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Rédigé par Taille Tallgott, Assistant MJ
Goraxul pouvait contempler ses hommes qui guettaient leurs proies avec une impatience palpable. En effet, la meute de maraudeurs attendait silencieusement dans les fourrés, jusqu’à ce que, accompagné par l’écume, un sac de jute passe paisiblement sur les flots de la rivière glacée. Goraxul vociféra alors violemment quelques mots tandis que la moitié de la bande de maraudeurs se mettait en branle vers leur cible, égayant sur leurs passages les passereaux qui gazouillaient dans les arbres. La course sanguinaire vers le hameau décrépit avait été lancée sans autre forme de procès. Les ordres étaient simples, tue, brûle, mutile.
Les quelques dizaines de mètres qui les séparaient du village furent franchis à grandes enjambées. Rien, sinon quelques ronces et autres végétaux épineux morts, ne les entrava dans leur parcours. Les rares âmes qui peuplaient le lieu furent en quelque sorte prises par surprise. En effet pendant quelques instants les habitants cédèrent à la panique, mais l’effarement ne dura pas plus que quelques secondes avant qu’ils comprennent ce qui leur arrivait. Ils se prosternèrent avant même que le moindre coup de hache ne leur soit porté. Chiffonnés devant ce manque d’opposition, les maraudeurs s’arrêtèrent net devant ces cibles qui n’offraient pas la moindre résistance. Par chance ou pas, les renégats avaient écouté les ordres de Goraxul et n’avaient donc pas exterminé jusqu’au dernier les êtres qui s’étaient couchés comme les blés sur leur passage. Certainement par habitude, ou alors… Pas un cri de panique n’avait été lâché malgré la ruée des maraudeurs à leur encontre. Les hommes de Goraxul reprenaient promptement leurs contenances et commencèrent à rassembler sans ménagement les habitants. Rapidement, une bonne vingtaine de pauvres personnes furent regroupées au centre du hameau, a fortiori de pauvres ères, non des combattants du point de vue de notre élu, exclusivement des femmes et leurs marmots composaient l’attroupement qui lui faisait face à présent.
Le lieu n’était pas des plus élégants quoique bien plus vivant que ce qu’avait pu connaître notre Kurgan pendant ces dernières éternités d’égarement dans les désolations. Quelques bicoques de bois et de branches avaient poussé ça et là sans réelle raison architecturale au milieu d’un bosquet de résineux, quelques colliers d’ossements ornaient les masures rudimentaires. Un feu de camp agrémentait le centre et le village était entouré d’une épaisse clôture de ronces. Rien d’imposant, l’ouvrage avait été placé là plus pour empêcher le bétail de sortir à sa guise que pour entraver de possibles assaillants. Au final, seuls quelques ovins avaient tout de même réussi à prendre la fuite vers les clairières environnantes et pâturaient paisiblement dans les parages. Aux yeux du Kurgan, cette peuplade pouvait paraître appartenir aux gens du Sud. Cependant, les renégats qui flanquaient notre chaotique ne parlaient apparemment pas le même langage et les exclamations qui accompagnaient la rafle demeurèrent relativement brèves et sans succès.
Victor qui avait emporté avec lui l’autre moitié de la bande paraissait avoir suivi le plan et de ce côté aucune agitation particulière n’arrivait jusqu’aux oreilles de Goraxul. Le tas d’humains qui avait été conduit jusqu’au centre du hameau s’était peu à peu ségrégué jusqu’à ce que les plus âgés de ces femmes se retrouvent à la tête du troupeau. Devant lui, toujours au sol, elles semblaient être vraisemblablement les dirigeantes du lieu, tout du moins les sillons qui marquait leurs visages sévères et délavés le prouvaient concrètement. Les êtres qui lui faisaient face avaient l’air inoffensifs, pourtant en bonne santé et apparemment bien nourris et habillés de quelques fourrures sans vermine. Certains étaient affublés de quelques mutations, ma foi bénignes aux yeux de Goraxul. La seule personnalité qui se détachait du lot était dotée d’une peau rouge et luisante, qui palpitait comme si la créature pouvait exploser à tout moment. Instinctivement, les maraudeurs l’avaient ménagée et se gardaient de trop s’en approcher.
La situation s’était peu à peu tassée et bientôt il serait temps pour Goraxul de cesser d’admirer la délicieuse prise en otages et de passer à la suite des événements…