Cinquante ans d'exil

Suiddock est le quartier originel des docks, là où tout s'achète, et où tout se vend (y compris les imprudents). Le Bruynwater est un des rares canaux de Marienburg assez profond pour accueillir les vaisseaux de haute mer, les personnes y déambulant étant de toutes les nationalités. Les rues sont noirs de monde, de jour comme de nuit. Cependant, la pauvreté y est omniprésente malgré l'activité de la zone. On y notera comme site notable, la Bourse d'Import-Export des Wastelands...

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[MJ] Prince Ethar
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Re: Cinquante ans d'exil

Message par [MJ] Prince Ethar »

Content de te revoir, je t’ai préparé un joli scénario et pendant quelques jours je me suis imaginé qu’il allait servir à rien^^ En tout cas ton RP est toujours aussi bon.
Pour l’instant, tu as peut-être l’impression de ne pas avoir de grande liberté d’action, mais t’inquiètes, c’est juste l’intro, bientôt tu auras de vrais choix.
L’elfe réprima son sentiment de paranoïa lorsqu’on lui banda les yeux, ainsi que le frisson qui parcouru sa peau lorsque la main sale et ridée d’Ülmer lui saisit la sienne. Elle suivit malgré elle le petit groupe d’humains qui l’emmena à travers les boyaux de la ville, sans que Miria puisse deviner s’il s’agissait d’un tunnel unique et linéaire ou d’un réseau labyrinthique ; cette dernière hypothèse lui parut cependant la plus probable, car bander les yeux de l’elfe n’aurait eu aucun intérêt s’il ne s’était trouvé aucun carrefour.
Cette marche aveugle aurait pu durer dix minutes ou dix siècles, l’elfe avait perdu toute notion du temps, suite à son caractère rendu confus par la précipitation des évènements, ainsi que le sentiments d’enfermement et de cécité auquel les elfes sylvains n’étaient guère habitués, accoutumés qu’ils étaient à se mouvoir à travers les forêts, à la lueur des luminaires célestes. Toujours est-t-il qu’au bout d’un certain tant, elle perçut une vague rumeur, qui ressemblait à des rires et des chants.
La rumeur enfla au fur et à mesure, et Miria finit par identifier clairement les bruits caractéristiques des établissements mal famés : les dés qui roulent, les minauderies et les gémissements des filles de joie, le son clinquant des pièces qui circulent, les paroles paillardes, gueulées ou fredonnées, les chopes qu’on trinque, la boisson qui coule, les rires gras… L’elfe se demanda un instant si ses énigmatiques guides ne lui avaient pas imposé tous ces mystères pour une banale auberge de mauvais goût.
Lorsque les bruits furent tous proches, plusieurs sifflements amusés fusèrent autour d’elle, ainsi que divers quolibets :

-Mais qu’est-ce que tu nous ramènes, Ülmer ?
-Sympa, les oreilles !
-Joli minois ! J’aimerais bien voir ses yeux !
-Et pas que les yeux d’ailleurs !


Finalement, on ôta brusquement son bandeau à l’elfe, qui contempla alors une scène incroyable. Elle se trouvait dans une vaste salle souterraine, de la taille d’une grande église, aux murs couverts d’une gigantesque mosaïque. Bien que d’un style antique, celle-ci était aussi bien conservée que si elle avait été réalisée la veille ; sur un fond doré, elle représentait diverses scènes où apparaissait toujours un même personnage, un jeune humain à l’air roublard, armé d’un simple bâton de voyage, il était accompagné d’une pie et d’un chat, et sa main gauche, perpétuellement dissimulée dans son dos, arborait deux doigts croisés.
Dans ce décor prodigieux, digne des plus beaux temples du Vieux Monde, semblait s’être installé un campement de tous les gredins de Marienburg ; la salle entière ressemblait à un gigantesque tripot, où cohabitaient de manière anarchique lits, tables, chaises, meubles, et même plusieurs tentes. Un vacarme impressionnant occupait l’espace sonore de la salle, les quelques deux cent individus présents s’adonnant à leurs activités sans le moindre souci de leurs voisins.
Ces troglodytes avaient pour la plupart des allures de voyous : tire-laine, catins, joueurs, mendiants… Miria remarqua cependant qu’aucun se semblait arborer d’arme à proprement parler, même si quelques dagues étaient visibles ça et là. Etrangement, malgré l’apparence de ces habitants, ce lieu semblait étrangement serein, sérénité renforcée par les puissants enchantements que l’elfe parvenait à ressentir : il régnait en ce temple débauché une magie sourde et puissante, aux allures protectrices, et qui rappelait étrangement les puissances aethyriques qui protégeaient Athel Loren.
Alors que Miria nourrissait ces curieuses réflexions, elle se retrouva brusquement en face d’un homme, manquant de se cogner à lui. L’incident était très étrange : un instant, nul ne barrait le chemin de l’elfe, et un instant après, c’était comme si l’homme avait toujours été là et que Miria lui avait proprement foncé dessus. L’humain possédait des traits des plus séduisants, ainsi qu’une troublante ressemblance avec l’individu qui figurait sur les mosaïques ; vêtu d’habits sombres qui alliaient commodité et élégance, il avait un sourire aventureux et des manières qui semblaient des parodies d’étiquettes.
Ainsi, après être subitement apparu dans le champ de vision de Miria, il s’inclina en une pompeuse révérence et, de ses mains lestes, attrapa rapidement les doigts de l’elfe pour les effleurer de ses lèvres ciselées.

