[Hyuo Elina] Faire ses preuves

Situées au nord du continent, les Forêts Noires recouvrent les terres d'une taïga lugubre. A l'est de l'Echine Noire et de Clar Karond, la Tour du Destin, les Forêts Noires se peuplent de grands résineux avant de faire place à des désolations stériles. Le sol tremble sous les pas des esclaves des chantiers navals de Clar Karond qui vont abattre les arbres avant de ramener le bois jusqu'à la Tour du Destin. Des monolithes étranges et des ruines séculaires ponctuent ce morne paysage, et ceux qui ont le malheur de s'y aventurer n'en reviennent jamais...

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[MJ] Kriegsherr
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[Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Le soir tombait sur le village druchii de Koliipulo. Le soleil, qui dans la journée avait déjà été masqué la plupart du temps par d’épais nuages gris, descendait et disparaissait lentement derrière les grands pins lugubres d’un vert sombre tirant sur le noir, caractéristiques de cette région de Naggaroth. La luminosité était maintenant très faible, mais pour les yeux fins des elfes, cela n’avait pas beaucoup d’importance. Les quelques torches et autres luminaires, couplés à la luminosité naturelle des astres, suffisaient généralement à ce que le peuple d’AEnarion voie comme en plein jour. Seule une obscurité totale ou presque aurait été problématique, et une telle hypothèse était rare en extérieur, et encore plus dans une ville.
Cependant, pour les simples humains aux capacités visuelles bien moins développées que celles des elfes, l’aide d’une lampe était nécessaire pour se déplacer dans la pénombre du crépuscule, sous un ciel lourdement voilé par d’inquiétants nuages. Si la pluie avait jusqu’ici épargné Koliipulo tout au long de la journée, le vent qui soufflait par rafales désagréables et froides et les bruits lointains de tonnerre qui se rapprochaient auguraient un déluge prochain. Par chance la ville avait été conçue de manière à ne pas avoir à craindre de crue de la rivière Kolipuura, dont elle était suffisamment éloignée.

L’activité en cette fin de soirée était normale pour le village forestier. La petite communauté était très pauvre et ne disposait que de deux ressources principales, que se partageaient les deux moindres maisonnées présentes, à savoir le bois pour la maisonnée Elina et les produits de la chasse, telles que les fourrures, les peaux et la viande pour la maisonnée Rol’mes. Les revenus de ces deux activités étaient très faibles, tout juste suffisants pour permettre aux elfes noirs du village de vivoter, mais en aucun cas assez élevés pour leur donner une importance quelconque. A vrai dire, pour de la plupart de leurs congénères citadins, les seuls vrais nobles étaient ceux des grandes cités. A leurs yeux, le premier Noble venu pouvait facilement se tailler un fief sur le territoire accidenté et largement inexploité de Naggaroth, mais cela était un signe de faiblesse, de refus de la concurrence présente dans les grandes villes. Pourtant, en réalité, le village de Koliipulo n’était pas un nouveau fief créé par un nobliau avide de pouvoir, mais datait de la Déchirure, et de l’établissement des deux maisonnées moindres dans cet endroit.

Que les druchiis des villes aient ou non raison, la vie forestière des maisonnées mineures Rol’mes et Elina n’était pas simple, et leur influence au mieux très limitée. Si, contrairement à leurs collègues citadins, ils ne risquaient pas grand-chose des assassins ou des intrigues politiciennes dont ils étaient relativement à l’écart, leurs conditions de vie étaient précaires. Entre elles, et bien qu’elles s’envient respectivement, les deux maisonnées nobles de Koliipulo ne s’étaient plus affrontées depuis des siècles. L’entente n’avait pas toujours été cordiale entre les deux maisonnées, chacune espérant secrètement faire main basse sur le commerce de l’autre pour espérer regagner un peu de puissance et de prestige. Mais chacune savait également que même si elle parvenait à prendre le contrôle de la totalité du village, cela ne changerait pas beaucoup les choses. Pire, un affrontement avait plus de chance d’affaiblir les deux maisonnées et de les déchoir définitivement. Au final, il avait paru plus sage et plus intéressant à tous de coopérer pour tenter maintenir le peu de pouvoir qui leur restait.

Dans cette société forestière relativement isolée, les esclaves étaient une denrée essentielle, encore plus vitale qu’en ville. Pour survivre à Koliipulo, les druchiis autochtones devaient maintenir un niveau de production. Et pour cela, tant les tanneries des Rol’mes que la scierie des Elina avait besoin d’esclaves en nombre suffisant. Sans compter les esclaves domestiques que tout noble digne de ce nom se devait de posséder. Malheureusement, loin des villes, le cours de cette marchandise vivante était élevé, car les approvisionnements étaient plus rares, et généralement de moindre qualité. A cela il fallait ajouter la pauvreté relative du village, qui excluait pour ses habitants la possibilité de toute dépense somptuaire. En conséquence, la gestion des esclaves était la clef du pouvoir. Il fallait se montrer ferme et cruel avec eux, pour être digne de son rang de maître naturel et s’assurer qu’ils travaillent bien, mais il fallait également veiller à ne pas stupidement les massacrer ni les faire mourir au travail. Ainsi, depuis longtemps, un système ingénieux de groupes de nuit et de jour qui travaillaient en alternance assurait que la scierie et les tanneries fonctionnent bien vingt-quatre heures sur vingt-quatre et chaque jour de l’année, sans user trop vite les esclaves, qui pouvaient se reposer pendant que l’autre groupe travaillait.


En cette fin de soirée, justement, un esclave humain, lanterne à la main, courait dans les rues, descendant depuis les riches demeures des maisons nobles vers la caserne Sydon au Sud-Ouest du village, la plus proche du fleuve. Arrivé à l’entrée du long bâtiment aux murs de pierre, et bien qu’essoufflé, il adressa quelques mots à un garde qui le toisait d’un air méprisant. Ce dernier ne répondit pas, mais le laissa pénétrer à l’intérieur, puis ressortir dans la très grande cour intérieure du bâtiment, qui s’étendait sur plusieurs centaines de mètres de terrain plat au moins. Là se réunissait les combattants, plusieurs fois par semaine. Le minimum réglementaire imposé était de quatre fois par semaine, la nuit, mais nombreux étaient ceux qui fréquentaient le bâtiment plus fréquemment. Il y avait plusieurs groupes de combattants qui s’entraînaient à divers endroits. Sur les champs de tir, des arbalétriers lâchaient des volées de carreaux en direction de cibles ou de mannequins, sous la stricte direction d’un vieux vétéran à l’œil affuté. Plus loin, d’autres groupes s’entraînaient au maniement des armes, épées ou lances, individuellement ou au sein d’un détachement. Enfin, tout au bout du champ d’entraînement, un petit groupe de nobles à l’écart semblait bénéficier d’un accompagnement et d’une formation plus personnalisés. C’est vers ce dernier groupe que l’esclave de dirigea résolument, en faisant bien attention à ne déranger personne en chemin.

Par chance pour lui, la plupart des druchiis l’ignorèrent complètement, et les rares qui lui prêtèrent attention furent vite rappelés à l’ordre par leurs instructeurs qui ne toléraient aucune distraction pendant leur entraînement. L’esclave humain parvint donc à atteindre sa destination sans incident. Il dût néanmoins encore attendre plusieurs minutes avant que les précepteurs qui encadraient les jeunes nobles du village ne daignent interrompre leurs cours particuliers et laisser le messager transmettre son message.
L’homme, barbu et blond, approchait la quarantaine et paraissait bien bâti, il avait autrefois été un fier guerrier norse écumant les mers sur son drakkar avant de croiser la route d’un vaisseau corsaire elfe noir. C’était un esclave domestique de la maison Elina, comme la rune imprimée au fer rouge sur sa poitrine nue par-dessus ses nombreux tatouages le laissait deviner. Il portait pour seuls vêtements un collier d’esclave et un pagne. Regardant fixement les pieds de ses maîtres, comme il y était habitué, il s’adressa d’un ton respectueux aux deux fils de la famille qui le possédait, en reikspiel –langue qui était utilisée pour communiquer avec les esclaves- :


-Maîtres Maxkrin et Hyuo, votre père le chef de famille réclame votre présence dans la demeure familiale. Il a des affaires urgentes dont il doit vous entretenir. Je n’en sais pas plus.

L’aîné des frères Elina se tourna vers Hyuo et lui fit signe. Puisqu’ils étaient convoqués par le chef de la maisonnée, leur père, autant ne pas le faire attendre. Quand aux nobles de la maisonnée Rol’mes qui s’entraînaient à quelques pas d’eux et qui n’avaient pas manqué une miette de la conversation, ils avaient l’air intrigués. Assurément, ils auraient aimé en savoir plus sur cette réunion de famille des Elina, mais ils ne pouvaient pas espérer en apprendre plus pour l’instant et retournèrent donc bien vite à leur entraînement tandis que les deux frères rejoignaient leur maison, suivis respectueusement par l’esclave messager.

Une fois arrivés dans la salle à manger, les deux fils purent constater que la totalité des leurs étaient présents autour de la grande table, soit une vingtaine de druchiis en tout, pour la plupart des cousins et cousines. Leur père trônait en bout de table, à la place du chef de maisonnée, sa femme à ses côtés, directement à sa gauche. Le siège à sa droite était réservé à celui dans lequel tous les espoirs de la famille reposaient, Maxkrin. Hyuo, lui, devait se contenter d’un siège aux côtés de sa « mère », soit à la cinquième place dans l’ordre d’influence, derrière un de ses oncles en plus de sa famille proche. En effet, Hyuo était très jeune et il n’avait encore rien prouvé, ce qui expliquait sa position.
Le chef de la maisonnée Elina prit alors la parole :


-Bien, maintenant que nous sommes tous réunis, nous pouvons commencer. Je ne reviendrais pas sur la situation de notre maisonnée, chacun ici en est très conscient. Par chance, il s’est présenté récemment une série d’opportunités qui nous permettrons peut-être de nous renforcer, si nous parvenons à les saisir et à les exploiter correctement.

D’une part, la Grande Maisonnée Likthonen exige de nous un petit contingent dirigé par un fein. Comme vous le savez, notre situation géographique est le fruit d’une dispute entre maisonnées majeures, et deux Grandes Maisonnées de Clar Karond, celle des maîtres des bêtes et celle des dirigeants de la flotte, convoitent notre fief. Par chance jusqu’ici ils n’ont pas agi, considérant sûrement les enjeux trop faibles pour valoir la chandelle. Les Likthonen n’ont pas précisé pourquoi ils avaient besoin de nous, mais il y a une forte chance que leur mission soit liée à cela.

D’autre part, la Moindre Maisonnée Soume qui est notre alliée a récemment subi un terrible revers. Pour des raisons que je ne détaillerai pas, elle a fait appel à nous et réclame une aide. Je pense leur envoyer un fein* pour s’en charger.

Enfin, et c’est non moins important que ce qui précède, depuis quelques temps des problèmes d’approvisionnement importants ont plombé nos relations commerciales. Or le commerce du bois nous est vital. Il nous faut à tout prix régler ce problème, et là encore je compte envoyer un fein pour s’en occuper. En effet, la famille qui est notre partenaire commerciale n’est pas noble, c’est donc à nous de nous occuper de cela si nous ne voulons perdre à la fois nos revenus et la face aux yeux de tous en étalant notre incapacité à protéger nos partenaires commerciaux.

