[EVENT]...le bon grain de l'ivraie

[[MJ] Urizen]

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Journal du jeune Johan, moussaillon à bord du Wilhelm III

L’aurore commençait juste à poindre et déjà, les débardeurs et les dockers du Suiddock s’affairaient à charger et décharger les navires marchands sous le regard intrigué des cormorans. Les premiers badauds, venus assister au déploiement des navires qui prenaient la haute mer, flânaient le long des docks où mouillait depuis plusieurs semaines le Wilhelm III, fier vaisseau Wastelandais affrété par l'université d'Altdorf. Les marins, occupés aux derniers préparatifs du voyage répondaient par des tocades aux dames qui agitaient leurs mouchoirs en signe d’aurevoir.

Au moment où les matelots déployèrent les larges voiles et quand le vaisseau fendit les eaux mordorés du bruynwater, le bourdon de la Grande cathédrale de Manaan se mit à gronder. Superstitieux, voyant là une bénédiction de Manaan et la promesse d'un voyage clément, les hommes du Wilhelm III répondirent alors en écho par une clameur de "hourras".

Appuyé contre le bastingage de la proue dans une posture grave, le capitaine-mercenaire Holswig-Haagen entouré de ses mercenaires du Reikland, dardait son regard par delà l'horizon, vers les rivages de la Lustrie.

Le capitaine-mercenaire Holswig-Haagen

[[EVENT] Roïk Hareckson]

Les pas du troisième messager raisonnaient dans un des couloirs de l'académie quand un bruit de métal secoua le laboratoire.

-" Apprenti Marteau, on t'attend, RAMÈNE TON CUL D'HUMAIN ICI A LA SECONDE. DÉPOSE LE AVEC LES AUTRES. "Hurla un nain dont seul les genoux dépassaient d'une bouche à canon.

-" Mais les messages, Maître, ils ont l'air importants..."

-" JE ME FOUS DE QUI ILS VIENNENT, VOUS BATTEZ DES RECORDS DE DÉBILITÉ, VOUS N'AVEZ PAS 100 ANS A PERDRE POUR ETRE INGÉNIEUR ET MOI ENCORE MOINS A ESSAYER DE VOUS FAIRE ENTRER LES BASES DE L’INGÉNIERIE DANS VOS CERVELLES DE "FRONGOL" Sortant du Canon...

" Le guide est faux de trois millimètres , bande d'incapables, apprenti clef, c'était à toi de régler le problème : tu es passé de 1 à trois millimètre, FÉLICITATION ! Je t'ai demandé -1 et tu viens de faire exactement l'inverse en pire PUTAIN , RECOMMENCE!! "levant le tête vers la clepsydre de deux tonnes, trônant dans un coin du laboratoire.

"CELA FAIT 51 h QUE NOUS AVONS COMMENCE LE COURS... Vous n'avez pas avancé et il ne vous reste que 14 heures pour finir ce travail, ça devait être fait en 8 heures BORDEL DE BANDE D'ANUS DE TROLL,..., apprenti Pic et Marteau à la rotule de visée, Clef et Lime continuez le guide... "

De nouveau, six heures plus tard, on frappa à la porte...

-"DÉPOSEZ VOTRE MISSIVE SUR LA TABLE AVEC LES AUTRES !!!"

-"ROÏK HARECKSON, JE VOUS ORDONNE SEANCE TENANTE DE VENIR AU PIED,..., ET DE M'EXPLIQUER POUR QU'ELLE RAISON J'AI DU ME DÉPLACER"

La tête placée entre deux articulations de l'axe du canon, le Nain sursauta et se cogna le menton.

-" PUTE VIERGE! QUI ME HURLE DESSUS , SI TU N'ES PAS UN DE MES ANCÊTRES, MON ROI, OU MON MAÎTRE, TU N'AS MÊME PAS IDÉE DE CE QUE TU VAS PRENDRE..." Se dégageant en gesticulant, il se releva avec une clef de 63 dans les mains.

" ...et vous également ambassadeur"... tournant la tête autour de lui

"APPRENTI CLEF, FIENTE DE GOBELIN,...,"lui jetant la clef dessus

" TU NE POUVAIS PAS ME DIRE QUE LE SCEAU DES PARCHEMINS ÉTAIT NAIN!!!"

