La matinée était déjà entamée lorsque Thorak et les rangers, accompagné de Lèchku tenu en laisse, quittèrent les décombres de Kazad Urkbavak. Ils remontèrent les galeries encore souillées de sang et passèrent la porte enfoncée et garnie de flèches orques. Une fois à l'air libre, un spectacle bien macabre s'offrit à leurs yeux : les corps des orques vaincus étaient entassés en plusieurs amas éloignés de quelques mètres chacun sur lesquels des guerriers nains jetaient des cruches d'huile avant d'y bouter le feu avec des torches. En quelques secondes, les tas de corps s'embrasèrent et une épaisse fumée noire monta en volutes vers le ciel azuré tandis qu'une odeur putride de chair calcinée monta aux narines de Grim'Azul. Ca et là traînaient au sol des arcs grossiers, des flèches brisées ou des fétiches primitifs. Derrière une rangée de pieux taillés à la hâte, une échelle de corde gisait tandis que non loin des portes le lourd bélier des orques était là, immobile, vidé de tout équipage. Thorak et ses deux compagnons continuèrent de marcher à travers les bûchers de corps jusqu'à c'en éloigner suffisamment pour que l'odeur s'évanouisse, portée au Nord par le vent. Ils traversèrent maintenant les vestiges du campement peau-verte et s'avancèrent parmi les tentes de peau et les foyers de pierre noircies par le feu. Ce village vide et monté à la hâte donnait une impression surréaliste, comme s'ils étaient dans un rêve quelconque. Lèchku avançait sans rechigner, tiré par moment par Thorak, et regardait de droite à gauche en inspectant les tentes de ses yeux jaunes. Le petit groupe passa le campement orque et bifurqua vers le sud-est en empruntant un petit sentier qui courrait à travers les broussailles en grimpant le long du flanc de la montagne. Après quelques heures de marches, ils firent une courte pause et s'assirent sur des pierres au bord du chemin. Autour d'eux, la végétation se faisait plus dense et ça et là des bosquets de pins faisaient leur apparition. Non loin, un pic enneigé se dessiné, corne blanche découpée sur le ciel bleu et sans nuages.
Les nains se passèrent une outre d'eau fraîche tendit que Lèchku s'agenouilla près d'un rocher et observa la cime de la montagne en se curant le nez, silencieux. Thorak en profita pour détailler les deux montagnards qui l'accompagnaient. L'un était celui qui avait l'oeil crevé et avec qui ils s'étaient retrouvés dans l'armurerie avant que le Thane Batkor et ses troupes ne viennent leur sauver la vie. Il portait son arbalète dans le dos et un carquois remplit de carreaux à la ceinture. Sa barbe blonde tombait sur sa tenue de cuir sombre et une cape noire ornée d'une longue capuche pointue lui couvrait les épaules. L'autre ranger était assit non loin et identifiait la piste qu'ils suivaient depuis leur départ. Il était également vêtu d'une tenue et d'une cape sombre dans les tons brun-vert et une arbalète ouvragée pendait de même dans son dos. A sa ceinture, le manche d'une hache naine dépassait. Sa barbe brune était tressée et décorée d'anneaux dorés. Thorak embrassa finalement la vue autour d'eux pour apprécier le paysage, resserrant doucement la poigne sur la laisse de Lèchku qui émit un petit couinement.
Ils s'étaient arrêté au milieu de champ de fleurs sauvages à flanc de montagne. La piste filait au milieu des pissenlits, des curés mauves et des herbes folles pour s'enfoncer dans un bois de sapins verts-émeraude. Non loin, une source cachait par la végétation jouait une douce et claire musique alors que des papillons et des abeilles volaient de fleur en fleur pour butiner l'étamine sucrée. Au loin, un rapace poussa un cri et le sifflement des marmottes lui répondirent, se répercutant dans le vallon. Une brise fraîche venait caresser la peau des guerriers nains. Le cadre eut été parfait pour une bonne sieste si seulement ils n'étaient pas sur les traces d'une bande d'orques sanguinaires qui emportaient leurs prisonniers vers la forteresse déchue de Karak aux Huits Pics.