[Darmalion] La ferme des animaux

Norsca est un royaume inhospitalier composé de collines rocailleuses et de sombres forêts, hantées par les hivers interminables qui recouvrent le territoire de glace. Les dangers pour lesquels ce territoire est connu sont malheureusement bien réels. Les tribus de barbares et les adeptes du Chaos sont en effet nombreux au nord de la région, et attaquent fréquemment les régions sud de Norsca. Le plus grand des dangers reste malgré tout la présence des forces du Chaos en ces terres. Au nord, les serviteurs des pouvoirs dévastateurs ont rassemblé leurs hordes, composées de bêtes, de démons et d'Hommes du Nord. Ces ignobles armées se sont ensuite mises en route vers le sud, anéantissant au passage toutes les civilisations rencontrées sur leur chemin.

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[MJ] Le Grand Duc
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[Darmalion] La ferme des animaux

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ


« La marque de la puissance de l’homme, c’est qu’il utilise des instruments pour satisfaire tous ses vices.
Un jour je vis un petit garçon, peut-être pas plus vieux que dix ans, qui conduisait un grand chariot à travers une sente accidentée, et il fouettait jusqu’au sang le cheval tractant l’attelage chaque fois que la bête tentait de tourner son encolure un peu trop à droite ou un peu trop à gauche.
Je me disais alors à ce moment là, que si jamais il arrivait que les animaux se rendent compte de leur force, nous n’aurions plus aucun pouvoir sur eux, car nous les exploitons de la même manière que les riches écrasent les pauvres.

Je vis chaque instant de ma vie terrifié à l’idée que les bêtes se rendent un jour compte de la faiblesse des Hommes. Ils n’ont pas besoin d’attelages et de fouets pour nous forcer à saigner. »


– Georg von Orval, prêtre d’Ulric du Middenland.


Demeurer quatre longues années enchaîné au milieu de nul part, prisonnier des montagnes, exposé au froid, au vent et aux éléments, aurait été un tourment suffisant pour amener n’importe quel être humain au stade de l’animalité.
Mais Darmalion était dors et déjà un animal. Les souffrances, l’isolement, l’entrave qu’on lui faisait subir n’avait pu que renforcer plus encore la hargne qui l’habitait depuis que les Sombres Puissances avaient décidé de mettre au monde son insupportable engeance. Son existence même était une preuve de la perversité du monde matériel. Il était un monument à la rage du Sanguinaire, le seul qui lui insufflait encore l’envie de tirer quotidiennement sur ses chaînes encastrées dans la roche, peu importe la douleur qui s’emparait ensuite de ses membres.

Quatre ans à subir les jours et les nuits interminables. Quatre ans à dormir, à faire des pas au hasard, à faire ses besoins dans un coin de sa geôle minérale. Quatre ans bons à l’enivrer de rage. Darmalion n’avait pas eu besoin de voir et comprendre une carte une seule fois dans sa vie ; Il n’avait pas eu besoin d’étudier dans une université prestigieuse, avec un compas et un sextant, les immensités des continents. Il n’avait pas besoin de savoir ce qu’était Norsca, ni sa topographie, ni son climat, ni les mœurs et les coutumes de ses divers peuplements ; Il sentait la particularité de la Norsca, cette terre nordique, stérile et froide, si proche du Pôle Nord d’où émanait la délicieuse magie qui se répandait en mistrals et alizées sur le reste de la Terre. Ici, il n’y avait pas d’Infidèles. Les serviteurs des Dieux régnaient en maître. Le Molosse et ses trois frères y avaient établi, sinon leur domaine, un merveilleux avant-poste où la cruauté pouvait se faire au grand jour. L’odeur métallique du sang était partout, et pas seulement dans son antre dégoûtante où les traces de ses précédentes boucheries étaient laissées à l’air libre, un festin pour les mouches du Pestilent. Un monde merveilleux, où il pourrait sans doute écouter le brame et les tambours de la guerre, autour de grandes pierres des Hardes.
Mais on ne le laissait pas accéder à tout cela. On le laissait dans la frustration de la privation, ne le maintenant en vie que lorsque ses geôliers venaient lui apporter quelques êtres sur lesquels se déchaîner et se nourrir.

Aujourd’hui était une de ces journées bénies.

Dehors, il ne semblait pas faire aussi froid qu’avant. Les rigueurs de l’hiver avaient cédé leurs jours aux lueurs du printemps bourgeonnant : Enfin, bourgeonnant avec la dureté du climat. Il faisait en fait frais plutôt que glacial, et les tempêtes de neige n’avaient laissé leur place qu’à une vaste toundra et des sentiers de pierre incultivables. L’antre était perdue au milieu d’un désert polaire.

FOR Darmalion : 12
Jet : 4, réussite.
INT Darmalion : 4
Jet : 5, échec

Le minotaure tenta, comme tous les jours depuis quatre ans, de tirer sur les chaînes profondément incrustées dans la pierre. Au bout d’autant de temps à se mesurer à ces liens, les chaînes commençaient à rouiller et à s’user. Mais alors même qu’il se débattait comme un fou furieux, s’étranglant la gorge, s’écorchant son puissant torse, il ne parvenait toujours pas à trouver assez de mou pour s’enfuir, ou assez de pression pour les faire sauter. Ses efforts quotidiens durant quatre ans ne lui avaient permit que de légèrement plus respirer, et de mouvoir ses bras. Trop légèrement pour véritablement les espacer.
Nul doute qu’il aurait pu tenter autre chose pour trouver un moyen de se soulager de ses liens. Mais son cerveau, déjà impulsif, rendu encore plus courroucé par les privations et la colère, ne réfléchissaient pas assez pour lui trouver une inspiration.

Il entendit des pas sur les cailloux du sentier. Ses geôliers venaient le voir. La marche depuis leur village semblait longue, car on les entendait venir un bon moment avant qu’ils n’apparaissent. Des ombres lorgnaient au soleil, contre la pierre. Deux guerriers Norses. Ils parlaient entre eux, dans leur langue étrange, trop humaine pour être véritablement compréhensible. Des rires. Des plaisanteries. Ils avaient l’air d’être amis.
Leurs voix se baissèrent pour ne faire régner que le silence lorsqu’une troisième ombre approcha. Ils se redressèrent, tant de méfiance que de peur. Et là, un visage bien connu de Darmalion se faisait voir, pénétrant sans aucune crainte au sein de son antre.
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« Gros, gros gros, gros puissant, oui, terrifiant... »

Elle était la seule humaine l’ayant jamais entouré à pouvoir être un minimum comprise par le minotaure : Et pour cause, elle parlait la Langue Noire, la parole impie, celle qu’utilisaient les champions du Chaos pour communiquer avec les démons et les créatures de l’Autre-Monde. Lui-même avait un peu de mal à se faire comprendre d’elle, avec son énorme gueule et ses braillements de créature. Et pourtant, étrangement, elle pouvait ressentir ses demandes et ses besoins. Il faut dire, elle fleuretait avec les limites de l’Humanité. Elle grognait plus qu’elle ne parlait, reniflait constamment en l’air, ne sortait que quelques mots soufflés en guise de phrases. Il lui arrivait d’avoir d’étranges tics, de basculer la tête, le corps de gauche à droite, vivement, sans raisons. Elle mettait très mal à l’aise les autres Norses, qui se taisaient toujours lorsqu’elle approchait d’eux.
Qui était-elle ? Quel était son rôle ? Son histoire ? Tout ça, Darmalion l’ignorait. Jusqu’à son prénom, son âge, ou tous ces autres détails parfaitement triviaux.
Ce qui importait, c’est qu’elle n’avait pas peur de s’approcher de lui. Et chaque fois qu’elle arrivait, la nourriture, riche et vive, suivait toujours derrière. C’était peut-être la seule raison pour laquelle il s’était – pour l’instant – retenu de se saisir de sa jambe pour la fracasser contre la roche.