Je donnerai individuellement et ultérieurement les détails supplémentaires aux fain qui seront chargés des différentes missions. Pour l’instant, y a-t-il des volontaires, et pour quelle mission ?


*:
Fein (fain au pluriel) = noble (de moindre maisonnée) en druck eltharin
Voilà, c’est parti, tu as le choix entre 3 missions. Chacune a évidemment un scénario différent, mais non moins passionnant, dangereux ni important que le précédent. A toi de prendre ce qui te plaît le plus.

NB : Si en tant que joueur humain tu es plus tenté par une mission mais que tu penses que ton personnage lui serait plus tenté par autre chose, pas de problème : désigne moi par MP ou par spoiler dans ta réponse ton choix d’humain => je ferrai en sorte que ton père désigne quelqu’un d’autre pour les missions que ton personnage préférerait, mais pas toi, et comme ça le choix que tu fais en tant qu’humain derrière l’ordinateur sera respecté et la logique également. ;)
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

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Hyuo Elina
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Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par Hyuo Elina »

Dans la cour d’entraînement, Hyuo adressa un bref signe de tête aux Rol’mes, qui venaient comme lui d’écouter le message de l’esclave, avant d’emboîter le pas de son frère vers leur maison. Voilà un message inhabituel. En sortant de la caserne aux côtés de Maxkrin, Hyuo réfléchissait rapidement à ce qui avait bien pu arriver. L’obscurité gagnait lentement le paysage alors que les frères remontait le chemin de pierre vers le village. Le ciel gris s’assombrissait, et devant eux, alors que leurs bottes foulaient les vertes fougères, l’horizon se colorait de couleurs pourpres et écarlates et indigo et les bâtisses du village se détachaient en blocs opaques sur le ciel.

Quand les deux frères arrivèrent devant leur demeure, le ciel était noir. L’habitation était étroite et haute de trois étages et de chaque côté de la maison se trouvaient des arbres aussi hauts que le bâtiment lui-même. Elle avait été construite en bois et en pierre, et cette pierre était de mauvaise qualité et dure à tailler, ses briques étaient grossières mais les bâtisseurs avaient fait de leur mieux pour créer, ça et là, quelques flèches de pierre, et le bois des sablières était lui aussi gravé et leurs frises évoquaient des scènes de colonisation. Une fois à l’intérieur, par de basses portes ils rejoignirent la salle à manger où la maisonnée se réunissait. À la surprise d’Hyuo, tous ses cousins et cousines étaient présents, et beaucoup étaient en train de discuter rapidement à voix basse quand ils entrèrent. L’affaire qu’on allait discuter était d’évidence sérieuse pour la famille, et chacun essayait de deviner la raison de leur présence ici.

Hyuo gagna son siège, en fait une simple chaise en bois, grossièrement taillée pour representer, semblait-il, des ours, des loups, et autres animaux sauvages de la forêt. Sa position à la table le plaçait comme le cinquième membre le plus important de la famille, après son oncle Hanno, le frère immédiatement cadet du père de famille, un guerrier réputé et le meilleur conseiller du chef de famille. Une hiérarchie claire était pour Hyuo nécessaire dans une famille, et chacun se devait de connaître sa place et de la respecter. Son jeune âge et son manque d’expérience ne le définissait cependant pas comme un membre influent dans sa maison, et seule sa naissance était responsable de sa position. Le jeune elfe en était bien conscient et il brûlait de prouver qu’il était un membre indispensable, quelqu’un sur lequel compter, et non un faible.

Pour l’heure ses pensées étaient fixées sur son père. Comme les autres il était curieux de comprendre pourquoi ils les avaient fait venir, et il se prépara à écouter attentivement les paroles de celui-ci alors qu’il se levait de son siège.

Quand son père eut fini de parler, Hyuo ressentait une grande impatience et une certaine nervosité, car il voyait dans ses situations autant d’opportunités à exploiter pour la famille Elina, des situations qui pourraient rapporter prestige à leur Maison. L’elfe noir s’ébouriffa les cheveux de sa main gantée en réfléchissant. Il s'agissait ici de respecter cet ordre familial. Les Likthonen demandait un contingent armé, et Hyuo n’avait que peu de chance de le mener, on ne lui confierait pas une tâche aussi importante que de traiter avec la famille des Monolithes. Les Soume avait eux besoin d’aide, et l’envoi d’un guerrier accompli comme Hanno était sous doute une mesure prudente.

La dernière mission, elle, lui offrait une occasion de montrer qu’il pouvait protéger les intérêts de la maisonnée. Aucune chance que la famille avec qui il traitait ne voit pas l’envoi du cadet de la famille Elina d’un bon oeil, et leur père n'avait aucune raison d'hésiter à envoyer son fils s'occuper de l'affaire. En outre, il connaissait les forêts des alentours peut être mieux que la plupart des elfes à cette table, et cette mission était cruciale pour la survie de la famille, et par sa réussite elle réaffirmerait l’influence de leur maison dans cette région.

L’elfe fit reculer sa chaise et se leva, les deux mains posées sur le bord de la table devant lui, et prit la parole.



<< - Mon père, avec votre permission, je partirais régler nos affaires commerciales au nom de la famille Elina. >>
Modifié en dernier par [MJ] Kriegsherr le 10 oct. 2015, 11:10, modifié 1 fois.
Raison : +6 xps
Hyuo Elina, cavalier de Koliipulo
For 8 | End 7 | Hab 9 | Cha 9 | Int 8 | Ini 10 | Att 11 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 50/50

Fiche de personnage : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... hyuo_elina

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[MJ] Kriegsherr
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Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Tiens d’ailleurs finalement tu n’as que 24 ans, mais à la limite ce n’est pas grave, on va dire que ton ascendance à moitié humaine justifie ta précocité. ;)
Comme Hyuo l’avait deviné, les deux missions les plus prestigieuses furent demandées par son frère Maxkrin et son oncle Hanno. Mais ils n’étaient pas les seuls à les convoiter, puisque l’un de ses plus jeunes cousins, qui avait quand même vingt ans de plus que Maxkrin soit une quarantaine d’années, se leva lui aussi pour réclamer de participer aux missions importantes. L’elfe noir était un ambitieux du nom de Vraegh, et c’était le troisième et dernier enfant de Hanno.
Ce fut bien sûr au chef de maisonnée, Varudh, que revint le rôle de trancher. Le père de Maxkrin et Hyuo fit se rasseoir tout le monde d’un geste de la main. Puis il reprit la parole. Bien que son ton fut neutre, Hyuo le connaissait trop bien pour ne pas remarquer qu’il avait apprécié l’audace de Vraegh, même s’il semblait globalement fâché :


-Et bien et bien… Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas foule pour réclamer de défendre les intérêts de notre maisonnée… Je suis assez déçu de vous : pour une fois qu’une triple-occasion unique s’offre à nous, j’osais espérer que chacun ici soit volontaire, et au final, je me rends compte qu’à part mes plus proches, les fidèles parmi les fidèles, on ne pas compter sur grand monde ici.
Mais soit, qu’il en soit ainsi ! Puisque vous êtes trop faibles pour saisir les occasions de grandir, vous ne monterez jamais bien haut. Maxkrin, mon fils, tu iras voir les Likthonen, accompagné par ton oncle Hanno. Quant à toi, Vraegh, je te chargerai de la mission concernant les Soume, tu y accompagneras ma femme. Et ce sera à toi, Hyuo, que reviendra la tâche de pérenniser nos relations commerciales.
Bien, maintenant, que l’on apporte le repas.


Un ballet d’esclaves domestiques se mit en œuvre pour servir le repas à chaque membre de la maisonnée. Les Elina avaient beau être une maisonnée pauvre, ils n’en étaient pas moins les premiers propriétaires du village. Et même si la plupart de leurs esclaves étaient utilisés pour travailler à la scierie, en tout, ils avaient bien une trentaine d’esclaves domestiques. Comme à son habitude, le chef de famille fut servi personnellement par Laurine, l’esclave impériale, qui, bien qu’elle ait atteint la quarantaine, s’attirait toujours les sourires du chef de famille et regards noirs de sa femme. Cette dernière rageait de se voir préférer à elle, une représentante de la noblesse de la race supérieure des druchii, une simple humaine vieillissante, même si avec le temps elle s’y était habituée.
***
Une fois le repas terminé. Le père d’Hyuo et Maxkrin se leva et se rendit dans sa chambre, afin d’y donner des instructions plus précises aux elfes missionnés. Evidemment, il convoqua les elfes en fonction de l’importance de leur mission. Les premiers furent donc le frère aîné de Hyuo et son oncle Hanno, qui devait s’occuper de la Grande Maisonnée Likthonen. Ensuite vint le tour de Vraegh, qui lui devait se charger de la Moindre Maisonnée Soume, avec la femme du chef de famille. Puis, enfin, ce fut au tour de Hyuo de se faire convoquer par sa « vraie » mère.
Laurine, bien qu’étant esclave d’un peuple extrêmement cruel, avait toujours bénéficié d’un traitement de faveur eu égard à son statut de favorite. Enlevée très jeune, alors qu’elle n’avait que quinze ans, elle avait véritablement tapé dans l’œil du chef des Elina, Varudh, et avait vite été mise enceinte. Au final, elle s’était tant bien que mal accommodée de cette vie qui serait la sienne désormais. Haïe de tous excepté de son propriétaire et de ses fils, elle avait une position très ambigüe, et il était impossible de dire si oui ou non elle pourrait la tenir bien longtemps, d’autant que le passage du temps commençait à se faire sentir, et que bien qu’elle soit encore une magnifique femme, à plus de quarante ans, ses meilleures années étaient derrière elle.
Il était difficile de savoir si elle était réellement tombée amoureuse du chef de famille, mais, par intérêt ou par sentiment, elle était très liée à lui, et très dévouée. Quant à Maxkrin et Hyuo, qui officiellement étaient des purs elfes noirs légitimes, elle leur avait toujours montré un amour véritable, maternel. Consciente de sa position et de son infériorité par rapport à eux, elle n’en était pas moins attachée à ses deux enfants plus qu’à sa propre vie, et les avait toujours soutenus. En tant qu’esclave domestique, elle pouvait légitimement les voir très souvent, et leur toujours avait montré un amour qu’aucune elfe noire sensée ne montrerait publiquement à ses propres enfants. Pourtant, par une sorte de tabou tacite, jamais sa maternité n’était évoquée entre eux. Ni Varudh, ni Laurine n’avaient avoué à leurs enfants leur parenté, et ces derniers n’avaient d’ailleurs jamais demandé. Néanmoins, tous savaient, et cela suffisait.
Mais Laurine était également un fardeau pour les deux très jeunes elfes, parfois très lourd à porter. Autant ce n’était pas un problème avec leur père, autant les aux autres elfes noirs de toutes extractions se moquaient d’eux dans leur dos. Même au sein de la famille Elina, il ne faisait aucun doute que tous pensaient la même chose. S’ils étaient trop faibles pour le dire à voix haute et s’opposer au chef de maisonnée et à ses deux fils, sa propre femme et le reste de la maisonnée Elina considéraient comme une insulte le simple fait se souiller sa race avec un soi-disant « être inférieur » comme une humaine. L’équilibre interne de la famille ne tenait donc qu’à presque rien, en les personnes du chef de maisonnée et de Maxrkin qui étaient pour l’instant suffisamment craints et redoutés pour que personne n’ose s’opposer à eux ouvertement et les qualifier de traîtres et de bâtard, ou du moins pas en face d’eux. Cette situation était tellement pesante que Maxkrin lui-même devenait fou de rage à la simple mention du prénom « Laurine » par n’importe qui d’autre que son père ou son frère.

