[Akisha] Tendresse

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Par delà le Grand Océan, bien à l’ouest du Vieux monde, se trouve le continent de Naggaroth, terre des sinistres Elfes Noirs. C’est une région aride et sauvage que les rayons du soleil réchauffent rarement, tant la couche nuageuse y est épaisse, et de terribles tempêtes s’y déchaînent régulièrement.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Roh putain. »

Il n’y avait aucune colère dans la voix de la matriarche ; Plutôt un soupir agacé. Elle posa sa main sur son front afin de couvrir ses yeux, tandis que son arrière-petite-fille était incapable de faire semblant de lui donner une réponse.

« Tu es très fatigante, Akisha.
Si ce n’est pas une comédie, tu as intérêt à aller rendre visite à Magnouvac. Si ça en est une, je te prie de bien vouloir te reprendre le plus vite possible. »


Par instinct domestique, un des esclaves quitta son alcôve pour venir aider la Druchii ; une main gantée serra son épaule et l’en dissuada aussitôt. Rekhilve se pencha, et se dépêcha de relever sa compagne tout en lui rendant le pochon contenant son médicament.
Sighi suivait derrière, les mains ouvertes.

« Hé ? C’est quoi ces conneries ? »

Une main dans le dos, Rekhilve inclina la tête et répondit à sa place.

« Un simple épisode de toux. Ça lui arrive assez peu souvent, mais quand ça arrive…
– Hmm.
– Pardonnez-moi, elle a besoin d’air ; Vous n’avez plus rien d’important à lui dire ?
– Si, mais ça attendra. »

La matriarche chassa l’air avec dédain, et retourna vers son bureau. L’Ombre servit de béquille pour quelques pas, mais le traitement de Magnouvac fit bien vite effet. Sitôt sortie de la pièce, Akisha pouvait sentir ses poumons se dégager, et si son cœur battait encore à toute vitesse, elle retrouvait un rythme respiratoire normal.



Rekhilve accompagna son amie jusqu’à une grande terrasse en extérieur. Dehors, il faisait chaud, lourd et humide, et il y avait de gros nuages noirs qui versaient une fine averse annonçant une tempête bien plus grave. Assises sur deux chaises autour d’une petite table, un esclave leur amena à chacune une coupe de framboises glacées, et elles pouvaient tranquillement manger à la cuillère en profitant du spectacle des harpies lointaines qui dansaient à contre-jour.
Les bottes étendues sur la rambarde, l’Ombre demeurait assez peu loquace — mais Rekhilve n’était pas le genre de femme très causante d'ordinaire. C’est une fois sachant son amante plus à l’aise qu’elle se décida de parler.

« Une sacrée femme, Sighi Drakilos. Je sais pas pourquoi, j’imaginais pas une noble avoir…
Je sais pas comment dire. Son vocabulaire quoi. »


Elle regarda Akisha, et elle lui offrit un sourire.


Après quelques minutes toutes les deux, le traducteur un peu trop proche des Drakilos fit irruption sur la terrasse. Kehem s’avança sans aucune gêne vers les deux dames en train de parler, et, debout devant la table, il se mit à piailler à voix basse avec un ton étrangement paniqué.

« Megeth a un problème.
Votre frère Nokhis, il… Il est demandé par Sighi, et il n’est pas là. »


Rekhilve leva un sourcil, tandis que le pauvre Kehem, tiré à quatre épingles dans son costume tout neuf, avait un tic nerveux des lèvres.

« Nous pen-… Enfin, elle, Megeth, pense qu’il est à l’Oisellerie. C’est… Une situation assez gênante. Seigneuresse Sighi n’aime pas demander quelqu’un et ne pas être obéie.
– Tu m’étonnes. »

Kehem foudroya l’Ombre du regard. Mais Kehem étant Kehem, il ne trouva pas le courage de rétorquer quelque chose, et préféra simplement l’ignorer.

« Megeth voudrait savoir si vous… Si vous étiez disponible pour aller chercher Nokhis…
C’est que… Il faudrait le faire assez discrètement. Rapidement, mais, discrètement.

– Je savais pas qu’Akisha était voiturière. C’est nouveau ça. »

Agacé, Kehem lui montra un bout d’incisive. Mais cette fois, il lui fit bien un geste de tête.

« L’Oisellerie est un club exigeant. Tout le monde ne peut pas y entrer — Megeth ne peut donc pas envoyer un simple garde de mesnie pour aller chercher son frère. Mais elle ne peut pas y aller seule non plus, pas depuis qu’elle est héritière.
– Oui, elle faut qu’elle entre par la petite porte.
– Rekhilve, s’il te plaît !
Bon, dame Akisha, je veux dire… Vous, si vous vous présentez, on vous fera entrer sans aucun souci, on vous recevra même très amicalement, et alors vous pourrez trouver Nokhis, et, disons… Eh bien, le ramener ici. »


Rekhilve ricana, et leva les yeux au ciel.

« Sans vouloir te vexer Akisha — c’est une princesse ou quoi, ton frère ?
Sérieux, Sighi elle est terrifiante, il court sur les nerfs à Megeth. D’ac. Mais c’est pas ton problème cette affaire ? Si Sighi ça la fait autant chier, elle a qu’à demander à ses sbires de le ramener de force.
Avec ses jambes, y a juste à le porter.

– Comme j’ai dit, on ne laisse pas n’importe qui entrer. Et Nokhis ne veut probablement pas que des serviteurs de la famille Drakilos viennent.
– Alors il y a qu’à débarquer de force. C’est pas une prison l’Oisellerie, si ? »

L’Ombre tapota sur la table.

« Tu te souviens de ta subalterne, là — Vateci Tullaris ?
T’as qu’à changer ta robe pour une armure, aller la chercher, et on débarque à l’Oisellerie avec une demi-douzaine de Corsaires. Tu pourras tirer ton frère par le col et peut-être que Megeth et Sighi comprendront que t’es pas revenue à Karond Kar pour juste servir de messagère. »


Kehem fit les gros yeux, et prit sa petite voix plus paniquée encore.

« L’Oisellerie n’est pas un simple lupanar mal famé ! L’établissement reçoit des gens importants, des enfants de la famille du Prince !
Dame Akisha, on a besoin de quelqu’un de prompt et discret, Megeth ne vous prend pas pour une sous-fifre — elle sait que vous êtes quelqu’un d’efficace sur qui elle peut compter !

– L’Oisellerie, ça a pas des liens avec la Pègre ? Ils risquent de mal prendre le fait que tu fasses sortir Nokhis contre son gré. En ramenant des gars armés, t’es sûre que ton frérot pourra pas juste te dire non. »

Une dose du remède de Magnouvac retirée de l’inventaire. Tu seras tranquille pour à peu près quatre heures.
Tu es maintenant somnolente.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

J'inspire une pincée de l'infâme poudre dans mes narines, et tousse de plus belle lorsqu'elle atteint mes poumons. Mes convulsions baissent toutefois en violence et en régularité, jusqu'à cesser presque tout à fait. M'appuyant sur l'épaule de Rekhilve, je me relève en grognant et me tient devant la matrone, les genoux tremblants.