« Massif, puissant, si beau, oui… Le Molosse t’aime, le Molosse t’adore… Il aime quand tu répand le sang… Je te promet… Il me parle de toi, oui oui, oui il me parle de toi… Il me parle de toi, il parle de toi, il me, il me parle de toi, il me parle… Oui, Mo… Il me... »

Son visage avait beau être en partie camouflé par un magnifique casque doré à cornes, ce qui était une preuve d’un haut statut (Peut-être moins à cause de l’or, dont Darmalion n’avait pas foutre idée qu’il avait de la valeur pour les humains, qu’à cause justement de ces cornes qui imitaient les attributs virils des chefs Hommes-Bêtes ; Il devait être répugnant de voir les Hommes ainsi singer les vrais enfants du Chaos), il était très clair que la damoiselle était malsaine d’esprit. Elle répétait des mots au hasard, que Darmalion comprenait très bien, comme un mantra, alors qu’elle continuait de s’approcher, nullement intimidée par son immense taille et son immense poids. En fait, elle se tenait suffisamment près pour qu’il soit aisé pour lui de simplement l’attraper et lui briser, à mains nues, tous les os de son corps.
Darmalion avait vu la peur panique dans des dizaines de paires d’yeux, de pauvres hères qu’on lui jetait dans sa caverne afin de satisfaire ses appétits. Avec elle, c’était une lueur toute autre. Elle avait de grands yeux vitreux brillants. Elle s’approchait et le reniflait, comme une espèce d’animal intéressé. Au moins, elle lui parlait de Khorne : En ça, elle pouvait au moins susciter un minimum son intérêt.

« Mon maître veut te donner… Offrir aux arènes… Combattre, combattre, tout le temps… Mais pas pour le Molosse, non, non non non non, massacre, oui, mais pas pieux, pas en Son nom, pas pour le Sang… Pour amuser… Pour divertir… Dégoûtant… Dégueulasse… J’ai voulu le convaincre, le convaincre, pas pour le sang, arènes ? Non non, pas aux arènes, non… Tu es beau, tu es fort… Si beau si fort… Tu mérites une harde, c’est un cadeau que de t’avoir, te déchaîner sur nos ennemis… »

En fait, elle était d’autant plus énigmatique que Hommes et Bêtes ne sont pas censés s’entendre. Même les Hommes qui servent les Dieux Sombres. De temps à autres, il arrivait que les Chamanes se mettent d’accord avec des pillards sans bénédictions des puissances de l’Au-Delà pour raser, piller, et violer en commun les infidèles ; Mais autrement, les deux espèces se regardaient avec méfiance et avarice. Pour les Bêtes, les Hommes n’était que de semi-croyants, pas tout-à-fait dédiés aux Dieux envers qui ils n’avaient que dévotion et déférence. À l’inverse, les Hommes ne prenaient les Sabots Fourchus que comme des outils, des bêtes féroces incontrôlables qu’ils pouvaient utiliser pour leurs plans et leurs offensives. Leurs alliances ne duraient jamais très longtemps.
Que la femme lui dise que le Molosse lui-même s’intéressait à lui avait de quoi surprendre. Qu’elle prenne son parti pour le protéger de son chef, encore plus.

« Sang, et tripes, et viscères… Sang, partout… Arracher, déchirer… »

Elle s’éloigna légèrement. Elle cria alors quelque chose dans l’autre langue, celle des hommes. Alors, les ombres des sentinelles s’éloignèrent, quelques instants à peine.
Lorsqu’ils réapparurent, les deux solides Maraudeurs Norses, des géants en peaux de bêtes, haches à la ceinture, tenaient entre eux un jeune garçon frigorifié. Couvert de cernes, de blessures, se débattant dans tous les sens. Un linge enfoncé dans sa bouche l’empêchait de trop hurler ou de trop sangloter. Il ressemblait tellement à toutes les autres victimes que Darmalion avait pu massacrer.
Les Maraudeurs le jetèrent au milieu de l’antre, puis se dépêchèrent de partir, sans tourner leur dos un seul instant au minotaure. Ils ne semblaient pas avoir peur – du moins, ils ne semblaient pas montrer qu’ils avaient les jetons. La situation serait tout autre si le monstre n’était pas solidement ancré au mur.

La soigneuse bavait un peu en observant le garçon s’écraser au sol. Pieds et poings liés, il se dandinait dans tous les sens. L’odeur du sang et de la peur alléchaient Darmalion. Et pourtant, il était juste au bout du mètre de chaîne qu’on lui accordait. Pile au maximum d’autonomie dont il disposait. Un calvaire, d’être si affamé, et d’avoir sa proie si proche et pourtant si loin.

« Chhhhh… Du calme… Du calme… Savoure. Tu dois apprendre à savourer.
Écoute-moi, bien, écoute-moi bien, car je veux t’aider, oui, t’aider à servir, t’aider à aimer le Molosse… Crois-moi, crois-moi, oui, crois-moi…
Dans quelques jours ils viendront te chercher pour t’emmener sur la côte. T’enfermer dans une arène. Combattre, combattre jusqu’à ce que tu sois tué. Souhaites-tu que ce soit ta fin ?
Je t’offre cette chair. Tu peux t’en nourrir, si tu souhaites être fort, si tu souhaites juste manger à ta faim et en finir…
Ou bien, je peux la sanctifier. Oui. La sacrifier. Pour le Molosse, en ton nom. Oui… Te faire renifler le sang, sans pouvoir y goûter… Te torturer pour montrer toute ta dévotion. »

Elle tira de sa ceinture une longue dague acérée.

« Je peux t’aider, seulement si tu me prouves que je n’aie pas tort. Qu’en dis-tu ? »
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Darmalion] La ferme des animaux

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LA FERME DES ANIMAUX



Des millénaires de solitude. Perdu dans les roches des immortels massifs de la Norsca, enchaîné aux lourdes chaînes figées dans la paroi de roche, seul au milieu de son antre maudite, l’engeance bestiale accueillait le froid printanier sur son pelage impénétrable et hirsute, ses deux grosses narines reniflant ce que le vent pouvait lui amener comme parfums de l’extérieur.
Son arène désertée et sinistre était jonchée de cadavres putréfiés ; leurs squelettes désarticulés composaient des formes sordides au milieu des entrailles à l’air libre, et gisaient sur un sol que la neige avait fini par recouvrir, sauf aux endroits les plus chauds, là où la Bête avait versé le plus de sang ; liquide chaud et épais qui ne laissait que peu de place aux flocons fondants.

Autour de lui, il n’y avait rien sinon des pics inhumains, géantes strates s’élevant vers les cieux pour côtoyer les nuages ou picorer les étoiles, que les enfants Norses s’amusaient parfois à escalader pour voir la Bête maudite ; jeu risqué au gré duquel les inconscients prouvaient leur audace en piétinant sur le territoire de la mort incarnée par cet homme à tête de taureau.

Des millénaires de solitude, sur un plan relatif toutefois. Quatre ans étaient passés pour être exact. Quatre ans que le minotaure n’avait pas compté, à défaut de savoir le faire et d’en avoir l’idée. Autrefois, il avait parcouru le monde avec les hordes du chaos pour ensevelir les peuples dans un déluge de violence et de folie sanguinaire pour la gloire de Khorne ; à présent, il n’était plus que l’ombre de lui-même. Ses muscles s’étaient flétris avec le temps, ses réflexes et ses sens avaient diminués, et même le peu de vocabulaire qu’il avait appris semblait désormais vouloir fuir sa mémoire. Il ne devait sa survie qu’à sa nature, belliqueuse et instable, vorace surtout, et aux dieux mauvais qu’il gâtait à tout instant. Longtemps, il avait amusé la galerie dans des spectacles farouches et déchirant ; les malheureux qui l’avaient approché de trop près, de force bien souvent, ou pour tenter de prouver leur témérité parfois, avaient fini comme broyés par l’enclume ou dépecés à mains nues par une sauvagerie indescriptible. Longtemps, il avait été traité tel un chien de garde, un esclave dévot des Sombres Puissances qu’on utilisait souvent pour gâter ceux qui peuplent le plan immatériel de ce monde ; un bourreau sacré qu’on gardait prudemment pieds et mains liés.

Un monstre dédié à l’horreur.

En ce jour qui ressemblait aux autres, il attendait que le temps, pendule qui se balançait au-dessus de son destin en attendant la rupture à la faveur d’un hasard inattendu et providentiel, fasse son œuvre pour rompre ses fers. Toutefois, autre chose semblait se dessiner dans les couloirs du temps. L’hideuse engeance bestiale ne tarda pas à sentir ce parfum caractéristique des Norses qui, dans le paysage olfactif rempli de sang et de minéraux autour de lui, avait une note plus cuivrée et salée. Un mélange qui se voulait assez repoussant à la base, mais qui s’accompagnait sous certaines nuances des effluves de cuisine et de viande rôtie, ce qui lui mettait inéluctablement l’eau à la bouche. Salivant depuis ses grosses lèvres bovines, disgracieuses et sales, il fut une fois de plus appâté par l’idée d’un carnage ; une fois de plus, il ne put retenir l’étrange rage qui s’emparait de lui. La seule hypothèse de voir ces barbares le déchaînait ; détruire ces liens qui le retenaient et dévorer ses geôliers vivants était son rêve le plus vénérable. Il tira énergétiquement sur ses chaînes indestructibles, comme s’il tentait de les arracher de la paroi, mais en vain. Toute l’énergie qu’il dépensa ne l’aida guère à arranger son sort, les chaînes s’enfonçant encore un peu plus dans sa chair, et son destin se résumant à la mesure de cette fatalité : il était cloîtré pour toujours derrière ces murs immenses. Ses espoirs de liberté se suspendaient aux mêmes fers qui le retenaient ici. Illusion brisée. Espoir condamné.

