[Darmalion] Gladiature

Norsca est un royaume inhospitalier composé de collines rocailleuses et de sombres forêts, hantées par les hivers interminables qui recouvrent le territoire de glace. Les dangers pour lesquels ce territoire est connu sont malheureusement bien réels. Les tribus de barbares et les adeptes du Chaos sont en effet nombreux au nord de la région, et attaquent fréquemment les régions sud de Norsca. Le plus grand des dangers reste malgré tout la présence des forces du Chaos en ces terres. Au nord, les serviteurs des pouvoirs dévastateurs ont rassemblé leurs hordes, composées de bêtes, de démons et d'Hommes du Nord. Ces ignobles armées se sont ensuite mises en route vers le sud, anéantissant au passage toutes les civilisations rencontrées sur leur chemin.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Darmalion s’était toujours battu devant une foule d’ingrats dans son antre. Des gamins criards tirant leurs langues, des maraudeurs ivres beuglant pour encourager ou humilier le monstre qui terrassait des thralls. Il se battait pour le plaisir du spectacle.
Mais c’était à sa portée de terrasser de pauvres humains terrifiés, malades et faibles. Le combat contre la Manticore était une toute autre paire de manches. C’était un vrai duel. Un combat de monstres. Il n’y avait rien d’héroïque là dedans ; Mais il y avait du sang, du vrai. Et tant pis qu’il n’y ait pas de faibles humains pour témoigner de ce qui, aujourd’hui, se déroulait sur un coin perdu d’une montagne perdue de la Norsca. Khorne devait les regarder. Darmalion le sentait, tout au fond de lui ; Khorne était . Peut-être pas de son côté. Mais ce n’était pas important. Khorne n’était pas un Dieu de faible. Il n’était pas un Dieu qu’on implorait pour avoir son aide. C’était un Dieu qui faisait mériter ses bénédictions.
Qu’importe que Darmalion meure. Il mourrait une véritable mort de guerrier. Il mourrait en pleine gloire, emporté par les Valkyries jusqu’aux Royaumes du Chaos. Il ne mourrait pas de septicémie, bête châtrée d’une arène. Il mourrait en serviteur du Molosse.

Pour quoi se battait la Manticore ? Peut-être par instinct. Peut-être par plaisir. Elle était un véritable ennemi honorable. Oui, le Minotaure au buste dévoré par l’acide et à la tempe perforée, dégoulinante de sang, pouvait le voir au creux des yeux vides de son adversaire à la cervelle transpercée, titubant et vomissant sur ses pattes :
Ils se respecteraient. Peu importe qu’ils se tuent ; Ils se valaient bien chacun l’un l’autre. Ce serait un honneur que de s’entre-dévorer.

Alors, la Manticore cessa d’agiter ses ailes. Elle se tourna vers Darmalion, et, vivement, lui donna un coup de croc en l’air. Un coup inélégant, lent, empiré par la fatigue. Elle s’exposa trop. Le Minotaure tenta de presser son avantage, en donnant un violent coup de cornes à gauche. Mais non ; Lui aussi était fatigué. Il avait la vision brouillée, les oreilles qui sifflaient. Les deux avaient tout donné. Tout. À présent, leur rixe n’avait plus rien de rapide. Darmalion grognait. Donna un coup de poing. La Manticore encaissa. Recula un peu. Elle agita sa queue, frappa ; Darmalion la claqua de côté.

Ils avaient tout donné, chacun, et à présent, soufflants, hoquetant, couverts de blessures, de gerbe et de sueur, ils sentaient que chaque erreur, chaque attaque trop rapide, chaque faux-pas lui coûterait son existence.

Manticore donna un coup de griffe.
Minotaure donna un coup de poing.
Manticore claqua des dents.
Minotaure cracha à son visage.

Leurs dernières forces. Tout ce qui restait de leur sang. Aucun instinct de peur. Aucun instinct de survie. Ils étaient prêts à trépasser pour avoir une dernière occasion de tuer.

En ça, oui, Darmalion était le plus brillant enfant de Khorne qui ait jamais respiré sur cette Terre.

Et là, enfin, une des deux bêtes, par un miracle, ou par chance, ou par talent, parvint à trouver une ouverture dans la garde de l’adversaire. Frappa. Arracha le garrot. Taillada dans la chair.
Manticore et Minotaure se regardaient une dernière fois dans les yeux.




Les cornes de Darmalion chancelaient. Minotaure tituba en arrière. S’écrasa à genoux. La neurotoxine dans son bras pulsait. Il tomba au sol, à bout de forces.





Dans son dos, la Manticore fit un dernier cri, et défaillit. Raide morte.


Darmalion venait de vaincre.

C’est la Manticore qui a l’initiative. Elle tente d’attaquer Darmalion avec sa queue empoisonnée.

Jet : 20. Échec critique. Darmalion gagne une attaque d’opportunité.

Jet : 20. Échec critique. L’attaque d’opportunité est annulée.


C’est au tour de Darmalion d’attaquer.

Jet : 15. Réussite de justesse.
La Manticore tente une esquive.
Jet : 12. Réussite de justesse aussi.
C’est donc une égalité. L’esquive est réussie.


C’est à nouveau au tour de la Manticore.

Jet : 15. Échec de un.

C’est à nouveau tour de Darmalion.

Jet : 3. Réussite. Cette fois la Manticore ne pourra pas esquiver.

Localisation : 13 (En plein dans le corps)

[(28)+16+(3)+(6)+(1)] – (13+7)
= 34.
La Manticore tombe au sol. Elle est vaincue.

Darmalion est parvenu à triompher du monstre.



Bruits de pas. Les oreilles de Darmalion sifflent. Il est couché par terre, haletant, endolori. Le poison entre dans ses veines. Le torture. L’acide le ronge. Ses perforations sont autant de plaies ouvertes qui coulent autour de lui. Mais des prédateurs s’approchent. Ils vont lui voler sa proie, voler le fruit de son combat. Il se relève, se redresse, voit des ombres descendre de la montagne, de là où la fumée ne cesse de virevolter depuis des jours. Malgré les blessures, malgré le fait qu’il est aux portes de la mort, il est prêt à se battre, à nouveau.

Au départ, il croit que ce sont des hommes qui s’approchent. Comme lorsqu’il avait vaincu le Loup-écorcheur, pour au final être lâchement capturé.

Mais non. Ce sont des hommes étranges. Voûtés. À moitié nus. En voyant Darmalion, ils lèvent des lances et des mains aux paumes ouvertes, comme s’ils voulaient montrer qu’ils ne sont pas hostiles.

Ils ont des sabots. Ils sont faibles, et minuscules. Ce sont des Ungors. Des Hommes-Bêtes de la même race que Darmalion, bien qu’ils ne puissent certainement pas prétendre être similaire à lui ; Les Ungors sont des vautours, des charognards, ceux qui se nourrissent des restes avariés là où les Minotaures se réservent les meilleurs morceaux. Ils sont bons à frapper et torturer comme l’on souhaite.
Mais peut-être qu’ils constituaient une vision salvatrice et émouvante : Pour la première fois en quatre années de captivité, Darmalion découvrait des êtres qui lui ressemblaient. Ils s’approchaient tout près, s’arrêtaient avec leurs yeux bien écarquillés, et l’un d’eux, en parlant la langue des bêtes, s’adressa au monstre :

« Toi… Toi a…
Buté Manticore ?! »


Il semblait parfaitement choqué. Bouche bée, en découvrant le cadavre de l’ennemi volant derrière.

« Nous avec Harde ! Harde appeler Bêtes ! Sonner Brame ! Mais Manticore gêner chemin ! Tuer plein de Bêtes.
Et toi… Toi tu tues Manticore ?
Chaman va vouloir parler toi. Toi besoin aide ? Pouvoir marcher ? »
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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par Darmalion »

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GLADIATURE



Au pinacle de l’extraordinaire bataille, le conflit prit rapidement une ampleur épique. Les deux créatures, engeances du chaos, avaient cela de commun que chaque coup pouvait être terriblement destructeur, et précipiter l’un ou l’autre dans les limbes d’une mort assurée. Le hasard, ou peut-être le destin un peu manipulé par le chaos, avait voulu mettre ces choses face à face comme pour mesurer l’ampleur de leur férocité réciproque ; il enfanta une rixe particulièrement sanglante.

