[Ahmès] La Porte des Esclaves

Image
Par delà le Grand Océan, bien à l’ouest du Vieux monde, se trouve le continent de Naggaroth, terre des sinistres Elfes Noirs. C’est une région aride et sauvage que les rayons du soleil réchauffent rarement, tant la couche nuageuse y est épaisse, et de terribles tempêtes s’y déchaînent régulièrement.

Modérateur : Equipe MJ

Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 876
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Masthel agissait comme un père auprès d’Ahmès. Et malheureusement, tous les pères du monde, de toutes les races et de tous les continents avaient un point commun qui les unissait tous : ils ne peuvent pas s’empêcher de faire des blagues de merde.

« Mais non Ahmès, mais non. Je vais juste em-poisson-ez le plat. »

Tout guilleret, il avait cessé de marcher juste pour faire sa blague ridicule, qui le fit bien rire, au moins tout seul. Et c’est seulement après ce jeu de mot trop évident qu’il décida de disparaître dans le Placître d’un bon pas.



La Corsaire n’apprécia pas qu’on lui touche le visage. Qu’elle le prenne comme un geste condescendant ou une tentative de cour mal venue, les deux causes eurent le même effet ; elle se crispa, leva sa paume droite pour lui repousser sa main, tandis que sa gauche était venue saisir le fourreau de sa lame. Elle regarda Ahmès tout droit de ses yeux rougis par la fatigue et la came, et siffla entre des dents serrées.

« Refait jamais ça, sang-bleu. On est loin de l’Esplanade ici. »

La menace n’était même pas voilée. Elle fronça les sourcils. Il était heureux qu’Ahmès ait deviné sa désapprobation ; peut-être se serait-elle risquée à devenir violente. En tout cas, elle était à présent beaucoup plus méfiante.

« Putaiiin de merde… »

Elle glissa le long du mur, pour tenter de s’éloigner d’Ahmès, et bien marquer une distance entre eux. Elle le regarda de la tête aux pieds, peut-être pour étudier son uniforme. Elle réfléchit quelques instants, ou du moins, ces regards très vifs, de gauche à droite, semblables à ceux d’une volaille, avaient un air de réflexion. Elle décida finalement de racler sa gorge et de cracher un molard par terre, moyen peu élégant pour elle de conjurer le sort.

« Tu m’avais promis du métal à l’intérieur. Des Souverains ça m’intéresse plus que la faveur de Khaine promise par le premier peigne-cul que je croise.
Tu passes devant. Je te jure que t’as pas intérêt à me foutre dans un traquenard. »


À défaut d’être doué dans sa manière de convaincre, peut-être que l’urgence financière de la Corsaire jouait pour lui. Elle suivait, mais elle suivait en lui lançant de mauvais regards, la main à l’épée, prête à dégainer à tout instant.
C’était très risqué, d’ainsi devoir marcher avec une lame dans le dos. Surtout une aussi belle, tenue par un bras qu’on devinait bien ferme. Est-ce que ce n’était pas un risque inutile, la journée même où il était débarqué à Karond Kar ? Alors qu’il ne connaissait personne ? Alors qu’il ne savait pas se repérer et naviguer en ville ? Alors que Masthel n’était plus là pour surveiller ses arrières et surgir lorsqu’il avait besoin d’aide ?

Qu’importe.

Ahmès se sentit assez fort pour conjurer le destin — même si lui n’avait pas besoin de cracher par terre pour.


Il marcha tout droit, l’air nonchalant, les mains bien en évidence. Il ne devait pas donner de raisons à l’Elfe déjà très nerveuse de faire quelque chose qu’elle regretterait un peu trop vite. Le maître lui avait enseigné : quand on va tout droit en faisant comme si on savait parfaitement où on allait, personne ne pose de questions.
L’assassin s’enfonça un peu plus dans les ruelles du Placître. Il s’éloignait, pendant plus d’une vingtaine de minutes. Il passa une grande rue insalubre, et descendit un petit escalier qui menait à une travée, et voilà qu’il débouchait sur une cour d’immeuble, ressemblant un petit peu à l’arrière de l’atelier de tanneur dont Lokhir lui avait offert les clés.
Par terre, deux esclaves, humains, étaient en train de jouer aux dés, sans aucune surveillance. En voyant arriver deux Elfes, ils furent foudroyés de peur : ils se mirent debout, coururent à toute vitesse, et sautèrent par-dessus une clôture en bois.
C’était très bon signe. Si les esclaves se permettaient de jouer ici, c’est qu’il n’y avait pas de surveillants pour les policer. Ahmès repéra les lieux — le bâtiment adjacent avait des grosses planches en bois cloutées pour le barricader. Ce devait être un endroit désaffecté. Peut-être un gros propriétaire foncier de Karond Kar qui préférait attendre que les prix augmentent pour louer.

« Il se planque ici, ton commanditaire ? »

Elle regardait à gauche, et à droite. Des vieilles fleurs fanées. Une gouttière défoncée. Des traces de griffures sur une fenêtre — peut-être une Harpie était-elle déjà venue ici. Un décor bien désolé.
Ahmès acheta du temps. Lui dit de se détendre. Elle serra un peu plus sa poigne sur son arme.

« Joue pas au con avec moi. Et reste bien à marcher devant. »

Elle entendit un bruit derrière elle. Elle se tourna.
Rien qu’une seconde de trop.


Ahmès se rua vers elle. Pas de coup de poing ; il n’eut pas besoin d’utiliser une méthode aussi brutale. Un bon coup dans la mâchoire, pour la rendre groggy — ça aurait pu marcher par surprise sur un truand de Malsydrior, pour le sonner le temps de quelques précieuses secondes.
Non. Le serviteur de Khaine se contenta d’enrouler son bras droit autour de sa gorge, et de bloquer sa main gauche contre son dos en pressant ses doigts, forçant son poignet à rester dans une position douloureuse : ça avait été vif, rapide, mais ironiquement sans brutalité. Elle tenta de pousser un cri ; Ahmès serra de toutes ses forces sur sa trachée, et tout ce qui sortit de ses lèvres, ce fut un son étranglé.

Elle se débattait comme une folle. Elle tentait d’abord de libérer sa main gauche, afin de tirer son cimeterre ; mais l’arme était trop difficile à atteindre. Alors, elle trouva plus intelligent de donner des coups de coude avec son autre bras dans le flanc de son agresseur. De vifs frappes, exercées, puissantes, malgré son manque d’amplitude. Mais Ahmès la sentit faire. Il se cambra contre elle, et tourna un peu son buste pour ne pas exposer ses reins. Masthel lui avait appris, comment on pouvait paralyser quelqu’un en le frappant dans cet endroit-là : il avait enseigné à Ahmès à résister et à se protéger en le tabassant dans chacun de ses organes.
Elle savait se défendre, la Corsaire. Mais petit à petit, la panique s’empara d’elle. Elle se mit à bouger, dans tous les sens, et le servant de Khaine continuait de la maîtriser. Lentement, il accompagna sa chute à terre, pour éviter qu’elle n’ait le réflexe d’utiliser ses jambes. Au lieu de pouvoir piétiner les pieds de l’assaillant, elle se retrouvait à se fatiguer à donner des coups de talons inutiles, en l’air.
Elle s’agitait. Elle agitait tout son corps, peut-être comme l’anguille que Masthel était en train d’acheter au marché. Elle était devenue rouge. D’énormes larmes coulaient de ses yeux, en même temps que de la salive de sa bouche, et de la morve de son nez. Elle tentait, encore et toujours, de hurler, de bouger, jusqu’au bout.

Ahmès continua de bloquer sa respiration, même lorsque ses coups de bottes se firent plus lents. Il continua, bien après que sa tête se mette à dodeliner, avant de chuter lourdement sur un côté.

Il ne dégagea ses voies respiratoires que lorsqu’il fut assuré qu’elle ne se relèverait pas par surprise.

Il fallait agir vite, maintenant.

À cause de son costume, il avait été forcé de laisser ses longs cordages derrière lui. Mais sa tenue comprenait un foulard. Encore un enseignement fort utile de Masthel : utiliser n’importe quoi sur lui pour lui servir d’arme. Il posa la corsaire à terre, sur le ventre, en appuyant son genou contre son dos. Ensuite, il retira sa ceinture, pour la désarmer. Il fit coulisser à toute vitesse le baudrier, pour obtenir l’épée, l’escarcelle comprenant sa maigre bourse, et quelques carreaux d’arbalète qui pendaient de l’autre côté. Avec l’écharpe, il lia ses mains dans son dos, dans quelques nœuds fort solides ; ça ne tiendrait pas si elle se débattait pendant un moment, mais peut-être qu’il trouverait bien des chaînes ou du chanvre qui traînait quelque part s’il le souhaitait vraiment — peut-être dans le bâtiment désaffecté dont il fallait retirer les planches. Il sortit de sa poche un mouchoir, qu’il enfonça dans la bouche de la femme, et il la bâillonna avec l’aide de la ceinture de cuir — au moins, il était à présent certain qu’elle ne risquait pas d’amener des curieux dans le coin.

Si elle se réveillait dès maintenant, elle ne pourrait plus se défendre.

La Corsaire est ultra méfiante et va bien rester dans le dos d’Ahmès ; j’ai vu avec lui par discord, il choisit quand même de risquer son plan.

Alors here we go.


Jet de réflexes de la Corsaire (INI+INT/2) (Bonus : +4, elle est très méfiante) : 14, échec de 1 seulement.
Jet de réflexes d’Ahmès (Malus : -4, car elle est très méfiante. +1 parce que t'as "Mort Silencieuse") : 3, réussite de 3.

Victoire d’Ahmès.

L’assassin fait une clé de bras sur la Corsaire et l’immobilise en lui écrasant la trachée avec son bras.

FOR Ahmès : 12, échec de 4
FOR Corsaire : 18, échec de 10

Elle faiblit, et commence à devenir toute rouge.

FOR Ahmès : 2, réussite de 6
FOR Corsaire : 12, échec de 4

Elle devient molle dans les bras de l’assassin, qui l’accompagne au sol.

FOR Ahmès : 17, échec de 9
FOR Corsaire : 12, échec de 4

Malgré ce large dernier échec, le différentiel n’est pas suffisant pour s'en sortir ; c’est très limite mais la victoire au deuxième jet est plus importante que le triple échec de la Corsaire. Je l’aurais fait se libérer si elle avait fait 8 ou moins je pense, je suis pas certain.
Mais voilà, elle tombe dans les pommes.
Image

Avatar du membre
Ahmès
PJ
Messages : 45

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

Image
LA PORTE DES ESCLAVES


Il lorgna sur la carcasse inerte qui s’étalait devant lui comme un gibier assommé qu’il n’avait plus qu’à tailler en pièces. La Corsaire avait eu beau se débattre, elle n’avait fait que repousser l’inéluctable et malgré la hardiesse de sa résistance, elle céda. Elle devint sienne. Autour d’eux, l’atmosphère était alourdie par le silence et par le désert de vie. La travée, habillée d’un alignement parfait de piliers de bois, paraissait porter comme sur des échasses le vaste immeuble au pied duquel Ahmès avait soigneusement commis son office, à l’abri des regards, dans la pénombre du clair-obscur.

