[Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Naufrageur
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[Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

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Ce ne sont pas les titres qui honorent les hommes, mais les hommes qui honorent les titres. - Nicolas Machiavel



La Bretonnie, certains y vivent par opportunité et choix, d’autres malgré eux. On y vit, et on y meurt, c'est le sort qui attend ceux qui descendent des Bretonnis. Vivre dans cette terre est un rien différent pour chacun, mais une chose reste commune à tous. Le mauvais temps d’automne. La pluie est fine comme une toile, mais elle tombe, encore et encore. Le vent souffle, sans pour autant s'essouffler. Les nuages gris couvrent le ciel, interdisant le soleil et sa lumière. Les pieds couverts de boue, il avance. Le sol se déforme un peu à chaque pas, laissant une marque, celle de ses bottes. Pour chaque enjambée, il est accompagné par de nombreuses autres, parfois en rythme, souvent sans ce luxe. Les pèlerins, groupés comme des lépreux, arpentent les sentiers.

Ils sont nombreux, plus qu'hier, peut-être moins que demain. Ils sont presque une vingtaine, presque. Arnaud d’Aquitanie n’est pas devant, il ne l’a jamais été. Sa pèlerine le protège tant bien que mal contre l’eau, et ses souliers lui évitent de graves ennuis. Désormais, il suit depuis quelques mois son nouveau devoir. Il n’est plus le nouveau nom prononcé avec distance. Il regarde autour de lui, des nouvelles têtes, la plupart seront partis de ce monde avant la prochaine saison. Bien qu’il ne soit point un soldat, il possède un équipement, deux des nouveaux n’ont que leur paquetage respectif. Au loin, des pâturages à pertes de vues, accompagnés de fermes spécialisées dans le bétail. Parfois, elles sont regroupées pour former un hameau, voire même un village.
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Trente pieds devant lui, séparé par d’autres gueux, se trouve Pieux-Perrot. Son crâne dégarni dont les restes sont gris et marrons ne trompent pas, il n’est plus tout jeune. Équipé d’une armure plus concrète de maille et de tissus renforcés, ainsi que d’une arme à serpe, il donne l’impression d’être autre chose qu’un simple guerrier de fortune. Ses cicatrices couvrent son corps, presque partout. Il est pèlerin depuis désormais six années, un record que personne n’a l’air de battre. Partout sur lui, des reliques, artefacts et colifichets protègent son attirail, et d’après lui, sa vie. Autour de son cou, une cloche, pour s’assurer que les hommes le suivent lors des déplacements. Une méthode qui serait insultante, si elle n’était pas aussi efficace. Comme il le dit si bien, “Suis bien le tintement, tu vivras plus longtemps”, jusqu’à présent, il n’a pas eu tort…
Frère Pieux-Perrot
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Leur seigneur, l’homme qui a goûté au Graal, Sire Caron de Quenelles, n’est point présent. Il est occupé au château local, rendant visite à un autre sang bleu. Ce n’est pas rare que le chevalier soit séparé de ses suivants, qui finissent souvent par errer au plus près de leur idole. Ce coin perdu fera l’affaire. Certains commencent déjà à se diriger vers des bâtisses, quand soudain, la cloche est secouée avec intensité. Perrot, ayant désormais l’attention de tous, prononce une courte phrase de sa voix rocailleuse.

« Mes frères, par ici je vous prie. »

Il pointe du doigt une traînée de terre, menant plus bas que le niveau du village. Quelques dizaines de yards plus loin, on devine un endroit creusé dans la surface. L’idée d’une maison troglodyte habituellement n’enchante guère les compagnons, cependant, la météo étant ce qu’elle est, ils acquiescent tous de la tête. En se dirigeant vers la grotte, presque tous remarquent que les paysans les observent, derrière leur fenêtre, au coin d’un mur ou de l'œil. Ce n’est pas si étrange que le troupeau soit contemplé ainsi, cependant, quelque chose diffère. Il n’y a pas que de la curiosité dans les regards, quelque chose d’autre subsiste. Ce n’est pas de la peur, du dégoût ou de la haine, non. Même dans les yeux des enfants, cette lueur est identique, déterminée. N’étant pas natif de ce duché, Arnaud ne sait pas si cette flamme est commune.

Ils arrivent à leur salut contre les larmes du ciel. Dans la roche, un petit réseau est accessible. La plupart des hommes déposent leur paquetage, tordent leurs capes, et commencent à allumer très péniblement un feu. Des plaintes à demi-mots échappent parfois aux braves. Soudain, une voix résonne d’en dehors de leur nouvelle demeure. Avant d’entendre quoi que ce soit, il tourne la tête, et un homme apparaît alors. Son béret pourpre à plume, sa tenue de tissus, fourrures et cuir de luxe et ses bijoux en or ne laissent que peu de doutes. Un homme riche, et au vu de son épée d’apparat et de sa lettre, c’est un homme haut placé. Un intendant, ou un shérif peut-être.
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Il secoue sa lettre comme une crécelle, tandis que son visage déjà hargneux se renfrogne un peu plus. Il se tient à l’entrée, aux regards médusés des peu fortunés. Comme s’il avait plus peur de contracter leur misère que la crève. Il balaye ses orbites couleur marron, puis il parle, bien plus fort que nécessaire étant donné que la cave résonne.

« Pèlerins ! Suite à un éboulement sur une route au nord, le chariot de vivres attendu est retardé. Vous ne recevrez donc aucun couvert. Pour ce qui est du gîte, les habitants n’en ont aucun à vous offrir.

Pour ce qui est de cette grotte, vous êtes autorisée temporairement à l’habiter. »

Nous avons déjà eu des… rencontres, avec des pèlerins. Je rappelle que le braconnage est puni par une peine de travaux forcés, que le vol est puni par le fouet, que la contrebande est punie d’une peine de prison et d’une amende valant le triple du crime.

Je rappelle aussi que les peines sont doublées pour les étrangers.
»

Un sourire cruel et partiellement malsain orne le visage du factotum, montrant ses dents blanches, jaunes, et parfois dorées. Il tapote de sa main libre la lourde bourse pendante de son flanc. Marquant une pause, il reprend d’une voix presque mielleuse, ou du moins, du miel empoisonné.

« Vous êtes prévenus, je vous souhaite de reprendre votre pèlerinage au plus tôt. »

Il tourne les talons, et repart aussitôt, une fois hors de vue, plusieurs des hommes font des gestes obscènes, probablement envers le shérif. Pieux-Perrot se frotte l’occiput, consterné bien plus que les autres, il se lève et frotte ses chaussons par terre.

« Bon, on ne va pas rester là à périr de faim. Les paysans ne veulent pas nous offrir, mais nous pouvons l'acheter.

Avec quel argent ? On a pas un rond !

Je suis sûr qu’il doit y avoir des sangliers et des lapins dans la forêt en bas des collines, il suffirait d’être un peu discret et…


Et risquer de finir sa vie à Orquemont ? Foutaises et sottises !

J’ai peut-être une idée. Il y a un hospice, des sœurs de la Colombe. Il est plus loin cependant. Il faut passer par le mont le plus proche. Elles pourraient nous aider.


Encore une marche forcée ? C’est à se tuer, frère Perrot.

Frère Arnaud ? Tu es le plus voyageur de nous tous, après tout, tu as travaillé en tant que forestier, que penses-tu de tout cela ? »

Déviant l’attention vers le criminel en sursis, désormais, tous sont rivés sur lui. Il va bien falloir faire quelque chose. Il lui reste des rations, pour lui, et quelques pièces, mais est-ce que c’est suffisant ? Encore faudrait-il que les locaux acceptent d’échanger avec eux… Se remplir le ventre, voilà le plus grand défi que les pèlerins du Graal rencontrent presque chaque semaine.
Test d’INT(+2) d’Arnaud : 7, réussite.
Test d’END(+1 car Résistance accrue) d’Arnaud : 9, réussite de peu. Ça va, tu chopes pas la crève.
Pour les fous qui désirent me rendre visite aux récifs.