Le duel tourna vite au rouge. En deux-trois passes, les monstres se croquant et se défonçant s’imbibèrent de leur hémoglobine mélangée à celle de leur plus sauvage prédateur, dans un choc aux multiples charges qui paraissait en dehors de toute réalité tant il était lourd, débordant de violence. Ils déplacèrent, dans ce déluge chaotique, des volutes de fumée et la terre labourée des pattes de l’un et des sabots de l’autre volèrent à tout azimut ; des grognements rauques, entremêlés de cri d’horreur, secouèrent la vallée. Tonitruant. Les oiseaux piaillèrent en s’envolant, les mouches désertèrent le front, les créatures les plus fragiles se tapirent en surveillant avec crainte la résolution de ce combat dantesque.

Après s’être livrés à un déchirement mutuel, ils se toisèrent. Le combat avait été particulièrement intense parce que ces deux-là n’étaient pas faits pour la durée : ils tombaient rapidement sur leurs proies et les écorchaient en quelques mouvements d’une brutalité extraordinaire. Mais à cela, ils étaient presque égaux et le minotaure, harassé par l’effort, commença à flancher. La manticore, elle, son orbite évidée de son œil et l’une de ses pattes défoncées, semblait paradoxalement plus vive que le béotien. Mais tandis qu’elle chercha à clore ce duel, elle fut surprise de voir que sa proie se dérobait à ses griffes, à sa queue, à ses crocs ; et tentait, systématiquement, de lui répondre par des cornes meurtrières. La manticore était plus agile que le bovidé, mais le moindre coup de ce dernier pouvait être fatale.

Et ce fut au terme d’une riposte déterminée que Darmalion le prouva. Avec l’envie d’en finir, ils se jetèrent l’un sur l’autre ; les pattes de la manticore fouettèrent l’air en menaçant de labourer le crâne du bovidé mais ce dernier, insouciant, fonça dans un élan désespéré.

Désespéré. Il chargea tout droit, éliminant toute volonté d’esquiver de sa conscience, toujours avec cette même rage qui l’avait conquis dès les premiers instants où le Seigneur des Crânes lui avait intimé de débarrasser la créature de ses ailes. Il chargea et, de fait, passa sous les griffes de la manticore qui cabrait pour tenter de lui marteler le crâne d’un coup de patte fatale ; sitôt qu’il arriva à sa portée, il fut surpris de découvrir que son torse était à sa merci.

« GRRRRRRUUUUUUAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRHHHH !!! »

Avec une force herculéenne, il mit ses dernières forces dans une punition impitoyable. L’impact effarant souleva littéralement le fauve. Ses défenses de nouveau poignardèrent son épiderme et, pour ne rien lâcher de l’ignominie de cette estocade meurtrière, il remua son crâne en puisant dans cette ahurissante musculature pour faire danser la carcasse du fauve ailé sur sa tête.

La sentence fut fatale. Ses extensions de kératine chatouillèrent ses organes jusqu’à les empaler, vidèrent ces derniers de leur substance et bientôt, somme de cet effort insolent et barbare, Darmalion fut sous une douche de sang tandis que la manticore mugissait en expirant. Trois mouvements de tête suffirent à le vider de sa substance vitale. Soudain, sans merci, il brutalisa la carcasse de la pauvre créature en la séchant par terre, comme s’il donnait un coup d’enclume.

La manticore gisait, affalée sur ses pattes. Darmalion la regarda longuement, comme s’ils échangeaient, en secret, leurs dernières paroles. Il tenta de se redresser mais il était à bout de force ; quelques mètres plus loin, ayant reculé pour reprendre ses distances, il se retourna en direction de la colonne de fumée. Observa ce rêve lointain qu’il ne pourrait peut-être jamais saisir. Le venin instillé dans son bras revint, souverain de ses artères, pour électrocuter tous ses membres. Pour lui, ce combat se terminait ici. Il s’effondra, ses yeux révulsés par le poison, à moitié mort.

Mais derrière, la créature du ciel, elle, poussa un cri. Elle avait plongé ses orbes fauves dans ceux du béotien pour voir son assassin. Elle avait imprégné sa mémoire de son souvenir, s’assurant qu’il n’oublierait son poison, sa queue perçante, sa gueule béante dégoulinante de canines incisives qui lui avaient tailladé le faciès. Elle s’efforça de bouger un peu, d’avancer une patte ; mais ce faisant elle ne fit qu’élargir l’ouverture qui se promenait sur tout son torse, là où les cornes avaient défoncé son abdomen en le secouant dans tous les sens avec une force rocambolesque. De cette ouverture, ses entrailles continuèrent de fuir.

Elle se plaça sur le côté, comme pour se soulager. Se révélèrent alors ses intestins éparpillés sur le sol, baignant dans une marre de sang. Cette dernière charge avait été meurtrière. Comment se pouvait-il que ce gibier, à moitié homme, ait pu l’éviscérer de la sorte ? Quelque chose ne sonnait pas juste. D’ailleurs, elle était cruellement injuste, cette vie. Il n’avait jamais fait qu’honorer son contrat de prédateur, élargissant toujours davantage le périmètre de la mort ; pourquoi s’arrêtait-il ici ?

Elle ferma les yeux et doucement, l’esprit habillé d’un doux rêve, elle s’endormît jusqu’à la fin des temps.

Le temps passa.

Darmalion fut tiré de sa léthargie lorsque d’étranges talonnades secouèrent la terre sur laquelle il reposait, attendant doucement que la mort le cueille. Multiples, ils lui firent penser à un troupeau de juments en pleine fuite. Il rêva de les chasser, de les traquer jusque dans des culs de sac, puis de les écorcher vive. Dans cette illusion, il chargeait, heureux et déchaîné, pour aller piquer sous leurs flancs et éventrer leurs abdomens ; mais alors, de larges pattes couvertes de griffes s’agitaient au-dessus de lui. Les chevaux se transformaient, s’arrogeaient des gueules garnies de crocs, et quelque chose d’invisible lui piquait le bras, lui infligeant une douleur insoutenable.

Oui. Le poison était bien réel. Le rêve se déroba à la réalité de son agonie macabre lorsque, tout autour de lui, des bêtes semblables à lui se recueillirent sur la dépouille de la manticore. Péniblement, il tenta de se hisser sur ses appuis ; mais il n’avait plus beaucoup de force. Son allure était chancelante, fragile et affaiblie. Il les observa. Ils lui parlèrent en levant leurs lances et leurs mains, se tinrent à distance.

Ils le craignaient. Il les toisa. Un à un, il les regarda de la tête aux pieds. Était-ce encore son rêve ?

« Moi… »

Sa vision se troubla.

« … tuer… elle… »

Puis il s’écroula de fatigue, tombant à quatre pattes. Sa respiration était lourde, et sa voix se lézardait d’un voile dû à la souffrance qu’il ressentait encore. Il était acculé. Dans un souffle, il répéta ce qu’il venait de dire, avec une voix presque gisante.

« … tuer… elle… emmener… moi… »

Il resta ainsi, sombrant peu à peu vers l’inconscient, et faisant pourtant tout pour rester éveillé. Il se laisserait traîner, qu’il le veuille ou non : il n’était plus en état de résister.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 02 juil. 2020, 21:12, modifié 1 fois.
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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Il sentait son dos raclant des pierres. Et un soleil couchant qui l’éblouissait. Une vue plongeante sur la voûte céleste orangée, et quelques branches d’arbres où virevoltaient des oiseaux migrateurs revenus du sud avec la montée de la chaleur. On le traînait, difficilement. Les bras du minotaure se balançaient – du moins, l’un d’entre eux, car celui qui avait été le point d’entrée d’une puissante neurotoxine ne cessait de le tordre d’une douleur lancinante, électrique, qui remontait jusqu’à ses ongles.
Il comprenait vaguement qu’on avait lié ses jambes. Les Ungors le tiraient, en ronchonnant, en grimaçant, en grognant et en se plaignant dans leur Langue des Bêtes – Darmalion ne comprenait rien à ce que ces sous-fifres disaient. Ce n’était pas la première fois qu’il était saucissonné pour être ramené quelque part contre son gré, ça commençait même à devenir une habitude chez lui, mais cette fois, c’était… Étrangement différent.