Il l’attrapa par les cheveux, et la traîna jusqu’au dehors de la travée pour approcher le bâtiment désaffecté qui, de façade, semblait promis à la ruine. L’édifice était sans doute trop grand pour ce qu’il s’apprêtait à faire, mais en tout cas pouvait-il espérer ne pas y être dérangé. Le corps de sa victime laboura le sol alors qu’il continua, à grandes foulées, de le ramasser dans les traces de ses pas. Finalement, en sortant de la travée, il ramassa l’inerte carcasse sur son épaule et fonça, comme une ombre, pour s’enfoncer dans le bâtiment.

Autour de lui ne s’étendaient que des ténèbres. Il sentît les poumons de sa victime frémir contre lui et ses muscles se raidirent tandis qu’il la lâchait lourdement sur le sol ; sans attendre une seconde, il dégaina sa dague. A présent qu’elle était désarmée et à sa merci, l’orfèvrerie de son art pouvait commencer et, en bon assassin, il était temps pour lui de s’affairer à ne lui laisser aucune chance de pouvoir échapper à la mort promise.

Le fil de sa dague glissa sur les deux tendons de ses chevilles pour l’empêcher de courir. Elle se réveilla derechef, voulut hurler en se débattant ; hélas, la ceinture et le mouchoir coincé dans sa bouche l’empêchèrent de pouvoir produire le moindre son, et son corps dodelina au sol en tentant de se défaire des liens de chanvre qui la retenait désormais captive. Sans le moindre scrupule, Ahmès piétina son corps de sa botte en frappant plusieurs fois, puis lui écrasa le crâne contre le sol comme pour tenter de le lui broyer : elle était à lui, et n’avait plus aucun droit de répondant.

Avec une patience infinie, il se pencha vers elle ; il se plût à constater qu’elle pouvait encore le voir, et que la peur maquillait son faciès d’une expression d’horreur et de mort promise. Il était un Assassin. Un dévot de Khaine qui avait choisi de mettre un point d’honneur à rendre grâce à son dieu vénéré. En ce lieu, il vouait une passion formidable à un art occulte et sectaire, celui de ceux qu’on avait plongé dans le Chaudron de Sang et qui n’avaient de raison d’être que celle de répandre la Terreur dans les bruits de couloir. Dans un murmure, il lui glissa quelques mots.

« Tranquiiiille… Tranquille. De toute façon, tu es déjà morte. Personne ne viendra t’aider ici. Nul ne t’entendra crier, et nul ne pourra subjuguer la douleur que je te réserve. Tu mourras, seule et désolée, non parce que je t’aurais tué, mais parce que ton corps ne pourra plus supporter la torture que tu mérites. »

Sa semelle continuait d’écraser le crâne de la Corsaire, brutal et barbare ; avec une grâce paradoxale, il retira néanmoins son pied et l’attrapa, encore, par les cheveux. Un instant, il tira si fort qu’une mèche resta dans ses mains, et qu’elle retomba sur le sol ; aussitôt, il la rattraper et continua de la traîner comme un vulgaire sac de terre.

Sa dague était toujours dans ses mains lorsqu’il la plaqua contre le mur et qu’il s’agenouilla devant elle. D’un mouvement fluide, il la retourna et recommença : cette fois, il coupa les tendons rotuliens. Impossible pour elle-même de fuir à genoux. Avec une délectation infâme, il enterrait chacun de ses espoirs à chaque minute. Sans se dédouaner de l’atrocité de son geste, il posa un genou sur elle et commença à écraser sa colonne vertébrale alors qu’elle était aplatie sur le ventre. Il sentit son corps se gonfler et expirer. Il jubila.

« Les enseignements de Khaine sont sacrés. Il est notre Maître Vénéré. Il nous apprend que la mort est seule source de rédemption, que la mort est seule raison de notre existence. Notre race n’a de sens que parce qu’elle est bercée par les préceptes du Seigneur du Meurtre : il guide notre existence de nos premiers balbutiements jusqu’aux centaines de siècles que notre vie nous réserve sur le plan matériel. Mais la mort n’est pas qu’un plaisir, aussi vrai que tuer n’est pas un jeu. Ôter la vie est un art, une ultime onction. Le sang de nos victimes est l’unique ambroisie que nous pouvons boire, et celle qui nous rapproche des Dieux. De l’unique Dieu que nous nous devons de vénérer. Hélas, il existe des choses que Khaine déteste. »

Sur son visage s’inscrivit alors le masque de la haine.

« L’oisiveté, l’ivresse, la nonchalance et la paresse ; autant de pêchés que Slaanesh impute à notre espèce et qui continuent de fustiger notre grandeur. Je n’ai pas tardé à te voir, en entrant au Bréa. Je n’ai pas tardé à remarquer que tu t’abandonnais au culte des plaisirs… ainsi, tu n’auras que ce que tu mérites. »

Et sa sentence était irrévocable. L’hémoglobine vermeille suintait déjà des quatre tendons coupés lorsqu’il décida, en se redressant, de la retourna pour lui faire face. Il jeta des yeux cruels sur son visage, son front, sa poitrine et ses hanches. Puis, lentement, la dague du sicaire s’approcha des deux orbes de la condamnée. Avec une précision chirurgicale, il décida de lui ôter la vue à tout jamais : sa seule intention, alors, fut de décapsuler ses globes oculaires de leurs orbites pour les poser devant elle. Que ses diadèmes amputés puissent observer l’horreur qu’il réservait à son corps ; qu’ils puissent être témoins de la torture qui la mènerait à son inéluctable trépas.

Le bâtiment devint l’autel lugubre d’un rituel sanguinaire.
Vu avec La Fée pour un jet de force et de résistance de la part de la Corsaire. Elle ne parvient pas malheureusement à échapper à son sort. Ahmès entame une longue torture en lui coupant les tendons des chevilles puis des rotules pour l'empêcher de fuir, et tente d'ôter les yeux de leurs orbites pour les mettre en face de son corps : comme s'il voulait qu'elle puisse se voir elle-même pendant qu'elle trépasse. La torture durera jusqu'à ce que la Corsaire cède à la mort. Je laisse à La Fée le soin de tirer les dés (jets de précision pour retirer les yeux de leurs orbites ? Durée de la torture ?) et envisager la suite (Ahmès retournera voir son Maître après avoir théâtralisé la scène de crime : son but est d'envoyer un message clair aux cultistes de Slaanesh. Les Assassins de Khaine sont dans la ville !).
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 876
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Dehors, il faisait nuit. Ahmès n’en revenait pas lui-même. Avait-il vraiment passé tant de temps que ça dans ce vieux bâtiment désaffecté ? Quand on est obnubilé par une tâche, les heures passent toujours beaucoup trop vite. Il allait être en retard pour le dîner de son père adoptif ; ce n’était pourtant pas le moment de se faire engueuler.

Il n’était pas exagéré de dire qu’Ahmès avait tué des centaines de fois. Le meurtre était sa vie. Khaine avait quelques aspects différents liés à la mort, mais aucun ne lui rendait plus hommage que le meurtre, bête et simple. Les Assassins tuaient par contrat, les Exécuteurs par devoir, les Furies par ivresse rageante ; mais chacun des officiants du Seigneur des Lames devait reconnaître la pureté du meurtre accomplit pour lui-même et en lui-même. Peut-être Ahmès en avait tiré du plaisir, mais il n’y avait pas forcément un mal à cela — on peut bien être satisfait d’un travail bien accomplit.

La Corsaire avait tenté de quitter la vie trop rapidement. Ça aurait été fort dommage. Son corps essayait de l’appeler à l’inconscience, afin qu’elle puisse succomber sans s’en rendre compte. Il avait fallu la taillader à certains endroits pour la forcer à retrouver la maîtrise de son esprit. Mais qu’importe — Ahmès était rompu, et il avait rendu hommage à Khaine, dès le premier jour de son arrivée. Il n’oubliait pas pourquoi il était là.
Le plus embêtant, ça avait été de se nettoyer. Comme Masthel s’était emmerdé à expliquer à Lokhir ce matin, les Assassins sont loin d’être répugnés par le sang — mais ils apprécient la discrétion. Or, la Corsaire n’avait pas pu s’empêcher de répandre du sang partout, si bien que le jeune tueur était barbouillé de rouge. Il en avait sur la gorge, sur les mains, sur son corps. Il avait eu l’intelligence de se déshabiller, de rester torse-nu pour ne pas ruiner ses vêtements d’aristocrate, sous peine de devoir récurer la matière avec du vinaigre blanc pour la faire retrouver sa propreté éclatante. Mais voilà, après la folie du meurtre, venait le moment de se nettoyer avec un mouchoir, d’éponger ses armes, et de récupérer ses affaires.
Ahmès ne vola même pas la maigre bourse de la Corsaire. Il n’avait pas fait ça pour l’argent, comme un égorgeur de ruelle. Il avait laissé derrière lui des symboles. Il avait créé un autel pour Khaine, avec le corps sans vie de la mauvaise Druchii.

Un peu hagard et fatigué de sa journée, il retrouvait le chemin de l’appartement. Il y avait malheureusement du monde dans les rues — encore ces abominables déchets qui jouaient et se pilonnaient la gueule à coup d’alcool fort. Des cris, des chants, et des hurlements de harpies dans le ciel. Une bonne ambiance urbaine, à laquelle il allait devoir s’habituer.
On l’alpaguait. Comme plus tôt dans la journée, un groupe de corsaires l’insultait de loin, peut-être pour se battre. Dommage, il était en retard ; il y avait encore beaucoup d’enfoirés à meurtrir avant de rendre Karond Kar habitable.

Il retrouva la ruelle qui menait à son appartement. Il passa derrière l’atelier du tanneur, où le contre-maître Elfe, les pieds sur la table, la pipe au bec, le regarda avec un sourcil surélevé, peut-être curieux de son nouveau voisin. Ses esclaves avaient été remplacés, mais continuaient à travailler, même de nuit. Ahmès l’ignora et passa son chemin.
Seul, à marcher sur un pavé mal quadrillé, il se figea. Il reconnut, contre le mur, un symbole qui n’était pas là en journée : un œil crevé par une dague.

Ahmès observa le sol, et leva la cheville. Masthel avait installé ses pièges. Ici, en l’occurrence, il s’agissait d’un petit pétard. Un minuscule explosif destiné à faire du bruit, pour alerter les occupants de l’immeuble. C’est bien, le vioc ne sucrait pas encore les fraises. C’est lui qui avait appris à son élève comment bien dormir sur une oreille, en laissant dans son sillage des chausses-trappes, des crocs à loups, et d’autres joyeusetés destinées à empêcher des rivaux de venir l’emmerder durant la nuit.
Il y avait un paillasson devant la porte. Ahmès l’enjamba pour ne pas marcher dessus, parce qu’il devait y avoir quelque chose en dessous — peut-être du plâtre, destiné à laisser une empreinte de pas. Lentement, il tourna la poignée entièrement, et n’entrouvrit la porte qu’à moitié. Mais non, pour une fois, Masthel n’avait pas laissé quoi que ce soit derrière.

