Je vais prendre le RP libre, ça me permettra de bruler des villages sans qu'ils soient blindés de sorciers fous ou de mutants tous plus louches les uns que les autres.
D'un geste, j'ordonnais à mes sept compagnons de se placer en file indienne et plusieurs jours durant, nous marchâmes ainsi vers le nord en suivant Morslieb ; cependant, plus le temps passait, plus un indicible malaise montait en moi, une vague nausée, un trouble sans nom dont l'origine m'échappait. Ce n'était pas les plaines gelées que nous arpentions car elles étaient bien plus hospitalières que les terres du chaos ; ce n'était pas non plus le froid mordant car il était terne et doux face au piquant des vents de magie ; ce devait donc être autre chose, peut être un observateur invisible ? Portant les mains en visière au dessus de mes yeux, je parcourais une fois de plus les terres gelées du regard. Rien. Rien que la neige poudroyant à l'infinie, percée de quelques arbres isolés de-ci de-là ou d'un fourré de buissons épineux. Nulle menace n'était en vue, nul ennemi proche ou lointain ne laissait de trace sur le sol enneigé de ce royaume. Cependant, j'avais la nette impression que quelque chose clochait ici bas, que l'oeil de la Loi était braqué sur moi, moi qui m'était pleinement adonné au chaos.
Un soir, alors que je fouillais le ciel à la recherche de Morslieb, je ne la trouvais point mais croisais sa soeur Manslieb. Ce fut pour moi comme une révélation: ici la loi régnait en maître, ici l'impermanence n'avait pas droit de cité ; ici, nous nous trouvions sur des terres où le chaos était une anomalie, une folie issue d'esprit aussi dérangés que déments. Oui, nous étions fous et déments de fouler ainsi la terre des hommes, tel était le message que Mannslieb avait peu à peu insinué dans mon esprit par son insupportable alternance de jours et nuits digne d'une métronome céleste. Car en ces lieux ou régnait la loi et l'ordre, quelle place restait-il pour le chaos ?
Je fus stoppé net dans mes réflexions par un cri d'alerte de Bastragor qui pointait du doigt l'horizon d'où montait une colonne de fumée.
Lançant nos destriers du chaos au trot, nous approchâmes rapidement de la-dite colonne de fumée ce qui nous permit d'en distinguer l'origine: un petit village en train de brûler ; une fois de plus, le destin semblait nous ravir un carnage qui nous revenait de droit. Agacé, je décidais néanmoins de faire halte au village durant quelques temps afin de laisser les chevaux se reposer. Passant entre les huttes noircies, je sentis l'odeur de la chair carbonisée, du sang et de la peur. Cette dernière était si forte que je soupçonnais quelques survivants de se cacher parmi les décombres. D'un mot, j'immobilisais mes guerriers et je me mis à écouter par tous mes sens.
Autour de moi planait un silence ponctué par le souffle rauque des hommes bêtes dont je notais distraitement l'odeur de fauve. Au bout de quelques secondes, l'un des chevaux frappa le sol de son sabot tout en renâclant, ce qui obligea son cavalier à lui serrer la bride, produisant ainsi un léger cliquetis de côte de mailles. Fermant les yeux, je me mis à écouter de toute mes oreilles mais je perçus nul bruit suspect. Levant le museau sous mon casque, je reniflais l'air alentour. Il était saturé par l'odeur de corps brûlé et la peur qui planait sur ces lieux. Ouvrant les yeux, j'examinais les environs du regard. Si un humain se cachait dans se village, dans quel genre d'endroit pouvait-il bien se dissimuler ? Sous une poutre noircie ? Derrière une cabane en ruines ? Mon regard tomba subitement sur le bûcher érigé au centre du village, une vingtaine de cadavres calcinés étaient empilés au centre de celui-ci ; la cachette idéale pour une femmelette cherchant à fuir les combats.
Ordonnant à Hasturian de me suivre, je laissais les autres fouiller les décombres de ce qui fut jadis un petit village sans histoire pour me diriger vers le bûcher funéraire. Stoppant ma monture à quelques pas de là, je descendis de Fell'Ka avant de détacher l'épée que j'avais récemment acquis. L'empoignant fermement, je fis un moulinet dans le vide afin d'en éprouver l'équilibre. Si le tranchant de la lame était médiocre, son équilibre était pire encore, et mes serres ne permettant pas un bonne prise sur le manche, je manquais de la faire tomber. Néanmoins, elle suffirait pour l'usage que je lui réservais. De la main gauche, je tirais vers moi un premier cadavre qui chuta lourdement sur le sol, tel le poids mort qu'il était. Sans hésiter, je le décapitais d'un geste net et précis, envoyant sa tête rouler sur le sol où Hasturian la récupéra pour la dépecer, ce qui lui permettrait d'en extraire le précieux crâne.