[Éloi] Reproduction

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le vieux sire Neville évoquait pas mal de ces chevaliers-ermites des contes ; calme, doux, courtois, il écoutait Éloi sans l’interrompre, sans renchérir, sans s’opposer à ses propos — il était rare que des nobles traitent ainsi le Shalléen, avec de tels égards. C’était un homme parfaitement différent au combat : dur et violent, il hurlait et rageait, alors qu’il manipulait adroitement son épée. Mais là, assis, il montrait un véritable désir de comprendre ses adversaires.
Dans un autre contexte, on aurait pu l’accuser de montrer de l’empathie envers les ennemis du roi.

« J’ai étouffé beaucoup d’âmes dans ma vie, et pas toujours des malfaisantes.
Le plus important, je crois, c’est de ne jamais ressentir de haine envers ceux qu’on affronte. La haine c’est un poison étrange, qui fait autant de mal à la personne qui le boit, qu’à son contenant. »

Il semblait parler d’expérience.




De tous les membres du groupe, Rosaline était de loin la plus curieuse. Qui avait eu l’idée d’amener une jeune fille infirme dans une escouade qui traquaient les pires monstres de Bretonnie ? Elle avait le visage d’une enfant, une taille fine, et surtout, toujours un bandeau autour des yeux. Dans son coin, dans sa bulle, elle parlait surtout avec la dame Isarn, et rarement aux autres membres du groupe ; en même temps, eux aussi la laissaient plutôt tranquille. Les damoiselles étaient aussi craintes que respecter, et une damoiselle avec une telle forme offrait encore moins d’invitation à aller la déranger…

Pourtant, Aénor n’avait pas hésité à venir auprès d’elle. Et maintenant, Éloi était un peu forcé de s’approcher, alors qu’il voyait la gamine faire avec le poignard.
Elle tenait cette arme abominable entre ses doigts nus. Elle les glissait le long de la fusée, de l’acier, sans craindre d’être touchée en retour. Elle essayait de voir avec ses phalanges, déceler des indices… Elle sursauta un peu quand Éloi parla soudain, mais elle répondit bien vite à sa question avec une petite voix frêle.

« Une présence. Oui. Quelque chose est enfermé là-dedans… Une créature. Consciente, mais pas pensante. Comme un animal. Attachant. Doux. Aimant. »

Un doux sourire se dessina sur ses lèvres.

« C’est comme un… Un, un chiot. Trop aimant, et enthousiaste. Une arme pleine d’amour. Le chiot veut mordre, mais pour jouer.
C’est une arme dangereuse, infectieuse. Et vivante. »

Aénor grogna.

« Artefact noir.
On ne peut pas le laisser ici, ni le détruire. Pas le choix, on va devoir l’emporter avec nous.

– Nous avons des bocaux et des vases bénis et remplis de sel spécialement pour ça. Je vous déconseille de porter cette arme si vous ne savez pas ce que vous faites. Elle est très… Attachante. »

Elle leva le couteau, et le laissa tomber ; la lame se planta parfaitement à la verticale dans le sol. La semi-Norse s’éloigna alors, pour aller fouiller à l’arrière d’une charrette garée un peu plus loin.
La rue dehors était illuminée de braseros, et quelques âmes erraient encore — soldats, prêtresses de Shallya et oblats de Mórr, qui allaient et venaient, sous les yeux de magistrats en train de poser des questions à sire Hardouin.

Soudain seule, Rosaline regarda Éloi (Enfin, tourna la tête dans sa direction), et lui demanda :

« Peux-tu me passer du vinaigre sur mes mains ? Il y en a là. »

Elle pointa des gourdes.

« Celle du milieu. »

Et en effet, alors que les autres étaient remplies d’eau, elle avait deviné la bonne. Probablement par sorcellerie ; quelque chose d’étrange entourait Rosaline, une jolie aura de couleur d’ambre, qui la faisait ressembler à… Un renard. C’était bizarre, mais c’était la première chose à laquelle Éloi avait pensé, que les cheveux roux de la jeune fille évoquaient la queue rousse du goupil, et son nez un peu long un museau.

Et alors qu’Éloi désinfectait soigneusement ses mains avec son talent de guérisseur, Rosaline discuta avec sa même petite voix douce.

« Je suis tellement désolée pour la prêtresse… S’est-elle éteinte dans tes mains ?
C’est écœurant. Crois-tu que tu trouveras le sommeil cette nuit, ou est-ce que cela sera difficile ? »
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Les mots de Rosaline sont pensifs, rêveurs, en décalage avec mon ton soucieux. La légèreté de son propos m’étonne, considérant les observations qu’elle rapporte, examinant l’arme à tâtons, du bout des doigts. J’oscille en mon for intérieur entre inquiétude et curiosité, craignant qu’elle ne se blesse tout en souhaitant, quelque part, qu’elle poursuive son inspection. Ne sachant trop à quel sentiment donner l’ascendant, dans le doute, je l’écoute. Je me sens bizarrement serein en sa présence, fasciné par l’aura d’ambre miroitant autour de la jeune damoiselle du Graal. La sensation est similaire aux prémices de l’ivresse : j’ai une idée en tête, mais ne parvient pas à la formuler, un peu déphasé.


La demande de Rosaline interrompt ce moment d’absence. Aénor s’est éloignée, nous laissant tous deux sur les marches du théâtre. Dévisageant mon interlocutrice en retour, j’accuse un instant de stupéfaction, peinant à m’extraire de ma songerie. Ce n’est que lorsqu’elle désigne du doigt une gourde spécifique, au milieu de plusieurs autres, que je m’exécute, surpris de la précision surnaturelle dont fait preuve la jeune aveugle.

« Ou… oui. Je te demande un instant, j’ai les mains sales. »

Je grimace imperceptiblement, regrettant cette locution, la jugeant malvenue. Sans rien ajouter, espérant vainement dissimuler mon embarras, je demeure silencieux une minute, occupé à rincer mes mains du sang séché qui les macule. Comme le vinaigre ravive une teinte carmine sur mes paumes, je me retrouve à nouveau, pour un temps, les mains ensanglantées. La gorge serrée, j’inspire profondément pour ne pas flancher, pour masquer les tremblements vacillants de ma respiration. Je dois garder l’émotion par-devers moi, la confier plus tard à Shallya. Comme l’odeur du vinaigre masque la puanteur des fluides, jeter un voile sur ma peine, la délayer encore quelques instants.

Comme j’entreprends de désinfecter les mains de Rosaline, la damoiselle du Graal me pose une question qui me met mal à l’aise. Le sujet est si délicat, si difficile à traiter à ce moment précis, que je ressens une forme de rancœur, que je sais mal placée, envers la jeune aveugle. Malgré moi, mes doigts tremblent au contact de ses mains fines, trahissant mon malaise comme je lève un regard interdit vers le bandeau jeté devant ses yeux. Se moque-t-elle de moi, ou suis-je susceptible ? Toujours est-il que je rétorque bien vite -un peu trop vite- d’un ton plus acide que souhaité.

« Non. »

Et de m’empresser de corriger, d’un ton plus doux, sans toutefois pouvoir vraiment masquer ma crispation :

« Je ne pense pas trouver le sommeil, non. Si j’avais été plus endurci, je suis convaincu que j’aurais pu la sauver.
Si je m’en étais remis à Shallya plutôt que d’essayer de lui prodiguer des soins d’urgence, peut-être que… »


Un soupir, et je reporte le regard sur mes mains, les retirant doucement des siennes.

« Perdre quelqu’un, comme ça, entre ses mains… Je ne sais pas si tu vois ce que ça fait. Ça déchire quelque chose en ton for intérieur. Ça te donne envie de mourir.
Mes sœurs sont ma seule famille. Je ne peux pas… tu vois… accepter qu’elle soit morte en vain. »



Sur ces mots, mon regard tombe sur le poignard impie, resté figé lame en terre, là, juste à côté de nous. Sous le regard des têtes de mort de sa garde, qui me toisent de leurs orbites vides, je me souviens des mots d’Aénor, tout à l’heure, dans le théâtre, puis des déclarations de Rosaline un peu plus tôt. Est-ce là tout ce qu’il y a à tirer de cette prise ? Va-t-on l’enterrer, l’enfouir dans un vase de sel et attendre que le guet retrouve trace du prétendu Coësre ?

