[Hyuo Elina] Faire ses preuves

Situées au nord du continent, les Forêts Noires recouvrent les terres d'une taïga lugubre. A l'est de l'Echine Noire et de Clar Karond, la Tour du Destin, les Forêts Noires se peuplent de grands résineux avant de faire place à des désolations stériles. Le sol tremble sous les pas des esclaves des chantiers navals de Clar Karond qui vont abattre les arbres avant de ramener le bois jusqu'à la Tour du Destin. Des monolithes étranges et des ruines séculaires ponctuent ce morne paysage, et ceux qui ont le malheur de s'y aventurer n'en reviennent jamais...

Modérateur : Equipe MJ

Avatar du membre
[MJ] Kriegsherr
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Messages : 1088

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Bien qu’épuisée et assoiffée, la très jeune elfe noire hocha la tête affirmativement pour ne pas paraître faible devant son seigneur. D’une voix lasse mais fière, elle répondit sur un ton de défi :

-Oui, mon fein, toujours.

Mais le pire était encore à venir, et allait au moins écarter le problème de l’orientation pour un moment. Soudain, alors que Naeglith allait se relever, une troupe de neuf personnes surgit de derrière les arbres alentours, cernant complètement les deux druchii. Dans leur fuite et dans leur état de fatigue, ils ne les avaient pas vu arriver, alors qu’en temps normal, sans doute les elfes n’auraient-il eu aucun mal à les repérer à cette distance, entre cinq et sept mètres.

Les neuf personnes pointaient des arcs rudimentaires bandés avec des flèches à pointes de pierre en direction des deux druchii. Naeglith, toujours assise par terre, jambes dépliées et adossée à un tronc d’arbre, était en très mauvaise posture pour combattre. Son arbalète dans son dos était impossible à saisir et à charger rapidement, et ses lames à sa ceinture de même.
Les neufs nouveaux arrivants étaient vêtus de peaux de bêtes. Beaucoup présentaient des cicatrices diverses, dont certaines étaient caractéristiques de maltraitance et non simplement dues à la rude vie dans les bois, comme des coups de fouets ou des marques au fer rouge. C’étaient probablement d’anciens esclaves en fuite. Parmi eux, il y avait sept humains, dont trois femmes, ainsi qu’un nain et une sorte de petite humaine bizarre, comme si c’était un croisement entre un humains et nains, à moins qu’il ne s’agisse d’une race à part entière de semi-hommes. Tous avaient l’air déterminé. A vrai dire beaucoup exultaient et une lueur meurtrière se lisait dans leurs yeux. Enfin ils tombaient sur leurs anciens « maîtres » et tortionnaires, qui semblaient cette fois totalement à leur merci.

En langage commun, l’une des humaines cracha à ses compagnons :


-Qu’attendons-nous, tuons ces monstres tout de suite !

Le nain, acquiesça, et avec lui une grande partie de la troupe. Mais un humain, qui semblait le chef du groupe, en décida différemment :

-Non ! Ce serait trop simple pour eux, trop doux après tout ce qu’ils nous ont fait subir. Amenons les plutôt à Orithye, elle décidera de leur sort.
Quant à vous, sales oreilles pointues, je vous donne dix secondes pour poser vos armes à trois mètres de vous sans geste brusque et vous mettre à genoux les mains sur la tête.
Ensuite, toi, l’elfette, tu attacheras ton petit copain avec cette corde. Et fait gaffe : si les nœuds ne sont pas bons, on vous coupera les mains à tous les deux.

En prononçant ces paroles, l’homme jeta une solide corde de chanvre tressé sur le sol, devant le duo d’elfes.

La Nepim était littéralement enragée par ce qui était en train de se produire, ses yeux lançaient des éclairs sur ces larves qui osaient la menacer, elle, qui leur était de loin supérieure. Pourtant, elle savait pertinemment que dans sa position, elle ne pouvait rationnellement guère faire grand-chose d’autre qu’obtempérer. Mais sa fierté et la volonté de ne pas passer pour une faible en s’abaissant, en acceptant de ses soumettre à des esclaves, des gens qu’elle considérait comme des animaux l’empêchaient de se déclarer vaincue si facilement. D’un autre côté, son esprit logique et sa peur de la mort faisaient contrepoids. Surtout qu’en l’état elle n’était pas vraiment apte au combat, ni en position idéal pour prendre quiconque de vitesse, d’autant plus que leurs assaillants les tenaient déjà en joue avec leurs arcs bandés, et qu’ils n’auraient qu’à relâcher leurs flèches. Pire encore, immobiles au centre du cercle des esclaves libérés, les deux elfes faisaient des cibles parfaites, et tout geste brusque de leur part aurait certainement entraîné une riposte directe et non proportionnée de la part des humains, nain et de la haflinguette. La perspective de finir misérablement comme une pelote d’épingles au fin fond de la forêt, abattue par des esclaves, effrayait évidemment Naeglith.
Entre sa colère, sa fierté, son éducation dans la haine de tout et surtout de ce qui n’était pas elfe noir, et sa peur, la marchande dût rapidement trancher. Même si extérieurement on devinait qu’elle n’était pas du tout sereine, son visage expressif reflétant admirablement le combat interne qui se déroulait dans sa tête, les dents serrées, la Nepim lança à son supérieur en druck eltharin :

-Nul druchi ne devrait avoir à se soumettre à des esclaves, et de toute façon le sort qu’ils nous réservent est sûrement pire que la mort. Ils veulent simplement que nous jetions nos armes pour qu’ils puissent nous tuer sans pertes après nous avoir torturés.
Dans tous les cas, nous devrions nous battre, mon fein.


L’argument était bancal, mal assuré, et on voyait que la marchande elle-même n’était pas convaincue par ce qu’elle disait, et hésitait encore malgré tout. Mais le temps pressait, et les elfes noirs devaient vite se décider, ils n’avaient pas le temps de peser à froid le pour et le contre et de mûrir une décision réfléchie. Il leur fallait jouer leurs vies sur un coup de tête, à chaud, dans le feu de l’action. Affronter ou se soumettre, combattre ou obtempérer, tel était leur choix.
Rien ne garantissait que les deux ferraient le même choix, mais il semblait toutefois probable que la Nepim choisisse de suivre son seigneur, pas tant par réflexion que par mimétisme.
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

Avatar du membre
Hyuo Elina
PJ
Messages : 16

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par Hyuo Elina »

À peine avait-il esquissé un geste à Naeglith que des silhouettes apparurent entre les arbres, et Hyuo en fût grandement contrarié car l’ouïe et la vue des elfes les rendait d’ordinaire difficile à surprendre ainsi. Le jeune elfe compta rapidement les apparitions. Il y’en avait neuf - majoritairement des humains et humaines - munis d’arcs grossiers et de flèches mal empennées, et à leurs côtés pendaient baguettes de bois et haches de fer rouillées et mal aiguisées. Ils paraissaient faméliques comme des loups, habillés en haillons et peaux, leurs faciès sales, et sur leurs membres exposés apparaissaient les stigmates facilement reconnaissable des punitions qu’ils avaient subis dans un passé d’esclave. Mais leurs yeux caves, eux, étincelaient devant leur trouvaille : deux elfes, deux tortionnaires, seuls et inattentifs dans la forêt.

<< ...toi, l’elfette, tu attacheras ton petit copain avec cette corde. Et fait gaffe : si les nœuds ne sont pas bons, on vous coupera les mains à tous les deux. >>

Il observa Naeglith alors qu’une corde de chanvre atterrissait entre eux. Son corps toujours en position assise ne lui offrait que peu de marge de manoeuvre, et sur son visage il pouvait voir la colère et la peur se mélanger. Hyuo ne comprenait que trop bien le combat intérieur que menait la jeune elfe à ce moment. La supériorité de la race druchiie était une croyance partagée par l’ensemble de ses membres, et la fierté des elfes noirs les rendait peu susceptible de se soumettre, même pour sauver leurs vies. Hyuo, lui, avait une mère humaine et esclave, et ainsi il ne croyait pas tant en la supériorité de la race druchiie qu’en la supériorité de certains individus exceptionnels, une catégorie dans laquelle il aimait à s’inclure. Sa fierté n’en était pas moindre, et elle s’accommodait mal de l’échec.