-Madame, murmura-t-il d’un ton charismatique. Que nous vaut l’honneur de votre présence en la Maison Dorée ?

Un instant, l’elfe s’imagina que les hommes qui l’accompagnaient allaient tout expliquer, mais elle s’aperçut qu’Ülmer et ses mystérieux complices s’étaient respectueusement inclinés devant l’homme, et restaient tête baissée. De toute évidence, si le séduisant humain s’adressait à Miria, alors c’était à Miria de répondre.
Droit, inflexible, sévère, mais juste.

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Miria Seiril
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Re: Cinquante ans d'exil

Message par Miria Seiril »

Miria haïssait cette sensation. La perte de sa vue du fait du bandeau la mettait déjà mal à l'aise mais était en plus aggravé par ce signe supplémentaire qu'elle était à la merci d'Ulmer. Elle avait tressailli quand sa vieille main ridé avait saisit la sienne, et ce frisson ne la quittait pas alors qu'elle était guidée, enfin menée plus tôt dans ce qu'elle percevait comme un véritable dédale. Elle avait perdu le compte du nombre de tournants qu'ils avaient pris, du nombre d'escalier montés et descendus. Elle suspectait qu'ils avait quitté le tunnel d'où ils étaient parti, lui bander les yeux n'aurait eu aucun sens si il n'y avait eu aucun embranchement, mais à chaque tournant, elle n'avait réussi à percevoir aucun souffle ou appel d'air venant d'un côté ou d'un autre et qui aurait pu signaler un carrefour. Quand au silence, il était aussi total que le bandeau était opaque. Tant Ulmer que les autres hommes ne produisait aucun bruit. Malgré sa détestation grandissante du vieil homme, Miria lui reconnaissait une qualité: il savait ce qu'il faisait. Pas une foi elle n'avait trébuché. Ulmer connaissait parfaitement les lieux et prenait soin de la mener là où elle pouvait passer sans mal.

Au bout d'un moment, Miria se rendit compte qu'elle ne pouvait plus se rappeler si ils étaient parti il y a 10 min ou 2h. Elle commençait à perdre la notion du temps, le stress de la journée s'ajoutant à cette expérience nouvelle et désagréable d'enfermement dans un sous-sol sombre et exigu. Elle était une elfe, habituée à se déplacer librement sous le ciel, non un nain stupide à l'horizon limité !

Miria était sur le point de craquer, soumise à trop de stress, d'angoisse et d'inquiétude qu'elle ne pouvait supporter, quand la tension autour d'elle sembla s'affaisser légèrement, comme si les murs autour d'eux s'étaient espacés et qu'ils venait d'entrer dans un espace plus vaste. Au même moment lui parvint une sorte de rumeur sourde mais animée, un peu comme de la musique et des chants assourdis par de lourds rideaux.