Enfin, au moment où son désespoir lui fit arrêter sa gesticulation confuse, les Maraudeurs Norses firent leur apparition en escortant ce qui, depuis toujours, demeurait une nébuleuse à ses yeux : l’humaine aux cornes d’or. Sa surprise fut visible dans sa posture ; il la contempla comme une relique sacrée. Cette femme cabalistique avait un quelque chose de surnaturel qu’il ne parvenait pas à discerner, sa seule présence diffusait autour d’elle une aura familière pour le minotaure, lui qui intrinsèquement se sentait lié à elle plus qu’à un aucun autre, mais qui dans le fond véritable ignorait tout de cette magie qui les réunissait. Une curieuse harmonie qu’il mettait sur le compte de Khorne, à défaut de savoir l’associer à autre chose. Mais en dépit de tout ce qu’elle incarnait de mystère et de secret, sa présence ne lui était pas dérangeante, tout au contraire. Cela n’augurait que de bonnes choses à sa mémoire. Il se figea en la fixant intensément, tandis qu’elle s’approchait de lui sans crainte, avant de lui parler de ce fameux Molosse.

La Norsca recelait de trésors sauvages pour un Homme-Bête comme lui. Ce territoire connaissait d’énormes Hardes dont le minotaure avait entendu parler par le passé, mais qu’il n’avait jamais eu la chance de côtoyer au demeurant. Il n’ignorait pas cela. En revanche, ce qu’il ignorait bel et bien, c’était la raison pour laquelle le Molosse avisait à ce point de s’enquérir de sa situation. L’Homme-Bête n’avait plus rien, sinon sa force. Il connaissait les dangers de l’arène. Il savait ce que cela signifiait. Mais s’il y avait autre chose, il ne pouvait qu’en être friand. Dans son âme brûlait l’ardent braser d’un rêve de liberté. En dépit de tout ce qu’elle avait d’indiscernable, cette sauvage était son salut. Dans sa langue d’Homme-Bête, grave et mugissante, il tenta de lui communiquer le fond de sa pensée.

« Mmmuuuuoorh. Darmmmalion plus avoir Khornnnegoore. Darmmmalion chercher maître. Chercher Seigneur. Assez fooort pour conduire… Haaaarde. Si Mmmolosse pouvoir diriger Harde, Darmmmmalion suivre. Mais Mmolosse plus fort. Doit être plus fort que Darmmmalion. Muuuaaarh. Plus fort que Darmmalion. Mmmolosse vouloir oser ? »

Les grosses narines humides du minotaure flairaient la sauvage quand il disait ces mots. Elle dégageait un parfum appétissant et pourtant, contrairement aux autres, elle ne suscitait pas ses désirs prédateurs. Il inspira une grande quantité d’air de façon assez grossière qu’il devait à sa gueule de bovidé. Puis il se secoua la tête comme s’il devait déshabiller ses cornes de quelque chose. Puis il se focalisa de nouveau sur elle. La Sainte. La Sauvage. Incarnation de l’autre monde. Sorcière impénétrable. L’enfant, derechef, arriva près de lui. Il comprit ce qu’elle voulait. Il comprit qu’il devait résister, refouler ses pulsions meurtrières, contenir sa frénésie, dompter la folie. Mais autour de l’enfant s’étendait une sphère d’angoisse. L’avorton avait été jeté par les Maraudeurs avec ses liens et son bout de chiffon dans la bouche ; mais déjà il se trémoussait pour tenter de fuir. La Bête, aussi sotte était-elle, eut tôt fait de remarquer cette épouvante qui se tapissait au fond du regard. L’inconnue s’approcha du petit comme pour le sacrifier. Il l’observa d’abord en silence, attentif à tout ce qu’elle pouvait dire. Il comprit où elle voulait en venir. Il se hâta de lui répondre.

« Mooorh… Enfant avoir peur. Darmmalion peut aider. Darmmalion gentil. Darmmmmalion mmmettre fin peur pour enfant. Chasser la peur. Enfaaant plus avoir peur. Darmmmalion vouloir aider. Vouloir aider enfant à plus avoir peuuuur. Vouloir aider plus avoir peur. »

Il se dirigea vers lui. Son regard n’était déjà plus le même.

« Darmmalion gentil. Mais peur changer Darmmmalion. Peur changer Darmalion. Peuuur donne envie Darmalion. Envie aider l’enfant. Enfant plus jamais avoir peur. Peur donner envie Darmalion. Peur donner envie Darmalion. J’ai dit : peur donner eeeeenvie Darmalion ! »

S’exclama-t-il soudain, en grattant frénétiquement le sol avec son sabot, comme pour manifester que la colère et la soif de sang l’envahissaient au fur et à mesure.

« Peur donne envie Darmalion ! Peur donne envie Darmalion ! Peur donne envie Darmalion ! PEUR DONNE ENVIE DARMALIOO… »

Cri de rage.

« … OOOOOOOUUUAAAARRRH ! »

Et la Bête, impitoyable, fonça en tirant de plus belle sur les chaînes qui le retenaient, ensorcelé par l’odeur de peur qui émanait de cet enfant.
Darmalion, Voie du champion minotaure
Profil: For 13 | End 11 | Hab 5 | Cha 2 | Int 4 | Ini 8 | Att 15 | Par 8 | Tir 5 | Foi 0 | Mag | NA 2 | PV 130/130
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_darmalion

Compétences
  • Bagarre (B)
  • Coriace (B)
  • Coups puissants (B)
  • Coups précis (1) (B)
  • Désarmement (B)
  • Force accrue (B)
  • Survie en milieu hostile (B)
  • Violence forcenée (B)
  • Volonté de fer (B)

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Darmalion] La ferme des animaux

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ


FOR Darmalion : 12
Jet caché.
END Darmalion : 10
Jet : 19, échec.
Darmalion perd 5 PV. Il lui en reste 115.

Le jeune blondinet sur le sol se mit à crier. Il tenta, faiblement, de se rouler sur le côté. Ses yeux injectés de larmes s’étaient fermés, ses hurlements étouffés par le bâillon, plaintifs, s’étaient amplifiés alors même que Darmalion le chargeait avec toute sa force. Tout le pathétique de la situation devait agrandir encore plus l’appétit du minotaure.
En tout cas, sa charge fut terrifiante. Courant à toute vitesse, jusqu’au bout de ses chaînes, il les senti violemment claquer la parois dans laquelle le fer était encastré. Le mur de pierre trembla. Quelques morceaux de roche furent projetés. Mais l’assaut coûta beaucoup au minotaure. Les anneaux lui ripèrent la peau, tailladèrent dans ses muscles. Du sang coulait à présent là où elles avaient laissé leurs marques. C’était peu, bien trop peu pour véritablement faire souffrir une créature comme lui ; Mais s’il continuait de charger de toutes ses forces ainsi, il pouvait y perdre beaucoup. Sans être véritablement capable de savoir si cela avait le moindre effet sur sa prise.

En voyant ceci, la Soigneuse eut un petit mouvement de recul, de la peur instinctive et incontrôlée. Ses grands yeux s’étaient écarquillées, et elle observa avec horreur le minotaure. Mais cette peur panique se dissipa rapidement, et ainsi, naquit sur ses lèvres un magnifique sourire qui affichait des dents jaunes, mais bizarrement acérées. C’était comme si chacune de ses dents étaient des canines.

« Comme tu es fort… Comme tu es grand… Comme tu es beau…
Arrache et éviscère… Tue sans remords, oui... »


Elle s’approcha du gamin, qui se dandinait dans tous les sens en donnant des coups de pieds en l’air. Il criait, criait, bougeait la tête de gauche à droite à toute vitesse, comme pour implorer sa captive. Elle s’agenouilla auprès de lui, et prit un air triste.

