Grimbergald cette fois là n'avait pas prévu faire face à une résistance bien organisée. Sentant la menace qui planait sur lui, le marchand avait engagé deux hommes pour le défendre. C'est ainsi que notre nain eut droit à un charmant comité d'accueil qui l'a tabassé bien comme il faut. De plus, lorsqu'il fut de retour à son auberge après plusieurs heures passées inconscient dans l'allée derrière le marchand, on l'informa que le contact le cherchait pour avoir sa peau. Rien de plus normal puisqu'il avait avancé une somme conséquente à notre mercenaire, et que celui-ci n'avait pas fait le travail pour lequel il avait été payé! On lui conseilla de se cacher quelques temps dans une enseigne presque inconnue et presque toujours vide mis-à-part quelques contrebandiers qui faisait parfois négoce dans cet endroit. Une place ou il pourrait faire le mort quelques semaines avant que la poussière ne retombe. Et si Grimbergald était du genre écervelé, prêt à sortir sa hache et couper quelques têtes par-ci par-là pour rétablir son droit à boire quelques bières tranquille dans son auberge, on lui fit comprendre que c'était pour le mieux. Les gens du coin aimaient bien notre nain et préféraient le voir disparaître quelques jours plutôt que de retrouver son cadavre flottant dans le Doodkanaal dit 'Le canal mort', là où l'on retrouve parfois les corps des gens qui devenaient indésirables aux yeux de certaines guildes.
La Queue de Poisson, ou plutôt Le Trou comme l'appelaient certains était une place relativement petite qui ressemblait plus à un ancien hangar d'entrepôt abandonné plutôt qu'à un débit de boisson. Quelques sacs de grains traînaient un peu partout, ainsi que des tonneaux au contenus inconnus et de nombreuses caisses de bois empilées qui remplissaient une grande partie de la place. Même avec moins d'une douzaine de client, la place semblait pleine tellement l'espace était exigû. La bière était dégoûtante, comparable à de la pisse de gobelin. Et la bouffe... eh bien mieux valait ne pas poser trop de questions sur la date de la pêche ou l'origine de la viande...
Voilà quatre jours - ou cinq, peut-être six ? - que Grimbergald dormait dans la petite pièce de derrière qui servait de dortoir commun avec ses six couchages portatifs. Le nain avait perdu le compte des jours depuis qu'on lui avait dit de ne pas sortir du Trou avant que les choses ne se soient calmées. Ses journées commençaient avec une bière et un plat de poisson quelconque qui goûtait la charogne, et se terminaient lorsque le pauvre s'affalait sur sa couchette, ivre mort.
Nous sommes le matin. Tu te réveille avec un mal de bloc incroyable, cadeau de la cuite de la veille, à boire quelque chose que tu ne pourrais même pas qualifier de bière. Aujourd'hui le chef t'apporte un plat de saucisses qui sent la charogne. Il pourrait s'agir de viande de rat ou de chat, tu ne saurais faire la différence. Cinq hommes et une femme sont attablés à la seule vraie table de l'auberge, le reste du mobilier consistant à des caisses de bois empilés qui font office de table ou de chaise selon la hauteur. Ils semblent avoir beaucoup de plaisir, et ça ne t'étonnerait même pas qu'ils soient passés tous les cinq sur la pauvre qui ne semble pas avoir toute sa tête. Tu as bien entendu des râlements et des cris étouffés pendant la nuit, mais tu était bien trop soûl pour te souvenir de quoi que ce soit. Un peu plus loin, près d'une porte qui mène à la cave, deux hommes discutent à voix basse.
Bienvenue dans les bas-fonds de Marienburg ! Là où tout se vend et tout s'achète. Peut-être pourras-tu obtenir un semblant de vie ou de dignité ici contre quelques guilders?