[Régil et Arnaud] La route rend libre

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Régil et Arnaud] La route rend libre

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Entre Arnaud et Régil, les autres pèlerins se levèrent également, pour se prêter au même ordre de maître Froqué.

« J’m’appelle Pierre, dit le Bigleux, j’ai trente ans, et je suis né dans l’village de Cercanom dans l’comté de Cuilleux. Je suis fils et petit-fils de vilains, mais aujourd’hui pèlerin du Graal. Je suis un homme. Et pas maboule. »

C’était une présentation plus complète et moins équivoque que celle d’Arnaud. Visiblement, Bigleux avait plus l’habitude de la justice.

« Je suis Luc, heu, quinze ans. Je suis né libre dans la ville de Parravon, et ma mère c’était Shallya. » Une façon de dire qu’il était orphelin. « Aujourd’hui je suis pèlerin, et un homme, et je pense pas que je puisse pas être jugé. »

Bruno, lui, soupira quand ce fut à son tour de se lever. Il se dégagea la gorge, alors qu’il résuma sa vie avec quelques points solennels et brefs.

« Bruno. Trente-quatre ans. Cametours, Quenelles. Mère noble, père inconnu. »

Un bâtard d’aristocrate. Voilà qui était étonnant. Surtout, qu’il n’était pas le bâtard d’un homme, mais d’une femme — s’il était normal, voire attendu pour un seigneur mâle d’avoir plusieurs maîtresses, la chose était honnie et répugnante de la part des femelles. Voilà un secret bien incroyable à avouer, et qui devait susciter de nombreuses questions. D’ailleurs, Luc et Bigleux firent les gros yeux, ils venaient visiblement de l’apprendre.
Dommage que Bruno était muet comme une carpe.

Finalement, ce fut au tour de Régil, qui demanda l’assistance d’un avoué. Et suite à sa réaction, il y eut soudain des échanges de regards entre tous les protagonistes — le justicier ayant bu le Graal, le seigneur Manassès, le pauvre maître Froqué ; tous n’arrêtaient pas de se zieuter entre eux, de lever des sourcils ou de grimacer.
Il n’y avait que Lucie qui ne réagissait pas tant. Elle avait fermé les yeux et ouvert les lèvres pour soupirer. Et quand tous les regards se portèrent sur elle, elle cessa de griffonner le papier sur lequel elle était concentrée, pour affronter du regard Froqué.

« Hé bien, c’est que, bonhomme Régil, ce serait peu protocolaire… Parce que, disons…
Disons que maître Deschesnêts est ici présente comme assistante du justicier de Vouvant. Elle ne peut pas participer à votre défense, si elle connaît déjà le dossier. »


Il inventait une excuse bizarre. Lucie grogna.

« Il n’y a pas vraiment de dossier. Et nous ne sommes ni juge, ni accusation. Juste témoins.
– Mais votre emploi actuel est de servir le justicier, n’est-ce pas ? Vous êtes donc liée à son for, et donc partie prenante…
– Je ne suis pas vraiment liée au justicier, je n’ai pas prêté de serment, puisqu’il n’y a pas de femmes juges, ou avocats, ou procureurs dans notre pays. Je suis juste greffière.
– Je peux tout de même prétendre assez facilement que c’est mettre en péril l’accusation, si vous connaissez des éléments du dossier qui sont-
– C’est bon, je l’autorise. »

Manassès Desroches avait dit ça de façon distraite, en croisant une jambe au-dessus de l’autre. Il avait un sourire amusé.

« Monseigneur, je ne vous le conseille pas, de même, bonhomme Régil, je dois vous conseiller de-
– Hé, Raoul, c’est bon, finissons-en rapidement, nous sommes tous entre amis ici.
Et puis, je n’ai jamais vu une jolie dame plaider, et je suis certain que vous non plus. »


Froqué fit la moue, mais il approuva les dires de son seigneur d’un mouvement de la main. Lucie, elle, était devenue toute rouge, mais plus de colère que de gêne. Elle attrapa ses papiers, bondit de sa chaise et franchit la limite qui la séparait du box où se tenaient les pèlerins en même pas trois pas.
Elle balança ses affaires juste sur le bois du box, et se colla juste devant le nez de Régil. Bien qu’elle fût plus petite que lui, elle était bizarrement assez autoritaire pour l’intimer de s’asseoir et de se soumettre à son regard.