Le renvoi par Sighi me soulage, mais je m'efforce de le cacher et me retourne aussi sec pour quitter la pièce. Je viole au passage trois conventions, quatre si on prend en compte la salutation exigée aux anciens Cavaliers Noirs, mais je n'en ai cure, et file en ligne droite vers la sortie, la robe souillée. L'Isaltau grimace en voyant ma belle robe blanche tâchée de sang et de morve, en se disant que tout ceci ne va pas me réconcilier avec les tenues de cour. Il a raison.

Rekhilve me raccompagne sans un mot dans ma chambre, où j'envoie voler ma tenue sophistiquée pour la remplacer par celle plus décontractée qui traîne dans une armoire. L'ensemble n'est pas sans rappelé la version terrien des "fringues d'une putain de matelot", mais qu'importe. Je n'ai plus l'esprit à plaire à la Vieille, et l'Isaltau Gilerien n'a pas intérêt à me chercher sur ce terrain après ce qu'il vient de se passer. Nous sortons ensuite sur une vaste terrasse, donnant sur un jardin privé inséré dans le palais. Des esclaves s'acharnent tous les jours à lutter contre l'inexorable humidité qui grignote cette maudite ville et qui, j'espère bien, finira un jour par l'engloutir. Au moins, contrairement aux jardiniers en bordure du manoir, rares sont les harpies à musarder dans cet espace qu'elles trouvent trop traître à leur goût. Celles qu'on peut voir d'ici préfèrent caracoler sur les toits.
Refusant de repenser à la scène d'il y a quelques minutes, j'observe attentivement le sorbet apparu devant moi. Je me sens flottante, le contrecoup de la poudre ocre, j'imagine. Mon esprit vagabonde, dissertant librement sur la qualité des couleurs vives et contrastées de la glace à la framboise. C'est finalement ma chère Ombre qui rompt le silence et le cours de mes pensées, après de longues minutes. À propos de Sighi, bien sûr. Mes lèvres expriment quelque chose, à mi-chemin entre la grimace et le sourire.

- "On est rarement soi-même lorsque l'on est en représentation. Et la politique ce n'est que du théâtre. Et de la réputation, mais ça, tu le sais déjà." Je repose mes yeux sur le sorbet, le touillant distraitement. "Bien peu de nobles sont 'entiers' au point d'être eux-mêmes en public. C'est le meilleur moyen de se faire tuer, en règle général."

Je m'apprête continuer, mais Rekhilve regarde par dessus mon épaule et se raidit. Derrière moi se tient Kehem, que je n'ai pas entendu arriver. Il se tient nerveusement immobile, son for intérieur semblant pris dans une lutte à mort pour éviter de se tordre les mains devant nous.

- "Kehem. Je ne m'attendais pas à vous revoir si vite," fis-je poliment.

Le secrétaire de Megeth me déballe tout ce qu'il sur le cœur du ton aigu qu'il a lorsqu'il est angoissé. Et voilà que Rekhilve et lui s'écharpent, avec moi au centre de la conversation, moi qui ait le cerveau embrumé par cette maudite poudre !
Au fur et à mesure que la conversation s'enfonce, je pose les mains sur mes tempes et baisse la tête pour mieux cacher ma moue décomposée, qui s'accroît à chaque phrase. Avant de finalement prendre la parole.

- "Mmmhgn. Silence. Je ne m'entends plus penser."

Les deux se taisent enfin et me regardent sans rien dire, dans l'expectative. Je les ignore, me massant les tempes en observant la coupe vide du sorbet.

- "Mieux. Bon." Je relève ma tête, clos encore les paupières quelques secondes afin de mieux rassembler mes esprits. "J'irai à l'Oisellerie. Pas pour Megeth. Pas pour Sighi. Mais parce que je veux voir mon frère."

Je regarde Kehem dans les yeux, le mettant au défi de me contredire par une énième flatterie maladroite. Il la garde pour lui.

- "Compte tenu de ce que j'offre à Megeth, elle me doit mieux que de me faire jouer sa messagère de luxe. Et Sighi..." Je garde le silence quelques instants, tâchant de tourner une formule, avant d'y renoncer. "N'entre pas en ligne de compte."

Kehem écarquille les yeux devant ma déclaration. Je continue sans y prêter attention.

- "Je ramènerai Nokhis, mais je compte bien me faire remarquer. Pas besoin de débarquer avec une escouade en armure, le nom des Drakilos fera meilleur effet. Kehem, trouvez-moi quatre hommes. Des costauds, qui savent se tenir en société, mais qui obéissent vite et bien, sans hésiter. Armés, mais en tenue de ville. Que les gardes de l'Oisellerie ne croient pas l'on prenne l'établissement d'assaut. Kehem semble prêt à discuter, mais j'écrase l'opposition dans l’œuf. "Quatre, Kehem. Allez," dis-je, le congédiant d'un geste.

Il se précipite sans doute vers le bureau de Megeth pour tout lui rapporter avant de chercher ma garde. Fort bien. Désormais seules, je me tourne face à Rekhilve.

- "Tu restes ici." Ma déclaration fait bondir Rekhilve sur ses pieds, mais je continue, impassible. "C'est non-discutable. Hors de question que je t'emmène dans un endroit comme l'Oisellerie. La tenancière serait une ancienne esclave Asur.

Je me lève à mon tour et quitte la terrasse, en quête de l'Isaltau. J'ai besoin d'une arme qui sied à mon rang pour ce voyage. Je me retourne vers l'Ombre avant de nous séparer.

- "Va dans ma chambre et attend mon retour. Je te dirai bien de te faire discrète, mais," je lui souris affectueusement, "tu es une Ombre, après tout."
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_akisha_drakilos
Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Une ancienne Asur. Et tu crois sérieusement à ces conneries ? »

Rekhilve pouffa un peu de rire, tout en terminant de manger ses framboises en quelques coups de cuillère.

« Si tu veux que j’attende dans ta chambre, j’attendrai, pas besoin de te faire répéter. Mais Akisha, fait quand même gaffe. »

Elle se mordit la lèvre inférieure sitôt qu’elle avait prononcé la ponctuation de sa phrase — comme si elle regrettait ce qu’elle avait dit. Elle grimaça, et se reprit.

« …Enfin, je sous-entends pas que tu sais pas faire gaffe. Mais Karond Kar, c’est traître comme ville. Plus que le vide de la Norsca.
Toi et moi on sait gérer le froid et la steppe. La ville c’est… C’est d’autres conneries. »


Elle renifla. Après s’être relevée, elle resta bêtement debout devant Akisha, toute silencieuse. Quasiment hésitante.
Qu’est-ce que deux amants faisaient avant de se séparer ? S’embrasser ? Se lancer une phrase taquine ? Confier qu’on attendait le retour de l’autre avec impatience ?
Rekhilve ne semblait pas savoir trop comment faire. Alors, elle grogna et s’éloigna.

« Bon bah…
On s’revoit plus tard. »


Et elle partit sans se retourner.




Il fallut un certain temps pour organiser le départ. Quand bien même Megeth semblait pressée, la demande de renfort d’Akisha dût bien être honorée par quelques allers-retours de diverses personnes. C’est uniquement après que Kehem soit allé quémander le consentement de la nouvelle héritière de la famille que l’Isaltau put ordonner à des gardes de mesnie de se changer et de se préparer à suivre la sœur aînée dans les bas-fonds de la cité aux Harpies.

