« Comme moi ? Moi ? Un singe ? »
L’insulte semblait terriblement ironique dans sa bouche.
Et il ricana si fort qu’il en propulsa ses postillons sur la gueule de l’assassin sous lui.
L’humain posa un genou à terre, et serra sa main droite sur sa gorge, écrasant sa pomme de Kurnous.
Il amena ses lèvres près de la bouche de l’assassin, et il lui souffla quelques mots à la conjugaison incertaine.
« Que tu crois aux Dieux, Druchii ?
Je sauveras ta vie. Mais ça veut dire que tu étais endetté de moi, comme tu dis. Tu le jures devant les Dieux.
Tu es à moi. »
Il le lâcha, se redressa, s’éloigna du corps gisant au sol, et commença à partir en tenant son bâton en main. Et c’est en reikspiel qu’il s’exprima ensuite, dans une voix haute qui commença à résonner dans le hall du squat.
« Qu’on sauve la vie de ce fou — et qu’on l’enferme dans une cage de fer !
Bonnes gens du Bloc Océan, vous pouvez compter sur la protection du Trident ! »
Et alors, les humains s’élevèrent tout au-dessus de la carcasse d’Ahmès et de l’arbalétrier. Les enfants et les badauds se jetèrent sur celui déjà mort pour le déshabiller, lui voler ses armes, lui retirer ses colliers et ses bagues aux doigts, lui défaire les lacets de ses bottes et de ses braies pour s’en saisir, jusqu’à ne laisser qu’une chose nue. Et un boucher, un gros bonhomme immense, gros et gras, arriva avec un gigantesque couperet.
Les Harpies ne se nourrissent pas que d’esclaves. Et elles ne servent pas les Druchii.
Et Ahmès, lui-même, n’eut pas un meilleur traitement.
On lui coupa sa ceinture, pour lui voler ses lames et sa bourse.
On ouvrit grand son manteau, on se saisit de ses armes et de son équipement. On ne lui laissa rien du tout.
On le fit rouler sur le dos, on lui écrasa la nuque, on lia ses chevilles et ses poings derrière lui.
Et lentement, le sommeil l’appela, tandis que sa vitalité continuait de couler sur le parquet, ruisselant sans se presser vers le pas de la porte et la boue de Karond Kar qu’il allait pouvoir abreuver.