Quoi qu’il en fut, ce fut donc Laurine qui introduisit Hyuo dans la chambre de son père, dont elle referma avec soin la porte derrière elle. Ce dernier attendait debout devant son bureau sur lequel une pile de papiers et de documents divers était posés. En comptant Laurine et Hyuo, ils n’étaient que trois dans la pièce. Varudh s’adressa donc à son fils :


-Tu as toujours porté une grande importance à la place de notre maisonnée, mon fils, tout comme ton frère aîné. Je n’en attendais pas moins de toi, Hyuo. Mais aujourd’hui, il est temps pour toi de faire tes preuves. Jusqu’ici tu n’as fait que t’entraîner, tu vas enfin pouvoir passer aux choses sérieuses et montrer ce que tu as dans le ventre, au nom des Elina.

Je vais te résumer rapidement la situation. Nous vendons l’intégralité de notre bois à une famille marchande, les Nepim. Ils vivent sur la côte, à l’embouchure du fleuve Kolipur, dans un hameau nommé Uzak, un endroit qui fait passer Koliipulo pour une métropole. C’est à environ trois bonnes heures de cheval d’ici, en suivant la Kolipuura jusqu’à l’endroit où elle se jette dans le Kolipur, à seulement quelques lieues de la mer Traitresse, puis en descendant le petit fleuve. A vol d’oiseau le village est beaucoup plus proche, mais il faudrait traverser la forêt et il n’y a pas de route et ce serait de toute façon plus risqué. Uzak n’a pas de famille noble, mais il dépend théoriquement de nous, puisque nous sommes les protecteurs de la famille Nepim qui dirige de facto le village.

L’endroit, tu le verras par toi-même, est petit. Il doit y avoir là-bas seulement une petite cinquantaine d’elfes répartis en trois ou quatre familles, et moins d’une centaine d’esclaves en tout. La seule activité est dirigée vers la mer. En fait le village n’existe que parce que nous existons également. Au départ, peu après notre arrivée ici, c’était juste un prolongement de Koliipulo, quelques familles du village s’étaient établies là-bas pour vendre nos productions. C’est toujours le cas, même si depuis Uzak est devenu relativement indépendant de nous, tout simplement parce que le village ne présente aucun intérêt autre que commercial. Il est vulnérable à une attaque de la mer ou des terres.

Pour résumer, tout ce qui nous intéresse dans ce village est que sa population continue à nous acheter notre marchandise, et à nous vendre des denrées. Et le problème est que justement les Nepim demandent notre aide. Normalement, ils viennent chercher régulièrement le bois eux-mêmes toutes les semaines, et nous proposent des marchandises à vendre quand ils en ont, nous n’avons rien à faire. Mais depuis déjà plusieurs mois, la régularité de leurs visites laissent à désirer, et ils n’ont presque plus de denrées à vendre. Pour couronner le tout, aujourd’hui est arrivée à la tête du convoi –qui a plusieurs jours de retard- une très jeune elfe que je n’avais jamais vue, nommée Naeglith Nepim. C’est elle qui a demandé de l’aide au nom de sa famille. Comme j’avais plus important à faire avec les Maisonnées Likthonen et Soume, je n’ai pas eu de temps à lui accorder, je n’en sais pas donc pas plus. Fais comme tu le veux, mais je te charge de régler le problème au plus vite. Si nous voulons pouvoir tranquillement gérer les autres affaires plus importantes il faut d’abord que nous ne risquions pas la faillite nous-mêmes, sans quoi tout le reste serait vain.

Personnellement, je ne suis plus allé à Uzak depuis des décennies. Mais tu accompagneras cette Naeglith Nepim demain quand elle rentrera avec le convoi de bois, elle t’expliquera sûrement leurs problèmes en détails. Tu peux disposer.


D’un geste, le patriarche congédia son fils et son esclave. Mais au moment où celui-ci s’apprêtait à sortir, il rajouta, d’une voix grave et menaçante :

-Va Hyuo, et n’oublie pas : ne me déçois pas, ou tu le regretterais amèrement...

Une fois sortis de la pièce, et avant qu’il aille se coucher, Laurine s’adressa à Hyuo. Elle avait un air à la fois fier et inquiet sur le visage :

-Tout comme votre frère aîné, qui n’a que deux ans de plus que vous, vous avez fait preuve d’une précocité rare chez les elfes, inégalée même. A seulement vingt-quatre ans vous vous retrouvez à devoir gérer une affaire d’importance majeure pour la survie de la famille Elina. Quelle réussite ! Oh, si vous saviez à quel point j’étais fière de vous… Je ne doute pas que vous ayez les épaules pour endosser cette responsabilité. Vous êtes promis à une grande destinée, mais prenez garde, Hyuo… Vos ennemis sont déjà légion, et plus vous vous élèverez dans la hiérarchie, plus ils seront nombreux à vous jalouser et à convoiter votre pouvoir.
En tout cas, vous savez que vous pourrez toujours compter sur moi, même si je ne suis qu’une misérable esclave. Bonne chance Hyuo, puissent les dieux être avec vous !


Le lendemain matin, en sortant de sa demeure, le noble elfe noir eut la bonne surprise de voir qu’il était déjà attendu. En effet, une jeune elfe aux longs cheveux noirs disciplinés par un bandeau d’acier ouvragé gris terne se tenait debout juste devant l’entrée, et s’inclina profondément quand Hyuo sortit.
Le visage de l’elfe trahissait son extrême jeunesse, tout au plus devait-elle avoir une trentaine d’années, ce qui correspondait à une elfe à peine sortie de l’adolescence et toute juste entrée dans l’âge adulte. Selon les critères druchiis, elle était fraîche et jolie. Ses traits étaient fins et bien proportionnés. Ses yeux étaient gris-verts, et tiraient un peu plus vers le vert, d’ailleurs, même si en fonction de la luminosité la perception variait légèrement, tantôt allant plutôt vers le gris, tantôt plutôt vers le vert. Sa bouche était plutôt petite, ses lèvres fines, tout comme son nez. L’ensemble de son visage était très expressif, et il était assez facile pour quelqu’un d’un tant soit peu physionomiste de décrypter son humeur, qui en l’occurrence était un étrange mélange de curiosité et d’espoir, le tout saupoudré d’une pincée d’appréhension.
Plutôt petite pour une elfe, elle n’atteignait pas le mètre soixante-dix.
Ses vêtements étaient assez riches pour la région, mais très simples comparés aux atours des citadins, puisqu’elle portait un kheitan léger simple, d’un bleu marine très foncé, décoré de fins motifs abstraits en formes d’éclairs de bleu plus clair et de noir qui s’entrecroisaient sur le tissu. L’habit n’avait cependant pas uniquement une fonction décorative, car l’étoffe colorée était en fait cousue par-dessus une solide broigne qu’elle recouvrait entièrement, composée de mailles solides cousues entre deux couches de cuir. Le kheitan léger était l’habit le plus courant pour ceux qui en avaient les moyens, car dans une société aussi dure que celle des druchii, mieux valait être toujours protégé si on le pouvait, surtout quand la protection ne nuisait pas à l’apparence, ce qui était bien entendu le cas de tout kheitan de bonne facture.
A sa ceinture, la jeune elfe portait une lame noire dans un fourreau de bois finement gravé et décoré sur sa gauche, ainsi qu’une dague du côté opposé.
En même temps qu’elle mettait un genou au sol devant Hyuo, elle se présenta, d’une voix haute et claire :


-Seigneur Elina, je me nomme Naeglith Nepim, à votre service, mon fein.

La jeune elfe resta agenouillée devant son supérieur jusqu’à ce que ce dernier ne lui permette de se relever…
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 493#p70493

Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 764#p70764

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Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par Hyuo Elina »

Hyuo resta seul dans la salle à manger, assis à la même place, les mains jointes sur la grande table en bois gravé. Ses pensées étaient calmes, sa nervosité était retombé, et il était empli d’une froide détermination, car l’étendue de la tâche à accomplir lui apparaissait alors clairement. Pour assurer sa position dans la famille, pour que sa parole soit entendue, il faudra être infaillible. Car des individus comme Vraegh ne se souciait pas d’un ordre familial, et Hyuo savait que tout ce qu’il voyait à la place de son frère et lui-même était deux elfes, trop jeunes pour diriger et pour qu’on leur fasse confiance. Et Hyuo aimait sa famille, et il aimait certainement Vraegh, mais il ne laisserait jamais lui passer devant.

Laurine entra chercher Hyuo en dernier. Elle était vêtu d’une robe longue en laine brune, serrée à la poitrine par une fine corde tressée, et elle portait aux pieds des sandales à lanières de cuirs. Elle seule parmi les esclaves était autorisée à porter des vêtements convenables et propres, et à cacher ainsi les cicatrices blanches de sa marque d’esclave. Son visage avait vieilli, mais on y voyait encore la beauté de sa jeunesse. Elle avait de larges pommettes et de grands yeux, et elle était petite et de condition fragile, et qu’elle dut connaître l’esclavage était une grande injustice.

Le père d’Hyuo n’avait pas d’enfants quand il acheta Laurine, et sa mâchoire était serrée et son esprit agité, car sans héritiers sa position était fragilisée et ses frères avaient déjà de nombreux enfants. La rumeur commençait à courir que la Soume qu’il avait épousé ne pouvait enfanter, hors Varudh désirait des fils plus que tout, des fils forts et impitoyables qui ferait la fierté de la maison Elina.

Quelques mois plus tard naissaient Maxkrin, puis Olloyu, puis Hyuo, et le coeur de Varudh était apaisé. Il attribuait bien sûr ces grossesses à sa femme, mais peu croyait à cette version. Dans la région, on commença déjà à parler d’union contre-nature et de traîtrise. Et Varudh traita cruellement de telles paroles. On en parla plus en publique, mais la rumeur continua à l’abri des oreilles du chef de famille.

Néanmoins, Laurine put presque élever ses enfants comme elle le voulait, car elle était leur esclave personnelle, et elle les traitait avec tout l’amour d’une mère, même si elle ne pouvait se présenter ainsi devant eux. Mais ces moments avec Laurine étaient en conflit avec l’éducation traditionnelle elfe noire à laquelle ils devaient se plier à chaque autre instant de leur vie, qui les préparait au monde froid et cruel de la société de leur peuple. Laurine ne désapprouvait pas devant eux l’éducation Druchii, au contraire, elles les encourageait avec passion, contre sa propre nature, à se montrer les plus durs et les plus impitoyables, et elle les félicitait quand ils commettaient des actes de violence contre les enfants de leur âge. En effet, elle avait très vite compris que pour que ses enfants survivent, il fallait qu’ils deviennent des vrais guerriers elfes noirs.