En fait, à chaque fois qu’il fermait ses yeux, le Minotaure se mettait à s’assoupir, et lorsqu’il rouvrait difficilement ses cils, réveillant ainsi ses lacérations et le poison qui continuait à traverser son corps, il voyait que le ciel disparaissait petit à petit, à mesure que la nuit prenait la place du jour, mais également parce que les branches au-dessus se faisaient de plus en plus denses, luxuriantes, entremêlées. Entremêlées d’une manière peu naturelle. Les branches se solidifiaient. Formaient des boucles. S'embrassaient.
Il comprenait ce qui était en train de se passer ; On était en train de le traîner au milieu d’un Sentier des Bêtes. Un de ces passages creusé au sein d’une forêt ignorée des Hommes, voie martial forcé par les sabots piétinant les ronces et les racines au cœur d'un bois consacré pleinement aux Dieux, où faune et flore jaillissent corrompues.

Les Ungors se reposaient, de temps à autre. Il en était persuadé. Ils n’avaient pas l’air hostile à son égard. Darmalion restait maître de ses bras. On essayait de plus ou moins le ménager – autant qu’on pouvait ménager un buffle de sa corpulence. Parfois, il entendait des paroles, des grognements. Il ne saisissait pas trop. Ils discutaient du chemin à prendre. Grignotaient un en-cas. Et il se rendormait avant d’avoir pu saisir où on l’emmenait, ou ce que l’on désirait faire avec lui.


Dans le ciel, Morrslieb paraissait encore plus grosse que lors des soirs suivants. Et c’est sous sa lueur verdâtre qu’il pouvait à nouveau convoiter la fumée qui l’obnubilait depuis des jours. C’était là-bas qu’on l’amenait, tout droit vers sa destination.

La fraîcheur de la nuit fut remplacée par la chaleur de braseros.

Il pouvait voir et sentir, tout près de lui, un grand bûcher que l’on avait dressé juste au milieu de la forêt.







« Fort. Très fort. Il t’a rendu service. Tué la Manticore. Ne te barrait-elle pas le chemin ? Entends mes conseils – Lui, t’aidera. »

Darmalion avait du mal à ouvrir les yeux. La soif et la toxine de la Manticore l’empêchaient de parler : Sa langue boursouflée lui barrait la bouche. Il voyait, au-dessus de lui, deux Hommes-Bêtes bien plus semblables à sa stature que les faibles Ungors, en train de discuter. Il comprenait qu’il était vaguement dans ce qui devait être un cabanon. Au-dessus de lui, de lourdes défenses de Mammouth avaient été recouvertes de peaux de diverses victimes – humaines comprises.

Le premier des Hommes-Bêtes, celui dont la voix avait résonné dans son oreille, était bossu, recroquevillé sur un sinistre bâton, une robe couverte de runes qu’il ne savait pas lire mais qu’il avait déjà eu le plaisir de parcourir de ses doigts sur une Pierre des Hardes, était tout proche de l’oreille d’un deuxième, bien plus grand, solidement appuyé sur ses sabots, bras croisés, portant une magnifique armure faite d’os et de peaux d’ennemis qu’il avait dû vaincre.
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« Dangereux. Trop dangereux. Je connais Minotaures. Celui-là pétri de haine. Trop difficile à maîtriser.
Moi prendrai pas ce risque. »


Ils parlaient, comme lui, une parodie de la Langue Noire ; Pas avec la même sonorité que Baldr, pas avec le même ton rythmé qu’Ohrein. Non. Ceux-là parlaient bien comme lui ; En grognant, en sifflant, en hachant leurs mots de postillons et de gargarismes.
Il était avec ses congénères.

« Toi fait brûler feux pour que Dieux appellent à toi des guerriers ! Celui-là t’as prouvé force et vaillance ! Les Ungors ont ramené tête de Manticore qu’il a massacrée, seul !
Il mérite chance. Ne pas lui accorder serait grande offense Dieux.

– Peut-il au moins être sauvé ? »


Un visage s’approchait de Darmalion. Une étrange tête, un visage de fourmi atteint de gigantisme. Une femelle-bête, qui approchait des sortes d’antennes de son visage. Lui palpait le torse, faisant éclater une cloque remplie de liquide. Darmalion convulsa. Grogna. Râla. Elle se releva, plia le dos d’un air servile, avant de répondre au Gors tout bardé d’os.

« Poison est bien en lui. Bras pourrit. Festin pour Corneille.
– Lui jamais remarcher ?
– Moi peut tenter de sauver. Mais manque d’herbes et de remèdes. Si moi sauve, pas sûr de sauver d’autres plus tard. »


Le Gor armuré sembla sourire. Comme si ce que disait la Femelle corroborait sa façon de penser.
Il fallait laisser Darmalion crever.

« Lui pas hasard. Lui pas n’importe qui. Je dois consulter arcanes ; Peut-être que moi le connaît.
Toi pas vouloir tuer Manticore ? Dangereuse ! Même si lui pas venir Harde, lui mériter récompense ! Ton devoir !
Les Dieux le disent ; Ne te met pas en travers du chemin des Dieux ! »


Le Gor sembla hésitant. Il racla la terre de ses sabots. Grimaça. Puis cracha à terre.

« S’il survit, volonté Dieux. S’il crève, volonté Dieux aussi.
Soigne-le. »


La femelle à la tête de fourmi approuva d’une longue révérence. Le Gor tourna ses sabots fourchus et s’en alla.
Alors que la femelle quittait le champ de vision vers sa gauche, le Chamane claudiqua avec son grand bâton pulsant de magie juste à côté de lui. Il s’agenouilla difficilement en tremblotant, approcha ses gros doigts crochus tout près de son œil, et força ainsi Darmalion à ouvrir grand une paupière ensanglantée.

« Hmm… Force de Khornes… Il t’a souri…
Tes bras… Marques… Chaînes… Hommes t’avoir enchaîné ? T-t-t-t. Offense. Monstres. Hommes faibles, risibles. Devraient pas enchaîner Monstre comme toi.
Moi nom est : Stur-Hurak. Toi ? »

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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par Darmalion »

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GLADIATURE



Harassé, le corps et l’esprit hagards, Darmalion se laissa emporter par les bras noués de muscles des Ungors. A côté de son épaisse carrure, ils semblaient être peu de chose et cela expliquait le labeur que leur infligeait le minotaure à devoir être traîné sur plusieurs kilomètres comme une charogne. Si aguerris qu’ils étaient, ils ployaient sous le poids de cette chose extraordinaire et sauvage, leurs petits bras tentant difficile de glisser sous ses aisselles pour le tracter, et leurs sabots s’enfonçant beaucoup plus profondément dans la terre que d’ordinaire, alourdissant d’autant plus la besogne : c’était comme courir dans la neige ou la vase.

De temps en temps, cette créature triomphante de la manticore gémissait, râlait, rouvrait les yeux pour apercevoir un ciel plus clair, donnait un signe de vie puis retombait vers l’inconscience. Plusieurs fois, ils durent s’arrêter lorsque, secoué de tremblement, son corps semblait vivre ses dernières heures ; mais au-delà de tout, le gros bœuf continuait de survivre, reprenait une respiration plus calme après chaque crise et combattait, vorace de la vie, la mort qui se distillait en lui avec le poison de son précédent ennemi.

Au cœur du sentier des Bêtes, le voyage des Ungors prit une allure de périple et de course contre la montre. Ils marchèrent en traînant la carcasse du vainqueur sur de longs kilomètres et durant des heures interminables.

Enfin, ils arrivèrent et lorsqu’ils relâchèrent le monstre assoupi, ce dernier se réveilla dans un éclair de conscience, avant de recommencer à s’assoupir, l’esprit enrobé par la torpeur. Les trois aberrations qui se chargèrent de son cas se penchèrent sur lui en l’observant d’un air méticuleux, sondèrent la Bête de la tête aux pieds afin d’examiner son état et tirer leurs propres conclusions.

Il se repéra d’abord à leurs voix, prit à demi-mesure la température de la situation. Il les comprenait. Ces paroles étaient accessibles à son langage et lui permettaient de saisir le sens de chaque mot. On évoquait son cas, présent et futur. Lorsqu’il parvint difficilement à entrouvrir ses paupières, il crut voir une chose avec une tête de fourmi lui parcourir le corps. Nul doute qu’il s’agissait là d’une hallucination, mais du reste cela l’interloqua. Il était au milieu des chimères, peut-être à un endroit qui se situait entre la vie et la mort.

