[Nathaniel Cambiare] L'Antre du Mal

La Vallée du Malheur, qui tient son nom du Khazalid du Chaos Gash Kadrak, suit le lit du fleuve qui longe les Montagnes des Larmes et va se jeter dans la Mer de l'Effroi. C'est un lieu sinistre où rodent Snotlings, Hobgobelins, Gnoblars, Gobelins, Orques, Orques Sauvages et les quelques Orques Noirs qui ont échappé à la surveillance des Nains du Chaos.

Modérateur : Equipe MJ

Répondre
Avatar du membre
[MJ] Général Boum
PJ
Messages : 7

[Nathaniel Cambiare] L'Antre du Mal

Message par [MJ] Général Boum »

Les vallées enneigées, les pics infinis, les troupeaux sauvages qui bondissaient sur les pentes escarpées, les cris monstrueux qui faisaient trembler les montagnes lorsqu’un prédateur partait en chasse… Tout ça avait disparu dans la caverne sombre et humide où se trouvait l’ultime prédateur, celui qui avait assujettit tout le clan de Nathaniel, qui avait tué, modifié, transmuté puis jeté les corps de ceux qui avaient été des parents, des voisins ou des amis. Il avait bu leur sang à grandes goulées alors qu’il s’écoulait en fontaine de leur gorge, leurs yeux exorbités tentant d’échapper à la vision de leur mort ignominieuse. Un par un, hommes, femmes et enfants avaient été sacrifiés sur l’autel des ambitions démentes de leur tortionnaire. Certains disparurent, d’autres avaient été relevés dans la mort. Ces serviteurs créaient une parodie de vie dans ce donjon humide, gardant les cachots, patrouillant dans les couloirs et apportant à leur maître divers objets et instruments.
Passé un temps, Nathaniel appréciait converser avec eux, ceux qu’ils avait connu vivants. Ils étaient en général bien disposés, et ils tombaient souvent d’accord. Ils n’avaient seulement pas le droit de le laisser seul ni d’ouvrir sa cellule sans ordre du maître. Et puis finalement, il y avait eu cette voix. Cajoleuse et autoritaire, rassurante et impériale. Nathaniel aimait beaucoup l’entendre. Elle lui donnait quelque chose. De…l’espoir ? Il gratta les plaques d’écailles orangées de ses poignets en grognant.

Nathaniel, lorsqu’il n’était pas le cobaye des expériences de son maître ou autorisé à aller dans la sombre bibliothèque vivait dans une cellule en sous-sol, entouré des râles et des pleurs des autres résidents. Il n’aimait pas cela. Ces individus faibles le dérangeaient, l’empêchaient de dormir et réduisaient ses portions de nourriture. Heureusement, ils finissaient toujours par partir…
Un jour, le maître était revenu avec une nouvelle proie, un nouveau sujet d’expérience. Celui-ci ne couinait pas comme les autres. Il était aussi plus petit, à la peau verte et avait un long nez pointu. Il était vêtu de cuir et de fourrures qui traînaient au sol alors qu’il était traîné jusqu’à sa cellule, qu’il partageait avec d’autres jeunes humains. Peut-être eu égard de sa corpulence. Il dégageait une odeur nauséabonde, mélange d’urine et de graisse, sans compter celle de ses fourrures mouillées. Il était juste en face de Nathaniel, qu’il observait de ses yeux rouges, tentant de le juger et de comprendre pourquoi le robuste humain quittait sa cage pour toujours y revenir. En vérité, le cas de l’humain était plus une exception qu’une règle dans ce domaine abandonné des dieux…
Le petit personnage était resté là pendant quelques temps, observant les va-et-vient dans ces cachots obscurs. Dès que c’était le tour de Nathaniel, la créature à la peau verte se cambrait, suivant l’humain de ses petits yeux avides, sans jamais parler. Ses congénères de prison avait été emportés hurlant et pleurant, si bien qu’il ne faisait plus que partager sa gamelle de gruau avec une prisonnière aux cheveux longs et sales, qui avait marqué la mémoire de Nathaniel. Un jour, alors qu’il revenait du laboratoire, elle avait agrippé sa jambe à travers les grilles de sa sordide demeure. Elle lui avait promis tout ce qu’il voudrait si il l’aidait à sortir. Ses grands yeux turquoises avaient fait remonté quelque chose en Nathaniel, qu’il s’était empressé de refouler dans un grognement avant de rejoindre tranquillement sa cellule.
Alors qu’il dormait Nathaniel fut réveillé par un bruit mat et suintant. Se relevant lentement du sol humide de sa cellule, il n’avait plus vu que le crâne défoncé de cette prisonnière, dont il ne restait plus qu’une bouillie rougeâtre, s’étalant en filaments sanglants des barreaux au sol, alors que la créature verdâtre finissait méthodiquement de massacrer le visage de la fille qui avait partagé sa cellule. Nathaniel ne disait rien. Il était fasciné par le spectacle. Quelque chose l’empêchait d’hurler pour avertir quelqu’un. La créature meurtrière avait ensuite fourragé à mains nues dans le crâne de sa victime, déchirant de ses ongles longs la chair tendre pour y trouver des os fins et effilés avec lesquels il avait crocheté la serrure. La porte s’était ouverte en grinçant, et l’humanoïde s’était faufilé à l’extérieur, laissant derrière lui ces cavernes de misère…