Quand ils grandirent, les enfants furent exposé à une vérité qu’ils ne soupçonnaient pas dans le brouillard de leur petite enfance. Les autres enfants elfes les traitaient de bâtards en voyant la couleur de leurs cheveux, et l’aîné des frères, Maxkrin, qui devait protéger ses deux plus jeunes frères, devint de plus en plus violent et moqueur. Les trois frères grandirent pour devenir instables et railleurs, car telle était la difficulté de leur position.

Ils le firent payer à Laurine. Leurs esprits ne voulaient pas accepter qu’elle put être leur mère, et ils la traitèrent comme la dernière des esclaves, et ils l’insultaient et la poussaient. Puis Olloyu mourut.

Les deux derniers frères, alors que leurs idées s’éclaircissaient et que leurs colères retombaient, devinrent plus aimable avec Laurine, avec une honte évidente de l’avoir traité aussi lâchement. Maxkrin était le plus gêné, et il évitait Laurine aussi souvent qu’il le pouvait, car contrairement à Hyuo, d’où ces pensées sont plus éloignées, l’origine semi-humain de Maxkrin entrait en conflit avec sa croyance sur la supériorité des elfes, une croyance qui l’a plus profondément pénétré que son cadet. Il l’évitait maintenant, et prétendait ne pas y penser, et que cette situation n’existait d’ailleurs tout simplement même pas, même s’il traitait Laurine avec respect quand il était obligé de la voir. Mais il refusait qu’on fasse allusion à ses origines, et prononcer le nom de sa mère devant lui n’était guère une bonne idée, tant son caractère était imprévisible et prompt à la colère et à la violence. Il savait que certains même parmi sa propre famille parlaient dans son dos, et qu’ils le considéraient comme un simple bâtard impur, aussi toute sa personne était tournée à impressionner sa famille.

Hyuo était plus proche de sa mère, et bien qu’il ne se livre jamais à des démonstrations d’affection et que sa gêne soit grande en sa présence, son comportement avec elle et son regard trahissent ses sentiments bienveillants et aimants à l’endroit de sa mère.

Une fois à l’intérieur de la chambre, Hyuo, les mains dans son dos, écouta avec attention les instructions de son père. Il connaissait l’existence d’Uzak mais n’y avait jamais été, tout au moins connaissait-il bien la route jusqu’aux rives du Kolipur. L’affaire ne semblait pas d’une difficulté excessive, pensa Hyuo. Il devait s’agir d’une dispute de pouvoir à Uzak qu’il serait possible de régler d’une menace, ou d’attaques de bêtes de la forêt. Un soulèvement d’esclaves était plus grave mais serait peu face à la science militaire des elfes noirs. Une bonne stratégie, combinée à l’action de la faim et des dangers de la forêt, materait bien vite la rébellion, si les familles d’Uzak n’avait pas laissé celle-ci gangréner la ville.

Il s’inclina légèrement devant son père avant de gagner la porte.


<< Va Hyuo, et n’oublie pas : ne me déçois pas, ou tu le regretterais amèrement…>>

Le jeune fils ne répondit pas mais s’inclina une nouvelle fois. Dans le couloir étroit et sombre de la demeure il s’apprêta à souhaiter bonne nuit à Laurine quand celle-ci le retint. Hyuo l’écouta en prenant bien soin de fixer le mur derrière l’esclave. Avant de baisser la tête, un léger sourire sur les lèvres, et de lui répondre avec résolution.

<< Laurine, vos paroles me remplissent de gratitude. Aujourd’hui commence une nouvelle ère pour la Maison Elina, croyez-moi, car j’agis pour elle à présent. Ce n’est pas le moment de craindre mais de se réjouir, car le dernier fils de Varudh sera bientôt respecté comme un grand guerrier, le plus puissant de tous, et il sera la gloire et l’orgueil de ses parents. Réjouissez vous Laurine, et dormez tranquillement, cette nuit et toutes les autres. >>

Dans son discours, qu’il voulait impressionnant, Hyuo trahissait sa jeunesse et son orgueil puéril. Il était un soldat plus qu’habile à l’entraînement, mais manquait encore d’expérience de combat. Pour lui rendre justice, et bien que son bras soit précis et rapide, c’était son inventivité qui était la plus dangereuse chez Hyuo. C’était déjà un elfe intelligent jusqu’à la perversion.

Il posa sa main sur les cheveux de sa mère, si petite par rapport à lui, avant de gagner sa chambre, au deuxième étage de la maison.

***

Quand il se leva, à l’extérieur le soleil n’était pas encore levé, et le ciel était sombre mais dégagé. Le sol était couvert de brume et le sol détrempé de rosé, et l’air était glacial.

Hyuo passa son propre kheithan par dessus une tunique aux manches courtes et large et au col ouvert, rouge en sa partie supérieure, autour du col, et verte sombre en sa partie basse. Son kheithan, lui, était loin du raffinement des elfes. Le sien avait était conçu en cuir souple mêlé de mailles, sur lequel on avait clouté avec des pointes de fer une chaude laine noire en guise d’étoffe, et cette laine formait un capuchon dans son dos. La simplicité de sa tenue ne le dérangeait pas, car il était habitué à de tels vêtements comme un enfant du pays. Il sortit ainsi dans le froid matinal, sa lance à la main, et sa propre bouche laissait échapper un léger brouillard à chaque respiration.

<< Seigneur Elina, je me nomme Naeglith Nepim, à votre service, mon fein. >>

Hyuo regarda un moment de côté la jeune elfe agenouillée dans l’herbe trempée alors qu’il donnait sa lance à un jeune elfe noir en tunique brodée. C’était une arme de 6 pieds, terminée par une longue pointe en acier cruellement acérée. Pour l’heure, le fer était soigneusement recouvert d’un sac de cuir, nouée sur la hampe par une petite ficelle, pour protéger le métal de l’action du froid qui l’altérait et le rendait cassant.

Il trouvait le visage de sa jeune congénère attirant, il aimait ses traits et son expression, et ses beaux vêtements. Peut être était-ce son jeune âge si visible sur sa figure qui la rendait si belle aux yeux de l’elfe, et quand cette pensée atteint Hyuo il s’assombrit un instant en pensant à pensant à la propre jeunesse de son visage. En tout cas, l’elfe lui plaisait.

<< Bon matin Naeglith Nepim, relevez-vous, lui ordonna-t-il sans plus la regarder maintenant et en fourrant ses mains dans ses gants en cuirs. J’espère que vous n’avez manqué de rien et que notre accueil était à la hauteur de l’amitié entre nos deux familles. Je suis Hyuo de la maisonnée Elina, et je viens honorer notre promesse d’aide et de protection. >>

Il s’interrompit et d’un ton dur et sec il s’adressa cette fois en Reikspiel à un esclave proche en le désignant du doigt.

<< Toi, le Bretonnien, cours aux écuries leur demander que l’on prépare un cheval et qu’on me l’apporte à l’entrée ouest du village, immédiatement. >>

La voix radoucie, il se retourna vers Naeglith.

<< Avec moi, nous allons partir tout de suite si vous et vos hommes sont prêts. Racontez-moi la situation en détails, qu’est-ce qu’il se passe à Uzak ? >>
Modifié en dernier par [MJ] Kriegsherr le 10 oct. 2015, 11:10, modifié 1 fois.
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Le serviteur avait pris la lance d’Hyuo Elina et d’un signe de tête lui avait confirmé qu’il avait compris ce qu’il avait à faire. Il se dirigea vers la sortie Ouest du village afin de rendre là-bas à son maître sa lance, qui sur ce trajet aurait été encombrante et inutile.
La jeune elfe noire se releva, un air soulagé sur le visage. Dans la société druchii, il était courant que les animosités soient fortes envers les personnes dans le besoin, aussi avait-elle pu craindre légitimement d’être réprimandée par le noble, quand bien même la famille de ce dernier était alliée à la sienne et avait le devoir de la protéger. En effet, ce genre de « devoir moral de protection » du noble envers son sujet n’avait en Naggaroth qu’une valeur très relative, et le plus souvent les nobles n’avaient que faire de leurs sujets trop faibles pour se protéger eux-mêmes et préféraient les laisser se débrouiller seuls, sauf justement s’ils avaient besoin d’eux, ce qui ici était le cas.
Les paroles rassurantes et même bienveillantes de Hyuo avaient même eu le don d’arracher un sourire à Naeglith. Le visage expressif de cette dernière montrait clairement qu’elle était d’excellente humeur.
Quant à l’esclave bretonnien qui venait de recevoir l’ordre de préparer un cheval pour son maître, il acquiesça, puis tourna les talons sans délai et courut aux écuries.
Ce bref intermède passé, le jeune noble continua son dialogue avec la représentante de la famille Nepim. Naeglith, un sourire toujours cousu sur les lèvres, répondit sans tarder à son interlocuteur.

-Je vous remercie pour votre accueil, seigneur Elina, et encore plus pour votre aide. Nous sommes effectivement prêts à partir, mes hommes attendent près de la scierie, je vais leur donner l’ordre de se mettre en marche dès maintenant si vous le souhaitez, mon fein.

Voyant que c’était bien là le souhait d’Hyuo, elle se dirigea d’un pas rapide vers la scierie, tout en continuant à converser avec lui.

-Quant à la situation à Uzak, elle est très complexe, seigneur Elina. Je ne suis pas certaine d’en connaître tous les tenants et les aboutissants, mais je vais essayer de vous la décrire du mieux que je puisse. Le trajet de Koliipulo à Uzak dure en général au minimum huit heures, dans le meilleur des cas, j’aurais donc tout le temps de répondre avec précision à toutes vos questions sur le chemin. Mais nous arrivons à la scierie… Voici mes hommes.

Hyuo était depuis tout petit habitué à voir les convois hebdomadaires en provenance d’Uzak, qui étaient la seule attache commerciale du village, mais jusqu’ici il n’y avait jamais prêté plus d’attention que cela, du moins pas à leur composition ni à leur organisation. Cette fois-ci, c’était différent, car il devrait voyager la journée durant en leur compagnie.
Le convoi était relativement petit, mais à l’échelle du village, c’était ce qui se faisait de plus gros. Quinze imposantes charrettes de bois, tirées par des paires de bœufs, étaient conduites chacune par un esclave. Une demi-douzaine de gardes elfes noirs, équipés d’épées, de boucliers et d’arbalètes à répétition, étaient chargés de sa protection et de maintenir la discipline parmi les esclaves.
Les chariots avaient déjà été chargés de bois au maximum de leur capacités, et attendaient le signal du départ, alignés sur la route. Les esclaves, uniquement des humains et des humaines, étaient déjà montés sur leurs banquettes de conducteur, et n’attendaient plus qu’un ordre pour faire avancer leurs attelages.
Quant aux six guerriers druchii, ils s’étaient réunis au milieu du convoi et discutaient entre eux. Ils s’interrompirent en voyant leur cheffe s’avancer. Les six elfes étaient tous manifestement beaucoup plus âgés que Hyuo et Naeglith, sans doute le plus jeune d’entre eux avait-il au moins le double de leurs âges réunis. C’étaient donc des vétérans rompus aux combats, et visiblement ils n’appréciaient guère d’être dirigés par deux elfes à peine adultes. Ils s’inclinèrent très légèrement en courbant le dos presque imperceptiblement, pour saluer l’arrivée du noble Elina, mais ne lui montrèrent pas plus que ce respect qui était le strict minimum qu’ils se devaient de montrer à quelqu’un de son rang.
Leur chef, un elfe noir aux cheveux gris et au visage barré d’une grande cicatrice qui courait de sa tempe droite, non loin de son oreille, jusqu’à son menton, se tourna ensuite vers la Nepim en la regardant comme un loup regarderait une proie, tandis que ses sbires ricanaient méchamment.
Naeglith ne leur accorda aucune attention, se contentant de soutenir le regard de son chef d’escorte, une expression froide sur le visage. Lorsqu’elle s’adressa à lui pour lui transmettre ses ordres, ce fut d’une voix glaciale :

-Klirak, voici le seigneur Hyuo Elina, de la Maisonnée Elina. Maintenant prennez vos positions, nous partons sur le champ.