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Arnaud d’Aquitanie
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Re: [Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

Message par Arnaud d’Aquitanie »

Le vent attaquait inlassablement ses vêtements comme une horde de chevaliers donnant la charge sur une forteresse en ruine, le froid, plus insidieux tentait inlassablement de s'infiltrer dans les moindres faiblesses de ses braies rapiécées. "Sale temps", pensa le pèlerin tandis que ses chausses progressaient péniblement dans la boue, elle aussi décidée à se liguer aux autres châtiments de la nature qui affligeaient la troupe de pèlerins.

Arnaud ne marchait pas en premier, il n'en avait pas le droit. Il s'était imposé de ne pas avoir ce droit. Un criminel en sursis ne peut marcher sereinement dans le même sentier que d'autres pèlerins qui ont prêté serment par pure dévotion ou par devoir. Arnaud avait du mal à cerner une telle dévotion, dévotion que son frère aîné Régil a toujours manifesté. Le brave a tout essayé pour convaincre Arnaud des miracles de cette foi, de ce qu'elle lui inspirait et de ce qu'elle lui apporterai.

Mais il n'était pas dupe.

Il avait eu de la chance. Après tout, c'est la chance qui mit Sire Caron de Quenelles sur son chemin. C'est grâce aux conseils de son frère qu'il avait prêté serment en tant que pèlerin du Graal. Pour se racheter de ses crimes, mais aussi sa conscience.

Ces gens n'étaient pas comme lui. Ces gens sont comme son frère, de bonnes gens.

Ils ne méritaient pas de se retrouver avec un paria tel que lui.

Malgré tout les jours ont passé, et Arnaud ne pouvait plus simplement se considérer comme le dernier venu de la troupe. Il faisait partie des leurs. Que cela lui plaise ou non. Qu'il pense le mériter ou non.

Si Arnaud remerciait la chance et non la Dame pour se retrouver à arpenter le monde dans le sillage de Sire Caron de Quenelles, Arnaud estimait malgré tout le Chevalier du Graal. Une personne intègre, imposante, charismatique, dont la présence surnaturelle l'écrasait à chaque fois qu'il avait la possibilité de le voir. C'est un homme saint pour sûr. Arnaud ignorait s'il pouvait montrer sa bonne foi et sa volonté de se racheter au chevalier, mais il souhaitait aussi que son image ne souffre pas de ses actes.

Les pèlerins sont traités comme des pestiférés, et la déclaration de l'intendant le confirmait. Lui et ses camarades pouvaient bien crever... Mais quelque chose avait attiré l'attention du pèlerin. Les regards de ces bonnes gens n'étaient pas ceux dont il avait l'habitude. Peut-être que ces gens avaient une relation particulière avec les pèlerins ? Cette relation, si tant est qu'elle existait, le dépassait totalement.

Mais frère Perrot l'arracha à ses conclusions pour le ramener à la réalité. La pierre de la caverne est humide et froide, l'offensive du vent n'a pas faibli et les estomacs de la troupe eux, crient famine.



- "Un hospice ? C'est loin... J'sais pas si la plupart d'nous sont taillés pour traverser un col par c'te temps. C'te le genre de coin pour d'la perfidie, une embuscade de pt'ains de bandits qui pourraient attendre des gens du voyage ou des caravanes..."

En vérité, Arnaud n'aimait pas non plus l'idée de s'éloigner à ce point de Sire Caron. S'il avait prêté serment de le suivre, il devait au moins respecter cette parole.


- "Pis on doit s'montrer disponible pour l'sieur Caron. Lui montrer qu'on est pas non plus des boulets. Qui sait ce qu'il pourrait s'passer entre ce soir et demain..." Le Pèlerin marqua une pause, reprenant. "Les pt'ites gens du coin, ils nous regardent pas comme d'habitude... Il y a une culture ou une relation qui les lies avec les gars comme nous ? J'pensais qu'on pourrait peut-être mendier du grains ou des rations en échange de services. D'l'aide aux travaux manuels ou aux champs."

Le pèlerin chercha le regard approbateur du chef Pieux-Perrot.

- "Si vous pensez qu'ça vaut l'coup Frère Perrot, j'm'en remet à vous."
Arnaud D'Aquitaine, Voie du Pèlerinage Bretonnien
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Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_arnaud_d_aquitaine

"…Tu offriras, à ton preux Seigneur le champart qu'il requiert,
Toujours, tu travailleras, hors les jours saints
Tu ne gardera pour toi et les tiens qu'un dixième des fruits de ton labeur
Et réjouis-toi, car un Chevalier de Bretonnie te protégera…"

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[MJ] Le Naufrageur
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Re: [Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

Message par [MJ] Le Naufrageur »

Certains acquiescent de la tête en entendant l’assermenté, d’autres restent dubitatifs. Un silence un peu gênant précède l’idée du pèlerin. Pieux-Perrot lève les mains à la hauteur de son torse, et regarde les autres, comme pour quémander un autre avis, une opinion supplémentaire. Ses pairs restent silencieux, aucun ne semble avoir envie de se mouiller plus que ça dans la conversation. Un soupir soulagé échappe au plus vétéran d’entre eux, qui frappe ses paumes entre elles. Le son claquant résonne dans la caverne, comme pour clore la discussion après un plaidoyer de la plus haute importance.

« Bien, je vais proposer nos services aux habitants. Trois d'entre nous resteront ici pour surveiller les affaires. Cependant, ils seront responsables des corvées d’entretien.

Je reviens au plus vite, reposez-vous un peu.
»

Sur ces derniers mots, l’homme à la tonsure s’en va. Dehors, la pluie a cessé, et les nuages sont moins gris qu’avant. Ils sont désormais d’une couleur presque blanche, tant mieux. Plusieurs pèlerins commencent alors à enlever leurs bottes pour faire sécher leur ensemble près du feu. Une bonne idée. Plus sec qu’avant, les soldats de fortunes s’en vont à de nouvelles tâches. Heureusement pour eux, la seule chose qui ne manque pas ici, c’est du travail. Couper du bois, nettoyer les granges et les chemins, aider à porter les nombreux tonneaux, caisses et sacs…

Le labeur commence alors, telle une danse effrénée et douloureuse qui reprend encore et encore. Arnaud à de la chance, il se contente de mettre des coups de fendoir sur les bûches. Il en pose une sur la chabotte, lève l’outil, et sépare en deux le bois. Il répète cette opération au point d’en avoir mal aux mains, mais sans plus. Ce défouloir manuel fait du bien à Arnaud, il se sent mieux, moins dissipé qu’avant. Ce n’est pas du tout la première fois qu’il fait ça, il trouve même qu’il excelle au vu des piles de mélèze et de douglas qui s'accumulent autour de lui. Sa performance ne passe pas inaperçue. Plusieurs autres gueux, travaillant aussi dans le coin, pouffent de rire. Ils sont probablement impressionnés. Après son œuvre, il discute avec les autres Bretonniens. C’est assez agréable, il ne sent plus autant scruter qu’auparavant.