Avoir vaincu la manticore ne suffisait pas. Il fallait encore survivre et, au regard de la gravité de son cas, la situation ne semblait lui offrir que peu de chance de trouver l’issue… lentement, l’Homme-Bête glissait vers sa fin.

On lui posa une question. Il apprit l’existence d’un congénère, comprit la question. Il voyagea aux confins de sa mémoire pour trouver une trace de son existence passée. S’il quittait ce monde, il voulait le faire en restant lui. On avait tenté de lui ouvrir les yeux, on avait vu qu’il avait été choisi par le Seigneur des Crânes. A cet instant, il décela des ombres difformes, des spectres accompagnant sa route vers les limbes. Il répondît, puisant dans ses dernières forces.

« Dar… ma… lion… »

Souffla-t-il, tentative désespérée d’exister une dernière fois.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 09 juil. 2020, 15:25, modifié 1 fois.
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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Stur-Hurak acquiesça. Il caressa le front brûlant de Darmalion avec sa patte couverte de griffes, et se releva difficilement, en prenant appui sur son bâton.
Alors, le Minotaure battit lentement des cils, et sombra dans une étrange torpeur.



Il comprenait encore moins ce qui était en train de se passer. Fermement collé au sol, lourd, pesant, il avait pourtant l’impression que l’univers glissait sous lui. La neurotoxine de la Manticore devait très certainement aider dans ses légères hallucinations. Il entendait des voix réverbérées dans des échos. Sentait les formes, principalement de la toile de tente, se briser et fondre. Et constamment, autour de lui, il sentait des pattes crochues l’enserrer. Il éprouvait de la douleur. Quelqu’un était en train de trifouiller sa chair.
Il sentait le cuir de son torse le démanger. Et son bras tuméfié plus sensible que jamais. Mais chaque fois qu’il voulait se plaindre, crier, frapper en vengeance, il sentait que quelqu’un lui ouvrait sa bouche, et déversait au fond de son gosier une espèce de liquide brûlant, qui se mettait à anesthésier sa bouche et ses lèvres dans une suite de picotements.
Les remèdes qu’on mettait au fond de son gosier ne servaient en aucun cas à estomper la douleur ; Ils servaient juste à le rendre docile. Darmalion avait envie de hurler – mais sa bouche l’en empêchait.
Et pendant ce qui passait pour de longues heures interminables, probablement plusieurs jours et plusieurs lunes, les seuls éclairs de lucidité qui le gagnaient étaient marqués par le visage d’une fourmi géante qui se mettait juste devant ses yeux pour bien le scruter.


Image


L’image s’était imprimée dans son esprit. La femme-fourmi lui avait rongé ses tissus. Lentement, avec ses étranges pattes acérées, avait découpé dans son cuir, à vif. Fait éclater les cloques. Fait exploser les bubons de pus. Elle avait tailladé dans la gangrène. Amené à ses narines une puanteur ignoble. Et toujours, c’était elle qui le droguait. Qui forçait des poisons et des remèdes bien au fond de son œsophage.

Mais la vérité, c’est qu’elle lui avait sauvé la vie.
Elle avait réussi à ponctionner toute la toxine, ultime cadeau laissé par la Manticore. Elle était parvenue à sauver son bras dont les doigts commençaient à être rongés de noir. Elle avait suturé ses entailles laissées par le Loup et par les Norses. Qu’importe l’atrocité du remède : Grâce à l’horreur de ses soins, le Minotaure était en vie.



Il se réveillait avec un immonde mal de crâne. À son grand étonnement, ses bracelets métalliques autour de ses poignets avaient sauté. On les lui avait retirés.
Il était définitivement libre.

Il entendait des bruits dehors. Sa langue était pâteuse. Son estomac gargouillait. Et il était bien trop rempli de substances pour tenter quelque chose. Même pivoter la tête de gauche à droite semblait requérir un effort surhumain.

Les pans de sa tente s’ouvraient. Dehors, il faisait jour, avec un grand soleil qui perçait à travers les immenses branchages couvrant la Harde ; Rien que ce mince et faible filet de lumière scintillait trop pour Darmalion, qui convulsait de douleur. Deux Ungors étaient entrés : Il reconnaissait l’un d’entre eux comme celui qui lui avait parlé après qu’il eut tué la Manticore. Ces faibles créatures l’avaient amené ici, en sécurité.
Un bâton suivait. Et le Chamane claudiquant était de retour. Darmalion comprenait vaguement qu’il était allongé par terre sur une couverture en peau d’animal, nu comme un vers. Le Chamane dut plier son dos qui semblait lui faire mal afin de s’asseoir en tailleur juste à côté de lui.

« Toi doit avoir soif.
Eau. »


Le chef des Ungors tendit sa gourde au Chamane. Darmalion eut instinctivement un mouvement de recul : On avait pas arrêté de lui forcer à ouvrir sa bouche pendant des jours pour lui faire avaler des liquides à la texture pâteuse et au goût infect. Mais le Chamane força malgré tout. Le pauvre Minotaure s’étrangla, mais on ne lui avait pas menti. C’était une bonne eau pure et cristalline que le magicien lui offrait.

« Vu ton nom Arcanes. Humain t’as approché. Magicien. Femelle. T’as lié à elle. Mais tu t’es enfui. Étrange. »

Est-ce que Darmalion devinait de qui il était en train de parler ?

« Bienvenue dans notre Harde. Petite, pour l’instant. Hommes-Bêtes ont souffert. Souffert en suivant volonté Dieux vers sud. Souffert face aux Humains. Face aux Fimirs. Face aux Manticores.
Mais endurant. Harde se reconstruire. Appeler guerriers. On bougera. Ravagera les Humains. Pour cela que tu es venu ici ? Tu as suivi la fumée dans le ciel ? »


Il pencha sa tête de côté, curieux.

« Tu étais un trophée chez les humains… Étrange.
Raconte-moi ton Histoire, Darmalion. Pose questions, si tu en as. Demande, si tu désires quelque chose.
Seigneur de Harde ne t’aime pas. Mais tu as tué Manticore qui le gênait depuis des jours. Pour cela, il devra te récompenser. Tu lui as rendu grand service. Tu devrais en être heureux. »



Jet de soins de la femme-fourmi : 3, réussite de cinq.
Le bras de Darmalion est sauvé ; Pendant quelques jours, il va avoir du mal à l’utiliser, mais enfin, c’est mieux que de devoir l’amputer.

Jet d’endurance de Darmalion : 1, réussite critique.
Darmalion récupère (1+10) = 11 PV, il en est maintenant à 18. Bravo à ce gros costaud, qui est maintenant tiré du trépas.

Darmalion est drogué. Il souffre d’un malus de -6 à tous ses jets pour faire quelque chose d’hostile ou de physique.
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Darmalion
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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par Darmalion »

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GLADIATURE



Jours et nuits passaient et se ressemblaient au cours de cette torpeur le précipitant vers l’empire des songes. Jeté dans le gouffre de sa propre convalescence, Darmalion avait plongé dans les océans et y flottait, le regard toujours tourné vers la surface, mais son corps s’enfonçant toujours plus profondément dans les abysses du royaume subaquatique. Au-dessus de sa tête, la lumière du jour filtrait parfois et jetait dans sa noyade quelques rayons d’espoir ; mais cela n’enlevait rien à son engouffrement.

Paradoxalement, il n’y suffoquait pas. Comme si d’une certaine façon ses nasaux avaient appris à respirer avec l’eau, semblable à des branchies. Tout autour de lui n’était qu’une étendue obscure, un bleu nuit souverain, et il n’y régnait que le silence et souvent la nuit pour l’accompagner. Pas un clapotis, pas un poisson, pas un courant chaud ne venait alléger le poids de sa chute dans l’infini de ce monde océanique. Il flottait là, dans un monde perdu entre le rêve et la réalité.

