[Kurtz] Le fléau

[Akhamshy'y Iorcamni]

Moins d'une heure plus tard, nous étions de retour au camps avec le corps à demi gelé de notre proie, visiblement une adepte de Sigmar. En l'apercevant, Charybde avait voulut l'envoyer rejoindre Khorne, mais je l'en avais empêché, car nous avions besoin de recrues et surtout de savoir ce qui se tramait dans les environs. Que venaient faire des impériaux si loin dans le nord ? Les tzeentchis représentaient-ils une telle menace que la Tsarine de Kieslev en était réduite à demander l'aide de l'empire ? Ou n'était-ce là qu'un individu isolé agissant pour son propre compte ? Trop de questions restaient en suspens à mon goût.

Dans mon dos, j'entendis Gorjald grommeler entre ses crocs que la tempête n'était pas loin. Et en effet,le vent soufflait au dessus de nos têtes, emportant au loin des flocons qui ne tarderaient pas à devenir une véritable calamité pour ceux qui n'y étaient pas préparés. Comme à leur habitude, les deux maraudeurs commencèrent tendre des peaux en guise de tentes, mais le chamane les arrêta d'un geste pour leur ordonner de creuser des tranchées à même le sol. Et avant même qu'ils n'aient eu le temps de contester sa décision, le bray se mit à quatre pattes pour se mettre à creuser en déblayant la terre commme l'aurait fait un chien cherchant à enterrer un os. Sans plus attendre, le second gor se joignit à lui et le reste de la troupe les aida comme elle le pouvait. Plusieurs fois, le chamane bray tendit le nez en l'air, semblant capter quelques messages aussi insaisissables que le vent, puis déplaçait l'un de nous avant de se remettre à creuser.

Finalement, la tranchée fut assez grande pour nous abriter tous, et nous tendîmes les peaux par dessus afin de les refermer, créant ainsi une sorte de tunnel auquel on ne pouvait accéder que par les deux extrémités. Nos affaires furent entassées à l'une des entrées et nous laissâmes les chevaux à l'extérieur alors que nous nous faufilions dans notre abri de fortune avec la personne que nous avions capturée. Je ne saurais dire combien de temps dura la tempête, mais elle fut suffisamment longue pour que notre "invitée" se réveille.

[Akhamshy'y Iorcamni]

De stature imposante, sa peau rosée avait blanchi sous le froid et ses cheveux avaient la même couleur que la neige qui s'amassait tout autour de nous. Sur son plastron gris acier, on pouvait distinguer une comète à demi effacée par les combats ou les intempéries, ce qui ne laissait aucun doute quant à l'origine de cette femme: une sigmarite de l'empire, peut-être même une répurgatrice. A ses cotés, nous n'avions trouvé aucune provision, seulement une lame a demi émoussée ainsi qu'un pavois fendu, ce qui m'avait laissé supposé qu'il s'agissait d'une renégat qui accepterait peut-être de se joindre à nous. Que ma supposition soit bonne ou mauvaise, son destin était dors et déjà scellé: son crâne rejoindrait Khorne, tout n'était qu'une question de temps. Car peu importait que ce soit immédiatement parce qu'elle se montrait rétive ou au cours d'un futur combat parce qu'elle acceptait d'avancer de concert avec nous.

La femme ouvrit des yeux que je devinais bleus-gris dans la pénombre. A peine nous entrevit-elle qu'elle poussa un hoquet de surprise en portant sa main droite à sa hanche où son épée brillait par son absence. Pour toute réponse, je dardais mon regard sur elle en ordonnant aux autres :
- Iakash, akhamshy'y ; ulrag iakash akh.
Puis, je traduisais à son intention en reikspiel:
- Patience, guerrière ; la tempête empêche tout combat.
Je la vis serrer les dents en poussant une sorte de grognement rageur, mais elle resta tranquille. Au dessus de nous, le vent hurlait tandis que les peaux tendues en guise de toit s'incurvaient en menaçant de ployer sous le poids de la neige qui s'accumulait en surface. Durant ce qui me parut des heures, nul ne dit mot mais la femme finit par rompre le silence en nous demandant pourquoi nous l'avions épargnée.
- Parce que la rage et les meurtres qui t'habitent t'on guidée vers nous, répondis-je simplement.
A ma réponse, la femme détourna le visage pour cracher contre le mur. Amusé par ce comportement que je jugeais puéril, je ne répliquais pas, lui laissant ainsi le temps de digérer ma réponse. Au bout d'un temps que je jugeais raisonnable, je lui demandais subitement:
- Sais-tu te battre, femme ?
Ce à quoi elle répondit d'un air dédaigneux qu'elle était une sainte guerrière de Sigmar. Retroussant mes babines en un sourire joueur, je poursuivis en lui expliquant que nous avions quelques démêlés avec des adeptes du chaos, probablement des tzentchis, et que si elle le souhaitait, elle pouvait faire un bout de chemin avec nous. Au lieu d'être choquée par ma proposition, la guerrière resta muette durant quelques secondes de réflexion avant de décliner mon offre.