« Je ne mérite pas de te tuer. Pas moi. Pas moi. Moi je suis pas digne. Salope. Faible. Darmalion est digne. Moi je ne fais que servir. Servir.
Tu vas servir. Servir. »


Elle lui tira les cheveux en arrière. Elle leva son cou. Le front du gamin perlait de sueur. La magnifique dague cérémonielle passa sous une de ses oreilles, et d’un trait vif, très exercé, montrant à quel point la dame aux cornes avait dû faire une telle œuvre, l’acier lui ouvrit la gorge. Il hurla comme un porc, un « grouiiiiiiii » strident qui retentit dans un écho. Elle lui lâcha les cheveux et il tomba dans des gargouillis insupportables, tandis qu’un geyser de sang s’expulsait de sa pomme d’Adam pour se déverser sur les cailloux.
La dame prit un petit pot en céramique qui était accroché à sa ceinture. Elle le posa bien sous le cou qui se vidait. Elle le remplit, tandis que ses mains et ses manches en peau de loup se souillaient. Lorsqu’elle se releva, elle prit une grande inspiration, et s’approcha tout droit de la Bête.
END+INT/2 de Darmalion : 7
Jet : 7. Réussite de justesse.

Darmalion parvient à résister à la soif de sang. C’est extrêmement douloureux, ses instincts primitifs d’Homme-Bête le torturent ; Mais s’il le désire, il peut résister à l’envie d’étriper la fille.

« Du sang pour le Dieu du sang. »

Elle aussi suintait la peur. Elle avait beau terrifier les Maraudeurs Norses, elle n’en menait pas large devant l’Engeance faite chaire. Les gros naseaux de la vache pouvaient renifler son air de trouille, et ses yeux de prédateur découvrir comment elle prenait un air prostré, malgré toute la nonchalance qu’elle tentait de feindre devant lui.
Avec une main, elle s’approcha. Doucement, elle lui caressa le torse, pour sentir son cœur. Sa main froide tremblait toute entière, et la chair de poule la gagnait.

« Sang, viscères, tripes... » qu’elle chuchotait.
« Tu me terrifies, et tu m’excites. »

Elle plongea sa main dans le pot de céramique. Elle macula ses doigts de sang, et les posa sur le mélange de peau et de cuir de Darmalion. Et, plus aisée, exercée, elle dessina un symbole.
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« Lors du Déluge d’Archaon, des milliers de guerriers courageux se déversèrent sur les Sudistes. Ici, en Norsca, des jeunes hommes, toute une génération de valeureux combattants, acceptèrent de quitter leurs conforts, les vies de leurs villages, pour aller piller, détruire, raser, ravager au nom des Dieux.
Ils ont échoué.
Ils ont échoué, mais ils ont servi. Aujourd’hui, les puissants jarls de Norsca, ce sont ceux qui ont refusé de suivre Archaon. Ceux qui ont voulu rester chez eux. Ceux qui n’ont pas répondu au Grand Brame qui t’as fait suivre. Ils ont eut des années grasses. Volé les terres et les femmes de ceux qui sont partis. Ils ont été lâches. Et opportunistes.
Le Molosse les détestes. Le Molosse veut les écraser. »


Elle termina de faire son dessin. C’était étrange : Ses phrases étaient devenues, soudainement, plus construites, et plus compréhensives. Moins hachées. C’est comme si, au contact de Darmalion, elle trouvait mieux ses paroles.
Puis elle leva ses yeux vers ceux de Darmalion.

« Le Jarl qui t’a enchaîné est un de ces lâches. Il était le meilleur ami d’un homme bien meilleur que lui, et qui lui est mort face aux Sudistes, dans une ville qu’on nomme Middenheim.
Profitant de l’absence de son ami, le nouveau Jarl s’est emparé du pouvoir. Il a volé sa femme, et égorgé ses enfants, s’installant à sa place. Mais il n’a pas réussi à tous les avoir. J’ai réussi à cacher l’un des plus jeunes. Confié à des serviteurs du Molosse. Il est trop jeune, trop jeune pour régner… Mais pendant quatre longues années, j’ai feins d’être l’amie de ce Jarl afin de gagner sa confiance, et le manipuler.
Le Molosse déteste ça. Il déteste les subterfuges. Il déteste les manipulations. C’est digne de son petit frère, c’est digne de l’Aigle, de… De… De Tzeentch. »


Elle avait prononcé ce mot en serrant sa gorge et en pestant. Rien que son nom lui donnait la nausée.

« Mais même le Molosse a besoin d’une charognarde pour protéger ses vrais guerriers.
Darmalion, tu es… Particulier. Tu n’es pas un homme. Tu es plus… Honnête. Véritable. Tu es une force de la nature, et de la rage.
J’ai besoin de toi. J’ai besoin de toi pour m’aider à faire ce qui est juste. La tribu Norse qui t’as capturé, tu souhaites tous les détruire, tous les tuer. Mais moi je souhaite seulement terrasser ceux qui méritent. Je ne veux pas qu’ils meurent. Je veux que les limiers remplacent les couards. Que les vrais chiens prennent le-dessus.
Si je te libérais, tu serais incontrôlable. Tu ne pourrais pas résister à tes pulsions. Je ne peux pas te laisser faire cela. Je te supplie de me pardonner. Vraiment.
Darmalion… Est-ce que tu acceptes que nous soyons amis, toi et moi ? »


Elle posa une main sur ses grosses poignes de monstre, et lui caressait l’un de ses doigts massifs.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Darmalion] La ferme des animaux

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LA FERME DES ANIMAUX



L’air était empli d’un parfum de peur. Il faisait bon sentir ce nectar de l’épouvante mais, à défaut de lui donner raison, il infligeait aux nasaux du minotaure une sentence exquise, mais une sentence quand même. La sentence d’un appétit insatiable, gouverné par des pulsions sauvages, faisant fuir les bribes de conscientisation de la terrible aberration colossale. Animant une course prédatrice, l’instinct le priva de toute prudence si bien que dans cet élan bestial, il s’infligea à lui-même de sérieuses strangulations qui firent germer son sang là où les chaînes se resserraient sur sa chair ; douleurs qui néanmoins ne firent qu’attiser sa folie destructrice. En tensions, les maillons de fer semblaient se débattre en sollicitant toute la paroi de roche sur laquelle ils étaient fixés ; comme si tout à coup ils tentaient de contenir une tempête.

Il vit alors, dans le fond du regard de la Soigneuse et son retrait, quelques renforts de ce sentiment délicieux qu’il inspirait naturellement par sa bestialité, et qui nourrissaient fondamentalement sa déraison. Le sourire qui suivit en redessinant un faciès beaucoup plus confiant et satisfait sur sa « solution » vint toutefois endiguer cette crainte passagère ; comme si la viande avait tiédi d’un coup. Elle n’avait dès lors plus suffisamment de saveur pour ses maxillaires cruels. Aussi dédia-t-il toute son attention et sa férocité au candide enfant qui sanglotait encore davantage en sentant le sort échoir sur lui.

Et la lame vint sceller son destin.

Aussitôt qu’il vit le petit couiner et s’étrangler dans un hurlement teinté de désespoir et d’horreur, le minotaure accompagna son calvaire d’un hurlement bestial ; comme pour épouser ce sentiment de déchéance et de fatalité. Alors que la voix stridente du sacrifié faisait des bulles dans son propre sang, celle du monstre, beaucoup plus grave, poursuivait son chant sauvage.

« … UUUAAAAAAAAARRRH ! »

Ses yeux n’étaient plus habités que par une rage frénétique, deux prunelles dorées fendues par une iris féline, qui fixaient avec tant d’intensité ce spectacle d’horreur qu’elles semblaient vouloir sortir de leurs orbites ; et les veines de sang vinrent remplir le blanc autour, se répandant tel un poison. Ses grosses mains s’ouvrir sur les côtés, puissantes et terrifiantes, puis se refermèrent lorsqu’il se mit à tambouriner le sol de ses poings. Chaque impact eut un écho impressionnant. Contre toute attente, il luttait contre lui-même. Il réfrénait ses pulsions de haine et de voracité. Il tentait, difficilement, de contenir son instinct de tueur.

Incroyable. Dans cette scène dantesque, Darmalion, pour la première fois, apprenait à se dompter. Le combat qu’il menait à l’intérieur de lui-même était si ardent que son corps, soudain, se mit à être parcouru de convulsions et de contractions involontaires. La Soigneuse, avisant vraisemblablement que l’herculéen Homme-Bête parvenait à corrompre sa nature, décida de s’avancer vers lui ; il put flairer une grande peur en elle, mais son attention restait cristallisée sur la dépouille qui ne demandait qu’à être dévorée.