Il y avait de la lumière à l’intérieur. Des bougies. Masthel passa dans le couloir, avec un tablier à fleurs sur le corps. Il tenait un plat dans ses mains recouvertes de gants de cuisine.

« Ah, Ahmès ! Tu fais bien d’être en retard, parce qu’en fait la cuisine a pris du temps ! »

Il disparut dans le salon. En fermant la porte d’entrée, on découvrait derrière une jolie arbalète à répétition.
Ils dormiraient très bien ici.

Surprise par rapport à cet après-midi : Il y avait des putains de meubles. Une table et des chaises, surtout. Quoi que Masthel ait fait de sa soirée, il n’avait pas chômé.
Autre excellente surprise : Cyssa était là. Et l’Asur s’était bien faite belle. Alors que toute cette sale ville était remplie de corsaires aux mauvaises trognes, l’Elfe rehaussait un peu le niveau de ce quartier immonde. Elle avait du maquillage sur le visage, les cils bien marqués, les cheveux liés par une jolie épingle en argent. Posant le plat à côté d’elle, Masthel commença à couper des parts.

« T’as vu, j’ai pas rien foutu en ton absence ! T’as juste à mettre les pieds sous la table et bouffer, Cyssa t’as même fait couler un bain pour retirer la crasse de ce Placître !
Tu fais une excellente femme au foyer, hein Cyssa ? »


La Haute-Elfe murmura un mot approbateur, avec tellement peu de conviction qu’on entendit rien. Elle semblait terrifiée, mais elle traduisait cette peur en se contentant de demeurer stoïque. Figée, comme une statue, vissée sur sa chaise.
Elle ne devait pas avoir beaucoup d’appétit. Pourtant, Masthel cuisinait très bien. S’il y avait bien une qualité qu’il avait, c’est que son gratin allait être très bon. Mieux que ce qu’on mangeait sur l’Arche Noire de Lokhir, c’était certain.

« Alors Ahmès, t’as passé une bonne soirée ? Cyssa, sers-nous à boire, veux-tu ? »

Toute tremblante, l’Asur attrapa une carafe et commença à remplir les verres. Masthel posa la main contre sa bouche et fit semblant de confier un secret, alors que tout le monde autour de la table entendait très bien.

« J’ai bien dit pas d’alcool, mais en vérité, j’ai chipé une bouteille de Bretonnie sur le bateau de Lokhir…
Quand je pense à tout le fric que Fellheart nous doit et nous a pas encore payés. J’espère qu’il n’est pas assez demeuré pour tenter d’arnaquer le temple de Khaine. »


Il servit une part à tout le monde, et, avec une fourchette, commença à planter dans sa bouffe avec avidité.

« Mais ce contrat-là, Ahmès, ça sera pas que pour le fric. Nous allons le sanctifier. Ça sera ton acte de naissance en tant qu’assassin. Ton dépucelage. Un grand moment. Tu vas enfin quitter mon tutorat. »
1+1d3 (2) = 3 PdC de Khaine gagnés pour avoir tué une pauvre femme innocente.

Jet de perception : 11, rien de plus à te dire.
Image

Avatar du membre
Ahmès
PJ
Messages : 45

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

Image
LA PORTE DES ESCLAVES


Boom. Boom. Boom. S’il gardait son sang-froid en apparence, son cœur, lui, ne faisait pas semblant de battre. Il tambourinait contre son plexus à un rythme effréné et puissant, comme quelqu’un qui toque à la porte, comme si quelque chose demandait à sortir de son cocon de ventricules et de spasmes cardiaques. Tout le long de son méticuleux nettoyage, alors qu’il passait le chiffon sur l’hémoglobine qui avait éclaboussé ses muscles striés, il était resté ivre de cette frénésie, sujet de cette inhumaine prédation, tout grisé d’avoir commis l’acte ultime. Le dernier souffle de la Corsaire fut comme l’assouvissement extrême d’une interminable attente, un plaisir orgasmique qu’il dédia au père de son dessin. Le Seigneur du Meurtre serait heureux. Il le savait.

Il décampa après avoir mis en scène son travail. Le corps décapité de la corsaire pendait au bout des cordages, parcouru d’entailles et d’hématomes, inondé du liquide chaud et vermeil qui suintait de chaque plaie et s’égouttait au bout de ses orteils. Plic, ploc. Les gouttes de sang tombaient dans une large flaque qui se répandait à ses pieds. Son visage, quant à lui, avait retourné vers elle. Ahmès y avait replacé les yeux au-dessus des paupières, pour les rendre bien ouverts et visibles, puis avait rempli la bouche comme pour l’obliger à prendre le déguisement d’un cri. Comme si la corsaire, voyant son propre corps suspendu et sans tête, se déformait dans un masque d’horreur. La mise en scène était signée Ahmès.

Ahmès Rahadriel Rohomir, Apprenti sicaire de Karond Kar, venu d’entre les ombres pour punir les pêchés du plaisir et sanctifier, par la torture, l’âme des troublés afin que de grâce, le tout puissant Seigneur leur accorde une certaine forme de rédemption. L’œuvre était terminée. Le fanatique montait en puissance.

Il ne repassa pas par le même endroit. Il longea la rade puis bifurqua un peu plus loin, escalada un mur pour reprendre les sentiers du Placître. Il croisa quelques olibrius qui manquèrent de l’obliger à recommencer, mais il les ignora en s’enfonçant dans la pénombre, disparaissant comme un murmure. Le Maître n’aimait pas les retards. Et Ahmès n’aimait pas décevoir son Maître.

Il jeta un œil rapide au tanneur d’à côté ; eut un frisson en voyant le symbole dessiné sur le mur. Le repaire était piégé. Survivrait-il au guet-apens tendu par son aïeul ? Il fit preuve d’agilité pour ne pas déclencher les pièges meurtriers, et retrouva son mentor.

Ahmès était propre. Presque trop propre. Ce détail ne mentait pas. Masthel l’avait formé. Sans doute ne savait-il que trop bien que si retard il y avait eu, bonne raison il y avait dû avoir. Et ce soin accordé à son faciès, ce débarbouillage qui enleva sans doute deux trois crasses qu’il avait eu auparavant et que peut-être son Maître avait repéré, trahissait vraisemblablement son crime. Ahmès le savait, lui aussi. Il savait que Masthel ne resterait pas dupe longtemps.

Il jeta un regard dédaigneux à l’asur, cette esclave. Puis il s’attabla avec soin en se laissant dorloter par le mentor. C’est alors que son Maître lui fit la grande déclaration.

L’heure était venue de prendre sa revanche sur le passé. De regagner la confiance de son formateur et de prendre son envol, une fois pour toute. Enfin pourrait-il s’émanciper de la tyrannie espiègle de Masthel. Enfin pourrait-il songer à plonger sa dague dans sa gueule de tueur.

Le jeune apprenti ne se contenta d’avaler son plat : il se goinfra. Il enfila de grandes bouchées en négligeant parfaitement les commodités elfiques qu’on pouvait à certains égards retrouver chez de nombreux Drucchiis. Ce n’était pas tant la fin que la volonté de dévorer l’existence et de nourrir toute cette excitation qui bouillonnait à l’intérieur de lui.

Puis il s’arrêta en plein festin. Le danger était là. Dans l’hâtive jubilation. Dans cette excitation démesurée. Il lui fallait encore s’armer de patience.

« Vous m’honorez, Maître. »

Il posa sa fourchette en posant ses yeux sur le gratin. Il dût se taire un moment pour remettre ses idées en place. Il plongea dans le gouffre de ses pensées, s’enfonça dans une longue introspection.

Ses yeux montèrent alors vers son Maître.

« J’ai ôté la vie d’une partisane de Slaanesh et rendu gloire à notre Vénérable, ce soir. La malheureuse s’était perdue dans la concupiscence et l’oisiveté. Nous en entendrons peut-être parler les prochains jours. Puisse la volonté du Seigneur la remettre sur le droit chemin maintenant qu’elle a passé la frontière de la mort. J’ai tout fait pour qu’elle souffre longtemps, afin que la grâce lui soit allouée. Mais j’ai un tout autre projet pour Lunara Lucari. »

Il reprît sa fourchette puis piocha dans son assiette.

« Je veux la séduire et au moins gagner son amitié, puis une fois que j’aurais acquis leur confiance, je saurais m’immiscer dans leur Maison. C’est là que je l’empoisonnerais. Comme vous le savez, bien des doutes enclavent mon esprit, mais ce ne sont là que des pensées que d’autres dieux malsains cherchent à alimenter pour jeter des brumes dans mon esprit et me détourner de la Voie. Je tuerais sans question. Et je pourrais continuer de le faire tant que ta Maîtresse saura me payer, l’asur. »

Il se tourna vers Cyssa.

« Cesse de me regarder avec ces yeux de chienne peureuse comme si j'allais te croquer. T'avons-nous fait du mal ? Je ne crois pas. Nous sommes des gens civilisés et surtout soucieux de ce qui nous entoure. C'est pour ça que je te demande de manger, Cyssa. Tu dois avoir des forces pour pouvoir nous servir. Il serait regrettable que nous fussions obligés de te remplacer si vite par une autre, plus vigoureuse, plus gourmande, plus dynamique. Tâche de nous convaincre que nous avons raison de te laisser en vie, veux-tu ? »

Il disait cela avec un air machiavélique. Il était mauvais. Il se contenta de ces remarques avant de retourner les yeux vers son Maître.

« En ce qui concerne Lokir, vous savez que vous n’avez qu’un mot à dire, mon cher Maître, pour que j’aille donner quelques motivations au Capitaine à nous payer plus rapidement. Ceci étant dit, j’ai encore beaucoup de travail. Demain, j’irais trouver le Roi du Dessous pour rencontrer nos deux heureux élus. Mais avant, je dois gagner de l’argent. Quelques larcins en ville rempliront sans doute ma bourse. Je vous laisserais faire à votre guise, Maître, mais… »

Il jeta un coup d’œil rapide à Cyssa.

« … je vous en conjure, laissez-la en vie, celle-là. »

Ahmès mange donc le plat servi par Masthel, et en profite pour tenter de renforcer la terreur que Masthel peut inspirer à Cyssa. Il profitera d'une bonne nuit de sommeil (ou d'une bonne mort s'il a été empoisonné) avant de se lever pour faire ses emplettes. Deux objectifs avant de rejoindre les deux protagonistes pour les paris :
- Récolter de l'argent par des larcins ou des meurtres, cette fois-ci en prenant la bourse (pas d'honorariat pour Khaine, contrairement au crime précédent / on sera plus sur une logique de "nécessité" que de fanatisme religieux)
- Concocter un poison en utilisant la compétence "Préparation de poisons" (cela implique de trouver les ingrédients nécessaires, peut-être dans une boutique ?)
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 876
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Un morceau de poisson dans le gosier, Masthel répondit à Ahmès la bouche pleine.