Les bottes lourdes, le nain quitta le bureau dans lequel il s'était entretenu avec l'ambassadeur de son roi. Les ordres, incontestables, provenant du Haut Maître ingénieur et de son roi, allaient changer toute sa vie. Il devait quitter l’académie, la ville et même le continent pour rejoindre une expédition partant dans une semaine pour la Lustrie...Il ne connaissait rien à cette partie du monde mise à part des ouïe dires de chaleur, de moiteur, d'inconnu et de créatures prédatrices...

Durant ces quelques jours, il effectua quelques recherches à la grande bibliothèque, paya ses dettes, renouvela certains de ces matériaux et matériels et rencontra un aventurier qui y avait déjà mis les pieds.

un fût de 20 litres goudronné intérieur extérieur plein de poudre grise, 20m2 de toiles graissées, plusieurs sacoches et bourses en cuir huileux, un double exacte de sa boite à outil, une réserve de projectiles (réserves de l'académie)

Le Bateau était fier, les hommes d'équipage semblaient très efficaces et autonomes. Roïk s'approcha de la passerelle et héla l'homme qui donnait des ordres sur le quai.

-" J'ai de la poudre avec moi, je demande l'autorisation de monter à bord avec et de la placer dans la sainte barbe."

Délesté du fût marqué de ses initiales, il monta sur la passerelle et s’arrêta au bord du pont et tourna la tête vers la proue.

- "CAPITAINE ! MAÎTRE ROÏK HARECKSON, JE DEMANDE LE DROIT DE MONTER A BORD..."

[[MJ] Urizen]

Le capitaine Hendricks, suivi de son second qui lui emboitait nerveusement le pas, inspectait le cordage d'un cabestan qui se trouvait non loin de la passerelle.

"Maitre-nain de l’université, tiens donc ! "...souffla t-il avec la fumée de sa pipe qui tenait par un équilibre improbable d'un coin de sa bouche tordue.

Hendricks descendit la passerelle de sa démarche de palmipède boiteux et jeta un coup d’œil étonné à ce matériel hétéroclite en soulevant négligemment une sacoche du bout de sa botte.

"Pourrais-je connaitre l'u-ti-li-té de ce bric-à-brac Herr Hareckson...?!"

...et avant que Roïk ait pu répondre...

"Du moment que vous ne vous servez pas de ces saloperies sur mon navire, rognon de mouette, c'est de la navigation qu'on fait ici !..remisez-moi tout ça dans la cale..."

Puis il continua en bougonnant pour lui-même.

"J'veux pas savoir ce que vous allez fiche là-bas...j'aurais suffisamment de problèmes moi-même pour vous y amener..."

"Hahaha, bienvenu à bord maitre-nain !"...lâcha t-il en un rire franc qui s'acheva par une quinte de toux grasse.

Et d'un coup de menton désignant la proue : "Vos amis sont déjà là !"

De là-bas, Holswig-Haagen, de sa moue habituelle qui ne laissait rien deviner de son humeur, suivait la conversation entre les deux hommes. Le chef-mercenaire Reiklandais savait que le nain était un de ceux qui allaient s'enfoncer dans les jungles avec lui.

[[EVENT] Jakob Kaepernick]

Tout ces territoires sauvages, tout ces mystères qui restent hors de portée de l'homme. Ils ont quelque chose de tentant, d'attirant, telle une jeune femme qui vous sourit quand vous passez près d'elle. Il vous prend l'envie d'aller la voir, de l'approcher pour la comprendre. Pendant plus de vingt-cinq ans, Jakob avait fait de même avec la Lustrie.
Il aurait pu se vanter, s'entourer de l'or ramené durant ses expéditions, s'enorgueillir des trophées rares que ses aventures lui avaient offertes. Mais l'explorateur n'en faisait rien. Non pas que sa fierté était fermée, que la modestie l'étouffait à outre mesure... Simplement, ce n'était pas assez pour lui; un explorateur de sa trempe ne désirait pas une gloire éphémère dans une taverne dorée. Non, ce qu'il désirait, c'était son nom dans le marbre de l'histoire.

