Les Bas Fonds de Marienburg...

[Fritz Elliar]

Fritz errait depuis maintenant six jours dans les bas de fonds de Marienburg, ayant perdu tout espoir pour continuer dans ses recherches et entreprendre un long voyage vers les Terres du Sud. C’est seulement aujourd’hui qu’il comprenait que le monde d’en bas doit se battre à chaque instant pour survivre dans la misère et la pauvreté.
Deux jours après son arrivé aux Suiddock, Fritz avait quitté la taverne du « Perchoir du Pélican », mis à la porte de façon musclé par ses propriétaires pour faute de non paiement. Depuis, il s’était réfugié dans un vieux hangar, sur les docks, abandonné depuis plusieurs années si l’on se fiait à l’épaisseur de la crasse au sol, et aux murs à moitiés effondrés. Le lieu était le rendez vous favori des mendiants et autres miséreux de la ville, tous attirés par la chaleur des fourneaux de la forge adjacente, pour les longues et glaciales nuits d’hiver. L’endroit empestait la mort et grouillait de rats, la Peste Noire y faisait ses victimes tous les jours.
Mais Fritz n’avait plus le choix. Ses bourses était vides, ses vêtements était sales et déchirés et lui-même dégageait une odeur rappelant la pourriture d’un vieux fromage bretonnien laissé à l’abandon plusieurs mois. Il n'avait survécu ses derniers jours qu’en dépouillant un ivrogne, à la sortie d’un tripot, dans les profondeurs de la nuit. Mais les quelques pistoles récupérées ne lui avait servi qu’à alimenter sa faim, chaque jour grandissante… Fritz était terriblement affaibli, ses traits cadavériques ne faisaient qu’empirer. Les gentilshommes l’humiliaient chaque jour, comme le reste des « déchets » de la société.
Et plus que tout, l’odeur des cadavres et des entrailles déchiquetés lui manquait terriblement, tel un drogué cherchant sa dose quotidienne. L’autopsie d’un poumon, la dissection d’un œil, l’étude de la décomposition, toutes ses recherches qu’il avait arrêtées subitement dans son laboratoire improvisé lui faisait défaut, et il le sentait dans son sang…

Au cœur de la nuit du sixième jour à Marienburg. Fritz Elliar trainait dans le cimetière le plus lugubre de la ville, comme attiré par la soif de sang et de mort. Ici, les cadavres des plus pauvres n’était pas enterrés, et pourrissait au fil des ans dans les fosses communes, dévoré par les vers. Aucun dignitaire de la Haute Société n’avait de tombeaux dans ce lieu, que souvent l’on disait maudit… Fritz se sentait dans son monde, plus proche des morts que des vivants… C’était donc décidé pour lui, presque évident : pour les prochaines nuits, ce cimetière serait son refuge et son lit, pour enfin être proche des seuls êtres qui ne lui reprochait rien et qui le respectait : les morts !

[[MJ] Ombre de la Mort]

Le soir tomba légèrement, petit à petit et insidieusement. Il aurait pourtant faire encore clair, mais dans le cimetière, la pénombre tombait apparemment plus vite que sur le reste du quartier. Fritz respira l'odeur d'humus mêlée à une pointe d'odeur rance, caractéristique des corps en décomposition trop près de la surface du sol. Il observait les alentours lorsque son regard fut attiré par un détail particulier. Une tombe plus grande que les autres semblait... éclairée de l'intérieur, à une dizaine de mètre sur sa gauche...

[Fritz Elliar]

Les yeux de Fritz Elliar s'illuminèrent, tels deux lucioles dans la pénombre, reflétant l'intense clarté qui se dégageait du "sanctuaire". Le cimetière était totalement désert, seuls quelques rats dégustaient les restes des cadavres à moitié enterrés. La pleine lune rendait la situation encore plus mystérieuse...

Sans la moindre hésitation, en faisant abstraction de tous les dangers que pouvait représenter une tombe lumineuse en plein milieu d'un cimeterre, Fritz s'avança doucement de la porte entrouverte. Ses mains étaient moites, une goutte de sueur dégoulinait de son front, mais Fritz ne pouvait pas résister à sa curiosité. C'était peut être le signe qu'il attendait depuis si longtemps. Délicatement, il glissa ses longs doigts dans l'ouverture du passage, et tira vers lui la lourde porte en pierre du tombeaux illuminé. Son autre main tenait son bâton fermement, peu rassuré par l'étrangeté du lieu...

Il lui fallut quelques secondes avant que ses pupilles ne s'habituent à la luminosité...

[[MJ] Ombre de la Mort]

Les portes donnaient sur une grille ouvragée et étrangement neuve pour une tombe. Un sceau était apposé près de la serrure, représentant une tête de mort pleurant du sang. La main de Fritz se posa sur le sigle presque par instinct, inconsciemment, et le grillage s'ouvrit pour permettre d'accéder aux escaliers qui se trouvaient derrière. De la lumière émanait d'en bas...

[Fritz Elliar]

Le stress commençait peu à peu à bouillonner dans le corps de Fritz Elliar. Il pouvait sentir son pouls jusqu'à la plante de ses pieds. Pour la première fois depuis sa douloureuse enfance, il ressentait la peur...

Le sceau représentant une tête de mort s'était ouvert au contact de sa main. Etait-il destiné à pénétrer dans ce lieu ? Pourquoi cette grille répondait elle à son corps ? Les questions fusaient dans le crâne du Nécromancien, sans réponses immédiates...

