[Ahmès] Elfe de paille

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Par delà le Grand Océan, bien à l’ouest du Vieux monde, se trouve le continent de Naggaroth, terre des sinistres Elfes Noirs. C’est une région aride et sauvage que les rayons du soleil réchauffent rarement, tant la couche nuageuse y est épaisse, et de terribles tempêtes s’y déchaînent régulièrement.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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[Ahmès] Elfe de paille

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Aucun Druchii ne vit à Naggaroth par choix. Si autour de la planète, les Elfes, les Nains et les Humains se battent et se sacrifient bien volontiers pour défendre leur patrie, le sol qui les a vu naître et qui assure leur subsistance, les sujets du Roi-Sorcier ont appris à haïr leur terre d’exil — ils détestent la flore et la faune avec lesquelles ils doivent composer. Presque tous les fruits sont toxiques, et les grains et cépages ramenés d’Ulthuan peinent à produire assez de nutriments pour eux tous. Tous les animaux sont une variété de prédateur féroce ou de proie vénéneuse. La mer est parcourue d’icebergs et de banquises acérées la moitié de l’année, et l’autre, les nuages sont noirs et grondent de tonnerre. Une belle journée, à Naggaroth, c’est une journée grise où il n’y a ni averse, ni tempête, ni grêlons.

Karond Kar est bâtie sur une île. Ses esclaves ne sont pas gardés par des murs d’enceintes ou du fil de fer — même s’ils s’enfuyaient, où iraient-ils ? Il n’y a que du vide pour des jours et des jours de marche, et le ciel, il appartient aux Harpies.

Il n’était donc que justice qu’Ahmès ait à subir l’ignominie que son espèce réserve aux singes.



Les humains lui avaient sauvé sa vie. Il se souvenait qu’à six, ils l’avaient porté dehors, puis dans un autre gros bloc de tôle et de bois surpeuplé, et on l’avait entraîné dans un escalier jusque dans un sous-sol fort sombre. On l’avait attaché au lit avec des cordes en chanvre, puis, on l’avait recouvert in extremis de bandages.
Une vieille femme était arrivée. Une humaine fort ancienne, laide, ridée, aux cheveux gris ébouriffés. Elle avait posé ses mains sur ses plaies, répété d’inquiétantes phrases dans un dialecte qu’il ne reconnaissait pas du tout, puis, elle s’était agenouillée et lui avait embrassé ses blessures — le contact de sa bouche calma immédiatement et la douleur, et l’hémorragie. Et c’est par miracle, et surtout leur intervention, qu’il parvint à survivre.

Il avait eu deux journées à profiter d’une convalescence. On l’avait transféré dans une pièce fermée à clé, où il avait été jeté, nu. Un pot pour faire ses besoins, de la paille pour dormir, et une assiette d’un gruau épais et fade deux fois par jour pour se requinquer — à boire et à manger, juste assez pour survivre. Personne n’avait pu lui expliquer qui ils étaient, ni ce qu’on lui avait fait, ni même dans quel but. Il avait juste vaguement entendu un nom à travers les phrases en reikspiel, de celui qu’il devinait être le prêtre de Manaan dirigeant la bande armée de bâtons : Falberg.

Puis, on avait ouvert la porte, ils étaient entrés à quatre, et on l’avait recouvert d’un sac en toile sur la tête, et recouvert son corps d’une toile épaisse et pelucheuse, comme de la laine qui n’avait même pas été grattée. On l’avait trimballé un peu partout, à pied, puis sur une charrette où il avait pu être ballotté de droite à gauche par le roulis des essieux.

Quand on lui retirait le sac, on le jetait à l’intérieur d’une cage en fer oxydé de rouille brune, au milieu de nulle part. À l’intérieur de la cage, il y avait un abreuvoir pour chevaux rempli d’eau, et une petite caisse puante qui contenait du poisson saumuré.
Un gros costaud chauve avec un insigne de Manaan autour du cou expliqua que quelqu’un allait passer, et lui souhaita bon courage. Ils refermèrent la cage, remontèrent sur la charrette tractée par un âne, et voilà qu’Ahmès avait pu passer une nuit entière, dans le froid, à regarder au loin les harpies danser autour du donjon de Karond Kar. Et rien d’autre.

Pour l’heure, les monstres ne l’avaient pas encore remarqué.



