Quelques heures plus tard, il se réveillait. C'était aujourd'hui, le jour tant attendu où il remettait les pieds sur terre. Il n'était pas le seul à attendre ce jour. Tous les marins attendaient avec impatience leurs retrouvailles avec de la bonne bière, et des femmes. Tous, sans exception, à part le type bizarre qui était devenu fou après une vie passée sur un navire, loin de tout.
L'air transportait quelque chose de plus ce matin. Une excitation palpable chez tous, qui se transmettait de marin en marin. Le bruit courait, fiévreux. C'était aujourd'hui, le jour où ils débarqueraient enfin à Marienburg!
Victor s'extirpa péniblement de son hamac, mit pied à terre. Machinalement, il caressa son menton, et sentit sa barbe. Heureusement qu'il n'avait pas de vraie femme, celle-ci lui aurait sans doute cassé les pieds pour qu'il revienne en bon état. Tandis qu'avec les catins, c'était tout autre chose... Sans qu'il sache pourquoi, il se souvint des paroles du second, un homme gentil, tout au fond, mais bourru et grossier à l'extérieur. C'était un roux, qui plus est, ce qui lui avait attiré de nombreux ennuis. Il avait la trentaine passée, et entretenait avec soin une moustache, qu'il tenait comme preuve de sa virilité.
« Écoutez bande de sauvages. Z'avez une permission. Quatre jours. Dans quatre jours, on repart, même si vos deux fesses ne sont pas dans l'bateau. Et j'vous préviens. On vous paie pas pour cette expédition qu'on vient d'faire si, malgré votre serment, votre cul tout blanc n'est pas dans quat'jours sur votre hamac. Pigé? Maint'nant, quoi que vous fassiez ici, ne faites pas d'embrouilles que vous savez que vous ramènerez à bord. Cassez vous, et à la r'voyure ! » |
Il se leva de son hamac, prit ses affaires, et se dirigea vers la sortie. Quelques minutes plus tard, il était à Marienburg, dans le fameux quartier des docks.