[Akisha] Tendresse

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Par delà le Grand Océan, bien à l’ouest du Vieux monde, se trouve le continent de Naggaroth, terre des sinistres Elfes Noirs. C’est une région aride et sauvage que les rayons du soleil réchauffent rarement, tant la couche nuageuse y est épaisse, et de terribles tempêtes s’y déchaînent régulièrement.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Toujours le même sourire éclatant sur la face de la jeune fille ; il lui faut à peine de temps pour répondre aux propositions d’Akisha, comme si, la noble s’en était doutée, on lui avait déjà fait répéter les répliques.

« Oh vous pouvez garder vos armes sans aucun souci, mademoiselle ; En revanche, au déplaisir de me trouver insistante… Ma maîtresse préférerait que l’entrée au reste du bâtiment demeure… Exclusive. »

Akisha insiste — elle dit que Nokhis peut être insistant, ce qui fait grimacier Vateci. Mais là, la réceptionniste garde le même petit sourire, qui devient petit à petit un peu plus figé. Alors, elle réfléchit un peu plus à la tournure de ses phrases, et paraît un peu plus gênée.

« Hmm, ceeertes… Néanmoins, au déplaisir de… Me trouver insistante… Il serait plus confortable pour vous de pénétrer dans les lieux seule… Maiis, je vous assure, votre domesticité sera bien à l’aise elle aussi, elle aura de quoi se détendre, et- »

-et en fait, la fille Drakilos commençait à comprendre ce qui se jouait avec des jolies politesses. Tout ceci n’avait rien à voir avec Nokhis ; on essayait, pour une raison ou une autre, de la séparer de ses gardes.
Pourtant, que son épée demeure au fourreau était là une chose un peu plus étrange. Au Bréa, le grand Malsydrior force tout le monde à remettre ses armes comme si son rade répugnant était un sanctuaire. Ici, le fait qu’on ne juge personne comme assez dangereux pour être désarmé relevait ou de l’excès de confiance, ou au contraire d’une arme cachée — on ne s’attendait pas à une résistance armée de la part des invités.

Plutôt que de faire un scandale et de rester campée sur ses positions, Akisha décida de brosser la petite Aimine dans le sens du poil. Elle congédia ses deux suivants ; alors, l’Elfe va-nu-pied donna quelques instructions en reikspiel à un singe, un ordre de préparer un divan pour deux et de faire remonter une bouteille de vin. La contre-maîtresse signifia son approbation d’un signe de tête, et voilà qu’ils pouvaient déguerpir, guidés par un humain mâle bien peu vêtu, et toujours avec ce même bandeau qui recouvrait ses yeux et entourait ses tempes.

« Il est fort dommage que vous m’annonciez votre intention de ne pas demeurer ici très longtemps ; Nous avions la chance d’avoir un chante-lune qui offrira une représentation ce soir, et avec les quelques troubles récents — vous avez vu la dégaine de notre bon maître d’hôtel, beau Firael, obligé de se vêtir tel un sombretrait ! — nous ne nous attendons pas à beaucoup d’invités.
Une de votre marque, vous seriez chouchoutée. Je ne peux m’empêcher d’entretenir l’espoir que vous acceptiez de déplacer très légèrement vos obligations familiales. »


« Entretenir l’espoir ». Aimine parlait d’une toute petite voix fluette, aussi doucereuse que le Firael qui avait servi de portier ; son vocabulaire relevait presque de l’amour courtois des singes de Bretonnie — copie plus grivoise des soporifiques poèmes de Lothern.
La mention d’un chante-lune présent dans le bâtiment, en revanche, avait tout de même de quoi sacrément surprendre Akisha. Les chantes-lunes sont des artistes de la voix, capables, par un mélange d’illusion, de travail et de talent, de raconter de grands récits classiques rimés, parlant des Dieux et de l’histoire du peuple Elfe.
Seul souci : Des chantes-lunes, il n’y en a pas chez les Druchii. Il y en a chez les Asurs, dans toutes les cours de leurs Rois, et il y en a probablement chez les Elfes Sylvains d’Elthin Arvan, mais certainement pas parmi les sujets de Malékith. Les chants appréciés à la cour du Roi-sorcier sont plutôt des chants de régiment, des chorales, certainement pas des scénettes individuelles.
Pas sûr qu’un Elfe Noir orthodoxe apprécie d’entendre que ce genre d’artistes pratiquait à Karond Kar.
Pas sûr non plus qu’il ne soit pas un peu curieux, malgré tout…

La réception dépassée, Akisha entra par une lourde double-porte à l’intérieur d’un immense hall qui ressemblait à celui d’un palais. Il y avait de la bonne pierre au sol, des escaliers en marbre partout, des fleurs roses, rouges et jaunes à l’intérieur de pots de bronze suspendus, et surtout, un plafond en ogive sur lequel on avait peint une fresque aussi somptueuse que disproportionnée ; on représentait une immense femme Elfe, nue, ses longs cheveux noirs tombant en tresses devant sa poitrine et jusqu’à ses genoux, toute entourée d’autres Dieux du panthéon qui l’entouraient et s’agenouillaient devant elle, contorsionnés des poses suggestives — Dame Atharti réduisait les hommes comme les femmes, divins soient-ils, à l’état de soupirants suppliants : Kurnous en peau-de-bête voyait sa pudeur dépasser de sa fourrure, Isha la pleureuse embrassait ses pieds, Lœc sa cuisse, Hekarti se trouvait dans son dos, une main contre le ventre de sa sœur jumelle, et ses lèvres dans son cou.
Le peintre n’était pas complètement suicidaire pour autant. Parce qu’alors que le regard d’Akisha se perdait au plafond, elle remarqua deux grands absents. Khaine et Asuryan ne faisaient pas partie du gynécée d’Atharti. Le second étant l’ancêtre revendiqué par Malékith, et le premier le Dieu absolu de Naggaroth, ça aurait été en effet fort peu prudent.

« L’Oisellerie est une église », dit Aimine d’une petite voix qui résonna pourtant dans un léger écho à cause de ce plafond beaucoup trop circulaire, après avoir aperçu la jeune noble en train de trop zieuter l’œuvre d’art. « C’est un Temple à la gloire de la Dame du Désir.
Je suis un peu une prêtresse, d’ailleurs, si vous souhaitez que je soulage votre âme tourmentée. »


Elle avait dit ça d’un ton taquin, avec, encore, ce satané sourire malin en coin.

Elle indiqua à Akisha de la suivre, et les deux empruntèrent un de ces grands escaliers de marbre qui allaient tous dans des directions différentes. L’ambiance fut alors plus feutrée, même si on entendait encore la musique lointaine qui se réverbérait trop bien avec une acoustique beaucoup trop bien pensée. Voilà qu’elles longeaient un couloir où on avait posé des tapis sur des parquets, et mit plein de broderies sur les murs — de longs pans de drap où on avait dessiné des animaux, terrestres, marins, volants, et des fruits et des plantes de tous les continents.

