[Aranan] Fatalité
Posté : 12 août 2018, 14:19
Magister Philodante [Assistant MJ]
"Que d'Asur avant moi n'ont-ils rêvé d'arracher notre histoire à sa lourde fatalité du sacrifice ?" Aranan de Cothique
Ulthuan, année 2529 du calendrier impérial.
Depuis la sombre époque de la Déchirure, la culture des Hauts Elfes a évité sa sombre nature en mettant l’accent sur des traits comme la noblesse et la pureté. Mais aujourd'hui encore, ces valeurs sont menacées de toute part.
Isha reste muette devant les problèmes de fertilité de son peuple.
Certaines flammes des temples mineurs d'Asuryan s'éteignent sans qu'elles ne puissent être rallumées...
Les raids de leurs sombre cousins atteignent leur paroxysme et cette multitude ne pouvait présager qu'une seule chose : les ruines de Tor Anlec ont été une nouvelle fois reconquises.
Lorsqu'un guerrier fantôme se présenta enfin à la cour du Roi Phénix pour y détailler l'activité des druchii dans le pays des ombres, Finubar avait déjà convoqué les neufs princes des différents royaumes d'Utlhuan pour organiser les défenses et préparer l'assaut de l'avant-poste avant qu'il ne devienne un véritable bastion qui ne serait récupérable qu'au prix d'un lourd sacrifice.
Malheureusement, le prince Elarion de Cothique ainsi que sa garde rapprochée d'heaumes d'argent ne rejoignirent jamais Tor Koruali. L’instabilité des îles mouvantes ainsi que la présence importante de corsaires elfes noirs avaient conduit le prince à privilégier la voie terrestre jusqu’à Tor Yvresse avant de prendre le large en direction de Lothern en compagnie du prince Eltharion le sinistre. Bien que le voyage du retour se passa s’en encombre jusqu’en Yvresse, le prince et sa noble garde n'atteignirent jamais leur royaume…
Comme le veut la loi, Cothique ne peut rester plus de cinq jours sans prince, surtout en cette situation de crise où les différents royaumes doivent agir en une synergie parfaite. Passé ce délai, le sénat de Tor Koruali élira un nouveau prince qui devra aussitôt joindre ses armées à celle de Chrace et d’Yvresse afin d’assiéger les ruines de Tor Anlec.
Vitellion pénétra silencieusement dans le bureau familial, portant une cruche de cydith sur un plateau d’argent serti d’or dont l’usure témoigne d’une manufacture modeste. Habillé d’une simple toge sans la moindre broderie, il émanait de lui un aura de simplicité l’identifiant comme un elfe se souciant peu du regard des autres, ce qui est appréciable, car rares sont les Asur à ne pas aimer être admiré.
Sa discrétion était telle que plus d’une fois, Aranan s’était demandé s’il ne partageait pas la demeure en compagnie d’un fantôme.
La pièce était relativement grande et spacieuse - sans doute la plus importante du vieux manoir - mais elle n’était que partiellement occupé par du mobilier ce qui imposait immédiatement à l’esprit une impression de vide. Cela aurait paru inconvenant à la plupart des nobles d’Utlhuan, mais la famille d’Aranan était loin d’être comme la plupart des familles de la noblesse
Elle avait reçu cette vaste résidence inoccupée depuis des siècles pour "service rendu au royaume". Et plus que tout autre bâtiment de Cothique, les sentiments de richesse passée et de gloire oubliée sont omniprésents. La structure est, certes, imposante, prestigieuse et d’une architecture dont les détails échapperaient au plus avisé des humains, mais l’absence d’entretien mêlé à la lueur terne du ciel imprègnent le manoir de regrets mélancoliques, rappelant constamment à qui l’aurait oublié, que le présent ne sera plus jamais à la hauteur du passé.
Le vieil elfe déposa le plateau et entreprit de servir le vin dans un verre en cristal. Il effectua cette tâche avec une aisance parfaite, témoignant des décennies de pratique versées dans l’art de l’intendance.
Il tourna ensuite le dos au maître des lieux puis se dirigea vers la sortie de la pièce.
Mais au moment précis où Vitellion allait s’effacer dans les couloirs sinueux du manoir, il s’arrêta et sans même se retourner, interpella Aranan :
Sa voix n’était pas très mélodieuse pour un elfe, elle était même quelque peu enrouée. Néanmoins, elle était empreinte de la sagesse qu’on s’attendait à percevoir d’un être ayant vu autant de siècles s’écouler. Même si Aranan ne pouvait s’empêcher d’y voir également une certaine tristesse ou lassitude de l’existence.J’imagine que vous n’êtes toujours pas revenu sur votre décision ?
L’intendant poursuivit :
Cette entreprise recèle bien trop de périls. Vous n’avez même pas fêté votre dixième décennie. Laissez cette battue aux membres de la noblesse désireux d’accroître leur influence politique.
Votre père a déjà pris la décision discutable de quitter le royaume, et seul le temps nous dira s’il refoulera un jour le sol d’Ulthuan.
Qu’adviendra-t-il de votre titre de noblesse s’il vous arrivait malheur ? Y avez-vous songé un seul instant ? Vous n’avez ni frère ni sœur et aucun héritier. Pensez-vous rendre service à votre peuple en vous mettant en danger de la sorte ?
Il y a un temps pour tout dans la vie d’un Asur. Ne courrait pas bêtement après la gloire tel un nain après son or.