Alors qu’il reniflait bruyamment et que de ses énormes babines coulaient des flots de salive gluante, alors que sous ses dents carrées l’écume de la colère montait en neige, alors que ses membres spastiques et hypertrophiés continuaient de trembler, elle s’approcha, ambitieuse. Intrépide. Folle. Il la laissa dessiner sur son corps…

… mais n’écouta qu’à peine ses mots. Les paroles n’avaient plus vraiment de sens pour lui après un tel spectacle. La mort et la faim envahissaient tout son être ; il n’était plus animé que par une lutte intérieure, entre ses pulsions bestiales, et ses rêves de liberté. De cette nébuleuse de paroles, il ne retint qu’une chose : le Molosse détestait quelqu’un. Qui ? Quoi ?

« Moi aussi, détester. Moi, haïr. Moi, dévorer ; dévorrrrreeeEEEERRR ! »

Elle poursuivit néanmoins, comprenant que ce cri était tant dû à la nature de la Bête qu’à son combat introspectif. Comme pour les termes précédents, il n’avait retenu qu’un mot sur deux, encore habité par le Mal ; toutefois, au fil des mots, il parvint à s’assagir. La Soigneuse avait un talent curieux ; même dans la peur, elle parvenait à l’apaiser. Du moins, en apparence.

Il la laissa poursuivre. Elle châtia des dieux ennemis. Elle maudît les Jarls. Elle louangea le Molosse. Enfin, elle lui proposa une chose étrange : l’amitié. Une chose dont il avait entendu parler jadis dans l’armée du Chaos, mais dont il n’avait somme toute qu’une vague idée. On lui avait expliqué que l’amitié était ce qui liait deux personnes et leur permettait de se faire confiance. Que les « amis » se faisaient des cadeaux, se rendaient service. Tout ce qui caractérisait, en somme, la relation qu’il pouvait avoir avec un Seigneur de Harde. Alors, que pouvait-elle vouloir dire à travers ça ?

« Toi savoir Brame ? »

L’amitié, au sens où il l’avait compris, n’était qu’une loyauté superficielle attribuée à ceux qui l’avaient quasi domptés ; ou du reste soumis. Il réalisa, en s’y attardant un peu, quelle était sa prétention. Sa grosse patte vint tout à coup tenter de l’empoigner par la gorge ; sans la tuer, juste pour la tenir.

« Toi croire plus fort moi ? »

A défaut d’avoir l’intelligence pour comprendre ce qu’était l’amitié, il avait au moins la force de lui faire comprendre que cela n’était pas possible. Le Minotaure n’avait aucun ami. Il n’avait que des chefs.
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[MJ] Le Grand Duc
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Ses pupilles s’étaient dilatées. Son teint était devenu plus livide encore que sa peau violacée était à l’ordinaire. Alors que l’instant d’avant, elle pouvait se permettre de lui faire des yeux doux, et de lui parler calmement, elle devait à présent se rendre compte de ce qu’il coûtait d’essayer de minauder devant une force monstrueuse comme Darmalion. Elle suintait de peur. Elle s’étrangla un peu, avant de se figer sous sa poigne. Le minotaure n’aurait, à cette distance, pas grands efforts à fournir pour la tuer sur place.
Elle ferma ses yeux, expira longuement par le nez pour se tranquilliser, et faire disparaître la peur panique qui s’était un instant emparée d’elle, qui lui avait fait couler quelques larmes. Elle posa ses deux mains sur celle du monstre, et tenta de parler aussi distinctement qu’il était possible dans sa position :

« N...Non… Pas plus forte, non non. Non, jamais. Non ! Je…
Écoute, je… Je suis faible, et lâche, mais je sers, oui, je sers… Je suis une servante, je sers, je sers c’est tout. »


Elle dressa ses pupilles humides tout droit vers le regard du Minotaure.

« Tu as raison, raison, je… Je me suis mal, mal mal mal exprimée. Amie, ça voudrait dire, qu’on est égaux, pareils, semblables, non, non, pas semblable à toi… Je sers, toi tu es. Tu es.
Je suis à ton service, mais tu ne disposes pas de moi, non, seulement Lui, seulement, le Molosse. Tu es un de ses enfants, mais moi, moi aussi je le suis utile… Pour cela que je ne peux pas te libérer. Je ne peux pas t’aider à rejoindre le Brame, non. Pardonne-moi. »


Elle déglutit, et sa voix se fit un peu pus mesurée.

« Il ne… Il ne t’en voudrait pas si tu me tuais… C’est… Dans ta nature…
Aussi, je… Je, t’implore de ne pas le faire… Et de m’aider… Je saurai, je saurai me rendre utile. Je suis à toi.
Je peux t’aider contre la cruauté du Jarl Baldr. C’est lui qui t’a enfermé. Lui qui a usurpé le pouvoir. Lui qui insulte ton Dieu et le mien. »


Elle tordit ses lèvres. Elle avait une apparence bien moins puissante que lorsqu’elle s’amusait, un instant d’avant, à peindre le symbole de Khorne au sang sur le poitrail du monstre.

« Pitié... »
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Darmalion
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Re: [Darmalion] La ferme des animaux

Message par Darmalion »

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LA FERME DES ANIMAUX



La tension était comble. Sinistrement le jeu de possession et de diplomatie auquel s’était engagée la Soigneuse s’était retourné contre elle, et tout comme l’on risque de se couper en jonglant avec des poignards, elle avait sans doute consenti à sacrifier beaucoup de choses dans le cas où ses plans échoueraient. Il lui était aisé désormais de pouvoir mesurer l’étendue des menaces incarnées par cette abominable monstruosité ingrate qui, en dépit des efforts qu’elle semblait faire et pouvoir faire encore pour lui, en dépit de tout ce qu’elle lui promettait comme ciels plus obscurs et sanglants, elle demeurait, tragiquement, bloquée par le rempart de l’ignorance qui visiblement empêchait leurs deux esprits d’entrer en osmose.

« Mmooong… »

Mugit le minotaure en écoutant son plaidoyer, alors que ses doigts crispés s’étaient resserrés autour de sa gorge. Il pouvait entendre sa voix, il pouvait conscientiser ses paroles, et il pouvait aussi se projeter à court terme ; mais il était incapable, littéralement, de négliger les frissons de peur dont était parfois parcouru cette inconnue aux paroles et aux aspirations nébuleuses. Alors même que les syllabes déferlaient de sa bouche et se fondaient en arguments, le minotaure approcha son museau d’elle et ses nasaux reniflèrent puissamment le parfum de sa peau. Quelque chose l’intriguait. Il avait l’étrange sensation que la peur jouait au chat et à la souris avec lui. Quelques effluves de ce sentiment qui nourrissait ses pulsions destructrices étaient encore là, tapies dans l’ombre, mais à portée de son flair ; pourtant, il savait que ces bribes n’étaient que des reflets imprécis d’un océan bien plus grand d’épouvante et d’horreur. Ses efforts se concentraient donc à cela : débusquer ce qu’il y avait d’enfoui en elle. Pour sûr, elle était habile. Mais assurément, cela la rendait beaucoup plus appétissante.

La chasse aux sentiments était ouverte. L’enfant dont le sang continuait de maculer le sol juste derrière sa proie n’était presque déjà plus qu’une carcasse insignifiante à côté de ce qu’il tenait entre ses doigts qui chantaient les louanges de tous les massacres qu’il avait commis : de grosses phalanges poilues et grasses, presque aussi grosses que des gourdins, menaçaient de broyer la gorge de l’intrépide visiteuse aux enchantements mystérieux.

Mais alors qu’elle terminait de se justifier, il eut une avalanche de doutes. Relater d’un homme capable d’insulter les dieux et en particulier de défier Khorne fut ce qui le bouleversa. Entre autres choses, il ne s’était pas rendu compte qu’en tentant d’étudier les sentiments de la profane, il avait en même temps refoulé sa colère et ouvert quelques verrous de ces capacités de raisonnement ; il s’était inconsciemment montré beaucoup plus à l’écoute et, paradoxalement, ce qui devait servir à détruire l’ambitieuse femme dans son antre vint en fait la sauver d’une mort certaine.

Darmalion était gourmand. Gourmand au point de vouloir toujours plus ; mais ironiquement ce fut cette gourmandise qui éveilla son esprit, et écarta la furie de sa tête ; du moins, tant qu’il n’y avait pas cet océan de terreur à engloutir en détruisant la malheureuse.

« RRRrrrrh… insulter Khorne pas bien. Pas bien insulter Khorne. Moi punir. Moi punir insulte Khorne. »

Il la souleva littéralement du sol. Même si sa raison s’était éveillée, il ne s’était pas écarté de l’idée de pouvoir la dévorer.