Je décide d’en avoir le cœur net. Saisissant d’une main le linge tombé au sol avec lequel Aénor avait transporté l’arme, j’entoure la lame de textile avant de la retirer du sol, et de finir de l’empaqueter. Je la manipule et l’emmaillote avec soin, me remémorant ma rencontre avec l’ignoble Furug’ath, à peine un an plus tôt. Si cette lame recèle quelque chose en lien avec le démon, même moins transcendante que l’entité millénaire, je veux juger de mes propres sens. Doucement, je caresse la garde de l’arme impie.

Une rancœur glaciale couve en mon for intérieur, foyer d’un irrationnel souhait de confronter notre ennemi. Par dépit. Pour ne pas en rester là. Comme pour se prouver que l’on vaut quelque chose.

Peut-être, aussi, par quelque inavouable curiosité.
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La damoiselle du Graal se laissait faire, elle permettait à Éloi de toucher ses mains sans réagir — son rang pourtant ne laissait pas deviner une familiarité fraternelle, elle n’était pas une simple camarade du jeune homme, elle avait cette aura, et cet office de sorcière-prêtresse si particulier qui la rendait un poil intimidante, à moins que ce n’était que parce qu’elle était une belle fille de son âge.
Elle écoutait, en tout cas. Sans regarder Éloi droit dans les yeux (Comme l’aurait-elle pu, avec le linge autour de son front ?), mais en hochant pourtant de la tête à chacune de ses paroles. Et alors que le garçon finissait son explication, elle répondit avec une jolie voix pourtant solennelle :

« Alors empare-toi de haine et de colère, fais-en ton armure et ta lame. Notre ennemi s’attaque aux miséreux et aux innocents, ils ont besoin d’un glaive pour les garder. Nous n’avons pas pu sauver ta prêtresse, mais faisons en sorte qu’aucune autre ne périsse par leurs actions. Nous les tuerons tous. »

Jamais Éloi n’avait entendu des menaces de meurtre dites aussi lyriquement. Ça en était flippant.



Le prêtre s’intéressa au poignard. La lame qui avait failli poignarder son collègue était une jolie dague, on reconnaissait là l’ouvrage d’un forgeron exercé, mais alors que la dague était jolie, le métal composant la lame était rouillé et fendillée. Le matériau de la garde n’était pas commun — son acier était bien trop noir, probablement un alliage fort coûteux, le genre d’arme faite pour un prince, entre les mains d’un moins que rien. L’enquête portant sur le Suppôt n’avait pas permis d’identifier un noble ou un riche marchand — il n’était a priori personne, encore que l’oblat ne participait pas à son interrogatoire. Comment avait-il pu s’emparer de tel armement ?
En tout cas, l’acier suintait toujours. Il perlait toujours d’une espèce de liquide gluant, collant, comme du gras… Le Shalléen ne résista pas à la tentation de glisser sa main dessus. Le fer était coupant, et c’est seulement en passant dessus lentement qu’il évita une entaille.

Éloi ne ressentit… Rien. Rien. C’était un couteau. À quoi devait-il s’attendre ? A priori, rien de plus. Pourtant, il ne savait pas pourquoi, mais il sentait une horrible déception. Une boule se formait dans son ventre, et au fond de sa gorge, comme s’il avait attendu plus…
Il regarda bêtement son doigt. Le bout de l’index était tout noir. Le liquide ressemblait vraiment à de l’encre, mais visqueuse. En revanche, c’était trop liquide pour être de la poix. Qu’est-ce que c’était ?

Éloi regarda l’aveugle. Elle ne pouvait pas le voir, si ?

Une envie le brûlait intérieurement. Machinalement, comme si c’était au-dessus de ses forces, Éloi porta le doigt à sa bouche, et il lécha…

Cela avait un goût d’iode. Comme du bon poisson, comme des huîtres ou des bouchots d’Orléac — l’avantage de vivre sur la côte, on avait toujours du délicieux poisson ramené avec la marée. Le goût était bizarrement rassurant, ça avait la sensation d’une madeleine mangée par un écrivain, ça le ramenait à sa jeunesse. L’oblat se mit presque à désirer lécher toute la lame rouillée d’une traite…

Mais Aénor réapparut, avec un vase en verre. Immédiatement, Éloi referma le linge sur la dague, la plaça au fond de ce bocal rempli de cristaux de sel, et on put refermer et contenir l’artefact.

Le cœur du jeune homme battait à toute vitesse, il suait, comme si on avait presque faillit le découvrir alors qu’il commettait un grave péché. Mais ni la grande semi-norse, ni la petite semi-chamane ne semblèrent le regarder bizarrement, alors, ça ne devait être que dans sa tête…

« Quelle putain de soirée…
Je retourne à l’auberge, j’ai besoin d’un putain de bain et d’un lit. Je pense que ça te ferait du bien à toi aussi, Éloi ?
Enfin, pas avec moi le bain, avant que tu ne proposes. »

Et elle fit un grand sourire carnassier assez équivoque.
Jet d’habilité : 8, réussite
Jet de résistance mentale (+6) : 19, échec automatique. Éloi ne peut pas s’empêcher de lécher le liquide qu’il y a sur la lame…
Jet caché.


Je te laisse faire une dernière chose avant de partir (Par exemple retourner sur la scène de crime, aller discuter avec un de tes collègues, éventuellement observer l’interrogatoire du Suppôt…), puis tu peux aller à l’auberge, prier, manger, te laver — bref, quartier libre, jusqu’au moment où tu vas faire dodo. Hésite pas à me contacter par MP si tu as besoin de dialogues ou que j’écrive plus pour ta réponse, ou alors t’énonces juste ton intention et je traiterai dans ma réponse ; toujours est-il que, tu peux faire une action et terminer ta rép par « je dodo maintenant » et je suivrai :orque:
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Je ne sais pas ce qui m’a pris. Mu par la peine et le dépit, je me souviens avoir effleuré la garde, puis la lame de l’arme impie. Ne lui trouvant rien d’extraordinaire, en net contraste avec les déclarations de la damoiselle du Graal, j’ai senti poindre un soupçon de déception en mon for intérieur. Et puis, une perle de liquide noirâtre a retenu mon attention, suintant paresseusement depuis la pointe du poignard. Machinalement, sans trop y penser, je l’ai touchée du bout du doigt, lui trouvant l’aspect d’une encre quelconque, quoique de consistance plus épaisse, plus visqueuse. Intrigué, j’ai ramené mon index maculé devant mon visage, peinant à examiner l’échantillon dans l’obscurité ambiante. Vu de plus près, on aurait vraiment dit une goutte d’encre -ou de sang- dénué d’odeur, refusant de se disperser et de disparaître. Fasciné bien malgré moi par l’équilibre précaire de la perle de liquide, je me suis encore approché de l’objet de ma curiosité, jetant un regard en coin vers Rosaline pour m’assurer de ne pas être épié. Et, du bout de la langue, j’ai léché mon index.

Prenant immédiatement conscience de la folle audace de mon geste, je me fige dans mon mouvement, assailli par une vague de surprise et de honte. Mais le mal est fait ; et il a le goût iodé de la marée. Confus, le sang glacé, j’ai la certitude d’avoir commis un geste dangereux, tout en éprouvant dans le même temps une rassurante sensation de familiarité, comme après avoir inspiré à plein poumons l’air des embruns marins. L’instant m’évoque spontanément des souvenirs d’années plus insouciantes, passées sur les quais du port d’Orléac, à guetter le retour des pêcheurs. Au fond de moi, j’ai toutefois les entrailles nouées, tordues par une inquiétude dévorante qui déjà me ronge. Mon cœur bat la chamade, en proie à une vive émotion. Ce n’est pourtant qu’une innocente saveur, un arrière-goût métallique, sur le seul bout de ma langue.

Laissant l’arme dans le bocal aux soins d’Aénor et Rosaline, je m’éloigne à grands pas en direction de l’auberge, m’efforçant bien vainement de ne pas paniquer. J’ai l’impression irrationnelle d’être scruté dans mes déplacements, par les deux femmes dans mon dos ; par les ombres rampantes des bâtiments à chaque coin de rue ; par les cieux austères, témoins de mes péchés. Ni mes compagnons, ni l’obscurité léchant les murs aveugles, ni la nuit noire ne témoignent pourtant la moindre agitation : le calme est retombé sur le bourg de Vingtiennes. Nul n’a pu surprendre mon geste insensé, n’est-ce pas ? Alors, d’où me vient cette vive inquiétude qui m’étreint ?

