Crétin, crétin, crétiiiiin ! Il aurait jamais du venir ici. Adieu, les rêves de grandeur. Adieu, les superbes dons de Tzeentch. Il espérait juste qu'il ne rejoindrait pas un dieu comme Khorne, Nurgle ou Slaanesh. Encore moins Sigmar, mais on ne rejoins pas un qui n'existe pas. Seul Tzeentch était puissant, lui seul modifiait le temps et l'espace. Il espérait juste que sa mort entrainerait peut-être le Changement.
Le regard du forgeron fut pour lui comme un couteau sous la gorge. Ca y est, c'était fini. Adieu, monde cruel. Il mit sa main sous le comptoir. Pour sortir un pistolet à répétition, sans aucun doute. Ou un fusil. Voire une arquebuse, qui sait.
Il en sortit une poignée de pièces en argent. Piégées avec des bombes, sans aucun doute. Eh bien, il mourrait en fier homme. Il prit les pièces posées sur le comptoir et partit, faisant de grands pas, un air de défi planté sur la tête. Il avait la majesté d'un lion. Que dis-je, la majesté d'un roi ! D'un empereur, même.
Les gens grognèrent sur son passage. Les pauvres paysans sont tous furieux devant les nobles. Mais, ils n'avaient qu'à travailler, au lieu de se tourner les pouces. Leshran, quand il gagnait de l'argent, c'était à la sueur du front ( des autres ), mais pas à ne rien faire !
Dès qu'il eut dépassé la porte, il fila la queue entre les jambes. Rangeant les pièces dans une sacoche, il détala. Un skaven opportun aurait cru à un congénère déguisé-sé en homme-homme.
Il partit à toute vitesse, se dirigeant vers... Le plus loin possible de l'échoppe. Il devait mettre le plus de distance possible entre lui et le forgeron avant que son sort ne s'arrête. Mais la distance, ainsi que l'énergie qu'il avait déjà utilisé pour maintenir ce sort et celle qu'il dépensait en courant le poussèrent à arrêter le sort.
"Pauvre forgeron", se dit-il, un sourire narquois aux lèvres.
Il courut encore quelques longues minutes, jusqu'à ce qu'un point de côté le force à s'arrêter. Il posa la main sur ses côtes et reprit son souffle. La douleur passerait. Ce n'était pas physique.
Il regarda autour de lui. La rue dans laquelle il était en croisait une autre pas très loin. Il alla vers le carrefour, faisant de petits pas pour ne pas trop souffrir et atteignit un plan sommaire.
Il jetait des coups d'oeil discrets de tous les côtés, n'osant pas se retourner pour vérifier qu'il était suivi ou pas. Mais il sentait quelqu'un derrière lui... Des pas...
Une grosse dame dont le manteau représentait un génocide animal à lui tout seul le dépassa, la main cachant inutilement son visage pour la préserver de la peste. Lesh' la regarda fixement de ses yeux violets. Il le sentait, elle allait se retourner puis le transpercer avec une épée.
Quand elle fut partie, il décida de profiter de son maigre temps de répit pour regarder le plan. Il indiquait que les portes de la ville n'étaient pas très loin. Se tournant, il les vit. Beaucoup de monde. Il se fonderait parmi la foule.
Il y avait aussi les 4 grands quartiers de la ville : le coin de elfes, suicidaire pour lui, Suiddock, où il se considérait comme menacé de mort, Paleisbuurt, où il n'avait rien à faire et dont il se serait fait renvoyer à coups de pied, ainsi que Guilderveld, qui était encore moins intéressant et où les choses étaient trop chères pour lui.
Il hésitait quand même. Il lui restait deux ou trois trucs à faire dans Suiddock. Mais ça demandait du temps. Et les pesteux d'Altdorf ne l'attendraient pas. Il haussa les épaules et passa le poste de garde.
S'il survivait à cette épreuve... Où irait-il ? Peut-être reviendrait-il ici pour finir ce qu'il avait planifié. Mais c'était peu probable, la Main Pourpre aurait sans nul doute un travail bien plus intéressant à lui proposer. Et puis, le culte pouvait lui donner ce qu'il voulait en limitant les risques. Il devrait déjà apprendre à s'y faire respecter.
Nurgle, nous voici !