« MMMmmmooooorrrrrghhh… Mais si toi pas pouvoir libérer moi… toi quoi servir ? Toi ramener méchant ici. Ou toi libérer moi. Moi punir méchant insulter Khorne. Moi montrer Khorne plus puissant. Toi quoi faire, hein ? Toi comment aider moi ? Mmmmuuuuuooorh. Moi punir méchant. Punir méchant. Punir méchant ! »


Sans s’en rendre compte, il commença à resserrer son étreinte. Dans l'antre de la Bête, il n'y avait rien sinon la mort et la violence ; il n'y avait rien sinon la faim et la vengeance ; il n'y avait rien sinon elle et lui, et cette carcasse agonisante. Dans l'antre de la Bête, il n'y avait aucun lendemain possible tant que la Bête avait de l'appétit.
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Darmalion] La ferme des animaux

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ


La Soigneuse retrouvait son sourire dément aux dents jaunes. Ses pupilles injectées de larmes reprenaient leur lueur brillante. Elle avait beau été soulevée comme un sac, et étranglée par le monstre, elle lui pardonnait tout en l’entendant grogner une dévotion immonde envers Khorne.

« Oui… Oui ! Oui c’est ça, c’est ça, oui oui !
J’amènerai le mal à toi… Je les manipulerais, je les bougerais sans les toucher, lâche, lâche, faible, comme eux… Mais toi, toi fort, et beau, oui. Oui… Je te les amènerai, et tu pourras les massacrer. Les écraser. »


Elle lui caressa ses nasaux bovins, en plongeant droit son regard dans ses yeux de bœuf.

« Demain, demain, le Jarl Baldr viendra… Il viendra avec… Hugleik… Un neveu, d’un autre Jarl, aussi puissant, aussi lâche…
Baldr t’as capturé. Hugleik souhaite te capturer. Te ramener chez lui. Dans son arène. Avant, il doit voir si tu es fort. Vérifier. Je l’ai convaincu. Convaincu qu’il devait t’observer en personne. Lui-même, pas sous-fifre, non. »


La poigne de Darmalion se relâchait, tandis qu’elle le charmait avec la promesse d’un festin à venir.

« Quatre personnes à affronter. Pas désarmés, cette fois. Pas des faibles, pas des petits, pas cette fois… Prépare ton fléau… Ils viendront avec des armes, des crocs, des lames… Tu les écraseras. Tu les écraseras, tous, au nom de Khorne.
Tu les tueras. Tu les tueras tous. Pas difficile. Pas compliqué pour toi, non… Mais je te ferai une surprise. Un cadeau. Un magnifique cadeau. Tu verras que je suis à toi. Après, seulement, tu m’accepteras. Je suis certaine. Oui… Oui, tu verras que je t’aime. »


Elle continua à murmurer quelques choses à elle toute seule. Quelques fois, elle fut prise par un rire caqueté, strident, qui se réverbéra avec écho dans la prison montagneuse. Et avec son casque à cornes sur le crâne, elle s’en alla gaiement, sans se presser, en sautillant un peu, laissant Darmalion seul dans son antre.
Le Minotaure avait accepté, pour des raisons qui ne tenaient qu’à lui, de la laisser à nouveau quitter ses pattes en vie.

Étonnamment, Darmalion se tint plus tranquille cette nuit là que toutes les nuits précédentes durant ses quatre longues années d’isolement. Étais-ce la promesse du combat qui le mettait dans cet état ? En tout cas, il refusa de tirer de nouveau sur ses chaînes, et préféra se concentrer sur son repas. Il parvint, en se penchant, à tirer le corps du jeune homme vers lui, et put ainsi se repaître d’une jambe détachée à mains nues, seulement par sa force qui disloqua les os et la retira comme un humain le ferait avec les pattes d’un poulet. Il boulotta de quoi se remplir le ventre, et s’amusa à rajouter le corps à une petite collection.
Attendre fut long. Toujours dans le froid, l’ennui, et l’incompréhension. Dans le vide, à s’agiter en faisant les cent pas autour de sa chaîne. Le soleil se coucha et dans le ciel Mannslieb vint apparaître de sa lueur blanche en haut au-dessus des murs de sa prison. Morrslieb avait une lueur bien plus faible ; Un simple croissant, très éloigné. La lune verte du Chaos ne resplendissait pas comme les soirs où les Hardes de Bêtes se répandaient en orgies de sang et de vice pour commémorer la Déchéance. Au moins, il put trouver un semblant de sommeil.



Le lendemain, la matinée bien entamée, il entendit à nouveau des pas de Norses remontant le chemin. Bien plus nombreux qu’à l’ordinaire, il est vrai. Il entendit des rires, il entendit des gens piailler, brailler dans leur langue bien trop humaine pour que ses oreilles puisse y comprendre quoi que ce soit. Il vit des ombres se projeter avec la forme panoptique que prenaient les sommets escarpés, comme une tribune de spectateurs. C’est là qu’il put remarquer, prenant place sur des séants de granit, une parodie de fauteuils, deux bonhommes qui accompagnaient sa soigneuse, qui elle restait debout. Deux solides Norses, barbus, vêtus de la tête aux pieds de peaux de bêtes et de fourrures, des bottes fourrées et des capes sur les épaules, et surtout de magnifiques épées aux pommeaux brillants à leurs fourreaux.


Les deux hommes que Darmalion remarque:

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Les deux plaisantaient ensemble. L’un semblait plus âgé que l’autre, mais le plus jeune était aussi plus grand, et avait le crâne rasé. Autrement, ils semblaient parfaitement semblables. Mains sur les genoux, ils étaient entourés de quelques guerriers portant des lances, de lourds boucliers ronds et des casques qui recouvraient leurs yeux. Ils étaient accompagnés de quelques esclaves serviles, moins bien habillés, des anneaux au cou, qui leur portaient à chacun des cornes d’os dans lesquels ils buvaient une boisson qui améliorait encore plus leurs sourires et leurs rires fins. La soigneuse se tenait silencieuse, les mains dans le dos. De temps à autre, elle leur parlait et pointait du doigt le Minotaure, qui se retrouvait maintenant sous les attentions d’une bonne quarantaine de Norses de tous les âges et de tout sexe : Tout le village semblait être arrivé pour s’amuser de l’attraction locale.
INT Darmalion : 4
Jet : 16, échec

Le pauvre Minotaure ne comprit rien à ce qu’il passait. Tout ce qu’il voyait, c’était des humains, faibles, qui riaient, riaient tellement fort que leurs petits gloussements lui faisait atrocement mal à la tête. Il ne notait aucun détail. Il sentait simplement l’ivresse de la bataille que lui avait promit cette satanée harpie grimper en lui.
Enfin, il semblerait, devant l’entrée de son antre, qu’on allait lui accorder ce combat.

Quatre esclaves étaient enfoncés dans la grotte par la menace de pointes de lances. Tous des hommes, pieds-nus, frigorifiés, recouverts seulement de quelques vêtements en haillons, arrachés et sales. Ils suintaient la trouille. Plusieurs rechignaient à avancer plus, mais ils avaient le choix entre être poignardés par les lances d’un guerrier, ou continuer à avancer.
En haut, dans les gradins de roche, un homme s’approcha du rebord. Il jeta alors une poignée d’objets en acier directement dans la grotte. Tout un tas d’armes de toutes sortes : Des épées rouillées, de grands hachoirs, des massues, de quoi tuer et trancher. Alors, l’un des hommes qui était assis à côté de la dame aux cornes, le petit chevelu qui était assis, cria quelque chose dans sa sale langue d’homme. Peu importe ce qu’il avait dit, les quatre esclaves décidèrent de vaincre leur peur et de s’approcher de la pile d’armement pour chacun s’équiper.

Darmalion avait à présent, devant lui, quatre petits humains à point pour honorer le Molosse. Ils semblaient gagnés par la peur. Mais ils semblaient tous être assez en forme pour opposer une véritable résistance. De plus, à la manière qu’ils avaient de tenir les épées et les massues qu’il récupéraient, le doute n’était plus permit : Malgré la malnutrition, malgré la fatigue, malgré l’usure et la terreur, il avait face à lui des hommes qui savaient se battre.

