Bien construite, l’argumentation de Zack aurait peut-être pu faire réfléchir le bourreau s’il n’avait pas été aussi agressif. Mais Boris était tellement emporté par sa haine qu’il balaya les dires de sa proie d’un revers de la main… Au sens propre, car il infligea une gifle magistrale au kislévite, tout en hurlant une phrase en norse à destination des autres esclaves. Puis, il plongea ses yeux dans ceux de son ennemi, et lui sourit diaboliquement. Il semblait pourtant, étrangement, vouloir accepter de répondre : il saisit la tête de Zack à deux mains, et approcha sa bouche tout près de l’oreille de l’esclave, le maintenant fermement pour éviter qu’il ne puisse s’écarter. Puis, il hurla à pleine voix sa réponse, assourdissant totalement l’oreille droite de sa victime.Si tu désires la musique correspondant à ce texte, la voilà :
-SALE LARVE IDIOTE, JE N’AI BESOIN DE PERSONNE, ET SURTOUT PAS D’UNE PAUVRE MERDE COMME TOI, POUR PRENDRE CE QUI ME REVIENT DE DROIT… C’EST TOI QUI ES MON PANTIN, MINABLE ASTICOT, TU VERRAS BIENTÔT, TU VERRAS !
Et il clôtura la phrase en envoyant un grand coup de pied dans le bas ventre de Zack, tout en le tenant toujours par les oreilles. Le pauvre poussa un « Rheeeuuu » en expirant tout l’air de ses poumons. Il en eut le souffle coupé, et une douleur presque insoutenable irradiait en permanence de sa tête et de son ventre. Il avait envie de vomir.
Pourtant, il le savait, le supplice ne faisait que commencer. Boris s’éloigna pour se munir d’un redoutable chat à neuf queues dont chaque extrémité se terminait par une boule de pierre. Une cinquantaine de coups de cet engin équivalait à une condamnation à mort pour la plupart des hommes. La douleur explosa dans son corps quand il sentit les lanières de cuir lui arracher la peau et les boules s’enfoncer dans sa chair. Il ne put supporter plus de dix-sept coups de cet outil de torture peu raffiné. Un sceau d’eau glacée sur la figure et quelques coups de poing le sortirent de la délicieuse inconscience où il était tombé. Boris était toujours là, et avait toujours un grand sourire aux lèvres. Un brasero avait été apporté près de lui, et il jouait avec une barre rougie, qu’il ne se priva d’appliquer à plusieurs endroits sur la peau de l’ex-noble. Cela dura une éternité, mais Zack finit par retomber dans les pommes. Il fut réveillé par un soudain froid terrible, depuis sa tête jusqu’à ses épaules. Il n’avait plus la notion des lieux, ni du temps, ni même de son corps. Tout ce qu’il savait, c’était qui souffrait, horriblement. L’air lui manqua bientôt, mais une main retenait sa tête sous le niveau du liquide. Au dernier moment, alors qu’il avait déjà but la tasse, on le sortit, brutalement et quelques coups de poings dans le ventre lui firent cracher toute l’eau de ses poumons. Du sang coulait sur lui, il toussait, mais on ne lui accordait aucun répit. A peine avait-il eu le temps d’inspirer deux ou trois goulées d’air, qu’on le replongea dans l’eau. Il ne sut jamais combien de fois on répéta se supplice sur lui, avant qu’il ne s’évanouisse une troisième fois. Quand il se réveilla, ce fut sous des coups de fouet, de pieds et de poings. Des insultes et des crachats fusaient de partout. Son corps entier était couvert d’hématomes, ses deux yeux pochés. Ses tortionnaires ne montraient envers lui pas la moindre once de pitié. Une nouvelle fois, il sombra dans l’inconscient.
La nuit tombait quand il se réveilla une quatrième fois dans la journée. Il avait été attaché sur une table, et Boris, armé d’une petite sacoche d’ustensiles divers, s’amusa à le charcuter superficiellement et à le saupoudrer de divers poisons et « assaisonnements », lui arrachant des douleurs insupportables. Il fut traité ainsi jusqu’à la moitié de la nuit, où il s’effondra, à l’extrême frontière de la vie.
Il supposa qu’on lui avait laissé quelques heures de répit, quand il fut réveillé, attaché à une sorte de pilori en extérieur qui lui imposait une position plus qu’inconfortable. Rapidement, les crampes le prirent, et il crut cent fois devenir fou, d’autant que les bourreaux veillaient à ce qu’il soit toujours constamment mouillé, nu qu’il était dans le froid de l’hiver norse. Les coups divers qui pleuvaient sur lui régulièrement ne le soulageaient en rien. A la mi-journée du deuxième jour de ses tortures, soit après plusieurs heures, il n’avait plus qu’une seule envie : arrêter de souffrir, à n’importe quel prix. Cette position imposée le rendrait fou à lier s’il n’était pas rapidement libéré. Il dut encore attendre cinq heures en grelotant, sous les humiliations et les tortures permanentes, avant qu’on ne vienne finalement le libérer. Heureusement, grâce à l’eau glacée qu’ils jetaient sur lui, il put s’abreuver un petit peu, même si c’était trop peu pour étancher sa soif. Mais si on l’avait sorti du redoutable engin de torture, ce n’était que pour lui refaire subir en boucle le même traitement que la veille : coups, barre rougie au feu, noyade, coups, tortures,…
Quand il tomba d’épuisement pour la sixième fois depuis le début de la seconde journée, on lui accorda quelques instants de repos pour qu’il ne meure pas, mais il n’avait toujours ni nourriture, ni boisson. Puis, il se réveilla attaché à une croix plantée dans le sol, à côté de ses comparses rebelles, vers le milieu de la seconde journée. Aucun n’avait la force de parler, tous étaient trop affaiblis, et avaient souffert un martyr semblable à celui de Zack. Le supplice pouvait paraître anodin d’extérieur, mais en réalité, il demandait un effort croissant pour parvenir à respirer. C’est ainsi que les esclaves rebelles furent laissés pendant presque une heure, avant que l’on ne vienne les détacher, en les laissant s’affaler sur le sol, car aucun n’avait plus la force de tenir debout.
Boris vint observer le tas de corps épuisés et meurtris qui se traînaient à ses pieds, et rit devant tant de faiblesse. Puis, il ordonna à ses hommes quelque chose, et tous, sauf Zack, furent saisis et emmenés dans un autre lieu. Le chef fit un signe à deux de ses hommes, et ils saisirent le kislévite, qui tomba immédiatement inconscient. Il se réveilla seul et nu dans une petite pièce vide, où seul un mince filet de lumière perçait, par une ouverture dans le plafond. Il semblait ne pas avoir été maltraité depuis la croix, et devant lui, une jatte d’eau claire et une bonne miche de pain apportaient la promesse d’enfin pouvoir se sustenter et se désaltérer… Il ignorait combien de temps il devrait rester là, à l’isolement, mais au moins, il y était mieux traité qu’en temps normal. Deux fois par jour, une trappe dans la porte s’ouvrait, par laquelle on lui faisait passer de la nourriture plus abondante que d’habitude, une jatte d’eau claire, et un seau hygiénique. Le temps passait lentement, mais, jour après jour, il commença à récupérer. Trois jours après son enfermement, on vint le chercher un matin, deux chefs d’équipe l’empoignèrent fermement sans un mot, et l’emmenèrent…