« Tuer un noble important comme Lokhir rappellerait bien à toute l’aristocratie de cette ville qu’on ne se paye pas la tête des laquais de Khaine.
Mais généralement, c’est le genre de leçons dont même les sangs-bleus se passent. Le Seigneur des Lames touche les vies de tout le monde. Son père l’a appris. »


Avalant sa poiscaille, il but tranquillement son verre de vin.

« Tue Lucari de la façon que tu souhaites. Lentement, ou rapidement. Par le poison, la lame ou le carreau. Khaine apprécie tout. Il n’y a qu’une seule règle que tu te dois de respecter :
Le contrat est sacré. Il te lie avec Trathil Fellheart. C’est ça qui te différencie de tous les cottereaux à gage qu’on loue dans cette ville. Vous êtes tous les deux liés devant notre suzerain. De l’or contre une vie. »


Et puis, se tournant vers l’Asur, il eut une mine agacée.

« N’as-tu pas écouté ce qu’Ahmès t’as dit ? J’ai passé une bonne heure à vider le poisson avant de le faire cuire, j’apprécierai un avis, c’est de la politesse.
Moi qui croyais que vous appreniez tous ça à Ulthuan. »


Elle se força à couper un morceau du poisson avec le côté de sa fourchette. S’en saisit avec les pointes, et le posa contre sa langue. Elle déglutit, malgré le peu d’appétit qu’elle semblait avoir. Masthel lui fit un grand sourire.

« Pas mauvais, hein ? »

Et tout fièrement, il resservit Ahmès avec son vin de Bretonnie.

« Il y a simplement une chose que j’exige.
Quand tu auras tué Lucari, récupère quelque chose d’elle. Quand je dis quelque chose, c’est quelque chose… Qui t’inspire. Un morceau d’elle, un peu de sang, ou bien, un objet qu’elle possède… Peu importe.
J’en ai besoin, car une fois que tu auras accompli ce meurtre, je t’amènerai au Temple de Khaine. On le brûlera dans un brasero devant la Matriarche de Karond Kar. Et ça fera de toi un véritable Assassin.
Ensuite, cette ville sera à toi. »


Il y eut un petit silence.
Puis Masthel, tout guilleret, fit un signe de tête à l’Asur.

« Vous priez bien Khaine, à Ulthuan ? »

La jeune fille, qui picorait plus qu’elle ne mangeait son assiette, resta muette un petit instant.

« Oui… Oui, quand il y a la guerre.
– C’est bien ça, oui. Vous le sortez comme on sort un chien assoiffé de sang.
Vous le priez même quand vous allez vous battre contre les Druchiis ?

– Je ne sais pas. Je ne suis pas soldat.
– T-t-t-t, ça c’est un mensonge. Tous les Asur sont soldats. Même leurs artistes apprennent à manier l’arc quand ils ont l’âge pour.
T’as forcément déjà prié Khaine, quand t’avais un casque et une armure. Regarde-la, Ahmès, essaye de l’imaginer en cuirasse.
Vous le priez en secret, hein ? Est-ce que toi, c’était plutôt par honte, ou plutôt par peur ? »


Cyssa cessa d’avoir peur. Elle regarda Masthel droit dans les yeux, en le foudroyant de son regard.
L’assassin en ricana.

« J’essaye d’être amical, Cyssa. Je nous trouve des points communs.
– Je ne suis pas comme vous.
– Pas besoin de dire ce genre de conneries avec du dégoût dans ta voix. Tu es une Asur, et pourtant, Trathil n’a pas décidé de t’éventrer en public. Tu te balades sans chaînes autour de ton cou, avec de beaux vêtements à la mode. On prend soin de toi.
Ça veut dire qu’on te trouve une utilité. Ça veut dire que t’es pas la petite peureuse pleutre que t’essayes de faire croire que tu es.
Combien de fois t’as honoré Khaine pour survivre ? »


Elle continuait de regarder Masthel droit dans les yeux. Et cette fois, elle fronça les sourcils dans une mine de rage.
Il explosa de rire.

« T’inquiète, Ahmès, je lui ferai aucun mal. »



Ahmès avait tenté de mettre à profit ces trois jours, en attendant la date de son rendez-vous au Bréa.

Seul, cette fois, sans Masthel pour le chaperonner partout, il avait décidé de faire le tour du quartier. Il avait pas mal arpenté les petites ruelles et les toits, repéré où se trouvait la caserne des arbalétriers qui servait de guet au coin. Il s’était renseigné, dans des tavernes, sur les jours importants, sur les personnes qui comptent, sur la vie quotidienne de tout à chacun dans ce trou à rats. Il avait découvert des échoppes, pas mal remonté la rade pour voir les marchandises qu’on débarquait et débarrait à toute vitesse à chaque fois qu’un navire revenait de l’impitoyable océan.
Et il avait pas mal joué du couteau, aussi.

Sans avoir à tuer personne, il avait été dans une rixe de plus, le lendemain. Deux coups de surins dans un corsaire qui lui avait tiré par le manteau, et le malotru s’était vite cassé sans demander son reste. Ça semblait être assez quotidien, à Karond Kar : si on se déplace seul, en étant trop bien habillé, et avec son visage qui ne dit rien à personne, ça semblait être une occasion parfaite pour se faire emmerder…

Dans la même veine, Ahmès s’efforça de préparer un poison pour s’occuper de Lucari. Avec la recette de quelques menus larçins, il avait retenu les leçons de son mentor pour concocter quelque chose. Au coin du feu, avec des verres que Cyssa était allée acheter pour les deux, il prépara une mixture d’aconit qu’il dilua dans de l’alcool pur. Hélas, sa première tentative fut bonne à jeter — le poison sentait trop fort, et n’importe qui aurait préféré ne pas y goûter que d’être ainsi trompé. Sa deuxième tentative ne fut pas plus fructueuse, mais au moins était-elle plus viable. Il fallait bien commencer quelque part.

Le soir fatidique arrivé, Ahmès décida de s’habiller correctement. Il prit un bain que lui prépara Cyssa, se rasa et se peigna les cheveux, et il mit son beau vêtement pour ne pas faire tâche au Bréa. Puis, il cacha sous lui la grosse bourse remplie de pièces d’or, le coût nécessaire pour aller à la table de jeu où se trouverait Lucari.
Il retraça le chemin qu’il avait déjà emprunté, et, dans une nuit illuminée d’huiles enflammées qu’entretenaient des esclaves municipaux qui passaient de lampadaire en lampadaire, il retourna jusqu’à ce gros bâtiment qui était noir de monde, et rempli de corsaires qui faisaient la queue pour entrer devant.
Ahmès n’aurait pas à attendre. Il se présenterait par la petite porte en se disant attendu, et on n’aurait qu’à l’amener dans les quartiers privés… Après avoir été fouillé et forcé de rendre ses armes, malheureusement.
Alors qu’il pénétrait dans l’allée où il avait amené la Corsaire sacrifiée, il s’arrêta en découvrant un homme adossé contre le mur, une capuche sur la tête. Masthel l’attendait.

« Khaine te sourit, mon garçon. »

Il attendit qu’Ahmès s’approcha pour lui parler à voix basse.

« J’ai passé les trois derniers jours à chercher puis surveiller le manoir des Lucari. Tu seras ravi d’apprendre que j’ai été plutôt efficace…
C’est une famille noble, mais pas très riche. Ils ont une maison fortifiée hors de la ville, un peu éloignée de tout. Y a un grand vide autour, de la steppe, et des harpies qui volent. Un sacré truc.
J’ai installé un petit abri, une cachette qui me permet de surveiller la baraque avec une longue-vue. Ils ont une grille d’enceinte, et j’ai compté au moins six gardes, qui se relayent pour surveiller par quatre. Visiblement, Lhunara a de la famille : un père, des frères et sœurs qui vivent dans le manoir selon différents jours. Ils savent tous se battre.
En revanche, j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer sur Lhunara, et t’as peut-être envie de l’entendre avant d’entrer là-dedans. »


Il posa à sa bouche une petite pipe à tabac.

« Lhunara travaille pour le Prince Afaryr, le Drachau de Karond Kar en personne. Elle est pas n’importe qui pour lui — elle est dans son état-major privé. On dirait bien que c’est une Lucari qui a réussi.
Ça fout la merde, parce que Fellheart t’as demandé de tuer un Lucari, peu importe lequel, et la plupart d’entre eux ont des boulots sans aucun intérêt. Son grand-frère est dans la garnison de la ville, elle a une petite sœur qui est contre-maître dans une draperie… Son père, c’est un rentier qui tire sa vie de quelques imports-exports avec des agioteurs, à peine un noble le type.
Toute une famille de ratés, et Trathil te demande en particulier de tuer la seule qui a des relations très haut-placées. »


Il alluma un petit briquet en amadou pour commencer à fumer.

« J’ai vu Lhunara rentrer à l’intérieur, en voiture, y a une demi-heure. Elle a deux gardes qui attendent dans la bagnole pas loin d’ici.
Si t’as des ordres pour moi, hésite pas. Tu vas vite être tout seul dans le Bréa, et Dent-Acérées a des gardes partout. »
Deux jets pour voir comment tu bosses pendant trois jours : 14 et 4, c’est moyen.
Tu récupères un seul souverain d’or.

Tu le perds immédiatement pour acheter les ingrédients nécessaires à la fabrication d’un poison.

Jets de préparation d’un poison : 16, gros échec.
Relance gratuite car t’y passes un moment quand même : 11, échec aussi, même si plus léger.

Tu gagnes quand même l’équivalent d’une seule dose d’aconit napel. C’est un poison mortel et dangereux, qui peut être utilisé de diverses manières (Enduire une lame ou le cacher dans la nourriture), mais qui a le défaut principal de tuer lentement et d’avoir des symptômes très visibles — il n’est pas certain que la personne empoisonnée ne va pas avoir le réflexe de payer très cher un antidote et survivre. En plus, son goût est très immonde, donc le verser dans un verre ou un plat, c’est avec le risque d’être détectable très rapidement.

Jet d’enquête de Masthel : 5, large réussite. Heureusement que Papa est là pour t’aider.
Image

Avatar du membre
Ahmès
PJ
Messages : 45

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

Image
LA PORTE DES ESCLAVES


Ahmès marchait dans la ville, l’œil alerte, l’estomac plein et des images plein la cervelle. Karond Kar irradiait sa crasse et son odiosité autour de lui. La plèbe s’y mêlait dans une âme de liesse et d’oisiveté, d’escroquerie et de déshonneur. L’esprit de ce torchon insulaire qu’était Karond Kar était une ecchymose, une plaie infectée de Slaanesh ; seul rappelait l’autorité de Khaine la présence de cet énorme Colisée, autel de rixes sanguinaires et de sueur plongé dans les tripes dégoulinantes des sacrifiés.