Peut-être trois quarts d’heures plus tard, donc, Akisha fut invitée à retourner devant le manoir. Un garde alla lui confier une arme qui sied à son rang ; en réalité, un simple cimeterre qui aurait bien pu appartenir à un quelconque corsaire. Avec ses frusques peu notables, la Druchii aurait été facile à confondre avec n’importe qui en ville.

On confia bien quatre hommes qui avaient retiré leurs Kheitans et étaient descendus de leurs chevaux pour l’accompagner. En approchant d’un chariot aux portes ouvertes, elle découvrit que celle qui menait cette bande était la dame Vateci Tullaris.
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Je la remets parce que la dernière fois que t’as vu sa tronche c’était y a 14 mois.


Comparé à sa supérieure hiérarchique, la contre-maîtresse était chiquement vêtue. Une jolie robe rouge à manteau, décolletée sur la poitrine et liée par une ceinture à la boucle d’argent massive marquant très bien sa taille, et la gorge protégée par une grosse plaque d’acier couverte de dorures. Elle s’était maquillée, avec noir à lèvres et fard sur les paupières ; elle avait l’habitude de se faire belle en Norsca au milieu de matelots, alors forcément, à quai, elle se trouvait plus resplendissante encore. Surtout avec Akisha pour lui servir de faire-valoir.
Les trois autres soldats, tous des mâles, se trouvaient postés de façons bien irrévérencieuses — l’un était agenouillé par terre, un autre était avachi en train de fumer la pipe avec la main sur l’essieu du chariot. Aucun ne se mit au garde-à-vous au passage de l’aînée de Tevras. C’était le métier de Vateci de punir les fautes dans la discipline par le fouet qu’elle gardait sempiternellement à son côté droit ; visiblement, elle n’était pas décidée à accomplir son travail aujourd’hui.

« Salut madame. Votre garde du corps vient pas avec vous ? C’est singulier, un garde du corps qui protège pas votre corps ?
M’enfin…
On se reconvertit tous en service de voituriers, maintenant ? »


Madame. Vateci avait oublié d’appeler Akisha « maîtresse ». Sa semi-plaisanterie, pince-sans-rire, recueilli l’approbation de la troupe ; les trois Elfes grimaçaient un peu.

« Hathar, tu guides le cheval, tu nous amènes à l’Oisellerie.
– Hé… Ouais… C’est où, en fait ?
– Hathar, steuplé. Je sais que tu sais. »

Le prénommé Hathar écrasa le tabac au fond de sa pipe pour l’éteindre, et grimpa sur le banc de devant pour se saisir des rênes. Vateci claqua des doigts, et voilà qu’un autre s’arma d’une arbalète pour grimper à ses côtés, tandis que le dernier grimpait à l’intérieur de l’habitacle dont le bois craqua un peu sous son poids.
Restaient donc Akisha et la contre-maîtresse dehors. Tandis que dame Tullaris demeurait accrochée à la poignée de la portière grande ouverte, elle tiqua des lèvres et parla à voix basse.

« Bon. C’quoi le plan exactement, en fait ?
L’autre peigne-cul m’a dit que vous alliez chercher votre frère, d’ac. Mais vous attendez quoi exactement de nous ?
Si c’est pour entrer de force on va pas servir à grand-chose. Pas parce qu’on sait pas dérouiller des gens, nan. Mais Vyrin, la Marâtre, paraît qu’elle est pote avec les truands des bas-quartiers.
Si vous croyez que Malsydrior va répugner à se salir les mains avec du sang de Drakilos… J’pense que vous prenez un peu vos désirs pour des réalités.
Sauf votre respect, madame. »
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

La surprise de voir Vateci dans l'équipe est bien vite remplacée par un poing de glace et d'appréhension sourde noué dans mon estomac. Le rouge me monte aux joues, jusqu'à ce que mes émotions atteignent le point de bascule devant ses insultes calculées et répétées, laissant place à la rage.
Mes yeux s'étrécissent, mon corps se tend. Un vilain tic agite frénétiquement un coin de mes lèvres. Ces petits détails que tout noble qui se respecte s'efforce de cacher derrière un masque d'amabilité, je ne tente même plus de les cacher. Après tout, puisque je m'apprête à quitter ce monde d'intrigues, je peux bien me permettre de régler quelques comptes.

Saisissant le rebord de la portière, je la claque violemment vers l'intérieur. Une part perverse de moi-même espère voir Vateci s'y coincer les doigts. Hélas, ses doigts quittent la portière alors que celle-ci s'élance vivement. Avec un claquement retentissant, le carrosse se retrouve balloté de droite à gauche, attirant l'attention des trois hommes et de tous ceux présent dans la cour. Parfait, je compte bien faire un exemple. Frontal.

- "Je sais voir du respect quand il y en a, contremaître. J'appuie sans pitié sur son grade. "Je sais aussi que vous en êtes capable. Avez-vous la mémoire si volatile pour oublier vos ronds-de-jambe à bord du Karybe, il y a à peine quelques mois ?"

Je lance un sourire froid. Khaine, si je pouvais lui arracher le cœur avec les yeux, je le ferai ici et maintenant.

- "Ou plutôt, êtes-vous assez arrogante pour croire que, suite à mon échec en Norsca, je laisserai passer vos pathétiques et mesquines insultes soigneusement préparées ? Vous avez beau être habillez comme l'épouse du Drachau, vous n'en avez pas le dixième de tact et de finesse politique."

Je laisse flotter un silence de quelques secondes. J'espère bien que tous les yeux sont rivés sur nous.

- "Non, non, trêve de plaisanterie. Vous avez sans doute vos raisons de me détester et de m'en vouloir. Après tout, si vous êtes perdante, je n'y suis pas pour rien, n'est-ce pas ?" Je lui lance un autre sourire sans amitié aucune. "Mais si vous êtes incapable de vous comporter de manière professionnelle et de faire ce que votre travail de contre-maîtresse exige," continué-je en jetant un coup de menton en direction des trois sbires, "donnez-moi ce fouet et rentrez chez vous."

Ce faisant, je lui tend la main, la défiant d'y déposer son fouet et de tourner les talons.
Plutôt quatre que cinq avec un chien galeux. Plutôt seule que mal accompagnée.
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La contre-maîtresse eut un sourire complètement déluré après l’ordre de sa supérieure noble — peut-être parce que dame Tullaris était elle aussi irriguée de sang-bleu. Elle se mit à éclater d’un tout petit rire, et souffla les mots qui sortirent alors de sa bouche, en gardant son immense grimace hilare.

« Mais quelle pétasse !
J’aurais aimé vous voir plus résolue devant les Norses — En fait, je crois que j’aurais aimé vous voir rétorquer ça à Fereoth, juste avant qu’il se fasse buter pour vous. »


Elle attrapa le fouet à sa ceinture, et le cacha derrière elle.