Ce son grandit à chaque pas dans sa direction jusqu'à ce que Miria puis discerner clairement la multitude de bruits le composant. Bruits de dés, clinquant de pièces de métal, jurons, rires, minauderie et paillardise... Des sons qu'elle pouvait reconnaitre du premiers coup, et qui ne se rassemblait à son expérience qu'en un seul endroit, un maison de jeu, comme il y en avait tant dans les bas (et quelquefois les hauts) quartiers des villes de Cathay. Un moment, Miria s'interrogea sur toutes les artifices mis en place par ses gardiens si il ne s'agissait que de protéger une banale maison de jeu clandestine ou auberge de mauvais gout. Mais elle se reprit vite. Un homme aussi inhabituel qu'Ulmer et son compagnon magicien n'était pas employé à de telle taches.

Alors qu'ils s'enfonçaient dans la foule, Miria entendit plusieurs voix apostropher Ulmer, qui devait être connu ici, ainsi que plusieurs remarques déplacées qu'elle s'efforça d'oublier.

Miria sentit le groupe s'arrêter d'un coup, et un main lui retira brusquement le bandeau des yeux. Elle cligna des yeux, le temps pour ses yeux de se réhabituer avec la forte luminosité des lieux, avant de découvrir une scène stupéfiante. Elle se trouvait dans une vaste salle souterraine, largement la taille d'un grand temple à la surface, brillamment éclairée et aux murs décoré de mosaïques, assez semblables d'ailleurs car semblant représenter toujours le même personnage, un jeune humain à l'air déluré.
Le sol de ce lieu extraordinaire semblait occupé par la pire faune de Marienburg. Partout ne se voyait que chaises renversées, tentes, meubles avec des hommes affalés ici et là, des filles de joie et de joueurs de cartes... Un véritable et gigantesque tripot, rassemblant facilement un bruyante masse de plus de 200 personnes.

D'après ce qu'elle pouvait voir, et malgré la diversité des "professions" représentées ici, aucun ne semblait porter d'armes, à part quelques dagues qui semblait plus utilisées en ce moment à couper de la charcuterie qu'autre chose. L'endroit semblait anormalement serein, surtout remplit de cette foule de canailles et de crapules. Miria percevait dans l'air une étrange magie protectrice, similaire d'une façon curieuse aux enchantements protégeant la vieille foret d'Athel Loren.

Plongée dans ses réflexions, l'elfe manqua de se cogner à un homme qui avait surgi devant elle. Non, réalisa-t-elle. Il n'avait pas surgi. Il était apparu devant elle, sans avertissement, sans aucun signe. Comme si il avait été invisible un moment avant.

Il était grand, avec des traits agréables, une vivacité troublante et des vêtement associant aisance et bon gout. Il arborait un sourire fin qui traduisait une grande confiance en lui mais Miria ne ressentait pas de menaces émanant de l'homme, mais un certain inerte.
Avant que Miria puisse réagir, il s'était incliné en une pompeuse révérence et avait attrapé la main de l'elfe pour l'effleurer de ses lèvres.

-Madame, murmura-t-il d’un ton charismatique. Que nous vaut l’honneur de votre présence en la Maison Dorée ?

Un moment, Miria s'imagina qu'Ulmer allait expliquer la situation mais elle s'aperçut que celui-ci et ses complices s'étaient respectueusement inclinés sans rien dire, et que les yeux de l'homme étaient fixés sur elle.
Devant la réaction d'Ulmer, Miria se rendit compte que quelque soit le rang qu'il exerçait dans cette "organisation", elle était en présence d'un supérieur, peut-être même du chef. Miria n'était pas vraiment étonnée, pour une fois. Les diverses sociétés secrètes, ou autres confréries de voleurs et malandrins n'étaient pas rare à Cathay, et elle avait traité avec plusieurs d'entre elles au fil des ans. Apparemment, même éloignés de plusieurs milliers de kilomètres, les humains pensaient tous pareil. Même le lieu de rassemblement, un tripot secret, et le nom, parodie des sociétés de nobles, présentait des similitudes.

Miria retira sa main de la bouche de la séduisante créature en face d'elle, elle détestait cette coutume humaine mais le fit suffisamment lentement pour ne pas apparaitre rude, avant de parler à son tour.

" Et bien messire voyez-vous qu'au retour d'un long voyage à l'étranger, j'ai débarqué dans votre ville. Je songeais à n'y passer qu'un moment, quelques semaines, quelques mois peut-être au plus, mais la Capitainerie du port a eu semble-t-il quelques désaccord avec mes projets, et se proposait de me retenir un temps indéterminé dans la charmante hospitalité de leur geôle. Bien sur cela ce révélait assez contrariant, c'est pourquoi j'ai accepté la gracieuse offre de messire Ulmer ici présent et que j'avais rencontré plus tôt dans la mâtiné de fausser compagnie à mes aimables logeurs. Ceci fait, il m'a méné jusqu'à vous."