Le lendemain, vers la fin de matinée (Comment avoir l’heure exacte quand on ne voit même pas le soleil ?) , quelqu’un arriva bien d’une de ces routes abandonnées qui menaient à Karond Kar. Ahmès ne l’entendit pas vraiment arriver ; la personne ne marcha même pas sur un bout de bois à faire craquer sous ses pattes, une erreur commise par trop de proies.
Étonnamment, la silhouette était seule. C’était fort suicidaire de sa part — les Harpies sont charognardes, et lâches. Elles aiment attaquer les êtres esseulés plutôt que de se risquer à se mesurer à un groupe. Mais non, ne craignant ni leurs serres ni leurs dents, la voilà qui se dirigeait tout droit vers la cage, tandis que l’assassin découvrait un peu plus de détails sur elle.
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C’était une humaine, de petite taille, avec de longs cheveux noirs un peu sales. Un visage plutôt jeune, fin de la vingtaine, qui était couvert de cicatrices et d’hématomes récents. Habits sombres, légèrement déchirés, mais avec de gros gants en coton et en cuir tanné qui semblaient eux bien entretenus.
Le plus étonnant, c’est quand elle ouvrit la bouche :
Elle parlait parfaitement le druhir. Elle maniait cette langue étrange et complexe comme si c’était son parler maternel.

« En voilà un Elfe chanceux. Il est rare que nous permettions à ceux qui errent n’importe où de s’envoler avec toutes leurs plumes. Même s’il faut admettre que Falberg a le chic pour l’hospitalité. »

Et ayant dit ça, elle toqua sur un des barreaux de la cage.

« Le Maananite m’a dit que tu avais prononcé un mot important. Assassin. Est-ce vrai ?
Depuis quand une lame de Khaine implore des singes pour sa vie ? »


Et elle offrit un grand sourire goguenard en attendant l’explication du tueur.
Jet d’endurance : 2, large réussite.

Tu subis une séquelle : Exsangue — Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Tu récupères 9 PV.

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Aide au lecteur
Afin d'aider à comprendre la situation, voici un résumé du parcours d'Ahmès :
  • Ahmès est un assassin. Il a donc été trempé dans le Chaudron de Sang par les Furies après avoir été enlevé le soir d’une Nuit des Supplices. Puisqu’il en est sorti vivant, il a été éduqué et entraîné dans les temples de Khaine.
  • Après sa période d’initiation, Ahmès termine sous la coupole de Masthel Amophiron, un Mentor Assassin. Masthel prend deux apprentis. Le premier est adoubé au bout de quelques dizaines d’années. Mais Ahmès, moins talentueux, traîne la patte.
  • Lorsqu’Ahmès et Masthel arrivent à Karond Kar, ils naviguent sur l’Arche Noire de Lokhir Fellheart, dit le Kraken. Célèbre corsaire ayant requis leur service pour former ses guerriers pendant les raids de Bretonnie, Lokhir ramène les deux assassins en leur demandant un dernier service.
  • Ahmès est chargé de tuer un Lucari pour laver l’affront que ces derniers ont fait à la maison Fellheart en tentant de ternir les relations familiales entre Lokhir et son frère, Skaris. C’est la sœur de Lokhir Fellheart, Trathil Alethi (mariée à un drow de la maison Alethi), qui décide alors de la cible, renégociant le contrat à son avantage. Ahmès accepte.
  • La cible est Lhunara Lucari. Ahmès reçoit un appartement et un agent de liaison, Cyssa, une asur.
  • En enquêtant, Ahmès en profite pour assassiner une corsaire. Il dédie son crime à Khaine, après l’avoir décapité.
  • Ahmès se rapproche de Lhunara Lucari et Skaris Fellheart en les invitant tous deux à une partie de poker, après avoir négocié un contrat avec Malsydrior, un parrain de la pègre, un des trois Princes du Dessous.
  • Rayth Uroxis se rajoute à la partie. Sur fond de rivalités familiales, Rayth finit par perdre la face devant la chance de Lhunara Lucari puis quitte le jeu avec fureur.
  • Lhunara Lucari n’est pas dupe sur l’incongruité de ce rendez-vous. Elle somme Ahmès de révéler sa face cachée. Ahmès tente de mentir en se faisant passer pour un espion.
  • Lhunara lui propose un rendez-vous, qui est en fait une embuscade. Ahmès se retrouve face à ses gardes, commandés par un certain Kandroth qui l’admoneste durement de ses phalanges. Ahmès parvient tout de même à prendre la fuite.
  • Retrouvant son maître, il apprend que Masthel, sur ses consignes, a incendié un entrepôt Lucari et assassiné 13 gardes. Masthel lui fait alors le procès de son échec : Ahmès aurait dû tuer Lhunara tant qu’il en avait l’occasion.
  • Ahmès n’a d’autre choix que de retrouver Trathil Alethi. C’est encore une fois une embuscade : puisqu’il n’a pas respecté les termes du contrat et a compromis sa position, Trathil tente de le faire assassiner. L’assassin parvient encore une fois à s’enfuir, mais au prix de sévères blessures.
  • Il est alors recueilli par des humains…

Interminable fut mon calvaire au milieu des singes.