Dehors, la tempête s'était calmée pour céder la place à d'épais flocons qui tombaient en rang serrés. Si nous ne voulions pas nous retrouver ensevelis sous plusieurs tonnes de neige, il était temps de regagner la surface au plus vite. Aussitôt dit, aussitôt fait, Bastragor commença a déblayer la neige à l'aide de ses griffes, fouissant rapidement un passage vers l'extérieur.

[Akhamshy'y Iorcamni]

Les ruines du village étaient recouvertes par un manteau blanc qui s'épaississait d'heure en heure, mais les huit guerriers semblaient à peine le remarquer car toute leur attention était concentré sur une guerrière qui pouvait aussi bien être leur proie que leur alliée. Tous avaient fait cercle autour d'elle et la jaugeait du regard, ne prononçant mot. De son coté, la femme épuisée frissonna sous l'effet du froid tout en détaillant le groupe, ne sachant trop quelle attitude adopter. Deux d'entre étaient indubitablement des hommes bêtes, leur pelage rendu blanc par la neige et les cornes de bélier poussant sur leurs crânes ne laissant aucun doute à ce sujet. Deux autres étaient des pillards crasseux comme elle n'en avait que trop croisés et quant aux quatre derniers, ils n'étaient autres des chevaliers du chaos dans toute leur splendeur, vêtus d'armures de plaques tarabiscotées dont les pointes, les griffes, les dents et les runes présentaient toutes la même allure menaçante. A leur taille pendaient de lourdes chaînes sur lesquelles étaient cloués des crânes tous plus difformes les uns que les autres. Certains n'avaient pas d'yeux alors que d'autres en avaient à profusion et que d'autres encore étaient dotés de cavités ou d'excroissances si extravagantes que la guerrière était bien incapable de deviner leur fonction.

Avec un soupçon de désespoir, la guerrier vit l'un des chevaliers avancer d'un pas impossiblement leste pour une personne caparaçonnée par une si lourde armure. Elle remarqua qu'à la différence des trois autres, il ne portait aucune hache à sa ceinture et qu'il n'en avait nul besoin car les serres qui garnissaient ses mains le dispensaient d'avoir recours à une arme. Les yeux du chaotique brillaient d'une lueur rouge malsaine que l'on pouvait interpréter comme une malédiction, comme le reflet de sa folie ou comme un appel au meurtre. Dans tous les cas, elle reconnut facilement la créature qui s'était adressée à elle alors qu'ils étaient tous enfouis dans l'espèce de tunnel qui les protégeait de la tempête.
- Nous avons des vivres et des montures, Yashabal. Tu n'as d'autre choix que de nous accompagner ou de mourir ici.
Le guerrier muni de serres venait de s'adresser à elle en reikspiel, produisant un nuage de buée grise qui lui donnait l'allure de quelque monstrueuse machinerie à vapeur. Puis, il ajouta quelque chose dans un langage que la femme ne comprit pas. Les compagnons semblèrent déçus, mais nul ne protesta et ils commencèrent à déblayer la neige qui ensevelissait peu à peu leurs affaires. Au bout de quelques minutes, on entendit des bruits étouffés de sabots martelant le sol et une poignée de secondes plus tard, la femme put contempler huit fiers destriers du chaos marchant sous le flot ininterrompu de flocons neigeux, leurs yeux de braises dardant sur elle un regard cruel mais bardé d'ironie. Comme en plein cauchemar, la sigmarite restait prisonnière de l'instant, hypnotisée par le hululement du vent, incapable de la moindre action, de la moindre pensée cohérente, son cerveau était sous l'emprise d'une lenteur surnaturelle lui interdisant toute initiative, engourdi par le froid et la fatigue, il ne la laissait plus capable que de suivre le mouvement, telle un cadavre ambulant. Avec un luxe de détail surréaliste, elle se vit exténuée, soulevant des fontes de fortune pour les placer sur le dos d'une monture alors que son cavalier sanglait dans son dos un arc finement ciselé. Sur le bois de celui-ci, elle distingua une scène gravée: trois hommes forniquant avec un démon à six bras doté d'un corps de femme.