Avec une lenteur délibérée, le chef s’exécuta, sans même prendre la peine de répondre à sa cheffe. Cette dernière le foudroya du regard jusqu’à ce qu’il détourne les yeux. Clairement, elle n’était pas appréciée par ses gardes, et réciproquement, mais elle n’avait pas d’autre choix que de les supporter pendant le voyage. Deux gardes s’assirent sur le dernier chariot, à côté de l’esclave qu’ils ignorèrent totalement. Deux autres sur le chariot central, et les deux derniers sur le second chariot. Pour sa part, Naeglith Nepim s’assit sur la banquette du chariot de tête, où elle récupéra son arbalète à répétition qu’elle accrocha en bandoulière sur son dos. Hyuo aussi s’assiérait sur le chariot de tête le temps d’arriver à la porte Ouest où une monture plus digne de lui l’attendait. Naeglith soupira tandis que l’esclave à ses côtés fouettait ses bêtes pour les faire avancer et mettre en branle le convoi.

Test d’INT de Hyuo : 1. Réussite critique.
Tandis qu’elle donnait des ordres à l’esclave sur la conduite qu’il devrait adopter, le jeune noble avait pu en se retournant observer le chef de l’escorte, le nommé Kilrak, discuter avec son compagnon de siège sur le chariot juste derrière eux. Ils étaient trop éloignés pour qu’il puisse espérer saisir leurs paroles, mais il put lire sur leurs lèvres sans aucune difficulté. Kilrak s’adressait à son second, un elfe noir très musclé et d’une grande beauté, mais dont le visage qui reflétait une cruauté rare, même pour un druchii.

-Tu vois Jalion, ce que Varudh nous envoie ? Un enfant, un de ses sales bâtards en plus. Le vieux est sénile et stupide. Ce n’est pas ce demi-humain qui va changer grand-chose.

-Tant mieux, Klirak, tant mieux. Les Elina sont finis, tu peux me croire, et les Nepim seront entraînés dans leur chute. Regarde comme ces faibles tremblent. A tel point qu’ils ont envoyée leur petite dernière pour convoyer, cette cruche adolescente ! Tous les autres avaient trop peur pour oser sortir de chez eux. Ils ne sont pas fous, ces Nepim, quitte à risquer de perdre l’un des leurs, autant sacrifier la plus faible, la plus inutile.

-Et à juste titre, Jalion, mais ça ne les sauvera pas.


Avant que Hyuo ait pu en apprendre plus, Naeglith reprit la parole, l’empêchant sans en avoir conscience de suivre la conversation sur les lèvres.

-Nous serons bientôt à la porte Ouest, seigneur Elina. Je vois déjà votre cheval qui est prêt, ainsi que votre lance, mon fein. En tant que représentant de votre Maisonnée qui dirige notre village, vous pouvez si vous le voulez organiser différemment notre escorte. Moi, je m'en suis remis à mes gardes, car ils sont très expérimentés alors que c'est la première fois que je sors de mon village natal, mais peut-être avez vous des compétences supérieures en la matière. Je continuerai à vous exposer la situation de notre famille au cours du voyage, si vous le voulez toujours, mon fein.

Lorsqu'ils arrivèrent à la porte Ouest, le serviteur attendit que son maître monte en selle sur le coursier noir, puis lui tendit sa lance. Bientôt, ils auraient quitté le village...
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Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par Hyuo Elina »

Le soleil se levait alors que le convoi arrivait à la porte ouest du village. Le ciel tournait à l’indigo, et les ombres des chariots apparaissaient sur le sol. Le chemin était maintenant recouvert de planches de bois qu'on avait jetées sur le sol, car la boue était épaisse à cet endroit et rendait le passage difficile pour les lourds chariots.
Dans la forêt noire, deux chasseurs traquant un animal recouraient souvent à la lecture du visage et des lèvres pour comprendre les mots que leurs bouches muettes s’adressaient. Hyuo avait appris cette technique avec les forestiers et, bien qu’il était moins précis que ces derniers, il était plutôt habile à comprendre les conversations secrètes, et ainsi il avait pris connaissance des propos des deux soldats derrière lui.

***


Hyuo marcha sur les planches pourries et sales jusqu’à son cheval. Il voyait le mépris sur le visage de chaque garde. Ces hommes le voyait comme un faible, incapable de mener des hommes et de combattre, comme un membre d’une race inférieure, un bâtard d’une famille étiolée et impuissante. Il pensa à Maxkrin. Si son frère avait entendu de telles paroles, il aurait jeté le garde à terre, et il l’aurait frappé jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’une pulpe rougeâtre mâtinée de boue. Une main s’agrippant à la crinière de son cheval, Hyuo se retourna finalement vers le convoi, la tête pleine d’images de violence.

<< Toi, Klirak, viens ici. Lui ordonna-t-il d’une voix froide de colère en faisant un signe à l’elfe noir. >>

Il lâcha son cheval et attendit que Klirak descende de mauvaise grâce de son chariot et vienne le rejoindre dans la boue de la porte. Hyuo lui sourit dédaigneusement en lui montrant le convoi du doigt.

<< Tu comptes protéger les chariots le cul vautré avec les esclaves ? Je dois vraiment t’expliquer comment une escorte fonctionne ? >>

La conversation entre le chef de l’escorte et son second avait eu le mérite de lui apprendre que le danger existait bel et bien. Ces hommes étaient des guerriers, et malgré leur insolence ils se révéleraient utiles en cas de problèmes. Leur rappeler leurs pitoyables extractions étaient pour l’heure suffisant, d’autant plus que outre la satisfaction de voir les gardes patauger dans la boue, les avoir mobiles et à quelque distance des boeufs faisaient d’eux une escorte plus efficace.

<< Descendez de vos chariots et marchez. Quatre hommes en patrouille sur la droite du convoi, côté forêt. Trouve un homme pour fermer la marche, et tu iras toi même à l’avant. Exécution. >>

Si Klirak obéit, Hyuo monte en selle, défait le sac en cuir autour du fer de sa lance, et va se positionner à hauteur du chariot de Naeglith (bien sûr ne faisant pas partie de l'escorte elle n'a pas à descendre) pour la questionner plus avant sur la situation à Uzak.
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Hyuo Elina avait finement manœuvré. Il n’avait pas été assez offensant pour permettre au soldat de le défier, mais s’était clairement rétabli dans une relation d’autorité envers lui.

Klirak, qui en s’approchant avait eu un air insolent et dédaigneux, était maintenant rouge de colère à peine contenue. Lui et ses hommes étaient humiliés, obligés d’aller à pied alors que même les esclaves, eux, avaient droit à un siège sur les chariots à bœufs. Mais Hyuo avait bien joué son coup, et Klirak ne pouvait rien faire d’autre que d’obéir et d’ordonner à ses elfes de prendre la formation voulue, ce qu’ils firent sans entrain, sous l’œil médusé de Naeglith.
Cependant, le chef de l’escorte ne prit même pas la peine de répondre à son fein. Il exécutait ses ordres sans discuter, mais ses yeux lui lançaient des regards assassins. Il se souviendrait de ce mauvais tour, mais pour l’instant, tout ce qu’ils pouvaient faire, lui et ses sbires, était de continuer à protéger le convoi, ils n’avaient pas d’autre choix.

Tandis que le convoi s’ébranlait et sortait du village, le dernier des fils Elina monta sur son coursier noir et se hissa à la hauteur de la marchande. Naeglith avait été impressionnée par la démonstration d’autorité dont avait fait preuve son protecteur. Elle ne lui cacha pas sa joie de voir les hommes qui l’avaient tourmentée durant tout le voyage aller enfin remis à leur place et humiliés. Radieuse, un grand sourire aux lèvres, elle s’adressa à Hyuo d’une voie enjouée emprunte de respect, presque admirative :

-Mon seigneur, vous êtes un fin tacticien et vous savez vous faire respecter.

Les compliments étaient plutôt rares chez les druchii, et en général étaient soit intéressés et n’étaient que de la vulgaire flatterie, soit ils étaient signes d’une certaine admiration et d’un grand respect. En l’occurrence, Hyuo n’aurait pu dire à quelle catégorie appartenait ceux-ci. A moins qu’il ne s’agisse d’une troisième hypothèse, plus circonstancielle. Sans doute la jeune elfe avait-elle vraiment été exaspérée d’être constamment rabaissée par ses gardes lors de son trajet d’Uzak à Koliipulo, et était-elle réellement soulagée par ce qu’il venait de faire, et peut-être n’était-ce donc là qu’une manière de le remercier indirectement. En effet, remercier quelqu’un était le plus souvent un signe de faiblesse, et même si la famille était déjà en position de faiblesse envers la maisonnée Elina, en tant que leurs sujets, et que Naeglith elle-même avait déjà remercié Hyuo pour son hospitalité et son aide, elle n’aurait jamais reconnu qu’elle avait été en position d’infériorité par rapport à son escorte, sans quoi elle aurait complètement perdu la face.
Mais le seigneur ne chevauchait pas à ses côtés simplement pour le plaisir de se voir complimenter par la plus jeune représentante des Nepim. Pas plus qu’elle n’avait au nom de sa famille appelé à l’aide leurs seigneurs de gaité de cœur. Elle devait profiter du long temps de trajet pour le mettre au courant de la situation le plus précisément possible, afin qu’il arrive à Uzak en connaissance de cause et non comme un agneau dans la bergerie.
Lorsque Hyuo l’y invita, elle reprit donc son récit. Sa bonne humeur ne l’avait pas quitté, et le simple fait de regarder Klirac avancer à pied sur le chemin boueux devant elle lui redonnait immanquablement le sourire. Elle soutenait sans peine les regards menaçants qu’il lui lançait de temps à autre, mais elle détourna vite la tête par désintérêt, pour se concentrer sur Hyuo.

-Donc… Pour en revenir à ce qui vous intéresse, la situation à Uzak, mon fein, et bien... Heu, où en étais-je, déjà ? A, oui, je n’avais pas encore dit grand-chose. Pour commencer, je vais vous décrire la situation initiale dans mon village, seigneur Elina.
Connaissez-vous bien Uzak, mon fein ?


Voyant que la réponse était négative, ce qui ne l’étonna guère, elle continua :

-Oui, seigneur Elina, cela fait longtemps qu’un membre de votre famille n’est plus passé dans notre hameau. Je crois que la dernière fois que votre père Varudh, notre seigneur, y est passé, je n’étais même pas née. D’ailleurs il ignorait mon existence et vos gardes ont failli ne pas me laisser passer, car normalement, ce sont mes cousins qui se chargent de ce travail.