La voilà aujourd'hui, sa chance! Pourquoi l'université d'Altdorf l'avait embauché et pas un autre? Il se taisait sur la question, mais en son for intérieur la réponse était simple: parce qu'il était le meilleur, tout simplement.
Devant une des multiples filiales de l'académie impériale, à Marienburg, le grand voyageur attendait patiemment qu'on lui ouvre. Pendant ce temps, ses précédentes expéditions lui revenaient en tête. En y repensant, il avait tout fait, l'Estalie, la Tilée, l'Arabie, les grandes mers... Malgré tout, jamais une contrée lui aura autant manqué que le Lustrie, il y avait passé tant de temps, tant d'aventures...
Soudain la porte s'entrouvrit, laissant passer un apprenti au physique fluet, un ridicule morveux sans le moindre intérêt. Celui-ci, baissant la tête, conduisit Jakob jusqu'aux bureaux où ses commanditaires lui donneraient plus de détails... Seul dans la pièce avec un homme relativement âgé -plus que lui en tout cas-, la conversation s'entama.

-"Entrez donc. Il n'est que temps de vous expliquer votre travail..."

C'est ainsi que pendant les trois heures suivantes, l'explorateur fût repu de détails, de cartes compliquées et d'informations sur l'équipe qu'il allait devoir guider à travers la jungle. Tout cela promettait énormément de problèmes, surtout avec un érudit et un nain... Mais il faudrait faire avec! Il partait dans deux jours, voilà qui était clair.


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Deux jours plus tard

Enfin! Embarquement immédiat de tout les passagers! Le voyage débutait sous de bonnes augures, de plus! Il était arrivé un peu tard et n'avait pas eu le temps de faire des présentations convenables avec le reste de l'équipée dont on lui avait parlé.
Le bateau était l'un des plus robustes qui lui ait été donné de voir. Tout en bois sombre, l'air noble, sa proue transperçait les flots, brisant les vagues comme lui un morceau de fromage. Jakob avait eu beau faire ce trajet des dizaines de fois, la force des bateaux l'impressionnait toujours.

N'ayant rien d'autre à faire, il se trouva une petite place sur le pont, prêt du mat, pour réfléchir à la situation et au futur. A supposer que la traversée se passe bien, qu'arriverait-il une fois le pied sur le sable chaud du Nouveau Monde? A coup sûr des difficultés. Le plus intelligent serait d'aller voir chacun des membres du groupe pour le questionner sur ses aptitudes, histoire qu'on sache qui sait faire quoi et en quoi il sera utile. Passons l'érudit qui ne serait là que pour conter ses exploits.
Au loin prêt des cabines, un nain semblait occuper à vérifier des outils. Ce devait être l'ingénieur dont on lui avait parlé, une rencontre s'avérait -malheureusement- nécessaire. D'un pas ferme et d'un ton qui se voulait amical:

-"Toutes mes salutations mè'tre nain. Si je ne me trompe pas vous d'vez être l'ingénieur dont on m'a causé. Je suis Jakob Kaepernik, l'explorateur qui vous servira de guide pendant le voyage. Puis-je avoir le privilège d'avoir vot' nom?

[[EVENT] Roïk Hareckson]

Dés son premier pas sur le pont, Roïk se rendit compte que son estomac n'aimerait pas le voyage maritime, mais il en avait vu d'autre, et quand bien même il ne résisterait pas au mal de mer, les nains ne sont pas fait pour naviguer ni pour voler et le peuple nain navigue et vole , il serait de ceux qui vomissent...

Un homme d'équipage l'interpella tout de suite et se lança dans un commentaire sur son matériel et s'éloigna occupé, Roïk avait pourtant réussi à tout faire tenir dans deux gros sacs marins mise à part le fût qui descendait déjà dans la cale.

-" Hé toi, avec mon fût, tu descendras aussi ce sac dans la cale... Ordre de l'homme qui boite..." posant l'un d'entre eux sur le pont et gardant l'autre à l'épaule

Avant qu'il n'ait le temps de réagir, il fût de nouveau interpellé par un autre homme...

-"Toutes mes salutations mè'tre nain. Si je ne me trompe pas vous d'vez être l'ingénieur dont on m'a causé. Je suis Jakob Kaepernik, l'explorateur qui vous servira de guide pendant le voyage. Puis-je avoir le privilège d'avoir vot' nom?

-" Le guide dans cette jungle, vous avez déjà foulé de vos propres pas ce territoire, guide et pas explorateur?" reprenant devant l'acquiescement du chef.

" Roïk Hareckson, Maître ingénieur de l'académie, vous êtes désormais mon nouveau meilleur ami pour me faire survivre, et moi celui collant et chiant au possible pour vous pourrir le voyage, je crains, foutre sec ! , d’être, en plus d’être nain, un poids supplémentaire pour votre tache par mon incompétence expéditionnaire ..."