Et même si elle chuchotait, ça se voyait que sa voix débordait de fiel.

« Vous aimez bien me foutre dans la merde, pas vrai ?! Je vous ai laissés seuls même pas une heure, et vous vous engueulez avec le sergent du bourg !
– On s’est juste baignés. Et il est v’nu nous faire chier.
– Bruno, ferme-la. Ferme-la ou je te jure que je vais t’en coller une. »


Elle regarda derrière elle, le banc des témoins. Elle soupira, puis remit correctement sa capuche sur ses cheveux.

« Bon… Un miracle que vous n’avez pas fui, ni agressé qui que ce soit. Ça aurait pu être bien pire. Manassès Desroches est dans l’embarras à cause du sire Rorgues — je vous expliquerai pourquoi. Il n’est pas dans son intérêt de vous condamner. On va essayer de viser le non-lieu.
Vous êtes inquiétés pour deux choses : trouble à l’ordre public, et outrage à agent. L’outrage est un fait qui a suivi le trouble, faut donc neutraliser l’un puis l’autre. Vous avez de la chance — Bagnier, qui tient les bains, me semble être très gêné de toute cette situation, il a des remords, Véréna merci. Le sergent, c’est plus compliqué, plusieurs témoins peuvent confirmer que vous avez tenu des propos insultants à son encontre, et ça va être absolument inutile de les nier.
Je vais mettre la pression sur Bagnier et utiliser Émile et la prêtresse de Shallya pour que vous soyez pris en pitié. On va vous faire passer pour des abrutis marginaux qui ont été incapables de penser par eux-mêmes, mais toute l’affaire a découlé d’un sentiment d’injustice que vous avez ressenti. Par contre, quand ça va être au tour du sergent, je vous interdis de nier les faits. Vous l’avez insulté, et sans aucune raison valable. Vous allez donc lui faire des excuses, et je veux de véritables excuses, sincères, vous avez intérêt à bien jouer la comédie.
En échange, je pense pouvoir vous faire sortir sans rien. Pas même une amende. »


Cela promettait. Les pèlerins pouvaient sortir la tête de l’eau.

Sauf que Lucie fit la moue, et avec une voix plus calme, demanda juste :

« Bon. Pour mes honoraires, on fait comment ? »

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Arnaud d’Aquitanie
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Re: [Régil et Arnaud] La route rend libre

Message par Arnaud d’Aquitanie »

Arnaud eut l'impression de se faire réprimander comme un enfant. Comme lorsqu'il parvenait à sournoisement dérober les gâteaux de la maison et à faire accuser son frère d'avoir grignoté en cachette. Puis, lorsque l'oncle Bernard trouvait des miettes dans sa paillasse. Le cadet prenait généralement une bonne correction pour son mauvais comportement.

Lucie parlait de choses compliqué, citant la plupart des raisons qu'on leur reprochait pour comparaître ici. Mais s'il comprenait bien, il fallait s'excuser pour faire bonne impression et ensuite faire pression sur le gérant de bains pour qu'il insiste pour que les troubles à l'ordre public ne soit qu'un malentendu. Cela se tenait, c'était plus ou moins ce qu'il s'était passé, à quelques détails près.

Arnaud parla à voix basse pour répondre à la prêtresse de Véréna. Même s'il se sentait gêné par toute cette situation, le pèlerin avait au moins compris quelque chose. Le plus d'éléments, elle avait dans cette affaire, plus elle pourrait établir une défense solide pour les protéger ainsi que présenter les choses de façon la plus simple ou lucide possible.