« Nous avons un restaurant — nous offrons une carte qui change régulièrement, selon l’esclave que nous avons comme cuisinier. Si vous désirez manger ici ce soir, sachez qu’on sert du paon. Nous avions prévu du zèbre, mais nous manquons d’invités.
Vous savez ce qu’est un zèbre ? C’est une sorte de cheval blanc et noir, tout rayé. C’est absolument adorable ! Vous voulez aller voir à quoi cela ressemble ? Nous avons même une panthère — ma maîtresse attend qu’il commence à l’ennuyer pour récupérer sa fourrure, elle gardera la moitié pour elle-même et l’autre sera offerte à l’épouse du Drachau. »


La réceptionniste semblait toute fière d’elle-même, assurée d’épater ainsi Akisha. Et qui aurait pu croire que telle richesse était cachée dans le quartier le plus répugnant de Karond Kar ? Même à Naggarond, on ne devait pas avoir une panthère à aller voir.



Probablement qu’en plus, Aimine cherchait à gagner du temps. Elle ne put s’empêcher de faire passer Akisha par le restaurant. C’était une petite pièce assez petite : il devait y avoir de quoi faire une vingtaine de couverts, mais l’endroit était très chic. Bien éclairé avec des lanternes partout, un candélabre servi de bijoux au plafond, et, le long des murs, tout un tas d’artefacts pillés aux quatre coins de la terre entière — il y avait un bouclier d’héraldique Bretonnien, un masque d’une tribu des terres du Sud, une tapisserie qui représentait un arbre généalogique d’une famille impériale, un casque de chevalier-dragon à la visière éclatée, son propriétaire ayant dû avoir la moitié de son visage arraché.

Finalement, la réceptionniste décida d’achever cette interminable visite, dans laquelle Akisha faisait un peu tâche — ses grosses bottes boueuses avaient cessé de laisser des empreintes derrière elle depuis un petit moment maintenant.
La toute petite Elfe toqua devant une petite porte. Quelqu’un l’ouvrit, et voilà que la fille Drakilos pouvait être enfin reçue par la maîtresse des lieux.

On ne la recevait ni dans un bureau, ni dans une étude, ni dans un salon. On la recevait dans une chambre, un vrai endroit où on pouvait dormir — la preuve, il y avait un grand lit, dans lequel une femme était avachie, vêtue seulement d’une robe de chambre violette entrouverte, un tas de papiers partout à côté d’elle, un esclave agenouillé par terre à côté qui soulevait au-dessus de lui une tablette sur laquelle on avait posé des plumes et un encrier.
Vyrin la marâtre était en train d’écrire, à toute vitesse, tout en se prélassant d’un air bien relâché.
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« Vous savez que vous auriez pu vous annoncer avant — je vous aurais reçue de manière plus protocolaire », dit Vyrin alors même que les deux venaient d’entrer, à toute vitesse, et sans même lever les yeux de sa paperasse. « Mais enfin ; Aimine n’a pas manqué de vous faire son petit tour ? Vous trouvez ça joli ? Elle est belle ma panthère, pas vrai ?
– Heu… Maîtresse Akisha a décliné l’offre…
– Aw. »

Vyrin leva les yeux à cette nouvelle, les sourcils obliques et en faisant la moue. Elle avait l’air triste et déçue. Mais pas de façon sarcastique — c’est comme si elle avait vraiment souhaité qu’Akisha aille jeter un œil à sa ménagerie.

« Mais allez-y ; je suis occupée présentement, mais ne restez pas là !
Venez vous allonger ! »


Un esclave, un garçon blond et dodu, attrapa les papiers qui étaient à côté de la marâtre. On offrait pas un siège ou un fauteuil à Akisha ; on lui offrait d’aller se prélasser comme ça à côté de la propriétaire.
Aimine, en tout cas, ne se gêna pas. Elle arriva au bord du lit, Vyrin leva ses jambes, et lorsqu’elle les reposa, ce fut sur les genoux de la réceptionniste.

« Vous avez bu ? Vous avez faim ? Bon sang, mais vous avez l’air toute pâle ! Vous êtes malade ? Oh, ma pauvre petite fille… Je vais faire monter un peu de cognac — Helmut ! Cognac ! Ou alors non — non non non, vous préférez autre chose peut-être ? Qu’est-ce que vous aimez boire, qu’est-ce que vous aimez manger ?
Ici, je réponds aux désirs de tout le monde. N’importe lesquels. »

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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

D'humeur mondaine, je fais mine de m'extasier à chaque remarque de l'hôtesse pendant que nous traversons les luxueuses salles de l'Oisellerie. Je ne sais si je passe pour polie ou idiote à cette exercice. Sans doute un peu des deux.
Mais que j'exècre de passer pour une greluche importe peu ici : l'hypocrisie n'est pas optionnelle lorsque l'on évolue dans les cercles se voulant les plus raffinées.
Tel soupir admiratif devant une statue, un murmure curieux à propos des zèbres, un éclat de rire aussi faux que Morathi lorsqu'Aimine parle de cette foutue panthère de sa maîtresse. Ce n'est somme toute qu'un mince prix à payer, une pilule amère pour ne pas froisser la gérante de ce vaste manoir.

Je n'ai toutefois pas besoin de simuler devant l'énorme fresque d'Atharti accrochée au plafond. Il est toujours de bon ton de rendre hommage à la déesse chez soi, elle parmi d'autres, mais jamais de manière aussi monumentale. De plus, je dois le reconnaître, la peinture est d'excellente facture, même en ignorant sa taille. M'attardant quelques secondes de trop, Aimine le remarque, et me fait une proposition suggestive. Inattendue, mais à bien y réfléchir, pas foncièrement surprenant.
Un "temple des plaisirs" est une étape logique pour une maison close de luxe se revendiquant sous la protection d'Atharti.

Je hausse un sourcil, et répond d'un ton un peu plus sec que je ne l'aurais voulu.

- "Je vous remercie de votre proposition, mais j'ai déjà ma propre chapelle."

Et je continue de marcher, mettant fin à la conversation.

Après avoir traversé le petit, mais luxueux restaurant (où je n'ai pu m'empêcher de songer à l'auteur de tous les raids qui ont pu apporter tous ces artefacts dans ce même lieu), nous nous arrêtons devant une modeste porte, qui pourrait aussi bien être celle d'un couloir de service.
En entrant dans la pièce, je m'attends à trouver Nokhis. La surprise me fait tomber le masque une seconde, avant d'immédiatement me reprendre.
Bien sûr qu'une Drakilos ne pouvait pas venir à l'Oisellerie sans rencontrer la maîtresse des lieux. La Marâtre ne peut pas se priver du plaisir de fricoter avec le gratin de Karond Kar lorsque l'occasion se présente.

Malgré (ou peut-être à cause de) l'endroit insolite de discussion et l'attitude enfantine de Vyrin, je reste sur mes gardes. On ne devient pas la proxénète la plus en vue de la ville en se comportant comme une gamine, et les signaux contradictoires entre ce que je vois et ce que je sais d'elle et de son influence me fait l'effet d'une cloche cinglante dans mon crâne.