Miria avait décidé qu'il était inutile de mentir. Ce genre d'organisation avait généralement son propre réseau d'information, et généralement plutôt bon. Ce qu'elle ne parvenait pas à savoir était si l'homme en face d'elle était parfaitement au courant et ne faisait que la tester, ou si au contraire il n'était pas au courant de l'initiative d'Ulmer. Ce qui indiquerait qu'Ulmer disposerait dans l'organisation d'une place élevée, suffisamment pour pouvoir prendre ce type de décision, et, comme elle ne parvenait pas à trouver la moindre trace reproche dans la voix du séduisant humain ou son attitude, suffisamment élevé pour ne pas être questionné, même par un supérieur sur ce type de choix.
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[MJ] Prince Ethar
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Re: Cinquante ans d'exil

Message par [MJ] Prince Ethar »

Pour la plus grande surprise de Miria, l’homme éclata de rire en entendant sa réponse. Ce n’était cependant pas un rire moqueur ou méprisant, c’était un simple éclat de joie, comme si l’inconnu trouvait de grands motifs de réjouissance dans les dires de l’elfe. Faisant un pas en avant, l’homme pivota de façon à être au côté de Miria et, avec une complète décontraction, passa son bras sur les épaules de l’elfe, comme s’il s’agissait d’une vieille camarade ; ce manque de retenue agaça légèrement son interlocutrice, mais elle n’eut pas le temps de se plaindre que déjà son compagnon la faisait déambuler à travers le mystérieux temple en débitant :

-Vous êtes quelqu’un de sincère, et c’est sans doute une vertu ; mais je ne suis pas sur que cela soit une qualité… Je crois que vous méritez quelques explications.

Miria était bien d’accord avec cette dernière assertion, mais malgré le charme plaisant de son interlocuteur, elle ne pouvait se défaire tout à fait de sa méfiance, d’autant plus qu’autour d’elle, les filous cessaient progressivement leurs activités pour se concentrer sur l’étrange couple qui déambulait au milieu d’eux ; de toute évidence, l’élégant hôte de Miria jouissait d’un tel prestige que chacun prenait soin de noter la moindre de ses paroles. Mais lui, ignorant les badauds, continuait sur le ton de la conversation anodine :

-Vous vous trouvez dans le plus vieux temple de cette ville, et j’espère que vous appréciez l’honneur de visiter un endroit aussi sacré. Notre peuple, le vrai peuple de Marienburg, n’accueille que peu de personnes en son sein, mais l’une des meilleures façons d’y être admis est d’avoir des ennuis avec les autorités. Ainsi, lorsque ce cher Ülmer nous a parlé de vous, nous nous sommes dit qu’il était regrettable que le vrai peuple de Marienburg, la ville la plus cosmopolite du Vieux Monde, n’accueille aucun elfe en son sein. D’un autre côté, certains se méfiaient de vos oreilles pointues et de vos yeux perçants, mais surtout de votre langue habile : et si jamais vous alliez nous dénoncer ? Aussi avons-nous procéder à la meilleure manière qui soit de prendre une décision…

Se dégageant de Miria, qui apprécia d’avoir l’épaule débarrassée de la main de l’homme, le mystérieux individu pivota pour être à nouveau face à elle et, faisant jaillir une pièce argentée de l’une de ses poches, il compléta :

-… le pile-ou-face ! Et vous êtres une chanceuse : le hasard nous a ordonné de vous libérer.