Malheur pour eux, car alors qu’ils avançaient en s’espaçant, peut-être pour tous attaquer le minotaure en même temps, ils étaient à présent bien assez à la portée des chaînes de Darmalion pour qu’il puisse charger comme il le souhaite.
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Re: [Darmalion] La ferme des animaux

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LA FERME DES ANIMAUX



Tout un monde s’en était allé avec le départ de sa nourricière. D’une certaine façon, en la relâchant, quelque chose s’était évanoui. Un espoir éphémère. Un trésor tombé dans les abysses. Le minotaure s’était mis à penser qu’il avait simplement perdu une proie qu’il ne reverrait sans doute jamais ; qu’il ne pourrait plus manger, ni côtoyer. Une tempête de doutes déferla entre ses cornes, dans les méandres de son crâne. Mais en étant incapable de trouver des réponses par déduction, il avait l’impression d’être tel un saumon remontant une cascade infinie. Son intelligence lui avait-elle encore fait défaut ? Ces promesses n’étaient-elles que de douces illusions dont la sorcière avait abreuvé la Bête comme pour mieux l’amadouer ? La confusion s’insinua dans son esprit et l’empêcha même de prendre goût à ce qu’il restait de l’enfant.

Tout un monde s’en était allé avec le départ de sa nourricière. Tout un monde de promesses et de festins sanglants ; elle était partie avec son royaume de liberté et de plaines sauvages. Sur le tas de cadavres putréfiés ou squelettiques, fonction du temps qu’ils avaient passé là, le minotaure avec délicatesse déposa le sacrifice. De sa bouche des mugissements naquirent, subtilement articulés et entonnés, pour offrir au plus grand des plus grands les louanges d’une prière du Mal qui ressemblait à une chanson sinistre dont il était difficile de percevoir le sens. Quelque chose de mystique nourrissait cette Bête qui pouvait ressembler à ses congénères sous certaines coutures, mais qui avait bien du reste quelques singularités qui n’appartenaient qu’à lui, et qui se trouvaient être à la source d’une personnalité différente des autres minotaures, à quelques idées près. Darmalion était presque unique en son genre. Etait-ce cela qui avait séduit la Soigneuse ?

Toute la nuit, il fit les quatre cents pas. La confusion rongeait son esprit. Les doutes tapissèrent le fond de sa pensée comme s’il avait été affecté par un poison insidieux qui n’avait d’autre fonction que d’être toxique pour son esprit. Il n’avait aucune crainte, puisqu’il se sentait supérieur à tout (à tort, évidemment, et ses chaînes étaient là pour le rappeler), mais il s’impatientait faute de savoir ce que le destin lui révélerait. Allait-il attendre un jour ? Deux jours ? Des semaines ? Des mois ? Des années ?

Chaque seconde était une goutte d’infinie. Il ne put trouver le sommeil et ne fut pas inspiré pour tirer sur ses chaînes par ailleurs. Sa lutte avait un quelque chose d’immortel. Quatre années étaient passés et avaient presque épuisé sa volonté. Combien de temps pouvait-il encore tenir ? Ne valait-il pas mieux que la mort le prenne afin qu’il rejoigne d’autres plans immatériels ?

L’aube vint à la chute de l’astre d’albâtre et vint dépenser sur son pelage la robe d’une rosée matinale qui accentua quelque peu le froid ambiant, désagréable sensation que le printemps avait le soin d’adoucir pour lui, par chance. Les heures passèrent. Il fixait le long couloir qui menait à son antre, et par lequel tout pouvait arriver. Chaque créature qui passait par là était une surprise, un cadeau du hasard pour briser la morosité de ses jours semblables. La journée défila sous ses yeux, sans qu’il ne tressaille.

Et bientôt, sa patience fut récompensée. Tout semblait s’accélérer comme s’il était pris dans l’engrenage d’un circuit de fluides mécaniques auto-alimenté permettant aux roues de tourner les unes grâce aux autres. L’impulsion avait été offerte par sa providence : sa promise, fidèle à ses paroles, était revenue. Les océans avaient rejeté le trésor tombé de ses mains, en renvoyant avec lui d’autres ornements faits de chair et de sang.

« Mmmuuuaaaaarh ! »

Partout, les silhouettes se décomposaient progressivement en arrivant sur les parois. Ce qui était un antre devint, au rythme de ces apparitions, une sorte de colisée étrange, ses spectateurs se rangeant entre les crêtes rocheuses pour s’équilibrer et savourer la joute. Le monstre, intrigué, posait ses yeux partout ; il eut le sentiment qu’on fêtait quelque chose presque en son honneur.

La vie. La vie était partout autour de lui.

Après s’était assis sur deux fauteuils improvisés de circonstance, les chefs lui jetèrent certains regards qu’il ignora lui-même, occupé à appréhender tout ce nouvel univers qui s’immisçait dans son antre. La Bête ne prit conscience de l’enjeu qu’en réagissant à la chute d’armes qui déboulèrent non loin de lui pour équiper quatre esclaves plus audacieux visiblement que la plupart des créatures qu’il avait pu briser, dépecer, déchirer jusque-là. Présomptueux. Insolents. Prendre une arme sur son territoire et la dresser contre lui méritait la mort, au nom de …

« … Khornes. »


Annonça-t-il en langage bestial et en fixant ses adversaires d’un regard farouche, qui ne s’attardait même plus sur la quarantaine de Norses perchés autour de lui, même plus sur les deux chefs qui le provoquaient presque en se mettant sur leur séant pour savourer le pugilat, même plus sur celle envers laquelle il était désormais endetté. Non. Plus rien de tout cela ne comptait. Un pas. Deux pas. Il laboura le sol avec ses sabots, puis fonça directement sur ses visiteurs, fléau en main. La charge bestiale, qui résonna entre les parois de roche, fut presque étouffée par un rugissement violent que le minotaure poussa comme pour témoigner de sa férocité infâme.

« KKKHHHHHHOOOOOOOOOOOORRRRRR !!!! »


Il frappa avec sa dextre de la droite vers la gauche, dans une trajectoire circulaire, sur celui qui se situait à l’extrémité du mauvais côté : du côté de son arme, en l’occurrence.
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Re: [Darmalion] La ferme des animaux

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Rédigé par Armand de Lyrie, Assistant MJ


La charge du Minotaure fit trembler la terre. Son hurlement résonna à travers la caverne. Il chargea, à toute vitesse, son fléau en l’air. Et avec toute la terreur de son espèce, il abattit son arme directement dans le torse du premier humain qui passa devant lui. Son arme, projetée avec toute sa force, pulvérisa ses côtes, broyant ses organes à l’intérieur, le poussa sur le sol. Tout le souffle de sa victime fut retiré, et déjà on l’entendit siffler. Les piquants du fléau laissaient des entailles atroces.
Alors, avec toute l’énergie de la haine, et la volonté de vivre, le pauvre esclave agrippa les chaînes de Darmalion de sa main droite. Il cracha une gerbe de sang dans les yeux du minotaure, et enfonça sa lame dans le torse de la bête. Darmalion sentit le fer contre son torse, tenter de lui ouvrir sa carcasse comme on ouvre une moule. La douleur l’électrisa, le fit grogner. Dans son dos, un autre servile utilisa une autre arme pour la jeter à son visage, et faillir réussir à lui arracher son œil.

Le minotaure acheva sa victime. Il le fit tomber à terre, leva son fléau, et transforma ce qui restait de son corps encore trop vivant en une espèce de pâtée rougeâtre, les morceaux d’os et de cervelle volant en l’air. L’horreur s’empara des trois esclaves, qui reculèrent instinctivement. L’un d’eux se mit à hurler quelque chose, d’un ton plaintif, angoissé, aux bords des larmes. Quelque chose que le minotaure ne pouvait pas comprendre. Mais on devinait trop bien, en voyant ses yeux, ce qu’il pouvait bien tenter de dire – Implorait-il sa mère ? Un Dieu ? L’aide de ses camarades ?

En tout cas, un autre esclave, portant une pioche, chargea à toute vitesse en hurlant. Cette fois-ci, le Minotaure, avec une intelligence étonnamment exercée pour la guerre, parvint à dévier le coup d’un magnifique crochet, laissant la lame faire des étincelles en grattant ses chaînes. Il sentit la morsure. Mais sûrement moins que s’il n’avait pas eu ce réflexe salvateur.

Il en restait trois devant lui. Au-dessus, les deux seigneurs explosèrent de rire. Certains guerriers Norses applaudissaient. Les femmes gloussèrent, les enfants agitaient leurs petits poings, la colère sur leurs yeux. Qui soutenaient-ils ? Les pauvres esclaves, ou le monstre ? Qui voulaient-il voir gagner ? Qui fallait-il huer ?