Il découvre beaucoup de choses du coin. Ici, l'élevage prime sur tout, l’agriculture habituelle étant presque impossible. Le village se nomme Essar, en hommage au premier seigneur qui a recapturé la région contre les peaux-vertes. Le bon seigneur qui préside depuis est Guy de Maulmont, son château n’est pas loin, légèrement au nord d’ici. Le plus bavard de ces Essarois est Jean-Miquelin. Une calotte de cuir recousue, des habits en tissus rapiécés, il ressemble à un saltimbanque. L’exception étant ses bottes de cuir très épaisses, avec des petites pointes métalliques sous les semelles. Il n’est pas très grand, plutôt maigre et à une posture qui ferait presque penser qu’il est bossu. Son nez, cassé à de multiples reprises et particulièrement laid et son haleine, empeste l’ail. Il tient un bâton sur lequel des rats sont pendus par la queue. C’est un ratier.
Jean Miquelin, Ratier
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Jean Miquelin n’est pas seul, un brave chien l’accompagne partout où il va. Rognon est plutôt petit, son poil blanc et brun est très légé. Son air vicieux et chafouin ne laisse pas de doute à sa fonction. Malgré sa taille peu imposante, sa musculature n’est pas anodine. Ses crocs légèrement jaune sont plus gros que la moyenne, et un collier en cuir le tien sur place. Tel un petit roquet, il grogne un peu tout le temps, pour pas-grand-chose. Il n’en reste pas moins intimidant. Il a l’air si cruel.
Rognon, fléau des rats et des mollets
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« …… et j’te jure, c’tait vraiment dur de l’choper, il était gros comme ça, comme ça hein ! Donc là y’a Rognon qui bondit, en plein dans l’pif du truc. Il l’a évifé-, évité-, éviscérer, voilà, éviscérer comme un jambon. Oh t’inquiète pas, Rognon mord pas, il est gentil comme tout, pas vrai Rognon ?

Waf, grrrrrr, Waf-Waf ! Grrrr…

Mais oué, comme j’t’le disais si bien, j’comprends pas trop les trucs du seigneur. Y’a des couacs, sûrement, c’est la vie, mais oué, ça perturbe. Y’a rien qui change pour la plupart, sauf certains. L’intendant, Wilhelm, il arrête pas d’péter plus haut que son cul… Déjà qu’il avait l’gros cou, mais depuis c’te année, ça empire. Il est plus riche qu’jamais avant. Y se pavane comme un tourtereau avec ses bijoux et dorures. J’te jure je comprends pas l’intérêt.

Pas comme si il pouvait le bouffer son pognon…

Mais oué, Arnaud, j’te remercie, t’occupe pas du reste, on va ranger c’tes bûches dans les masures.
»

Le reste de la soirée se passe sans peine. Ils reçoivent leur dû, du fromage et du pain principalement ainsi que du lait. Cela suffit à contenter les appétits de la troupe, dont la plupart dévorent leur assiette comme après un jeûne. De plus, les Essarois leur ont offert de la paille pour garnir leur lieu de repos. Un cadeau bienvenu, la pierre étant particulièrement inconfortable et froide. Leur nid est désormais un tant soit peu douillet, et les ventres ne hurlent plus à la mort. Les couchettes sont posées et la nuit commence tranquillement. Il fait froid malgré les trois feux qui réchauffent la grotte. Ils font des tours de garde, s’assurant que rien ne vienne les déranger pendant le sommeil. Une tape sur l’épaule de l’Aquitanois le réveille, c’est à lui désormais.

Le temps passe un peu dans la solitude nocturne. Il entend la forêt, ses animaux inconnus, le vent qui fait trembler ses branches et tomber ses feuilles. Pour un forestier, c’est apaisant. Soudain, juste après un bâillement de sa part, une lueur apparaît au loin. Entre les arbres, une lumière aussi bleue qu’un clair de lune de l’amante de Manann éclaire les arbres alentour. Elle est loin, presque à deux cents yards. Il se félicite de l’avoir perçue malgré la distance impressionnante. Il plisse les yeux, et se concentre particulièrement dessus. Il voit une forme, une forme humaine entourée de fumée. Des cheveux longs… Une femme ? Il a l’impression qu’elle s’éloigne aussi lentement qu’un escargot. Il ne comprend pas tout, et se demande si ses yeux lui jouent un tour, mais non, il est certain de ce qu’il voit. Il y a quelqu’un là-bas.
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Ses camarades sont tous endormis, la plupart profondément dans leur couchette. Inconscients de l’étrangeté se produisant au loin, dans les bois entourant la région. Peut-être est-ce pour le mieux ? Difficile à dire pour l’instant. Si les pèlerins se sentaient menacés, ils pourraient réagir très mal. Ils ne prennent pas ce genre de choses à la légère, pour le meilleur, et parfois, souvent, pour le pire. L’étrange forme au loin est toujours présente, son illumination ne s’est pas amenuisée.
Test de CHA (+2 car c’est une proposition honnête) : 13, échec. Ils ne sont pas tous chauds à se crever le dos. Mais bon, pas trop le choix.
Test d’END(+1) de Arnaud : 2, réussite automatique. Ca va, pas de problème à bosser en échange de bouffe pour ce soir
Test de CHA (+4) de Arnaud : 5, très large réussite.
Test de ???? de ???? : 14, échec
Test d’INT de Arnaud : 1, réussite critique. Bon, c’est parti :mrgreen: Tu as 12/10 aux deux yeux ma paroles
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Arnaud d’Aquitanie
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Re: [Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

Message par Arnaud d’Aquitanie »

La journée de labeur des pèlerins avait permis à Arnaud d'en apprendre plus sur la culture du village d'Essar. En apprendre plus le rassurait, connaître son environnement, c'était garder un pied-à-terre, un pied sur lequel se reposer, un pied pour poser le suivant. Grâce à l'aide de Jean-Miquelin, il pouvait aussi avoir une image plus précise sur l'Intendant Wilhelm. L'homme montrait ses moyens avec insistance, l'homme lui paraissait détestable comme les vilains qui pavanaient dans leurs fermes, exploitations agricoles, et leurs titres achetés rubis sur ongle. Rester à distance de cet homme était la meilleure chose à faire.

Le travail lui donnait la sensation l'espace d'une journée de ne plus appartenir à une classe de rebut de la société. "Donnes z'y aux bonnes gens, et c'est qu'ils te le rendront bien ou plus." Lui disait son frère Régil. Voir les sourires et la gratitude sur leurs visages le confortait qu'il avait su faire le bon choix. Entre deux bûches, le pèlerin jetait quelques regards vers le Nord. Son maître Caron était quelque part dans cet horizon, et Arnaud espérait pouvoir se montrer digne de son image...

Le voile de la nuit prit le relais sur la lumière faiblissante du soleil. Le tour de garde du pèlerin vint et le jeune homme s'installa dos au feu de camps, les yeux plongeant dans l'obscurité de la nuit. Il y avait cette silhouette, une silhouette presque surnaturelle, que pouvait faire une femme ici, seule ? Attendait-elle un amant secret ? Le pèlerin se ravisa vite, il y avait quelque chose chez elle. Quelque chose de beau, quelque chose d'inspirant, se pouvait-il... Était-il possible qu'il eût aperçu la Dame ? Peut-être ? Après tout, il ignorait tout de l'apparence de la Dame, si ce n'est qu'elle était magnifique, majestueuse, pure et dont la radiance pouvait illuminer jusqu'au cœur le plus noirci. Une nouvelle fois, Arnaud se ravisa, si la Dame elle-même devait apparaître, il était bien plus probable qu'elle cherche la compagnie de Sir Caron. Et la Dame elle-même devait savoir mieux que quiconque où il se trouvait.

Peut-être voyait-il une servante de la Dame ? Une demoiselle à la recherche de quelconques ingrédients ? Si c'était bien le cas... Il ne pouvait laisser une telle opportunité passer. Elle devait savoir quelque chose, où lui apporter des réponses... Mais parlerait-elle avec lui ? Arnaud chassa ses idées noires, il devait agir... Maintenant. C'était l'occasion d'une vie... Mais... Et si c'était dangereux ? Il valait mieux prévenir ses frères, Pieux-Perrot devait en savoir plus.

Arnaud secoua l'épaule du pèlerin, non sans faire tinter plusieurs de ses reliques.


- "Perrot ? Sieur Perrot ? Y a quelqu'un à l'orée du camps..."Arnaud jetait régulièrement des coups d’œil derrière son épaule, espérant ne pas perdre de vue la silhouette de la Dame ou de la demoiselle.- "J'voulais aller voir, mais c'est qu'elle fait de la fumée c'te femme. Tu... Tu penses que c'est... Un esprit d'malfaisance ? Je vais aller voir."