Cet endroit serait le sien, avait dit son Maître. Il savait le meurtre de Lunara Lucari être son dernier acte, son geste de gloire, sa seconde de triomphe. En honorant la mort de la Lucari, il hériterait des louanges du Grand Maître, et des faveurs de Khaine ; il deviendrait, parmi les enfants du Chaudron de Sang, un héritier du pacte de la mort.

Il avança. Les paroles de Masthel continuaient de résonner comme le bruit des vagues dans le large radeau de ses souvenirs. Il y a quelques jours, alors qu’ils avaient forcé l’Asur à manger, le Maître avait stipulé qu’ils se quitteraient bientôt ; l’instant qui avait suivi avait trempé dans les secondes éternelles de l’inoubliable. Des moments sacrés dans une vie qui ne sortent jamais de la mémoire. Cela était resté gravé en lui.

Malgré tout le mal que Masthel lui avait, il l’aimait. Et l’espoir de se venger de lui, de l’assassiner, se mêlait aussi à la volonté de lui rendre les honneurs. Il imagina la fin, l’ultime débat de lames face au plus grand des Druchiis qui lui eut été donné de connaître.

S’il le tuait, il fallait le faire admirablement, afin que son Maître soit accueilli en fanfare dans le Panthéon de Khaine.

Il retrouva l’authentique Assassin aux portes du Bréa, l’attendant avec diligence. Les informations que le Maître lui révéla furent essentielles. D’un sourire, il lui confirma la valeur de ses dires. Masthel était un seigneur. Un roi des rois. Ahmès ne pouvait que l’affirmer.

« Je vous suis gré, Maître, de ces informations précieuses. De nouveau, je ne puis que vous exprimer toute mon admiration. »

Il inclina la tête, comme il l’avait fait lorsque son Maître, impérial, lui avait révélé qu’il souhaitait l’émanciper de son joug. Masthel le savait, pourtant. Une fois que l’oiseau quitterait le nid, il cherchait à tuer son géniteur. Comme une araignée qui dévore sa mère pour se nourrir la première fois. Le parricide était attendu.

Car pour y parvenir, l’Assassin devait dépasser son Maître et devenir encore plus fort et rusé. De cette manière, chaque génération continuait de dépasser la précédente ; mais combien de génération d’apprentis passées sous les mains de Masthel avaient déjà été occises par ce dernier ? Le Mentor était si vieux qu’il avait déjà dû tuer de nombreux disciples ; pour ceux qui, du reste, avaient osé l’affronter.

Ceux dont Ahmès faisait partie. Il le savait. Il serait le dernier héritier et le meurtrier de Masthel ; il tuerait le Maître et tous ceux qu’il avait formé, pour que ne demeure que le plus puissant élu du Maître.

« Lhunara sera donc une proie difficile, en particulier si elle est sous bonne garde. Nous ne pouvons prendre le risque d’affronter les Lucari dans leur propre forteresse. Il nous reste une autre solution. Le père. S’il fait sa recette sur des imports/exports, il a forcément des stocks quelque part. Je vais donc vous demander une faveur, Maître. »

Il commença à passer pour se diriger vers le Bréa.

« Faîtes de ces stocks un brasier fantastique pour notre Seigneur, d’ici cinq heures. Les flammes attireront les foules, et les Lucari. Tous se précipiteront vers l’enfer de feu et dans ce décors d’apocalypse… »

Il se figea.

« … je coloniserais l’amitié de Lhunara. Quelques jours avant de gagner sa confiance. Quelques jours avant d’arracher son cœur. »

Puis il s’enfonça vers le Bréa, passa les gardes et gagna les lieux où, dans quelques instants, il pourrait enfin côtoyer sa promise.
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 876
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Masthel leva un sourcil.

« C’est une mission dangereuse, Ahmès.
Heureusement, les Lucari ne sont pas une grande famille ; je pense que je peux faire ce que tu demandes. En revanche, les conséquences… Fait attention, tu risques de ne pas pouvoir toutes les contrôler.
Chasse bien. Pour Khaine. »


Il fit virevolter son manteau, et s’en alla jouer les incendiaires vers la rade de Karond Kar.

Ahmès pouvait se mettre au travail. Peut-être après quelques instants d’introspection, ou de prière, il ne lui restait plus qu’à suivre le chemin du Bréa, l’endroit que son tuteur affectionnait à l’ère de sa jeunesse.
Cette fois-ci, il était tard, et l’établissement était plein à craquer. On entendait de la musique, des sifflets, des hurlements ; Le long du couloir qui menait à l’entrée, Ahmès dût esquiver des videurs costauds qui se tenaient de chaque côté, l’un d’eux en train d’attraper un autre par le collet pour une quelconque raison.

Ahmès arriva au bout de ce couloir, et en ouvrant la grande double-porte qui menait vers la grande-salle, il put contempler ses compatriotes.
Les Druchii qui peuplaient l’intérieur faisaient tout pour ruiner leur rang et leur race — ils étaient là, les fidèles sujets du Roi-Sorcier Malékith…

Debout sur une table, un chef corsaire portait un toast. Il hurla un seul nom, qu’Ahmès reconnut :

« Fellheart ! Au Cœur-de-Pierre ! »

Et sous lui, des matelots en kheitan répétèrent le même nom. On jouait des coudes autour du bar et sur les tables, car si le Sire-Kraken avait ses soutiens, il semblait aussi avoir ses détracteurs. Une femme leva son verre d’une main tremblante, si bien qu’elle renversait de l’alcool sur sa manche, et elle cria pour se faire entendre au-dessus du brouhaha ambiant :

« Tevras Drakilos ! »

Le corsaire adverse, debout sur la table, hurla de rire. La corsaire reposa son verre et tenta de couper à travers la foule, avant d’être arrêtée par la main d’un comparse qui tenta de la retenir.

Ça puait. Puait à en envahir le nez — ça puait la vinasse et l’ale, ça puait la sueur et l’humidité, et d’autres choses qu’Ahmès n’avait peut-être pas envie de savoir. Ça bourdonnait dans les oreilles — ça bourdonnait à cause d’un sextuor d’humains sur scène qui jouaient de la viole et du tambour, et pour se faire entendre au-dessus de leur partition assourdissante, on se parlait en criant. On voyait presque rien, toute la salle n’était illuminée que par des chandelles à huile et de menus candélabres — l’assassin percevait son environnement uniquement grâce aux pupilles de sa race, il voyait les lignes des corps et des meubles dans une ambiance noir-gris obscure. Mais il y avait quelques esclaves, danseuses, qui étaient dans des cages suspendues au-dessus de la masse, leurs formes à peine perceptibles grâce à des lampions juste en dessous.

Une main tira le vêtement d’Ahmès, forçant l’assassin à s’arrêter. En se retournant, il découvrit, au sol, une tête immonde sur un corps minuscule, qui agitait un pochon en criant avec une voix nasillarde :

« T’en veux, t’en veux ?! »

Ahmès serra le poignet du Gobelin, assez fort pour qu’il lâche en hurlant de douleur — son cri perçant ne fut entendu par absolument personne, et la peau-verte battit en retraite en allant se rouler sous une table occupée pour se cacher.

En retournant près de l’escalier, Ahmès reconnut Nutal. Et Nutal le reconnut en retour. Le truand grimaça, et avec un ton agacé, il croisa des bras, et parla très fort pour qu’on puisse l’entendre :

« Tu t’es lavé ?
J’dis ça parce que dans le sous-sol c’est pas la fange d’ici ! M’sieur Malsydrior exige une certaine tenue !
Courtoisie, maîtrise, sinon on hésitera pas à te balancer dehors ! »


Nutal lui fit signe de le suivre. Il disparut dans un minuscule escalier, où il fallait se baisser à un moment pour ne pas se prendre le linteau dans le front. On émergeait dans une sorte de couloir étriqué, gardé par une armoire à glace d’un mètre-trente : Un esclave Nain, avec une matraque à sa ceinture.
Karond Kar était vraiment une ville si dégénérée que le grand rival des Elfes était ainsi laissé libre, sans aucune chaîne.

« Ils balancent fort, là-haut.
– Et encore, il est même pas dix heures.
– La mort du noble qui les foutent tous dans cet état ?
– C’était pas n’importe qui, Tevras Drakilos.
– Pour c’que j’en sais. »


Le Nain fit un pas de côté et ouvrit. Cette fois-ci, le couloir s’agrandit, et quand il ferma la porte derrière lui, le son de la musique fut étouffé, une sorte de bourdonnement lointain, à peine dérangeant.

Le garde du corps s’arrêta devant une jolie cloison en bois.

« La double-porte tout droit au fond, maître. La salle de bain c’est à gauche, si vous avez besoin de vous rafraîchir à un moment.
Si vous voulez quitter le Bréa, demandez au Nain. Il vous amènera vers une porte dérobée, plus discrète que de devoir retraverser tout le bâtiment. »


Et il laissa l’assassin seul, faisant demi-tour pour retourner auprès de son maître aux Dents Acérées.


En ouvrant la double-porte, Ahmès changeait totalement d’ambiance. Il n’y avait pas une seule fenêtre, la faute au sous-sol, et pourtant, c’était bien plus éclairé, grâce à des dizaines de bougies, lampions et chandelles aux murs et sur les tables. Il y avait de la moquette au sol, dont un coin était neuf — peut-être parce que quelqu’un avait saigné ici et qu’il avait fallu la changer. Il y avait un grand bar, plus petit que celui de l’étage, il est vrai, et une demi-douzaine de tables avec des gens attablés, qui s’étaient tous retournés pour regarder Ahmès — mais après quelques secondes gênantes, ils se désintéressèrent tous de lui pour se concentrer sur la personne debout devant chacune des-dites tables.
C’était un tripot. Ils jouaient aux cartes pour la plupart, à la roulette ou aux dès pour les minoritaires.

Un humain s’approcha d’Ahmès — beau garçon, la peau lisse et diaphane, le visage rasé de très peu, des cheveux blonds mi-longs qui étaient bien peignés… On aurait dit un esclave de maison fort bien traité ; assez étrange de découvrir ce genre de spécimen au milieu du quartier pourri de Karond Kar.
Image


Il était, comble de l’insulte, habillé à la mode Karond Kari, avec une longue robe violacée et une broche sur le côté ; une capuche sur la tête, et on aurait pu le confondre dans la rue avec un Elfe.
Mais ce n’était pas le pire.
Le pire, c’est qu’il parla à Ahmès en druck eltharin, parfaitement maîtrisé malgré un accent difficile à placer.

« Bonsoir à vous, maître.
Seriez-vous Thallan de Clar Karond ? Nous n’attendions plus que vous, et attendre est un mauvais terme — vous êtes pile à l’heure !
Je serai votre croupier pour ce soir. Si vous voulez bien me suivre. »


Il se tourna, et, les mains liées dans le dos, il marcha tout droit pour se diriger vers une des tables où se tenaient déjà trois Elfes. Tous les trois observèrent le nouvel arrivé, et le détaillaient des pieds à la tête. Probablement que le sentiment était mutuel.

« Ah, on a un nouveau compagnon de jeu, dit une femme.
– On était en train de parler de vous, assura une seconde.
– Je suis fort déçue — je m’attendais à quelqu’un de… Probablement plus grand. Et plus costaud. »

Le troisième, silencieux, était un homme qui ria à la remarque de sa comparse.