La moiteur de ma sueur glace déjà mes tempes et ma nuque lorsque je pousse la porte de l’auberge au sein de laquelle la compagnie m’a alloué une petite chambre. Pénétrant dans le bâtiment en frémissant, je rase les murs de la salle commune du rez-de-chaussée, passant successivement dans un couloir, puis un étroit escalier, avant de gagner l’étage aménagé sous les combles. Parvenu au petit galetas, mes doigts gourds tremblent au moment de refermer à clef la porte derrière moi. Agité, je me tapis contre un mur fortement incliné, et risque un regard dérobé par la petite fenêtre, lorgnant nerveusement sur la grande rue déserte. Ôtant prestement mon manteau d’emprunt, je me laisse choir au sol, et, allongé là, cherche à apaiser ma respiration en vue de prier et confier mes peines à la Colombe. Las ! Mon esprit est en une telle effervescence que je peine à me départir de mon sentiment lancinant de culpabilité. Alors, éreinté, éprouvé par cette soirée, accablé par le sentiment d’échec à sauver l’une de mes sœurs, je me hisse jusqu’à ma couche. J’ai les yeux secs, et les paupières lourdes, comme je contemple fixement les poutres du plafond. Bientôt, le sommeil me saisit, me dérobant à mon chagrin trop longtemps refoulé.
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La question de Rosaline, quand elle se demanda si Éloi parviendrait à trouver le sommeil, fut tout à fait légitime — la nuit du jeune oblat fut beaucoup trop courte. Les idées pleines de colère et de regrets, il ne parvint qu’à sombrer dans une semi-insconscience agitée par le moindre bruit des voisins, un raclement de chaise d’une chambre d’à côté ou un aboiement de chien dans la rue. La mort de la prêtresse était un sentiment encore trop frais, et le jeune homme dût se réveiller deux fois pour essayer de tranquilliser son esprit, en allant boire un verre d’eau ou en profitant de l’air de dehors. En contrebas, dans la rue, il vit d’ailleurs Guido rentré de l’interrogatoire du Suppôt, en train de fumer la pipe en tapant nerveusement du pied. Visiblement, frère Éloi n’était pas le seul à passer une très mauvaise nuit.


Le lendemain matin, frère Éloi se réveilla aux récentes aurores, avec le cri de coqs. Il alla trouver une coupole pleine d’eau croupie pour se dégraisser le visage et les aisselles, puis attrapa des vêtements neufs de voyage, en laissant derrière lui le linge maculé de sang pour être récupéré par les laquais au service de la Task Force qui étaient attachés à la compagnie — l’intendance suivait toujours, on s’habituait maintenant à toujours avoir des provisions sans faire de détour pour aller les récupérer.
Quittant sa chambre avec de grosses bottes d’équitation qui avaient à présent remplacé ses sandales, il descendit jusqu’à la salle à manger de l’auberge, où plusieurs de ses compagnons qui avaient aussi peu sommeillé que lui étaient en train de grignoter un déjeuner préparé par la femme de l’aubergiste : Le vieux Neville, Hannes l’Impérial, le fidèle Guido, Nathanaèle, et la semi-Norse Aénor. C’est Hannes qui se leva pour aller chercher une chaise pour son camarade, et en un instant, le Shalléen se retrouva attablé avec un mug de café fumant et un plat de viennoiseries chaudes sous le museau.

« L’un de vous a vu Gall ? Il est pas rentré hier. »

C’est Guido qui parla, tout en se frottant ses yeux secs et entourés de cernes.

« Le docteur ? Hmpf… il a dû passer la nuit à autopsier. Il doit être avec Vallorbe en ce moment-même, imagina Neville.
– J’espère qu’il en obtiendra des renseignements utiles. Au minimum sur la peste qu’utilise le Grand Coësre.
Si c’est le Grand Coësre, rappela Nathanaèle.
– Une pourriture dans tous les cas, grogna Aénor. Quand est-ce qu’on part ?! Elle a dû profiter de la nuit pour avoir une longueur d’avance ! »

Aucune autre conversation aujourd’hui tournerait autour d’autre chose que l’ennemi qu’ils affrontaient. Un sale goût devait traîner dans les gueules de toute l’équipe — celui de l’échec. Ils pouvaient bien relativiser, être fiers d’avoir mis fin aux agissements d’une secte, ils avaient perdu l’otage et la vraie coupable qui se tenait derrière eux. Pire que tout, s’ils avaient l’espoir, même infime, de mettre la main sur le grand sorcier qui était responsable des dizaines d’épidémies qui étaient en train de faucher le Vieux Monde, il fallait tout de suite se ruer en avant afin de mettre fin à ses agissements, qu’importe le prix.

Et alors qu’ils discutaient assez informellement d’un plan ou d’une manière d’agir, la porte d’entrée de l’auberge s’ouvrit. Sire de Vallorbe, leur supérieur, entra, et aussi, tous les attablés se dressèrent debout en signe de respect. Le grand chevalier leva la main, et avec une voix pressée et visiblement en colère, il se contenta d’aboyer :

« Préparez vos paquetages, je vous veux devant le beffroi dans vingt minutes ! »

Et sans un mot de plus, il alla d’un pas pressé dans les escaliers pour aller trouver sa chambre à lui et donner l’exemple. Alors, les attablés brûlèrent leurs œsophages en terminant cul-sec leurs cafés bouillants, et remplirent leurs gueules de pains aux raisins. Retournant dans leurs chambres d’hôtel, ils allèrent chacun trouver leurs effets personnels et leurs objets utiles — Éloi ramassa ses bandages, ses fioles, sa matraque avec laquelle les frères du Glaive Brisé l’avaient appris à combattre, sa sacoche et ses deux gourdes, une pleine d’eau et l’autre d’alcool fort pour désinfecter, et tous ses souvenirs d’Orléac et barda plus-ou-moins utile. Revenant dans le couloir, il fut dépassé par une Aénor toute armée, puis un Neville le casque à la main. Sans trop de paroles, les agents de la Task Force sortirent dehors et se mirent soudain en route, pour aller vers le lieu de rendez-vous désigné.

Le beffroi municipal de Vingtiennes tenait debout pas trop loin, en plein sur la grande-place. D’ordinaire, c’était là que devaient avoir lieu le marché hebdomadaire, ou les cérémonies pour les fêtes. Aujourd’hui, on aurait dit un champ de guerre — des dizaines de chevaux étaient en train d’être sellés et équipés, tandis que des hommes d’armes à moitié éveillés se tenaient prêts tout autour. Ils ne ressemblaient pas à une grosse troupe aguerrie : ils étaient des bourgeois grassouillets ou maigrichons ayant récupéré leurs arcs et leurs lames pas assez aiguisées comme la loi leur obligeait de garder, afin d’assurer la défense de la ville.
Plus costaud, tout en armure de chevalier, le seigneur de Vingtiennes se tenait debout sur les marches du beffroi, avec à sa droite son bailli en maille, et d’autres hommes d’armes de sa suite personnelle. Alors qu’Éloi et la Task Force s’approchaient, ils pouvaient entendre que le-dit seigneur était en train de parler à ses troupes en criant pour bien se faire entendre :

« …Maîtres Dupont, Dupuit et Bigleux, vous agirez comme chefs d’équipe ! Prenez chacun dix hommes avec vous et soyez tous montés, à cheval ou à mulet ! Réquisitionnez des provisions et des couchages pour la semaine, car aucun d’entre vous ne rentre à Vingtiennes avant huit jours !
Maîtres Gérard et Sacoche, vous mobiliserez chacun votre voisinage pour organiser une battue, sous les ordres de mon bailli et de la prêtresse Jocelyne !
Je laisse maintenant parler sire Hardouin Vallorbe, commandant de la traque sur ordre du roi ! Écoutez-le avec la plus grande attention ! »


Le reste de la Task Force était déjà là, y compris l’étrange docteur Gall, qui visiblement avait bien peu dormi, à voir comment il était adossé à un pan de mur, à regarder dans le vide. Mais il n’y avait aucun absent, et tous restaient dans l’ombre de leur capitaine qui s’avançait pour prendre la place du sire de Vingtiennes.
Avec un ton clair, précis, droit au but, il vomit d’un coup toutes les informations utiles, avec un calme alcyonien, comme à son habitude.