<< Nul druchi ne devrait avoir à se soumettre à des esclaves, et de toute façon le sort qu’ils nous réservent est sûrement pire que la mort. Ils veulent simplement que nous jetions nos armes pour qu’ils puissent nous tuer sans pertes après nous avoir torturés. Dans tous les cas, nous devrions nous battre, mon fein. >>

Il se tenait là, au centre du cercle, acculé et fatigué. Il n’avait pas le temps de réfléchir, et la frustration l’en rendait de toutes façons bien incapable. Il observa les visages autour de lui, et son regard était lourd de mépris. La Nepim était peu convaincue par ses propres paroles, pourtant il semblait au jeune fein qu’elle disait bien la vérité. Les deux elfes ne recevraient aucune pitié des esclaves une fois dans leur camp, ils seraient battus, torturés, et tués. Hyuo pensa à son père, jamais Varudh Elina ne se serait agenouillé devant des esclaves, mais, du reste, jamais il ne se serait non plus laissé mettre dans une situation aussi stupide.

Si le camp des esclaves semblait ne pouvoir leur apporter qu'une mort plus lente, les flèches elles partiraient bien à l’instant où les humains verraient les elfes agir et leurs offriraient une mort rapide et inévitable, mais au moins ils auraient une chance de combattre pour leurs vies. Une fois capturé, plus jamais cette chance ne se présenterait, de cela ils pouvaient être sûrs. Le jeune Elina repensa à la route et au convoi, à la mission pour laquelle on l’avait envoyé. Comment son père réagirait-il en apprenant la mort de son fils, tué par des esclaves en pleine forêt, alors qu’il devait simplement accompagner une cargaison de bois ? Les Malerin étaient loin maintenant, ils étaient sans doute à Uzak à se réjouir, et bientôt les Nepim chuteraient. Il ne pouvait rien y faire, il était loin dans la forêt, et il allait sûrement mourir, et à cette pensée il fût comme plongé dans un bac d'eau glaciale.

Il aurait voulu se battre comme sa frustration lui commandait, tuer ses esclaves pour combler avec le sang son sentiment d’impuissance. Pourtant il était encore lucide, ils étaient encerclés et exténués, les flèches les perceraient bien avant qu'ils n'aient pu saisir leurs armes, et s’ils arrivaient par miracle à fuir ou à vaincre, ils seraient de nouveau perdus, à la merci des araignées et des autres esclaves — si la fatigue elle-même ne les tuait pas —, et Hyuo ne voulait pas mourir. Que se passerait-il une fois au camp s'ils décidaient d'obéir ? Cette question lui vrillait l’esprit alors qu’il regardait autour de lui. Il ne pouvait imaginer y rencontrer autre chose que la mort et l’humiliation, et pourtant cette mort était moins sûre, plus lointaine que celle qu'ils affronteraient ici. Il ne voulait pas mourir maintenant, de cela il était sûr, cette pensée occupait entièrement son esprit et il en était terrifié. Mort, il ne servirait plus sa famille, il ne verrait plus sa mère, et si son orgueil luttait contre cette faiblesse qui est la peur de la mort, celui-ci était déjà bien trop blessé pour pouvoir l’emporter.

<< Jamais nous ne leur serons soumis, Naeglith, car même enchaîné un loup est supérieur à une fourmi. Où irions nous après les avoir tués ? Nous n’avons aucun choix maintenant, car de toutes façons nous ne pouvons vaincre, et l’avenir, lui, nous offrira peut être une chance de vengeance. >>

Il n’était pas sûr que la marchande écoute ses paroles, car la fierté des druchiis était une chose terrible. Il avait tourné sa phrase afin de ménager l’honneur de Naeglith, ainsi que le sien, car refuser de se battre là où une roturière elle même aurait combattu n’était pas anodin, aussi devait-il lui montrer que ses gestes ne servaient qu’un but de vengeance ultérieure, mais ses propres paroles n'étaient guère assurées.

Lentement, le noble posa sa lance à terre, et il détacha son ceinturon, et son arbalète, et alors qu’il tombait lourdement sur les genoux, son visage était étrangement pâle.
Hyuo Elina, cavalier de Koliipulo
For 8 | End 7 | Hab 9 | Cha 9 | Int 8 | Ini 10 | Att 11 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 50/50

Fiche de personnage : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... hyuo_elina

Avatar du membre
[MJ] Kriegsherr
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Messages : 1088

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Test de CHA d’Hyuo et d’INT de Naeglith : 1. Réussite critique.
Adossée à son arbre, la jeune elfe noire écouta les paroles de son fein et hocha la tête gravement. Malgré ses doutes, elle se rangerait à son avis. A vrai dire, elle semblait même en partie soulagée, car l’idée d’affronter à deux elfes fatigués et non préparés neuf assaillants sur le qui-vive ressemblait plus à une tentative désespérée de kamikaze qu’à une vraie résistance utile. Et même s’ils n’étaient toujours pas tirés d’affaire, au moins la perspective d’une mort à très court terme semblait-elle écartée pour les druchii, si l’on en croyait les dires de l’humain qui avait parlé. Avec un petit sourire de soulagement sur le visage pendant une demi-seconde, comme si un poids lui était ôté –sans doute la peur de devoir se battre à mort-, Naeglith répondit à Hyuo en ces termes, toujours en druck eltharin afin que leur conversation reste à priori confidentielle :

-Comme toujours, vous avez raison, seigneur Hyuo. Décidément, je ne sais pas pour le reste de votre famille, mais chez vous, la sagesse n’a pas attendu le nombre des années, de toute évidence.
Ah, et je vous demande par avance de m’excuser pour les nœuds serrés que je vais devoir faire, mais je préfère que nous gardions nos mains, mon fein.


Imitant les gestes de son noble partenaire, la jeune elfe déposa lentement ses armes sur le sol avant de se saisir de la corde, en gardant toujours ses mains bien en évidence afin de ne pas donner le moindre prétexte aux kidnappeurs pour leur tirer dessus. Puis elle s’approcha de son seigneur et lui lia les mains derrière le dos. Hyuo put sentir qu’elle ne faisait pas semblant : les attaches étaient solides et très serrées. Après quoi elle se mit elle-même à genoux et un humain lui réserva le même traitement, non sans avoir au préalable vérifié la qualité de son travail. Les deux prisonniers furent également liés entre eux, une corde d’un mètre de long reliant les mains de Hyuo au cou de Naeglith.

Quant à leurs armes, les assaillants ne se firent pas prier, et les ramassèrent toutes. Puis, prudents, ils se préparèrent à partir, en disposition de cercle autour des deux druchii. Avant qu’ils ne se mettent en route, l’humain de tête grogna d’un air menaçant :


-Pas de tentative de fuite, pas de résistance, pas d’appel au secours, ou vous le regretteriez amèrement, croyez moi.

Naeglith semblait défaite, humiliée, mais heureuse d’être encore en vie. Elle n’en menait pas large, et se savait complètement à la merci de leurs ravisseurs qui semblaient très hostiles. Tout comme pour Hyuo, pour la première fois, sa vie se retrouvait entre les mains d’êtres qu’elle avait toujours appris à haïr, et qu’elle considérait comme inférieurs, à peine des animaux un peu plus intelligents que les autres. Dans cette posture, elle se sentait extrêmement vulnérable, et regardait craintivement tous les visages hostiles qui les fixaient. Elle était sortie de force de la logique elfe noire : se montrer forte et supérieur serait non seulement illusoire et futile, mais aussi dangereux, et elle le savait. De plus, elle n’avait plus rien à cacher, plus besoin de mentir ou de conserver les apparences, car dans son esprit, elle et Hyuo étaient déjà morts. D’une voix faible, plus timide, moins assurée que d’habitude, elle s’adressa à son seigneur :

-Seigneur Elina… Je…


Mais elle fut coupée net par l’humaine qui avait voulu les tuer, qui aboya :


-Et si vous parlez on vous coupe la langue, comme vous l’auriez fait pour nous, espèce de monstres !

La bonne nouvelle était que le groupe d’esclaves révoltés avait tenu parole : ils ne les avaient pas tués. Restait maintenant à savoir quel sort leurs ravisseurs leur réservaient. En tout cas, ils firent preuve de prudence en badant les yeux de leurs prisonniers de manière à ce qu’ils ne voient pas où on les menait, et accessoirement de permettre à leur guide de les humilier en ne les prévenant pas des racines et autres obstacles sur leur chemin.