- "Au nom de la Dame, de Shallya et de Véréna, je suis vraiment désolé pour tout ça. Tout ça serait pas arrivé si on avait su garder notre calme. Vous devez savoir une chose cependant..."

Arnaud désigna du regard le Bagnier puis Bernard le chauve.

- "On avait eu des difficultés pour aller prendre un bain, mais on a su faire bonne foi auprès du Bagneux là... On a tout payé et on s'est comporté correctement. Tout le personnel peut l'attester... Le Bagneux est allé chercher le sergent Bernard au cas où, mais y avait pas de raison de nous arrêter car on a tout respecté. Là où c'est parti en insultes... C'est quand le sergent Bernard a voulu nous brigander pour qu'il nous file la paix."

Une étincelle de défi s'était embrasé dans ses yeux, étincelle qu'il étouffa rapidement pour retrouver sa mine désolé.

- "Mais on s'est pas laissé faire... Parce que c'était pas juste quoi ! J'ai dit qu'on en viendrait aux mains s'il le fallait, qu'on le livrerait à sa propre garde... En-tout-cas, je peux vous garantir que le gars des bains et certains des témoins ils l'ont vu essayer. Le gars des bains a bien tenté de l'en empêcher, mais Bernard l'a envoyer paître en lui disant qu'c'était lui qui l'avait appelé et qu'il devait le laisser faire son travail... J'sais pas si ça peut vous aider pour vos horaires... Mais si je peux faire quoi que ce soit pour vous render la pareille... Je le jure sur le nom de Shallya, de la Dame et de Véréna... J'vous rendrai la pareille trois fois pour votre aide... Ou jusqu'à ce que vous soyez satisfaite..."
Arnaud D'Aquitaine, Voie du Pèlerinage Bretonnien
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"…Tu offriras, à ton preux Seigneur le champart qu'il requiert,
Toujours, tu travailleras, hors les jours saints
Tu ne gardera pour toi et les tiens qu'un dixième des fruits de ton labeur
Et réjouis-toi, car un Chevalier de Bretonnie te protégera…"

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Régil d’Aquitanie
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Re: [Régil et Arnaud] La route rend libre

Message par Régil d’Aquitanie »

Des regards s’échangeaient dans l’assemblée. Son idée semblant avoir déconcerté. Était-ce parce qu’il avait demandé à ce qu'une femme les représente ? Ou y avait-il une autre raison qu’il n’arrivait pas à saisir en raison de ses piètres connaissances en juridiction ? Il n’en avait aucune idée, mais à leur place il aurait été tout aussi surpris.
C’était étonnant comment les mentalités pouvaient changer lorsqu’on avait de la merde jusqu’au cou. Il devait mettre en suspens son ego et demander l’aide d'une femme - qui n’était probablement pas mariée, en plus de cela. Heureusement, il avait eu assez de temps dans les geôles pour procéder tout cela et l'accepter. Il n’eut donc pas trop de mal à ravaler cette fameuse fierté qui lui avait coûté une visite au tribunal.

Les paroles du scribe passaient dans une oreille avant de ressorti par l’autre tant il ne comprenait rien. Régil se contenta d’écouter, en fronçant parfois les sourcils, comme un enfant qui essayait de saisir le sens d'une discussion d'adulte. Ça lui rappelait l’époque où son père le faisait s’asseoir pendant des heures afin de lui apprendre les prières du culte, et qu’il tentait tant bien que mal de comprendre les quelques mots compliqués qui s’y glissaient. Le jeune homme hocha la tête afin de donner l’impression qu’il arrivait à suivre la conversation, même si ses talents de comédien rendaient le tout très peu convaincant.

Lorsque la prêtresse se présenta devant lui, il ne put s’empêcher de faire un pas en arrière, avant de s’asseoir, pliant sous son regard qui donnait l’impression qu’elle était sur le point de lui arracher la tête. Régil prit la judicieuse décision de se taire tandis que l’investigatrice exposait la situation merdique dans laquelle ils s’étaient mis. Il ne la coupa pas, car le serf voulait saisir toute l’ampleur de leur connerie, puisqu’il avait manqué quelques bouts lors de l’élocution du scribe.