Image


La première femme


Image

La seconde femme


Image


L’homme


« Mesdames et messieurs, veuillez me confier votre mise… »

Le singe blondinet fit un signe discret sous la table. Alors, un garde du corps bien Druchii, collé au mur, s’approcha avec une cassette fermée à clé par un verrou d’argent.

Trois personnes allaient jouer avec Ahmès.
La première femme, qui l’avait insulté, était une toute jeune fille bien trop habillée pour le Placître — elle avait une magnifique robe décolletée, qui descendait jusqu’à ses chevilles où elle était fendue pour dévoiler ses cuisses. Elle portait à l’un de ses doigts une magnifique bague d’or avec un émeraude au centre, que l’assassin reconnut tout de suite comme une marque de noblesse.
Cette gamine était l’héritière d’une famille — et probablement une famille très puissante.

La deuxième femme était plus âgée, la gueule couturée de quelques cicatrices, et l’oreille percée.

Le troisième homme était un grand monsieur aux cheveux blancs.

Tous les trois tirèrent des bourses remplies d’or, qu’ils posèrent dans la cassette que le garde-du-corps ouvrait.

« Pardonnez-moi l’insulte de vous rappeler les règles.
La mise obligatoire pour jouer à cette table est de vingt souverains d’or. En échange de cette somme, vous seront confiés vingt jetons pour représenter cette somme — le jeu commencera par une petite blinde de un et une grosse blinde de deux, avec une augmentation à chaque tour.
Il n’y a pas de deuxième ou troisième place. L’un d’entre vous repartira avec soixante souverains d’or, les trois autres sans rien. Maître Malsydrior se réserve une somme de vingt souverains comme paiement pour la table et votre confort. »


Le blond sortit quelque chose de dessous la table. C’était un étrange masque de canvas et d’osier, qu’il posa sur son visage pour le dissimuler. Deux grands yeux et un immense sourire de noir avaient été cousus dessus, pour donner l’apparence d’un étrange bonhomme très amusé.
Ahmès percuta avec un petit instant d’hésitation : Ce masque servait à représenter Lœc, le Dieu des farces et des vengeances. L’esclave était comme grimé en effigie pour attirer Son regard sur la table. Le genre de costume qu’on donne à un esclave avant de le sacrifier sur un autel de Khaine…

« Installez-vous, maître. »

L’humain désigna un siège à la droite, entre la deuxième femme et l’homme. Tous les trois avaient des verres en cristal, mais celui de son voisin de table était déjà vide. On en amena un au nouvel arrivant, et l’esclave chargée de lui servir à boire proposa dans trois mots beuglés de façon hésitante un triple choix de poisons.

« Skaris Fellheart », grommela le mâle déjà aviné. « Je vous conseille le cognac, mon frère en a ramené de Bretonnie,c’est le sien. »

Et il tendit sa main pour serrer celle de l’invité. Les deux femmes se regardèrent — celle au décolleté soupira d’agacement, tandis que celle à la gueule couverte de cicatrices brisa la glace la première.

« Lhunara Lucari.
– Rayth Uroxis. Comme la famille Uroxis.
Même dans votre trou on a dû entendre parler de nous. »


Oui. Le nom lui disait quelque chose. Il n’était pas trop sûr de ce que les Uroxis faisaient, mais il savait qu’ils étaient importants dans cette ville, sans plus de précision.
Il se souvenait que Masthel les avait cités dans sa longue histoire de Karond Kar. Qu’ils s’étaient alliés avec Fellheart durant la guerre de rue qui avait permis à Lokhir de devenir un chef de maison. Au moment où Masthel quittait cette ville, cette alliance était dissoute.
La maîtresse des arènes avait aussi cité leur nom, il avait pu le lire sur ses lèvres — l’humain qui avait été capable de massacrer un Orque leur appartenait.

« Si vous permettez, nous irons à partir de votre gauche, en commençant par Dame Rayth ; Cela veut dire que Sire Skaris sera le petit aveugle, et maître Thallan le gros aveugle. »

Il sortit un paquet de cartes qu’il tendit à l’Uroxis. Celle-ci coupa le tas, aussi, l’humain masqué le reprit, et commença à distribuer deux cartes à tout le monde.

Ahmès se retrouvait avec un as de pique et un roi de cœur ; les cartes étaient dessinées pour représenter des Dieux et des personnages Elfes importants. L’As se trouvait ici être la Déesse Morai-Heg, la vieille matrone ridée, tandis que le Roi était Bel-Shanaar, le second Roi Phénix — loin de lui rendre hommage, la carte était une caricature ridicule, où l’on voyait le monarque pied-nus, portant une charrette remplie de vaisselle et de peaux d’animaux. Celui que les Haut-Elfes surnommaient « l’Explorateur » était surnommé « le Roi-Colporteur » par les Druchii…

« Mesdames et messieurs, faites vos jeux. »

Skaris regarda ses cartes avant de ricaner.

« Tu es sous l’arbalète, Lhunara.
– J’entre en jeu.
– Également. »

Tout le monde posa ses deux jetons pour s’aligner sur ceux qu’Ahmès était forcé de poser. Le blond n’eut plus qu’à abattre trois cartes face à eux, tandis qu’on amenait son verre au nouvel arrivé.

« Comment vous avez convaincu Malsydrior de vous joindre à nous ?
– C’est pas une fierté, Malysdrior fait entrer n’importe qui a de l’argent à perdre…
– Je te sens tendue, Rayth, tu devrais toucher à ton verre.
– Boire à table c’est la meilleure manière de perdre, Skaris — ça va faire combien d’or, rien que cette semaine ? »

Lhunara ricana en observant ses cartes.

« Inutile de vous énerver — on joue tous pour l’excitation, pas pour le gain…
– Hé, cela, c’est pas certain.
Je connais pas votre nom, Thallan. Vous êtes ici parce que vous avez du métal à perdre, ou parce que vous êtes désespéré d’en gagner ? »

Jet d’observation : 18, très large échec. T’as pas énormément d’infos sur tes compagnons joueurs.

Jet de mémoire : 14, large échec.

Pour le jeu proprement dit, on va faire ça par MP, parce que si je dois te revoir après chaque décision avec des tours de trois personnes ça va vite être chiant. En plus j’espère que tu sais jouer :orque:
Image

Avatar du membre
Ahmès
PJ
Messages : 45

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

Image
LA PORTE DES ESCLAVES


Ahmès pénétra dans les ténèbres de Malysdrior. Aux prémisses de sa progression, il ne tarda pas à concevoir à quel point ce lieu puait la liesse et le délabrement. Retenant un frisson de dégoût, il songea de nouveau au désespoir qui avait habité les yeux de Masthel lorsqu’il avait voulu lui présenter un hospice de fine gueule, et qu’il s’était finalement rendu compte que la cuisine avait été envahie par un Prince du Dessous pour devenir un endroit où l’on consomme la viande de façon bien différente : les pièces de gibier juteuses avaient laissé place à de fines cuisses suaves que les saoulards éventraient de leurs désirs chauds.

Pardonne-moi…

Dans sa tête, l’obédience qu’il avait envers Khaine était comme bousculée et les craintes qu’il avait au sujet de la clarté de son loyalisme avaient tout lieu d’être : il se sentait dans l’antre directe de Slaanesh, au milieu des Drucchis qui avaient sombré dans les abîmes de la décadence. Littéralement dans la tanière du pire ennemi du Faiseur de Veuve. Le Bréa était loin des temples assassins où il avait grandi ; loin des arènes de sable qu’il avait foulé en y trempant sa sueur et son sang ; loin des chapelles solitaires où il avait appris à concocter les plus vicieux poisons ; loin des récifs côtiers qu’il avait attaqués en débarquant et en massacrant à foison pour honorer sa dette sacrée envers le Dieu du Meurtre. C’était une anarchie de tous les instants où les être irradiaient par la non-conformité avec la foi qu’on devait avoir pour celui qui distribuait la mort ; si religieuse soit l’appétence à savourer le moment présent. Comme le Dieu Aux Milles Visages pouvaient-ils dépasser l’influence de son rival dans une telle débauche ?

Là, les nains toisaient les Druchiis sans gêne. Là, les misérables races se croyaient l’égal des plus éminents des elfes. L’envie de décapiter les nabots monta en lui avec une adrénaline folle, si vrai qu’il se savait capable de faire passer sa dague à travers la gorge de l’impudent d’un seul coup net. Mais l’heure n’était pas à la punition. La patience était son arme la plus mortelle, au fond. Il avait appris, au prix de longs rituels, combien le temps pouvait être son allié. Il savait qu’il pourrait faire payer, au moment voulu, la corruption dont se tenait pour responsable Malsydrior.

Lui qui se croyait si intouchable. Lui qui s’imaginait faire la loi au-dessus des maisons nobles. Il ignorait. Il ignorait à quel point Karond Kar pouvait être métamorphosée par la simple présence de deux assassins. Il s’y jura. Il jura de faire de cette cité maudite le bastion des plus terribles assassins. Il jura de déchaîner les Furies afin qu’elles éventrassent les suppôts de Slaanesh en nombre et lieu ; que lors d’un rite de sang, le Dieu chaotique des Plaisirs soit littéralement balayé par un flot de haine et d’hémoglobine.

Alors, siégeant sur des ruisseaux vermeils et des montagnes de cadavres, il deviendrait l’unique Prince du Dessous.

Sans dire un mot, il suivit ses guides à travers les couloirs et aboutît à la pièce défendue, éclairée de ses lanternes et lampions. Sur les murs dansaient les ombres des flammes voltigeuses qui s’amusaient à traduire les mouvements des passants par des voiles mouvementés sur les motifs décousus des parois environnantes. Ici, l’atmosphère était plus calme, plus soutenue ; plus noble, à n’en point douter. Les chiens ne se mélangeaient pas avec les chats. Il continua d’avancer avec dans le crâne cette anecdote de passage, qu’il avait entendu en examinant l’ampleur du chaos qui régnait en ces lieux.

La mort de Tevras Drakilos.

Il eut son point d’accroche avant même d’avoir à aborder ses convives. Pour être un tueur en devenir, il savait que rien n’était laissé au hasard pour chaque crime et, parcourant les méandres de sa mémoire vive, il se souvint que les Drakilos étaient les associés des Lucari ; même si en l’état, ils étaient supérieurs à cette maisonnée. Quelque chose tiqua, comme un déclic. Comme si par magie la tanière s’éclairait de la pâle lumière de l’astre lunaire ; comme si Mannslieb elle-même, otage du Meurtrier, était forcée par ce dernier à lui montrer la voie. L’assassinat d’un Drakilos semblait se conjuguer de trop près, temporellement, avec la mission qui était sienne. Suffisait que s’ensuive la mort d’un Lucari pour que…

Oui. Il avait l’impression que tout s’établissait de façon logique autour de lui. Comme si le destin lui lançait des signes, des indices de passage, des mystères qu’il devait s’amuser à décortiquer. Une géométrie à laquelle ne manquait qu’un coup de compas. Un décousu qu’il se vanta de comprendre trop facilement. Le retour de Lokhir Fellheart sonnait comme une résonnance, comme l’écho d’une promesse. La mort d’un Lucari n’était pas qu’un crime en réparation de cause. La mission d’Ahmès se tenait à un tout autre niveau de responsabilité.