Parfois, l’eau devenait acide ; en l’avalant, il avait l’impression qu’elle s’engloutissait dans sa gorge pour remplir son estomac. Etrangement, cela ne lui était pas inconfortable, comme s’il avait appris à faire avec. Chaque fois qu’il avalait cet acide, il bullait, tenait de crier et de se battre, mais rien ne fonctionnait. L’empire maritime le noyait, l’empêchait d’appeler au secours, de hurler ou de manger. Chaque fois qu’il ouvrait la bouche pour le faire, les eaux s’engouffraient à l’intérieur de lui.

Bien indélicat était toutefois son calvaire, car s’il ne se noyait pas, Darmalion était perdu et sentait sa chair être mâchée par un adversaire inconnu. La douleur à ce sujet était infâme, à tel point qu’il avait l’impression qu’il finirait par devenir exsangue. Des mandibules, oui, des pinces armées de petits crocs le bouffaient sous la peau. Il avait beau tenter de nager, de se débattre, rien n’y faisait : les parasites se déplaçaient autre part, se nourrissaient autrement. La chose était en lui, et tant qu’il ne pouvait plonger ses doigts sous son propre cuir, il était bien incapable de saisir ces choses.

Parfois, des flots jaillissaient un monstre des profondeurs qui serpentait autour de lui, faisait le tour de son corps avant de le toiser du regard : un dragon des mers avec des mandibules, peut-être le maître de tous ces petits parasites qui semblaient le dévorer de l’intérieur, se figeait devant lui avec ses yeux géants aux orbites noires, comme s’il n’y avait derrière rien d’autre que le froid. Puis le monstre disparaissait, majestueux et insaisissable, retournant à la nuit.

Seul dans cet univers où la gravité perdait tout son sens, il attendait, paralysé par la douleur, son corps toujours dévoré de l’intérieur, son âme torturée par sa mort lente.

Puis, alors qu’il stagnait dans ce qui semblait être des années interminables de noyade et de calvaire, vint l’illumination. Bravant la surface, les rayons solaires se firent de plus en plus ambitieux. L’eau se réchauffa et fondît autour de lui, et bientôt se dispersa. L’air. Il sentît l’air et…

D’un mouvement brusque, il se redressa, ses yeux écarquillés pour témoigner sa surprise. Il était en vie. L’océan avait disparu pour faire place aux bois, et il balaya la zone du regard tout en étant secoué par d’étranges vertiges : il atterrissait dans la réalité.

Sur son pelage, il vit des zones dénudées et lacérées, là où précédemment il avait eu des fers. En constatant l’absence de ses chaînes, il eut presque le sentiment d’être mis à nu, détroussé de ses accessoires, comme quelqu’un se sentirait incomplet en n’ayant ni son épée, ni sa ceinture. Mais cette chose qu’il lui manquait était le symbole d’une liberté reconquise au prix de bien des épreuves.

Son corps trop lourd exigea de retrouver une position plus confortable. Il se laissa retomber lourdement, encore fustigé par la douleur.

On s’approcha de lui. Deux Ungors étaient là, dont un de ceux qui l’avaient secouru ; et plus important encore, le Chamane se mit en tailleur près de lui. Il discerna, dans les bribes de sa mémoire, cette gueule en lui accordant un certain crédit. On le força à boire, ce qu’il détesta après s’être « noyé » si longtemps ; et pourtant, il put savourer l’exquise eau par sa pureté. Rien à voir avec les eaux souillées qu’il avait lapé durant sa vie de prisonnier. Il leur adressa un air qui en disait long sur l’intrigue qui pesait en lui, comme sur sa sensation de soulagement. Il était tranquille, bien plus qu’il ne l’avait été durant sa convalescence.

« Ohrein. »

Répliqua-t-il au Chamane lorsqu’il évoqua l’humaine à demi-mot. Il continua de l’écouter avec une grande attention, son esprit quelque peu embrumé par son réveil et sujet d’un mal de tête lancinant.

« Moi Darmalion. Grandir grotte puis entendre brame. Grand Brame. Faire guerre. Grande Guerre. Grande grande Guerre Archaon. Moi tout casser, tout tabasser. Puis perdre. Nous perdre… alors Darmalion prisonnier. A cause Sarls. Moi attendre longtemps. Darmalion tout seul. Tuer beaucoup humains pour Sarls. Puis Ohrein venir. Faire croire libérer moi. Ramener Baldr. Baldr faible. Moi tuer humain. Tuer ami Baldr. Baldr partir. Ohrein contente, dire pouvoir libérer moi mais... Ohrein pas revenir. Garce ! »

Il toussa. Sa mémoire lui revenait mais en même temps, les scènes de son passé assiégeaient son esprit déjà troublé.

« Alors moi libérer tout seul. Foncer village. Croiser Ingjald, chien-chien humain. Avoir battu Ingjald, mais beaucoup humains venir encore. Moi être prisonnier deux fois. Prisonnier pendant longtemps chez Baldr. Puis moi emmener à forteresse, et là, Vikti trahir Baldr. Bousiller Sarls de lui. Vikti libérer moi, pas faire promesse lui. Juste vouloir battre Baldr. Héhé, humains perfides. Moi partir, mais Baldr sauver. Alors moi partir derrière lui. »

Il tenta de se tourner, mais le mouvement était encore trop difficile.

« Kof kof ! Là. Croiser manticore. Méchant et très fort. Moi plus avoir arme. Alors moi tuer lui sans armes. Vous après savoir. Vous vouloir tuer humain, et moi vouloir tuer Baldr. Nous ensemble tuer Baldr ? Nous ensemble pouvoir détruire village. Puis attaquer les autres. Vous quoi vouloir ? »

Il les scruta un à un.

« Vous aider moi. Pourquoi ? »
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 09 juil. 2020, 15:25, modifié 1 fois.
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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Stur-Hurak écouta silencieusement le court récit de Darmalion. Il hochait lentement de la tête à chacune de ses phrases, attentif. Puis, quand le minotaure acheva son discours, il posa une main sous son bouc, qu’il commença à lentement caresser, comme s’il était soudain très pensif.

« Seigneur de Harde est Rash-Harn. A sonné brame et allumé feux pour appeler Hommes-Bêtes. Mais Manticore gêner le passage. Rash-Harn a envoyé Ungors pour surveiller Manticore. Repérer ses faiblesses. Sa cachette. Envoyer guerriers pour la tuer, sournoisement.
Mais toi être arrivé, et sans armes, tout seul, costaud, a massacré Manticore. Moi penser que signe des Dieux. Rash-Harn penser que heureux hasard. Dans tous cas, Ungors ont cru bon de te secourir. Que faire d’autre ? Te laisser mourir par terre ? Après manière comment t’as aidé Harde ?
Peu importe que toi veuilles venir avec nous ou pas. Toi rendu grand service et mérite grande récompense. Même si Rash-Harn aime pas Minotaures, lui sait que les Minotaures sont Bêtes. Préfère Bêtes que Hommes. Hommes trop fourbes.
Homme comme Ohrein. »


Il marqua une pause après avoir dit ce nom. Comme s’il devinait qu’un trouble certain s’emparait de la Bête à son évocation.

« Ohrein étrange. Manipulatrice. Est venue nous voir y a longtemps. Veut qu’on tue des Sarls pour l’aider. Pensait passer contrat avec nous. Mais ni moi, ni Rash-Harn n’avons accepté. Connaît trop son genre. Hommes pas aimer Bêtes. Hommes aimer Bêtes quand besoin tuer trucs, détruire villes, raser provinces ; Mais dès qu’on obéit trop à notre nature, nous trahissent. Se retournent contre nous.
Bêtes ont beaucoup souffert à cause Archaon. Mais on a pas suivi Archaon parce que Archaon le voulait : Suivi Archaon parce que Dieux demandaient. Ohrein pas parler au nom de Dieux. Même si…
Même si, pas savoir comment, pourquoi, un Démon parle avec elle. Démon de Khorne détestent magie. Et pourtant… Pourtant elle, a son oreille. »


Il haussa les épaules, dédaigneux.

« Puisque Ohrein a pas pu avoir Harde, elle a cru pouvoir avoir Darmalion ; Vu ton nom, et sien, avec le Démon. Moi pense pas qu’elle t’a abandonné. Elle attaquée par d’autres Sarls. C’est souci avec Hommes – s’entre-tuent tout le temps. Arrêtent pas. Font des camps, des groupes… Changent constamment.
Ignore où est Ohrein maintenant. Ou ce qu’elle veut. Peu importe. Ses jeux intéressent pas. Harde ici maintenant. Harde se nourrir. Puis Harde partir. Vers nord, peut-être, pas encore certain. »


Il regarda le Ungor qui avait sauvé la vie de Darmalion, puis le minotaure.