Sachez qu’Uzak est une toute petite communauté. Moi-même je n’avais jamais vu d’autres villes avant hier et mon arrivée à Koliipulo, dont on dit que c’est un petit village comparé aux principales cités. Et bien comparé à Uzak, votre petit village est une grande ville.
Quoi qu’il en soit, il y a seulement quatre familles druchii à Uzak, dont aucune n’est noble. Ma famille, les Nepim, sommes les plus riches et les plus puissants, grâce à la protection de votre maisonnée et à notre commerce avec vous. Nous sommes treize elfes, et la cheffe de ma famille est ma grand-tante Yalena. Nous possédons un peu plus de trente esclaves, en tout, dont les quinze qui sont là.


Elle désigna négligemment du doigt l’humain assis à ses côtés qui dirigeait le chariot de tête.

-Les Nalès sont l’autre famille dominante. Ils sont moins puissants que nous, même s’ils sont plus nombreux, une quinzaine en tout. Ils tirent leurs revenus du commerce avec les Rol’mes sous la protection desquels ils sont placés. Comme nous, ils possèdent aussi une trentaine d’esclaves. Ce sont nos concurrents principaux,… en fait je devrais même dire les seuls.

Naeglith sembla gênée en corrigeant cette dernière phrase et jeta un coup d’œil furtif à Klirak. Son visage très expressif pouvait être handicapant dans le monde des elfes noirs, car il trahissait ses sentiments. En l’occurrence, c’était plutôt un avantage pour Hyuo qui l’écoutait, car ainsi il savait instantanément si elle aimait ou non ce dont elle parlait. Par exemple, à l’expression qu’elle avait eu à l’évocation de ses cousins et de sa grand-tante, Hyuo sut tout de suite qu’elle n’aimait ni les uns, ni l’autre, et qu’elle craignait la seconde encore plus que les premiers. La jeune elfe mit gracieusement sa main devant et eut une petite toux non simulée, tout aussi gracieuse. Il faisait très froid à Naggaroth en cette saison, même si les contrées où ils étaient n’étaient pas les plus au Nord du pays des elfes noirs, et bientôt la longue saison hivernale commencerait, mais pour l’instant c’était surtout la pluie qui tombait régulièrement. Naeglith n’était clairement pas gravement malade, mais elle avait dû prendre légèrement froid lors du trajet aller. Cela lui éclairci la voix et elle reprit :

-Hum hum ! Excusez-moi mon fein. J’en étais donc à vous décrire les deux dernières familles du village. Les Olarett sont des marins, ils vivent de la mer et de tout ce qui tourne autour. Ils réparent les bateaux, pêchent et beaucoup des leurs rejoignent les corsaires. Ils possèdent une vingtaine d’esclaves pour accomplir toutes les tâches indignes d’un druchii, ils sont très nombreux, une quinzaine pour être précis. Ils sont moyennement riches, mais comptent d’excellents combattants. Ce qui nous amène à la dernière des quatre familles d’Uzak…

Naeglith était maintenant très mal à l’aise, elle n’arrêtait pas de jeter des coups d’œil en coin à Klirak qui marchait à quelques mètres devant eux seulement.

-Enfin il y a les Malerin ce sont des combattants et des artisans ils ont une quinzaine d’esclaves et sont au nombre de treize elfes.

La Nepim avait parlé très rapidement des Malerin, sans reprendre son souffle. Elle resta ensuite muette quelques instants, ses yeux gris-vert rivés dans ceux de son seigneur. Puis, estimant sans doute qu’elle devait en dire un peu plus, elle compléta, d’une voix qu’elle voulait basse et calme. Néanmoins, entre le bruit des animaux, des roues des charrettes, et de la rivière à côté d’eux, il n’était pas sûr que Klirak, situé dans le cône de diffusion des sons puisque devant eux, n’ait pas lui aussi pu entendre :

-En fait notre escorte est composée de membres de la famille Malerin, seigneur Elina, et j’aimerai vous entretenir de certaines choses en privé uniquement, si vous le permettez. Vous comprendrez, j’en suis sûr, qu’il vaudrait mieux ne pas étaler certaines affaires privées de notre famille devant trop de monde, mon fein, dans notre intérêt commun. C’est pourquoi vous m’avez sûrement mal à l’aise, depuis un certain temps. En privé, je pourrais tout vous raconter sans tabou plus sereinement.

Une nouvelle fois, la jeune elfe noire marqua une pause, puis attira l’attention de Hyuo sur un autre sujet, non moins important que les informations concernant la situation à Uzak, mais plus directement impactant, car concernant leur situation actuelle.

-Par ailleurs, seigneur Elina, je dois vous prévenir. Depuis quelques temps déjà les forêts ne son plus sûres, ou disons plutôt encore moins sûres qu’elles ne l’étaient avant. Il y a plus de bêtes qu’avant et elles sont plus enhardies que jamais. Elles n’hésitent plus à attaquer les convois, même gardés, ce qui est étrange. Et pire encore, pour couronner le tout, des rumeurs courent sur une révolte d’esclave de très grande ampleur qui aurait éclatée au Sud d’ici, dans les champs environnants Clar Karond, comme souvent.

Avec un sourire ironique, la petite elfe poursuivit :

-Evidemment, ces druchiis de Clar Karond ont laissé faire, comme d’habitude, pour avoir ensuite le plaisir de chasser des humains dans la forêt. Sauf que si eux ne craignent rien d’eux à l’abri derrière leurs murs où ils s’entassent par centaines, les colonies humaines d’esclaves en fuite dans la forêt sont très dangereuses pour nous. Certaines peuvent compter plusieurs centaines d’esclaves et perdurer des décennies voire des siècles jusqu’à ce qu’un noble voulant tester son armée ou se faire une réputation s’en occupe, sans vouloir vous offenser, mon fein. Je ne pensais pas à vous, mais à ces dynastes de Clar Karond qui ont des milliers d’elfes à leur service, et encore plus d’esclaves. Quoi qu’il en soit ils représentent des réels dangers pour nous. Il faudra donc nous méfier doublement sur la route, d’autant plus que nous nous éloignons de Koliipulo.
L’ironie là-dedans, c’est que si ces dynastes laissent des milliers d’esclaves se révolter, pour nous à Uzak, les esclaves sont une denrée très précieuse. Notre famille est riche, certes, mais pas assez pour se permettre de perdre des esclaves inutilement, ils seraient difficilement remplaçables. Il faudrait attendre le passage aléatoire d’un bateau corsaire chargé d’esclaves et de denrées. Aussi nous prenons soin de ceux que nous possédons.
Mais mon père racontait que c’était la même chose pour vous ici, à Koliipulo. Et il était bien renseigné, puisque c’est nous qui avons la quasi-exclusivité des relations commerciales avec votre famille, seigneur Elina...



Le convoi avait quitté le village depuis une heure, et la route promettait d'être encore longue. Le paysage resterait le même tout au long du chemin que Hyuo connaissait, jusqu'à l'endroit où la rivière Kolipuura se jetait dans le fleuve Kolipur, et il y avait de fortes chances pour que le reste du trajet y ressemble également.
La route, une simple bande de terre de deux mètres de large, rendue boueuse par les pluies fréquentes en cette saison, serpentait en longeant la rivière qui était à sa gauche sur tout le trajet. A leur droite, directement après la chaussée, il y avait la lisière de la forêt épaisse de conifères sombres qui couvrait la majeure partie de ce morceau du continent. C'était de là, des profondeurs obscures des sous-bois, que pouvait venir le danger.

Voilà, vous êtes partis de Koliipulo depuis environ 1H00, sachant que le voyage en dure 8H00 au train lent des chariots pleins à ras-bords sur des routes boueuses, y compris une pause déjeuner de 10 minutes prévue au milieu de la journée. (ou comme ton père te l'a dit, environ 3heures à dos de coursier elfique).
Naeglith peut continuer son récit, elle le ferra sûrement, mais je voulais plus d'interaction notamment dans le dialogue. N'hésite donc pas à rajouter des paroles/questions de ta part entre ou au milieu de ce qu'elle raconte, qui est ce qu'elle dira en tous les cas.
Mais par exemple, tu peux lui demander à un moment des paroles ci-dessus une précision ou n'importe quoi d'autre, je la ferrai répondre dans mon prochain post, même si dans l'histoire elle aura répondu tout de suite, hein. C'est juste que je ne peux pas anticiper tes paroles et actions dans mon post et que je fais un peu avancer, afin de ne pas s'arrêter à chaque phrase de ce qui promet d'être un long dialogue.
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Hyuo Elina
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Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par Hyuo Elina »

Hyuo grimpa sur son coursier et observa Klirak organiser ses troupes avec satisfaction. Quand celui-ci se retourna pour lui adresser un regard noir, le jeune noble lui adressa derechef un sourire moqueur. Il n’avait que faire des caprices du garde, et entendait bien lui montrer. Il porta ensuite sa monture à hauteur du premier chariot où était assise Naeglith. Il salua son compliment d’un mouvement de tête. Le ton de la jeune elfe était amical et gai, et son visage aux expressions si mouvantes ajoutait à la sincérité de ses paroles. Hyuo en fut réjoui, bien que son visage, qui avait repris une expression grave et sérieuse, comme si il était sous le coup d’une grande fatigue, n’en montra pas signe. Et, alors qu’il chevauchait à côté d’elle, il se demanda si elle aussi avait entendu des rumeurs sur sa famille, et ce qu’elle pouvait bien en penser.

<< Vous parliez d’Uzak ? >>, et Naeglith reprit son récit.

Uzak comptait donc quatre clans. Il l’écouta parler de sa famille, les Nepim. Treize membres, petite famille, des cousins et une grand-tante qu’elle n’aimait pas, et Klirak et Jalion l’avait cité comme la plus jeune et la plus inutile de sa famille.

<< Vous êtes la plus jeune n’est-ce pas ? Qui sont vos parents ? Pourquoi vous envoyé si ce sont vos cousins qui se chargent d’habitude du convoi ? >>

Ensuite venait les Nalès. Hyuo avait déjà entendu parlé de cette famille à Koliipulo, où ils achetaient une large partie du produit de la chasse des Rol’mes. Nepim et Nalès semblaient lutter pour étendre leur influence à Uzak, les elfes noirs supportaient rarement la concurrence et avait érigé l’assassinat et les intrigues comme comme arts majeurs, et le jeune Elina comprenait à travers les hésitations de sa congénère que dans le petit village côtier, les guerres de pouvoir faisaient rage, et que la position de la famille de Naeglith était menacée.

<< Quelle est la situation actuelle entre votre famille et les Nalès ? Et la famille Olarett, quelles sont vos relations avec elle ? >>

Et Naeglith lui avoua que l’escorte du convoi était composé de membres de la famille Malerin. Hyuo regarda Klirak. Les Malerin étaient-ils aux ordres des Nepim, ou le recrutement de leurs membres avait-il été une opportunité pour les Malerin et une nécessité pour les Nepim ? Klirak et Jalion semblaient peu ravis d’être là, mais ils voyaient quelques profits dans la situation, c’était indéniable, alors que la famille de Naeglith semblait se cacher, terrorisée. Faire garder son commerce par des membres d'une famille rivale était tout sauf une bonne idée, et les Nepim apparaissaient faibles et incapables de se protéger. Le noble voulu demander des précisions à la jeune elfe, mais celle-ci ne tenait pas à en dire davantage pour le moment, aussi il se tut, et elle continua son discours d’une voix plus claire.