Le groupe marcha pendant un temps long et indéterminé -sans doute plusieurs heures au moins- à travers la forêt, dans une direction inconnue. Puis ils sentirent qu’ils changeaient de terrain. Ils ne marchaient plus sur de la terre ou de l’humus, mais sur de la pierre, et les arbres semblaient plus clairsemés, voire inexistants, car ils pouvaient sentir le vent froid les mordre. Heureusement pour eux, ils avaient toujours leurs kheitans qui les protégeaient efficacement du climat.
Bientôt, ils entendirent une voix les interpeller, en Reikspiel :


-Halte-là qui va là ?

Leur chef de groupe humain s’adressa au garde :

-Holà, tout doux, Boris, tout doux. Ce n’est que nous, et on apporte avec nous deux prisonniers pour Orithye et le conseil.

Une troisième voix inconnue, féminine prit la parole :

-Quoi, vous ramenez ces créatures maléfiques ici ? Vous êtes fous, c’est sûrement un piège, vous auriez dû les tuer sur place, après leur avoir ressentir une minuscule part de la douleur qu’ils nous ont tous fait subir.

-Calme toi, Hannette, personne ne nous a suivi, tu peux me croire. Et de toute façon, ce qui est fait est fait. Alors toi et Boris, ouvrez cette fichue porte histoire qu’on puisse enfin rentrer.

Un grincement de gonds se fit entendre, puis le groupe reprit sa marche. Cette fois, la présence humaine et d’autres races intelligentes semblait importante. Une foule semblait se masser sur leur chemin, pour s’occuper des prises de guerre elfes. Autour d’eux, les deux pauvres druchii entendirent des quolibets, des huées, des cris de haine, même. Ils reçurent de nombreux projectiles indéfinis, certains mous, d’autres durs. Hyuo entendit même un petit « poc », suivi d’un petit cri de douleur de Naeglith derrière lui. De nombreux crachats les atteignirent également. Ils sentaient bien que seul le groupe armé qui les avait capturé et les encerclait empêchait les autres de les lyncher.

Après environ cinq minutes de marche, ils entrèrent dans un bâtiment. On les força à s’agenouiller côte à côte et on leur ôta leurs bandeaux, leur rendant la vue. Les deux elfes purent ainsi constater qu’ils se trouvaient au centre d’une sorte de grande pièce circulaire en pierre, plus précisément devant une sorte de grande table en demi-cercle juchée sur une estrade, où siégeaient des anciens esclaves. Un mince filet de sang coulait de la tempe de la marchande, qui avait dû être blessée par une pierre jetée dans la foule. Elle semblait mal en point physiquement, et partagée entre la peur et la colère. Leurs gardiens, quant à eux, étaient debout à côté d’eux et s’assuraient qu’ils ne tentent rien.

Se tournant vers Hyuo, elle osa lui chuchoter en druck eltharin dans un murmure très rapide :

-Doit-on leur obéir ?

La réaction des humains qui l’encadraient fut immédiate. Un poing frappa sa face avec force, lui fendant la lèvre et la projetant sur le sol de pierre où elle s’ouvrit une arcade et fut rouée de coups de pied pour marquer la punition. Le visage tuméfié en sang, sonnée, un œil gonflé et fermé, l’elfe semblait au bord de l’évanouissement. Elle fut remise de force à genoux et ne retenta plus de parler sans y être invitée.

Une humaine d’une quarantaine d’années au regard sévère et aux cheveux gris trônait au milieu de la table. Comme tous les autres, elle portait des séquelles visibles de son esclavage. Ses bras musclés et son regard déterminé prouvaient cependant qu’elle n’était pas sans défenses. C’est elle qui invita d’un geste de la main le chef de groupe humain à parler, en reikspiel, le langage commun :


-Wilhelm, nous t’écoutons.

-Salut à toi, grande conseillère Orithye, et salut à vous, messieurs et mesdames les conseillers. Comme vous le savez, nous étions partis pour attaquer le convoi hebdomadaire entre les deux villages d’elfes noirs. Malheureusement pour nous, celui-ci n’était pas là au moment prévu. Il semble qu’il y ait eu un retard important, de plus jours pour être exact. C’est pourquoi nous avons décidé de nous replier au repère Sud-Ouest et d’attendre quelques jours, juste au cas où.
Et on a bien fait : ces deux-là nous sont tombés dessus ce matin. On a jugé bon de les capturer pour vous les amener.


L’humaine qui s’était montrée la plus agressive dans le groupe toussa puis rectifia :

-Non. Tu as jugé bon de les capturer. Moi et les autres, on les aurait fait payer sur place pour nos familles, nos amis, et tous les innocents que ces salopards ont torturés, asservis et massacrés sans pitié. Qu’on les torture jusqu’à ce que mort s’en suive, c’est tout ce qu’ils méritent !

La majorité des membres du groupe de ravisseurs acquiesça. Ils étaient d’accord avec elle, et un certain nombre de gens assis semblaient également partager cet avis. La cheffe du conseil reprit alors la parole, et s’adressa de nouveau au chef du groupe, avec un sourire appréciateur sur le visage :

-Merci, Kaitlin. On m’a rapporté que vous n’avez pas été suivis, c’est cela ?

-Bien sûr, Orithye, avant de les capturer, on s’est assuré qu’ils étaient seuls et que ce n’était pas un piège. Si toutefois tu estimes que j’ai mal agi en les amenant ici, tu n’as qu’un mot à dire et je rendrais mon commandement, grande conseillère.

-Non. Tu as fait ce qu’il fallait, comme toujours, loyal Wilhelm. En les capturant, tu nous permets d’en savoir plus sur la raison de leur présence dans les parages. Si nous avions seulement dix hommes comme toi ici, tous nos problèmes seraient réglés.

Il y avait, outre Orithye, huit membres qui siégeaient à la table. Un nain à la barbe soigneusement entretenue, une naine, deux humains costauds et quatre humaines, une jeune, et trois vénérables dames âgées d’au moins cinquante cinq ans chacune. La plus jeune d’entre elles était une très jeune fille qui n’avait peut-être pas plus de seize ans, mais qui était déjà adulte : sa dure vie l’avait forcé à grandir vite pour survivre. Elle avait les cheveux roux et était très musclée. Elle prit la parole, d’un ton dur, cassant, ses yeux lançant des éclairs :

-Assez ! Tout le monde ici sait que notre grande conseillère Orithye a un faible pour Wilhelm, mais nous ne sommes pas ici pour l’entendre le congratuler. Pour ma part, en tant que conseillère responsable de la chasse, j’estime que son acte était d’une grande stupidité, ça aurait pu être un piège. Il ne faut surtout pas sous-estimer nos ennemis, ce serait une erreur fatale, et...


La jeune chasseresse fut coupée par un des humains, un homme à la longue barbe noire et bien bâti d’une bonne trentaine d’années, qui se leva et calma la salle :

-Conseillère Lauréane, peu importe ce que Wilhelm a fait, on ne peut plus revenir en arrière, et ce n’est pas ici son jugement. Ce qui importe maintenant, c’est que nous avons deux oreilles pointues face à nous, et que nous pouvons en tirer beaucoup de renseignements très utiles.

Les sages paroles de l’humain eurent pour don de s’attirer l’approbation universelle. La grande conseillère reprit :

-Merci, Wolfhart, vous avez raison. Et ensuite, nous devrons aussi décider de leur sort. Elfes, vous aurez compris que dans votre situation, vous avez tout intérêt à répondre à toutes nos questions si vous voulez accroître vos chances de survie.
Mais évidemment, je ne suis pas sotte. Pour limiter les risques de mensonge, nous vous interrogerons séparément. Gare à vous si vos versions ne coïncident pas exactement.


Naeglith lança de son œil valide un regard terrifié à Hyuo qu’on emmena dans une autre pièce plus lointaine, de manière à ce qu’il ne puisse rien entendre ce qui se passait avec la Nepim.