Si Ahmès devait tuer la Lucari, c’était potentiellement pour déclencher une guerre.

Terreau fertile pour sa Grandeur…

Lokhir Fellheart, en dépit de tout ce qu’il pouvait incarner de dévergondement et d’insultes, était un chantre de violence et l’ami parfait pour les cultistes de Khaine. Son appétence pour la guerre louangeait intrinsèquement le Faiseur de Veuves, et déboutait sans doute les cultistes de Slaanesh de leur tranquillité impie.

C’était donc ça, être un Assassin. Il ne suffisait pas de tuer pour tuer. Comme on lègue un héritage, il fallait que le meurtre appelle au meurtre ; était-ce pour cette raison que Masthel avait mis tant de temps pour le sortir de l’ombre de sa tutelle ? Était-ce pour cela qu’il l’avait tant et tant dissimulé derrière sa cape et son couteau ?

Il saisissait. Il saisissait le jeu malingre des divinités.

Alors qu’il s’installait, il ignora volontairement la pique lancée par Rayth. Dans un souci de bienséance, il s’inclina, présenta poliment ses respects et scruta chaque faciès pour tenter d’en deviner les sortilèges ; mais ses compagnons de jeu étaient âgés, rompus aux arts de la tromperie. Il ne devina rien, sinon qu’ils voulaient s’amuser.

Lui aussi s’amuserait bientôt. Mais avec leurs cadavres.

« Thallan, de la maison Bryris. Vous me faîtes honneur. Navré que mon enveloppe corporelle vous déçoive, Dame Rayth. Mais ne mesure-t-on pas la taille d’un être à sa valeur plutôt qu’à sa chair ? C’est ce qui me permet de dire sans cligner des yeux que vous êtes plus grande que votre physique ne le laisse paraître également, Dame Rayth. Bien plus, je le présume, qu’un Bryris comme moi. »

Le jeu des complots et des faux compliments était lancé, alors que les premières cartes arrivaient dans chaque main.

« J’ai entendu parler de votre Champion. Mais à Clar Karond, j’entends davantage parler des Fellheart, si je puis me permettre. Le Kraken a son pesant de réputation à travers les océans de Naggaroth. »

Fit-il pour complimenter Skaris, mais aussi pour attiser la jalousie de l’Uroxis.

« Jouons. »

Lança-t-il pour laisser le temps à ses convives de digérer ces remarques. Le croupier distribua le paquet, une fois coupé, et dans la main d’Ahmès arrivèrent un as de cœur et un roi de pique : deux cartes puissantes, mais inutiles sans une bonne pioche.

Il s’en rendit vite compte. Les cartes s’étalèrent devant sans lui offrir la moindre opportunité de prendre la main, et ses souverains d’or, posés sur la table, furent condamnés à disparaître. Il avait des souverains, oui, mais sans royaumes à diriger.

Mauvaise chance.

Dame Rayth, toutefois, s’enquit d’en apprendre davantage sur lui. Comme il avait pu s’y attendre, il avait suscité sa curiosité. Alors, ne lui restait qu’à profiter de cette aubaine. Il lança ses orbes maléfiques dans ceux de l’Uroxis. Elle avait un quelque chose de ravissant, de parfaitement maîtrisé. Il put sentir qu’il émanait d’elle une sorte de supériorité, en dépit de ce qu’il avait lancé.
Il n’hésita pas longtemps avant de reprendre, camouflant son jeu en retournant les cartes côté face contre la table pour empêcher que la discussion ne fasse, par erreur, pivoter ses doigts ; et ne révèle son jeu.

« Vous tombez juste, Dame Rayth. Je décerne dans votre esprit une clairvoyance qui ne trompe pas. Ma maison a en effet subi quelques affres, et non des moindre. Un peu comme ce qui est arrivé à ce… Tevras Drakilos, n’est-ce pas ? »

Il appuya sur ce nom, et sonda chaque visage, tentant de lire sur leurs expressions la moindre faille.

« Hélas, il est arrivé la même chose à notre patriarche. Mais si je suis ici, ce n’est pas pour l’or, non. Je suis ici en quête de vengeance. »

Conclût-il avant de voire une lampée d’alcool de Bretonnie, sans en dire davantage.
Modifié en dernier par Ahmès le 29 juil. 2021, 18:49, modifié 1 fois.
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


Avatar du membre
[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
Messages : 876
Autres comptes : Armand de Lyrie

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Vous avez entendu parler de notre champion ? »

Rayth Uroxis avait relevé le museau avec un grand sourire en entendant cette phrase. Elle n’avait strictement rien répondu à la remarque d’Ahmès plus tôt, sur son espèce de tournure de compliment ; et elle avait également complètement ignoré le reste de sa phrase, comme si elle se moquait de la réputation des Fellheart. Mais si elle était volontiers avare en paroles, elle avait tout simplement noté la seule phrase qui l’intéressait, et elle ne manqua pas du tout de rebondir dessus.

« C’est moi qui ai capturé le sire de Morainvilliers — en personne ! Il est imbattable, il terrasse n’importe qui dans l’arène, n’importe qui. Il est malheureux que les singes ne vivent pas longtemps, et qu’ils gardent longtemps leurs blessures, car c’est le genre de combattant qu’on a du mal à trouver.
On pourrait lui faire faire des saillies comme les chevaux, mais hélas, ça ne marche pas comme ça. »


Skaris éclata de rire à cette dernière phrase. Rayth fronça des sourcils, comme si elle n’avait pas compris en quoi ce qu’elle disait était drôle.
Elle était très sérieuse.

« Mon frère et maître est la seule raison pour laquelle vous avez entendu parler de ma dynastie. Il a remis en selle notre famille, après des siècles d'erreurs et de mauvais résultats financiers.
Si vous comptez sur moi pour que je vous le présente, malheureusement, ça va être compliqué. Il est un homme très compliqué, et, disons… Assez impatient. »


Il n’était peut-être pas nécessaire qu’il sache qu’Ahmès avait en fait déjà rencontré Lokhir il y a un moment maintenant. Ou du moins, il n’était peut-être pas nécessaire de lui dire maintenant.


Le jeu commença. Assez rapidement, Ahmès décida de se coucher. Par prudence, la discrète Lhunara en fit de même.
Tout se joua entre Skaris et Rayth ; d’humeur hâbleuse, le gamin Fellheart ne cessa de relancer, jusqu’à ce que Rayth craque et décide de se coucher, sans que personne ne parvienne à savoir de s’il bluffait ou avait réellement du jeu.

« Bah alors, Rayth ? Pourquoi tu ne suis pas ? Je t’imaginais plus prompte à répondre aux défis.
– Ferme ta gueule.
– Oh, du calme ; c’est qu’un jeu, je croyais que t’étais pas là pour gagner ?
– Sale fiotte. »

Les insultes semblaient très sérieuses : elles étaient prononcées avec les dents serrées de la gamine Uroxis. Mais elles coulaient sur Skaris comme de la pluie sur un imperméable. Il ne les prenait qu’avec le sourire.

À la question sur les Drakilos, son sourire s’estompa, et Rayth retrouva son sérieux. Étonnamment, c’est la Lhunara aux lèvres fermées qui parla.

« Vous ne venez pas de Karond Kar, alors permettez un conseil d’ami, maître Thallan — ne dites pas ce genre de phrase à la légère. Surtout quand il y a le nom Drakilos dedans. »

Rayth leva les yeux au ciel.

« C’est pas comme s’il y avait beaucoup d’amis de cette famille à cette table non plus.
– Peut-être — mais les Drakilos sont un des vieux pouvoirs de Karond Kar. Ils ont encore beaucoup d’argent, d'influence, et de fidèles.
Vous montez à l’étage pour parler d’eux debout sur une table, vous n’êtes pas sûr de rentrer chez vous en un seul morceau, maître Thallan. »

Skaris grimaça. Il posa une main sur le poignet d’Ahmès — comme face au Gobelin qui avait tenté de mettre sa sale patte sur lui, il aurait été normal que l’assassin crispe tous ses muscles face à ce geste.
Mais le jeune aristocrate ne le remarqua même pas.

« Tevras Drakilos est mort en Norsca, lors d’un raid pour capturer des Humains. D’après ce que j’ai entendu dire, Malékith le Roi-Sorcier devrait faire une proclamation solennelle et à voix haute dans la semaine.
– Conneries. »

L’Uroxis faisait les gros yeux, et entrouvrait la bouche.

« Oh non, c’est une rumeur qui a beaucoup de crédit, ma chère Rayth…
– Malékith en a rien à foutre des Drakilos. Notre monarque a mieux à penser.
– Jalouse ?
– Tu crois vraiment que me titiller là-dessus ça va te permettre d’aller sous ma peau, Skaris ? Tu vaux même pas que je t’éclate le nez, sale fiotte.
Pose ton putain de fric et arrête de parler. Toi aussi, Thallan. »


Obéissant, Skaris posa bien deux pièces sur la table. Et, à nouveau, il mit sa main sur les doigts d’Ahmès, et chuchotait à son oreille en le collant, comme si les deux étaient soudainement amis alors qu’ils s’étaient présentés il y a deux minutes.

« Ne faites pas attention à elle, maître — elle est de mauvaise humeur, c’est comme ça, avec les gens qui ont le sang chaud…
Vous savez comment la mettre de bonne humeur, maître ? Posez un souverain d’or et demandez à ce qu’on nous apporte à tous les quatre quelque chose de sympathique à boire, vous verrez qu’elle deviendra soudain fort plus sympathique à votre égard… »


Ahmès accepta la suggestion. Alors, Skaris releva le museau et fit un signe de tête à l’humain grimé comme Lœc.

« Fais-nous apporter un peu de Délice.
Et prends un verre pour toi aussi, jeune humain — histoire que tu nous portes chance. »


Le croupier salua, et s’éloigna quelques instants pour aller chuchoter à l’oreille d’un autre être humain, qui lui-même contourna le bar pour disparaître dans une arrière-salle.
Le temps qu’ils reviennent, Lhunara semblait avoir percuté. Les lèvres pincées, elle grogna un peu.

« Du Délice ? Tu es certain, Skaris ?
– Tu adores ça.
– Pas en public.
– Et pas quand on joue.
– C’est comme s’entraîner à l’épée avec une main attachée, Rayth ; Moi, je joue tout le temps complètement torché et je gagne. Je pourrais même gagner en me faisant sucer, mais je sais me tenir je vous infligerai pas ça.
À moins que… »


Deux minutes plus tard, deux humains costumés comme des pingouins, avec des masques de plâtre sur le visage, s’approchèrent de la table en portant chacun un plateau d’argent. Le premier serviteur posa cinq disques de dessous de verre en bois, et cinq verres en cristal, absolument brillants, sans une trace de calcaire dessus, le pied du verre décoré d’une sorte de petite gueule de Harpie fort raffinée — cette vaisselle aurait eu sa place au palais du Drachau que ça n’aurait pas détonné. L’autre humain, lui, prit une toute petite bouteille, qui ne devait certainement pas contenir plus d’une pinte. C’était un joli récipient, sans étiquette, en verre de couleur ambre, et un bouchon couvert de cire rouge sur le goulot.