« Mon frère a bien résumé c’qui s’est passé, ma soeur. On aurait dû fermer not’ gueule, mais on a cru bien faire en s’défendant face au raquette du sergent. J’sais bien que la corruption et not’ pays c’est comme une histoire d’amour, mais on pouvait pas rester là à rien faire. C’est pas comme si on était riche. Et pis ben aussi … j’crois pas que mon seigneur de Vouvant aurait laissé passer ça s’il en avait été témoin. » Il sentait qu’il allait se faire engeuler pour ce qu’il venait de dire, mais ce qu’il avait dit était vrai, il avait cru bien agir. « Vous êtes sûr qui y’a pas moyen d’faire passer ça ? C’est p’tête accepter dans les coulisses, mais si c’est rendu publique, c’pas un truc condamnable, si ? » Il n’était pas autant réticent à l'idée de s'excuser que Bruno, mais s'il pouvait éviter de baiser les pieds du sergent, alors il le ferait.

Il y avait ensuite les honoraires. Étrangement, Régil ne s’était pas attendu à cette question. D’une façon ou d’une autre, il s’était persuadé qu’elle aurait fait tout cela gratuitement. Il bégaya un peu avant de se reprendre.

« On peut s’cotiser pour vous payer, ma sœur. J’sais pas c’est combien les honoraires d’un … d’un avoué, mais j’ai un écu et quelques sous. Sinon … sinon, comme mon fère l’a dit, on peut vous être redevable. J’le jurerai même sur la Dame si ça peut vous assurer d’ma bonne foi. J’sais pas trop c’qu’on peut vous offrir d’autres. » Il jeta un coup d’œil à ses compagnons. « À moins que les autres aient une idée en tête. »
Régil d'Aquitanie, Voie du Pèlerin Bretonnien
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Après les excuses des pèlerins, Lucie eut un soupir beaucoup plus long que les autres. Elle s’accrocha fermement à la rambarde du box, en rentrant son menton contre sa poitrine comme si elle était une tortue. Elle ferma les yeux un petit instant. Puis, elle releva le museau, et tout en continuant de chuchoter, sa voix avait soudain perdu beaucoup de verve.

« Bien. D’accord.
Je… Comprends, votre réaction. C’était complètement débile de votre part, mais je la comprends.
Vous n’êtes pas de mauvais bougres, jeunes gens, et peut-être qu’avoir un cœur pur est mieux qu’avoir une tête pleine.
Mais…
Mais bon sang, s’il vous plaît, faites attention aux hommes de loi ! Même quand ils brigandent, même quand ils réclament des pots-de-vins, parfois, il faut couper son vin. Je sais que la belle Dame du Lac déteste les compromis, qui passent pour des compromissions, mais on lutte pas face aux sergents de ville comme on lutte face aux orques et aux monstres.
La prochaine fois que quelque chose comme ça arrive… Venez m’en parler. Considérez-moi comme votre avocate. Même si aucune femme dans notre royaume n’a le droit d’être avocate. »


Elle eut un petit sourire complice. Qui disparut bien vite, afin qu’elle reprenne sa tête de méchante jeune femme constipée comme d’ordinaire.

« Gardez votre argent. Nous sommes amis. Mais considérez qu’en effet, vous m’êtes redevables.
Comme vous, je souhaite lutter contre le mal. Ma Véréna est peut-être à vos yeux plus étrange et plus « grise », mais son but est toujours de mettre les méchants entre les barreaux et de laisser les gentils libres.
Maintenant, au travail. »


Elle se redressa, et prit une grande inspiration. Et même si elle parlait à voix basse, discrète, elle avait arrêté de faire des messes basses.

« Laissez-moi gérer. Si on vous pose une question, je vous chuchoterai quoi répondre. Et, s’il vous plaît, changez un peu d’habitude… Surtout toi Bruno, en fait. »

Le muet retroussa une lèvre.