Miria ne sut que penser de ces allégations. Ce discours était tout d’abord des plus perturbants : certes, la puissance magie qu’elle sentait en ces lieux allait dans le sens des paroles de son interlocuteur, lorsqu’il prétendait se trouver dans un ancien temple, mais la notion de « vrai peuple » demeurait obscure à l’elfe, qui ne comprenait pas si elle avait affaire avec une secte, une organisation criminelle, un mélange des deux ou encore autre chose. L’homme sourit devant l’air dubitatif de l’elfe, et ajouta :

-Bien entendu, notre invitation pourrait ressembler à un enlèvement, et peut-être avez-vous l’impression d’avoir troqué un geôlier contre un autre… Mais nous n’avons aucunement l’intention de vous forcer. Si tel est votre souhait, vous pouvez refuser notre accueil, auquel cas nous vous conduirons jusqu’au quartier elfe de la ville, où vous serez en sécurité : les gardes n’oseront pas vous y arrêter, sous peine de déclencher une émeute. Autrement, vous pouvez nous joindre à nous et servir le Grand Bonimenteur…

Après une courte pause, il ajouta :

-Vous devez sans doute vous méfier un peu de nous, mais faites un peu appel au sens de l’honneur que sont censés avoir les elfes : nous vous avons délivré, on pourrait considérer que vous nous devez allégeance… après, je dois avouer que les affaires d’honneur me sont toujours restées très obscure, et peut-être n’y comprends-je rien !

Quelques éclats de rire accueillirent cette boutade. Le prestigieux filou, néanmoins, était trop focalisé sur Miria pour gouter à sa popularité, et il ajouta d’un ton plus bas, presque confidentiel, afin que seule l’elfe l’entende :

-Je serais ravi de répondre à toute question pour éclaircir votre décision… mais donnez-nous donc une réponse.
Droit, inflexible, sévère, mais juste.

Pour me parler de quoi que ce soit : http://warforum-jdr.com/phpBB ... 732#p39732

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Miria Seiril
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Re: Cinquante ans d'exil

Message par Miria Seiril »

L'homme éclata de rire. Miria en fut étonnée. Elle s'était attendu à du silence, des questions voire une déclaration, mais un rire franc comme celui-ci lui était inattendu, et pendant ce court moment de surprise, l'homme avait d'un mouvement souple, presque elfique, passé à côté d'elle, mis son bras sur son épaule et commencé à l'entrainer en avant comme s'ils étaient de vieux amis partant faire la tournée des auberges. C'était à la limite du supportable sur l'elfe, mais la main de l'homme était forte sans jamais cesser d'être douce, et s'en dégager sans etre ouvertement hostile était difficile. Avant même qu'elle puisse parler pour objecter d'une manière ou d'une autre à ces familiarités, "il" avait commencé à parler.

"-Vous êtes quelqu’un de sincère, et c’est sans doute une vertu ; mais je ne suis pas sur que cela soit une qualité… Je crois que vous méritez quelques explications."

Premier point d'accord entre nous, pensa Miria, et peut-être seul jusqu'à maintenant. Son ton était charmant, mais elle n'avait pas vécu près de 100 ans sans savoir à quel point certains serpents pouvaient se montrer séduisant. Elle remarquait du coin de l'œil la meute de filous et de gredins qui composait la population du lieu faire place et écouter attentivement et respectueusement les parole de son hôte, cessant leur activités au fur et à mesure qu'il les croisait. Miria savait que l'homme à ses côté était dangereux, mais elle n'en avait pas de démonstration aussi éclatante que maintenant. Cet homme avait du prestige, et même plus, du pouvoir sur ses hommes, et considérant le ramassis d'aigrefins, de canailles et de crapules présent, ce n'était pas par ses belles paroles seules. Icelui continua:

"-Vous vous trouvez dans le plus vieux temple de cette ville, et j’espère que vous appréciez l’honneur de visiter un endroit aussi sacré. Notre peuple, le vrai peuple de Marienburg, n’accueille que peu de personnes en son sein, mais l’une des meilleures façons d’y être admis est d’avoir des ennuis avec les autorités. Ainsi, lorsque ce cher Ülmer nous a parlé de vous, nous nous sommes dit qu’il était regrettable que le vrai peuple de Marienburg, la ville la plus cosmopolite du Vieux Monde, n’accueille aucun elfe en son sein. D’un autre côté, certains se méfiaient de vos oreilles pointues et de vos yeux perçants, mais surtout de votre langue habile : et si jamais vous alliez nous dénoncer ? Aussi avons-nous procéder à la meilleure manière qui soit de prendre une décision…"

Se dégageant de Miria, qui apprécia d’avoir l’épaule débarrassée de la main de l’homme, le mystérieux individu pivota pour être à nouveau face à elle et, faisant jaillir une pièce argentée de l’une de ses poches, il compléta :

"-… le pile-ou-face ! Et vous êtres une chanceuse : le hasard nous a ordonné de vous libérer."