Ce court trajet à l’intérieur du même bâtiment permit au druchii de se rendre compte que le lieu semblait très bien construit. Il était en grosses pierres taillées ou au moins en moellons équarris, les murs étaient épais, résistants et isolants. Sans nul doute les nains de la communauté y étaient-ils pour beaucoup.

Toujours est-il qu’il fut emmené et enfermé avec deux gardes dans une sorte de petite chambre, équipée d’un lit, d’une chaise et d’une table en bois grossier. Les métaux étaient très peu présents, voire quasiment absents. Puis, après entre une demi-heure et une heure d’attente, on vint le demander, et il se retrouva à son tour seul face aux conseillers dans la grande salle, encadré par ses ravisseurs. Il n’y avait aucune trace de sa compatriote dans la pièce, ni aucun indice sur ce qu’ils lui avaient fait.
Orithye prit la parole et d’un ton froid, déclina ses questions :


-Quel est votre nom et quelles sont vos fonctions ? D’où venez-vous, décrivez-nous votre village, ses défenses et son nombre de guerriers et d’esclaves. Qui est la personne qui était avec vous, son nom et ses fonctions, ainsi que la description de son village, en nombre de guerriers défenses et esclaves.
Et surtout aviez-vous connaissance de notre communauté, étiez-vous à notre recherche ?


Hyuo Elina ignorait ce qu’avait pu dire Naeglith à ce sujet. Mentirait-il ou dirait-il la vérité, trahissant de ce fait les siens ? Dans tous les cas, il était dans de sales draps.
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

Avatar du membre
Hyuo Elina
PJ
Messages : 16

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par Hyuo Elina »

Ils suivirent les esclaves les yeux bandés, et le chemin fût long et difficile car ils trébuchaient sans cesse sur des racines et des changements de reliefs et la corde de chanvre entaillait durement les poignets du jeune Elina. La chute de l’un entraînait immanquablement le second, et Hyuo entendait les rires autour de lui quand il manquait de tomber, et il en conçut une grande amertume. Au bout de plusieurs heures de marche, la terre meuble céda la place à un sol de pierre, et le vent glaciale les enveloppa à nouveau. On ouvrait une porte, et enfin de nombreuses voix résonnèrent autour d’eux. On les injuriait, on lançait des déchets, des immondices, on les méprisait, on les humiliait.

Les cris cessèrent quand ils entrèrent dans un bâtiment, et l’air se fit plus chaud. On les fit s’agenouiller sans ménagement et on leur ôta leurs bandeaux. La vue d’abord un peu trouble, Hyuo regarda autour de lui. Ils se trouvaient en bas d’une volée de marche qui montaient vers une estrade sur laquelle se dressait une longue table arquée autour de laquelle des humains, des nains, des esclaves siégeaient. La salle elle-même était ronde et obscure, haute de plafond, et il pouvait voir des bancs de pierre monter circulairement comme un amphithéâtre derrière lui, mais il ne semblait n’y avoir dans la salle que les deux elfes, les esclaves autour de leur table, et ceux qui les avait capturés.

À côté du jeune elfe, Naeglith saignait vilainement de la tempe, ses cheveux étaient emmêlés et son regard évoquait la peur mais également la volonté de ne pas se laisser faire. Hyuo lui même ne voulait savoir ce que ses propres yeux laissaient paraître, il était encore lui aussi terrifié par l’idée de mourir prochainement, cette peur n’avait pas quitté son esprit de tout le trajet. Il en était malade. Mais son orgueil avait été percé trop profondément, et il avait aussi peur de la fin qu’il détestait ces esclaves. Elle lui parla en Eltharin et on la frappa. Elle heurta les dalles de pierre et son arcade sourcilière s’ouvrit, Hyuo le voyait à la quantité de sang qu’elle répandait sur le sol. On la releva, son visage gonflé et marqué, et elle resta silencieuse. Le jeune Elina en fût heureux pour elle.

Une vieille femme, assise au milieu de la table, prit la parole. On interrogea le chef du groupe des esclaves de la forêt, Wilhelm, et les dissensions furent grandes concernant la marche à suivre. Ils redoutaient un piège, ils redoutaient de voir déferler sur leur camp une armée de druchiis en armure. La raison prévalût néanmoins, et il fût décidé qu’il fallait profiter des captifs maintenant qu’ils étaient là, et qu’on les interrogerait séparément.

On traîna Hyuo dans une pièce nue, à l’exception de quelques meubles, où il pût s’assoir contre le mur face à la porte alors que les deux humains s’asseyaient sur des chaises de bois. Assis ainsi dans ce qui lui semblait l’antichambre de la mort, Hyuo fixait d’un regard voilé le montant de la porte. Il se demanda ce que le conseil pouvait bien vouloir apprendre d’eux. Qui ils étaient et ce qu’ils faisaient perdus dans les bois, sans doute. Et le jeune noble appréhendait cette question, car il ne doutait pas que sa famille soit connue par les esclaves. Si ceux-ci connaissait l’existence d’un convoi commercial, alors ils connaissaient Koliipulo et Uzak, et sûrement avait entendu parler des Elina, une grande famille d’esclavagistes, ce qu’ils ne manqueraient pas de lui faire payer. Pourtant il lui semblait inutile maintenant de chercher à se cacher. Il ne voulait pas finir lâchement, en reniant sa famille devant des esclaves. Il n’en tirerait rien. De plus, il n’avait aucun moyen de savoir ce que Naeglith avait bien pu répondre.

On vint les chercher. Il se leva, le corps ankylosé et douloureux, et suivit les gardes. La salle du conseil était calme et sombre quand il y entra, et il ne pouvait voir aucune trace de Naeglith, si ce n’est la trace de sang qu’elle avait laissée et qui avait séchée sur le sol de dalles. Il se tenait raidement au bas des marches de pierre de l’estrade, le regard dans le vide et les poignets brûlants, et derrière la table en demi-cercle les membres du conseil l’observaient d’un air glacial. Les questions commencèrent, et Hyuo y répondit de sa voix lente et monotone, s’efforçant de dissimuler les dernières traces de peur qui la troublaient.

<< Mon nom est Hyuo Elina de Koliipulo. Celle qui m’accompagnait est Naeglith Nepim d’Uzak. Nous escortions un convoi de bois entre nos deux villages. Nous n'étions pas à votre recherche, car ce sont les elfes des cités qui traquent les esclaves, et non nos familles. Nous avons été attaqués par une bête, une araignée, alors que l’on patrouillait dans la forêt. Nous venions de l’abattre quand vous nous avez trouvé. Le reste du convoi a dût envoyer quelques soldats nous chercher comme nous tardions à rentrer. >>

Il s’interrompit un moment. Il avait prononcé la dernière phrase d’une voix blanche, mais il espérait que celle-ci ait semé l’inquiétude dans l’esprit de plusieurs conseillers. Cependant, il n’avait pas pensé qu’on lui demanderait de décrire les villages. Les esclaves prévoyaient sans doute des attaques et voulaient juger des forces en présence. L’idée de trahir sa propre famille l’irrita, et sa voix se colora de mépris alors qu’à son angoisse s’ajoutait le chagrin.

<< Du village de ma congénère, je vous le dis en toute honnêteté, esclaves, je ne sais rien. Mais pour ce qui est du mien, que croyez-vous ? Que nous serions prêt à trahir nos familles, nos parents, nos fils, pour une infime chance de survie ? Est-ce ainsi que sont les humains ? >>

Et il regarda tour à tour les conseillers. Il savait qu’il prévalait beaucoup de la morale des Druchiis avec ses paroles, mais il était vrai que son peuple n’était pas à même de divulger de tels informations à des inférieurs. Quant à lui, il pensait à sa mère au moment où il prononçait ces mots, car il ne devinait que trop bien le sort que réservait les esclaves à ceux d’entre eux qui entretenaient des relations privilégiées avec leurs maîtres.
Hyuo Elina, cavalier de Koliipulo
For 8 | End 7 | Hab 9 | Cha 9 | Int 8 | Ini 10 | Att 11 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 50/50

Fiche de personnage : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... hyuo_elina

Avatar du membre
[MJ] Kriegsherr
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Messages : 1088