« Ayez l’air… Un peu inquiets, abattus. Mais pas atterrés non plus. Oui d’accord, ce que je dis n’est pas clair, je…
Faites comme le gosse. La même tête. »


Elle claqua des doigts en désignant Luc. En effet, le petit jeune homme avait l’air un peu peureux, mais pas non plus nerveux comme Bigleux ou en colère comme Bruno.

« En scène. »



Elle s’éloigna du box, prit place juste au milieu de l’espace vide de la salle d’audience. Elle éclaircit sa voix, redressa son buste, et énonça d’une voix claire la suite de son propos.

« Votre honneur, je décide donc de représenter ce groupe de pèlerins qui sont tous poursuivis ensemble pour les mêmes faits. Je souhaite vous présenter une motion en classement sans suite, et supplie votre for de bien vouloir abandonner toutes les poursuites.
– Je ne vois pas pourquoi, votre honneur, fit un Froqué soudain bien moins sympathique que tout à l’heure. J’ai suffisamment de preuves pour caractériser l’infraction.
– Je ne conteste pas la capacité que vous avez de caractériser l’infraction, je conteste l’opportunité de la sanctionner. Je pense pouvoir démontrer que les victimes elles-mêmes de ces infractions ne souhaitent pas qu’il y ait de sanctions. De plus, ces pèlerins du Graal, s’ils ont bien commis des troubles dans votre juridiction, se sont rendus à votre autorité sans faute supplémentaire, et doivent déjà se préparer à partir. Il serait coûteux, et inutile pour vous de chercher à punir des gens qui ne font que passer et qui doivent déjà repartir.
– Les victimes ne voudraient pas de sanction ? Je serais curieux de voir ça.
– Je le suis moi aussi, fit Manassès en faisant la moue. Je vous laisse interroger les témoins chacun votre tour, et je jugerai de l’opportunité ou non de classer sans suite l’affaire. »

Manassès leva la main. Alors, Lucie s’éloigna, retourna près du box, et s’y adossa.
Régil nota que le chevalier, Rorgues de Vouvant, avait un grand sourire bienveillant. Peut-être qu’il était très fier de Lucie.

Froqué se mit devant la table dressée en contrebas du juge, et énonça à voix haute :

« Lucien Bagnier, veuillez vous avancer. »

Le propriétaire des bains, à cause de qui tout s’était déroulé, se leva, quitta l’emplacement où il était assis, et vint se placer juste en plein milieu, devant le seigneur. Là, il s’inclina.

« Jurez-vous devant les Dieux et sur votre honneur de dire toute la vérité ?
– Je le jure.
– Vous êtes bien Lucien Bagnier, trente-cinq ans révolu, fils de Jérôme Bagnier, né à Castel-Desroches, homme-libre de la-dite seigneurie, marié à Fabienne Meunier, et père de deux enfants ?
– Oui.
– Reconnaissez-vous ces cinq personnes à votre droite ?
– Oui.
– Qui sont-ils ?
– Des… Pèlerins de passage, il me semble. Hier, heu, après midi, ils ont souhaité avoir accès à mes bains. Je leur ai refusé, car les bains étaient en train d’être vidangés, mais ils se sont montrés… Menaçants, et-
– Menaçants, c’est-à-dire ?
– Ils ont pris la grosse voix, et un peu menacé de leurs bras. Et ils étaient cinq ! Alors, je les ai laissés avoir accès aux bains, puis je suis allé chercher le sergent du guet, monsieur Bernard, et alors qu’ils en sortaient, monsieur Bernard leur a demandé de bien vouloir s’expliquer. Ils se sont alors montrés menaçants, ont traité le sergent, de… Heuu… d’enculé. Pardonnez-moi. Et ensuite, monsieur Bernard m’a demandé d’aller chercher le reste de la troupe afin qu’ils soient arrêtés.
– Avez-vous eu peur pour votre vie ?
– Oui, et pour mes biens. Ils étaient cinq ! Ils avaient l’air tellement en colère ! »

Froqué haussa des épaules, en regardant Manassès.