Ligoté de bien triste manière, agité comme du bétail, je retrouvai mon corps souffreteux et endolori du bout des orteils jusqu’à la pointe de mon crâne. Comment osaient-ils, mangeurs de batraciens, êtres éphémères inférieurs au premier siècle, clochards misérables et ignares, me trimballer et m’agiter comme une vieille nappe ? Ces cloportes vinrent à moi comme des créatures sans intelligence découvrant le feu pour la première fois ; tous, autour de ma personne, à contempler mon agonie comme si j’étais une bête de foire. Compressé contre un couchage de fortune, je les vis se recueillir et échanger des murmures sur mon sort, puis je sentis mes membres, las et parcourus de stigmates, récupérer petit à petit de leur vigueur. Ces quelques forces me guideraient vers la promesse d’une libération.
Karond Kar la gueuse, Karond Kar la piteuse. Le ventre opulent de la Tour des Esclaves avait accouché de cette misère abjecte, et je m’étais vautré dans la molle mélasse de cette terre consumant jusqu’à la lie de l’immondice.
Je fus otage de cette laideur, de cette corruption ambiante, et il s’en fallut de peu que je ne termine mes jours dans un taudis humain. Alors, tandis qu’une gueuse déposait ses lèvres sur les rebords carmins de mes nombreuses plaies, révélant un art curatif auquel je n’avais jamais été confronté, je songeais à ma débâcle.
A ma triste débâcle. A mon immense débâcle.

Quelque part, dans Karond Kar, mon Maître avait dû préparer le souper. Comment avait-il réagi face à l’absence ? Je ne pu me soustraire à l’idée qu’il dût tirer une mine de désespoir, pousser un soupir las, et se résoudre à la conclusion qui lui pendait au nez depuis le départ : son apprenti était le plus médiocre de tous ceux qu’il avait pu élever. Qu’avait-il fait de l’asur ? Nul doute que ma disparation serait prophétesse d’une lutte qui l’embarquerait à un moment ou un autre dans une ère de violence. De l’entrevue avec Trathil Alethi, conjugué à mon échec, au désaveu de notre commanditaire et aux mystères de mon absence, naitrait sûrement le postulat d’une trahison. Un sicaire savait toujours à quoi s’attendre à la fin de son contrat.
Que tu réussisses ou échoues, un drow a toujours une bonne raison de vouloir se débarrasser de son sicaire.
Mon Maître avait toujours fait l’éloge du discernement. Capable de mettre son orgueil de côté, j’avais toujours trouvé fascinante la manière qu’il avait de ne pas grossir le trait sur sa personne et de taire sa colère, même face aux commanditaires les plus insultants. Des pirouettes diplomatiques qui ne me trompaient plus, avec le temps, mais qui à l’évidence parvenaient perpétuellement à lui donner du crédit tout en allégeant les zones de tension qui parasitaient parfois les échanges avec les négociants. Cette modestie était admirable, surtout venant d’un drow capable d’en trucider treize autres dans une seule et même charge.
Mais me vengerait-il ?
J’avais de bonnes raisons de croire que non.

Seul, au milieu d’une cage rouillée par le temps, les idées dans le cœur des brumes, j’attendis. En jetant des regards au cieux, je guettai le vol des harpies augurant de mauvais présages. Le froid me mordit la chair et le vent fouetta mon corps rachitique, encore bleui de ses hématomes multiples et larges. Je perdis un peu de la foi que j’avais en ma bonne étoile. J’avais le sentiment d’être un misérable, une sous-espèce druchiique bonne à racler les fonds de chiotte.
Et la façon que l’humaine eut de m’aborder renforça le peu d’estime que j’avais pour moi-même. A croire que je ne valais pas mieux qu’un singe.

J’observai ses boursoufflures et ses plaies, ses cheveux tombant en bataille, son allure de mendiante et ses yeux noirs, semblables à deux gouffres de ténèbres. Je ne vis en elle rien de ce que j’espérais trouver auprès des humains. De l’orgueil à revendre, un ton condescendant, un mauvais air de la plèbe, un accent à vomir.
Son visage s’illumina d’un large sourire quand elle déroula l’amer constat de ma déchéance. Les humains se réjouissaient bien vite des malheurs des drow. J’eus l’envie soudaine d’écarter ce sourire jusqu’à la base de ses oreilles ; mais avec mes ongles pour seule arme tranchante, la tâche était impossible.
Alors, il ne me restait que la pire arme sur laquelle je puisse compter : les mots. Les mêmes mots qui m’avaient précipité dans ces tourments. Que fallait-il en faire ?
Je la regardai, réfléchissant à ma réponse. J’avais par trop souvent l’habitude de parler trop vite. Mon esprit était peut-être trop limité à ce niveau. Mais au moins, je pouvais toujours essayer ; après tout, que risquai-je de pire que d’être bouffé par des harpies ?