Mon malaise, que je tente d'impitoyablement étouffer, s'accentue encore sous l'invitation de Vyrin à rejoindre le lit, chose qu'effectue immédiatement Aimine. Incapable de m'allonger nonchalamment de manière similaire, mais ne pouvant sans l'insulter rester debout, j'opte pour le compromis et m'assied près d'elle, au bord du lit.
Je tente immédiatement de détourner son attention en prolongeant la conversation.

- "Je suis en bonne voie de rétablissement, si cela vous inquiète à ce point," répond-je avec un sourire que j'espère le plus sincère possible.

L'air pensive, je croise les jambes et mets les mains sur les genoux.

- "N'importe quel désir ? Vous n'auriez pas de quoi faire revenir les morts ? Ou un moyen de bien se faire voir des Dieux, hmmm ?"

Je secoue la tête avec un petit sourire ironique, autant pour clore le sujet que pour dissiper mes propres espoirs.

- "Qu'importe. Je ne suis pas là pour mon propre plaisir, mais pour celui de mon arrière-grand-mère. Elle demande à voir mon frère immédiatement, et vous savez que lorsque Sighi exige..." J'effectue un geste de la main mi-agacé, mi-amusé. "J'ai crû comprendre que Nokhis se plaisait grandement dans votre établissement, et je commence à comprendre pourquoi. Il doit néanmoins repartir avec moi." Je lance un regard en coin à Aimine avant de reporter mon attention sur la Marâtre. "J'espère que cela ne posera pas de problèmes. J'ai crû comprendre que votre sécurité avait... Gagné en minutie dernièrement."
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_akisha_drakilos
Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

En un instant, et sans aucune raison apparente, Vyrin coupa soudainement la parole à Akisha, et se mit à crier à toute vitesse en tapant sur le matelas de son lit :

« Je vous ai proposé à manger alors ne refusez pas ! C’est impoli ! Ne vous comportez pas en malapprise ! Namého ! »

Et claquant bruyamment des doigts, elle dit cinq mots en reikspiel :

« Toi, chercher manger ! Vite vite ! »

Et voilà que le blond grassouillet — probablement Helmut — se leva à toute vitesse avec une révérence pour quitter la chambre.
Vyrin souffla et envoya ses papiers voler en l’air dans tous les recoins de la pièce. Elle s’avachit contre son oreiller en croisant les bras, et en faisant la moue comme une petite fille grognon. Aimine commença à lui masser les pieds, en souriant.

« Sighi peut exiger ce qu’elle veut. Nous sommes loin de chez elle, ici. Allons, brave capitaine Akisha — j’ai entendu tellement d’histoires sur vous, vous n’allez pas me faire croire que vous obéissez diligemment à mémé comme une bonne petite-fille ! Non non non, j’ai passé de longs moments à fantasmer sur vous, vous n’allez pas décevoir mes rêves comme ça, vous n’oseriez pas ! »

Elle chassa la main d’Aimine d’un coup de pied, ramena ses jambes à elle, et voilà que la Marâtre se leva sur le lit à genoux, avant de glisser pour se retrouver juste à côté d’Akisha.
Un grand sourire, et elle pencha la tête de côté.

« S’il vous plaîîîît, vous voulez pas me faire un petit plaisir ? Racontez-moi une histoire de marin ! J’adore ça ! C’est magnifique, la Norsca, ça ressemble à quoi ? Avez-vous vu des animaux fantastiques durant votre expédition ? Des choses merveilleuses ? J'ai entendu tant de rumeurs. Maintenant j’ai envie de rêver un peu ! »

Et posant une main sur celle de la fille Drakilos, elle amena ses lèvres devant son oreille pour chuchoter d’un ton sulfureux.

« Ne prononcez pas vos désirs à la légère et de vive voix, par contre. Vous ignorez le pouvoir des syllabes… Je réponds à tous les désirs. Si ramener des morts à la vie est vraiment ce que vous souhaitez… »

Et elle gloussa de plus belle.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

La réaction de Vyrin me prend au dépourvu. Contre toute attente, elle se comporte véritablement comme une vraie gamine. Mais une gamine qui me drague. Dont la servante lui masse les pieds comme une amante.
Non, dépourvu est encore un peu faible. Megeth serait sans doute bien plus à son aise que moi ici.

Je me rends compte que mon sourire s'est figé depuis que cette excitée a lâché le mot "fantasmer". Je corrige immédiatement pour adopter une moue plus neutre, en espérant silencieusement que la patronne de ce tripot aime tellement s'écouter parler qu'elle ne s'en est pas rendue compte. J'ai comme l'impression qu'Aimine l'a bien remarquée, elle, mais Vyrin lui tourne le dos.

Toute cette confusion est néanmoins rapidement balayée lorsqu'elle se met à déblatérer sur la Norsca. Je me sens d'un coup envahi par des visions, des bruits et des odeurs.
L'air salée de la côte. L'humus des forêts. Les grandes plaines.
Les cris gutturaux des mon-keighs. Le bruit de la chair qui se déchire. De ma chair qui se déchire. Le regard foudroyant de ce guerrier de métal. Le regard larmoyant de mon père.
L'odeur de crasse animale de Fereoth. Le bruit de la gifle qu'il me donne. L'eau glaciale de la rivière.
Le regard de mon père.

Ça me submerge en un instant, emporte tout sur son passage, et me laisse vidée. J'ai l'impression de prendre cinq ans et de perdre dix centimètres. Tout ça, au fond, je ne l'ai jamais digéré. Je pensais m'en être tirée à bon compte, mais tout ce cirque dans ma petite résidence isolée avec Rekhilve, c'était juste pour oublier. Jamais, jamais je n'ai vraiment essayé d'y faire face. Et il suffit d'une pauvre cruche surexcitée pour me laisser comme une coquille vide, à la simple mention de l'endroit.

Je me rends compte que le silence se prolonge, au point d'en devenir gênant. Perdue dans mes pensées, elles ne comprennent pas pourquoi je mets si longtemps à répondre.
Et pourquoi le comprendraient-elles ? Elles n'ont pas vu leur père se faire retourner de l'intérieur comme un vulgaire lapin.

- "La Norsca," réponds-je. "Ce n'est pas un pays de rêve. Ils y meurent, là-bas. Les rêves."

Je pose l'index sur ma joue gauche, écorchée.

- "J'y ai perdu ça. Mon équipage, ma Marque, ma dignité, mon respect. Mon père. Et mes rêves. Oui-da, ils ont eu le temps de crever lentement, douloureusement, avec tout le raffinement qu'un tortionnaire est capable d'offrir." Je ponctue d'un grognement ironique. "La Norsca, c'est l'enfer. Ce qui s'approche le plus du Mirai. Étonnant que je n'y ai pas croisé la Reine Pâle, d'ailleurs."

Je prends soudainement conscience de la proximité physique de Vyrin, de sa main sur la mienne. Ça m'est insupportable. Je me lève.

- "Je sais les histoires qui courent sur moi. J'ai beau ne pas aimer les intrigues de cour, pas besoin d'être Malékith pour voir le bal des faux-culs qui me lancent leur plus beau sourire, avant de siffler dans mon dos." Je renifle. De dépit ou de méprise, je ne sais pas. "Je les emmerde. Ils n'y étaient pas."