Lucie s’avança après que Froqué ait assuré qu’il n’avait plus d’autres questions. La rousse fit un grand sourire, alors qu’elle adopta un pas assez étrange ; mesuré, une main en l’air, presque déhanché. C’est avec une toute petite voix gentille qu’elle parla au témoin.

« Monsieur Bagnier… Les bains n’étaient pas en train d’être vidangés hier, n’est-ce pas ?
– Non.
– Vous avez menti pour qu’ils n’entrent pas ?
– En effet.
– Pourquoi ?
– Parce que je n’aime pas laisser des pèlerins du Graal entrer dans mes bains. Parce qu’ils sont souvent très sales, et qu’il faut changer les tapis après eux.
– Vous êtes le maître des lieux, vous avez le droit de choisir qui entre et qui n’entre pas. Même si à mes yeux, je dois dire, c’est assez étrange pour un bain où les gens se lavent de ne pas apprécier que les gens entrent en étant sales. Et j’espère pour vos clients que vous changez les tapis à chaque fois, peu importe qui vient !
– Objection. Question inflammatoire.
– Retirée.
Pourquoi ne pas leur avoir clairement dit que vous ne vouliez pas qu’ils entrent, alors ? »


Bagnier n’osa pas répondre. Alors, Lucie fit le tour pour se retrouver juste devant lui. Elle pencha un peu la tête, et le regarda droit dans les yeux avec toujours ce même sourire.

« Vous pouvez le dire. N’ayez pas honte.
– Parce que j’avais peur. J’ai été un lâche, c’est comme ça. Cinq personnes devant vous, vous vous feriez petite, aussi !
– Hé oui. Ils sont francs. Ils sont barbus, un peu bougons, aussi. Oh je peux le dire, je vis avec eux ! Non seulement ils sont bruyants, mais en plus, le soir, qu’est-ce qu’ils rotent et pètent fort ! »

Froqué leva les yeux au ciel. Mais quelques personnes dans la salle se mirent à sourire. Y comprit Bagnier, et le sire Manassès.

« Mais ils vous ont payé ?
– Oui.
– L’un d’eux a-t-il acheté un supplément ?
– Heu… Je… Je ne sais pas ?
– Vous êtes sûr ?
– L’un d’eux a payé le barbier pour se faire peigner.
– Est-ce qu’ils vous ont endommagé quelque chose ? Salis derrière eux ?
– L’eau était noire, mademoiselle.
– L’eau n’est-elle pas toujours noire quand des gens très sales et fatigués viennent dans vos bains ?
– …Si.
– Donc on peut dire que vous avez fait du bon commerce avec eux ?
– …Si vous le voyez comme ça.
– Est-ce que d’autres clients se sont plains ?
– Il n’y en avait pas d’autres.
– Heureusement que les bains n’étaient pas vidangés, alors, autrement ça aurait fait de l’eau chauffée pour rien. »

L’étuvier devint tout rouge. Mais Lucie mit une main sur sa hanche, et s’approcha un peu plus de lui.

« Je comprends, cela a été difficile pour vous. Vos humeurs ont pris le contrôle de votre corps, il n’y a pas de mal à ça. Mais vous savez, ces jeunes gens, parce que vous êtes allés chercher le guet, ils ont passé la nuit dans le noir et le froid, et ils n’ont pas mangé.
– Objection. Question argumentative.
– Votre honneur, je souhaite démontrer à votre for la non-pertinence des poursuites.
– Objection rejetée, grogna Manassès, mais abrégez tout de suite.
– Ces jeunes gens ont subi un grand préjudice hier. Oh oui, peut-être ont-ils été grossiers et vous ont-ils fait peur, mais au final, vous l’avez dit vous-mêmes, ils ont bien respecté votre commerce ! Pensez-vous que s’ils présentaient des excuses, vous les accepteriez ? Et est-ce que la difficile nuit qu’ils ont subit hier n’était-elle pas très disproportionnée par rapport à leur grossièreté ?
– Oh, s’il vous plaît… »

Bagnier regarda les pèlerins. Il tordit ses lèvres, et hocha de la tête.