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Test de CHA : 2. Réussite.
Les réactions du conseil aux paroles d’Hyuo furent très diverses, mais dans l’ensemble négatives, comme on aurait pu s’y attendre. Orithye resta impassible, le visage figé dans une expression insondable, mais glaciale. Les deux nains échangèrent un regard sombre et un signe de tête affirmatif, mais sans ouvrir la bouche ni rien laisser transparaître de leurs pensées. Wolfhart se triturait la barbe avec énervement, il n’était pas serein. Son compagnon humain, lui, était clairement énervé. C’était un homme très bien bâti, le crâne rasé et arborant de nombreux tatouages tribaux sur tout le corps. Ses gros poings et sa mâchoire carrée se serrèrent tandis qu’il fixait Hyuo d’un regard mauvais. Deux des trois vieilles conseillères se lancèrent dans une discussion à voix basse, tandis que la dernière d’entre elle jetait un regard emprunt de dépit, de déception et de pitié sur l’elfe noir. La première à s’exprimer fût Lauréane, la chasseresse au tempérament de feu. Curieusement, elle semblait exulter, un grand sourire sur le visage. Elle s’exclama d’une voix triomphante :

-Voilà ! Je l’avais dit ! D’autre comme eux sont à leur recherche, la petite a menti, sûrement pour essayer de nous laisser surprendre. Le mieux à faire, maintenant, c’est de les laisser réellement se faire manger dans la forêt, ainsi nous serions hors de cause. Tuons les donc avec du venin d’araignée et laissons leurs corps près du grand repère des arachnides ! Il ne faut pas perdre un instant, chaque seconde qui passe est un risque d’être découverts par ceux qui les recherchent.

L’homme au crâne rasé acquiesça et renchérit d’une voix grave et gutturale en frappant du poing sur la table :

-Lauréane a raison. On ne peut prendre le risque d’être découverts, débarrassons nous vite de ces deux immondes créatures, après s’être assurés de leur silence définitif.

La suivante fut l’une des deux dames qui s’étaient entretenues à voix basse. D’une voix lasse, elle exprima son désaccord :

-Moi et Henriette ne sommes pas de cet avis. Nous connaissons trop bien cette race d’individualistes sadiques pour ne pas penser que cet Elina est un petit menteur. Jamais ses congénères ne risqueront leurs vies pour les rechercher dans la forêt, ils se diront simplement que s’il ne revient pas, c’est que ces deux là auront été trop faibles et qu’ils ne méritaient pas de vivre. Qui plus est, ils réfléchiront et se diront que le plus probable serait qu’ils soient déjà mangés, et que donc ils ne retrouveraient rien d’eux…

La troisième femme hocha la tête affirmativement et compléta :

-Qui plus est je suis d’avis que la précédente ne mentait pas. Contrairement à celui-ci qui semble être un lâche, elle a au moins tenté de résister…

Wolfhart exprima à son tour son point de vue :

-Je ne sais pas… D’un côté s’il dit vrai, mieux vaudrait les tuer même dans le doute : on ne peut pas se permettre de prendre des risques. Mais j’ai tendance à plus la croire elle…

Orithye jeta un coup d’œil aux nains qui restèrent cois, afin de les inviter à prendre la parole s’ils le voulaient, puis, voyant qu’ils n’en ferraient rien, elle parla à son tour :

-Et bien, je crois que l’on est tous d’accord sur le sort à réserver aux prisonniers si celui-ci dit vrai. Mais je pense que nous pensons également dans notre majorité que celui-ci ment sur le fait qu’ils soient recherchés, et les faits parlent pour nous.
Regardez les. Elle et lui étaient seuls dans la forêt, loin de toute route, quand Wilhelm les a trouvés, et avaient l’air épuisés. Ils n’ont donc pas pu être comme il le prétend en patrouille pour protéger un convoi de bois, et d’ailleurs pourquoi une patrouille en forêt protégerait-elle un convoi de bois sur une route très éloignée ? Ce serait stupide.
De plus, l’on sait qu’ils n’ont à priori pas été suivis, et même si cela avait été le cas, il serait trop tard pour les renvoyer maintenant, ils nous auraient déjà trouvés.
Ensuite, regardez ce type et sa compagnonne. Ce sont à coup sûr de très jeunes elfes, donc peu importants.
Et puis, la fille nous a bien dit que personne n’était à leur recherche, et vous savez que nous avons été beaucoup plus persuasifs avec elle qu’avec lui.


L’homme au crâne rasé se leva en s’écriant :

-De toute façon qu’ils mentent ou non ça ne change rien ! On ne va pas les laisser en vie, ces sales chiens, il ne manquerait plus que ça ! Après tout ce qu’ils nous ont fait, ils méritent la mort. Qui pense comme moi ?

Certains acquiescèrent, mais Orithye reprit :

-Non. Eux ne nous auraient pas tués. Ce serait trop simple. Trop doux. Je propose une sentence plus… Educative pour ces oreilles pointues tellement convaincues de leur supériorité naturelle sur nous. Si pour une fois nous inversions les rôles, ils pourraient nous être utiles et peut-être, se rendre compte de la cruauté du sort qu’ils nous réservent.
Holka, Storri, qu’en pensez-vous, leur sort est entre vos mains.


Le nain prit la parole, en grognant :

-Œil pour œil, dent pour dent, Orithye. C’est comme ça que nous les nains faisons. Ces deux oreilles pointues travailleront à la mine. Ces lâches oreilles pointues ont toujours été trop lâches pour mourir en guerriers honorables et traiter ainsi leurs prisonniers, il est hors de question qu’on leur accorde cet honneur en retour.
Encore une fois, tu fais preuve de sagesse et de justice, ô grande conseillère.


La naine n’ouvrit pas la bouche, mais fit un signe de tête pour confirmer les paroles de son mari. La grande conseillère remercia ses pairs et prononça sa sentence :

-Bon, je crois que la majorité est pour l’esclavage. Inutile de poursuivre l’interrogatoire de cet esclave, car bien que lâche, il est menteur et révèlera aussi de fausses informations sous la torture. De toute façon leurs villages ne nous intéressent pas tant que ça, car notre salut réside avant tout dans la clandestinité.
Envoyons cet esclave rejoindre sa camarade pendant que nous finissons de préciser les détails de leur nouvelle condition.


Les gardes empoignèrent fermement le druchii et l’emmenèrent dehors, non sans lui avoir auparavant remis le bandeau et revérifié ses liens. Une fois encore, il ressentit un déchaînement de violence terrible autour de lui, puis il entendit le bruit d’un lourd battant qui s’ouvrait avant d’être projeté avec violence sur un sol de pierre. La porte se referma et avec elle les bruits hostiles. Il n’entendait maintenant plus que des gémissements un peu plus loin devant lui de douleur et le crépitement de torches. Soudain, l’elfe noir sentit une douce main l’aider à se relever et critiquer les gardes en reikspiel :

-Quel besoin aviez-vous de le traiter comme ça ? Le pauvre doit déjà être terrifié et humilié, comme sa camarade. Pas besoin de rajouter de la violence physique par-dessus ça.

L’un des gardes répondit d’un grognement haineux :

-Ecoute, la mioche à sa maman, j’ai pas de leçon à recevoir de toi. T’as jamais connu ce dont ils sont capables, t’as jamais souffert ce qu’ils font souffrir. Ces… Ces monstres sont des sadiques pires que les pires des bêtes. Ils sont intelligents, mais ils choisissent volontairement la cruauté, ils n’ont aucune pitié, au contraire ils prennent plaisir à ôter un à un tout espoir à leurs esclaves. Ils se délectent de les voir supplier d’épargner ce qui leur est le plus cher, et à le détruire lentement sous les yeux.
C’est tellement horrible que j’ai pas de mots pour te décrire ces salauds et toute la douleur qu’ils peuvent infliger. C’est infiniment pire que la mort.
Tu ne peux pas savoir, tu n’as jamais connu ça, mais crois-moi ils ne méritent même pas de vivre…


-Et bien justement, c’est parce que toi tu as subi ça que tu dois comprendre à quel point il est important qu’on ne fasse pas comme eux ! Personne ne mérite d’être traité comme ça.

-Ah ! Si tu savais comment ils nous traitaient tu ne dirais pas qu’on les maltraite. A côté de ce qu’ils nous font, chez nous c’est la vie de château. De toute façon je ne discuterai pas avec toi, tu sais déjà ce que nous tous en pensons sauf toi, et la décision du conseil est prise. Ce sont des esclaves que ça te plaise ou non.