« Et depuis quand les singes se soucient-ils pour le sort d’une lame de Khaine ? »

J’eus décidé de prendre à l’envers son affirmation, tel un lutteur retournant la force de son adversaire contre lui-même. Mais cela ne suffisait guère. Je n’étais pas en position d’être aussi prétentieux que d’habitude.

« Venez-en au fait, je vous prie. Ma vie est sauve, mais je suis encore mal en point. Il me tarde d’être sur pied et d’honorer la dette que j’ai envers vous, ou plutôt, envers ce Falberg. Croyez-moi ou non, je ne suis ni un saint, ni un sage, mais je n’ai qu’une parole. Vous en savez désormais assez sur ma gouverne. Alors, quelle est la suite ? »
Modifié en dernier par Ahmès le 20 déc. 2021, 19:56, modifié 2 fois.
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
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* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

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    • Esquive (A)
    • Parade (A)
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    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
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    • Mort silencieuse (B)
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Re: [Ahmès] Elfe de paille

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La jeune fille leva un de ses doigts recouverts de ces gros gants bien épais.

« Patience, Druchii, patience. Tu me sembles être le genre de personne qui adore faire des promesses — toujours est-il qu’il faut être capable de les tenir, et il va me falloir un petit peu plus qu'une description aussi sommaire pour m'en assurer. Pas vrai ? »

Elle observa à droite à gauche, comme si elle cherchait quelque chose. Une vieille souche de bois pourrie sembla être l’objet de son regard ; elle s’en approcha, grimpa dessus, et s’assit avec ses pieds qu’elle balançait dans le vide comme une petite fille.

« Falberg t’as enfermé dans cette cage parce qu’il a peur de toi — mais il n’a pas non plus suffisamment peur de toi pour te mettre à mort. Il en a dans les braies, le Maananite.
Puisque tu connais son nom, je vais aussi te dire le mien, puis tu diras le tiens, comme ça, on pourra tous se comporter comme des gens civilisés.
Tu m’appelleras Lothrinfelle. »


Là, par contre, ça commençait à frôler l’offense. Ahmès dût peut-être froncer les sourcils pour un peu mieux observer cette femme : elle était bel et bien tout ce qu’il y avait d’humain. Avec ses cheveux rabattus derrière ses oreilles rondes, il était là parfaitement évident qu’elle n’était pas Elfe, et ce n’était rien dire de sa physionomie laide, avec un teint trop beige et une architecture faciale qui relevait de l’animal — à se demander si elle était plus gorille ou macaque.
Mais voilà, non seulement elle parlait parfaitement le druhir — son accent faisait même penser à celui de la cour de Malékith, avec une intonation qui faisait presque penser aux courtisanes du Roi-Sorcier — mais en plus, elle osait utiliser comme prénom un bien noble et aristocratique de Naggarythe.
Dommage pour Ahmès, c’était lui qui était en cage, et non elle.

« Falberg se soucie de ton sort, car il pense avoir une utilité pour toi. Mais il ne sait pas comment te gérer. Il a l’habitude de s’occuper de Druchii trop curieux, qui se perdent un peu trop près des bâtiments sous sa protection — il les tue, rase leurs crânes et arrache leurs dents, puis il les débite en petits morceaux, et les dissémine à travers la cambrousse pour que les Harpies bouffent les preuves. Mais toi, tu as dit le mot qu’il fallait, et maintenant, il se trouve hésitant…
Je ne suis pas un des sbires de Falberg. Mais lui et moi sommes… Partenaires. On se rend des services, gratte-moi le dos, lèche-moi la chatte, ce genre de trucs. Tu vois, moi je sais un peu plus gérer ton espèce. »


Elle eut un sourire très cruel à sa propre plaisanterie. Elle tapota sur ses cuisses, et dégagea un peu sa gorge après avoir laissé un petit moment de mutisme personnel.

Et elle enchaîna.

« Alors, comme ça monsieur s’enfuit en courant d’une auberge ? Trathil Alethi veut ta mort — très mauvaise idée de te faire l’ennemi d’une des femmes les plus puissantes de cette ville.
On a dû t’apprendre que divulguer tes commanditaires et la nature de tes meurtres était un sacrilège et une faute grave : c’est assez normal, de la part de sous-fifres. Moi je pense qu’honorer Khaela Mensha Khaine, c’est au contraire se gausser des gorges qu’on a ouvertes pour lui.
Alors dis-moi tout ; As-tu déjà tué ? Et serais-ce insultant pour toi de tuer pour des singes ? »


Là, ça ne frôlait plus l’offense. À dire à un assassin comment bien prier Khaine, ça relevait maintenant du blasphème.
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Re: [Ahmès] Elfe de paille

Message par Ahmès »

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Lothrinfelle. C’était bien un nom que je n’accepterais jamais de lui donner, même torturé par des singes. Je goûtai amèrement aux plaisanteries de l’humaine qui visiblement se croyait être plus elfique que moi-même. Sa façon d’être, sa rengaine, le ton nobliard qu’elle utilisait, tout en elle respirait l’insolence et il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que c’était une provocation gratuite. Tomberais-je dans un piège aussi grotesque ?
Certainement pas.