Elle parla des bois. À Koliipulo on avait également remarqué l’étrange agressivité et la prolifération des bêtes de la forêt. Les hurlements des loups étaient plus nombreux chaque nuit, trahissant la croissance de la population lupine - déjà si importante au village - et Laurine pleurait souvent, car elle détestait les loups et en avait peur. Quelques jours avant le départ d’Hyuo, un jeune Rol’mes avait été traîné inconscient hors de la forêt par ses deux frères, encapuchonnés dans leurs manteaux verts et marrons, et sa cape était déchirée, comme l’était son ventre. Un ours les avait attaqués et sa patte avait arraché un large morceau de chair au jeune elfe avant que ses compagnons ne l’abattent avec leurs arbalètes. Et, de l’avis général, de tels rassemblements autour des villages devaient être le résultat d’un manque de gibier sur leurs terrains de chasse habituels.

Il se rappela les histoires que leur racontait Laurine quand ils étaient petits. Marno, le premier et le plus grand guerrier qui ait jamais vécu, n’était ni un homme ni un elfe, et il était si grand qu’il devait se baisser dans la forêt…

<<…courent sur une révolte d’esclave de très grande ampleur qui aurait éclatée au Sud d’ici, dans les champs environnants Clar Karond, comme souvent. >>

Hyuo se retourna vers Naeglith. Il avait laissé ses pensées s’égarer quelques instants, et il passa machinalement la main dans ses cheveux et s’efforça de ne rien laisser paraître.

Les bandes d’esclaves en cavale étaient bien un autre problème de taille dans les forêts de la région. La plupart des esclaves en fuite ne représentaient aucun danger. Ils étaient seuls, et ils couraient sans but, terrifiés et mort de faim. Ils venaient se planter sur les carreaux des forestiers, ou bien, s’ils étaient en état, ils étaient re-capturés et remis au travail, après avoir été savamment torturés pour leur témérité. Néanmoins, Naeglith avait raison. De plus gros groupes pouvaient apparaître et prospérer pendant de longues années, souvent sous la tutelle d’anciens guerriers, pas encore brisés par l’esclavage, qui les organisait et leur imposait une discipline de fer. Ces bandes résultaient de révoltes, et ils étaient bien souvent armés. De telles armées étaient extrêmement dangereuses pour les petits villages comme Koliipulo et Uzak, c’est pourquoi les repérées rapidement avec des patrouilles était vital. Le jeune noble pensa au luxe des grandes cités, à la puissance des familles qui les dirigeaient, et ses mains se crispèrent sur ses rênes de cuir tressé.

<< Sûrement ce n'est pas quelques esclaves qui empêchent les Nepim de sortir de chez eux ? dit-il d'une voix plus basse, et celle-ci cachait mal son mépris, pas pour Naeglith, mais pour les membres de sa famille, terrés à Uzak. >>

Le soleil était maintenant plus haut dans le ciel encore clair et dégagé, et un vent glacial leur arrivait de la mer, loin devant eux.
Modifié en dernier par [MJ] Kriegsherr le 10 oct. 2015, 11:11, modifié 1 fois.
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Hyuo Elina, cavalier de Koliipulo
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [Hyuo Elina] Faire ses preuves

Message par [MJ] Kriegsherr »

Naeglith venait juste de décrire en quelques mots la place occupée par sa famille au sein du hameau d’Uzak, et s’apprêtait à poursuivre sur celle des Nalès. Elle avait simplement marqué une courte pause pour montrer négligemment du doigt l’esclave humain à ses côtés et reprendre son souffle, et allait reprendre la parole lorsque son interlocuteur l’interrompit.

- Vous êtes la plus jeune n’est-ce pas ? Qui sont vos parents ? Pourquoi vous envoyé si ce sont vos cousins qui se chargent d’habitude du convoi ?


La jeune elfe noire eut un léger sourire et prit quelques secondes pour mettre ses idées en place avant de répondre.

-Oui, mon Fein. Vous avez raison, je suis la plus jeune de ma famille, et de loin. Je suis reliée aux Nepim par ma mère, Lamesa. Elle était la fille cadette du frère de ma grand-tante Yalena, mon grand-père, donc. Deuxième née d’une fratrie de trois, elle n’a jamais été la favorite de qui que ce soit dans la famille, et bien qu’ambitieuse, elle a vite dû se résoudre à accepter un rôle se second plan dans la gestion des affaires familiales. Mais cela, au fond d’elle, elle n’a jamais pu le supporter, l’accepter, ça la rongeait comme un poison.
Je crois qu’à part moi, peut-être, elle en a toujours voulu à tout le monde, et détestait particulièrement les autres Nepim, qui, selon elle, la bridaient. Elle était indépendante et forte, et très adroite également. Dans tous les domaines, elle s’entraînait sans répit pour être la meilleure et surclasser les autres. Mais elle ne supportait pas l’échec, ni pour elle, ni pour les autres. Ca la rendait furieuse en permanence, d’ailleurs, parce qu’elle n’a jamais atteint les objectifs démesurés qu’elle se fixait, malgré tous ses efforts. Je ne sais pas si elle a un jour été satisfaite de quoi que ce soit. Elle attendait toujours la perfection de la part de ses subordonnés, au point qu’elle faisait montre d’une extrême sévérité envers les esclaves, et, plus tard, également envers celle qui elle avait placé ses espoirs, moi.


Naeglith eut un petit sourire amer, puis continua.

Elle avait vraiment un don pour se mettre tout le monde à dos, en tout cas, et c’est ce qui a précipité sa chute.

Vous comprendrez aisément, après ce que je vous ai raconté sur ma mère, pourquoi Lamesa Nepim a choisi d’épouser un ancien corsaire de passage au lieu de l’époux qui lui avait été désigné par son père, qui à l’époque était chef de famille. Et oui, mon père était un druchii de basse extraction, sans famille et sans caractère, mais c’était un guerrier hors pair, de loin le meilleur qu’Uzak n’ait jamais connu. C’est peut-être d’ailleurs la seule raison qui a justifié que mon grand-père accepte de passer l’éponge sur la désobéissance grave de sa deuxième fille.
Quoi qu’il en soit, malgré une très grave crise familiale qui a failli causer sa perte ainsi que celle de son nouveau mari, Lamesa Nepim n’a pas été reniée, et au contraire il s’est vite avéré que son choix serait utile aux intérêts familiaux. Elle avait espéré que Qelcham Crocs-de-Sang, mon père, lui permette d’accéder à une position plus élevée au sein des Nepim, de par la peur qu’il inspirait, et qu’il lui permettrait par ailleurs d’accroître ses propres talents martiaux.


Une nouvelle fois, Naeglith eut un petit sourire ironique et secoua la tête négativement en signe de dépit.

-Nah… C’était bien mal connaître mon père, et par conséquent ce fut un demi-échec, ce qui pour Lamesa équivalait à un échec total. Elle l’avait choisi pour mari, outre ses compétences, parce qu’il était assez simple d’esprit. Faible mentalement, manipulable, dépourvu d’initiative et d’ambition, tournez ça comme vous voulez. Toujours est-il que si physiquement nul n’égalait ses capacités à manier les armes, il était aussi d’une rare stupidité doublée d’une fainéantise tout aussi importante, ce qui l’avait d’ailleurs empêché de réussir sa carrière de corsaire. Tout ce dont il rêvait lui avait été apporté par son mariage : une situation stable, confortable, où il pouvait librement et sans effort profiter de l’argent et des biens de la famille.

Il ne m’a jamais parlé de sa famille avant qu’il ne rejoigne les corsaires, et ça m’étonnerait qu’aucun Nepim n’ai jamais su non plus, d’ailleurs, pas même ma mère. Rejoindre les corsaires, pour certains, c’est intégrer une nouvelle famille, rompre les liens avec l’ancienne. Peut-être Qelcham était-il de ceux-là, ou peut-être était-il simplement le dernier de sa famille, qui sait ? Ce qui semble certain, en revanche, c’est que jamais il n’avait dû connaître le « luxe » avant. Comme vous le savez, les Nepim ont toujours été l’une des familles de roturiers les plus riches des environs.

Pour mon père, être reconnu comme un Nepim à part entière, se contenter de réaliser les quelques missions que lui confiaient les autres membres de la famille, et fainéanter le reste du temps, servi par les esclaves, était plus que suffisant. Il n’avait aucune envie, à l’inverse de ma mère, d’intriguer pour monter dans l’échelle sociale au prix d’un effort qui ne lui aurait rien apporté de plus. Tout juste l’avait-il formée au maniement des armes, même si malgré tous ses efforts et ses talents indéniables par ailleurs, ma mère n’était cependant jamais arrivée à son niveau. Elle avait beau être sans conteste la deuxième meilleure combattante du village, elle n’arrivait pas à la cheville de son mari, quelle que soit l’application et l’énergie qu’elle mettait à s’entraîner, alors que Crocs-de-Sang, lui passait l’essentiel de son temps entre le vin, la nourriture, le sofa et les esclaves. Ca la rendait folle de rage de perdre à chaque fois contre un fainéant pareil, alors qu’elle travaillait sans relâche.

Mais le travail ne fait pas tout, le talent inné lui est parfois supérieur. Je pense parfois que s’il s’était entraîné aussi dur que ma mère, mon père aurait pu devenir le champion personnel de sa majesté le Roi-Sorcier Malékith, car jamais je n’ai vu un tel génie dans le maniement des armes.

Quoi qu’il en soit, il est vite apparu à ma mère que mon père ne lui serait d’aucun secours pour accomplir ses projets. Pire, il l’handicapait de par son caractère oisif et sa basse extraction, qui étaient moqués par tous dans son dos. Même si je pense qu’au fond il s’en fichait, aucun de ces lâches n’aurait eu le cran de lui dire en face ce qu’ils pensaient de lui, et à mon avis ils ont bien fait, car bafouer l’orgueil d’un guerrier de sa trempe n’était pas une bonne idée. Qelcham était devenu l’homme à tout faire des Nepim, une sorte d’imbécile oisif, mais redoutablement efficace. Il servait uniquement les chefs de famille, et non son épouse, dont il avait vite compris le rang inférieur au sein de la famille.

Je crois qu’ils se sont rapidement mis à se haïr, même, bien avant même ma naissance. Là où Lamesa était intelligente, ambitieuse et perfectionniste, Qelcham était tout l’opposé. La rancœur accumulée de ma mère se déversait contre son mari dans des accès de rage terribles pendant lesquels elle l’insultait en hurlant, alors qu’il était avachi ivre mort parmi les coussins raffinés, souillés de vin et de nourriture grasse. Tandis que lui désirait juste boire et profiter de la vie facile qui lui était offerte, il ne supportait plus sa femme qu’il considérait comme une faible incapable qui venait le déranger dans son train de vie. A de nombreuses reprises, saoulé par l’alcool, les drogues et la bonne chaire trop abondante, il la prenait par la force sous les yeux des esclaves dégoûtés qui le servaient pourtant avec crainte, car il était très cruel avec eux. Puis, il la battait. Parfois, il se contentait même de seulement la battre. Tout le monde le savait, bien sûr, mais même si quelqu’un avait voulu agir, ce dont je doute fort puisque son comportement arrangeait tout le monde à l’exception de Lamesa, nul n’osait s’opposer à Crocs-de-Sang.