Arnaud ramassa son matériel, son couteau et son arc, prêt à se défendre au cas où, pour aller enquêter sur la présence de cette femme. Non sans écouter avant la réponse de son camarade. Ce n'était peut-être pas la peine de réveiller l'entièreté du camps, et Perrot aurait sans doute l'expérience pour mieux juger la situation.
Arnaud D'Aquitaine, Voie du Pèlerinage Bretonnien
Profil: For 9 | End 9 | Hab 9 | Cha 9 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 8 | Mag 0 | NA 1 | PV 65/65
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_arnaud_d_aquitaine

"…Tu offriras, à ton preux Seigneur le champart qu'il requiert,
Toujours, tu travailleras, hors les jours saints
Tu ne gardera pour toi et les tiens qu'un dixième des fruits de ton labeur
Et réjouis-toi, car un Chevalier de Bretonnie te protégera…"

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Re: [Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

Message par [MJ] Le Naufrageur »

L’homme à la tonsure dort confortablement allongé, son dos sur un heerbedde. Ce matelas enroulé, d’origine marienbourgeoise, est, à en juger les ronflements du Frère, particulièrement confortable. Comme oreiller, il utilise son sac et comme couverture, sa cape. Une odeur de mouillé, faible mais néanmoins perceptible émane de lui. Cela doit bien faire quelques jours qu’il n’a pas pris de bain, comme la plupart ici pour être honnête. En entendant la voix d’Arnaud, il ouvre lentement les yeux avant de lever et tourner sa tête vers lui. Sa bouche légèrement ouverte, il arbore une expression particulièrement complexe. D’un côté, il semble confus, de l’autre, notablement ennuyé. Il jette ses mains devant son visage avant de répondre doucement, non pas par gentillesse, mais par fatigue.

« Bon sang, Arnaud, qu’est-ce qu’y te prends ? Tu as encore bu avec Géomont c’est ça ? Bon, je vais voir. »

Désormais debout, il regarde là où le garde pointe. Cependant, sa réaction n’est qu’un grognement. Il plisse les yeux à nouveau, se concentrant plus qu’avant. Il grogne à nouveau. Dans les ténèbres, il y a… il n’y a rien. En effet, la dame en question n’est plus. Pas une trace, pas une lueur ailleurs, rien. C’est étrange, elle était si visible il y a peu. Cependant, cette absence n’a pas l’air de réjouir qui que ce soit, surtout pas le pèlerin exalté.

« Va falloir arrêter de toucher à l’alcool. Rends moi un service, laisse-nous baigner sous le regard du Seigneur des Rêves, en paix. »

Il chasse d’un mouvement du poignet l’Aquitanois avant de lui présenter son dos. Il se rappelle pourquoi le deuxième surnom du plus vétéran est Pieu-Perrot. Comme quoi, il le mérite. Livré à lui-même, et n’ayant clairement pas l’envie de réveiller tout le monde pour sa lubie, le pèlerin se dirige à nouveau à son poste. Il regarde au loin, à quelques dizaines de yards à gauche, la damoiselle est de retour. C’est à en devenir fou. Ne pouvant réfréner sa curiosité, le vigile prend ses affaires les plus guerrières. Armé, décidé à mener sa petite enquête, il sort de la grotte et progresse vers l’autre colline. Hélas, la lune n’offre que bien peu de lumière, et il menace de trébucher plus d’une fois. Ne voyant pas où mettre les pieds, il marche sur des branches qui cèdent, ainsi que des feuilles bien craquantes. Bien que la comparaison soit habituellement réservée à son frère, cette fois, c’est lui le sanglier.

Il monte la pente avec de grandes enjambées, et désormais en haut, il perçoit les choses d’un peu plus près. Une ombre, cachée, sans lueur à forme féminine. Dès qu’il se rapproche d’elle, elle tourne les talons et cours. Elle fuit à pleine vitesse dans les ténèbres nocturnes. L’enquêteur essaye de la rattraper, mais son corps n’y parvient pas, épuisé d’avoir monté une colline pareille en étant encore fatigué. Il la voit au loin, courir comme si de rien n’était. Il n’a même pas eu le temps de dire un seul mot. Il prend un instant pour récupérer son maigre souffle. Observant l’endroit, il remarque que beaucoup de choses ont été déplacées par ici. Les feuilles sont écartées, les branches ont été jetées sur le côté… mais rien qui ne laisse penser à un quelconque esprit malfaisant. Soudain, son pied-droit fait bouger quelque chose, il baisse le regard, et remarque un petit objet au sol. Un collier, entièrement fait de bois et de ficelles. Magnifiquement taillé, il s’agit de deux fleurs entrelacées et écloses.
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Il le ramasse, pour l’observer un peu plus, il ne trouve pas d’autres éléments, à part de la terre, des feuilles marrons, et des branches d’arbres. Son corps est terriblement exténué, et il doit revenir auprès des siens. Une nouvelle fois, la descente devient montée. Une nouvelle fois, il est à son poste. Probablement encore plus curieux qu’auparavant. Un autre de ses frères se lève, pour prendre la relève. Il peut enfin se reposer, enfin. Il chute…

Il rêve. Il voit des fermes, des maisons, des forêts, des rivières et une montagne. Il voit que celle-ci s’élève haut, très haut. Il a l’impression de voler haut dans le ciel comme un oiseau. Cette image le marque. Il ne peut s’empêcher d’y penser, et à chaque fois, il voit à nouveau. Les sensations paraissent si réelles qu’il est difficile pour lui d’être certains de son inconscience. Le vent dans les cheveux, l’odeur, le froid qui pique la peau et fait larmoyer les yeux. Soudain, l’illusion est embrumée, et il se réveille dans son “”lit””.

Un début de repas, les restes d'hier sont servis. Ils sont encore bons, enfin, comestibles pour être exact. Avec douleurs partielles, la plupart des autres suivants se préparent à une longue journée. Un des camarades, Jennequin, prie. Plutôt petit, à la carrure normale et à la longue bure, il ne paraît pas particulier, si ce n’est son nez prononcé et ses grands yeux noirs. Il porte un fléau agricole, et une ceinture en corde de lin. Avant de devenir pèlerin, il était oblat dans un temple dédié à plusieurs dieux, dans un village Gascon. Il n’en sait pas plus, si ce n’est qu’il prie tous les matins. Étant donné que ses oblations vocales sont en Classique, il est difficile pour lui de comprendre.

Frère Jennequin, contrairement à toi, il sait ce qu'est un CV.
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C’est souvent le Gasconnais qui se charge de créer de nouveaux sceaux, simplement car il sait lire et écrire. Il est habile de ses mains, la plupart des reliques portées par un pèlerin est façonnée par ses mains, enfin, pour les chanceux qui en reçoivent. Seul Pieux-Perrot, Jennequin, et deux autres ont eu la chance d’en avoir. Une fourchette que leur seigneur a utilisée, un casque d’un bandit décapité par ce dernier ou encore le grand luxe. Une cape faite de sa couverture lors d’une escale. Pieux-Perrot s’était infiltré dans le château en escaladant le rempart avant de la dérober la nuit suivante.

En parlant d’anecdote, voilà que deux autres dévots s’en échangent sur le sujet favori, Sire Caron de Quenelles. Ils parlent fort, car ils sont juste devant Arnaud.

« Sa grâce fut si exceptionnelle, on aurait dit qu’il volait dans les airs comme sur un pégase ! Ces cornus n’avaient aucune chance. Avec une lame comme la sienne, même les terrifiants mécréants font dans leur froc.

Oh mais ce n’est rien te dis-je ! Rien ! T’rappelles-tu de la fois où le ponton il était bloqué ? Celui d’la Brienne ?