[[EVENT] Matthias Altdorfer]

Quelques heures auparavant :

Un jeune homme malingre approche, l’air absent, perdu dans ses pensées, son index fendant l’air, référençant sur une ardoise invisible l’équipement dont il avait besoin et celui dont il disposait. Il essuya d’un geste de la main les lettres à l’encre invisible qu’il avait tracées dans l’air. Maugréant tout en marchant aux objets qui lui manquaient, ceux dont il aurait besoin mais qu’il ne pouvait transporter et ceux dont il n’avait pas besoin mais dont il aurait bien voulu.

Il s’arrêta un instant, son regard vif plongea dans le lointain, l’aventure, le goût de l’inconnu, cela avait quelques chose de grisant mais aussi d’effrayant. En cet instant Matthias Altdorfer n’aurait su dire quel sentiment profond l’envahissait réellement. Sa tête lui tournait, ses jambes fourmillaient, son cœur battait la chamade au rythme entrainant des vagues sur la coque. Une bouffée de chaleur se mit à l’envahir, prenant une grande inspiration il avança jusqu’au ponton menant au bateau, s’arrêta au moment de monter à bord et sembla mesurer le poids du pas à venir.

Bientôt, lui qui n’avait jamais connu que la ville d’Altdorf, prendrait le large sur un magnifique navire en partance pour l’une des contrées les plus reculée et les plus inhospitalière de ce bas monde. Une chance extraordinaire de prouver sa valeur auprès de son temple, auprès de ses pairs, auprès de celles qui l’avaient élevé comme un fils et lui avaient montré la voie de la médecine, l’amenant à ce qu’il était aujourd’hui : probablement, du moins le pensait-il, l’un des plus brillant et plus prometteur médecin de sa génération, bien que totalement dévoué aux indigents et aux nécessiteux d'Altdorf.
Ce pas franchi, un large sourire illumina son visage grave et sérieux.

A présent sur le bateau :

Cela faisait maintenant plusieurs heures que le médecin était dans ses quartiers pour préparer le voyage. Il installait méticuleusement chaque partie de son local, les potions, les infusions à gauche, les bandages au-dessus du matériel de suture, le gros matériel : scie, couperet, garrot était soigneusement installé sous la table en chêne brut. Dans un coin de la pièce, un seau empli de sable attendait pour empêcher les traces de sang au sol de faire glisser le médecin lors d’une opération par temps houleux. Différents encens aux propriétés particulières trônaient dans un coin de la pièce pour purifier l’air de la pièce des mauvaises humeurs dangereuse pour la santé des marins. Quelques sangsues accrochées à la paroi transparente d’un pot attendaient goulûment les saignées purificatrices et le sang nutritif des marins nauséeux. Quelques vieux ouvrages de médecine avaient été disposés sur une étagère, des ouvrages simples certes mais fortement appréciables lors de longs trajets comme celui qui attendait notre médecin au grand cœur.

Lorsque le bourdon de la Grande cathédrale de Manaan se mit à gronder, Matthias sursauta légèrement, il allait louper le départ et le spectacle unique de la terre s’éloignant, peu à peu, d’un souffle divin il serait emmené vers le grand large et l’une de ses plus extraordinaires expériences.

D’un pas un peu précipité il sorti de la cale, les lumières rougeoyantes et orangées du soleil levant rivalisaient avec les nuances de roses des nuages pour se réfléchir dans la miroitante et enivrante mer. Les effluves iodées revitalisèrent notre médecin et finirent de le sortir de la torpeur d’une nuit trop courte passée à inventorier toute sorte de choses. Une légère brise caressa son visage, faisant virevolter les longs cheveux qui dépassés de son chapeau en feutrine carmin.
Le cri des mouettes, la brise marine, l’enivrant parfum de l’iode et des algues, la douce lueur du soleil, l’horizon incertain…. Il était difficile d’expliquer les sentiments de notre fils d’Altdorf.

Il arriva sur le pont, comme plongé dans un rêve, les yeux fixés sur le quai, adressant des au-revoir à des personnes qu’il ne connaissait même pas, partageant le bonheur et l’espoir d’hommes qu’il ne connaissait pas encore et dont bientôt il aurait la charge.