Enfin, le bandeau qui l’empêchait de voir fut retirée par la main douce de ce qui se révéla être une jeune humaine qui n’avait pas vingt ans. Elle était petite, mesurait à peine plus d’un mètre soixante. Ses cheveux étaient longs et noirs. Contrairement aux gardes, au groupe de la forêt et aux membres du conseil, elle ne portait aucune séquelle de maltraitance. A l’évidence elle n’avait jamais connu de maître. Ses traits reflétaient une bonté rare, qui confinait à la naïveté.
La jeune fille se tenait au milieu d’une pièce taillée à même le roc, rectangulaire et éclairée par des torches, qui se continuait dans un boyau qui s’enfonçait sous la colline. Sur une sorte de paillasse un peu plus loin, était étendue Naeglith Nepim, visiblement trop faible pour se lever. Elle avait reçu de nombreux coups supplémentaires, et on l’avait dépouillée de ses vêtements pour les remplacer par un simple pagne et un bandeau pour cacher sa poitrine.
L’humaine s’adressa à Hyuo, d'une voix ou perçait la compassion :


-Désolée pour le traitement qu’ils vous ont fait subir, elfe, mais vous devez les comprendre apparemment vous les traitez de manière encore plus cruelle, et ils ont envie de se venger. Ne vous en faites pas, nous avons des principes. On ne fait pas souffrir inutilement pour le plaisir, ici. Je regrette d’ailleurs ce qu’ils ont fait à votre amie. Elle a l’air d’avoir été torturée.
Au fait, je m’appelle Akhéloïs, et vous ? Votre camarade n’a pas été très bavarde…


Naeglith essaya de se redresser un peu pour s’adresser à son seigneur, mais elle n’y parvint pas et l’effort lui arracha un nouveau gémissement et une grimace de douleur. La marchande s’adressa à Hyuo en druck eltharin.

-Etre touchée, réconfortée, soignée par ça… Quelle honte. Mais je n’ai pas vraiment le choix. Cette tarée ne perd rien pour attendre. Je suis sûr qu’on pourra la manipuler pour arriver à s’enfuir. Une faible parmi les faibles.
Elle ferra moins la maligne quand on reviendra raser leur village avec une armée et que par sa faute elle verra tous ceux qu’elle aime souffrir de nos mains devant ses yeux.
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

Avatar du membre
Hyuo Elina
PJ
Messages : 16

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par Hyuo Elina »

Hyuo se releva avec difficulté tant son corps était raide et douloureux après avoir heurté le sol de pierre, et il aurait pu tout aussi bien retomber sur le champs dans son effort pour se redresser si on ne l’avait pas aidé, car il était toujours aveugle et la tête lui tournait affreusement. Son bandeau lui fût enfin retiré, et il découvrit la cellule de roche creusée dans la colline où on l’avait emmené. Celle-ci était faiblement éclairée et nue, et en son milieu se tenait une humaine, celle qui l’avait aidé à se remettre debout, une jeune fille et au visage doux et inquiet, et à la voix également douce et pleine d’attention. Alors qu’elle lui parlait le jeune elfe la regarda, et, alors qu’il était encore en colère et amer, ses yeux trahissaient néanmoins un grand étonnement, car l’humaine contrastait si étrangement avec tout ce qu’il avait jamais connu et tout ce qu’il attendait à voir en ce lieu qu’il se sentit mal à l’aise et honteux l’espace d’un instant, ne pensant plus guère à sa situation plus que critique.

De derrière elle s’éleva la voix faible mais pleine de haine de Naeglith. Elle était allongée sur une paillasse sale, presque nue, et son corps était affreusement meurtri. Ses paroles et la vue de ses blessures l’assombrirent, et il reprit conscience de l’endroit où il se tenait, et de l’humiliation qu’ils avaient tous deux subis. Malgré l’état de sa congénère, et malgré sa propre tête qui tournait encore affreusement et sa gorge sèche, son supérieur lui ordonna sèchement de se taire en druck. Son irritation le submergea à nouveau, pourquoi avait-elle tant tenu à tenir tête aux humains et à frôler la mort pour ne pas révéler son stupide nom, la laissant faible, incapable de se lever et encore moins de fuir, pourquoi était-ce lui qu’on accusait de lâche pour n’avoir communiqué que des informations d’une inutilité quasi-nulle pour les esclaves, et surtout pourquoi Naeglith crachait-elle avec tant de véhémence sur les soins de l’humaine ?

Cette dernière pensée lui-même la trouva un peu biaisée, et il essaya de la chasser rapidement de son esprit. Pourtant, il le savait au fond de lui, les paroles de Naeglith n’étaient pas sans intelligence : ils étaient bel et bien prisonniers et destinés à l’esclavage.

<< Mon nom est Hyuo Elina… et voici Naeglith Nepim… Heureuse rencontre Akhéloïs, vous semblez… très différente de vos amis. >>
Hyuo Elina, cavalier de Koliipulo
For 8 | End 7 | Hab 9 | Cha 9 | Int 8 | Ini 10 | Att 11 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 50/50

Fiche de personnage : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... hyuo_elina

Avatar du membre
[MJ] Kriegsherr
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Messages : 1088

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Akhéloïs accorda un léger sourire à Hyuo pour le remercier de lui avoir répondu, puis continua à s’occuper des blessures d’une Naeglith boudeuse et méprisante. Cette dernière s’était tue, froissée dans sa fierté, elle voulait se draper d’un silence qu’elle estimait digne.

Quelques temps après, un autre humain pénétra dans la pièce et s’adressa à voix basse aux gardes et à la jeune femme qui acquiescèrent. Il apportait des cordes supplémentaires qui furent bientôt attachés aux mains et aux chevilles des deux elfes noirs, entravant leurs mouvements. L’homme leur plaça également des colliers d’esclave en cuir au cou, reliés par une corde à un anneau mural. Une fois les deux prisonniers ainsi entravés, l’humain quitta la pièce en faisant signe à Akhéloïs de la suivre, et en emportant les torches avec eux, laissant les deux druchii seuls dans le noir le plus complet. Ils étaient côte à côte sur deux paillasses grossières de paille posées à même le sol.

En l’absence de surveillants ou de gardes, la Nepim voulut profiter de l’occasion et tenta de se libérer de ses liens. Elle tira fermement dessus, les secoua, voulut même desceller l’anneau ou faire glisser ses menottes aux chevilles et aux poignets. Mais les attaches étaient très serrées, les nœuds efficaces et les matériaux résistants. Il n’y avait rien à faire. En désespoir de cause, elle tenta même de mordre les cordes, mais les liens étaient très épais, à tel point qu’il lui faudrait sans doute des heures, voire des jours pour les ronger.

Constatant l’apparente inutilité de son entreprise, la marchande se tourna vers son seigneur et lui demanda :

-Alors, mon fein, avez-vous un plan pour nous tirer de là ? Si je puis me permettre de proposer quelque chose, nous pourrions exploiter la naïveté de cette humaine. Lui dire que nos liens sont trop serrés, qu’ils nous font mal, par exemple, et qu’on aurait besoin de tel ou tel accessoire, pourquoi pas un seau pour nos besoins, entre autres…

Dès qu’elle eut fini de parler, la jeune druchiie recommença à mordiller ses cordes rageusement.

***


Après un temps indéterminé, la porte se rouvrit pour révéler un halfing accompagné d’une Akhéloïs à l’air très contrariée. Elle s’était soudainement tue en entrant, comme si elle était en train de se disputer avec son compagnon juste avant de franchir le pas de la porte. Le halfing lui lança d’ailleurs une dernière remarque acerbe avant de tourner les talons et de partir :

-Je ne cuisine pas pour ces oreilles pointues ! Tu voudrais leur donner le fruit de mon travail, et bien fait le toi-même, mais sache que j’en réfèrerai à ta mère. C’est pas l’hôtel ici, ce sont des esclaves, pas des invités, je te rappelle.

Sans répondre à ces provocations, Akhéloïs leva les yeux au ciel en rallumant deux torches. Seule avec les deux druchiis, elle les regarda avec un air de tristesse et de pitié profonde. Puis elle leur tendit deux assiettes et des couverts, le tout en bois de pin. Les entraves des deux esclaves leur laissaient une certaine liberté, suffisante pour manger.