« Peux-tu marcher ? Vais te faire visiter. »

Les deux Ungors s’approchèrent pour tendre leurs mains à Darmalion. Ils étaient si chétifs que la bête les écrasait en fait de son poids. Mais oui : Si son bras gauche était totalement engourdi, s’il était encore un peu chancelant et embué, très fatigué, ses jambes lui fournissaient encore un appui. Il avait vraiment échappé au pire après son atroce combat.

En sortant dehors, il semblait faire jour ; Mais il n’y avait pas une luminosité impressionnante à profiter, tant la canopée de la forêt au-dessus de sa tête paraissait luxuriante et sinistre. Le printemps ne faisait que commencer, aussi, ce n’étaient pas des feuillages qui gênaient le soleil, mais des branches sinueuses et liées entre elles.
Au sol, Darmalion découvrait le camp d’une Harde. Des tentes, des petites baraques soutenues par des os de mammouths, de la viande et des peaux qui séchaient, un tas d’Ungors, de Changepeaux et d’hommes-bêtes de toutes les races et de toutes les tailles qui vaquaient à leur occupation. Un Ungor s’occupait de petits loups des glaces affamés, en leur jetant de la viande. Aux branches des arbres, il découvrit deux sœurs Harpies en train de se donner des coups de serre, peut-être surveillaient-elles l’instant où une charogne serait abandonnée en contrebas.
Difficile de savoir si Darmalion allait éprouver de la joie ou de la déception à découvrir ce camp – Si après quatre ans de captivité, il était enfin entouré de gens de sa race, et qui semblaient lui vouloir du bien, il fallait admettre que ce regroupement était assez… Misérable.

Il y a quatre ans, la Harde qu’il suivait avait fait trembler le Vieux Monde. Elle était composée de milliers de guerriers avec leurs haches, leurs fléaux et leurs lances. Des milliers de créatures assoiffées de sang, tatouées et peintes pour la gloire des Dieux qui avaient distribué de généreuses bénédictions à leurs Chamanes fous à lier.
Ici, la Harde que découvrait Darmalion était bien réduite. Il ne devait même pas y avoir une centaine de Bêtes regroupées ici, et la plupart d’entre elles de faibles Brays et Ungors. Bien loin de quoi faire trembler les infidèles.

Le Chamane pointa du doigt quelques tentes un peu à l’écart.

« Camp des femelles là-bas. Une femelle qui t’a sauvé la vie. Chenna, grande guérisseuse.
Honteux à admettre, mais c’est femelles qui ont sauvé Harde, pas mâles. Mâles avoir beaucoup souffert à cause d’Archaon. Chargés, partout, écrasés par des chevaliers, tués par l’arbalète et la poudre noire… Femelles ont protégé enfants. Cachés le long des Sentiers des Bêtes. Forcé Bestigors à faire paix entre eux
Normalement, Harde choisir son chef par Duel. Volonté des Dieux. Mais si on continuait duels, Harde disparaître. Pas bonne situation.
Pour ça qu’on a sonné le Brame. Besoin regroupe toutes les Bêtes de la région. Puis partir chercher nourriture et terres. Tout reconstruire. Ensuite, on tuera tous les Sarls. »


Alors qu’il parlait, il escortait Darmalion à travers le camp, où il pouvait découvrir les Bêtes faisant leur petite vie. Quelques enfants, probablement des Gaves, de menus semi-veaux et semi-chèvres, étaient en train de se battre férocement en se griffant et en se mordant dans la boue, sous le regard patibulaire des adultes – Les Hommes-Bêtes adultes laissaient les enfants tranquilles, mais il n’y avait rien de mal à tuer des congénères de son âge. C’était un moyen de faire son éducation.
Autour de deux piquets, un Humain Norse avait été accroché par les bras pour le forcer à les étendre. On lui avait ouvert le ventre et déroulé ses tripes pour préparer de la nourriture. Une femelle était en train de faire cuire ses organes dans une grande casserole, et déjà, quelques pisteurs rentrés de la chasse, portant des marmottes et un renard sur leurs épaules, quittaient la lisière de la forêt clairsemée pour rejoindre la vie de la tribu.

On amenait Darmalion tout droit vers le centre du camp, de là où s’échappaient les colonnes de fumées qui l’avaient attiré jusqu’ici.
Et là, Darmalion découvrit la plus belle chose qui lui ait été donné de voir après tant d’années de séquestration :

Une Pierre des Hardes.
Image

Désolé pour la très mauvaise qualité de l’image, j’aurais aimé trouver mieux, mais c’est ce qui se rapproche le plus de ce que j’ai en tête.


En tant que Minotaure, Darmalion était lié, par la nature même de sa naissance, à ses pierres. Les monstres de son espèce étaient attirés comme les papillons de nuit sont attirés par la lumière. Il ne savait pas exactement ce qu’étaient ces pierres – personne ne lui avait jamais expliqué qu’elles étaient des morceaux de météorites imprégnés de magie noire, des symboles aussi matériaux que pernicieux de la Chute qui avait frappé et condamné la Terre entière. Tout ce que Darmalion sentait, c’est à quel point cette Pierre, ce tas de cailloux recouverts d’ossements et de runes peintes par les Chamanes, était merveilleuse. Il éprouvait la même fascination dévote qu’un humain devait ressentir en foulant le pavage d’une merveilleuse cathédrale – Un Minotaure était prêt à garder une Pierre des Hardes avec sa propre vie.
Tout autour de la Pierre, des Bêtes entretenaient un bûcher. Le symbole de l’appel de la Harde. Ici, Darmalion croisa enfin des Bêtes qui valaient leur nom – De vrais Gors, bardés de cuir et d’armures d’os, avec des haches et des lames édentées. Ce devait être les guerriers de la tribu.

Assis sur un trône constitué de fémurs et de clavicules de diverses victimes, Rash-Harn, le Seigneur de la Harde, était bien assis, un magnifique glaive à deux mains entre ses jambes. À chacun de ses côtés, se tenait un Gor qui observait d’un mauvais œil le Darmalion. Il devait sûrement s’agir de ses lieutenants.
Rash-Harn, comme tout Seigneur de Hardes, devait avoir mérité son titre. Qu’importe que le Chamane ait dit que les duels étaient momentanément limités par les femelles – on ne dirige pas une Harde sans bonnes raisons. Il devait s’agir d’un grand guerrier. Il avait l’air racé et puissant d’un Bestigor, et pourtant Darmalion pouvait se rendre compte d’à quel point il paraissait… Jeune. Ses cicatrices étaient récentes. Son pelage vif. Il était propre, et encore plus en muscle qu’en chair. Ce n’était pas un grand vétéran qui avait traversé des décennies de combat.

« Salut à toi, Minotaure. Toi devant Rash-Harn, Seigneur Tribu des Cornes-Niellées.
Toi sauvé par moi volonté. Parce que toi tué Manticore qui me gênait. Courageux, toi. Fort.
Mais moi aurait pu toi laisser crever. Poison. Blessures. Donc, toi et moi, quittes. »


Le Chamane s’approcha pour abandonner Darmalion, et se placer aux côtés de son seigneur. Il posa une main sur son épaule.

« Minotaure être Darmalion. Vétéran guerre Archaon. Réduit esclavage par Sarls ; Mais même enchaîné, a su s’échapper et tuer, encore et encore.
Serait grande aide pour toi. »


Rash-Harn semblait très hésitant. Il détailla Darmalion des pieds à la tête.

« Minotaures dangereux. Minotaures obéissent à minotaures. Mais moi a Harde à protéger. À diriger.
Que veux-tu, Darmalion ? Veux-tu rester avec Harde, ou partir ? »
Jet de reconnaissance Darmalion : 2, détails supplémentaires dans la narration.
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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par Darmalion »

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GLADIATURE



L’aventure du minotaure se poursuivait. Le spectre de la manticore n’était plus, et la solitude semblait avoir disparu avec son trépas : ramassé comme une carcasse, le tueur de la venimeuse devint vite l’objet de nombreuses attentions qu’il n’aurait jamais espéré avoir quelques jours plus tôt alors que, blessé et malade, il s’en allait démolir l’une des créatures les plus redoutées de cette Harde, à juste raison.