Je me tourne brusquement vers Vyrin. Maintenant que j'ai enfin craché ma bile, il est temps de changer de sujet.

- "On vous colle beaucoup d'histoires, à vous aussi. Vous êtes forcément au courant." Je me rapproche d'un pas. "Mais vous cachez bien votre jeu. Aucune ne m'avait préparée à cette rencontre." Encore un. "Que voulez-vous de moi ? Et pourquoi ?"

J'abaisse mon visage vers celui de Vyrin. S'en serait presque intime, mais mon regard balaye toute ambiguïté.

- "Pourquoi tant d'intérêt de l'illustre tenancière de l'Oisellerie ?"

Elle voulait mon désir. Elle l'a.
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
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Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
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- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Vyrin demeura bien silencieuse durant la réponse d’Akisha — silencieuse, mais attentive. Loin de s’émouvoir lorsqu’Akisha se relevait, elle se contenta de s’allonger de côté, en l’observant bien tout droit, cherchant ses yeux sur lesquels porter son regard.

Elle n’eut pas la moindre réaction alors que la fille Drakilos revenait tout près d’elle. Elle se contenta de papillonner des cils, et de tourner la tête de côté, un peu en arrière, comme pour offrir son cou. Et c’est avec une toute petite voix de fausset qu’elle répondit.

« Je suis intéressée par les gens intéressants — je suis une jeune femme qui s’ennuie très vite. Vous vous êtes présentée chez moi, il aurait été fort impoli de ma part de ne pas vous inviter à monter me voir. »

Petit sourire en coin. Akisha n’était pas sotte, elle comprenait bien le second niveau de langage qu’elle employait ;
Elle reprochait en fait à la fille Drakilos de ne pas avoir demandé à se présenter sitôt qu’elle pénétrait ici.

« Allons, brave guerrière, moi je la trouve très charmante votre cicatrice — elle vous donne un bel air… En plus, vous allez pouvoir inventer mille histoires différentes sur la manière dont vous l’avez reçue. J’adorerais que vous me les contiez en les soufflant dans mon oreille… »

Alors qu’elle s’obstinait à lancer ses remarques fort courtisanes, Aimine devait se sentir de trop. La petite Elfe aux jambes nues se leva du lit, et c’est quasiment sans aucun bruit qu’elle fit une sortie à la Bretonnienne. Vyrin remarqua le départ de sa servante en l’observant du coin de l’œil, mais l’ignora très vite.
Ne restaient plus dans la pièce qu’elles d’eux. Et les meubles, bien sûr. Une humaine à la peau noire, en robe, entra en portant un plateau d’argent sur lequel se trouvaient deux verres en cristal, et derrière elle un grand humain musclé et torse-nu avait entre ses mains une bouteille de vin fermée. Mais les esclaves ne comptent pas vraiment comme des individus.

Vyrin ricana, et se rallongea à nouveau sur le dos en s’écartant pour laisser de la place à son invitée.

« Je ne suis pas sotte, je sens que je vous mets un poil mal à l’aise. Vous pensiez pouvoir juste venir chercher Nokhis, le tirer de mes griffes », fit-elle en regardant ses ongles, « et rentrer tranquillement chez vous.
Si vous êtes décidée à ce que nous en restions là, il n’y aura pas de souci. Mais je dois vous avouer que je trouverais ça très, mais très triste. »


L’humain torse-nu enfonça le tire-bouchon dans la bouteille, et se mit à tirer pour la déboucher. Il empestait le parfum. En fait, dans tout le paysage sensoriel, c’était bien l’odorat qui était le plus agressé — tout ici avait un parfum, agréable certes, mais qui prenait bien à la gorge et picotait les narines.

« Allez, qu’est-ce que j’attends de vous ? Rien d’impressionnant. Venez vous avachir ici. Quels humains trouvez-vous plus jolis ? Quelle musique appréciez-vous ? Qu’est-ce qui vous ferait plaisir de manger ?
Je veux juste passer un peu de temps avec vous, n’avez-vous pas envie d’en passer avec moi ? »

Et elle prit la voix triste d’une amante apeurée à l’idée d’être éconduite.

Jet de résistance : 16, échec.

Tu souffres d’un malus temporaire : Apaisée — Pour une étrange raison, tu as très envie de t’allonger et de te calmer. Toute action physique ou violente se fera avec un -2.

Jet d’intelligence : 13, échec
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

Aux propos de Vyrin, je penche la tête et croise les bras pour me donner une contenance. Bien que je ne lui avouerai certainement pas, je me sens plus détendue, à savoir qu'elle a conscience de mon malaise. La bête est tenace, mais à le mérite d'être directe.

- "Ravie vous l'entendre dire. J'ai connu une petite sotte qui n'avait pas autant de jugeote," dis-je avec amertume. J'ai un souvenir toujours vivace malgré les décennies de la moue perplexe de Fereoth à une déclaration aussi brouillonne qu'enflammée. Au moins est-il mort, maintenant.

Je tourne la tête au son sec d'une bouteille qu'on débouche. Derrière moi, une femelle mon-keigh en robe, et un grand mâle torse-nu, tous deux aux yeux bandés d'un fin tissu, l'un avec une liqueur, l'autre avec des verres finement ouvragés. Mais ce qui me frappe, ce n'est pas l'odeur d'alcool, mais un parfum lourd, agressif.
Deux bouffées suffisent à me prendre à la gorge. Un chatouillement au nez me fait distraitement porter le doigt au-dessous des narines ; j'en retire un liquide clair, presque transparent. Ma crise a repris, mais mes poumons ne s'affolent pas.
En fait, le parfum devient presque... Désirable ?

À sentir ainsi mon corps engourdi, mon esprit rue comme une jument affolée. L'air de rien, je m'éloigne de l'esclave et de son parfum, aussi loin que la décence m'y permet. Ce faisant, je contourne le lit, espérant que Vyrin ne mésinterprète pas mon geste. Je jette un sourire paresseux à Vyrin, qui me sourit en retour. Bien, qu'elle pense le poisson ferrée.
Cet oreiller devient malgré tout diablement séduisant, et j'ai comme le sentiment que le temps ne joue pas en ma faveur.

Il convient d'agir rapidement avant d'être totalement engluée. Je saisis la main de Vyrin, me demandant si je ne fais pas une énième connerie.

- "J'apprécie votre franchise, aussi vous ferais-je la même faveur." Avec mon autre main, je redresse une mèche, me claquant discrètement un coup de paume à la tempe, pour chasser les vicieuses brumes qui s'immiscent dans mon crâne. "Comme vous l'avez deviné, mon malaise vient cette situation, que je n'avais guère vue venir. Mais aussi d'un élément que vous ne pouvez savoir."

Je comprime brièvement la main de Vyrin entre mes doigts.

- "Comme je l'ai dit à votre secrétaire lorsqu'elle m'a proposé les services de votre "Temple des Plaisirs", j'ai déjà ma propre chapelle chez moi. Et je n'ai pas l'habitude de courir plusieurs lièvres à la fois.