Tandis qu’elle servait leur repas, tiré d’une sorte de petite marmite qu’elle avait emmenée avec elle, l’humaine leur dit :


-J’espère que vous aimerez, mais connaissant Jonas je ne me fais pas trop de soucis…

Effectivement, un excellent fumet se dégageait du plat, même s’il n’était guère constitué que de légumes, de baies, de plantes et de petit gibier, bref de ce qu’on pouvait trouver dans la forêt. Le tout se mariait magnifiquement bien. Même chez les nobles elfes noirs, la qualité des mets, pourtant confectionnés avec des aliments plus nobles, atteignait rarement un tel degré de sophistication. En tout cas, les nouveaux esclaves elfes n’étaient pas maltraités en ce qui concernait leur nourriture. Akhéloïs elle-même n’aurait pas de menu différent aujourd’hui, elle s’assit d’ailleurs en tailleur de l’autre côté du couloir et se servit également, mangeant avec eux en les « surveillant »…

Tandis qu’ils mangeaient, Naeglith, qui jusqu’ici s’était contentée d’ignorer leur gardienne et ne l’avait même pas regardée ni remerciée pour le repas, s’adressa à elle, d’un ton plaintif :

-J’ai mal aux mains et aux pieds. Mes liens sont trop serrés, et ils ne nous laissent pas assez de liberté de mouvement, ça me fait des crampes. Et il n’y a rien pour faire nos besoins…

Akhéloïs écouta ces doléances en dévisageant le visage de l’elfette, intriguée. Elle était peut-être naïve, mais elle n’était pas stupide. D’un air grave, elle répondit :


-Je suis peut-être contre ce qu’ils vous font subir, mais je ne suis pas idiote non plus, mademoiselle Nepim. Je sais très bien que dans la situation inverse vous n’auriez eu aucune pitié à notre égard, et je vois bien ce que vous tentez de faire.
Quoi qu’il en soit, je ne toucherai pas à vos liens, vous aurez un seau pour vos besoins.


Après un soupir, elle reprit, un air répugné, dégoûté sur la face :

-En revanche, je dois vous prévenir. Dès demain, votre travail à la mine commencera… Et vous serez marqués au fer rouge en place publique au matin, pour que nul ne puisse ignorer votre statut. J’ai…J’ai vraiment fait tout ce que j’ai pu pour essayer de les en dissuader, mais… Je suis désolée, désolée…

La jeune femme semblait vraiment très mal à l’aise, tant de cruauté lui était clairement insupportable. Elle n’osait pas croiser le regard de ses prisonniers. Hyuo pouvait sentir qu’elle transpirait la culpabilité et la honte, comme si elle se sentait responsable du traitement barbare qui leur était réservé par les siens. La situation s’était dégradée : s’ils voulaient éviter d’être marqués à jamais comme des esclaves, il faudrait agir dans les quelques heures.
Tu peux parler dans les ellipses, soit avec Naeglith seul à seul dans le noir avant qu'Akhéloïs ne revienne, soit avec Akhéloïs et Naeglith pendant le repas. Approximativement, il est la fin d'après-midi ou le soir.
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

Avatar du membre
Hyuo Elina
PJ
Messages : 16

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par Hyuo Elina »

Hyuo regardait le mur en face de lui, ou du moins fixait-il se qu’il en discernait, car il faisait si sombre que même des yeux d’elfe noir s’avéraient insuffisants. Pendant ce temps, Naeglith était occupée à mordiller les liens épais qui la retenaient. Il l'entendait et la sentait bouger furieusement quelque part à sa droite, dans l'obscurité. Lui ne bougeait pas. Il était assis en tailleur sur sa paillasse sale, et ne pensait qu'à s'échapper. Il en avait plus qu’assez de cette mascarade, l’humiliation que lui causait son collier de cuir le faisait littéralement trembler de rage. Ils devaient être à Uzak depuis longtemps maintenant, il devait être armé et occupé à matter la stupide rebellion de ce village. Au lieu de ça, il était attaché comme un inférieur dans une cache étroite, sombre et humide, lui, un noble druchii. Sa frustration était à son comble.

La jeune humaine revint avec le dîner, pour lequel Hyuo lui adressa un raide mouvement de tête. Bien qu’affamé, il se retint de se jeter comme un animal sur son assiette en bois. Il mangea lentement, alors que Naeglith entamait un couplet faussement plaintif à l’intention de leur geôlière de fortune. La nourriture était superbement préparée, le jeune fein ne pouvait enlever ça au halfing, mais il eut bien vite autre chose en tête que la pitance, en effet Akhéloïs les informait maintenant de leur sort prochain : être marqué comme esclave pour le reste de leur vie, et entamer un travail de mineur. Il eut envie de cracher sa nourriture sur le sol. Jamais cela n’arriverait. Jamais il ne se laisserait marquer comme une bête et envoyer dans les mines. Non, il préférerait la mort à cette humiliation là. Il se batterait, il trouverait une épée, il en tuerait autant que possible avant que les humains ne l'abattent.

Cette première nausée passée, il posa lentement son assiette à terre en regardant Akhéloïs. Naeglith avait raison, la naiveté de cette petite humaine était une bénédiction pour eux.

<< Akhéloïs, vous… vous devez nous aider… regardez moi, ma mère était une humaine, nous ne sommes pas des esclavagistes, nous sommes des soldats, des éclaireurs… Nous essayions de rejoindre notre village quand nous avons été pris, ils sont en danger… nos familles… une maison noble prépare une attaque, ils ont besoin d’être avertis, ils ont besoin de nous pour les aider à se défendre, ou à fuir… nous ne pouvons pas rester ici… Akhéloïs, ne faites pas ça… ne les laissez pas… >>

Il se tut. Le visage du jeune elfe était faussement marqué, et il s’était efforcé de donner à sa voix le timbre le plus désespéré qu’il pouvait. Il n’avait pas regardé sa congénère une seule fois pendant son discours, et il se demandait quel effet avait eu sur elle le couplet sur ses origines humaines.

Il regardait le visage de la jeune humaine. Elle était indubitablement jolie, et l’idée lui vint que le désespoir ne ferait qu’ajouter à sa beauté. Il ne désirait rien de plus que de sortir d’ici, de revenir avec une armée entière de druchiis, de réduire ce campement en cendre, de détruire tout ce qu’ils avaient construit avec tant de peine. Et il voulait qu’à ce moment qu’Akhéloïs sache que c’était sa faute, que sa faiblesse, sa gentillesse, qui avait condamné son pitoyable village.
Hyuo Elina, cavalier de Koliipulo
For 8 | End 7 | Hab 9 | Cha 9 | Int 8 | Ini 10 | Att 11 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 50/50

Fiche de personnage : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... hyuo_elina

Avatar du membre
[MJ] Kriegsherr
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2017 du meilleur MJ - RP
Messages : 1088

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Et c’est reparti !
Test de CHA : 4. Réussite.
La geôlière tressaillit en entendant les paroles de Hyuo Elina. Encore plus mal à l’aise qu’elle ne l’était auparavant, elle dévisagea le jeune noble en tremblant. Naeglith, quant à elle, ne disait rien, retenant son souffle dans l’attention de la réaction de leur interlocutrice. La jeune humaine était certes très perturbée, mais elle soupira cependant et répondit d’une voix faible :

-Je… Je suis désolée, sincèrement, mais ce n’est pas moi qui décide ici, sans quoi on ne vous aurait même pas abordés dans la forêt. Qu’avons-nous besoin de kidnapper et de réduire en esclavage des elfes ?

Elle soupira une nouvelle fois en promenant son regard avec insistance sur Hyuo, comme si elle l’examinait sous toutes les coutures afin de chercher à déterminer s’il mentait ou disait la vérité. Une petite flamme s’alluma dans ses yeux et elle répondit avec virulence :

-Quant à vous, je ne sais quoi dire ou faire. Il est vrai que vous ne ressemblez pas à vos congénères et que vous m’inspirez de la pitié. Peut-être avez-vous-même une mère humaine, je n’en sais rien. Mais de là à prétendre que vous ne seriez pas esclavagistes, permettez-moi d’en douter. Dans votre société, tout repose sur l’exploitation des plus faibles. Même les moins sadiques d’entre vous cautionnent le cruel système par leur simple vie au sein de votre monde.