Oui, c’était il y a un moment mais je m’en souviens bien.

Et bien, moi les autres ont trouvait inacceptable que not’ bon seigneur y soit arrêté par des manants ainsi. Il était encore un peu loin derrière, mais qu’il attende, que nenni ! Donc on a choppé nos bâtons, et… puis on a roué de coups ceux qui voulaient pas dégager.

Oui, comme je te le dis, je m’en souviens.

Ouais mais attends, j’y viens. Là, après c’t’effort, la voie est dégagée. Et là, j’en crois point mes yeux, y passe le pont, Sir Caron de Quenelles, et là… Y s’tourne vers moi, il m’a passé dessus au regard !

Tu déconnes.

Non, j’le jure sur l’bons dieux que c’est vrai.

Incroyable, tu as vraiment été béni ce jour-là. Bon, hélas, t’a bénédiction ne t’a pas convaincu de prendre un bain !

Bein… ouais.

Attends, me dis pas que…

Bah si ! Depuis, j’veux pas me laver, ça ferait partir la doulce sensation qu’y m’a béni, le bon Sire.

Roh, sacré Maurice, tu veux pas au moins laver tes habits ?

Non ! J’les garde comme porte-bonheur. Oui-oui.

Mais d’ailleurs, j’y pense. Arnaud ? C’est quoi ton vécu le plus grandiose avec Sire Caron ? Tu dois bien avoir une histoire à nous raconter ? »
Test de CHA(+?) de Arnaud : 18, échec large
Test d’INT(+?) de Pieux-Perrot : résultat caché;i
Test d’HAB(+0) de Arnaud : 14, échec large. Tu n’es pas très discret

Donc, un homme seul, armé. Très bien :mrgreen:

Test de ??? de ??? : 2, très large réussite.

Test de ??? : 6, réussite
Test d’END(+2) de Arnaud : 18, échec large
Bon bah c’est vraiment pas terrible tout ça.

Test d’une table spéciale : 1d100 (6).
Test de ??? de Arnaud : 19, échec automatique.


Allez, je te laisse m’inventer une petite histoire/anecdote. :mrgreen:
Pour les fous qui désirent me rendre visite aux récifs.

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Arnaud d’Aquitanie
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Re: [Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

Message par Arnaud d’Aquitanie »

La silhouette avait étrangement disparu lorsque le pèlerin avait tiré Pieu-Perrot de son sommeil. Si le vénérable pèlerin l'avait congédié en l'accusant d'avoir forcé sur l'alcool, Arnaud savait qu'il avait fait la bonne chose. Si la silhouette s'était révélé être une menace pour ses compagnons, il aurait au moins fait son travail de vigie.

Mais les fantaisies se bousculaient dans la tête du pèlerin. S'était-elle dissimulée aux yeux de Pieu-Perrot ? Avait-elle fait son apparition pour Arnaud et seulement lui ? Est-elle une manifestation de la dame ? Une servante de la Dame ? Que cherchait-elle ? Pourquoi se manifester à lui ?

Elle n'avait pas totalement disparu, comme si la silhouette l'attendait. Arnaud pressa le pas, faisant fi de toute finesse et de toute discrétion, piétinant le terrain avec une seule pensée en tête. Il devait lui parler. La silhouette s'éloignait, le pèlerin tenta de presser le pas, mais la fatigue de toute cette journée de labeur s'imposa.

Elle avait disparu. Pour de bons cette fois. Le vent froid et l'humidité de la nuit s'imposèrent à Arnaud, l'adrénaline les avait tenu à distance jusqu'à maintenant. Il était seul, et le seul murmure qui demeurait fut le vent dont le débit s'insinuait dans le creux de ses oreilles. Hélas, Arnaud ignorait si le vent tentait de le rassurer, de le conseiller ou de le railler. "Bah, comme si le vent pouvait parler." Pensa le pèlerin, frustré de son incompétence.

Le regard du pèlerin se posa sur le pendentif tombé au sol. Est-ce que... Cela lui appartenait ? Il approcha ses doigts lentement de l'objet, considérant à plusieurs reprises comment toucher cet objet si élégant de peur de le souiller avec ses propres mains. Est-ce une piste ? Un indice ? Arnaud ramassa l'objet en le touchant du bout des doigts et le déposa aussi délicatement que possible au creux de ses mains pour l'observer. Il était magnifique. Il devait le garder en lieu sûr. Ce collier est important. Il en était convaincu. Le pèlerin toucha délicatement du bout de ses doigts le bois élégant du collier, cherchant les formes délicates des fleurs entremêlées. Il ignorait ce qu'il pourrait en déduire, et ses mains rugueuses caressaient le bois pour en chercher un lien quelconque, quelque chose qui pourrait le rattacher à son ancienne propriétaire. Ce n'était pas un hasard.

Cet objet est précieux, et il doit le chérir. Coûte que coûte.

Arnaud enfila le collier pour le garder au plus proche de lui. Renforcé par le contact réconfortant de l'amulette, l'homme rebroussa chemin pour rejoindre le camp des pèlerins. Une fois recroquevillé dans sa couche, Arnaud contempla l'amulette sous toutes ses formes, et sombra finalement au sommeil.

Le lendemain matin, Arnaud avait encore mal aux jambes. Ce moment d'exaltation de la nuit dernière avait éclipsé ses douleurs et ses courbatures, mais bouger lui faisait un mal de chien. Le pèlerin s'extirpa de sa couche et vint assister ses camarades dans l'entretien du camps. Le corps suivait, mais son esprit était ailleurs. Devait-il demander conseil à Jennequin ? C'est lui qui décerne les reliques aux braves et aux méritants. Il pourrait sans doute expertiser le collier qu'il avait ramassé. Et s'il lui confisquait ? Il pourrait prétexter qu'Arnaud n'avait pas une vraie relique, ou pire, tenter de se l'accaparer...

Arnaud se servit un bol de ragoût à la viande. La viande était aussi sèche qu'un morceau de cuir et la sauce du ragoût lui donnait l'impression de boire de l'eau chaude. Le pèlerin fut tiré de ses réflexions par ses compagnons en train de ressasser leurs aventures avec Sire Carron. Toute interaction ou semblant d’interaction avec lui était un honneur, un prestige. C'était sentir sa bénédiction sur leurs épaules misérables. Arnaud posa son bol et chercha dans sa besace une gourde qu'il posa devant lui.


- "Alors... En gros... J'tais de corvée pour faire d'la pitance pour notre groupe. Et là, alors qu'commence à faire un feu pour cuir un porc qu'on avait chassé. Vl'à l'Sieur Carron qui approche. L'grand seigneur il semblait qu'il cherchait quelque chose. Sur une bûche coupée qui nous servait de pose-cul, j'avais laissé ma gourde. Ses yeux acérés comme v'là ceux d'un faucon juge ma gourde et voilà qu'il dit : "Cela fera l'affaire."

Le Sieur Carron, il prend la gourde et là ! Béni soit la Dame. Il boit ! Mais v'là que c'est pas tout ! Il sort ensuite un morceau de soie servant de mouchoir, la plus blanche que j'ai jamais vu. Et il fait couler une partie d'la flotte sur le tissu. J'me suis dit qu'il allait choper la crève s'il voulait s'moucher avec un tissu mouillé. Il posa la gourde et j'le vois partir pour s'asseoir sur une buche nettement plus confortable, j'en veux pour preuve qu'il a posé son cul dessus. J'regarde plus mieux pour comprendre pourquoi il mouille son morceau de soie. Et j'le vois sortir son vache de heaume ! Et il passe le tissu contre son heaume. J'ai jamais vu son casque briller autant, c'était forcément un signe de la Dame... Ou peut-être de ses pouvoirs sainifiques... Non, bénéfiques.

'Faut d'ailleurs que je discute avec Pieu-Perrot et Jennequin pour savoir si on doit rajouter cette gourde au reliquaire...