D'un pas hésitant, presque à reculons, Fritz descendit les marches du sanctuaire. Sa main droite serrait de plus en plus son bâton démoniaque, jusqu'à ce qu'il ressente une forte douleur. Les murs étaient moisis, s'effritant au moindre contact. On pouvait facilement deviner que ce tombeau n'a plus été foulé depuis plusieurs décennies, en tout cas par des vivants...

[[MJ] Ombre de la Mort]

Il descendit les escaliers pour se retrouver dans un tunnel humide. Une fois celui ci parcouru, il tomba sur une salle spacieuse munies de tables anatomiques comme on en trouvait dans les collèges de médecine impériale, ainsi que des étagères couvertes d'instruments, de livres et de bocaux. Un cercueil ouvert reposait contre un mur, couvert de terre. Un tableau au mur représentait un corps humain détaillé, sa physionomie internet et externe annotées de termes médicales. Une lampe à huile brûlait sur une table, inondant de lumière un corps à moitié ouvert en son abdomen, les boyaux à l'air. Le corps remuait faiblement, et émettait de faibles borborygmes incompréhensibles. Une regard vide fixa Fritz, les yeux d'un blanc laiteux voilés...

[Fritz Elliar]

Fritz Elliar inspecta la pièce avec fascination. Il se rappelait de son laboratoire dans sa jeunesse, mais c'était loin d'être comparable à ce qu'il découvrait à l'instant...

Il y avait la toute la panoplie du parfait nécromancien : scalpel, scies et autres ustensiles contondants pour la découpe précise et minutieuse d'un corps humain. Grimoires et magnifiques ouvrages portant sur de multiples recherches médicinales, illustré de plans détaillé de l'anatomie d'un homme. Et surtout, un corps humain à moitié éventré, charcuter par un véritable professionnel si l'on se fiait au traits précis des découpes... La scène donnait des frissons sur tout le corps de Fritz Elliar, émerveillé par le spectacle qui s'offrait à lui...

Fritz se rapprocha délicatement de la table d'opération, pour inspecter, avec un certain plaisir, le corps allongé, à moitié inerte. La scène était particulièrement immonde et repoussante, donnant la nausée à tout être pourvu d'un semblant d'humanité. Apparemment, ce n'était pas le cas de Fritz Elliar...

Mais rapidement, il reprit ses esprits : certes il venait peut être de découvrir ce qu'il espèrerait le plus depuis le départ de son foyer d'enfance, mais le lieu était fraichement utilisé, voir même habité par son propriétaire, absent de la pièce. Avec méfiance, il balaya donc de ses deux yeux le reste de la pièce, pour chercher une éventuel issue, autre que le long couloir par lequel il était arrivé...

[[MJ] Ombre de la Mort]

Excepté une petite porte, Fritz ne vit rien qui pouvait l'intéresser. Le cadavre soupira violemment, et le corps s'arrêta de bouger, redevenant immobile. Apparemment, la magie qui œuvrait quelques instants plus tôt sur lui avait cessé. Fritz s'approcha de la porte, posa la main sur la poignée et la tourna. La porte resta close, elle était verrouillée. Fritz jura et se retourna. Il n'eut le temps que de voir un trait d'énergie fondre sur lui avant de sombrer dans les vapes...

[Fritz Elliar]

Il ne fallait pas être expert en sorcellerie pour comprendre la situation : Fritz Elliar encaissa un puissant sortilège, sans la moindre possibilité de réaction. La vitesse d’exécution de l’enchanteur était impressionnante, digne d’un niveau élevé, voir totalement maîtrisé. Avant de sombrer dans un profond coma, Fritz ressentit une grosse douleur sur toutes les parties de son corps. Le choc fut puissant et immédiat…

Un rêve étrange traversa les pensées de Fritz Elliar : il était seul, au milieu d’un cimetière, sûrement en Arabie si l’on se fiait à l’architecture des tombes. Une brume épaisse rendait la visibilité impossible à plus de dix mètre. Fritz était en transe, psalmodiant des phrases incompréhensibles dans une langue qu’il ne connaissait pas. Quelques secondes après, le sol craquela à ses pied, d’abord légèrement, puis brusquement, lorsqu’un squelette encore en décomposition jaillit de la terre. Fritz ressentait une grande puissance, maîtrisant l’âme de son esclave mort vivant. Puis la brume s’épaissit, jusqu’à atteindre une opacité presque totale…

Fritz se réveilla difficilement, les paupières lourdes, les membres faibles, encore paralysé du choc enduré. Il lui était impossible de déterminé la durée de son profond sommeil, ayant perdu totalement la notion du temps. Il fallut plusieurs secondes avant que ses yeux ne s’habituent à la lumière ambiante…

[[MJ] Ombre de la Mort]

Le corps de Fritz se réveilla petit à petit, pour se rendre compte de sa position quelque peu délicate: il était attaché aux jambes et aux poignets, sans issue de secours. A sa gauche, une série de cage étaient vides, hormis une d'entre elle qui contenait.. un mort, debout, la respiration rauque et vide, tout comme ses orbites. Il poussa de petites plaintes malsaines. A sa droite se trouvait une table couverte d'ustensiles et de bouquins aux apparences diverses, ainsi qu'un... homme qui observait Fritz, la tête penchée, avec la plus grande attention...