D’où viennent vos denrées alimentaires cultivées ? Qui construit vos maisons, vos bateaux et vos murs ? Vos villes sont bâties sur le sang et les os de millions de pauvres innocents, et chaque jour il en meurt des dizaines dans d’atroces souffrances pour que vous puissiez vivre confortablement. Ne me croyez pas stupide au point d’ignorer cette réalité, même si effectivement je n’ai grâce aux dieux jamais eu à subir un tel esclavage.

La totalité du village était peuplé d’anciens esclaves libérés ou de leurs descendants, et la colère de la jeune humaine était compréhensible au vu de ce qu’avaient dû subir ses parents et tous ceux qu’elle connaissait ou leurs propres parents. Mais Akhéloïs n’en avait pas terminé.

-J’ignore si ce que vous dites est vrai, mais cependant je sais ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Oserions-nous nous dire meilleurs que vous si nous vous traitions comme vous le faites envers nous ? Je ne le crois pas.

Ma mère et les chefs du village, ainsi que la quasi-totalité des habitants ne seraient pas d’accord avec moi, et c’est normal, après ce qu’ils ont vécu. Mais justement, je sais qu’ils sont bons au fond d’eux-mêmes, et que jamais ils n’auraient fait subir le sort qui vous est réservé à quiconque s’ils n’avaient pas eux-mêmes subi les pires sévices. C’est donc à moi de les empêcher de commettre l’irréparable. Vous avez beau faire partie d’une société horriblement cruelle, vous êtes tout comme moi des êtres doués de raison, des elfes qui avez un libre-arbitre. On ne peut vous traiter comme des démons ou des orques, vous n’êtes pas foncièrement mauvais.


Akhéloïs inspira profondément et tourna le dos à ses prisonniers, avant de terminer sa tirade :

-Je ne les laisserai pas vous faire du mal. Je vais vous sortir de là et vous ne reviendrez jamais ici. Vous irez sauver vos famille si toutefois elles sont menacées, et toujours vous vivrez en sachant qu’une simple humaine, fille d’esclave, vous a sauvés, vous, des elfes noirs. J’espère que vous vous en souviendrez la prochaine fois que vous serez face à vos esclaves…

Mais avant de faire quoi que ce soit, je dois vous prévenir. Si la moindre personne nous voit, vous êtes morts, et je ne pourrais rien faire pour vous sauver. Je vous demanderai donc de suivre à la lettre n’importe laquelle de mes instructions, et surtout de promettre que jamais vous ne chercherez à revenir ici, ni à divulguer à personne l’existence de cet endroit. Si vous ne promettez pas, je ne vous libérerai pas.


Naeglith Nepim n'en croyait pas sa chance. Elle garda une expression neutre sur son visage, mais ses yeux brillaient tandis qu'elle s'apprêtait à jurer tout ce que voudrait entendre l'humaine. Après tout, elle n'avait aucun scrupule à mentir à une représentante d'une espère inférieure, les promesses faites à un animal ou un insecte ne valaient rien à ses yeux. Hyuo allait-il lui aussi promettre ?
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

Avatar du membre
Hyuo Elina
PJ
Messages : 16

Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par Hyuo Elina »

Les muscles crispés et douloureux du jeune elfe se relâchèrent légèrement à la fin du discours de l’humaine. Il avait essuyé celui-ci sans un mot, ses yeux fixés sur la jeune fille. Peut-être aurait-il dût éprouvé plus de soulagement, peut-être un soulagement semblable à celui que devait éprouvé sa compatriote, mais ses yeux, ses traits, ne reflétaient rien. Le visage de l’elfe avait retrouvé le masque lisse et maussade qui le caractérisait. Il ne ressentait rien d’autre qu’un vide dans l’estomac, une pression sourde dans le ventre.

Bien donneuse de leçon cette humaine. Elle agissait comme si elle avait spontanément offert de les libérer, ne pouvant supporter que sa fourrure blanche soit éclaboussé de leur sang. Comme si elle aurait offert plus que ses excuses si les elfes n’avaient pas pris leur destin entre leurs propres mains. Et qu’avaient-elles à défendre ses semblables ainsi, valaient-ils vraiment mieux que les Druchiis ? Avoir subi l’esclavage était donc une excuse suffisante pour la pratiquer en retour ? Ils n’allaient vraiment pas chercher leurs excuses bien loin. L’humaine voulait empêcher ses compatriotes de tomber dans les pratiques des elfes noirs, libre à elle de se convaincre que les empêcher contre leur gré de ce faire les préserveraient de tomber aussi bas qu’eux. Libre aux humains de juger la culture des elfes comme haïssable, leur race n’en était pas moins sujette aux mêmes maux, et n’en était pas moins menteuse et rouée. Pour Hyuo, qui possédait les traits des deux peuples, cette idée n’avait par ailleurs rien de blessant. Elle justifiait presque le rapprochement entre les deux races dont il était issu.

Mais sa mère, elle, comment aurait-elle agit ? Aurait-elle été aussi prompte à réduire en esclavage ceux qui l’avaient enlevé de Bretonnie ? Aurait-elle laissé le père de Hyuo creuser dans les mines pour l’avoir acheté ? Non, certainement pas, sûrement elle ne ferait rien de tel…

Akhéloïs voulait l’entendre promettre qu’ils ne reviendraient pas, qu’ils ne chercheraient pas à réduire en cendre leur petit campement. Encore quelques minutes auparavant il n’aurait souhaité rien de plus que de voir ce village entièrement détruit, mais maintenant il se sentait bien vide. Les humains seraient de toutes façons bien stupides de ne pas plier bagages immédiatement après avoir constaté leur disparition, quant bien même les elfes auraient été bien en peine d’indiquer de façon précise la position du camp. Les anciens esclaves étaient relativement en sûreté. Ils étaient mal équipés et peu nombreux, mais malgré cela il faudrait du temps pour commencer une battue dans ces bois avec une force Druchii suffisante. Pourtant, les humains étaient condamnés. Tôt ou tard le moment arriverait où leur communauté sera remarquée, et les esclaves remis aux fers. Il ne savait trop comment agir à présent. Le dard de la honte et de la frustration le piquait encore, mais sa colère était plutôt dirigée contre lui même. Il ne gagnerait rien à trahir Akhéloïs maintenant. Mais Naeglith, il le savait, trahirait sa promesse si lui même ne brisait pas sa parole.

Naeglith. Il venait de confesser une origine humaine devant une autre elfe noire, c’était cela qui le préoccupait. Qu’en avait pensé sa congénère ? Pensait-elle qu’il ne s’agissait là que d’une simple astuce pour gagner la confiance de l’humaine, pour ajouter au pathos du discours ? Ou bien pensait-elle que, décidément, le sang de son fein était bel et bien aussi tourbeux que les Malerin le suspectaient ? Ah, le sang. Et que valaient leur sang, à eux tous ? En quoi le sien le plaçait-il en inférieur ? N’avait-il pas été élevé comme un Druchii, n’était-il pas né au sein d’une Maisonnée ? À tous il leur était supérieur par la naissance. Qu’importait le sang humain ? Réduisait-il la force de son bras ?

<< Akhéloïs, nous ne reviendrons pas ici, pas plus que nous n’informerons d’autres elfes de l’existence de cet endroit. Je vous le promet en tant que fein de mon peuple. >> énonça-t-il de sa voix monocorde. << Nous ferons ce que vous nous commanderez de faire, mais vous devrez nous rendre nos armes, nous envoyer dans la forêt sans elles nous tuerait aussi sûrement qu’une éternité de travaux forcés, vous le savez. >>

Si Akhéloïs rechigne un peu à rendre les armes, Hyuo lui dit que s'ils voulaient lui faire du mal ils n'auraient à priori pas besoin d'armes à partir du moment où ils ont les mains libres et que c'est un pacte de confiance de toutes façons :^^:
Hyuo Elina, cavalier de Koliipulo
For 8 | End 7 | Hab 9 | Cha 9 | Int 8 | Ini 10 | Att 11 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 50/50

Fiche de personnage : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... hyuo_elina

Répondre

Retourner vers « Les Forêts Noires »