Lâchant la dextre de la Marâtre, je m'éloigne de quelques pas, creusant discrètement un peu plus de distance avec le mon-keigh parfumé. Je ménage mon effet encore quelques secondes, avant de finalement reprendre.

- "Mais cette relation n'est pas vouée à durer. Et j'aurais à la fois le temps et la liberté de reprendre là où nous nous arrêtons... Ce soir, conclué-je avec un sourire entendu.

Et avec un peu de chance, Khaine aura réclamer son dû avant elle.
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
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Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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Kehem, dit "Karond & Shoulders", traducteur du Karybde
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Vyrin gardait un sourire figé en coin. Elle observa Akisha, et papillonna des cils.

« Eh bien, eh bien, vous savez comment parler aux femmes. »

Il y avait un subtil mélange d’honnêteté et de sarcasme ; elle soufflait toutes les émotions à la fois. Et voilà qu’elle fit la moue telle une jeune fille, avant de se relever gracieusement en s’étirant comme un chat.

« Vous allez réussir à me faire rêvasser de vous ces prochains jours. J’espère que vous reviendrez bien vite. »

Elle passa un doigt sous le menton d’Akisha, et la dépassa pour s’éloigner en direction de la porte de la chambre.

« Allons voir votre frère donc, je vous ai bien assez mise en retard ! »



En mettant le nez dehors, suivant les pas de la Marâtre, Akisha eut la surprise de tomber sur des personnes qui se tenaient derrière la porte. Des esclaves, bien humains, et bien peu habillés, mais cette fois, il s’agissait de deux gros costauds immenses, portant un tas de bagues et de bijoux aux doigts. À voir leurs gueules patibulaires, l’un au crâne rasé et couvert de tatouages, l’autre à la gueule couturée de cicatrices, on pouvait bien deviner qu’ils n’étaient pas ici seulement pour être jolis et agréables. Il était heureux que la fille Drakilos ait décidé d’utiliser subtilement la diplomatie plutôt que la force — pas certain qu’avec ses petits bras, elle puisse lutter contre eux.
En tout cas, revenir dans le couloir était un changement d’air salvateur. En passant devant une fenêtre qui était ouverte, Akisha put dégager ses poumons et subir une grosse quinte de toux violente. Vyrin s’arrêta et se retourna, en demandant poliment si tout allait bien et si elle avait besoin de quelque chose — en réalité, tout allait beaucoup mieux pour elle. Elle ne se sentait plus aussi amorphe, tout juste un peu sonnée, alors qu’elle subissait un coup de sang.

La Marâtre s’approcha en lui offrant son bras, mais pas tant pour la soutenir que pour vite être soutenue ; elle se lova tout contre la corsaire, puisqu’il semblerait qu’elle n’avait pas été éduquée à respecter les distances physiques avec autrui.
Cette fois, au moins, Akisha était entraînée droit vers son but. Si bien sûr, Vyrin ne put s’empêcher de faire de longues descriptions de son manoir, de tel tapis offert par tel capitaine, ou de tel plat qu’on avait servi la semaine dernière, au moins était-il certain qu’elle se dirigeait vers Nokhis.



Comme si elle descendait dans des geôles, elle fit descendre des escaliers jusqu’à un sous-sol. Une petite porte dérobée en bois épais, gardée par Elfe en tenue de soirée, mais qui portait tout de même un joli cimeterre à la ceinture, s’écarta en ouvrant la porte pour les laisser passer. Vyrin chuchota quelque chose dans l’oreille de sa cavalière.

« Vous allez passer par les coulisses, et pendant ce temps, je peux demander à l’un de mes sbires d’aller faire rentrer votre voiture et vos hommes par l’arrière. Vous pourrez faire sortir Nokhis en toute discrétion. »

Il est vrai que c’était peut-être préférable à devoir l’entraîner sous la pluie, à travers la cour. La Marâtre lâcha Akisha au milieu d’un couloir étroit et fort sombre, ses pupilles de Druchii s’adaptant à l’environnement en quelques battements de paupières.

« La troisième à droite. Tâchez d’être discrète et de ne pas trop perturber mes autres invités, voulez-vous bien ? »

Et voilà qu’elle s’éloigna en allant chuchoter quelques messes basses à une Elfe pas trop loin.


Akisha remonta le couloir, seule. Elle entendit des rires dans la première entrée à gauche. En jetant un rapide coup d’œil, elle aperçut à l’intérieur une petite demi-dizaine d’esclaves en train de parler entre eux en reikspiel. Tous très beaux, et très minces, ils étaient devant deux coiffeuses et des miroirs, en train de faire du maquillage et changer leurs vêtements, pour se mettre à vêtir des corsets et des collants. Elle continua, et se mit à entendre cette fois-ci des chuchotements. Dans l’entrebâillement d’une porte à droite, elle pouvait entendre quelqu’un soupirer très fort. Un Elfe la regarda, et lui claqua la porte au nez — la vue d’une sorte de grande table un peu penchée ne lui donnait peut-être pas envie d’en savoir plus. Ou au contraire, quelque chose d’inquiétant, assoupi dans sa cervelle, venait de se réveiller.

La 3e à droite était une porte fine, qui ne fit pas de bruit lorsqu’Akisha l’ouvrit. Elle menait à une sorte de très grande pièce sinueuse, toute noire, où il y avait ici des tapis, et surtout, un tas de divans.

La plupart étaient vides. L’endroit où Akisha se trouvait était particulièrement désert. La secrétaire n’avait pas menti — avec le barrage devant, et des grilles closes, il n’y avait pas foule ce soir. Mais il y avait de la musique. De la vraie musique. Une mélodieuse jouée à la harpe, qui résonna dans les oreilles de l’Elfe, un peu plus loin au fond de la pièce.
Toute cette grande salle capitonnée, bien isolée et chaude, avait été étrangement bien pensée. Des sortes de paravents disséminés dans tous les sens, et réemployables à l’infini, permettaient de constituer des sortes de petits « îlots » discrets, tandis que des portes presque imperceptibles comme celle par laquelle elle était entrée servaient à des serviteurs d’aller-et-venir sans troubler quiconque. La salle formait une sorte d’arc-de-cercle, autour d’une estrade, qui était le seul endroit illuminé, des centaines de bougies au sol et au plafond servant à éclairer une personne qui était assise par terre, les jambes croisées, autour d’une harpe.

Une chante-lune.
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Une Asur — parce qu’Akisha n’était pas certaine de pourquoi, mais il était évident que cette Elfe était une Asur — baignée de lumière, était en train de chanter. Elle avait une voix difficile à décrire, tant ce n’était pas là un art avec lequel même une fille de la grande noblesse était habituée. Les Druchii des grandes familles sont riches, martiaux et puissants, mais tous souffrent d’un certain complexe d’infériorité assez difficile à admettre face à leurs cousins d’Ulthuan tant honnis ; ils se savent cuistres, et vulgaires face à eux.
Akisha reconnaissait les paroles que l’Asur chantait. Elles étaient sans importances — une histoire d’amour (Évidemment), et de nostalgie. Mais ce qui était impressionnant, c’était la façon que l’Asur avait de moduler sa voix et son intonation. Elle était capable de prendre une voix perçante, et aiguë, qui ne devenait pourtant pas insupportable. Et la seconde d’après, alors qu’elle faisait parler l’homme parti à la guerre, elle cherchait son souffle au fond de son ventre, et elle prenait un air rauque, grave, et pourtant tout de même sensuel. Et alors qu’elle chantait, elle jouait avec des doigts exercés sur sa grande harpe — et Akisha n’en croyait pas ses oreilles, c’était de la harpe qui n’était pas chiante.
L’Asur semblait adorer ce qu’elle faisait. Elle avait un grand sourire radieux, qui la rendait plus magnifique encore, tandis qu’elle collait sa joue à son instrument.