A cette idée son visage impassible prit le dessus, il lui fallait s’assurer de la bonne santé des hommes à bord et cela assez rapidement. Il lui fallait trouver le capitaine et s’entretenir avec lui du rôle du médecin et des attentes du capitaine quant à son rôle à bord.

Il regarda autour de lui et entraperçu un nain et un homme à l’allure négligée et à la peau tannée par le soleil discuter. Il s’approcha lentement et n’osant interrompre les deux protagonistes, il attendit une trentaine de seconde avant de lâcher :

_ Excusez-moi de vous déranger matelot, *en s’adressant à l’explorateur*, serait-il possible de savoir où se trouve votre capitaine ? Je suis le médecin de l’expédition et j’aimerai m’entretenir avec lui sur mon travail à bord…

Il adressa une légère salutation respectueuse de la tête au nain.

[[EVENT] Ingmar Olricssen]

Ingmar était depuis un bon moment sur le bateau lorsqu'il vit le capitaine mercenaire accoudé contre le bastingage. d'un bon pas, il se dirigea vers lui pour se mettre à ses cotés. Il découvrit son employeur l'air grave, le regard perdu dans le vide au loin.

« Ça va pas ? Trop fêté hier ? » dit-il gentiment en riant quelque peu, donnant une tape amicale sur l'épaule du mercenaire. Son accent avec une forte consonnance norse trahissait ses origines.

Le sourire aux lèvres, Ingmar se retourna pour se mettre dos à la mer, afin d'observer les alentours et les autres membres de l'équipage sur le bateau. Il vit un nain discuter avec un homme basané, alors qu'un autre homme frêle venait les accoster. Le mercenaire crut reconnaître là au moins deux des personnes qui devaient les accompagner pendant cette expédition.

« J'espère qui s'ra pas trop chiant c'lui là ! » dit-il au capitaine mercenaire, sous-entendant le nain évidemment. À ces propos, il éclata d'un grand rire, redonnant une grande tape dans le dos de son compatriote. Capitaine-mercenaire, pas capitaine, responsable ou pas, il s'en foutait beaucoup du rang de la personne à ses cotés. Il ne voyait en lui qu'un allié devant les menaces auxquelles ils devraient faire face durant cette expédition en Lustrie, terre qu'il avait déjà foulée auparavant.

Le bourdon de la grande Cathédrale de Manaan venait de résonner et presque tous les matelots y répondirent, les bras dans les airs, accueillant ceci comme un présage de bon voyage. Presque tous, sauf notre mercenaire Norse, et ses cinq hommes qui se trouvaient un peu n'importe où sur le pont. Surement qu'il y en avait un ou deux en train de cuver leur vin dans la cale en ce moment même...

***

[Flashback]

Ingmar et ses hommes étaient arrivés depuis peu dans la cité de Marienburg. Un peu plus tôt, ils avaient été contactés par un certain Holswig-Haagen afin de participer à une expédition en Lustrie, pour le compte de l'Université d'Altdorf. Il n'avait pas fallu chercher trop loin pour apprendre que ce capitaine était un fidèle Sigmarite, chose que notre Norse n'appréciait pas trop trop vu ceux qu'il avait connu auparavant, prêts à venir annexer tous les fidèles des autres dieux 'Impies' en prétextant que Sigmar était le plus fort et qu'il fallait se réunifier sous sa bannière.
Mais bon voilà, Ingmar rêvait plus que tout de retourner dans cette jungle luxuriante, au climat aux antipodes de sa Norsca glacée. Et puis la somme substancielle qui leur était offerte plairait certainement aux hommes sous son commandement.

Leur dernière nuit sur la terre ferme de passa dans une auberge très animée de la Cité, alors que l'alcool et les femmes coulaient à flots. Ingmar avait fortement recommandé à ses hommes qu'ils se détendent et s'amusent sur place avant de partir. Ils n'auraient sans doute pas la chance de croiser une petite dame avant bien des mois, car même dans les colonies implantés dans la Nouveau-Monde, les seules dames qu'il y avaient devaient sa marier obligatoirement afin d'assurer une descendance... L'abstinence risquait d'être très longue alors c'était cette nuit ou plus jamais sans doute !