La femme aux Cornes d’Or, derrière, discutait avec le plus jeune et le plus grand des hommes de pouvoir. Elle semblait lui faire quelques messes basses, dans le creux de son oreille, alors qu’elle remplissait à nouveau sa corne de boisson avec insistance.

INI de Darmalion et des esclaves égales ; Je laisse Darmalion commencer.

ATT Darmalion : 14
Bonus : +2 (Charge)
Jet : 11, réussite.

Parade Esclave 1 : 8
Jet : 17. Échec.

Localisation des dégâts : (16 : Poitrail)

Résolution :
(FOR : 12x2 = 24) + 26 + (1d10 avec percutant : 5 ;9 = 9) + (Coups puissants, 1d3 : 1) – (END = 8)
= 52. Il reste 8 PV à l’esclave 1.

Tous les esclaves ont une ATT de 8.
Esclave 1 : 5, réussite.
Ayant sacrifié sa demi-action, Darmalion ne peut pas parer.

Localisation : 20 (Torse)
Résolution : (FOR : 8x2= 16) + (épée à une main : 16) + (1d8 : 4) – (END : 10) + (Armure naturelle : 7 partout) + (Coriace, 1d3 : 2)
= 17. Il reste 98 PV à Darmalion.

Esclave 2 : 3, réussite.

Localisation : 1, la tête
Résolution : (FOR : 8x2=16) + (épée courte : 12) + (1d6 : 4) – (END + Armure : 17) + (Coriace : 2)
= 13. Il reste 85 PV à Darmalion.

Esclave 3 : 10, échec
Esclave 4 : 9, échec.


NOUVEAU ROUND

ATT Darmalion : 14
Jet : 4, réussite.

L’esclave 1 est massacré.

Règle maison : Bête Monstrueuse : Un monstre, insulte vivante à l’Humanité, le minotaure Darmalion est un amas de chair et de violence, une présence imposante au combat. Lorsque Darmalion tue un adversaire, tous les ennemis témoins de la scène doivent rouler un jet de moral (END+INT/2) ; En cas d’échec, ils souffrent d’un malus de -1 à tous leurs jets jusqu’à ce qu’ils soient mis en sécurité. Ce malus est cumulable jusqu’à -4.
Les ennemis victimes du malus « Bête Monstrueuse » peuvent mitiger ces jets grâce à leurs compétences (Volonté de Fer améliore le jet avec un +1, Sang Froid supprime le malus de -1). Certains adversaires, naturellement immunisés à la peur, ignore purement et simplement la règle.


(END+INT/2) des esclaves : 8
Esclave 2 : 10. Échec.
Esclave 3 : 17. Échec.
Esclave 4 : 14. Échec.

Tous les esclaves souffrent à présent d’un malus.

Ils encerclent Darmalion et l’attaquent.

ATT : 8-1

Esclave 2 : 9. Échec.
Esclave 3 : 3. Réussite.
Parade de Darmalion : 7
Jet : 2. Bonus de parade appliqués.

Localisation : 7 (Bras droit)
Résolution : (FOR : 16) + (Pioche : 16) + (1d8 : 7) – (END : 10) + (Carapace : 7 – 6 (Arme perforante à 1)) + (Coriace : 1) + (Fléau : 6)
= 16. Il reste 69 PV à Darmalion.

Esclave 4 : 14. Échec.

Fin des rounds pour l’instant.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Darmalion
Warfo Award 2021 du Bourrin en chef
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Re: [Darmalion] La ferme des animaux

Message par Darmalion »

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LA FERME DES ANIMAUX



Brutalité. Les premiers instants de la joute furent à l’image du monstre : sanglants et sauvages. Son fléau se fracassa sur le premier dans sa trajectoire avec une telle violence qu’il fit plier le malheureux ; pour peu, il l’aurait aplati. Les grosses masses de ferrailles à pointes défoncèrent son torse en brisant ses côtes, fracturant sa cage thoracique et enfonçant ses organes jusqu’à lui faire vomir son propre sang ; illustration d’un fossé de puissance et de rage qui les séparaient. Mais au moment où la créature de Khornes voulut retirer son fléau pour armer le prochain coup et littéralement défoncer le suivant, il fut stupéfait de constater que son vis-à-vis, puisant dans les dernières gerbes de ce qu’il lui restait de volonté, fit appel à toute sa hardiesse pour empoigner la chaîne de ses boulets de la mort à canines de fer ; empêchant Darmalion de se dégager de ce qui ressemblait déjà à un cadavre. S’il avait pu lui parler dans la même langue, sans doute lui aurait-il affirmé qu’il n’aimait pas que les morts ne restent pas à leurs places ; mais dans sa communication désarticulée et féroce, cela donna un mugissement aussi barbare que les précédents.

« MMMEEEeeeeuuUUUuurrrgggh… »

Il n’était toutefois pas au bout de ses surprises. Dans l’antre transformée en colisée, alors que le jour flambait au-dessus des lignes de crêtes, l’esclave poussa son sacrifice jusqu’à l’extrême. D’un seul mouvement, franc et engagé, il projeta la pointe de son arme dans la Bête avec la volonté de la pourfendre. Saisissant, ce geste héroïque engagea la suite de la débâcle : alors que le supplicié venait de lui cracher quelques centilitres de l’hémoglobine qui s’embourbait dans sa gorge, une autre arme d’un autre de ces gladiateurs improvisés vint à son secours et frappa le monstre en pleine tête, à l’arrière du crâne. Ses cornes vibrèrent sous l’impact et ces ondes se répercutèrent en écho dans sa tête, lui infligeant en plus de la douleur quelques vertiges inconfortables. Le minotaure grogna de rage alors que l’épée du premier s’enfonçait à travers son cuir naturel, et jeta au vaillant esclave des yeux enragés. La colère monta en lui, tant parce qu’il était blessé que parce que ces misérables lui tenaient tête, à lui, qui se croyait bien supérieur à cette race. Sans doute se fourvoyait-il en s’imaginent que ces êtres n’étaient pas capables de le surprendre ; n’était-ce pas ce qui était arrivé à sa harde jadis ? La présence de leurs congénères tout autour n’arrangeait assurément pas le problème.

Nouveau cri de rage. Quelques vagues de douleur déferlèrent dans son corps en même temps qu’il contracta ses muscles pour arracher son fléau des mains de l’homme, et l’abattre de nouveau sur ce dernier. Aussi impétueux était-il, un homme restait un homme : défier le minotaure était punissable d’une mort inéluctable, à la gloire de Khornes. Le boulet fracassa le crâne de l’impudent ; un bruit mat et osseux suivi d’un autre, plus spongieux. Le crâne céda et le fléau écrasa le cerveau du brave comme une enclume. Sordide, la sentence jeta un froid sur toute l’ère du pugilat, forçant les autres esclaves à reconsidérer la situation : leur nombre diminuait, et la Bête était toujours aussi brutale et dangereuse. L’un d’eux céda à la panique et implora dans son langage. Le minotaure ne comprit rien de ces mots qui sortirent de sa bouche ; mais il avisa que l’épouvante germait enfin dans leur esprit. Pour un esprit aussi bas, cet effroi était une sorte de respect qu’il avait conquis par la force. Il décida de leur prouver qu’ils n’avaient pas tort de le craindre.

Soudain, l’un d’eux chargea. Cédait-il à la panique ? Ou venait-il d’être ensorcelé ? Le minotaure ne le savait guère. Il joua de son fléau pour dévier le coup mais, contre toute attente, le petit homme parvint à passer tout de même avec une pioche opportune. La pointe passa et s’enfonça, laissant une entaille non loin de là où était encore plantée l’épée de son prédécesseur.

« MOOOOUUAAAAAAARGH ! »

Comme à son habitude, le minotaure hurla pour dire un mot qui dans sa langue signifiait quelque chose comme : vermine. Il dressa une nouvelle fois son fléau, résolu à l’abattre sur ce nouveau candidat. Aucun d’entre eux ne méritait de l’abattre. Aucun n’avait assez de force pour être un Seigneur de Harde. Il les détruirait tous.

Tous.
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Darmalion, Voie du champion minotaure
Profil: For 13 | End 11 | Hab 5 | Cha 2 | Int 4 | Ini 8 | Att 15 | Par 8 | Tir 5 | Foi 0 | Mag | NA 2 | PV 130/130
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_darmalion

Compétences
  • Bagarre (B)
  • Coriace (B)
  • Coups puissants (B)
  • Coups précis (1) (B)
  • Désarmement (B)
  • Force accrue (B)
  • Survie en milieu hostile (B)
  • Violence forcenée (B)
  • Volonté de fer (B)

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