Du destin de la créature, Nathaniel n’en su jamais plus. Sa misérable existence n’avait pas été modifiée par cette première évasion, et il s’était bien gardé de poser la question. Le temps continuer de s’écouler lentement, s’il s’écoulait, entre périodes de souffrances sur l’établi du vampire et les courtes périodes où l’humain errait dans la grotte entre le laboratoire et la bibliothèque. Le maître se réjouissait de la progression des écailles sur le corps de son cobaye, et dans une grande excitation, remplissait des pages entières de grimoire, en éclatant d’un rire puissant et nerveux qui résonnait dans les arcades de son domaine, invoquant un frisson d’âges oubliés, des terreurs de la nuit datant de l’aube des hommes.
C’est à la suite d’une de ces désormais coutumières opérations que Nathaniel s’était dirigé vers la bibliothèque, son bras gauche bandé pour que la greffe prenne. Sa main droite l’avait guidé sur un livre anonyme dans la bibliothèque. En l’ouvrant au milieu, il vit qu’il traitait de géographies, et que ce chapitre en particulier racontait comment ces montagnes avaient été habitées et creusées par les empires des géants, des nains, des ogres, des hobgobelins et des hommes. Les terribles guerres qui avaient fait rage entre ces pics silencieux, comment les forteresses s’étaient changées en charnier, les noms des rois qui reposaient dans des salles aux trésor désormais perdues, la légende du légendaire marteau du roi des géants Argulf le Large. Tout cela prenait forme, avec une étrange vivacité, dans l’esprit de Nathaniel. Il s’imaginait là, au milieu des Brise-Fers nains, défendant leurs cités menacées du pillage des ogres. Ou encore à la cour primitive de Hurgat Brise-Montagnes, le seigneur ogre qui avait réussi à unifier sous sa bannière et son règne tyraniques les féroces tribus d’hobgobelins et d’ogres qui maraudaient dans la région… Il avait fini par repartir dans sa cellule, tentant de garder le plus longtemps ces images du passé. Dans son sommeil, la voix si rassurante était revenue, cajoleuse, lui envoyant, pour la première fois, des visions étranges de couloirs de verre et de flammes alors qu’il parlait :
Tu as aimé tout cela. Je. Le sais ! Mais prépare-toi, jeune Nathankarhn. Tout cela te sera bientôt offert. Si tu en es digne ! Penses-tu vraiment l’être ? Cela viendra. Bientôt !
Nathaniel s’était éveillé en sursaut et en sueur. Pendant un instant, il était dans ce labyrinthe infinie et illogique. Il avait touché du doigt les parois ondulantes qui l’entouraient. Il avait brisé les barrières, tourné une fois encore le fil du destin ! A ses côtés était posé un large coutelas à la lame effilée, pure, comme si elle venait directement de la forge. La porte de sa cellule était également entrouverte. La seule semblait-il. Des hommes salles, leurs mains blanchies sur les barreaux de leur cellule, se déboîtaient le cou pour tenter de comprendre ce qu’il se passait. Au-dessus, un vacarme se faisait entendre. Des bruits de mobiliers renversés, le fer contre la pierre et des cris, humains et… bestiaux ? Le vampire était-il encore entré dans l’une de ses crises de folie ? L’expérience qu’il menait venait-elle d’échouer ?
Aucun gardien dans le couloir. Et au-delà d’une volée de marches inégales et glissantes, sous la porte de bois vermoulu, brûlaient d’étranges flammes dansantes. Nathaniel contempla la lame qu’il avait machinalement prise dans sa main droite. Son heure était-elle arrivée ?
Et pif, paf, pouf ! Et tara papa poum !
Je suis moi le Général Boum ! Boum !

Répondre

Retourner vers « La Vallée du Malheur »