À l'aurore, Ingmar avait ramené ses hommes sur le bateau afin d'embarquer. Plusieurs étaient encore éméchés par cette nuit de beuverie, sans parler de Sigurdson qui avait failli démolir tout le mobilier de l'auberge sous le coup d'une colère sans nom alors qu'on l'arrachait des bras de sa dulcinée du soir. C'est donc sept hommes au total, tous de grands Norse bien bâtis - de solides gaillards- qui firent leur arrivée sur le bateau, tous plus armés les uns que les autres. Ce qui ne manqua pas d'effrayer de nombreux matelots qui se tassèrent illico presto de leur chemin...

Dans l'ordre, de gauche à droite :
Knut / Svartfal / Sigurdson / Jormunrek / Thorkell / Gudmund

[[EVENT] Béatrix Rozëntall]

Sur son épaule droite, le moineau pépiait gaiement. D'où venait-il ? Béatrix n'en savait trop rien et cela ne l'intéressait pas. Elle l'avait appelé, c'est tout. Il était devenu son nouvel ami et pour l'heure, elle l'écoutait simplement rapporter ses nombreuses aventures au grès des saisons. Hier, un mégère l'avait chassé à coup de balai pendant qu'il déjeunait de quelques miettes. Béatrix s’attrista. Pourquoi les humains étaient-ils si agressifs ? L'inoffensif volatile n'avait rien fait.

Elle aussi n'avait rien fait...

Pourtant, le garde qui l'observait à quelques mètres de là semblait prouver le contraire. Voilà bientôt quelques semaines qu'elle avait quitté les cachots d'Altdorf. Un monde noir de solitude et vide de sens. Ne pas sentir la terre sous ses pieds, ne pas sentir le vent dans ses cheveux, ne pas sentir l'eau sur sa peau ni la chaleur réchauffer son cœur. Quel meilleur tourment pour elle ? Capturée, maltraitée, son corps portait encore la douleur des sévices perpétrés par ses geôliers. Elle s'était tût, elle avait subit le sort que l'inquisition réservait aux personnes de son espèce. Mais dans son âme, mille nymphes hurlaient de douleur et milles autres génies de feu s'indignaient de l'injustice du monde. Cependant, son visage souriait encore.
Sourire pour ne pas pleurer mais pas seulement. Sourire au ciel, sourire aux arbres, aux ruisseaux. Sourire à la terre et lui montrer qu'elle était encore en vie, qu'elle ne se laisserait pas abattre. La voici, la veille de son embarquement pour un Monde luxuriant empli de mystères. En dépit de tout, elle est heureuse. C'est un nouveau départ. Une nouvelle chance. Le moineau aussi l'avait compris. Il s'envole.

Béatrix s'en fut donc vers le port de Marienburg. Elle traversa la grande allée marchande en sautillant. Sur son passage, on se retourna. Sous doute était-ce la tunique vert vif et le bandeau rouge pourpre qu'elle portait à sa taille qui attiraient l'attention. Mais la magicienne s'en fichait. La vie quotidienne de l'Empire était trop terne pour elle. Elle rajusta donc sa cape bleutée sur ses épaules et continua sa trotte. Elle était presque arrivée lorsqu'on l'interpela. Curieuse, elle chercha l'origine du bruit. Cela venait de cette ruelle étroite et sombre. Sans hésiter, la jeune femme l'emprunta avant de se rendre compte de son erreur.
Un vouyou, non, deux !
Elle courut pour leur échapper. Aucun milicien ne semblait se trouver dans les environs, elle allait donc devoir se débrouiller seule lorsque ses poursuivants trébuchèrent sur une excentricité de la chaussée curieusement proéminente. Les deux bandits s'affalèrent dans la poussière avec lourdeur. Devant eux, l'élémentaliste continua de courir et ria de bon cœur tandis que son torse vibrait encore des mots de pouvoirs qu'elle venait d'invoquer.

Enfin, elle monta à bord du navire. Holswig-Haagen l'y attendait, l'air réprobateur et sévère. Elle avait retardé le départ et elle le savait. Elle fit donc profil bas et passa devant l'homme. Les souvenirs de sa première rencontre avec lui refirent surface. Il lui avait proposé de l'accompagner dans cette expédition et elle avait accepté. A vrai dire, elle n'avait pas vraiment eu le choix, c'était le suivre, ou croupir en prison jusqu'à la fin de ses jours. Il en résultait donc une certaine antipathie envers le capitaine. En effet, elle détestait qu'on lui force la main. Aussi alla-t-elle s'adosser en silence à la rambarde du bateau afin d'observer le clapotis des vagues frappant la coque.

[[MJ] Urizen]

La suite par là : Bordeleaux