[Akhamshy'y Iorcamni]

La neige s'était arrêtée de tomber et le ciel s'était enfin dégagé, produisant un bleu d'une clarté aveuglante comme sait l'être le beau temps après une rude période d'intempéries. Au milieu de l'immensité blanche des royaumes de Kiev, la jeune Melinda d'Artois se demandait bien ce qu'elle faisait là, au milieu d'une colonne de guerriers du chaos alors qu'elle avait juré de vouer sa vie à Sigmar pour, un jour peut-être, devenir répurgatrice.

Parcourant les alentours du regard, la jeune femme poussa un soupir de lassitude. Depuis qu'elle avait mit les pieds dans ce royaume gelé, absolument rien ne s'était déroulé comme prévu. D'abord l'accueil glacial pour ne pas dire méprisant que lui avait réservé la cours de la tsarine, ensuite des semaines de marche forcée à travers la toundra et pour finir, les massacres de villageois sous le simple prétexte qu'ils avaient fait commerce de vivres avec des adeptes de Tzeentch. Si tout lien avec le chaos était bel et bien répréhensible, anéantir un village pour avoir troqué des navets contre des choux, du blé ou de l'orge était une aberration aux yeux de l'aspirante répurgatrice. Serrant les lèvres en une moue dubitative, elle se demanda si prendre la défense des paysans et en particulier de cette petite gamine avait été une erreur ou non. Dans tous les cas, elle s'était faite exclure de la compagnie pour être recueillie par une horde du chaos qui semblaient dors et déjà la considérer comme une des leurs. C'en était rageant ! A croire qu'il n'existait que deux possibilités: tuer les pauvres gens au nom de Sigmar ou en celui du chaos !

Toute occupée à ressasser ces contrariantes pensées, la jeune femme trébucha sur la neige et chuta sur le sol en poussant un hoquet surprise. Les hommes du chaos ne lui accordèrent pas le moindre regard et ne firent pas la moindre remarque, continuant à chevaucher en silence, le regard braqué sur l'horizon. Tatant sa cheville douloureuse, la demoiselle d'Artois constata qu'elle n'était pas brisée et se releva tant bien que mal pour se lancer à la poursuite de ses compagnons. La marche dura encore plusieurs heures et finalement le guerrier aux serres décrêta que le temps du repos était venu. A son signal, les hommes commencèrent à décharger les pieux et les peaux qui leurs serviraient à monter une tente pour la nuit alors que les deux gors se mettaient à arpenter les environs, reniflant le sol et humant l'air. La cheville de la femme avait commencé à enfler et elle savait d'expérience que dès lors qu'elle cesserait toute activité physique, il lui serait excessivement pénible de recommencer à marcher, aussi se proposa t'elle d'aider les chevaliers à monter la tente, puis le maraudeurs humains à chercher du bois. Finalement, le guerrier qui semblait être le chef du groupe - celui doté de serres - lui dit:
- J'ai rarement vu créature aussi pataude et maladroite, Yashabal. Mais puisque tu as la volonté, peut-être pourrons nous faire quelque chose de toi.

[Akhamshy'y Iorcamni]

La jeune femme jeta au guerrier un regard dans lequel espoir et désespoir s'entre mêlaient. L'espoir d'avoir une chance de survivre à ces terres gelées et désespoir de devoir sa survie à ces créatures du chaos qu'elle avait apprit à hair.
- Pourquoi m'appelez vous Yashabal ? demanda t'elle finalement.
Dans son dos, elle entendit un ricanement, celui de l'un des maraudeurs humains. Elle se retourna à demi pour le foudroyer du regard avant de revenir à son interlocuteur qui, à sa grande surprise, semblait disposé à éclairer sa lanterne. Il lui expliqua donc le plus simplement du moinde qu'il la nommait Yashabal, parce qu'elle était une "yashabal", c'est à dire une "mauvaise épouse" en langue noire, ce qui pouvait aussi se traduire par "femme réticente" ou encore "femelle farouche". La jeune Mélinda d'Artois ne goûta guère cette explication, mais comme le guerrier ne semblait ni se moquer d'elle ni lui adresser de reproche, elle préféra passer à un autre sujet.
- Que comptez vous faire de moi ?
- L'une des nôtres, répondit le guerrier sur un ton plein d'assurance.
- Mais je suis votre ennemie, pourquoi m'accepter dans votre groupe ? demanda t'elle encore.
- Ton destin est servir de Khorne, répondit son interlocuteur qui avait dut être humain lui aussi, mais dans un passé lointain.
- Mais j'ai juré de tuer les chaotiques ! protesta la fougueuse jeune femme
- Alors ta place est parmi nous, répliqua l'imperturbable guerrier, affichant ce qui aurait pu passer pour un sourire sous son heaume de métal vivant.