Akisha, un peu hébétée, tenta tant bien que mal de trouver Nokhis. Ça aurait dû être facile ; il n’y avait presque personne parmi les spectateurs. Un divan était bien occupé, un Elfe qu’elle ne reconnaissait pas avait la chemise ouverte, tandis qu’un humain mâle lui caressait le poitrail. Ce n’était pas en train ce qui était en train de produire la moindre émotion chez lui : il était avachi, les yeux exorbités au plafond, visiblement en transe.
Elle entendit, derrière un paravent, un timbre de voix qu’elle crut reconnaître. Elle tenta discrètement de s’en approcher.
Mais « discrètement » était un joli euphémisme. En réalité, Akisha se prit les pieds dans quelque chose (Quoi ? Mystère), s’affala sans se faire mal sur un gros coussin, et en se relevant, vit qu’un serviteur la regardait avec insistance. Se rendant probablement compte qu’il risquait de perdre ses yeux à ainsi dévisager une Elfe, il fit vite semblant de n’avoir pas vu Akisha se gameler et alla faire on-ne-sait quoi à une table.

Akisha continua de faire le tour, en se faisant remarquer par tout le monde, même par la chanteuse qui, elle pouvait le jurer, lui avait fait un clin d’œil, ce qui la fit immédiatement rougir — phénomène physiologique difficile à contrôler. À ainsi être très peu discrète, et à galérer à aller accéder à un fichu paravent, quelque chose d’horrible se produit.
Dans le noir, quelqu’un marchait derrière elle, la rattrapa, puis attrapa son poignet.

La fille Drakilos se retourna à toute vitesse. La main eut l’intelligence d’immédiatement la lâcher et reculer avant de se manger un énorme coup de poing bien mérité. Et elle se retrouva nez-à-nez avec une sale gueule beaucoup trop reconnaissable.
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Lokhir Fellheart, l’un des hommes les plus puissants de Karond Kar, et, à en croire Sighi, un gros emmerdeur récent de la famille Drakilos. Difficile de ne pas le reconnaître — il insistait pour porter son putain de masque doré vissé sur son visage toute la journée, et visiblement, même en soirée à l’Oisellerie, il ne pouvait pas s’en empêcher. Est-ce que c’était pour cacher une gueule pleine de cicatrices, ruinée par de l’acide ? Ou bien est-ce que c’était simplement parce qu’il était laid comme un pou ?
En tout cas, le voilà qui reculait, en gardant ses mains ouvertes près de son corps, comme s’il voulait se présenter comme faible et chétif. Pourtant, son emprise contre son poignet endolorissait encore légèrement Akisha ; il avait des putains de mains de combattant, il n’y avait pas trop lieu pour lui de soudain feindre l’élégance.

« Pardonnez-moi, ma faute… », fit-il en chuchotant, avec une petite courbette par-dessus le marché. « J’étais certain de vous reconnaître, Akisha Drakilos…
Quel plaisir inattendu de vous voir. C’est une toute petite soirée on dirait. »


En effet, à part eux deux, et l’Elfe en train de planer, il ne semblait y avoir personne pour profiter de la jolie Asur à la voix magnifique.

« Il va falloir m’excuser de vous aborder comme un Corsaire, j’ai pas trop l’habitude des bals. »

C’était peu dire.

« Cela vous ennuie de partager un peu de vin avec moi ? C'est rare de croiser des marins par ici. »

Et il désigna derrière lui un divan où un petit humain blond, musclé mais tout fin, patientait.
Charisme (+4) : 19.
C’est un échec auto, mais puisque tu as fait du bon RP (C’est exactement comme ça que Vyrin aime qu’on lui parle) je considère plutôt que c’est une réussite de justesse.

Tu perds l’état « Apaisée » et redevient normale.

Test d’acuité auditive (-2) : 9, échec de justesse ; tu penses savoir où est Nokhis.

Test de déplacement silencieux : 20, échec critique.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

Je réprime un frisson en voyant Vyrin enfin se lever. Je suis quitte pour une caresse sous le menton, mais c'est un petit prix pour la liberté.
Enfiévrée, je quitte la chambre comme l'on sort d'un bocal. J'ai comme l'impression qu'un bouchon de cire saute quelque part entre ma gorge et mes poumons. Une toux grasse et virulente, du genre à irriter l’œsophage et écorcher la poitrine, vient perturber la quiétude crépusculaire du couloir orné. À la sollicitude de la tenancière, je réponds par un moulinet du bras. J'en commencerai presque à avoir l'habitude, de ces expectorations. Du revers de la manche, j'essuie (de manière fort peu aristocratique, il est vrai) la morve cristalline et les gouttelettes de salive qui me maquille le museau.

Je relève vivement la tête, craignant une embuscade, encadrée par deux ombres massives, les malabars mon-keighs qui montaient silencieusement la garde tout le long de l'entretien. Cette fois-ci, je ne peux réprimer un frisson. "Non" ne fait visiblement pas partie du vocabulaire de la Marâtre.
Se méprenant sur mon tressaillement, Vyrin offre son bras. Je l'accepte.
Quelle erreur ! Le vrai piège était ici !

Nous devons offrir un drôle de spectacle. Vyrin, enroulée autour de mon bras tel un bébé sang-froid à son maître, et moi, raide comme un Garde Noir, pique dans le fondement inclut.
La Druchii que nous croisons après avoir descendu un interminable (impression sans doute subjective) escalier est vêtue d'une élégante robe émeraude, incongrument armée d'un cimeterre, au pommeau incrusté du joyau de la même couleur. Si elle se garde de pouffer devant nous, c'est sans doute à cause de sa patronne.
Lorsque vient le temps de nous séparer, je hoche vigoureusement la tête à sa proposition.

- "Je vous en saurais gré de guider mes hommes dans l'arrière-cour." Je continue avec un sourire en coin. "Et je tâcherai de ne pas perturber la sérénité des lieux."

Mon sourire disparaît bien vite, comme la petite troupe s'éloigne en froufrous et chuchotis par une autre porte. Me voilà seule dans un long couloir, accompagnée par des bruits sourds et une vague mélodie étouffée au lointain.
La curiosité me fait jeter un coup d’œil par les portes ouvertes au fur et à mesure de mon avancée. La première entrée révèle une scène intime, presque attendrissante s'il ne s'agissait pas de singes, de toute une troupe d'artistes qui se change en piaillant dans leur langue natale.
Je passe silencieusement à côté de portes fermées ou entrouvertes, d'où s'échappent des soupirs si légers que je ne sais s'ils sont de plaisir ou de fatigue. Je suis pris en flagrant délit de voyeurisme par un Druchii torse-nu et aux pupilles dilatées, qui ferme la porte devant moi après un moment terriblement long, où nous nous regardons en silence les yeux dans les yeux. Je tente de convaincre ma mémoire qu'il n'avait pas de sang sur les mains, que ses yeux éteints, et pourtant paradoxalement excités ne me font pas penser à Magnouvac, et que ce qui dépassait du sommet de la table penchée n'était pas des cheveux.