Combien de fois ma mère a-t-elle eu de fausses couches avant que je ne vienne au monde ? Je l’ignore, mais certainement une vingtaine au moins. Ma naissance n’a pas changé grand-chose. Ma mère me voyait comme un moyen au long terme pour enfin asseoir sa position au sein de la famille, et comme elle savait qu’elle n’aurait probablement pas d’autre enfant, elle a été encore plus dure, plus exigeante envers moi qu’elle ne l’était avec les esclaves. Je devais à n’importe quel prix être parfaite en tout, sinon j’étais punie… Sévèrement. Evidemment, vous devinez aisément que ma mère réclamait de moi l’impossible, et que donc j’étais toujours punie.

Je l’ai détesté pour ça, tout comme j’ai détesté mon père parce qu’il me battait également, par pure cruauté, parce qu’il n’avait jamais voulu d’un enfant, et parce qu’il trouvait que j’étais inutile et que je ressemblais à ma mère… Comme si j’avais eu le choix…

C’est ainsi que j’ai grandi, petite dernière descendante d’une branche « dégénérée » des Nepim. Comme ça devait arriver, quand j’ai eu quinze ans, mon père et ma mère ont été envoyés en expédition dans la forêt pour traquer un monstre qui menaçait nos intérêts. Seul mon père en est revenu, totalement indemne mais couvert de sang de la tête aux pieds. Ils étaient tombés sur un groupe de trente esclaves humains révoltés, armés de gourdins et de pierres. Lamesa n’a pas survécu, mais les humains ont dû regretter de croiser la route de Qelcham, il les a tous tués jusqu’au dernier : il a toujours aimé le sang.

Contrairement à ma mère qui considérait les esclaves uniquement comme des outils, un moyen de parvenir à ses fins, et n’était sévère avec eux que dans le but d’en tirer la meilleure rentabilité possible, mon père, lui, était sadique par nature. Il aimait en torturer ou en tourmenter par plaisir. C’est ce qui l’a perdu. Deux semaines après la mort de ma mère, ivre sur son sofa comme toujours, il voulait prendre du plaisir, et elle n’était plus là pour lui en donner. Il s’est donc rabattu sur une de nos esclaves. La petite connaissait mon père et ne savait que trop bien ce qui l’attendait. Elle a préféré prendre un couteau qui traînait, et alors qu’il l’entraînait sur sa couche, elle l’a poignardé à dix-neuf reprises pour tout ce qu’il avait fait subir à elle et ses semblables esclaves, avant de retourner l’arme contre elle afin d’éviter de sanglantes représailles. Ainsi mourut Qelcham Crocs-de-Sang, assassiné par une esclave adolescente alors qu’il était nu et ivre mort. Triste destinée pour un guerrier de sa trempe...

Moi, je n’avais plus le choix, je devais me débrouiller pour survivre. Consciente qu’il n’aurait pas été réaliste de nourrir des ambitions personnelles, j’ai attendu en restant à ma place de devenir une adulte. J’ai dû jouer le rôle de domestique de luxe pour les membres de la famille en espérant qu’ils ne me tueraient pas, même si je sais que beaucoup d’entre eux en avaient envie, pour se débarrasser définitivement de la branche de ma mère.

Mais maintenant, je suis une membre de la famille Nepim à part entière. Je dois leur montrer que je ne suis ni ma mère, ni mon père, et pour ça, je dois faire mes preuves. C’est pourquoi ils m’ont envoyé ici à la place de mes cousins, car bien qu’aucun d’eux ne l’avouera, ils avaient peur. Peur principalement de vous, seigneur Elina, enfin, pas vous personnellement, Fein Hyuo, mais plutôt de la réaction qu’aurait eu votre chef de Maisonnée, Varudh, en apprenant notre demande d’aide. Mais ils voulaient également limiter les dangers encourus pour eux-mêmes sur le trajet et ne pas « se rabaisser à faire la navette commerciale ».
Mais si je puis me permettre, seigneur Elina, je ne vois rien de rabaissant à honorer un contrat millénaire avec votre noble famille. Vous rencontrer aura été un honneur pour moi.


Naeglith sourit joyeusement en inclinant légèrement la tête en signe de respect envers Hyuo, puis continua à décrire les autres familles d’Uzak… Là encore, le sujet suscita des interrogations de la part du noble druchii, interrogations auxquelles la marchande s’empressa de répondre, toujours avec entrain :


- Quelle est la situation actuelle entre votre famille et les Nalès ? Et la famille Olarett, quelles sont vos relations avec elle ?

-La situation avec les Nalès est tendue, je ne vous le cache pas, mais ni plus, ni moins que d’habitude, cependant. Du moins, je n’ai personnellement rien remarqué d’anormal les concernant, à ceci près que comme nous ils semblent sur les nerfs et aux abois, ce qui est étrange, car en théorie ce qui affaiblit une de nos famille renforce l’autre, ça a toujours été ainsi depuis la nuit des temps à Uzak. Si on suit ce principe des vases communicants, ils devraient donc être plutôt en bonne forme en ce moment ce qui n’est pas le cas.

Mais au-delà de cela, ce qui nous semble vraiment bizarre, c’est l’attitude totalement inhabituelle et inexplicable des autres familles envers nous. A Uzak, les Nepim ont toujours été respectés des familles pauvres, les Olarett et les Malerin, en l’occurrence. Familles que nous employons d’ailleurs souvent pour des tâches subalternes et qui dépendent de nous pour survivre, ce qui explique que jamais malgré les millénaires notre position dominante au sein du hameau n’ait été remise en question.
Je ne comprends pas comment ni pourquoi les Olarett et les Malerin ont depuis peu envers nous un comportement de… Défiance arrogante, je dirais. Mais nous vous donnerons plus de détails quand nous seront arrivés à destination, ici, je ne peux pas en dire d’avantage, par prudence.


Naeglith jeta un nouveau coup d’œil vers Klirak, qui marchait non loin devant et qui avait potentiellement pu surprendre leur conversation. Elle avait chuchoté les commentaires sur l’attitude de défiance des Malerin et des Olarett, mais même s’il n’avait pas entendu ce qu’elle avait dit sur eux, Klirak pouvait se douter que si elle avait baissé sa voix de plusieurs tons, c’était que la marchande avait des choses à lui cacher. Quand enfin le noble Elina fit une remarque sur les esclaves, la druchiie sembla s’offusquer et répondit avec une certaine fierté, presque sur un air de défi, en relevant le menton et en plongeant ses yeux plus verts que gris dans ceux de Hyuo :


- Sûrement ce n'est pas quelques esclaves qui empêchent les Nepim de sortir de chez eux ?


-Mon fein ! Je suis là aujourd’hui, et je ne tremble pas ni ne tremblerai jamais devant des esclaves. Je n’ai pas peur, je sais me battre. Ordonnez-moi, et j’obéirai.

Froissée dans sa fierté, la jeune Nepim semblait vouloir prouver à son interlocuteur qu’elle n’était pas une faible. La détermination se lisait sur ses traits, qui s’étaient tendus depuis la remarque sur les esclaves.
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Message par Hyuo Elina »

Hyuo écouta avec intérêt le récit de Naeglith. La pauvreté et le froid créaient dans cette région de Naggaroth des situations familiales plus dures encore, du moins c'est ce que Hyuo croyait, que dans le reste du pays. Ici, les elfes étaient sur bien des points différents de leurs congénères urbains. Ils étaient plus frustres et, dans un sens, plus pratiques. Ce caractère était bien illustré par leurs méthodes d'assassinat brutales à la hache, les chefs de familles ordonnaient de sanglantes exécutions dans leurs propres rangs, purgeant ainsi la famille des bouches à nourrir inutiles et endurcissant les survivants. Ces exécutions étaient toujours mises en scène de façon spectaculaire et publique, pour frapper autant les esprits des familles rivales que ceux des proches.

Purger la famille des bouches inutiles était en effet crucial dans un pays où les richesses étaient rares et souvent de piètres qualités. Les oeuvres d'art qui arrivaient jusqu'ici étaient grossières, et les esclaves morts de fatigue. Si Laurine avait été vendue si loin des grandes villes, c’est que sa santé déjà fragile s’était considérablement dégradée durant la traversée, après sa capture. Les conditions de vie à bord des arches noires et la cruauté des gardes l’avaient affaiblie jusqu’à l’extrême limite. À la regarder, recroquevillée sur le sol de bois pourri du pont des esclaves, les côtes trop visibles sous sa peau blanche, les esclavagistes savaient qu’aucun elfe des villes n’aurait payé pour un esclave qui semblait si près de mourir.

Si rien d'autre, et malgré les paroles de Klirak, sa survie démontrait la résilience de Naeglith, et les ressources dont elle disposait. Eut-il voulu se rabaisser au niveau de la roturière, Hyuo y aurait reconnu un peu de lui-même.

À mesure que celle-ci répondait à sa deuxième question, une certaine colère regagna le jeune Elina, et sa mâchoire se crispa. Peut-être les Nepim ne voyaient-ils pas clairement la situation, mais pour le noble, celle-ci semblait évidente. Les Nepim était une famille suffisamment riche, et protégée par une famille noble. Leur position dans le village était indisputable, sauf peut-être par les Nalès. Mais comme on lui laissait entendre, les Nalès n’étaient guère meilleure posture en ce moment, et les difficultés des Nepim, bien qu'elles fûtes encore vagues actuellement pour Hyuo, ne semblaient pas pouvoir leur être imputées.
Les deux familles les plus pauvres, en revanche, semblaient soudainement gagner en confiance et en insolence. Un tel changement d’attitude pour ces familles qui avaient vécu si longtemps sous la coupe de deux familles puissantes étaient un mauvais signe, et Hyuo pensait en deviner la cause. Se rebeller contre les Nepim, c'était ne pas craindre de se faire réprimer par les Elina, et de fait, défier les Nepim, c'était défier les nobles de Koliipulo. Une famille de roturiers aussi pauvres ne s'y risqueraient pas sans l'appui et les promesses d'aide d'une famille noble. Et, Hyuo comprenait qu'à travers les Nepim, c'était sa famille qu'on attaquait.

Il eut un sourire mauvais. Réprimer une petite révolte et inspirer un peu de crainte aux ennemis des Elina ne lui ferait que trop plaisir. Tuer Klirak et Jalion pour leurs paroles sur sa lui et sa mère plus encore. Mais il fallait être prudent, car il lui semblait avoir deviné qui pouvait soutenir les Olarett et les Malerin.

Enfin, Naeglith fût visiblement vexée par sa dernière remarque, et, malgré une certaine affection pour la jeune elfe, l'idée de la réconforter ne lui effleura même pas l'esprit. Il se contenta de la fixer un moment silencieusement d'un regard un peu éteint, puis il se détourna, et ses yeux étaient de nouveau animés par une grande détermination, et sa voix traînante était encore pleine de ressentiment quand il parla.

<< Vous êtes là, mais pas votre famille, et celle-ci semble avoir le plus grand mal à se faire respecter à Uzak. >>

Il se retourna vers elle.

<< Soyez vous-même sans crainte, Naeglith. À Uzak, je parlerai au nom des Elina. Et votre famille aura à répondre de ses décisions, et les autres familles de votre village également. >>
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