« Tard dans la nuit, comme vous le savez maintenant tous, ma compagnie est parvenue à saisir un groupuscule de serviteurs des Dieux Noirs au sein de votre ville ! Mais une sectatrice de ce groupe est parvenue à s’enfuir, en utilisant un sortilège qui lui a permis de se soustraire à sa punition !
La personne que nous traquons est une femme, la trentaine, taille moyenne, aux cheveux noirs coupés très court, et aux yeux rouges — maquillée de blanc, vêtue d’une robe noire, elle possède un anneau aux narines ! Elle a probablement pu se changer, mais elle est blessée, apparemment seule, et donc suspecte si elle se déplace dans un village ou un lieu établi !
Mes hommes et moi-même vont exploiter une piste, une planque possible que nous avons repéré sur le chemin qui mène à l’Empire — vous-mêmes devrez faire le tour des forêts et des montagnes environnante, en allant fouiller dans tous les endroits où elle pourrait se cacher : des grottes, des huttes, des anciens repaires de chasseurs… N’hésitez pas à poser des questions aux forestiers, et à fouiller chaque endroit où elle pourrait avoir passé la nuit ! Son chemin de fuite est vers l’est, mais nous pensons qu’elle est toujours dans la région, étant donné la gravité de ses blessures !
Elle a peut-être des complices qu’elle a pu retrouver, même si elle était seule quand elle s’est enfuie !
Si vous repérez une personne suspecte, n’essayez pas de l’appréhender vous-même : elle est armée et dangereuse, et capable de terribles ensorcellements ! Contentez-vous de rester à l’écart et de la suivre, et n’intervenez que si d’autres personnes sont en danger — envoyez plutôt quelqu’un de votre groupe nous trouver, afin que nous puissions nous rediriger vers vous !
Les autres seigneurs de la région vont être petit à petit prévenus et participeront à la recherche — cela augmentera considérablement nos effectifs, mais ne vous reposez pas sur vos lauriers pour autant ! La personne que nous traquons pourrait se mêler à la population, et fuir discrètement en passant entre les mailles du filet !
Si vous découvrez un indice, n’essayez pas de l’emporter avec vous ! Gardez un croquis de votre chemin, et notez les lieux d’intérêt, afin que nous puissions revenir en arrière et enquêter dessus si une piste devenait froide !
Si vos investigations vous mènent à la frontière avec la Marche-Franche, n’hésitez pas à traverser la frontière avec le pays voisin ! Je me chargerai moi-même d’expliquer la situation avec les édiles de Frugelhoffen, si cela est nécessaire ! »


Le Territoire-Franc de Frugelhorn, un État-tampon créé de toute pièce entre la Bretonnie et l’Empire, justement pour éviter le genre de tensions qu’impliquait nécessairement le voisinage avec les Sigmarites.

« Le temps n’est pas au profit de la femme que nous traquons ! Soyez prompts et attentifs ! Le sire de Vingtiennes et moi irons dans l’endroit que vous appelez le bois aux Mornes-Aulnes, puis une fois nos recherches terminées, nous remonterons la route d’Agilgar jusqu’à Château-Gaston ! Il sera donc facile pour vous de nous retrouver !
Bonne chasse, messieurs ! »


Le sire Vallorbe s’éloigna alors, et c’est maintenant le simple bailli qui s’avança pour répondre aux questions des bourgeois armés — ils en avaient peu, même s’ils souhaitaient quand même avoir plus d’informations sur les capacités de la sorcière. Avec énormément d’inquiétude, ils demandèrent comment ils risquaient d’être blessés. Le bailli se voulut rassurant, insista lourdement sur le fait qu’elle était blessée, et mortelle, et qu’ils devaient surtout prendre gare à ne pas trop s’approcher d’elle. Mais la nature insaisissable de l’ennemi qu’ils affrontaient semblaient les marquer, et malgré toute la hargne et l’assurance de leur chef, ils ne semblaient pas véritablement à l’aise à l’idée d’affronter une servante du Pestilent…

Pendant ce temps, en tout cas, Vallorbe rassembla son équipe, avec sire Vingtiennes dans le dos.

« Le Suppôt a parlé hier, grâce à l’interrogatoire de sire Beuves. »

Beuves de Malicorne ne sourit pas à cette affirmation. Le tortionnaire-en-chef se contenta de hocher de la tête.

« En recoupant son témoignage avec les rares indices que nous avons trouvés, nous avons identifié deux lieux où elle aurait pu fuir : une grotte située dans le bois aux Mornes-Aulnes, et un petit village de bûcherons où elle avait apparemment rencontré le Suppôt à quelques occasions.
Nous allons fouiller ces deux lieux avec l’assistance de messire Lucain de Vingtiennes et ses chevaliers. Préparez votre matériel d’enquête, car sitôt l’un prit, nous devrons rapidement le fouiller et obtenir toutes les informations nécessaires.
Nous savons où chercher et nous allons avoir petit à petit un grand nombre d’hommes pour nous aider. Mais contrairement à ce que je viens de dire, le temps joue contre nous — le Grand Coësre semble connaître cette région, même si elle n’est pas native.
Sire Lucain, vous serez notre guide. »
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Lucain de Vingtiennes approuva lui aussi d’un signe de la tête. C’était un petit homme, un peu grassouillet, avec une large cicatrice au visage qui était recouvert par la bombance de ses joues — probablement un vieux guerrier qui avait raccroché son épée depuis longtemps. Mais c’était un local qui devait parfaitement connaître la région, aussi, il serait fort utile. D’un ton assez malhabile, il demanda avec une étrange timidité :

« Si vous avez des questions, n’hésitez pas…
Le bois aux Mornes-Aulnes est un lieu réputé habité par les Fées, c’est une rumeur tenace, mais c’est aussi un lieu où il est certain que des bandits de grand-chemin se reposent — faites donc attention à d’éventuels pièges ou ennemis que sur lesquels nous pourrions tomber. »


Éloi vit la prophétesse Isarn avoir, une fraction de secondes, un petit sourire en coin. Comme si elle savait quelque chose sur l’endroit où ils allaient…

Jet d’observation d’Éloi : 4, réussite
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Le chant du coq m’éveille, me tirant d’un sommeil fragile. Étendu sur le dos, je fixe un moment le plafond d’un regard absent. Je n’ai guère dormi de la nuit : passé un premier somme aidé par l’épuisement, je n’ai pas arrêté de remuer, agité, sans retrouver mieux qu’une vague somnolence, constamment perturbé par les bruits les plus ordinaires de la vie nocturne. Une première fois, la gorge sèche, hanté par mon geste inconsidéré de la veille, je me traîne hors de ma petite chambre, errant tel une âme en peine dans les couloirs déserts de l’auberge, avant de revenir à mon point de départ. Plus tard, toujours incapable de sommeiller, je m’en vais prendre l’air un moment, broyant du noir à l’extérieur. Adossé à l’un des murs l’auberge, je remarque un peu plus loin la silhouette esseulée de Guido, fumant nerveusement la pipe, mais préfère rentrer, poussé par la fatigue et la réticence à me confier.

Roulant hors de ma couche, je procède mollement à ma toilette avant d’enfiler de nouveaux vêtements, commodément laissés à mon intention dans un coin. Ainsi vêtu et chaussé, laissant derrière moi le change vaguement entassé, je quitte mon étroite chambre sous les combles, parcourant un étroit couloir, descendant l’escalier. Les vieilles marches de bois de l’escalier craquent quelque peu sous mes pas, de même que le plancher comme je m’avance dans la salle commune du rez-de-chaussée. Cinq membres de la compagnie occupent déjà la salle, assis de part et d’autre de la longue table centrale : Aénor, Neville, Hannes, Guido et Nathanaèle. M’approchant d’eux, je n’ai pas le temps de chercher une place du regard que Hannes pousse vers moi un tabouret, et entreprend de me servir comme je prends place en bout de tablée. Adressant un regard reconnaissant à mon prévenant compagnon, je souffle sur le café bouillant, tourne mon attention vers les viennoiseries, et me ravise. Faisant un instant fi des protestations de mon estomac, je me signe, et marmonne à mi-voix une prière de remerciement, tandis qu’autour de moi, la conversation va bon train.

« Benedic, Shallya, nos et haec tua dona, quae de tua largitate sumus sumpturi. »

« L’un de vous a vu Gall ? Il est pas rentré hier. »

S’ensuit une conversation animée à laquelle je ne prends guère part, noyant mes songeries la dégustation de mon petit déjeuner. Un bon nombre de pensées m’habitent, des plus anodines -rien à voir avec les petits déjeuners d’Orléac- à de plus sérieuses considérations concernant les évènements de la veille. Si tous ici ont encore en bouche le goût amer de l’échec, j’ai quant à moi le souvenir de la saveur iodée du poison de la dague sur le bout de ma langue. Je m’attendais à tomber malade, à vomir, même un peu, en proie à de violentes brûlures d’estomac ; au lieu de cela, j’ai certes passé une mauvaise nuit, mais sans conséquence apparente de mon imprudente pulsion.