Guère affûté pour le Verbe, je sondais à l’intérieur de mon esprit les réponses possibles à lui offrir tout en recherchant l’énergie secrète d’un apaisement personnel. Céder aux profanes avances de cette païenne ne pouvait rien m’apporter de bon, pas plus que de me mettre les humains à dos. A l’évidence, son blasphème était le fruit d’une intention et tant que je ne parvenais pas à comprendre laquelle, le moindre avantage restait hors de ma portée. Que cherchait-elle vraiment à savoir ?

Bien sûr que je pouvais répondre à son parjure, étaler ma colère et lui rappeler la place qui leur convenait à tous : celle des esclaves, des mendiants ou pire encore, de la pitance pour harpies. Et pourtant une étrange inspiration m’invitait à faire preuve d’un peu plus de compréhension, de sagesse, de sagacité.
Comme si mes déboires me poussaient à avoir une meilleure tempérance.

Mes yeux d’or se tournèrent vers l’horizon rural et scrutèrent le vol lointain des prédatrices célestes. Je m’arrêtais une seconde pour reprendre mon souffle, me concentrant sur les douleurs traumatisant mes articulations, tentant de saisir le vent froid qui fouettait ma peau.
Et je ne su pourquoi, mais je décidai d’ouvrir les bras.

« Aider modestement l’espèce humaine pour payer sa dette, ou vivre dans le déshonneur par pêché d’orgueil : quelle est la chose la plus insultante, selon vous ?
J’ai la regrettable impression que vous vous méprenez à mon sujet, humaine. En mettant tous les elfes noirs dans le même panier, vous fustigez vos chances de voir clair à travers le masque de ces derniers. Je connais nombre d’elfes qui ne méritent pas de vivre, et nombre de singes, comme vous dîtes, qui ont bien plus de valeur. Jugez-vous nécessaire de m’humilier davantage en vous gaussant de ma situation ?
Je suis dans une cage, humaine. J’ai déshonoré mon Maître et me suis attiré les foudres des nobliaux que j’étais censé servir. Je suis peut-être déjà la cible d’un paquet de flibustiers à l’heure où je vous parle. Il m’est difficile de tomber plus bas. Pensez-vous que je suis incapable de le concevoir pour que vous insistiez à me le remémorer ?
 »


Je fis dépasser une canine de ma lèvre inférieure en tirant une mine maussade. Le dire, c’était l’admettre. Il m’était encore difficile de supporter cette médiocrité, moi qui aspirais à un avenir grandiose. Pourtant, le destin avait peut-être voulu que je m’écrase et que je vive enlisé dans l’ingratitude et la mendicité. La raison m’échappait encore.

« Je vous le redemande : quelle est la suite ? »

Fis-je en reposant mes orbes fauves sur cette païenne.
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Re: [Ahmès] Elfe de paille

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Lothrinfelle — puisqu’elle disait s’appeler ainsi — grimaça, et leva les yeux en l’air telle une gamine pourrie gâtée. Elle cessa d’agiter ses jambes en l’air, et les croisa plutôt en tailleur, une main sur chaque genou.

« Et toi tu te méprends sur mes intentions à moi, Druchii », houspilla-t-elle avec un persiflage si prononcé qu’elle en postillonna en traînant les syllabes du mot désignant l’espèce de l’Elfe. « Je ne cherche pas à t’humilier, car crois-moi, j’ai de biens meilleures idées pour tuer le temps dans mes journées…
Je suis en train de te faire passer un… Entretien d’embauche. Parce que, au cas où tu ne l’as pas compris, c’est de ça qu’il s’agit, je dois savoir si tu es un bon employé pour un contrat.
Si tu as échoué à ton contrat précédent, ça reflète fort mal sur ton expérience passée, pas vrai ? »


Et elle fit un petit sourire malicieux en penchant la tête de côté.

« La suite, c’est te laisser là à crever de faim et de froid, ce qui surviendra en premier. Ou alors j’ouvre ta cage et je te laisse une chance de rentrer à Karond Kar tout seul à pied, si les Harpies ne te bouffent pas en chemin.
La suite, aussi, ça peut être que je décide de dire à Falberg que je peux te gérer, et que tu ne vas pas te mettre à égorger des gens au hasard, ou ramener des potes dans les bas-fonds. Mais pour ça, va falloir me convaincre, et là, t’es pas en train de me convaincre. »


Elle se releva de sa bûche, et cessa son ton pérorant pour reprendre une voix grave, et directe, alors qu’elle se dirigea toute droite vers les barreaux.