Alors, Lucie s’approcha du box des accusés, et demanda aux pèlerins de bien présenter leurs excuses les uns après les autres, comme des petits moutons. Même Bruno fut forcé de jouer le jeu.

Alors, Bagnier hocha la tête devant eux.

« Oui, je… Je suis désolé aussi, pour tout ça. Voilà. »




« Bernard le Chauve, veuillez vous avancer. »

Le sergent serait un adversaire de taille toute autre que le propriétaire des bains. Le fier sergent, tout en uniforme, se mit au garde-à-vous devant le juge, en claquant les talons de ses bottes entre elles.

« Jurez-vous devant les Dieux et sur votre honneur de dire toute la vérité, et uniquement la vérité ?
– Je le jure, maître.
– Êtes-vous Bernard le Chauve, trente ans d’âge, né en la seigneurie de Ternant, Aquitanie, homme-libre et sergent de paix au service de Manassès Desroches pour le bourg castral de Castel-Desroches ; époux de Julie, serve affranchie, sans enfants ?
– Je le suis.
– Reconnaissez-vous les cinq personnes à votre droite ?
– Oui.
– Qui sont-ils ?
– Un groupe de personnes qui se sont présentées aux bains de l’étuvier Bagnier hier. Le-dit Bagnier est venu, vers treize heures et demie pour se plaindre que cinq voyous s’étaient montrés menaçants et avaient pénétré dans ses bains sans son autorisation. Je l’ai raccompagné, seul, en espérant que ce ne soit qu’un simple malentendu.
– Qu’entendez-vous par là ?
– Objection. Appel à la narration.
– Rejetée.
– J’entends par là, maître, que je suis sergent de paix de cette ville depuis cinq ans maintenant, et que j’ai dû gérer beaucoup de problèmes, tout le village, vous-mêmes, et votre honneur peuvent d’ailleurs en témoigner — j’ai géré des saltimbanques, des pèlerins, une bande de Halfelins il y a deux ans. Je sais que mon métier exige bien souvent beaucoup de sang-froid et de compréhension, et qu’il est souvent préférable de calmer une situation avec de bonnes paroles que de se montrer trop menaçant.
– Vous êtes venu seul car vous pensiez que les cinq pèlerins étaient innocents ?
– Je ne pensais rien. Je voulais simplement tirer au clair la situation.
– Et que s’est-il passé, ensuite ?
– J’ai discuté un peu avec eux et avec Bagnier. Voyant qu’ils n’avaient avec eux ni armes, ni femmes, ni animaux errants, j’en concluais qu’il n’y avait pas d’interdit manifeste les empêchant de profiter des bains. Je leur ai donc simplement dit de circuler, en leur demandant de ne plus se présenter aux étuves par la suite. Une fois leur aura suffi. »

Il mentait. Mais il mentait d’un ton froid et direct, sans aucune syllabe manquée. Un mensonge terriblement convaincant.

Lucie fit un signe de main dans le box, à destination des pèlerins.

« Et alors, que s’est-il passé ?
– L’un d’eux, le gros barbu là, Régil, m’a alors dit de mieux faire mon travail et de ne pas me comporter en mendiant — il n’a pas dû apprécier que je prenne fait et cause pour mon administré, Bagnier, au lieu de lui. Mais le pire a été celui-ci, avec le physique de chat, Arnaud — il m’a clairement accusé d’être un racketteur.
– Et qu’avez-vous fait ensuite ?
– Je suis un homme respectueux, mais le respect est réciproque. J’ai exigé à Régil de me présenter ses excuses. Alors, Arnaud s’est mis à agiter son doigt juste devant moi, et m’a menacé.
– C’est tout ?
– Non. Après ça, Régil m’a mis au défi de le bastonner, et ils se sont mis à devenir très agressif verbalement.
– Objection. Ambigu.
– Oh ! Ricana Bernard. Ma jolie damoiselle, si vous voulez que je ne sois pas ambigu…
– Rejetée.
– Arnaud m’a menacé d’enfoncer ma matraque dans mon fondement. Il a même insisté, puisqu’il a ensuite comparé mon pénis avec mon gourdin. Après quoi, il a pris la Dame du Lac à témoin, en disant qu’on pouvait régler ça tout de suite, et qu’il ramènerait mon corps devant le reste de mes gardes. Quant à Régil, il a utilisé le terme de enculé, et putain de brute. »