Tandis que les autres échafaudent stratégies et plans d’actions, je contemple pensivement le fond de ma tasse. Je ne sais que penser de cet entêtant tiraillement que j’éprouve, comme un goût persistant que mes longues lampées de café peinent à estomper. Les échanges de la tablée ne suffisent pas à me distraire de ces arrière-pensées, de sorte que je reste en retrait des échanges, l’air ailleurs, offrant parfois l’ombre triste d’un sourire à ceux de mes compagnons dont je croise fortuitement le regard.

L’ordre de départ de sire Hardouin me tire de mes divagations, et je quitte prestement la table à la suite de mes camarades pour rassembler mes quelques affaires. Quelques minutes plus tard, redescendant de l’étage jusque dans la salle commune, je m’immobilise toutefois au moment de quitter l’auberge. Au terme d’une poignée de secondes d’hésitation, je rebrousse finalement chemin vers la longue table centrale, agrippant une dernière viennoiserie avant de m’en aller pour me rendre au point de rendez-vous.


Peu de temps après le briefing général sur la place du beffroi, notre petite compagnie se regroupe pour prendre le chemin du bois aux Mornes-Aulnes, guidés par Sire Lucain, le seigneur local. Le départ semblant imminent, j’embrasse du regard notre troupe, vérifiant machinalement que nous sommes au complet. Ce-faisant, je ne vois nulle trace de Rosaline, la jeune damoiselle du Graal, et avant d’avoir le temps de m’en inquiéter, remarque également une fugace mimique moqueuse sur le visage de Damoiselle Isarn suite aux déclarations du Sire de Vingtiennes. Intrigué, je m’approche de quelques pas, la saluant et lui adressant une question à mi-voix après avoir capté son regard.

« Vous semblez confiante, Votre Grâce. Savez-vous quelque chose des êtres qui hanteraient ces bois ? Votre pouvoir nous protégera-t-il d’éventuels enchantements des Fées ? »


Juste au dehors de Vingtiennes nous attend Rosaline, juchée sur son étonnante monture : une licorne. Blanche comme neige, la créature se présente comme un magnifique destrier, que la damoiselle monte sans selle ni rênes. Une longue corne droite, aussi claire que l’albâtre, saille de son front. La créature se meut avec une grâce irréelle, mais le plus captivant est le flux de magie qui semble l’entourer, comme attiré par son impeccable blancheur : à mes yeux, c’est comme si elle absorbait les rayons du soleil pour mieux briller de mille feux. Ébloui, mais fasciné, je vais à sa rencontre, portant en réflexe une main en visière, tentant vainement de me protéger de l’aveuglement. Arrivé à quelques pas de la jeune aveugle sur son extraordinaire monture, la créature bronche subitement, et je m’immobilise instinctivement. Une ombre d’inquiétude voile le sourire émerveillé qui fendait jusque là mon visage. Hésitant, je fais mine d’avancer un pied, mais me ravise en voyant la créature réagir. Peinant à dissimuler ma perplexité, je suis pris d’une idée, une tenace intuition que je peine à balayer : suis-je menaçant, ou impur, indigne de la présence de cette merveilleuse créature ? Un doute lancinant s’installe, et je me frotte machinalement la langue contre le palais, comme pour effacer le souvenir du goût iodé.

Esquissant un sourire nerveux, je m’adresse à Rosaline, tentant de reprendre contenance par un trait d’esprit :

« Oh… On dirait qu’elle ne m’aime pas trop... »

Comme la jeune aveugle ne répond pas immédiatement, je m’efforce de mettre des mots sur mon émerveillement. En réalité, il s’agit surtout de meubler, pour éloigner mon malaise.

« Elle est majestueuse. C’est incroyable, on dirait qu’elle absorbe la… Quel merveilleux spectacle. »

Et de demander, un peu gêné, après un temps d’hésitation :

« Dis… Tu crois que je peux approcher ? »
Modifié en dernier par Frère Éloi le 22 juil. 2023, 14:32, modifié 1 fois.
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Il était toujours très étrange d’approcher une damoiselle, surtout quand on venait de la roture — en plus des milliers de rumeurs qui circulaient sur elles (La peur d’être changé en grenouille était peut-être un peu puéril, l’idée qu’elles pouvaient pratiquer des sacrifices humains paraissait plus inquiétante encore…), elles savaient faire émaner d’elles un air altier de froideur et de sévérité, quand bien même elles portaient de jolies mises de jeunes femmes de cour. Les premières semaines à côtoyer Isarn avaient été fort compliquées pour Éloi, qui ne pouvait s’empêcher de baisser la tête et les yeux chaque fois qu’elle était près de lui. La proximité forcée par leur travail commun, faisant d’eux des collègues, avait un tout petit peu brisé la glace, et pour une servante du Graal, elle était bizarrement accessible, elle était même capable, chose incroyable, de parfois faire des blagues.
Il n’empêche, elle paraissait quand même bien être une personne à part des autres, sans qu’on sache trop expliquer pourquoi. À la question pourtant simple et directe du jeune homme, Isarn se mit à faire la moue, et elle leva le menton en l’air, avant de répondre par euphémismes :

« Les esprits ne hantent pas, frère moine — ils errent. Aucun esprit n’est malfaisant, ils sont pensants et sensibles, de manière différente, certes, mais similaire à tout ce qui est matériel.
Vous formulez fort mal votre question. Mais sachez que je sais comment apaiser les esprits afin qu’ils ne nous souhaitent pas de tort, si c’est cela qui vous inquiète. »


Elle eut un tout petit rictus qui pourtant vexa très fort Éloi sans qu’il ne sache pourquoi, lui qui n’avait pourtant pas l’habitude d’éprouver un tel sentiment. Les damoiselles semblaient être très fortes pour ça d’ailleurs, agiter les autres.
Malgré tout, elle continua.

« Les Fées ne voyagent pas souvent hors de la Loren, mais elles considèrent que la Bretonnie est leur pays, qui est juste partagé avec nous. Autrefois, toutes nos terres leur appartenaient. Je ne pense pas que nous croiserons des Fées vivantes, en chair et en os, mais nous pourrions bien en voir quelques-unes, en essence et avec leurs os reposés.
Le Grand Coësre est une magicienne, elle doit trouver réconfortant de se camoufler là où est balayé l’immatériel, son choix de cachette n’est pas une coïncidence. Après tout, affronter des envoûteurs est une seconde nature chez moi, ç’en est fort malheureusement routinier. »


Faisant toujours la moue, Isarn partit aussitôt. Il ne fallait pas être vexé — elle ne disait jamais « bonjour » et jamais « au revoir », et pouvait débarquer dans une conversation qui ne la concernait pas pour la prendre en cours, ou bien elle partait en plein milieu alors qu’on venait de lui poser une question. Au départ, Éloi pensait juste qu’elle était une sans-gêne bien hautaine, mais maintenant, il pensait comprendre un peu plus : Isarn ne comprenait simplement pas comment les humains normaux fonctionnaient, peut-être parce qu’elle n’avait pas grandi en société comme les autres. C’était comme voir un enfant abandonné dans la forêt qui aurait été élevé par des loups, quand bien même elle était élégante et maquillée, aucune convention humaine ne la régissait.


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La licorne de Rosaline avait un nom, qu’Éloi avait déjà entendu : Harathoi. Il n’avait aucune idée de ce que ça signifiait, c’était la langue utilisée par le peuple ancien dont on trouvait des ruines partout en Bretonnie, et qui avait fui par-delà le grand océan. Tout comme la damoiselle qui la chevauchait, Harathoi était à part, étrange, insaisissable — et belle, aussi. Si toute sa robe était d’un blanc de marbre, on voyait un noir de jais très profond dans ses yeux, qui lui donnait un air étrangement inquiétant. On aurait bien dit une créature venue d’ailleurs, des dangers des profondeurs de la Loren hantée (Même si Isarn n’aimait pas ce mot), ou de l’infini immatériel.
Mais Rosaline traitait la licorne comme un poney. Elle passait de nombreux moments de loisirs à la brosser, à lui soigner ses sabots (Qui en plus n’étaient pas ferrés), à tisser des nattes dans sa crinière. Elle chouchoutait la bête, avec une aisance et un calme qui faisaient oublier qu’elle était aveugle.