« Je sens que t’es quelqu’un de fier. T’as imploré Falberg pour qu’il te laisse la vie sauve, mais sitôt sur pied, ça te reprend… J’aime pas les gens fiers. Ils me font peur. Et tu me fais peur. Mais c’est pas un compliment, va pas sourire à ça : Les gens dont j’ai peur, je les bute. J’en dors mieux la nuit. Et je tue mieux que toi ; je le sais, parce que si tu tuais bien, tu serais pas dans cette situation.
Donc on oublie tout ça, et on reprend depuis le début.
Tu m’appelleras Lothrinfelle. Pas « humaine », ou autre chose. Mon prénom. Et toi, comment dois-je t’appeler, Druchii ? »
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Re: [Ahmès] Elfe de paille

Message par Ahmès »

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J’avais la même sensation que celle qu’on éprouve lorsqu’une arrête se coince entre deux dents. J’avais tenté plusieurs techniques, de façon souple et plus vive, mais rien n’y faisait, cette maudite arrête restait bien logée dans sa gencive, bien ancrée dans sa position, inébranlable par la grossièreté de mes doigts ou de ma langue. A échouer, je me sentais un peu gauche, désarmé, incapable de trouver la faille qui me permettrait d’entrer sa tête.
L’humaine était loin d’être dupe, et en plus de cela la nature l’avait doté d’un esprit farouche qui n’enviait rien à celui de mon espèce. Fort heureusement, je n’étais pas avare en compliments et la façon dont elle mit le doigt sur mon désœuvrement indiquait fort bien qu’elle n’était pas non plus modeste en critiques. Sa position de force et de pouvoir, dont elle avait parfaitement conscience, lui donnait un net avantage sur moi.

Et pourtant, elle avait raison sur bien des points. Ma fierté m’aveuglait. Elle m’avait toujours aveuglé. Elle n’était pas la seule à enfoncer le poignard dans cette faille : Masthel l’avait fait avant elle, mais elle, elle plongeait dans la brèche en jubilant, s’extasiant de voir un druchii s’incliner devant sa capacité de décision, étalant son orgueil comme autant de scénarios qu’elle choisissait pour mon futur.
J’ignorais combien les singes pouvaient se plaire devant le désaveu des autres créatures. Mais je me rendis compte à cet instant qu’ils étaient pire que nous, en bien des points.
Un comble, pour quelqu’un d’aussi odieux que je pouvais l’être, d’être ainsi devenu la risée d’un de ces primates.

« Je vous nommerais Lothrinfelle, comme il vous sierra. Vous n’avez qu’à m’appeler… voyons… je fis mine de réfléchir, les yeux roulant vers le ciel du jour qui déclinait. Louen.
Louen Cœur-de-Lion, ma Dame.
»

Je ne sus à cet instant d’où venait cette motivation, cet assaut de l’instinct qui me poussa à dire cela, ni pourquoi un si vaste sourire s’imprima sur mon visage. Peut-être était-ce la couleur du désespoir trop terne qui voulait reprendre un peu de vie. Peut-être était-ce plus bêtement un vieux réflexe de tortionnaire s’imaginant que dans d’autres contextes, nos situations auraient pu être inversées. Mais je n’avais su résister à cette pulsion. Je n’avais su empêcher ce réflexe de langage qui était sorti tout seul.
Qu’elle prenne des noms d’elfe, cette gueuse insolente, et je prendrais celui de son Roy, si elle était de Bretonnie.

Et je pouffais de rire. Une fois, deux fois, des secousses intérieures m’obligèrent à porter ma main à la bouche pour m’empêcher d’éclater de rire devant elle. Cette situation me semblait d’un ridicule original, et sa façon si niaise de vouloir m’obliger à lui donner le noble nom d’une race elfique se fracassa contre le mur de ma propre insolence.
Provocateur contre provocatrice.
J’aimais cette tourmente.
Il y avait longtemps que je n’avais pas ri. Je me rendis compte du bien fou que cela pouvait procurer, et à cet instant, je saisissais ce moment fugace comme si j’avais trouvé quelques gouttes d’eau dans un désert de sable. Je me délectai de ce plaisir, sentiment trop rare depuis que j’étais passé sous la tutelle de mon Maître. Aussi eu-je peine à conserver ce plaisir très longtemps.

Et mon rire s’éteignit bien vite, assez vite pour que ma langue articule les problèmes qui s’imposaient à nous.

