qui ne devait pas perdre une miette de la scène ?
Que faire pour les empêcher de trucider le milicien et réfléchir après ?
Que faire pour être crédible à se faire passer pour de paisibles pêcheurs en route pour gagner leur croûte ?
Que faire pour s'en tirer, tout simplement ?

[Dan Surcouf]

Arf... Des laissés passer... voilà qui compliquait les choses. Mais qui pouvait aussi sortir le Rouge-Gorge et son vaillant capitaine de cet épineux problème.

Il se tourna vers son "équipage", leur faisant signe de ne pas bouger. Il se leva alors, mettant pied sur les quais, avant de s'approcher du milicien, pour le prendre à part, une main sur sa bourse, de laquelle il sortit un guilder, pour le coller dans la main de l'homme de loi, avant de le tirer à lui, pour lui parler à voix basse.
-J'ai été pris en otage avec une femme. Ils sont trois et un des leurs a une arme braquée sur moi et sur vous. Faites mines de prendre le pot de vin, de nous laisser partir et prenez les en embuscade à la sortie du port. Je vais essayer de les ralentir.
Il tapota l'épaule du milicien, un grand sourire sur le visage.
-Et que Manann vous bénisse mon brave. Lança-t-il à voix haute.
Il retourna ensuite vers son navire, afin de reprendre la barre, prêt à repartir vers la sortie du port dès que les miliciens le laisseraient passer.