Rosaline ne répondit strictement rien aux propos d’Éloi, qui meublait la conversation seule. Quand le moine demanda s’il pouvait caresser la bête, elle se contenta de hocher un tout petit peu la tête en guise d’approbation. Alors, le Shalléen se hasarda à faire un pas devant l’autre, et leva sa main pour tenter de toucher l’équidé. La licorne leva la tête, d’un air curieux. Elle souffla de l’air de ses nasaux, alors qu’elle le laissait faire. Les doigts du moine touchèrent le côté de sa grande tête — c’était chaud et ça avait un cuir fin, comme tous les autres chevaux, en fait.
Mais alors, la licorne se tourna prestement, approcha sa grande bouche, et croc — ses grandes dents se fermèrent sur les doigts du moine, qui la retira aussitôt et s’éloigna. Ça faisait très mal : ses doigts ne saignaient pas, mais ils étaient fort endoloris, et allaient probablement laisser un moche hématome.
Il y avait quelque chose dans les yeux noirs de la licorne… Ou alors Éloi ne faisait que l’imaginer. Mais une espèce de grande culpabilité pourrait l’envahir.
Rosaline, elle, ne dit rien — elle semblait obnubilée par ses pensées, totalement ailleurs, dans sa bulle, et elle continua de panser sa jolie licorne, en n’écoutant pas ce qui se passait autour d’elle. Ce n’était pas inhabituel, Éloi la voyait souvent faire ainsi, comme si elle retraitait dans un autre monde de temps à autre. Le jeune moine espérait entamer une conversation, obtenir des réponses à des questions qu’il essayait d’imaginer, mais il avait l’impression d’avoir affaire à un fantôme, aussi, malheureusement, il ne put insister.




Il ne fallut pas longtemps pour que la compagnie soit en ordre de marche. Tous les hommes de la Task Force se retrouvèrent cavaliers, avec tout leur barda et équipement sanglé à leurs bêtes — Hardouin chevauchait sur un pégase dont les ailes étaient repliées, tandis que tous les autres avaient des chevaux de bonne qualité, même si de type différents : de lourds destriers pur-sang Bretonnien pour les chevaliers, des montures plus fines et au sang-mêlé pour les autres. Éloi lui-même avait une belle jument achetée pour lui par Sébire de Malicorne, qui lui servait de moyen de transport.
Sous la direction de sire Lucain et de ses chevaliers, ils partirent donc au petit trot, tandis que derrière, les laquais avec les montures de rechange et l’équipement en plus suivraient au pas, pour essayer de les rattraper petit à petit : ils se donnaient rendez-vous vers la cache supposée du Grand Coësre, afin de fondre sur lui en espérant pouvoir l’appréhender chez lui. La prochaine heure serait particulièrement décisive. C’était dans cet attelage secondaire, derrière eux, qu’on avait soigneusement sécurisé et planqué l’artefact volé à celui qu’on appelait le Suppôt. Pas de trace de lui-même proprement dit. Il était maintenant jeté dans le donjon du sire de Vingtiennes, probablement en attendant son exécution. Derrière la Task Force, il y avait toujours des agents du Roy et de la Dame qui suivaient, afin de nettoyer les dégâts qu’ils semaient derrière eux, punir les criminels arrêtés, purger la corruption de ce monde… Des contingences, quand le groupe d’Éloi était là pour intervenir d’urgence et mettre fin immédiatement au mal.
Ce qui faisait demander à Éloi tout ce qui était arrivé à ces nombreux mutants arrêtés à Brionne. Trop souvent, les simples cultistes étaient juste pendus avec leurs maîtres, sans que l’on sache à savoir quelles étaient les raisons pour leurs crimes. Il arrivait parfois que l’on obtienne leur grâce, et qu’on les condamne simplement à être reclus dans des léproseries loin de toute communauté humaine. Mais la loi Bretonnienne n’était pas très clémente envers les serviteurs des Dieux Noirs.



En attendant qu’ils arrivent jusqu’à la planque du Grand Coësre, il y avait donc à caracoler. Joignant Hannes, trottant à ses côtés, le jeune moine se retrouva naturellement en pointe du groupe, même s’ils étaient derrière Lucain et leurs chevaliers. Même s’il n’était pas armé d’autre chose que d’une matraque, le moine tâcha de rester bien aux aguets, aiguisant tous ses sens, même celui qui ne servait pas à voir ou à entendre. Petit à petit, les cavaliers quittèrent le sentier pierreux et la grande haute-plaine autour de Vingtiennes, pour pénétrer dans un sous-bois un peu clairsemé. Ils montaient progressivement jusqu’à un véritable bois, dont les arbres commençaient à devenir de plus en plus feuillus, et où la route s’estompait pour ne laisser qu’une sente battue par des pas de voyageurs, où la profondeur de la forêt commençait à devenir telle que les cavaliers ne pouvaient plus que voyager par deux côtes-à-côtes. Alors qu’il portait son œil au loin à droite, Hannes faisait de même à gauche. L’Impérial se hasarda à un peu faire la conversation avec Éloi :

« J’ai vu que t’as parlé aux damoiselles avant de partir. Elles ont pu te dire des choses utiles ? »

Absolument pas, aussi, la question de Hannes semblait vraiment curieuse, comme s’il avait les mêmes difficultés que lui.

« Je dois te dire — elles me font vraiment flipper. Quand une passe près de moi, j’ai la chair de poule… Je dis pas ça pour être menaçant, mais tu sais, des filles comme ça, il en existe dans l’Empire, sauf qu’elles sont brûlées. »

Qu’entendait-t-il par des filles comme ça ?

Éloi, en tout cas, remarqua quelque chose à sa droite. Tandis que la forêt était une forêt comme les autres, froide mais pleine de vie, et assez inquiétante, il nota un petit symbole gravé sur les arbres : trois traits, et une flèche. Il avait assez vécu à Orléac pour reconnaître ce genre de marque fait pour des illettrés — c’était un symbole de contrebandier. Peut-être qu’on passait par ce chemin pour faire parvenir des denrées depuis Frugelhofen sans passer par les péages Bretonniens. C’était le problème de créer un territoire libre : ça attirait certes les gens avides de liberté, mais aussi les gens avides de ne pas payer d’impôts. Lucain avait raison, il fallait s’attendre à peut-être tomber sur des bandits avant de tomber sur des Fées…

Jet d’intelligence d’Éloi : 15, pas de détails supplémentaires

Jet de charisme pour voir si tu es digne de la licorne (Malus : -6, raisons cachées) : 7, échec. Paf, tu te fais mordre la main.

Jet de sens de la magie : 15, échec. Tu détectes bien un air de « magie » autour de toi, mais peut-être que tu confonds juste ça avec l’odeur du sous-bois.

Jet d’observation : 2, réussite.
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Comme notre petite compagnie s’enfonce dans un sous-bois, la route laisse peu à peu place à un sentier moins large, envahi par une végétation rase. Ne pouvant plus progresser qu’à deux de front sur cette sente sinueuse bordée d’épais buissons, nous nous retrouvons avec Hannes en tête de notre groupe, emboîtant le pas à l’avant-garde du sire de Vingtiennes et de ses chevaliers. Chevauchant côte à côte donc, nous guettons chacun sur notre flanc extérieur, à l’affût d’un quelconque indice, trace de passage ou menace. Scrutant les feuillages, humant l’air forestier, je m’efforce également de rechercher d’éventuelles traces de sorcellerie latente, d’autant qu’aux dires de sire Lucain, ces bois seraient le domaine de Fées. Difficile pourtant de distinguer quoi que ce soit de surnaturel : je ne vois rien d’inhabituel, et seule la senteur boisée de l’écorce, de la mousse et du lichen emplit le sous-bois.

La remarque d’Hannes à l’égard des damoiselles du Graal me laisse un instant perplexe, incertain du sens à donner à ses propos. Qu’est-ce à dire, des filles comme ça ? Le Graal n’existe pourtant qu’en Bretonnie, non ? Et puis, comme je m’apprête à exprimer mon étonnement, me vient l’idée qu’il puisse assimiler les servantes du Graal à des sorcières, dont l’existence même est menacée en Bretonnie du simple fait de l’existence de leurs pouvoirs. Je ne connais pas grand-chose de l’Empire, mais je suppose que les lois n’y sont pas plus favorables à la pratique de la magie. Pour autant, ce sont de bien graves paroles qu’il me confie là, du genre de celles à ne pas répéter hors du cadre très confidentiel de notre échange, couvert par le bruit répété des foulées de nos montures sur le sol forestier.