« Vous avez payé, c’est donc à vous de sabrer, maître. »

Rayth minauda avec un sourire mauvais.

« Si vous savez pas comment faire, je peux m’en charger. »

Le croupier s’approcha du plateau d’argent, et ouvrit une petite serviette de soie. Il dégaina alors un magnifique couteau, qu’il tendait à Ahmès.
Tous les invités dans la salle avaient cessé de jouer, et tournaient leurs regards vers lui afin de scruter son geste.

L’arme était d’excellente facture. Pas extravagante, pas de décorations sur le quillon ou le pommeau — juste un manche de frêne noir et un acier aiguisé et tranchant. Rayth se moquait de Thallan en croyant certainement avoir affaire à un gueux qui n’avait jamais eu à ouvrir une bouteille de luxe de sa vie. C’était vrai, mais Ahmès avait été entraîné pendant des années à manier des armes blanches.
C’est avec une rude efficacité, sans aucune fioriture, qu’il fit sauter le haut de la bouteille, détachant un net morceau de verre sans faire éclater tout le contenant.

Rayth, Lhunara et Skaris applaudirent poliment tous les trois. Un sous-fifre se dépêcha de retirer le morceau cassé du sol, et le croupier tendit sa main pour que le sabreur lui rende la bouteille. Il servit alors les cinq verres, remplissant le sien en tout dernier.

L’alcool avait un aspect…
Étrange.
C’était une sorte de liquide sombre, une teinte d’orange très fort, qui tendait vers le marron. C’était un petit peu visqueux, pas aussi liquide que devait l’être l’alcool.
Et surtout, ça fumait. Très légèrement, au-dessus du verre, il y avait cette espèce de volupté, alors que le verre n’était ni brûlant, ni glacé.

Pour la troisième fois de la soirée, Skaris recommença à attraper la main d’Ahmès.

« Il n’y a pas de boisson comme ça à Clar Karond — ou alors, on doit la boire que chez votre Drachau.
Ici, à Karond Kar, on en a pas mal de bouteilles. Il paraît que Malékith déteste ça ; Mais il refuse de l’interdire car la Reine-Mère Morathi l’adore. »


Jet de reconnaissance des poisons : 16. Tu n’as vraiment pas idée de ce qu’est le Délice. Probablement une quelconque drogue récréative.

Jet de charisme : 2, large réussite. Même si Rayth paraît très hostile (C’est sa personnalité après tout, peu importe ton jet de dés c’est pas le genre de chose qui se change), tu parviens à plutôt bien t’insérer au milieu de la conversation.
Image

Avatar du membre
Ahmès
PJ
Messages : 45

Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

Image
LA PORTE DES ESCLAVES


L’As et le Roi n’avaient pas fait bonne fortune pour lui, au regard des cartes qui avaient été révélées sur le tapis de jeu. Il songea que cette partie était une sorte d’allégorie de la vie, un reflet du monde dans lequel il vivait : on pouvait être roi, mais s’il n’y avait rien sur quoi régner, alors le pouvoir était inutile. Une belle leçon qu’il se garda de se transmettre à ses convives. Ce sujet n’avait aucun intérêt dans ces circonstances et encore moins vis-à-vis de ses intentions réelles.

Le jeu commença véritablement et la Lucari, sa cible prioritaire, l’imita en se couchant. Tous deux abattus, il ne demeura plus que les deux autres joueurs pour faire place nette sur le résultat de ce tour. Ahmès en profita pour figer ses iris cristallines aux motifs d’or sur les différentes expressions des deux survivants. Rien. Rayth et Skaris s’engagèrent dans un jeu de bluff et d’audace parfaitement maîtrisé, d’aucun ne sachant ce qu’il y avait de juste ou illusoire dans le jeu antagoniste. A cette méthode Skaris fut toutefois le plus doué, et se railla très vite de son opposante principale lorsqu’elle dût céder devant lui.

Le croupier reprit, mélangea et commença la redistribution mais l’instant fut aubaine pour Ahmès pour tenter de s’accaparer l’attention de ses adversaires. Il fit mouche en déclenchant une ire passagère venue droit des lèvres de Lhunara Lucari, celle qu’il voulait très justement deviner. Qu’on évoque le cas de la perte du Drakilos la mettait visiblement hors d’elle. Un point qu’il nota précieusement dans sa mémoire sagace. S’il n’était pas un grand stratège aux jeux, il était bien plus doué dans l’art de l’empathie : quel autre sentiment pouvait lui permettre de mesurer toute la souffrance de ses victimes ? Intérieurement, il eut envie de sourire. Il aurait presque pu savourer l’instant…

… si le rejeton libidineux de Slaanesh qu’était Skaris ne s’amusait pas à poser ses sales pattes sur lui.

Au fond des chairs du dévot de Khaine, quelque part entre la poitrine et l’estomac, un liquide se mit à bouillir. Une sorte de flux de fureur, une ébullition qui montait dans ses veines et émergeait dans son crâne en le remplissant de pulsions meurtrières. Un coup d’œil autour de lui suffît à lui faire mesurer l’étendue de son malheur. Il l’avait déjà senti mais avec ce suppôt de l’opulence et des plaisirs qui soufflait son haleine de liesse sur lui, la sensation fut encore plus saisissante.

Il était dans le ventre des Puissances de la Ruine. Partout autour de sa personne, il pouvait sentir cette présence obscure et envoûtante, cette force éthérée des plaisirs de la chair et des excès en tout genre. Skaris Fellheart, maudit fût-il, parût être l’incarnation parfaite de cette calomnie des plaisirs. L’esprit d’Ahmès se tendît. Ici, la volonté de Khaine était un colosse aux pieds d’argile qui marchait sur une bombe à retardement. La conscience de l’assassin se libéra des obligations du jeu, clairsema quelques regards attentifs autour de lui. Les tables étaient multiples, le luxe abondait, les serviteurs se voilaient d’un masque. Les effluves d’alcool se mélangeaient aux parfums de cuir et de bois, aux rafales de fraîcheur qu’irradiaient les notes parfumées des chemises des croupiers. Dans une élégance diable, les doigts fins et graciles triaient les cartes devant ses yeux, et les souverains d’or s’écoulaient des portefeuilles pour s’échouer sur des piles d’oseille. Tout était propice à la liesse de l’instant, à la saveur exquise du moment présent. Tout faisait oublier la mort. Tout faisait oublier Khaine.

Quelque part, au fond du Bréa, le chaos avait un cœur bien vivant, un cœur gorgé de tous les vices, un coeur qui battait puissamment au rythme du claquement des verres et des bouteilles. Chaque pulsation fit frémir Ahmès, déstabilisé. Il était en terrain hostile, là où le Faiseur de Veuve ne pouvait le voir ; dans les méandres méphitiques et silencieuses du plaisir.

Le cloporte revint, mâchouilla quelques mots au creux de son oreille. L’assassin céda. On lui avait toujours appris à se confondre dans son environnement pour traquer sa proie sans se trahir. On lui avait enseigné l’art de la dissimulation sous la plus haute forme de perfection. Tout le monde redoutait les assassins. Mais pas ici. Pas sous le couvert de Malsydrior. Pas sur les tables de Slaanesh.

Skaris le guidait sur cette voie. Il observa longuement les deux autres. Il n’eut d’autre choix que de se résigner en acquiesçant du visage.

« Laissez-moi vous offrir un verre. »

Et Skaris, de lever son museau et de les commander à sa place, ne se priva guère. La bouteille vint comme si on ramenait un peu du sang de Slaanesh. Comme si on invitait l’assassin à succomber au pouvoir du Dieu du Chaos. Mais d’abord, on l’invita à sabrer.

Dubitatif, il analysa longuement le couteau qui se présentait à lui. On l’avait emballé comme si on camouflait un cadeau interdit de Khaine. Ahmès ne s’y trompa guère : l’instrument lui parut si rudimentaire qu’il eut l’impression qu’on insultait son Dieu, qu’on tentait de le réduire au strict minimum possible. Un manche de frêne noir et une lame, à peine ce qu’il fallait pour une estafilade sur la peau. L’espace d’une seconde, il eut envie de sortir sa propre dague ; de leur expliquer, à ces trois-là, comment devait être équilibrés le pommeau et sa lame ; de s’arrêter sur les symboles marqués sur le manche comme autant d’égéries adressées à la mort. Mais il n’en fit rien.

Les secondes passèrent, alors qu’il plongeait son regard sur ce couteau de petit artisan. On insultait l’assassin qu’il était. Comme si quelqu’un, derrière, manigançait de le faire tomber. Mais c’était là le tenir en piètre estime.
Il nota quelques noms dans sa mémoire infâme. Malsydrior, Skaris Fellheart.
Un jour, il les tuerait pour leur infidélité, et les jetterait dans un Chaudron de Sang pour que leurs âmes soient à jamais torturées.

La lame du couteau, elle, siffla dès que l’assassin posa sa main dessus. En un éclair, le bouchon sauta, sabré net.

« A Clar Karond, on sabre les bouteilles avec de vraies lames, plus équilibrées que celle-là, et plus rasantes que des griffes de harpies. Les plus virtuoses d’entre nous sabrent sans faire tomber le bouchon. »

Ce fut une façon pour lui de rétablir son autorité sur cette table. Il avait déjà laissé passer trop de choses à son sujet, mais avait attendu patiemment que son heure vienne pour pouvoir reprendre une certaine forme d’ascendant. A présent, son heure était venue.

Il leva son verre.

« Dames Uroxis, Lucari, et Sieur Fellheart. Je sais combien peut être douloureuse la perte d’un proche. Je vous prie de m’excuser si j’ai fait preuve de… maladresse. S’il est vrai que certains frères prodigues, comme semble l’être Lokhir Fellheart, peuvent redresser une maison entière, il est vrai également que la perte d’autres proches peut entraîner de lourdes peines et tout un déclin regrettable pour sa maison. J’ai connu cela et c’est pourquoi je veux m’associer, ce soir, au deuil de la maison Drakilos. Que vous fussiez son ami ou son ennemi, trinquons à feu seigneur Tevras Drakilos. Que son âme repose en paix. »

Ses yeux attentifs scrutèrent la réaction de Lhunara Lucari. Puis il avala une gorgée du nectar avant de focaliser son regard sur son jeu. Un deux de cœur, et un neuf de trèfle. Rien de bien fameux.

« Rayth… vous devez être une formidable guerrière. »

Lâcha-t-il sans quitter des yeux les manœuvres des mains du croupier.
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


Répondre

Retourner vers « Naggaroth »