Arnaud marqua un temps pour chercher dans le camps du regard Perrot et Jennequin. Il rajouta :

D'ailleurs, on a des nouvelles du seigneur Carron ?
Arnaud D'Aquitaine, Voie du Pèlerinage Bretonnien
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"…Tu offriras, à ton preux Seigneur le champart qu'il requiert,
Toujours, tu travailleras, hors les jours saints
Tu ne gardera pour toi et les tiens qu'un dixième des fruits de ton labeur
Et réjouis-toi, car un Chevalier de Bretonnie te protégera…"

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[MJ] Le Naufrageur
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Re: [Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

Message par [MJ] Le Naufrageur »

L’histoire du pèlerin captive ses pairs, la plupart de ceux encore présents ne disent aucun mot, comme si figés par une peur, celle de perturber le conteur. Comme des enfants autour du feu, leurs yeux sont luisants d’une lueur imaginative. Parfois la bouche béante, certains en viennent à se tourner vers une forme rectangulaire, derrière eux. Cachée partiellement dans les ombres, apportées dans la caverne par les nouveaux habitants de celle-ci, se trouve leur petite merveille.

Étant aussi longue qu’un cheval, et aussi haute qu’un enfant, le reliquaire, dans un silence de mort, repose sur le sol. L’altar, est un énorme cercueil de pierre, décoré directement dans son être par des gravures taillées au poinçon et au burin. Son ornementation est sobre, mais néanmoins d’une qualité artistique. Des crânes, des visages de saints passés, ainsi que des dizaines d’héraldiques sacrées du pays sont inscrits dessus. À côté, des poteaux de bois permettent une fois glissé en dessous, de soulever plus facilement la structure. Habituellement, il faut huit individus pour le soulever, une tâche ardue, mais divinement nécessaire. Les plus pessimistes diront que malheureusement, il ne fait que s'alourdir avec le temps.
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C’est un honneur de porter la future tombe du chevalier du Graal, de la protéger, et surtout, de la rendre encore plus consacrée. Une petite voix, douce, légèrement étouffée vient percer le calme. Frère Jennequin, du haut de ses cinq pieds et cinq pouces, s’est levé, avant de secouer légèrement sa bure.

« Mon ami, la bénédiction de la suprême Dame du Lac est offerte telle une coupe pleine à ses champions. Le ruissellement de ce don, tel est notre devoir, de le conserver, en son précieux Reliquae Quietis.

Cette gourde mérite certainement une place à l’intérieur, afin de la rétribuer un peu plus, toujours plus.
»

D’un poli geste de la main, il invite trois braves à déplacer le lourd couvercle sur le flanc. Arnaud ne sait dire si ses yeux l’ont trompé, mais il est certain que pendant une fraction de seconde, il a vu une légère, minuscule même, lueur s’échapper des ombres. Dans le futur cercueil, se trouvent déjà beaucoup d’autres artefacts céans.

En bas, en dessous de ce qui s’apparente à la position des pieds, se trouve des restes de conquêtes, des vaincus. Des cornes, des dents, une main coupée décharnée, un reste d’une plaque métallique complètement éventrée… Ainsi qu’un crâne, celui du premier ennemi que frère Pieux-Perrot à vu tomber aux mains de Sire Caron. Terriblement cornu, aussi large que la tête d’un bovin, se trouve au centre du bas. Il s’agit de la tête décapitée d’un minotaure. Il n’en reste plus que des os et de la moelle.
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Sur les côtés droits et gauches, se trouvent quelques autres reliques. Elles attendent, encore et encore, d'être réunies avec le preux chevalier qui a interagi avec elles.

« Frère Arnaud, la gourde, je te prie. »

Saisissant aussi lentement et tendrement que possible le contenant de cuir, il s’approche. Il la dépose, vers le flanc gauche de la sépulture, il n’aura pas soif dans l’au-delà au moins. Dans un mutisme presque religieux, la pierre de scellement est replacée dans un bruit sourd. Des sons d’approbation viennent surgir, et le forestier reçoit des tapes sur l’épaule de ses camarades. Le chargé des rites tape deux fois dans ses mains avant de s’adresser à lui.

« Ton altruisme est juste et ta dévotion est bonne. Ton don à notre tâche ne sera point oublié. Que la Dame du Lac soit souriante à tes efforts, et à tous ceux qui suivront. Sit benedictus tuus, jeune Arnaud. »

Il lève sa main vers le ciel, bien que celui-ci soit inaccessible. L’instant de joie est passé, et désormais, les pèlerins reprennent leur activité. Enfin, après un petit moment, le plus vétéran des frères est revenu, un sourire à faire peur au mal, pendu sur ses lèvres.

« Un villageois m’a confirmé que notre bon Sire se prépare à quitter le château local. Prenez tout, on y va. »

Obéissant, excité comme des bambins devant la promesse d’une friandise, les soldats de fortunes rangent tout à une vitesse phénoménale. Les sacs sont rangés et pliés, les outils et armes reviennent aux ceintures, et surtout, le reliquaire est préparé sur ses poteaux, attachés par d’épais cordages à ceux-ci. Les plus jeunes et forts des pèlerins du Graal viennent le saisir, et d’un impressionnant effort, le soulève jusqu’à leurs épaules. Ils ne prennent pas le temps de nettoyer, à quoi bon ? Désormais en route, après quelques grincements de douleur suite à la pente, ils sont sur la route. Enfin, devant eux, la place-forte.

Un véritable château, de pierre, de clous, de métal, et d’argile. Sur un îlot écarté du reste des collines, il se tient fièrement, défiant quiconque d’essayer de l’attaquer. Un unique point d’accès, le pont, qui mène à une herse avec ponton. De multiples tours, ainsi qu’un donjon surplombe l’endroit. Des gardes, de véritables hommes-d’armes sont postés un peu partout dessus.
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Beaucoup prendraient le temps de l’observer, de l’étudier mentalement et d’être émerveillé par une construction aussi grandiose. Mais non, presque aucun regard n’est dirigé dessus, comme s’il n’existait pas. Quelque chose de mille fois plus important est ici, et les pèlerins s’en rincent les yeux autant que possibles. Grand, sur un cheval bardé, son armure rutilante, il se tient tel un géant parmi des fourmis. Sa cape bleue, sa jupe rouge et son orle combinant blanc et bleu sont incroyablement beaux. Sa plate et surtout son heaume sont partiellement plaqués de métaux dorés et argentés. Sous son armure, visible notamment par son gorget, il s’y ajoute de la maille comme protection supplémentaire. La monture, une brave bête tout aussi courageuse, enfonce ses sabots ferrés dans la terre. Le champion, son arme à la ceinture, les autres sur la selle de sa jument, regarde vers le nord.
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Il n'accorde aucune importance à la vingtaine de fanatiques aux spasmes presque bavant à quinze pieds de lui. À ses côtés, un homme, large d’épaule et dans une armure de mailles et de tissu, porte un sac sur ses épaules. Un gens-d’armes, lui aussi, peut-être une assistance ? Armé d’une masse et d’un petit bouclier, il adresse la parole au Guerrier de la Dame.

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Celui-ci, toisant de haut le monde autour de lui, tourne la tête, avant de lever la main. D’une voix presque explosive, il annonce.

« En route, les montagnes n’attendront pas, pour sa gloire ! »

Le destrier obéit, et les pèlerins hurlent de joie comme des loups faisant la fête. Ils accourent presque pour suivre Sire Caron de Quenelles. Certains, ceux qui n’ont pas le souffle coupé par l’effort, commencent même à chanter en l’honneur de celui qui mène cette nouvelle quête. Leurs pas provoquent des vibrations dans le sol tant leur ferveur est réveillée.