« Elles sont… étranges, je te le concède. C’est même difficile d’avoir un semblant de conversation avec elles, tant elles aiment parler par énigmes – lorsqu’elles daignent seulement te répondre.

Je partage ton malaise, mais j’essaie de me rappeler que notre compagnie est un assemblage de personnes aux compétences très diverses, et précieuses, fussent-elles étranges. Il faut faire avec.

Tiens, tu as vu le signe, sur le tronc, là ? »


J’éprouve beaucoup d’affection pour Hannes : la présence du pisteur vétéran me rassure, et conforte ma détermination. De tous les membres de la Task Force, c’est de Guido et lui dont je me sens le plus proche : l’épreuve commune de l’assaut de la corruption dans les souterrains de Brionne a forgé entre nous un lien de confiance tacite antérieur à notre intégration dans la compagnie. Ce type d’attache, forgé dans l’adversité, est relativement nouveau pour moi : c’est difficile à décrire – très instinctif, profond, viscéral – à des lieues de liens de loyauté plus conventionnels. Suffit de dire que je leur confierais ma vie, et me sens en retour responsable de la leur.

Sa remarque me préoccupe encore un moment après le terme de notre échange, ravivant des questionnements plus personnels. Son assimilation des damoiselles du Graal aux sorcières condamnées au bûcher, si osée soit-elle, recèle malgré tout un dérangeant fond de pertinence : des dires de Valère de Malicorne, ma propre mère fut une servante du Graal avant de s’adonner à des arts occultes qui lui valurent un lot de persécutions d’ordinaire réservé aux sorcières. Ma curiosité est toujours aussi vive en ce qui concerne les circonstances de cette déchéance, d’autant que ses implications sont éminemment dérangeantes – au-delà de mon seul intérêt personnel – considérant l’incorruptibilité des damoiselles du Graal.

J’ai beau savoir que ces pensées sont dangereuses, elles résonnent d’ailleurs avec d’autres discours concordants, leurs échos entêtants s’agglomérant en un tourbillon d’interrogations qui en reviennent toujours au même point : elles me conduisent immanquablement à repenser à ce qu’il m’a dit, à Brionne, devant la cascade figée. Malgré toutes mes méditations, mes prières, mes pénitences, je ne parviens pas à oublier les paroles de mon ennemi, que rien n’a démenti jusqu’ici. N’ayant aucune certitude me permettant de disqualifier son discours sur ma mère, ni sur le Graal, je veux lui faire échec dans son œuvre nuisible à l’humanité, mais demeure paradoxalement convaincu qu’il m’a dit la vérité. Au fond de moi, j’ai l’irrationnelle intuition que rattraper la sorcière me permettra de le confronter à nouveau, et de mettre fin à cette coupable fascination quant à la nature de notre ennemi.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
Profil : For 9 | End 9 | Hab 8 | Cha 11 | Int 11 | Ini 8 | Att 9 | Par 8 | Tir 8 | Mag 14 | NA 1 | PV 75/75

États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La réponse d’Éloi ne sembla bizarrement pas satisfaire Hannes. L’Impérial tordit ses lèvres dans une sorte de grimace, hocha de la tête, et alors qu’il regarda rapidement le symbole qu’on lui désignait pour changer de sujet, il se permit d’insister — comme s’il voulait entendre quelque chose de la part du moine, mais pas sûr de quoi il s’agissait…

« Dans l’Empire, on raconte que des druïdesses prient encore Rhya, la Terre-Mère, seule et sans son époux, comme si elle était célibataire et que Taal était venu après — et parfois elles honorent aussi des esprits malins, aussi anciens qu’Elle. On parle de choses immorales, de sacrifices, de femmes qui peuvent parler la langue des monstres, et se lier à eux…
Ce que je veux dire, c’est que… Bah… Qu’est-ce qui peut bien se passer dans la Loren, hein ? »


Ce crétin mettait Éloi dans une position carrément inconfortable, et il valait mieux trouver un moyen de le faire taire tout de suite. Il avait quitté le terrain de la petite interrogation pour mettre ses grosses bottes en plein dans l’hérésie. Et il s’amusait à dire ça alors qu’il était cerné par des damoiselles et des chevaliers — certes hors de portée de l’ouïe, mais le sang d’Éloi pouvait bien se glacer à s’imaginer n’importe qui soudain arrêter son cheval et se retourner pour demander au fils d’un prêtre Sigmarite de bien vouloir s’expliquer.

Dans tous les cas, il accepta enfin de revenir à la désignation du symbole gravé sur un arbre, et il approuva d’un hochement de tête.

« Du pipi de chat. Y a bien que sire Lucain pour craindre les bandits. Bien sûr qu’il doit y avoir plein de criminels dans la région — mais aucun assez suicidaire pour attaquer un tas de gendarmes armés lourdement. Certes, y a notre convoi qui suit derrière, plus lent… Mais nos valets sont aussi des valets d’armes, et ça se voit, outre la bannière du Roy qu’ils portent, qui est assez dissuasive, qu’ils ne transportent pas de matériel.
Si bandits il y a dans cette forêt, ils vont gentiment s’écarter de notre chemin. En fait, je trouve même que c’est une opportunité gâchée que de les craindre : des gens qui vivent dans la forêt, c’est pas au contraire des témoins oculaires parfaits si le Grand Coësre se planque dans ces bois ? Pour moi on se goure totalement de piste, et on devrait plutôt les chercher, ces bandits — afin de les interroger, ou de les enrôler comme guides. »

En voilà une idée originale que personne n’avait évoquée ! L’Impérial pouvait parfois avoir de très bonnes idées, qu’il ne disait jamais à voix haute, peut-être auto-censuré par son humble rang.



Au bout d’une demi-heure de promenade plus tard, le vif trot s’était changé en pas bien lent, alors que maintenant, le groupe était terriblement enfoncé dans la forêt : il y avait partout des arbres, des ronces, et du feuillage au-dessus de la tête — les wagons n’allaient pas du tout pouvoir suivre et il faudrait trouver un autre lieu pour bivouaquer. Les conversations s’étaient tues, et tout le monde allait silencieusement, si bien qu’on n’entendait plus que les souffles des chevaux, leurs lourds sabots écrasant des fagots à terre, et puis, loin dans les buissons, de petits animaux qui s’enfuyaient, ou des moineaux perçant les branchages au-dessus de son nez.

Puis, d’un coup, il y eut une ouverture, une sorte de semi-clairière au cœur de la forêt. Et là, Hannes et Éloi virent que des hommes avaient mis le pied à terre, et levaient les mains en l’air, tandis que des chevaliers étaient encore à cheval. Ça semblait s’engueuler, même si c’était difficile à comprendre en prenant la conversation en cours de route :

« On est pô obligés d’passer par là, seur ! Qu’la cave où qu’on va y a un détour !
– Nous sommes sur ordre du roi, gueux, ordre du roi et de ton seigneur ! Remettez-vous en selle immédiatement !
– À qué ça sert d’aller plusse vite, si on r’vint jamais ?! C’t’endroit tente l’malin, seur, eul’ p’tit Albert, comme qu’on dit ! »


Hannes alla trouver le sire de Vingtiennes, qui restait à l’écart, renfrogné. Alors qu’il avait affaire à un noble Bretonnien, l’Impérial se permit d’interrompre ses pensées et d’attirer son attention :

« Que se passe-t-il mein Herr, pourquoi vos hommes se sont-ils arrêtés ? »

Éloi contourna Hannes, et vit un peu plus la situation : c’étaient en fait deux sergents d’armes, reconnaissables à leur équipement moins rutilant que les chevaliers, qui avaient cessé leur route, alors qu’ils étaient raisonnés par un gendarme encore sur sa monture.
Derrière eux, une étrange sculpture se profilait.
Image


Un totem, en pierre, au milieu du végétal, ça tranchait. On aurait dit un gros bloc, avec des cornes en grès. Autour, des cailloux étaient postés, et ce qui faisait penser à des marches avait été gagné par la mousson. Alors qu’Éloi étudiait l’endroit, sire Lucain répondit à la question :

« Ce n’est rien… Des rumeurs de paysans. Mes sergents sont d’honnêtes gens du peuple, ils croient que le lieu est hanté et interdit aux hommes, et ils souhaitent faire un détour.
– Un détour de combien ?
– Qu’importe — je vais reprendre le contrôle de mes hommes, patientez un instant. »

Lucain avait dit ça poliment, mais ça se sentait dans sa voix et sur son visage qu’il était absolument agacé que Hannes lui parle. Les nobles Bretonniens n’aiment déjà pas que les roturiers leur parlent, mais un roturier avec un accent Impérial à couper au couteau, alors… Surtout, il ne devait pas apprécier être ainsi en porte-à-faux.