« Il y avait longtemps que je n’avais pas ri de cette façon ! Allons, Dame Lothrinfelle, Baronne des égouts de Karond Kar. Je vous l’ai expliqué. Parmi les humains, il y a ceux qui ont ma sympathie, et ceux que je déteste. Il en va de même pour les elfes et pour toutes les espèces confondues. Puisque vous m’avez tiré d’embarras, vous faîtes partie de la première catégorie, même avec vos airs de princesse du peuple.
Voulez-vous une anecdote ? Figurez-vous que j’ai aimé une humaine, autrefois. Aussi charmante que vous, ma foi, mais moins revêche d’esprit. Mon Maître me l’a enlevé pour m’enseigner une des leçons les plus importantes de notre ordre : les sentiments doivent rester en demeure. Qui sait si je n’aurais pas eu le béguin pour vous, dans une autre vie ?
Mon travail consiste disons… à rendre service, par manipulation, espionnage ou élimination. Le Dieu que je vénère préfère cette dernière option, il est vrai, mais je suis un assassin. Pas un boucher.
J’écartai les bras comme si cela relevait de l’évidence.
Dîtes-moi ce que je dois faire, ouvrez cette cage, et je le ferais pour vous. Moins bien que vous, à priori, puisque vous êtes si douée. Mais si j’ai commis des erreurs, sachez que j’en ai tiré les enseignements nécessaires pour ne plus les reproduire. Et contrairement à vous, j’appartiens à une race qui possède certains privilèges, ici, dans les terres noires des elfes.
»

Je sondai son regard, tentant d’y voir une trace de réceptivité.

« Vous voulez tuer un druchii qui vous persécute ? Je m’en charge.
Vous voulez vous barrer d’ici et vous avez besoin d’un elfe pour qu’il leurre sa propre espèce ? Je m’en occupe.
Vous voulez faire courir certaines rumeurs dans les maisons nobles de Karond Kar ? Je parle pour vous.
Cessons de tergiverser. Que voulez-vous en échange de ma liberté ?
Qu’est-ce que toi, tu veux, Lothrinfelle ?
»
Modifié en dernier par Ahmès le 08 janv. 2022, 18:40, modifié 1 fois.
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
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États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


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Re: [Ahmès] Elfe de paille

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

À la seconde où Ahmès se nomma lui-même Louen, la jeune humaine leva les yeux au ciel. Et son rire n’arrangea rien. Elle se mit à pencher la tête de côté, et à le regarder tout droit, sans sourire, et sans expression, tandis que le prisonnier repartait à nouveau dans les mêmes promesses.
Le pire fut lorsqu’Ahmès avoua avoir déjà aimé une humaine, et se mit à comparer l’esclave tuée avec elle. La geôlière ne put s’empêcher de froncer des sourcils, et de lever des lèvres dans une pure expression de dégoût.

Finalement, Lothrinfelle se leva de son bout de bois, et haussa les épaules.

« Tout ce que je voulais, c’est ton prénom.
Mais bon… Bonne semaine à toi. »


Et voilà que, les mains dans les poches, elle s’éloigna d’un pas vif et assuré en direction de la ville.

Jet de charisme (Malus : -6) : 14, échec.
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Re: [Ahmès] Elfe de paille

Message par Ahmès »

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ELFE DE PAILLE


Je les regardai partir, comme une promesse qui s’en va. De nouveau la seule chose qui me fit défaut n’avait été autre que moi-même. A chacun des pas qu’elle fit, je poussai un juron. Je crus l’espace d’un instant qu’elle attendait que je pousse un cri, que je lui supplie de revenir, mais je n’en fis rien.
Il faut accepter de recevoir les choses comme elles viennent, et les laisser partir quand elles s’en vont.

Je ne tardai pas à m’affaler contre les barreaux de cette cage rouillée et la première chose que mes yeux cherchèrent, ce furent les ressources à ma disposition. Un peu d’eau et du poisson saumuré. S’il m’avait été donné d’avoir un œuf, je l’aurais jeté dans l’eau de poiscaille pour vérifier sa flottaison, et estimer s’il s’agissait bien d’une technique de conservation ou bien d’un leurre. Mais je n’avais rien de tel à ma disposition.
Je n’avais que moi, encore que moi, toujours que moi.

Sans tarder je me mis à cogiter pour envisager toutes les pistes possibles. Décidément, depuis que j’avais foutu les pieds dans cette immonde cité, je ne rencontrais que des ennuis, tous plus accablants les uns que les autres.
Mais n’était-ce pas la meilleure leçon que je tirais de mes fautes ?
Sans espoir, je jetai un œil au ciel. Et puis j’attendis.