Les heures passent, le soleil est haut, et ils progressent alors vers le nord. Dans le détour d’une colline boisée, le cavalier et son garde s’arrêtent pour discuter. Les suivants font de même, beaucoup se demandant alors ce qui se dit, sans pouvoir s’approcher. La timidité fanatique, vous comprenez. Il ne faudrait pas déranger son excellence après tout. Certains en profitent pour se rafraîchir en vidant leur gourde, d’autres, en vidant leurs reins.

Un peu plus loin, derrière quelques arbres du côté sénestre de la route, quelque chose attrape l'œil de l’Aquitanois. Une toute petite bâtisse en bois, sans porte, un cabanon en somme. Dedans, un peu de lumière, jaillit, pourtant, il n’entend aucun son venant de là-bas. Un dernier détail le perturbe, il remarque que des morceaux de bois, tous de taille et formes différentes sont étendus devant…

+1 Point de Dévotion à la Dame du Lac. Merci de ton don à son Only Knights.
Test de Mémoire(-4) d' Arnaud : 9, échec. Tant pis, c’était pas important :mrgreen:
Test de Perception(+0) d’Arnaud : 3, réussite large, informations supplémentaires ajoutées.
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Arnaud d’Aquitanie
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Re: [Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

Message par Arnaud d’Aquitanie »

Cette nouvelle offrande au reliquaire du Graal conforta Arnaud quant à sa place dans la compagnie, mais aussi quant au fait qu'il venait de faire un premier pas vers le chemin de sa rédemption. Il ne pouvait toutefois s'empêcher de se sentir mal à l'aise en présence du reliquaire. Porter sur ses épaules la tombe futur d'un chevalier du Graal, il y avait derrière cela quelque chose de macabre. Porter ainsi un cercueil avec tant d'enthousiasme, n'était-ce pas au fond souhaiter la mort du chevalier qu'ils suivaient.

Sire Carron est un véritable héros. Arnaud pense qu'il serait profitable qu'il reste en vie le plus longtemps possible. Les bonnes gens ont besoin de lui, de l'espoir qu'il incarne et de ses talents pour bannir le mal de ces terres. Qu'en pensait-il d'ailleurs ? Le bon seigneur avait toujours gardé ses distances avec son escorte zélée. Par soucis de sympathie sûrement, afin de ne pas les gêner dans leur façon de rendre hommage. Mais s'il venait véritablement à mourir ? Peut-être serait-il plus adéquat de rendre sa dépouille à ses proches ? Il doit bien en avoir. Un homme aussi bon et aussi vertueux ne peut pas se contenter d'être juste un chevalier errant...

Un nouvel homme se joignit à la troupe, un homme assez proche pour parler directement à Sa Sainteté. C'était sans doute quelqu'un de proche, peut-être même de sa famille.

Entre deux chants de pèlerins, cette même curiosité avait contaminé toute la troupe. Toutes les fantaisies s'échangeaient, était-ce son frère ? Le fils d'un seigneur désireux de placer son fils sous la garde du chevalier ? Son propre fils que le chevalier emmenait sur les routes pour le former lui-même ? Pieu-Perrot et Jennequin en savent peut-être plus. Ils sont parmi les premiers à accompagner le chevalier du Graal. Arnaud garda en tête de leur demander plus tard.

Le temps d'une petite pause, le pèlerin remarqua une petite chaumière sinistre et déserte. Cela lui remémora qu'il manquait de bois pour le campement de ce soir. En approchant, il observa les environs autour de la petite chaumière abandonnée. Il y avait du bois un peu partout sur le sol. Comme du bois de chauffage abandonné là. Du petit-bois par-ci, de grandes bûches par là... C'était comme si le propriétaire des lieux s'était volatilisé. Le pèlerin porta une main à son cou chercher le réconfort du médaillon béni qu'il avait trouvé la dernière nuit. Puisse-t-il le protéger du mauvais sort.

Arnaud repris son enquête, désireux de trouver une trace sur le sort de l'ancien ou de l'encore actuel propriétaire de ce cabanon. Il s'aventura à l'intérieur, appelant en frappant contre la porte de la cabane.


- Holà ? Y a quelqu'un ici ?
Arnaud D'Aquitaine, Voie du Pèlerinage Bretonnien
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[MJ] Le Naufrageur
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Re: [Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

Message par [MJ] Le Naufrageur »

Les paroles du jeune homme ne sont répondues que par le silence le plus total. Il désire frapper à la porte, mais elle gît désormais à ses pieds, fracassée en de nombreux morceaux. Une impressionnante puanteur vient attaquer le nez et la gorge du curieux, qui se retient de vomir. Une odeur de pourriture, d’urine, de merde, de peur. Un parfum que le forestier connaît bien, celui de la mort. Devant-lui, une véritable scène de massacre se présente sans s’annoncer, l’inimitable, la véritable horreur. Un homme est pendu au plafond, son sang coulant comme les larmes d’une stalactite, tandis que sur le sol, de nombreux autres. Les tripes à l’air, la chair tuméfiée est couverte pour certains d’asticots, qui remuent, comme le nouveau venu, pour se frayer un plus profond chemin à l’intérieur. Le sol est aussi rouge que si plusieurs bouteilles de vins avaient chuté du ciel, formant des petites flaques. Le feu du domaine est à peine éteint, un léger fumet s’en échappe par la cheminée de pierre grise. Hommes, femme, enfants, tous ont subi une véritable fureur, aussi cruelle que viscérale.
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La plupart des biens ont été dépouillés, surtout les outils et la nourriture. Cependant, quand il regarde deux des cadavres dont les têtes sont encore en bon état, il remarque quelque chose de tellement sadique qu’il en perd le souffle. Les dents, toutes, sans exception, ont été retirées, arrachées au vu du sang qui coule de leurs gencives noires. Les meubles sont pour la plupart encore debout, mais pas intacts. Une forte odeur de pisse émane de ceux-ci. Il examine un peu plus, par instinct et non pas par désir, son corps, lui désire prendre la fuite, courir loin de cette folie sortie tout droit de l’esprit malmené d’un forcené. Les membres, et la position des corps ne le trompe pas, ils ont été torturés, leur bourreau a joué avec eux comme un faucon le ferait avec des souris. Il veut hurler, à l’aide, mais rien n’y fait, sa voix à été emportée par le silence de la mort, le rendant incapable de prononcer le moindre son si ce n’est sa respiration, qui se bloque en hoquet. Sa sueur est si forte et sa tête chauffe tellement qu’il sent son crâne bouillir de l’extérieur. Ses os tremblent tandis que ses forces, sans même avoir combattu, l’abandonnent.

Son esprit est désormais saturé de terreur, et sa vision s’assombrit. La dernière chose qu’il voit, au-dessus de lui, un autre homme, de son âge, habillé comme lui, cloué au plafond par quatre clous dans ses mains et pieds. Il perd conscience, et rentre dans l'abîme. Le temps ne fait plus de sens, l’espace aussi. Il a froid, il fait si noir…

Il entend des pleurs, des cris de joie. Des hurlements, des murmures. Il entend la terre vibrer sous ses pieds, comme lui, elle tremble. Après ce qui lui semble être une éternité, et contre son bon jugement, il ouvre à nouveau les yeux.

Il marche, derrière ses camarades, il voit un peu plus loin le chevalier sur sa monture. Autour de lui, des petites collines portent parfois sur elle un ou deux bosquets. Le sol de terre, et le poids de ses affaires. Il a l’impression d’avoir perdu la tête, il regarde au-dessus de lui, et il remarque que le soleil est désormais bien plus vers l’ouest qu’avant. Des centaines de questions défilent dans son esprit, mais il n’y arrive pas à y répondre, peut-être est-ce mieux ainsi. Les autres frères, eux, discutent de sujets aussi peu intéressants que répétitifs. Rien qui ne sorte de l’ordinaire en somme. Soudain, sans qu’il ne comprenne vraiment pourquoi, ils s’arrêtent, juste devant une autre haute butte de terre. Il entend alors la voix de Pieux-Perrot.