Retrouver la relative paix d’un quotidien hors de la route de tous les périls ne fut pas chose si aisée pour lui, colosse trop accoutumé à braver tous les interdits, à ne jamais tarir de méfiance et à toujours subir, subir, subir. Alors que le Chamane lui faisait état de sa rencontre avec Ohrein, qu’il ne semblait guère apprécier également, Darmalion se demanda si tout cela n’était pas encore une extension de ce rêve, de ce monde maritime et océanique dans lequel il s’était senti fondre.

Mais la situation était bien réelle. Stur-Hurak l’invita à se lever sitôt qu’il eut fini de donner son point de vue, ce que le charnu béotien apprécia. Soulevé péniblement par deux Ungors, dont un auquel il devait la vie, il put se remettre sur jambes et pour le coup eut presque peur de sa propre hauteur. Une fois rétabli, il marcha de lui-même, mais resta tout du moins assez proche de ses éventuels soutiens afin de ne pas chanceler. Une main sur l’épaule de celui qui l’avait tiré jusque-là, il avança lentement.

Il traversa le bois filtrant les rayons de l’azur grâce à leurs denses houppiers encore décharnés, habillés tout juste de quelques bourgeons ou de feuilles prématurées. En avançant, il découvrît un véritable campement d’Hommes-Bêtes, ce qui le plongea dans les limbes du passé. Nostalgique, il ne put s’empêcher de mettre en parallèle ce qu’il voyait sur l’instant et ce qu’il avait vu jadis ; il marcha tant dans le monde réel que sur la route de ses souvenirs. Sa mémoire, jouant avec son esprit, habillait les femelles d’armures ; changeait quelques Ungors, Gors et Brays en minotaures aussi rudes que lui et vêtus d’épaisses armures. Les Changepeaux se terraient alors comme des Gnoblars au milieu des Ogres ; des chefs de guerre se dressaient en bramant et brandissaient des haches meurtrières ; on entendait le nom du Molosse dans chaque gueule et pour lui prouver qu’on l’adulait, certains se rossaient gratuitement. Ironiquement, Khornes s’en fichait sans doute.

Mais ce qu’il voyait là n’avait rien de cette fièvre guerrière. Il découvrait, face au monde matériel, ce qui ressemblait presque à un camp d’humains : ils s’étaient sédentarisés, ils vaquaient à des futilités sous la gouverne d’un matriarcat.

De sa gueule bovine un rictus se dessina, perceptible malgré sa laideur et la grosseur de ses traits. Pourquoi avait-il été prisonnier si longtemps ?

Parce que son peuple s’étiolait. Parce qu’aucun n’avait osé déclarer la guerre à ces Sarls. Parce que ce village n’avait pas à craindre les Bêtes.

Négligeant probablement ce qui se tramait à l’intérieur du cortex de ce minotaure sanguinaire, le Chamane continuait de retracer le cours de son sauvetage. Darmalion répéta un nom après lui, un nom qu’il se devait de retenir.

« Chenna. »

Ce fut juste avant qu’il ne découvre quelque chose d’inattendu. Une Pierre de Harde.

Son sang ne fit qu’un tour. Son cœur palpita. Des frissons parcoururent son pelage. Ses narines frétillèrent. Son regard se figea. Grisé, il la contempla comme s’il la rencontrait pour la première fois ; et de la même façon, le passé refit surface. La guerre était partout, exaltait leurs pulsions morbides, remplissait leurs cruches de sang d’humain, faisait pousser des héros. Magnétique. Excitant. Sa langue palpa son palais à l’intérieur de sa gueule pour cueillir la rosée de l’adrénaline : il salivait. Un goût de fer. Un parfum de jouissance. L’Ungor sur lequel il se tenait dût sentir ses muscles se raffermir, sa poigne se resserrer et son poids s’alourdir, tant qu’il dût avoir mal. Lui pouvait ressentir ce que le minotaure accueillait : on réveillait une aube meurtrière. Cette envie serait-elle contagieuse ?

Puis il le vit, installé trop confortablement à son goût sur un trône d’ossements. Le Seigneur de cette Harde, dévot des Femelles. Cet usurpateur. Il n’eut ni dégoût, ni inimitié. Au contraire, il ressentit une forme de pitié : ce Bestigor n’était pas à sa place. On l’avait probablement mis là parce qu’il n’y avait rien d’autre. Sa confiance fit sourire le Minotaure, qui le dépassait tant en taille qu’en force.

Cet enfant croyait-il pouvoir le domestiquer ?

« Darmalion bonjour toi. Darmalion heureux être vie. Mais toi tromper. Pas vie grâce à toi. Vie parce que moi tuer Manticore. Vie parce que Chenna. Vie parce que survivre guerre Archaon, vie parce que survivre prison, vie parce que survivre Sarl, vie parce que survivre Loup Ingjald. HAHAHAHA ! Toi vraiment penser devoir vie toi hein ? Toi bête comme Bray. »

Il desserra sa prise et tenta de se tenir debout par lui-même. Il émanait de cette créature quelque chose de distinct par rapport aux autres.

« Moi vie parce que plus fort que les épreuves moi rencontrer. Mais pas tuer Manticore pour toi. Donc toi pas dette moi non plus. Meuuuuuaaaarh ! »

Son mugissement, défiguré par ce qui ressemblait tout aussi bien à un rugissement, résonna dans tout le camp. Un minotaure était là. Il fallait qu’ils le sachent.

« Mais moi libre. Moi pas vouloir rester ici. Camp de femelles. Darmalion voir ta Harde. Pas assez forte pour moi rester. Mais pouvoir faire chose pour toi. »

Il attendit un peu, prenant la température. La Bête serait-elle agacée ? Il l’espérait bien, même s’il n’était pas en état de se battre. Il n’était pas du genre à se dégonfler.

« Vous pas pouvoir tuer Manticore parce que faibles. Moi fort. Moi pouvoir rendre vous fort pendant que moi guérir. Darmalion entraîner vous. En échange, vous soigner Darmalion et donner Femelles pour faire bébés minotaures. Moi dette Chenna. Moi trouver Stur-Hurak gentil aussi. »
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 12 juil. 2020, 14:59, modifié 1 fois.
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Darmalion, Voie du champion minotaure
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Si Rash-Harn était jusqu’alors plus hésitant qu’autre chose, Darmalion put observer comment les traits de son visage commençaient à lentement se modifier au fur et à mesure que le monstre l’insultait. Le Bestigor eut un léger tic de son sourcil, et retroussa sa lèvre pour y afficher ses crocs. Il serra son poing contre l’accoudoir de sa parodie de trône. Et les Gors armés qui l’entouraient se mettaient à jeter un regard mauvais, vers leur Seigneur, puis vers le monstre bien trop défiant pour le bien de la Harde ; Les Hommes-Bêtes fonctionnent tant qu’ils reconnaissent une autorité, qui doit s’imposer par la force. Dès qu’elle est ridiculisée, le sang doit couler pour réguler l’ordre social.

« Toi chanceux, Darmalion. Très très chanceux. Blessé. Rendu faible par poisons de Chenna.
Si toi être plus fort, moi tue toi avec mon arme. »


Et joignant le geste à sa promesse, il se saisit de son glaive, une magnifique lame à double-tranchant qu’il avait décoré de plumes et de poils, probablement d’animaux qu’il avait lui-même massacré.

La tension était palpable. Le vieux Chamane Stur-Hurak fit un pas en avant en se tenant les deux mains sur son bâton, comme pour tenter de se redonner une prestance malgré son dos usé qui le forçait à se voûter légèrement tel un bossu – contrairement au tout jeune Rash-Harn, le Chamane semblait avoir parcouru le monde depuis bien longtemps. Il parla avec une petite voix mélodieuse, malgré la rudesse de la Langue des Bêtes, cet arcane noir caqueté et grogné.