Je carre les épaules et continue ma marche. Je viens brusquement de me rappeler pourquoi je tiens ce genre d'établissement en horreur.
Nos cousins d'Ulthuan et les races inférieures disent volontiers que nous sommes une espèce cruelle. C'est vrai. Pourquoi le nier ? Nous ne connaissons que la crainte et la force. Comment pourrait-on décemment attendre d'un singe une loyauté sans peur quand des êtres supérieurs en tout point en sont incapables ?
Mais voilà où je trace ma limite. Ma cruauté sert un but. Je me rappelle des prisonniers que Magnouvac a torturé sous mes ordres en Norsca. Je ne regrette pas cet ordre. Je sais que Magnouvac tirait une jouissance morne et sadique de les exécuter, que l'action se suffisait à elle-même. Et, pour être honnête, je ne me rappelle que trop bien comment l'interrogatoire des deux thralls dans le campement où j'ai trouvé la Marque m'avait fouetté les sangs. Mais je ne le fais pas strictement pour le plaisir. Tout du moins, je veux m'en persuader.
Ce qu'il se passe ici, en sécurité, dans les salons feutrés de l'Oisellerie... Ça, c'est du vice, pur et simple. Loin de toute culture martiale d'un Druchii digne de ce nom.

Préoccupée par mes pensées, je suis d'autant plus surprise par ce qui m'attend. Le son provenant de la dernière salle reste étouffée jusqu'au dernier moment. Jusqu'à ce que j'ouvre la porte.
C'est une vaste pièce, au plafond bas, mais sans être oppressant. De confortables divans sont jetés un peu partout, à peine éclairés par quelques bougies, typiquement ce que l'elfe lambda s'imagine être un repère de fumeurs de Feyeyès.
Mais ce qui me serre la gorge, noue les tripes, qui me tenaille les cuisses, ce n'est pas ça. Ce n'est pas les quelques rares silhouettes dans la salle. Ce n'est pas la splendide Asur sur scène. Ce n'est pas les centaines de bougies disposées en arc-de-cercle autour d'elle, dont la lumière chaude fait jeu sur son corps, et l'entoure d'ombres fantasmagoriques. Ce n'est même pas sa voix surnaturelle.

C'est la mélodie, qui passe d'un son sourd à toute une richesse d'accords et de nuances, alors que j'entre dans la pièce.

Elle provient d'une bête harpe. Comment parvient-elle à faire ça avec cet instrument pour pisseuse d'Ulthuan ? Mystère.
Je titube maladroitement parmi les sofas, obnubilée par la chante-lune comme un papillon vers le feu. Je ne comprends pas. Alors que je me fraye péniblement un chemin, passe devant mes yeux des visages, des moments. Mon père, bien sûr. Radieux, quand il m'enseignait la voile dans notre petit canot. Nokhis et Megeth, quand nous étions encore assez jeunes pour chasser les esclaves en fuite ensembles, dans la forêt de l'île.
Ma mère, toujours sévère, mais vigilante.

- "Connerie...", balbutie-je, trébuchant sur quelque chose de mou.

Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Ça fait des années, des décennies que je n'ai pas rêvé de ma mère autrement qu'avec son masque funéraire, sur son lit de mort.
Ma vue se trouble. Ma rhinite reprend, le liquide transparent coule. Pourtant, lorsque je porte mes doigts sous mes narines, mon nez est sec.

- "Sorcellerie...", grogné-je de nouveau. Cette fois, je me cogne un peu plus haut, à la cuisse. Mes jambes, déjà fébriles, me lâchent. Je m'effondre sans douleur dans quelque chose, et me relève péniblement.

J'ai dû parler plus fort que je ne le pensais, puisque la chanteuse, tout en continuant sa mélodie déchirante, m'adresse un clin d’œil et un sourire (plus radieux encore, si cela est possible), me faisant rougir comme une vulgaire pucelle adolescente. Désespérée, je balaye la pièce du regard, cherchant le visage de mon frère. Ma vue me trahit, je n'y voit goutte. Fermant les yeux, et me fiant à mon ouïe, je crois reconnaître un timbre connu, derrière un rideau. Je m'apprête à me diriger vers le son.

Encore bouleversée pour une obscure raison par ce qui m'arrive, je n'entends que trop tard les pas derrière moi. Une main s'accroche à la mienne. Une main ferme et calleuse, de guerrier, de marin. La main me quitte immédiatement, avant même que j'ai le temps de réagir.

- "F..." Je m'interromps à temps. Il est mort, pauvre idiote !

Me retournant, je distingue un contour de masque, reconnaissable entre mille. Je lève ma main du pommeau de mon cimeterre, qui s'y est posée par réflexe.
Lokhir, de la Maison Fellheart.

Ma cervelle ordonne aux muscles de mes lèvres de sourire, mais l'ordre ne passe pas. La mélodie de la chante-lune a tout brûlé sur son passage.

- "Maître Fellheart. Quel endroit improbable pour une rencontre."

À son euphémisme, je hausse les épaules.

- "Les corsaires abordent l'arbalète à la main, et le cimeterre entre les dents. Vous faites preuve de remarquables facultés d'adaptation," répondis-je, incapable d'adopter un autre registre que pince-sans-rire.

J'opine du chef à son invitation, m’assoit en ignorant son humain de compagnie et me verse sans attendre un verre, remplissant de nouveau celui du Cœur de Pierre avant de le lui offrir. Bien décidée à éloigner mes pensées de mes émotions, j'entame la conversation, et met les pieds dans le plat.

- "Comment va Kayeth ?"
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La blague pourtant dite d’un air sec, typique de l’humour Bretonnien, avait fait son effet ; derrière son ridicule masque d’or, Lokhir ricana, un peu bref, mais tout de même honnête. Il fit un signe et retourna vers son siège.

Il semblait bien mal à l’aise dessus. Loin de se vautrer et se prélasser comme Vyrin, il tenta plusieurs fois de se caler dans la soie et les plumes d’oies, afin de garder un air militaire. Il étira ses jambes, et les croisa l’une sur l’autre — il portait de sales bottes crottées, et un uniforme militaire qui faisait tâche dans ce magnifique endroit de luxe.
En fait, il était habillé exactement comme Akisha.

« Merci. »

Il fit un signe de tête alors qu’elle lui tendait un verre. Rien que le mot avait de quoi surprendre.
Il était rare qu’on dise merci à Akisha. C’était un mot rare dans le langage druhir.