« Bordel, les gars, déposez le reliquaire et venez voir ça. »

Il entend une grande surprise dans la voix du plus vétéran d’entre eux. Comme les autres, il monte un peu la pente, et regarde. Une grande vallée verdoyante, entre deux montagnes aussi hautes que couvertes de cailloux. Cette vallée continue loin, très loin, aussi loin que l’horizon. Il la connaît, tous, sans exception savent ce qui se trouve en avant. La Vallée de la Défense. Cette terre, est le portail qui sépare Orquemont, de la Bretonnie. Car au-delà de son creux, presque aucune vie ne s’y trouve. Quelques pins, égarés, habitent courageusement les flancs des monts tenant le ravin en tenaille. À peine relèves t’ont le regard, que quelque chose de bien plus sinistre salit l’horizon.

Sur une dénivelé plus haut que les autres, à pied de la montagne, se trouve un camp, aussi désordonné que repoussant au regard. Des palissades de troncs taillés et de planches peintes, des huttes en torchis et en terre cuite annoncent la couleur, qui est rouge. Des défenses primitives, des chevaux de frise sont un peu partout, même à l'intérieur pour une obscure raison. Une fosse de combat, et d’autres constructions aussi insensées que laides entourent une hutte bien plus importante. Aussi haut qu’un petit donjon, et aussi large que deux, la place du chef. Des symboles de cornes, de crânes, de piques, de mâchoires et de lames acérées et dentées. Sans même rejoindre Orquemont, ils trouvent déjà les misérables créatures qui lui valent ce nom plus souvent craché que prononcé. Une porte, ou plutôt une unique ouverture vu qu’elle n’en a pas, de porte, sert d’entrée à ce campement. Malgré la distance, ils perçoivent quelques formes, certaines plus grosses que d’autres, qui s’y baladent. Cependant, elles sont bien moins nombreuses que ce qui paraît logique pour une place-forte pareille.
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« Je pense deviner la suite, mais je voudrais pas trop m’avancer sur la chose. Probablement que la plupart n’y sont pas, mais en train de tuer, cramer et piller un village ou un hameau plus loin… »

Le pèlerin continue de parler, puis, il prononce des ordres, qui s’adressent pour chaque autre de ses camarades individuellement. Enfin, vient le tour d’Arnaud d’Aquitanie.

« Alors, toi je sais pas. Ça va chier, je te préviens, mais, tu peux faire un peu de tout. Vu tes armes, tu peux nous rejoindre dans le gros de la mêlée, comme servir de tirailleur. Ou sinon, si tu te sens très courageux… servir de rabatteur. Tu tires sur les plus faibles et affaiblis qui essayent de se barrer pour en finir avec eux. Toi qui vois, mais moi je vais être occupé à gérer le tout dans le tas. »
Test d’INT(+0) de Arnaud : 8, réussite, informations supplémentaires
Test de VOL(+0) de Arnaud : 20, échec critique.
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Arnaud d’Aquitanie
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Re: [Arnaud d'Aquitanie] Entre le Marteau et l'Enclume

Message par Arnaud d’Aquitanie »

Le coeur du pèlerin se serra. À chaque vision d'horreur, le modeste forestier détournait le regard, mais à chaque fuite de son regard, une nouvelle mise en scène macabre l'attendait. Les sueurs froides s'enchaînèrent. Il aurait voulu murmurer quelques psaumes que lui avait appris son frère aîné Régil. Mais sa voix luttait vainement contre sa gorge crispée de terreur. Et s'ils étaient encore là ? Et s'ils se cachaient encore, dissimulés dans les ombres et les angles morts de son regard ? Le pèlerin porta une main à sa bouche, mais il était déjà trop tard. L'homme éructa l'entièreté de sa maigre pitance. Le vomi du pèlerin paraissait bien propre à côté du carnage exécuté par les barbares sanguinaires.

Qui avait bien pu faire ça ? Quel genre de monstres pouvait arracher l’entièreté des dents de ces gens ? L'expression déformée des cadavres sans dentition les rendait d'autant plus glaçants. Le pèlerin sombra dans l’inconscience quelques instants, à moins que ce soit quelques minutes ? Quelques heures ? Le temps était flou, tout comme la vision du pèlerin contraint de reprendre la marche avec sa troupe.

Quand le pèlerin clignait des yeux, il revoyait l'expression du cadavre cloué au plafond, ses yeux vides le transperçant comme une lance d'arçon lancée à toute vitesse par le plus vif des destriers de bataille.

Instinctivement, le pèlerin venait plonger sa main dans les fentes de son gambison pour atteindre le pendentif ô combien précieux. Il parcourait l'ensemble de ses formes de ses doigts bourru, cherchant le réconfort.


«De la maladie, de la mort et de la guerre,
Ma Dame, délivre-nous.»


Répétait-il à voix basse sur le trajet de la troupe, espérant pouvoir oublier les atrocités dont il fut témoin.

Mais lorsqu'il contempla l'horizon. Il comprit. Et le pèlerin resserra sa prise sur son pendentif.

Des peaux-vertes.

Les images des corps disloqués se bousculaient dans son esprit, maintenant conscient de l'identité des tueurs barbares et sanguinaires à l'origine de ce massacre. Une peur profonde s'éveilla en lui. Une peur qui remuait dans son ventre comme un serpent insidieux. L'idée émergea.

Il allait finir comme eux.

Ses mains moites s'accrochèrent à la prise de son arc long comme s'il était son dernier point d'ancrage sur cette terre prête à se dérober sous ses pieds.

Arnaud déglutit.

Pieu-Perrot voulait se battre contre ça. Il avait la bonté de lui proposer plusieurs plans d'action. Bien qu'en vérité, son instinct lui hurlait de prendre ses jambes à son cou. De tout abandonner maintenant, tant qu'il le pouvait encore.

Arnaud risqua un regard vers Carron de Quenelles. Son heaume et sa posture ne trahissait aucune peur. Il observait le camp affichant une posture héroïque et un calme frôlant la folie. Arnaud s'interrogea. Comment pouvait-il rester ainsi de marbre après avoir vu ce dont ces barbares peaux-vertes étaient capables ? Il serra les dents. Comment ? Comment pouvait-il juste risquer sa vie comme ça et ne pas montrer le moindre signe de peur, de panique, ou de considération pour sa propre vie ? Ce n'est définitivement pas normal !

Et ce n'était qu'une maigre garnison, le gros des orques n'était même pas là. Pas encore !

Que faire... QUE FAIRE ? Pieu-Perrot attend une réponse, et la fuite n'est pas une option. Fuir maintenant, c'était couvrir de honte Sire Carron.

Arnaud souffla longuement, observant la configuration du terrain. Une idée ! N'importe quoi ! N'importe quoi qui puisse lui permettre de ne pas se retrouver face à face avec une de ces abominations verdâtre ! Eureka ! Il avait trouvé un début d'idée.


« Pieu Perrot, le terrain est montagneux et escarpé... On pourrait peut-être provoquer un éboulement ? Les gros rochers ne manquent pas et la pente est aussi en notre faveur, et avec un bon appât et une bonne coordination, on peut surement éliminer plusieurs monstres d'un coup... Ce serait plus sûr... plutôt qu'd'charger comme des vaches de minotaures... »
Arnaud D'Aquitaine, Voie du Pèlerinage Bretonnien
Profil: For 9 | End 9 | Hab 9 | Cha 9 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 8 | Mag 0 | NA 1 | PV 65/65
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_arnaud_d_aquitaine

"…Tu offriras, à ton preux Seigneur le champart qu'il requiert,
Toujours, tu travailleras, hors les jours saints
Tu ne gardera pour toi et les tiens qu'un dixième des fruits de ton labeur
Et réjouis-toi, car un Chevalier de Bretonnie te protégera…"

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