« Vous devriez faire attention à ce que vous dites. Vous avez pas idée de comment beaucoup de gens crachent dans votre dos. Vous avez de moins en moins d’amis, et c’est important d’en avoir, des amis, quand on s’amuse à aller dans les bas quartiers de Karond Kar. Quand on va dans des coins moins… Sécurisés. »

Elle fit un pas en avant. Se colla toute droite devant Akisha, les mains toujours fermement liées derrière elles, le fouet tenu dans le dos. Et elle se pencha un petit peu plus, comme un corbeau qui observerait avec intérêt sa mangeoire.

« Vous voulez que je rétablisse l’ordre dans les rangs ?
D’ac.
Pas de souci.

Vous me feriez un petit bisou ? »


Sans bouger sa tête, le visage toujours dirigé vers sa maîtresse, la voilà qui tourna la rétine de ses yeux pour porter son regard à droite, puis à gauche, le long du grand terrain de la propriété. Cela sembla la satisfaire, car elle reprit.

« Personne regarde.
Allez, Akisha ; C’est comme ça que vous avez convaincu l’Ombre de traîner votre carcasse des jours à travers la Norsca, hein ? Aaw, vous auriez pu choisir mieux…
Allez, madame. Un bisou. Juste un tout petit bisou, pour commencer — vous êtes plus jolie quand vous êtes moins énervée. »


Et elle tilta le menton de côté, en gardant exactement la même position.
Intimidation d’Akisha (Bonus : Autorité (+2)) : 19, échec de 6
Résistance mentale de Vateci : 9.

Jet d’intelligence de Vateci : 9.

Bon bah. 'k.
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

Me voilà, hérissée d'orgueil et de fierté devant l'insolence de cette putain, progéniture d'une maison vassale ! Alors que je m'apprête à la congédier publiquement avec pertes et fracas, une idée soudaine me traverse l'esprit.
Mes épaules s'affaissent, ma tête penche de côté, mon corps se détend. Une lueur s'allume dans mes yeux, et je peux difficilement réprimer un sourire en coin, tant j'anticipe et savoure l'instant à venir.

Je m'approche de Vateci, la saisissant par le menton.

- "Peut-être bien que vous méritez un baiser, après tout."

Avant qu'elle puisse se douter de quoi que ce soit par mon ton, je glisse ma main de son menton à l'arrière de son crâne, saisissant ses cheveux par pleines poignées, et l'embrasse sur les lèvres. Nos nez se collent, nos yeux se retrouvent à moins d'un centimètre les uns des autres. Torride.
Je lis dans ses yeux un mélange de surprise devant mon volontarisme, et de satisfaction. Elle a gagné son pari. Elle domine.

Bien. Temps de mettre fin à la farce.

Je glisse subrepticement ma bouche vers le bas. La lèvre inférieure de Vateci se glisse entre mes dents. Ce qui commence comme un mordillement enjoué et amoureux bascule brutalement lorsque je mords sans retenue. Le regard rivé sur Vateci, je la vois écarquiller les yeux sous la douleur et l'incompréhension. Je continue de mordre plus profondément, sentant avec une satisfaction animale la chair se déchirer entre mes mâchoires. Le goût métallique du sang m'envahit, tandis que le liquide rouge ruisselle sur nos mentons respectifs.
Dépassant sa surprise, la contremaître, qui semble soudainement oublier être l'une des plus fines lames de Karond Kar, s'agite frénétiquement comme un vulgaire esclave pris au piège. Chaque ruade lui déchire un peu plus la lèvre, tandis que je maintiens fermement ma prise. Un vagissement paniqué, venu du tréfond de sa gorge, forme le fond sonore de la scène.
C'est le moment que je choisis pour tirer en arrière sur ses cheveux, la forçant à lever la tête vers moi. Le sang dans sa bouche dévale soudainement sa gorge, transformant le cri en gargouillis. Vateci se contorsionne et tousse sous la sensation de noyade dans son propre sang.

Je la laisse ainsi encore de longues secondes avant de finalement desserrer l'emprise, la rejetant sur le côté. La contremaître titube, se pliant en deux pour cracher le sang coincé dans son œsophage.
Je lui lance un sourire sanglant, les dents rougies, le menton et le cou rendus poisseux par son hémoglobine.

- "Merci contremaître. Je ne me sens plus du tout en colère. J'espère que vous me trouvez toujours jolie... Malgré les tâches."

Ce faisant, j'ouvre la portière du carosse et claque un grand coup de paume à la chambranle.

- "En route !"


Sous la juridiction de son Excellence la Reine des Fées
Morsure d'Akisha : Réussite automatique
Jet d'endurance de Vateci : 19

PSYCHO TIME
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
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Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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Kehem, dit "Karond & Shoulders", traducteur du Karybde
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Que l’objectif d’Akisha ait été un moyen réfléchi et calculé de ramener l’ordre parmi sa troupe, ou tout au contraire, un soudain coup de sang pour se venger d’une femme qui avait osé essayer de la rabaisser, le résultat était le même — une sacrée victoire. La blessure sur la lèvre de Vateci était profonde et ensanglantée, mais au final, pas si terrible. On aurait pu s’attendre à une riposte vive et directe d’une contre-maîtresse fine bretteuse et fort impulsive.
Ce ne fut absolument pas le cas. Dame Tullaris resta bêtement contre la roue de la voiture, respirant à toute vitesse, les yeux écarquillés. Elle n’avait pas du tout vu venir ça, et à présent, elle ignorait comment réagir.

La Drakilos n’insista pas et prit élégamment place, comme si de rien n’était. Ils avaient probablement tous assisté à la scène, mais aucun n'avait le courage de réagir dessus, même d'une seule pique sous-entendue. Ça se percevait clairement au fond des yeux des trois gardes de mesnie. Tous observaient leur chef, tout droit, avec cette espèce d’œil mi-inquiet mi-circonspect. Pourtant, aucun n’osa rien dire. Ils arrêtèrent bien vite de dévisager Akisha, scrutèrent chacun dans un coin comme s’ils étaient des sentinelles sérieuses, et il n’y eut aucun commentaire. Pas même une toux. Un silence royal.

On entendait bien en revanche les gémissements d’une Vateci qui réprimait des sanglots. Et du tissu qui se déchire. Elle était en train de panser sa grosse plaie due à la morsure. Finalement, elle réapparut, avec une toile qui entourait sa bouche, ses mandibules, et se nouait dans sa nuque. Elle avait la face maculée de sang et son beau maquillage qui coulait sous ses yeux, mais elle prit place dans l’attelage, et vociféra d’une voix cassante :

« Toi sourd, Hathar ? Elle a dit « en route ».
– Heu… M… Oui, maîtresse Vateci. Maîtresse Akisha. »

On entendit un claquement de cuir. Le dénommé Hathar frappa les deux canassons qui servaient à tracter le véhicule. Pour l’heure, les bonnes suspensions d’une diligence de qualité faisaient que le banc ne tremblait pas trop. Et tout le monde pouvait rester bien calme, à regarder les rues du beau quartier noble, tout en hauteur de Karond Kar.
Vateci, maintenant plus calme, et la voix moins à deux doigts de pleurer, recommença à parler.