Ainsi, pensa Miria, elle devait sa liberté à une pièce d'argent. Le Destin, ou quoi que ce soit d'autre s'amusait bien ce soir. Mais le reste du discours était beaucoup plus intéressant et mystérieux, ce qui pouvait tout aussi bien dire dangereux. Le fait de se trouver dans un ancien temple était assez cohérent avec la magie protectrice qu'elle pouvait ressentir mais la notion de "vrai peuple de Marienburg" lui restait mystérieuse. "Vrai" en opposé à quoi ? A la société hypocrite de la surface ? Le petit peuple contre les nantis ? Des révolutionnaires, des criminels romantiques ou des criminels se donnant juste un air ? ou vrai dans le sens religieux, une sorte de secte qui se regroupe dans un ancien temple ? Un mélange, des révolutionnaires religieux ? Après cette nuit, l'afflux de nouvelles informations menaçaient de lui faire tourner la tête. Cela devait se voir car l'homme lui sourit et ajouta:

"-Bien entendu, notre invitation pourrait ressembler à un enlèvement, et peut-être avez-vous l’impression d’avoir troqué un geôlier contre un autre… Mais nous n’avons aucunement l’intention de vous forcer. Si tel est votre souhait, vous pouvez refuser notre accueil, auquel cas nous vous conduirons jusqu’au quartier elfe de la ville, où vous serez en sécurité : les gardes n’oseront pas vous y arrêter, sous peine de déclencher une émeute. Autrement, vous pouvez nous joindre à nous et servir le Grand Bonimenteur…
Vous devez sans doute vous méfier un peu de nous, mais faites un peu appel au sens de l’honneur que sont censés avoir les elfes : nous vous avons délivré, on pourrait considérer que vous nous devez allégeance… après, je dois avouer que les affaires d’honneur me sont toujours restées très obscure, et peut-être n’y comprends-je rien !
-Je serais ravi de répondre à toute question pour éclaircir votre décision… mais donnez-nous donc une réponse."

Miria n'était pas sure de pouvoir faire confiance à cet homme. Bon, en fait elle ne l'était pas du tout. Il lui avait en effet rappelé discrètement qu'elle se trouvait complètement en leur pouvoir dans leur propre campement. Elle avait de fort doute quand à leur volonté de la relâcher après avoir pris ces risques et compromis leur secret, comme celui de la grille sabotée de la cellule de la capitainerie. Bien qu'elle avait assez confiance dans l'autorité de l'homme pour assurer cette décision si vraiment c'était son intention. Quand à la question de "l'honneur des elfes" et autre, c'était peut-être la première erreur qu'elle l'avais vu commettre. Tout ce que disait cet homme avait un sens. Il ne parlait pas pour faire rire ou amuser mais pour faire passer des messages. Sous son apparence modeste, de blague ou d'ignorance feinte, Miria croyait percevoir qu'il pensait ainsi la mettre dans l'embarras, lui signifier ainsi qu'elle avait une dette à payer et que l'"honneur de elfes"... L'honneur des elfes... Comme si elle était un de ses haut-elfe borné. Elle avait fui son honneur il y avait près de 50 ans, ce n'était un humain qui avait peut-être le tiers de son age qui allait pouvoir essayer de l'utiliser contre elle. Elle se calma, ce n'était qu'une pensée, ce pouvait tout aussi bien être un tout autre message adressé à la foule plutôt qu'à elle-même.

Sous le regard inquisiteur mais non agressif de l'homme, Miria réfléchissait. Elle n'aimais pas cet endroit, pas cet homme et pas son "organisation". Mais d'un autre côté, elle était maintenant recherchée dans une ville inconnue. Même dans le quartier elfe de la ville, les choses pourraient s'avérer difficiles.
Et "Le Grand Bonimenteur" l'intriguait. Elle avait connu de nombreuses organisations plus ou moins secrètes et plus ou moins criminelle à Cathay (plutôt plus que moins d'ailleurs) et avait travaillé avec plusieurs sans jamais avoir fait partie d'aucune (ce qui s'était souvent révélé un bon choix dans la mesure où les fins de ce type d'organisation avaient tendance à être plutôt sanglante). Si elle voulait survivre ici, se rattacher à un de ces types de groupe la ramènerait au moins dans un terrain "connu". Elle n'avait nullement l'intention d'y entrer de façon pleine. Elle était trop indépendante pour concevoir des relations de travail autrement que fournisseur-client, et non patron-subordonné. Mais il fallait en savoir plus sur ce grand bonimenteur, et à hypocrite, hypocrite et demi, et d'un sourire innocent ( enfin.. le plus possible quoi)