La faim est une ennemie contrariante, mais rien n’est pire que le froid. J’enviais le pelage des Hommes-Bêtes, la graisse des ours qui leur tient chaud, les murs terreux des blaireaux, les courants chauds des créatures de la mer. Nu, humilié et sans le sou, je ne valais désormais pas plus qu’une bête, qu’une de ces créatures que la folie accable jusqu’à les rendre « inhumaines », façon de parler. Si j’avais eu un ami, peut-être que la causette aurait pu me détourner de mon calvaire.
Mais non, je n’avais rien de tout ça. J’étais seul et chaque seconde qui passait mordait dans ma chair pour me rappeler à quel point je n’étais plus rien.

Plus rien.

Le temps passa.

Plus rien.

Le jour déclina.

Plus rien.

Mes paupières se fermèrent.

Plus rien.



L’aube s’étira avec sa rosée matinale et ses pâles rayons. Le froid me tira de mon sommeil et je me précipitai sur mes doigts puis mes orteils : j’avais appris, à force de réaliser que je ne pouvais plus les sentir, que les extrémités métacarpiennes et métatarsiennes étaient les plus vulnérables à mon ennemi. Plusieurs fois je sentis la morsure de la bise tenter de me voler ce qui m’appartenait, et je savais que le mal, s’il entrait en moi, s’étendrait dans tout mon corps. Il n’attendait qu’une ouverture, rien qu’une petite fenêtre d’inattention, pour s’engouffrer dans mon être et me dévaster de l’intérieur, pour dévorer mon sang, mes muscles et mes veines. Mais il n’aurait rien, pas tant que j’aurais l’œil ouvert et même si la couleur bleuie de mon épiderme causait à ma place pour témoigner à quel point j’avais été mortifié par cette sentence, je me refusai à me laisser abattre.
Alors je soufflais sur ces phalanges, et mon haleine chaud éloignait la mort.

Oui. J’avais encore une farouche volonté de vivre.
Combien de temps avais-je passé ici ? Je ne le savais guère. Je l’avais oublié à force de guetter le ciel et de me noyer dans les songes. Les nuits ressemblaient au jour et je n’eus aucun sommeil complet : je dormais par saccade, de peur de voir mes membres s’engourdir. Tout ce que je savais, c’est que du poisson, il ne restait plus rien et de l’eau, j’en tirais ce que je pouvais autour de moi grâce à la condensation et la rosée du matin : un coup de langue à même les barreaux étanchait un peu ma soif, mais pas suffisamment.

J’étais meurtri.
Au loin volaient des harpies. Quand viendraient-elles chercher ma carcasse ? L’idée qu’elles se mettent à dépecer mes barreaux pour plonger leurs serres dans mon corps en vint à me séduire.
Mais qu’elles ratent leur chance, et je me sentais capable de les dévorer crues.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 12 janv. 2022, 14:01, modifié 1 fois.
Raison : +24 XP / Fin du RP
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
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Re: [Ahmès] Elfe de paille

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Personne ne viendrait pour Ahmès.

En réalité, l’Humaine attendait un simple mot de sa part — un seul, n’importe quoi, rien qu’un cri, ou juste son vrai prénom, une preuve que, confronté à l’inévitabilité de son trépas, une quelconque vulnérabilité se fasse entendre depuis la cage.

Mais Ahmès avait choisi d’être fier, jusqu’au bout. Même quand ce n’était plus le moment. Et les Humains — surtout les Humains qui prient et honorent Khaine, comme Lothrinfelle — ne bluffent jamais.


Le Druchii ne mourra pas de froid. Une Harpie s’approcha de sa cage. Affamée, elle passa un bras à travers les barreaux ; elle fut aisée à éviter et repousser, avec des mottes de boue balancées à sa figure. Ce n’était pas elle le souci.
Le souci, c’est lorsque ses comparses furent attirés par ses cris avides, et son désir de béqueter un Druchii. C’était comme une dizaine de matelots échoués sur une île, qui se retrouvaient face à un pot de nourriture trop bien fermé — le pot finit toujours par être vaincu.

Personne ne trouverait de cendres à honorer. Mais à Karond Kar, être dévoré par les Harpies est une mort tout à fait honorable.

Dans l’intérêt du RP d’Akisha, j’ai lancé en privé un tas de jets pour régler la situation entre Masthel, Lokhir et l’esclave Asur qui a été confiée par dame Trathil, et écrit un post important — mais important pour la famille Drakilos, et que je révélerai au moment où la chrono coïncidera avec l’aventure de la fille de Tevras Drakilos…

C’est la fin d’Ahmès, étant donné que tu as demandé à ton maître de ne plus jamais te venir en aide. Je n'ai pas de Deus Ex Machina crédible à t'offrir.

Tu ne gagnes pas de bonus de fin de quête, mais tu es crédité pour tes derniers posts de 24 XP.

Si tu as des questions sur les intrigues qui étaient en cours, les secrets des personnages, et tes (grosses) erreurs au cours de l'aventure, je te les donnerai par MP.
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