« J’ai chargé des arbalètes automatiques dans le coffre, s’il y avait un problème. Le bois de la diligence est doublé — les carreaux peuvent pas le traverser. Par contre, les fenêtres c’est pas pareil.
Faudra vous coucher par terre si… Si quelque chose devait mal se passer. »


Comme à l’arrivée en début d’après-midi, le convoi passa en ce début de soirée devant de nombreux arrêts imposés par la garde urbaine. Presque tous les quatre pâtés de maison, il fallait que Hathar tire sur son cheval, qu’il parle avec la sentinelle en faction, et qu’on lève une barrière pour les laisser passer. Visiblement, le Drachau avait bien pris de grandes précautions pour éviter une guerre de rue ici.

Mais à mesure qu’ils descendaient vers la fange, l’ambiance changea du tout au tout…

En revenant ici, à Karond Kar, Akisha était restée le long du port. Le port de la ville est un lieu peuplé et agité, mais il y a pourtant une certaine sécurité qui s'impose. Entre les Furies qui viennent réclamer leurs dîmes, les hangars à bestiaux qui sont remplis à craquer, le hall d’agioteurs où l’on échange des valeurs et des promesses, c’est un lieu certes chaud et risqué, mais qui est aussi le lieu d'embauche et de travail de gardes, de sombretraits et de costauds à lames aiguisées. En temps normal, quand règne un ersatz de paix civile, ce n'est pas au port qu'on se met en danger.
Ce n’est pas non plus à l’Arsenal. Jusqu’à preuve du contraire, ce lieu était encore le fief personnel des Drakilos. Sous haute surveillance, certes, mais servi par des corsaires payés à la journée constamment sur le qui-vive et espionnés par les agents d’une Sighi paranoïaque — à raison d’ailleurs. Ce n’était pas là-bas qu’Akisha allait être forcée de craindre un assassin à chaque fenêtre ou près de chaque ruelle.

Mais Karond Kar est grande. Trop grande. Et le soleil commence à se coucher — heureusement tard, en ce printemps qui tuait l’hiver. Si seulement il n’y avait pas cette pluie qui recommençait à tomber par trombes, limitant grandement la visibilité…

Petit à petit, les rues commencèrent à devenir plus étriquées. Et moins entretenues, aussi. Un nid de poule dégoulinant d’eau enfonçait parfois une rue, provoquant une légère secousse pour l’équipage. Les corsaires baissèrent les rideaux des fenêtres après un claquement de doigt de Vateci. À gauche et à droite, il y en avait un pour jeter un œil au travers, tandis que Vateci se retournait pour observer tout droit, au-dessus de l’épaule d’un Hathar qui avait relevé sa capuche. L’eau dégoulinait de sa chape, alors qu’il devait se concentrer sur le chemin tout droit.

« Ici c’est plus le Guet qui dirige. C’est les hommes à Malsydrior Dents-Acérées.
Ils s’en prendront pas à une noble. Mais ils risquent de nous surveiller…

– Ils ont pas à savoir qui nous sommes, grommela un des soldats.
– Oh mais ils sont déjà au courant. »

Elle pointa du doigt à travers la fenêtre de droite. Il y avait, là, un bâtiment très large avec une grande et large porte coulissante — un atelier de tanneur, où des humains étaient en train de préparer du cuir en jetant leurs mains dans une bassine remplie d’eau bouillante, de produits alcalins et d’excréments. Il y avait, assis par terre devant, un singe qu'on avait autorisé de prendre sa pause. En chemise, les bras nus alors qu’il pleuvait des cordes, il regarda très, très longuement la diligence qui passait devant lui, la grande roue projetant de l’eau du bas-côté sur sa personne.

« Malsydrior a une vision un peu, disons… Libérale, de l’esclavage. On dit qu’il paye des Nains pour lui servir de garde-du-corps. Que c’est un Asur qui fait sa comptabilité. Des conneries de ce genre.
Il est certain que les singes l’aiment plus lui que leurs maîtres. Il en a, des yeux et des oreilles.

– Quelle idée notre Drachau a eu, d’utiliser des esclaves pour surveiller d’autres esclaves… Insista le même soldat.
– Les Surveillants-des-Chaînes sont juste un groupe parmi des dizaines d’autres groupes qui ont leurs propres intérêts et leurs propres intrigues. Les esclaves font déjà des crasses dans notre dos de toute façon. Un jour ou l’autre il faudra les écraser dans une rébellion, c’est inévitable.
La Marâtre… J’ai entendu tellement de choses sur elle. Et j’ai aucune idée de ce qui est vrai ou faux.

– Il paraît que c’est une sorcière, qui est encore liée aux Couvents.
– J’ai entendu dire qu’elle est l’amante de Lokhir Fellheart
, se permit même de rajouter un autre.
– Moi on m’a dit qu’elle est amoureuse de Malékith, et qu’elle raconte au Roi-Sorcier tous les secrets de l’aristocratie de Karond Kar.
Imaginez que toutes ces rumeurs soient fausses. Ou mieux : Imaginez qu’elles soient toutes vraies… »


Le Placître était un quartier tout bonnement dégueulasse. Les habitations semblaient délabrées. Tout était à la fois construit trop haut et trop biscornu ; C’est comme si on avait fait des maisons sur d’autres maisons, sans jamais raser les bâtiments qui étaient dangereux en cas d’incendies ou insalubres. C’est le souci, d’être la Porte des Esclaves. Karond Kar est la bouche de Naggaroth — tout y est jeté pêle-mêle. Dans le reste du Royaume de Malékith, nul doute que les esclaves n’avaient aucune liberté. Les carrières de pierre et les chantiers sur lesquels on les amassait étaient étroitement surveillés, car des problèmes avec les esclaves détruiraient la réputation de leurs propriétaires. Mais à Karond Kar, ce qui compte, c’est pas comment la main d’œuvre est utilisée — c’est juste qu’il y en ait, tout court. Surveiller et nourrir ces bestiaux était une tâche aussi terriblement coûteuse qu’impossible à satisfaire, surtout avec des agioteurs qui gagnaient de la richesse à jouer sur la spéculation d’esclaves. Inonder les marchés de Hag Graef ou Naggarond avec des singes, ça ne faisait les affaires de personne, ni Fellheart, ni Alethi, ni Drakilos — les grandes familles puissantes avaient conclu des accords de cartels très secrets et très illégaux entre eux, le genre qui mériterait bien quelques têtes coupées à offrir à Malékith, en réalité un lourd secret de polichinelle. Il n'y avait bien que les familles mineures pour tenter de les doubler en cassant les prix. Généralement, on cassait les genoux de ces nobles-là.
Quel était le résultat, de cette situation ?
Une cité turbulente et sans dessus-dessous où les Druchii étaient en sous-nombre, peut-être vingt esclaves pour un seul Druchii, et encore, c’était que pour les chiffres officiels basés sur les captures des Furies, qui sait ce qu’on pouvait décharger en contrebande ? En étant incapable de tous les mettre dans des cages, il avait été jugé plus efficace de juste transformer Karond Kar en cage géante. Pas besoin de forts ou de barrières pour ça — il y a les Harpies adorées qui s’en chargent. S’éloigner de la sécurité de la ville, c’était se retrouver coincé sur une île hostile et violente avec des prédatrices affamées qui volent constamment en l’air.
Coincés sur place, les esclaves se mettaient donc à construire leurs propres bidonvilles. Il y a des siècles, ça devait juste être des tentes. Puis ils se mettaient à squatter des immeubles que personne ne surveillait. Des vieux entrepôts abandonnés à cause d’un conflit familial. Ça avait forcément dû se faire lentement. Aujourd’hui, c’était devenu une vraie ruche, avec ses codes, ses commerces et même ses chapelles. On pouvait prier Sigmar à Karond Kar. Pas sûr qu'il dans le coin, en revanche.