"- Je vous ai entendu à plusieurs reprise mentionner un "Grand Bonimenteur", mais jusqu'à présent, sa description en a été plutôt floue. Pouvez-vous être plus précis ?"
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[MJ] Prince Ethar
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Re: Cinquante ans d'exil

Message par [MJ] Prince Ethar »

L’homme sembla ravi d’entendre la question de Mira.

-Formidable ! s’exclama-t-il. La demoiselle va avoir droit à une leçon de catéchisme.

De nombreux rires et mêmes quelques applaudissements répondirent à ce cri soudain, et plusieurs filous s’approchèrent en cercles concentriques de Miria et son compagnon, intimidant la jeune elfe, qui n’aimait pas se sentir ainsi cernée. De toute évidence, les talents de conteur de son guide étaient réputés au sein du temple mystérieux, et les occupants de ce dernier ne voulaient pas manquer la « leçon ». Le conteur, pour sa part, pointa le doigt vers les fresques qui ornaient la salle, désignant le personnage récurent.

-Vous dites que la description du Grand Bonimenteur vous est floue… peut-être cela vous aide-t-il à mieux vous le représenter ?

Miria regarda le personnage qui ressemblait curieusement à son interlocuteur. Il s’agissait d’un humain jeune et séduisant, la main gauche toujours dans le dos, les doigts croisés, un bâton de voyage à la dextre, accompagné d’un chat et d’une pie. Ainsi, voilà qui était le Grand Bonimenteur… L’elfe ne se sentait guère avancée. Le chef du temple lui montra alors l’une des scènes de la fresque, où l’on voyait plusieurs personnages à l’air hautain accompagnés du Bonimenteur fixer divers animaux.

-Nous vénérons Ranald, expliqua le conteur, le seul dieu qui ait endossé la condition humaine et compris qu’il faut vivre par son esprit et non par son épée. D’après nos contes, au début des temps, les dieux se partagèrent tous les êtres vivants de la Création. Ces lourdauds de Taal et Ulric choisirent l’ours et le loup, les pédants comme Myrmidia, Manann ou Verena prirent des oiseaux majestueux comme l’aigle, l’albatros ou le hiboux, Morr, qui se croyait effrayant, prit un corbeau pour faire peur… Ranald, lui, choisi la pie et le chat, car il savait quels animaux étaient les plus futés.

Le récit de l’humain était ponctué de mimiques amusantes, qui singeaient les autres personnages de l’histoire : la brutalité d’Ulric, la grandiloquence de Verena… Toutes ces grimaces provoquaient de nombreux rires chez les écoutants, à l’exception de Miria, qui s’efforçait d’en apprendre sur le dieu devant lequel elle avait prêté serment. L’humain désigna une autre scène, qui figurait un combat entre les dieux et les démons.

-Lorsque survint le Chaos, les dieux se forgèrent des armes pour le combattre. Mais même après que les démons eurent été repoussés, les dieux avaient pris gout à la guerre, et enseignèrent aux hommes à se battre entre eux, inventant des sottises comme l’honneur martial, les guerres saintes… Ranald décida alors de voler les armes divines, afin de stopper ces massacres inutiles. Il les vola toutes : l’épée de Verena, le marteau d’Ulric, la lance de Myrmidia… Les dieux, furieux, jugèrent Ranald et le bannirent des cieux, le réduisant à l’état de mortel.