L'aspirante répurgatrice ouvrit la bouche pour protester une fois de plus, mais le guerrier la coupa avant qu'elle n'ait pu proférer un seul mot. Il lui expliqua alors que son crâne était dévolu à Khorne et qu'elle mourrait à son service, que ce soit égorgée de ses propres serres ou en luttant contre les forces qui se dresseraient sur leur passage. En gage de bonne volonté, il lui proposa de l'accompagner au cours de son périple et qu'il l'autorisait à se retourner contre lui si ses actions lui déplaisaient. Sans même attendre de savoir si la jeune femme acceptait son offre, il retourna auprès de sa monture pour en revenir avec l'épée et le bouclier d'Yashabal ainsi qu'un arc et un carquois assorti. Une fois devant elle, il lui tendit l'ensemble en déclarant :
- C'est à toi, fait en bon usage.

La jeune Melinda d'Artois fut touchée par ce qu'elle interpréta comme une marque de confiance et accepta donc naïvement de reprendre ses armes sous la houlette d'un guerrier du chaos, effectuant ainsi son premier pas sur la route de la damnation. Mais son second pas ne se fit pas attendre, car moins d'une heure plus tard, elle se régalait bien innocemment de la viande que la petite troupe semblait possédait à foison. Après des mois de privations durant lesquelles elle s'était nourrie de lentilles, de pois et d'autres céréales plus ou moins indigestes, ce repas lui fit l'effet d'un véritable festin. Mais celui qui se régala le plus fut sans conteste le chamane bray qui observait, un sourire au coin des lèvres, la déchéance de la jeune femme qui n'avait pas encore conscience d'être en train d'abandonner son statut d'humaine pour tendre inexorablement vers celui de bête.

Un arc et un bon repas, voilà tout ce qu'elle avait accepté... C'était bien peu et pourtant déjà beaucoup...

[Akhamshy'y Iorcamni]

Cela faisait maintenant une semaine qu'Yashabal marchait aux cotés de la troupe de chaoteux et une fois de plus, elle passait une nuit rongée par ses doutes et le remord. elle ne cessait de ressasser l'énormité de ce qu'elle était en train de vivre. Elle, aspirante répurgatrice, s'était détournée de la voie de Sigmar pour se tourner vers le chaos et comment en était elle arrivée là ? En tentant d'épargner des vies de femmes et d'enfants... Le pire était que jusqu'à présent, elle avait massacré bien plus d'innocents au service de la Purge qu'en compagnie des adeptes du chaos qui semblaient se faire un devoir de pourchasser les autres chaotiques, c'en était à ne rien comprendre. Poussant un long soupir, la jeune d'Artois se retourna sur la paillasse qui lui servait de couche et se mit à songer une fois de plus aux paroles de celui qui se faisait appeller l'Akhamshy, c'est à dire "le guerrier" en langue noire.

Si un homme refuse de travailler, est-il juste de le nourrir avait il commencé par lui demander. Même si elle avait fait semblant de douter de la réponse sur le moment, elle savait en son fort intérieur que non, il n'était pas juste de nourir un fainéant refusant tout travail. Mais cela l'avait amené à la seconde question qui était de savoir s'il était juste de laisser vivre un homme refusant de se battre. Sur le coup, elle avait objecté que la question était perverse parce qu'elle sous entendait que tout homme devait se battre, ce qui n'était pas le cas la plupart du temps. Mais il lui avait répondu que la vie n'était qu'un combat, ce qui n'était que trop vrai: chacun de nous avait ses propres batailles à mener, qu'elles soient contre nous-même ou contre un adversaire, qu'elles prennent la forme de paroles acérées ou d'affrontement armés, la vie n'était qu'un long combat, qu'une lutte perpétuelle. Et en fin de compte, celui qui perdait la volonté de lutter pour devenir amorphe ou mélancolique méritait-il encore de vivre ? Peut-être... s'il était capable de sortir de son état, faute de quoi, il ne serait jamais qu'un poids mort, un fardeau pour lui-même et pour les autres.