Les esclaves que voyait Akisha par la fenêtre, ils avaient pas de liens, pas de colliers, personne pour les zieuter ou les fouetter. Ils marchaient tranquillement, s’écartant sans faire d’histoire au passage des chevaux. On aurait presque dit une ville de singes, puante, grossière et sale comme toutes les villes de singes devaient l’être à travers leur putain de continent de singes. Mais ces singes parvenaient à trouver à bouffer, de quoi construire des bâtiments, ils devaient se soigner quand ils tombaient malades, et ils s’amusaient à se reproduire entre eux pour faire d’autres petits singes quand on les regardait pas. Ils avaient, c’était obligé, la complicité de Druchiis pour parvenir à survivre, et même quasiment prospérer dans leur dépotoir répugnant. Où c’est qu’ils trouvaient autant de nourriture, sérieux ? Les singes ça aime bien manger, il leur faut trois repas par jour pour pas être casse-pieds à ces macaques.

Peu étonnant que tout Naggaroth exècre Karond Kar. La ville de toutes les opportunités était la plus attirante pour les petits roturiers pauvres qui voulaient s’enrichir en devenant Corsaire. Mais pour les aristocrates héritiers des nobles Naggarothi, il y avait dans cette cité de malades tout ce qui salissait un Elfe.



Malgré ce portrait immonde, il n’y eut rien qui mit Akisha en danger. Pas de charrette qui tombait soudainement sur la route pour qu’une douzaine de brigands surgisse depuis les toits et les fenêtres afin de la trucider. Le chemin jusqu’à l’Oisellerie se fit sans problèmes.

Et puis, étrangement, le décor se mit à changer. Ici, pour une raison inconnue, les rues devenaient plus propres, et il n’y avait plus cette boue qui recouvrait le pavé. Probablement qu’un édile avait fait bosser des esclaves ici. Facile de se dire pourquoi.

L’Oisellerie ressemblait même, tout autour, à un manoir de la petite noblesse. Il y avait un fin mur de pierre qui l’encerclait, haut de trois mètres. Pour y entrer, une grande double-grille bien large aux barreaux décorés de bronze — des petits symboles représentant des lettres de l’alphabet Druck Eltharin étaient forgés sur chacun. Un court chemin de cailloux blancs menait jusqu’à un grand bâtiment tout blanc, à côté duquel on voyait une serre, l’orangeraie du domaine, et puis, devant, des carrés d’arbustes qui délimitaient un jardin à la Bretonnienne. Quelques fontaines, flanqués de grandes statues de marbre blanc, de Dieux. Et il y avait, évidemment, une belle Atharti à moitié nue, allongée au-dessus de l’eau, qui possédait tous les attributs de l’idéal féminin Elfe ; très grande, svelte et maigre, les joues comme les côtes creuses, avec de longs cheveux qui tombaient jusqu'à ses cuisses.

Malheureusement, les grilles étaient fermées. Et derrière se tenaient quelques gardes armés d’arbalètes, derrière un tout petit muret de briques. Assez bas pour qu’ils se mettent à couvert derrière. C’était aussi élégant que protégé…

« Et meeerde.
Normalement, les grilles sont ouvertes. C’est pas fermé avec quatre sbires devant.
Enfin… Je saurais ça si je m’y rendais… Ce qui est pas le cas. »


Tout le monde regarda le soldat qui venait de parler avec un air dépité. Mais Vateci toussota.

« Moui. Bref.
C’est vrai que c’est pas net cette histoire…
On peut se présenter en diligence comme ça. Ils ont pas de raisons de ne pas nous laisser entrer.
Mais on peut aussi garer la voiture et vous pouvez vous y rendre pendant que d’autres restent là à monter la garde. Vous pouvez y aller seule. Ou avec quelqu’un qui vous tient un parapluie. »


Jet de rumeurs sur Vyrin : 16. T’es de l’avis de Vateci. On raconte tellement de trucs sur elle. Impossible de savoir ce qui est vrai ou non…
Jet de connaissances générales sur Karond Kar (+4) : 11. Tu es au beau milieu de la cité de Kowloon.

Jet d’observation de l’Oisellerie (Acuité visuelle : +1) : 19, échec automatique. Tu vois pas plus que ce que je t’ai décrit dans mon post.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

Le trajet jusqu'à l'Oisellerie est l'un des plus agréables que j'eus depuis longtemps. Je vois dans le regard de mes subordonnées quelque chose que je n'avais jusque là vu que lorsqu'ils regardaient mon père : de la crainte. De la peur. Du respect.

Je m'étale sur mon siège, me complaisant dans leur malaise et opinant aux remarques occasionnelles de Vateci, qui essaye désespérément d'éloigner le souvenir de notre confrontation en adoptant une attitude rigoureusement professionnelle.
Toutefois, même ma bonne humeur finit par s'éroder, à force de voir mes hommes se raidir sur les côtés, d'observer la pourriture du Placître à travers les rideaux, et pire encore : de voir tous ces esclaves qui pourraient aussi bien se promener en liberté s'écarter devant le carrosse au dernier moment, comme de la vermine. Cette impression révoltante de se trouver dans l'un de ces trous à rats pour mon-keighs, que l'on trouve de l'autre côté de l'océan.

Je ne vais pas souvent au Placître. En fait, de mémoire, je n'y suis jamais allé. Alors voir ça, ça noue les tripes. Intellectuellement, je sais bien que les Druchiis sont débordés par les esclaves. Il faut le nombre nécessaire pour faire tourner la machine, après tout, et le fait que nous tenons toujours fermement le contrôle malgré notre infériorité numérique en dit long sur notre supériorité, sur tous les plans. Mais face à la réalité, je me demande à quel point notre contrôle est ferme. Et si, en fermant les yeux, nous ne sommes pas en train de créer une bombe à retardement au cœur même de Karond Kar.

Rien ne fait pour améliorer mon humeur, et certainement pas le fait que l'Oisellerie soit fermée.
À mesure que l'on s'approche, je me rends compte que ce que je considérai comme un bordel de luxe n'a en vérité rien à envier à des manoirs familiaux de petites Maisonnées. Une grille finement ouvragée, un jardin aménagé avec goût, puis un grand bâtiment élégant jouxté par de nombreuses annexes... Les affaires tournent bien, ou tournaient, tout du moins.

Le conducteur du carrosse, répondant au nom de Hathar ralentit en voyant la grille fermée, et lance une phrase qu'il va probablement regretter pour la soirée. Évitant le supplice de le voir s'embourber dans ses explications, Vateci prend la relève. Après avoir étudié la situation quelques instants, je réponds.