« Rash-Harn est élu, Darmalion. Grand Bestigor, grand guerrier – grand génie aussi. Après guerre Archaon, massacré pour hommes, nos Bêtes souffraient, tombaient, chassées et malades. Rash-Harn a vaincu ses ennemis, dirigé Harde, mené ici, sauvé enfants et femmes.
Lui pas faible. Lui devoir gérer beaucoup. Beaucoup ennemis. Manticore que toi buté juste un seul nos problèmes. Beaucoup d’emmerdes, autour de nous.
Pour ça que nous sonner Brame et allumer feux. Avoir besoin de Bêtes fortes pour aider. Bêtes fortes et grandes, comme toi. »


Il était clair que Stur-Hurak, en bon Chamane manipulateur, essayait de servir de médiateur et de diplomate entre deux Bêtes qui se détestaient ; Seuls les Chamanes avaient la verve et les mots suffisamment mielleux pour parvenir à garder une Harde en place. C’était parfois à se demander s’ils parlaient réellement aux Dieux, ou s’ils les utilisaient simplement comme une excuse commode pour forcer les Bêtes à faire ce qu’ils souhaitaient…

« Femelles pas t’appartenir. Pas appartenir moi non plus. Peut pas donner ce que moi pas avoir.
– Toi tort, Rash-Harn ; Femelles t’empoisonnent, te mentent. Toi es Seigneur. Tout autour toi est à toi.
– Toi mens aussi, Stur-Hurak. Toi veut m’amener où toi veux. Me sacrifierait pour un autre si toi voulais.
Mais moi pas débile.

– C’est faux, Rash-Harn. Tort. Je parle Dieux, toi tu parles garces. Femelles servent à faire naître Bêtes, rien d’autre.
Darmalion grand guerrier, grand mâle, vif – serait gâchis de l’abandonner. Souhait Dieux que vous battez ensemble. Bestigor, Minotaure ; Plus grandes Bêtes parmi les Bêtes, tous les deux, pourriez massacrer tous les Sarls, tous les Norses même ! »


Rash-Harn foudroya le Chamane du regard. Il se reposa dans son trône, en posant un doigt contre sa tempe. Il semblait détailler longuement le Minotaure.
Le Chamane fit quelques pas pour se mettre à une distance égale entre les deux guerriers, pointant son doigt vers l’un puis l’autre.

« Darmalion, toi libre, toi faire ce que tu veux ; Mais regarde derrière Rash-Harn ! Pierre des Hardes ! Morceau des Dieux ! Dieux vivre ici, pas ailleurs ! Où toi vouloir aller ? Pays Sarl est pays d’Hommes, pays de faibles, pays de Manticores. Moi vouloir en faire pays de Bêtes. Créer une Harde. Forger une Grande Harde.
Toi peut servir cette Harde. Auront armes. Armures. Aide des Dieux. Ils sont tout prêts. Je leur parle. J’ai leur voix, si toi veut écouter. »


Rash-Harn pouffa de rire.

« Moi pas accepter. Trop défiant.
Ici règles. Règles de la Harde. Règles de Rash-Harn. Moi Chef. Mais moi voir à travers toi, Darmalion – T’es Minotaure seul. Tout seul. Personne ne t’aime. Personne ne tient toi. Toi aura jamais de chef, donc toi aura jamais d’esclaves. Ni femelles. Ni bébés.

– Darmalion jeune comme toi, Rash-Harn. Vous deux, enfants. Beaucoup à apprendre. Pourriez apprendre ensemble, moi maître, moi mentor. Darmalion peut devenir grand Minotaure, et toi grand Seigneur.
Mais vous devoir être ensemble.

– Mais pas égaux.
– Non… Non pas égaux. Darmalion devoir dire que toi maître et chef. »

Stur-Hurak lança un petit regard gêné à Darmalion, comme s’il attendait vainement du Minotaure de faire le premier pas.
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Darmalion
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Re: [Darmalion] Gladiature

Message par Darmalion »

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GLADIATURE



« HUAHAHAHA ! Toi foutre ma gueule ! »

Répliqua-t-il sitôt que le Chamane tenta de concilier les deux rivaux qui se toisaient et se menaçaient par tant d’attitudes que de paroles acerbes. Stur-Hurak était vraisemblablement le seul être intelligible susceptible de pouvoir désamorcer ce qui glissait doucement vers une possible confrontation de fiertés mal placées ; et pourtant, ceux qui l’entouraient étaient si bêtes qu’il paraissait presque impossible d’envisager autre chose que de moults querelles d’ego surdimensionnés. Le Bestigor qui trônait sur cette Harde n’était pas de ceux qui ployaient devant de maigres commérages, ni de ceux qui abandonnaient les siens pour le seul plaisir d’une Bête potentiellement plus forte que lui. En cela, il était fort brave. Le discours élogieux du Chamane à son égard ne fit que soutenir ce trait de personnalité : ce Chef était bon et fier, courageux et fort, loyal et intègre. Pourtant, sa façon de diriger était aux antipodes de ce qu’avait pu connaître celui qui était apparu dans son existence comme une épine dans le pied.

Darmalion ricanait en grognant, rustre et moche, arrogant au possible. Ses épaules étaient secouées à chaque syllabe railleuse émise par sa gorge épaisse et grasse, assortie d’une crinière où coula un filet de bave. Il se fendait littéralement la gueule, trouvant cette situation des plus ridicules et s’amusant d’autant plus des efforts désespérés du Chamane pour parvenir à décrisper ses interlocuteurs : conservateur, le minotaure était persuadé d’avoir raison et voyait d’un très mauvais œil l’idée que cette Harde ne ressemble à aucune autre.

Imitant le Chamane, il pointa le Bestigor du doigt en s’adressant essentiellement au plus âgé de ces mâles. De sa gueule sortirent des paroles sûres et meuglées.

« Moooh ! Toi croire moi obéir lui qui obéit Femelles ? Lui être comme enfant si obéir Femelles, et enfants pas maîtres ni chefs. Moooh ! Enfants obéir à gros mâle comme Darmalion. Si lui fort, pourquoi pas tuer manticore hein ? Moi pas compter mais… »

Il ramena sa main vers lui, commença à décomposer ses doigts : il leva son pouce, puis son index, puis son majeur… il se stoppa bientôt cependant, pour la simple raison qu’il était déjà perdu dans les trois premiers chiffres. Niant cet échec, il serra son poing et le ramena près de sa hanche et brailla, se concentrant cette fois sur le Chef de Harde.

« Huuuuuarh ! Moi pas savoir compter en fait. Mais beaucoup Bêtes ici. Beaucoup, assez pour tuer manticore facile. Alors ridicule ! Muuuuarh ! HAHAHA ! Moi peut-être seul, peut-être crever comme ça, personne autour pour aider gros Darmalion. Mais gros Darmalion fier ! Mourir combattant, mourir héros ! Mourir comme un vrai Khornegor, pas mourir comme nounou. »

Il fit tourner sa tête, montrant ses cornes dantesques. Toutefois, ce simple mouvement lui donna une sorte de vertige et l’obligea à tituber pour se rétablir. Après un petit piétinement, il décida de se fléchir pour stabiliser sa posture. La gueule vers l’avant, un filet de salive coulant toujours de sa dense barbe, il poursuivit son intervention.

« Toi écouter ancien. Toi ridicule. Vous pas dignes Pierre de Harde, vous mourir si faire Brame. Toi croire quoi arriver hein ? Toi faire venir danger ici. Gros mâles énervés comme Darmalion, vouloir combat et guerre, vouloir ta place. Toi mourir face à vrais mâles. HUAHAHAHA ! Toi mourir et Molosse foutre ta gueule ! »

Pour finir, il tourna de nouveau sa tête vers le Chamane. Sur sa gueule apparaissait une férocité sans bornes.

« Toi plus jamais dire Darmalion enfant. Moi prévenir toi. »
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 13 juil. 2020, 08:48, modifié 1 fois.
Raison : +5 XP / Total d'XP : 71
Darmalion, Voie du champion minotaure
Profil: For 13 | End 11 | Hab 5 | Cha 2 | Int 4 | Ini 8 | Att 15 | Par 8 | Tir 5 | Foi 0 | Mag | NA 2 | PV 130/130
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_darmalion

Compétences
  • Bagarre (B)
  • Coriace (B)
  • Coups puissants (B)
  • Coups précis (1) (B)
  • Désarmement (B)
  • Force accrue (B)
  • Survie en milieu hostile (B)
  • Violence forcenée (B)
  • Volonté de fer (B)

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