Tandis que le moine entendait tout ça avec son oreille droite, il pouvait un peu reconnaître ce qui se tenait devant lui. Il avait déjà vu des croquis et des dessins de ce genre, dans des bouquins d’aventuriers, surtout ceux de Marc Oppoleaux, le grand forestier Bretonnien qui avait bravé Athel Loren, découvert le col du Montdidier a travers les montagnes, et négocié un passage sécurisé de commerce avec la reine Ariel en personne :
Cet endroit était un Nemeton, un lieu de culte pour le peuple Belthani, les premiers habitants humains de la Bretonnie. Des bergers pacifistes, priant Rhya comme grande déesse, ils avaient été chassés, tués, et métissés de force par les Bretonni débarqués du nord à cheval. Un mythe chez certains érudits prétendait que la noblesse de Bretonnie était faite exclusivement de Bretonnis pur-race, tandis que la paysannerie n’était faite que de mélanges bâtards de dizaines de peuples inférieurs, dont les Belthani faisaient le plus parti. Outre ces considérations de races pas très convaincantes, Éloi savait quelques petites choses pensées sur les Belthanis, car étant donné que c’était un peuple qui ne maîtrisait pas l’écriture, on ne pouvait que théoriser sans jamais être certain de leurs coutumes — apparemment, les Belthani ne priaient pas leur panthéon au milieu des villages, forçant le peuple à les vénérer quotidiennement, comme on faisait aujourd’hui avec les églises bien présentes dans les villes. Les Belthani priaient à l’écart, dans des espaces sacrés, des bois ou des sources d’eau, et le culte était entièrement réservé à une classe de druïdes et druïdesses, qui possédaient tout le savoir sacré. De nombreux interdits frappaient ces lieux, où seuls ceux habilités à passer à travers ce monde avaient leur place.
Les paysans devaient avoir retenu les interdits de leurs ancêtres, car les paysans ne voulaient absolument pas violer la tranquillité de cet endroit…

Une espèce d’aura émanait bien de là. Ce n’était pas totalement qu’une bêtise crasse de paysans. En fait, il ne savait pas trop pourquoi, mais même avec des grosses cornes qui faisaient penser par mimétisme à Taal sur ce totem, Éloi trouvait plutôt que ça évoquait… Isarn et Rosaline ? Difficile à expliquer, c’était un instinct bizarre. Taal était un Dieu très viril, très masculin, très patriarcal — on ne priait normalement jamais Rhya sans lui, il était son double, voire lui piquait toute sa place. Et pourtant, en observant cet endroit, doux, fleuri, Éloi l’associait naturellement aux damoiselles.


Qu’importent les religions ou l’instinct, s’il y avait une chose dont Éloi était certain, c’était comment percevoir les émotions d’autres êtres humains — ça se voyait dans les tremolos de leurs voix ou leurs sourcils obliques, les deux sergents à terre étaient totalement horrifiés, de même que les autres gueux de la bande armée de Vingtiennes, même ceux qui n’étaient pas encore descendus. Ils étaient prêts à fuir au premier chamboulement. Le détour était donc peut-être une bonne idée, ou alors, il fallait trouver un moyen de calmer et redonner de la tranquillité à ces soldats-paysans. La méthode de Lucain n’allait pas du tout fonctionner : c’est-à-dire que le chevalier le représentant se mit à tirer de sa ceinture une matraque, qu’il se mit à agiter, tout en hurlant comme un furieux :

« Souhaites-tu qu’un criminel priant les Dieux sombres s’échappe par ta couardise, manant ?!
Je t’ordonne de remonter en selle, ou bien tu es limogé sur-le-champ, et je te ferai larder de trente coups de fouets sur la place publique avant de te réduire en servage en rentrant ! Et cinq coups de fouets avec vingt sous d’amende pour chacun de tes complices qui refusera de s’avancer dans la forêt !
Vous êtes des soldats, vous avez juré de servir le pays et votre seigneur ! Vous ne souhaitez pas découvrir la peine qu’on réserve aux félons ! »

Jet de charisme : 12, échec

Jet de connaissances (Théologie/Histoire) : 9, réussite

Jet de perception : 14, échec

Jet de sens de la magie : 6, réussite, quelques détails supplémentaires débloqués dans la narration

Jet d’empathie : 1, réussite critique
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

L’audace des propos d’Hannes allant croissante, je me sens rapidement obligé d’insister pour faire taire mon compagnon trop bavard.

« Shh, surveille tes paroles, on pourrait t’entendre ! On aura l’occasion d’en reparler… ailleurs. »



Près d’une demi-heure de progression plus tard, nous parvenons à l’orée d’une sorte de clairière au sein des sous-bois. Ici, la lumière du jour perce les épaisses frondaisons de la canopée, pour éclairer un cercle de pierres levées. Au milieu se dresse un imposant totem de grès, gravé de symboles, constitué d’un épais monolithe central flanqué de deux « cornes » levées vers le ciel. Vu d’ici, c’est comme si l’épaisse colonne de pierre était percée d’un immense croissant de lune, lui aussi modelé dans la pierre. Devant nous, le peloton de tête s’est arrêté à l’orée de la clairière. Intrigué, je cherche à m’approcher davantage, guidant Bastille de côté tout en lui flattant l’encolure, lui faisant contourner l’attroupement. J’ai lu des choses sur ce type d’endroit, cachés loin des villes, lieux de culte sacrés des premiers peuples de Bretonnie.

Sur ma droite, j’entends Hannes s’enquérir de cette interruption dans notre progression, et sire Lucain lui répondre froidement qu’il ne s’agirait que de superstitions populaires. Pourtant, je ressens bien quelque chose, flottant dans l’air de la clairière : au-delà de l’odeur de mousse et de lichen, l’air y est lourd, épais, chargé d’une certaine tension. Pourtant, le ciel est clair. Quelques pas de plus sur les marches de pierres, et l’étrange atmosphère se fait plus sensible encore : une aura ancienne émane de cette clairière, chargée de mystère et de… tension primale. C’est très singulier, difficile à décrire, presque ineffable. Bizarrement, ça me fait surtout penser à Isarn et Rosaline.

Lorsque je me retourne, cherchant du regard les damoiselles, dévisageant tour à tour les visages des membres de l’avant-garde restés quelques pas derrière moi, je suis pris d’un sentiment désagréable qui me fait oublier l’étrangeté de l’air de la clairière. Ce n’est pas seulement de l’appréhension que je lis dans les yeux des sergents, mais bien de la terreur à peine contenue : une peur non pas des menaces des chevaliers, mais des conséquences pour qui braverait les interdits de leurs anciens. De toute évidence, les chambouler est contre-productif. De cette prise de conscience découle une intuition plus immédiate, physique, qui me fait bouillir le sang : celle de l’imminence de la violence.

Comme le chevalier tire une arme, sur le point de s’emporter, je rebrousse chemin pour m’interposer, haussant la voix pour me faire entendre :

« Assez ! »

Dès l’attention collective captée, je poursuis plus calmement :

« Vos disputes peinent la Colombe. Nous sommes tous tendus, mais nos divisions font le jeu de l’ennemi. »

Et d’ajouter à l’intention des sergents apeurés, cherchant à accrocher leur regard :

« N’ayez crainte. Nous marchons dans les pas de Shallya, et en présence de deux damoiselles protectrices de Bretonnie. Il n’est nulle terre en ce royaume où vous ne soyez en sécurité en leur compagnie.

Peut-être devrions-nous ouvrir la voie dès qu’elles nous auront rejoints. »

Je m’efforce d’apaiser les sergents et les chevaliers, et guette l’arrivée d’Isarn ou Rosaline pour les inciter à prendre la tête de la colonne avec une partie de la Task Force.
Modifié en dernier par Frère Éloi le 16 août 2023, 17:18, modifié 1 fois.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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