- "Mmmmh. Bon, Vateci, on descend ici. Hathar, vous venez avec, puisque vous êtes un fin connaisseur... De la sécurité des maisons closes, terminé-je avec un sourire en coin. Vous autres, trouvez un coin où garer le carrosse pas trop loin, sans être excessivement exposé, si vous en êtes capable. Allons-y."

J'attends que Vateci sorte, face un contrôle de routine et déplie le parapluie avant de sortir à mon tour. Hathar laisse les rênes et fait de même. Je me réjouie de ne pas me retrouver en tenue de soirée. Non seulement cela serait complètement inappropriée dans cet endroit, mais ces dalles humides feraient de parfaits chausse-trappes.

Nous parcourons tous les trois une première moitié du chemin dans le silence, uniquement perturbé par le martèlement de la pluie sur le parapluie. Je devine les regards curieux des gardes derrière la grille. À mi-chemin, je tourne la tête vers Vateci et lui parle sur le ton de la conversation.

- "Vous voyez quelque chose ? Un indice d'un piège ?"

La contremaître regarde autour d'elle d'un œil averti avant de secouer la tête. Geste qu'elle semble regretter immédiatement, portant les doigts sur son bandage à la lèvre.

- "Rien. Les rues sont dégagées, et les gardes n'ont pas l'air nerveux. En fait, ils ont l'air franchement détendus."

Je hoche la tête. Cette histoire devient de plus en plus bizarre.
Arrivée près de la grille, à portée de voix, je hausse légèrement le ton pour me faire entendre malgré la pluie.

- "Je m'imaginai l'Oisellerie plus accueillante ! On peut entrer ?"


Jet sous la juridiction de sa Majesté des Fées
Test de perception général de Vateci, difficile : 5
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La demi-douzaine d’hommes armés s’approcha de la grille. Leurs dégaines étaient parfaitement anodines — lourds manteaux, capuches sur la tête, ils ressemblaient aux centaines et centaines de corsaires qui peuplaient Karond Kar. C’est pourtant lorsqu’Akisha entendit la réponse à sa question, qu’elle sentait quelque chose de différent…
L’homme qui lui répondait, le grand gaillard armé, avait une petite voix de fausset, douce, rauque, et fort courtoisie. Une voix charmante, qui n’avait rien à voir avec le parler franc et ponctué de jurons qui sort habituellement de gorges de matelots.

« Je vous prie d’accepter les plus plates excuses de ma maîtresse, charmante dame ; l’Oisellerie n’est plus ouverte au public depuis trois jours, la faute à quelques obscurs événements qui sont indépendants de notre volonté : ne pouvant assurer parfaitement la sécurité de tous nos invités, nous préférons demeurer clos en attendant que tout se… Décante.
Nous espérons que la situation se règle bien vite. Peut-être voulez-vous nous donner une adresse, afin que vous soyez recontactée sitôt les grilles rouvertes ? »


On aurait dit qu’il avait une formation d’Isaltau, de maître d’hôtel. Sauf qu’il avait une arbalète automatique entre les mains.

Loin d’accepter le refus, Vateci tenant le parapluie mit les choses au clair :

« Cette personne est Akisha Drakilos, arrière-petite-fille de la seigneuresse Sighi Noiretombe. »

Le maître d’hôtel armé eut un petit sourire, et un mouvement de la tête pour croiser le regard de ses camarades. Et avec un ton enjoué, il reprit :

« Aaah, seigneuresse Drakilos ; pardonnez-moi donc de ne pas vous avoir reconnue… Il est certain que quelqu’un de votre qualité n’a pas à être considérée comme faisant partie du public
Ne restez pas là sous la pluie ! Nous allons vous faire rentrer au sec, à l’intérieur ! Me permettrez-vous simplement d’aller prévenir ma maîtresse un court instant ? »


Un des arbalétriers ouvrit la grille, en faisant tourner une jolie clé de bronze à l’intérieur d’une serrure un peu élaborée. Ils permirent aux trois d’entrer, et alors que le maître d’hôtel faisait demi-tour pour ouvrir la voie, on refermait immédiatement la sortie derrière eux.

On racontait que l’Oisellerie avait des passages dérobés, peut-être souterrains, pour ceux qui ne souhaitaient pas être reconnus comme entrant par la grande porte. On racontait aussi que, dans les salles de cet établissement, on avait négocié des traités de paix et invité de grands seigneurs de la noblesse Naggarothi.
À l’extérieur, en tout cas, ça tenait ses promesses. Akisha passa devant tout ce qu’elle avait pu observer de loin ; le jardin à la Bretonnienne, en particulier, sentait très fort des parfums exotiques, les plantes probablement plus vives sous cette pluie battante. Les fontaines étaient impeccables, sans aucune trace de verdure ou de mousson au fond de la pierre — un minuscule détail qui prouvait à quel point il y avait assez d’esclaves jardiniers qui se coltinaient régulièrement le récurage, car même le fond des fontaines du domaine Drakilos n’étaient pas aussi entretenues, et les Drakilos n’étaient pas vraiment la dernière famille de la ville…

Ils grimpèrent le long d’une estrade qui menait à l’entrée. Avec la pluie, tout était recouvert d’une fine pellicule d’eau. L’arbalétrier plaça une main devant Akisha, puis siffla. Seulement dix secondes après, deux humains vêtus de manteaux se dépêchèrent avec des balais, pour tirer les flaques d’eaux et les faire dégouliner le long des marches.

« Il serait bête que vous glissiez, dame Akisha ! »

Et ils s’approchèrent ainsi de la grande porte de l’entrée, translucide grâce à des centaines de carreaux en verre autour du cadre de bois de chêne peint. Une immense baie vitrée encerclait le vestibule ; avec la pluie et le début de soirée, il devrait faire sombre, mais il était parfaitement illuminé par des chandeliers de bougies, et surtout, par des lanternes à la lumière éblouissante.
Akisha s’était attendue à ce que, une fois qu’on lui ait ouvert la porte, l’intérieur empeste ; mais non, l’huile de baleine avait été coupée avec des plantes parfumées, aussi, c’était une odeur très agréable, même si très forte et piquant les yeux, qui lui rentrait dans les naseaux.

Il faisait très chaud. Tout était très propre — assez pour que, en regardant par terre, Akisha pouvait voir qu’elle avait laissé des empreintes de pas sur le parquet, tandis que le parapluie dégoulinant d’eau de Vateci laissait une flaque.
Il y avait de la musique. Elle se réverbérait depuis une autre pièce, probablement celle derrière ces deux grandes portes rouges closes. Un écho de clavecin et de lire, un duo de musiciens dont l’acoustique du plafond permettait de porter les sons de leurs instruments bien loin ; le plafond donnait le vertige, d’ailleurs. Très haut, il était aussi peint, de lettres en druck eltharin, des sortes de formules et de citations, à double ou triple sens. Presque comme des formules magiques.

L’arbalétrier s’approcha d’un grand bureau tout en retirant son manteau. Il posa son arbalète, et discuta à voix basse avec une réceptionniste. Pendant ce temps, des esclaves, humains — évidemment — s’affairaient autour des nouveaux venus. C’étaient de jolis choses, mâles et femelles, vêtus de robes blanches, avec une sorte de bandeau autour de leurs fronts pour faire disparaître leurs yeux. L’un se saisit machinalement du parapluie, tandis que les autres tendaient leurs mains pour qu’on leur confie les imperméables.