Observant les autres scènes, Miria comprit que chacune représentait une aventure différente de Ranald sous sa forme de mortel, parcourant le monde avec son bâton, sa pie et son chat. L’elfe commença à songer qu’il y avait une certaine sagesse dans ce culte en apparence paillard. Cependant, son interlocuteur lui montra une nouvelle scène, où l’on voyait le Bonimenteur face à un monstre titanesque, fruit du mélange de diverses bêtes féroces : tigre, ours, lion, requin…

-Le conte le plus intéressant de la vie de Ranald est celui qui raconte son passage à Marienburg. Il s’agissait à l’époque d’un vulgaire village de pêcheurs dévoués à Manann, le dieu des Océans. Or, un terrible monstre marin rançonnait le village, une créature du Chaos capable de changer d’apparence à volonté. Manann avait essayé de repousser ce monstre, mais celui-ci pouvait se rendre si énorme que toute la furie des flots ne pouvait le soulever. Alors Ranald, usant de sa ruse divine, se moqua du monstre qu’il était facile de se transformer en une créature énorme, mais qu’il était bien plus difficile de se transformer en un animal minuscule ; piqué dans son orgueil, le monstre se métamorphosa en une vulgaire souris, que le chat du Bonimenteur s’empressa d’avaler…

Il y eut à ce moment du récit un tonnerre d’applaudissements ; il s’agissait visiblement de l’histoire préférée des habitants de la Maison Dorée, qui ne se lassaient pas de l’entendre. Souriant, le conteur conclut :

-Reconnaissants, les habitants de Marienburg érigèrent ce temple à Ranald ; mais avec le temps, les riches et les puissants, qui détestent le culte du plus humble des dieux, se sont arrangé pour le faire interdire dans bien des cités, y compris celle-ci. Mon récit vous a-t-il plu, demoiselle elfe ?

Tandis que les malandrins applaudissaient à nouveau, Miria songea à ce qu’elle venait d’entendre. Ces légendes n’avaient rien d’extraordinaire, on les retrouvait dans de nombreuses mythologies, et un voyageur comme Miria le savait bien. Mais sous la simple apparence du conte trivial, on pouvait discerner une véritable philosophie sur la misère des petits, l’inutilité de la violence, l’apparence changeante du Mal… Toutefois, les adeptes de cette religion semblaient bien moins philosophes que leurs mythes, et l’elfe ne savait pas encore si elle pouvait leur faire confiance…
Droit, inflexible, sévère, mais juste.

Pour me parler de quoi que ce soit : http://warforum-jdr.com/phpBB ... 732#p39732

NOTEZ-MOI !!! http://www.warforum-jdr.com/phpBB3/view ... 243&t=2657

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Miria Seiril
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Re: Cinquante ans d'exil

Message par Miria Seiril »

Miria écouta la leçon de théologie de l'homme avec une certaine attention. C'était... intéressant. Ranald semblait présenter un certain nombre de points commun avec son propre dieu tutélaire, Loec, mais elle avait constaté que cette figure du dieu joueur et malicieux se retrouvait dans énormément de cultures. Le petit peuple semblait avoir toujours besoin d'un tel dieu, mettant en avant la supériorité de la ruse sur la force, le refus de l'hypocrisie des riches et des classes dirigeantes.

Mais ca ne l'avançait pas plus que ça. Si le récit avait un certain intérêt, elle doutait fortement être en présence de théologiens ou de philosophes éclairés. Elle se sentait plus au cœur d'une bande de brigands, regroupé autour d'un chef charismatique, et s'étant réuni dans ce temple plus par commodité que ferveur religieuse. Elle voulait en savoir plus, moins par intérêt soudain pour les cultes des castes inférieures du Vieux Monde que parce qu'elle pensait peut être pouvoir trouver dans toutes ces paroles des indices supplémentaires. Elle se doutait que l'homme en face d'elle ne révèlerait rien de bien important, après tout, dans ce milieux, tout, même la parole se devait d'être une arme aussi efficace qu'une lame, et l'homme devait l'avoir exercé dans bien des occasions. Mais elle n'avait en fait pas vraiment le choix. Elle n'avait pas confiance en lui, et sa promesse de la laisser partir si elle le voulait pouvait très bien n'avoir aucune valeur. Et puis sa proposition de rester était au final non dénué d'intérêt, mais elle voulait en savoir plus avant de prendre une quelconque décision. Et jusqu'ici, elle n'avait eu qu'une petite leçon de théologie, qui, si elle semblait crédible et en accord avec l'endroit où elle se trouvait, ne l'avançait pas énormément. Elle essaya de choisir ses mots avec attention.

" Votre récit est... intéressant. Je me demande juste comment votre foi interfère avec vos activité quotidiennes, par quels... actes rendez vous hommage au Bonimenteur ?"
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