Il se figea lorsqu’elle prononça le nom de Kayeth. Il leva son regard pour rendre celui de son invitée ; il l’observait avec ses yeux rouges.
Il posa une main sur son masque doré, et le retira.
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Il n’avait vraiment pas l’air aussi mystérieux sans cette face de kraken dorée. Histoire de rassurer — ou décevoir — Akisha, il n’avait ni cicatrices horribles, ni mutations, ni quelconque air horrible. Il avait un visage tout ce qu’il y a de plus commun, même jeune, même affable ; ça n’allait pas avec sa voix nasillarde. Lokhir n’avait pas une belle voix. Il était habitué à crier sur des Corsaires. Il n’avait pas le charisme de la magnifique Asur qui avait enchaîné sur une autre chanson, tout aussi douce et romantique.


« Le quartier-maître Kayeth va très bien. Il m’a raconté tout ce qui s’est passé en Norsca. Ce que vous avez fait sur le pont. »

Et ça y est. C’était reparti. Akisha allait vivre jusqu’au restant de ses jours avec le souvenir ce qu’elle avait fait. De son erreur. De la mort de ses hommes, de son amant, et de son père.

Lokhir leva le nez, et la regarda droit dans les yeux. Et il parla avec une petite voix, polie, et rauque.

« J’ignore à quel point mon avis vous importe. Mais si j’avais été à votre place…
J’aurais fait exactement la même chose. »


Il posa le verre à sa bouche, le huma un petit peu, puis, il eut un petit soupir, alors qu’il se mit à parler un peu dans le vide.

« Bien sûr les gens qui n’étaient pas là à votre place, ils auront tous leur opinion à ce sujet ; Ils auraient fait ci et fait ça, ils auraient agi plus vite ou plus prudemment, ou ils auraient été plus forts, ou plus malins, ou… Ou peu importe, en fait.
Vous aviez tout contre vous. Des singes vous ont tendu une embuscade. Ils ont essayé de jouer sur vos émotions. Et donc ? C’est quoi votre faute, dans cette histoire ?
Vous auriez ramené votre père en vie, on vous aurait pris pour une héroïne. Vous n’auriez pas tout fait pour le sauver, on vous aurait accusée d’être une intrigante traître.
Des tas d’enculés qui n’ont pas été à votre place, dans vos bottes, vont vous juger et vous jugeront éternellement. Mais sachez que moi, j’ai été à votre place, pour de vrai.
Des fois, à la guerre, on échoue. Des fois, des gens qu’on aime — j’ai pas peur d’utiliser ce mot, moi — meurent. C’est horrible.
On ne retient que mes victoires. Je les mets en scène. Mais… Les défaites… ça reste. Là. »


Et il tapa sa cage thoracique, là où battait son cœur. De pierre, prétendument.

Il soupira. Et avala une gorgée de vin.

« Elle est magnifique, pas vrai ? »

Il fit un signe de tête vers l’Asur.

« C’est pour elle que je suis là. Je suis venu avec elle. J’aurais aimé plus de spectateurs à lui offrir. Plus que ce… Sale porc, là. »

Il désignait évidemment le drogué en train de se faire tripoter.

« Vous n’avez pas la tenue pour l’Oisellerie non plus — encore que ça vous va très bien, si vous acceptez les compliments — est-ce que je pourrais savoir pourquoi êtes-vous ici ? Ou est-ce trop privé ?
Si c’est trop privé j’insisterais pas. J’aime juste faire la discussion. »
Jet de charisme (Bonus : +2) : 11, réussite
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

Contrairement à Fellheart, je ne fais pas l'effort précaire de rester droite sur mon pouf. Ne vous y méprenez pas : je ne me vautre pas dans le luxe comme d'autres, mais m'efforce simplement de trouver une position confortable sans être ridiculement et voluptueusement étalée, comme l'une de ces représentations d'artiste d'Atharti, ou ses fades reflets trouvables chez les esclaves de lit, de l'Oisellerie ou d'ailleurs.

Je me contente de l'écouter monologuer un long moment sans rien ajouter, le visage neutre. Difficile de cacher ma curiosité après qu'il ait enlevé son masque. Plus difficile encore de camoufler ma fascination envers ses yeux d'un rouge surnaturel, d'autant plus que son visage n'a aucune difformité. Il est même plutôt harmonieux.
Quel mauvaise farce du destin d'avoir une voix aussi peu accordée à son physique. Impossible de changer ça par un simple masque.

Après qu'il eut fini de parler, je reste un certain temps à fixer mon verre, les yeux dans le vague. J'ai l'impression que la chante-lune a recommencé la chanson m'ayant accueilli dans l'alcôve, mais je me rends compte sur le tard que c'est mon inconscient qui la fait tourner en boucle dans ma tête. L'effet me donne comme un électrochoc, et les notes plus joyeuses rentrent enfin dans mes oreilles.
Je repose mon attention sur Fellheart, pesant mes prochaines paroles.

- "Maître Fellheart..." Je reste bêtement la bouche ouverte, me ravise une fois, deux fois, avant de pencher la tête et de me résigner à abandonner tout artifice. Soit vous êtes un menteur exceptionnel, doublé d'une langue de velours, soit votre réputation de "Coeur-de-Pierre" est terriblement surfaite. Dans les deux cas, je comprends pourquoi vos hommes vous suivent."

Je remue un instant le liquide vaporeux au fond de mon verre, avant de me décider à le vider. Je reprends.

- "Dommage que la politique de Karond Kar soit ce qu'elle soit, et que nos deux familles soient rivales. Je pense que nous nous serions bien entendu, autrement."

Je me racle la gorge et pose mon verre un peu brutalement sur un plateau, comme si l'aveu venait de physiquement me coûter. Peut-être bien est-ce le cas. Après tout, c'est à l'encontre de toutes les règles politiques inculquées dès l'enfance chez la noblesse Druchii, de parler aussi franchement. Mon arrière-grand-mère me collerait un magnifique revers droit si elle me voyait à cet instant.

- "Je viens chercher la coque creuse qui me sert de frère. Je ne suis pas une assidue de ce type d'établissement." Je me frotte négligemment les mains, comme s'il démangeait à mes doigts de se poser sur du bois rendu rugueux par l'air salé. "Je préfère l'océan."

J'indique du doigt la chante-lune et l'accompagne d'un coup de menton.

- "Cela dit, j'étais loin de m'imaginer trouver... Elle, en venant ici." Je la regarde quelques instants en silence, avant de continuer. Oui, magnifique de bout en bout. Je n'aime guère la musique Asur, en général. Mon père m'a transmis son goût des musiques de parade," dis-je avec l'ombre d'un sourire. "Alors les flûtes, les harpes et les chansons d'amour pour princesses en atermoiement..."

Je lance un dernier coup d’œil à l'Asur avant de reporter un regard insistant à celui qui l'a apporté ici.

- "Mais il y a plus que ça, avec elle, pas vrai ? Elle a la harpe, la voix, ces chansons niaises. Et puis ce... Truc." Je baisse les épaules, capitulant dans ma recherche d'identifier cette sensation. "Ce n'est pas comme d'habitude."
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_akisha_drakilos
Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
Image

Kehem, dit "Karond & Shoulders", traducteur du Karybde
Annexe de la Fée sur Karond Kar

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