L’arbalétrier qui les avait guidés s’éloigna, ramassa son arme, et ouvrit une petite porte très fine qui semblait être un chemin de service réservé aux domestiques. Ce fut donc la réceptionniste qui prit le relai.
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Elle semblait être une Elfe particulièrement jeune — plus qu’Akisha, en tout cas. Vêtue sobrement, d’une courte robe en cachemire qui allait de ses mi-cuisses jusqu’à son cou ; étonnamment, elle n’avait ni chausses ni chaussures, aussi, tout ce qui était en dessous de ses genoux était nu. Elle portait des bijoux sur ses oreilles, et un peu de maquillage qui n’estompait pas ses grains de beauté.
Alors qu’elle se mit à la hauteur d’Akisha en descendant les petites marches (En réalité, elle avait deux têtes de moins qu'elle), elle exécuta une courte révérence. Les hommes armés qui avaient accompagné le trio quittèrent alors le vestibule, un par un, ce qui ne manqua pas d’étonner Vateci qui regarda dans son dos pour observer leur départ.
Visiblement, il n’était pas dans le but de l’Oisellerie d’essayer d’intimider Akisha. Pourtant, le manque de menace physique ne mettait pas forcément à l’aise des Druchii naturellement paranoïaques…

« Mademoiselle Akisha », fit la petite réceptionniste en regardant l’invitée droit dans ses yeux avec ses prunelles bleues. « C’est un honneur pour moi de vous recevoir à l’Oisellerie, c’est, il me semble, votre toute première fois ici ?
Vous pouvez m’appeler Aimine, je suis ici à votre service… »


Elle regarda Vateci et le corsaire Hathar.

« Votre escorte, si vous le souhaitez, peut disposer dans le salon nocturne ; il y a de la musique, des boissons et du jeu, et nous pouvons leur interdire l’alcool si vous craignez le moindre excès.
Ainsi, vous pourrez à votre guise profiter de toute l’Oisellerie en tant qu’invitée privilégiée, si vous me permettez d’être votre guide. »

Et elle lui fit un joli sourire avec ses dents blanches.
Jet d'endurance : 11, échec de 3.
Avec ta pneumonie, l'air à l'intérieur du vestibule est un peu difficile à respirer. Il y a pas de souci pour l'instant mais tu as de la morve liquide qui coule du nez.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

La réponse du chef de garde est mielleuse, mais pas moins négative. Tandis que je penche la tête de côté en réfléchissant à ma réponse, Vateci me devance et me présente.
Bonne initiative. J'ai tendance à préférer prendre les choses en main par moi-même, mais imposer son rang ouvre des portes que l'on ne soupçonne parfois même pas. Et rien de tel qu'avoir un larbin qui tient un parapluie pour vous, et vous introduise auprès d'autrui pour montrer son pouvoir. C'est une chose que ne comprennent pas nombre de petits bourgeois se rêvant futurs nobles. Refaire ses murs et sa garde-robe ne suffit pas.
Contraindre d'autres Druchiis à répondre à ses volontés, et avec le sourire s'il-vous-plaît, voilà qui montre mieux son pouvoir que n'importe quel bijou clinquant.

Le discours du garde se fait plus mielleux encore, si cela était encore possible. Je hoche poliment la tête, comme si ce passe-droit était la chose la plus naturelle du monde (ce qui, au fond, est le cas). La grille est prestement déverrouillée, sans aucun grincement, ce qui témoigne de la propreté maniaque dans laquelle est maintenue le manoir. D'autres détails dans le jardin soulignent que l'Oisellerie semble avoir plus de bras qu'elle n'en sache quoi faire. Il est vrai que ce ne sont pas les mon-keighs qui manquent dans ces bas-quartiers...

En entrant à l'intérieur, je suis moins frappée par la décoration, aussi élégante qu'à l'extérieur, que par l'odeur. Je m'attendais à ce qu'il empeste comme un bouge, mais l'intérieur est parfumé comme d'un puissant encens. Trop intense : je sens un liquide chaud couler de mes narines. À mon soulagement, je n'y vois qu'un liquide clair lorsque j'y porte mes doigts, mais l'ensemble n'a guère de prestance pour autant.
Une musique de soirée se fait entendre quelque part derrière des portes. De curieux esclaves aveuglés par des bandeaux prennent nos manteaux, pendant que le garde ayant pris la parole plus tôt discute à voix basse avec une jeune elfe un peu plus loin. Je caresse de la paume le pommeau de ma lame une seconde, avant que je ne reprenne le contrôle de mon instinct et continue la marche.

La jeune femme descend à son tour les escaliers, et le reste de notre escorte quitte la pièce à son tour. Un bref regard autour de moi confirme que nous ne sommes plus que quatre, sans compter les esclaves qui s'activent derrière nous.
Je repose mon regard perplexe sur la réceptionniste, et ne parvient pas à cacher mon air interloqué à la voir pieds nues, uniquement et strictement vêtue d'une courte robe grise.
Certains elfes possèdent des traits évidents les rangeant chez les Druchiis ou les Asurs. Ce n'est pas le cas chez elle. Tout au plus est-elle petite, ce qui devint douloureusement évident une fois qu'elle eut terminé de descendre les marches. Elle semble également fraîchement sortie de l'adolescence. Plus que moi, c'est dire.

Celle-ci me débite un discours fluide et impeccable, nulle doute répétée ad nauseam jusqu'à l'excellence. Je hoche poliment la tête.

- "Très bien... Aimine. Avant toute chose, auriez-vous un mouchoir, je vous prie ?" La réceptionniste me lance le même sourire dévoilant ses petites dents, avant de me tendre un élégant mouchoir en dentelle que ne renierait pas mon arrière-grand-mère. "Merci," fis-je en tamponnant le mouchoir contre mes narines.

Ayant retrouvée un tant soit peu de dignité, je reprends la parole, et tâche de jouer la parfaite petite noble de la haute.

- "C'est effectivement ma première fois ici, mais je n'aurai hélas pas le temps de m'y attarder. Mon arrière-grand-mère demande mon frère incessamment, et, l'entêtement des Drakilos étant bien connu, je suis venue avec ces hommes pour appuyer sa demande."

Je lance un petit sourire à la réceptionniste. Il n'y a rien de mal à enjoliver l'affaire, surtout lorsque cela permet de nonchalamment jeter le nom de Sighi Drakilos dans la conversation.

- "Par conséquent, mon escorte ici présente reste avec moi. Bien entendu, vous pouvez garder nos armes ici si vous craignez des heurts. Je ne doute pas que nous allons devoir insister auprès de mon frère, ajouté-je avec un plus large sourire, mais rien que ne devrait toutefois rompre avec les codes de la bienséance."

Non que tirer de force un infirme avec trois paires de bras soit un défi particulièrement violent.

- "Je serai ravie que vous soyez notre guide en route, bien que je doute pouvoir tout visiter pour cette fois."
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_akisha_drakilos
Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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Kehem, dit "Karond & Shoulders", traducteur du Karybde
Annexe de la Fée sur Karond Kar

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