Selon l'Akhamshy, seuls ceux qui luttent avec force méritent de vivre, ce qui était une perspective horrible pour Melinda, car elle justifiait le massacre des villageois de Branitsva. D'un autre coté, elle ne pouvait pas nier que si les villageois avaient été mieux armés, la Purge aurait sans doute réfléchit à deux fois avant de s'attaquer à eux. Dans un sursaut de compréhension, Yashabal comprit que la violence était nécessaire parce que le monde lui-même était violent. Dans ces conditions, la paix ne pouvait être imposée que par la force, en éliminant les groupes les plus agressifs pour ne laisser que ceux qui étaient capables de vivre en bonne intelligence. Mais tout cela n'était il pas illusoire dans ce monde rongé par les guerres fratricides, les querelles intestines et les pillages aveugles ? Existait il seulement un petit noyau de personnes ayant la volonté de vivre en harmonie ?

Mais les grandes réflexions de la petite Mélinda fut interrompue par le cri d'alerte qui résonna en plein coeur de la nuit: leur campement était attaqué !

[Akhamshy'y Iorcamni]

"Attaqué" était un bien grand mot car il ne s'agissait que d'une personne isolée qui avait tenté de s'infiltrer dans le camp, sans doute dans le but de dérober de menus objets. Erphegor, qui montait la garde aux cotés de Bastragor avait à peine eu le temps de donner l'alerte que l'intrus gisait déjà inerte sur le sol, la gorge déchiquetée par les crocs de l'homme bête. Si l'ungor était petit et relativement frêle comparé au reste du groupe, il n'en était pas moins hargneux et mortellement dangereux, tenant davantage de la bête que de l'humain. A présent, il était assis dans un coin, occupé à se lécher les griffes qu'il avait planté dans le corps de sa victime, l'éviscérant en même temps qu'il lui arrachait la gorge.

Mélinda d'Artois fit mine de se diriger vers le cadavre pour l'examiner mais on l'en dissuada d'une bourrade dans le dos:
- Arrête de rêvasser, y'en a surement d'autres !
C'était la voix de Friekbar qui, un fléau d'arme à la main, s'affairait déjà à fouiller les environs. Sous l'effet de la honte, la jeune femme senti le rouge lui monter aux joues. Tout maraudeur qu'il soit, il avait raison: ils pourraient examiner le cadavre plus tard, pour l'heure, l'urgence était surtout de s'assurer qu'aucun autre intrus n'avait pénétré dans le campement. La jeune femme le seconda donc dans sa patrouille mais ils ne trouvèrent aucun autre intrus, ce qui laissa une vague impression de malaise à l'Yashabal. En retournant près du corps elle s'aperçut qu'il s'agissait d'un garçonnet malingre d'à peine une dizaine d'années. Les habitants de cette région étaient ils donc si désespérés que même une troupe du chaos ne les effrayaient plus ? Ou alors étaient ils si corrompus que même les plus jeunes enfant faisaient dors et déjà partie intégrante du chaos ? La jeune femme ne savait plus que penser, tout se brouillait dans son esprit et elle se retrouvait incapable de formuler la moindre pensée cohérente. Pendant ce temps; l'un des deux humains vint trancher un bras au cadavre du gamin pour l'ajouter à leur garde manger. Et c'est ainsi qu'avec beaucoup de retard, la belle Melinda d'Artois comprit enfin l'horreur de sa situation et à quel point la voie sur laquelle elle s'était engagée lui interdisait tout retour à son ancienne vie.

-- Jeu 07 Avr 2011, 11:48 --

Je la vis approcher de loin en hurlant comme une damnée, courant quasiment sur place pour finir par dégainer sa lame avec une lenteur surréaliste, comme en plein cauchemar. Sauf que ce n'était pas mon cauchemar, mais celui de cette femme autrefois éclatante, maintenant ternie par une semaine de marche forcée. Ses yeux fous étaient injectés de sang, son coeur encore jeune brûlait de rage, et sa haine envers moi était totale. En la contemplant ainsi en train de charger follement dans ma direction, je compris que pour elle, notre affrontement ne pouvait avoir qu'une seule issue: un nouveau crâne pour Khorne.

Sauf qu'elle se trompait.

Car elle n'avait aucune expérience des combats et que cela se voyait ; ce qui me laissait plus ou moins maître de l'issue de l'affrontement. Je vis la petite femelle qui se tenait devant moi adopter une garde classique à hauteur du visage, la pointe dirigée vers moi et l'avant bras replié dans le prolongement de la lame, ce qui ne lui permettait que de porter des coups d'estoc totalement inefficaces contre l'armure que je portais. Et ça ne manqua pas: son bras fila vers l'avant alors qu'elle se jetais sur moi. Aussi, d'un simplement mouvement des épaules, je modifiais l'angle d'attaque de son coup, ce qui fit ripper la pointe de sa lame contre mon armure, son dard allant se perdre en direction du sol au lieu de me perforer l'estomac.

Une bretteuse expérimentée en aurait profité pour saisir sa lame à deux mains et la faire glisser le long des plaques qui recouvraient mon corps, remontant jusqu'à heurter mon bras au niveau des aisselles avant d'enchaîner sur un nouveau mouvement ; mais au lieu de cela cette femelle aussi furieuse que stupide bondit en arrière pour dégager son arme, m'offrant ainsi une belle ouverture dans sa garde. Je saisis aussitôt l'opportunité pour la frapper d'un coup de griffes qui crissa contre sa propre armure de plaques sans lui faire le moindre mal. Toujours hors d'elle, je la vis passer en garde haute, l'épée brandie au dessus de la tête ; elle allait probablement tenter une attaque verticale, tranchant l'air de haut en bas en un violent coup de taille. Modifiant mes appuis au sol, je déplaçais mon poids vers la droite tout en me préparant mentalement à parer de la main gauche. Une fraction de secondes plus tard, l'apprentie repurgatrice entamait son coup de taille exactement comme sa posture le laissait supposer, fendant l'air sans aucune subtilité. Je l'esquivais si facilement que je n'eus pas même besoin de la main gauche pour parer et que j'en profitais pour lui griffer l'arrière de son armure en passant derrière elle.

De mon point de vue, cette confrontation tenait davantage du jeu que d'une lutte réelle. Pourtant, mon adversaire était mortellement sérieuse, entièrement concentrée sur son combat, haletante et toujours pleine de hargne. Elle tenta à nouveau trois ou quatre autres coups de taille que j'esquivais tout aussi facilement que les précédents grâce à mon armure du chaos qui me conférait une mobilité incomparable face à la lourdeur de sa protection de plaques. Ce petit manège continua un certain temps, mais l'Yashabal finit par produire une feinte qui fit mouche: elle prétendit entamer une énième attaque de taille, mais en plein milieu de son vol, sa lame pivota d'un quart de tour en arrière pour changer de trajectoire, envoyant le pommeau de son épée heurter mon menton en produisant un craquement sourd. Je restais quelques instants sonné par le choc et nul doute que sans la protection de mon casque, cette attaque m'aurait fracassé la mâchoire, mettant probablement fin au combat. Piqué au vif, je décidais de reprendre immédiatement le dessus et au lieu de me contenter de réagir à ses attaques, je pris l'initiative en me jetant sur elle pour agripper son bras directeur de la main gauche alors que j'assénais deux violents coups de poings sur son visage avant de la propulser en arrière en projetant un grand coup de pied contre son torse.

Visiblement, la demoiselle ne s'attendait pas à un tel assaut de ma part mais elle ne manqua pas de répartie en me balançant un grand coup circulaire au niveau de la tête. Une fois de plus, j'esquivais facilement, mais cette fois ci je profitais de l'ouverture qu'elle me laissait au niveau du dos, mais au lieu de me contenter de griffer son armure, je lui écrasais l'arrière de la jambe au niveau de l'articulation, ce qui l'obligea à fléchir jusqu'à mettre genoux à terre. Poussant mon avantage, je la frappais son dos de mes deux poings et l'impact du choc fut si violent qu'il l'envoya mordre la poussière sur le sol.

Si cela avait été un véritable duel à mort j'en aurais profité pour l'égorger sur place, enfonçant mes serres dans les défauts de son armure. Mais pour l'heure, j'avais mieux à faire.

PJ arrêté suite au départ d'Abho. Un jour, j'écrirais sa fin en RP libre
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 828#p60828