Discours impeccable. Froid, direct. Bernard le Chauve se permit même un petit sourire cruel, mais très discret, à l’intention d’Arnaud.
Là, Rorgues de Vouvant ne souriait plus du tout.

« Et ensuite ?
– Ensuite j’ai invoqué mon droit de posse comitatus pour ordonner aux villageois présents de me soutenir, et j’ai envoyé Bagnier chercher le reste de mes gardes, prêt à me défendre car je craignais pour ma sécurité et celle de mes administrés. Par chance, ils se sont calmés, et nous avons pu les séquestrer puis les faire déférer devant le for de votre honneur.
– Se sont-ils bien comportés en cellule ?
– Oui. Peut-être parce qu’ils savaient qu’une prêtresse de Véréna allait les faire sortir de là… »

Lucie devint se dressa presque comme un chat.

« Objection, ouï-dire du témoin !
– Retenue. Veuillez ne pas spéculer, sergent.
– Pardonnez-moi, votre honneur.
– J’en avais fini de toute façon. »


Tout cela sentait très mauvais pour les pèlerins. Et d’ailleurs, Bernard le Chauve ne s’en cachait pas, il affichait un magnifique sourire parfaitement hautain, alors que Lucie fit quelques pas devant lui, mains dans le dos, et menton relevé.

« Bon sergent, vous avez dit que mes clients ont fait des insultes en comparant votre pénis à votre matraque, c’est bien ça ?
– Vous avez bien entendu, mademoiselle. Vous retenez l’essentiel. »

La blague bien misogyne fit rire quelques hommes. La prêtresse de Shallya sur le banc faisait une gueule d’enterrement.

« Pourquoi croyez-vous que mes clients ont parlé de votre matraque ?
– … Heu… Bah… À vous de me le dire ?
– Objectiooon… soupira Froqué.
– Je vais en venir quelque part, votre honneur.
– Rejetée, mais encore une fois, vous testez ma patience, mademoiselle.
– Serait-ce possible qu’ils aient remarqué votre matraque, parce qu’elle était sortie ? »

Bernard le Chauve cessa de sourire. Et il darda du regard tout droit vers Lucie, alors qu’il serrait ses poings dans son dos.

« Non. Je suis venu à eux désarmé.
– Vous en avez appelé aux divers témoins ici pour confirmer votre témoignage. Est-ce que si je leur demande, ils pourront tous me confirmer que vous n’aviez pas de matraque à votre main ?
Vous avez juré devant les Dieux, bon sergent. Le parjure est une faute grave. »


Le sergent déglutit. Il semblait avoir très envie de gifler la prêtresse.

« Il est possible que j’avais ma matraque à ma main. Parce qu’ils se sont montrés menaçants.
– Pardon, ce n’est pas ce que vous avez dit. Vous avez clairement dit qu’ils vous ont insulté en parlant de votre verge et de votre matraque, et c’est ça qui vous a conduit à aller chercher du renfort ?
– Ils étaient déjà agressifs avant.
– Parce qu’ils vous traitaient de racketteur et que vous faisiez mal votre travail ?
– Ouiiiii, tout à fait. Vous suivez !
– Est-ce un délit de critiquer l’efficacité ou de mettre en doute la probité d’un sergent de paix ?
– Je crois que c’est un outrage. Vous devriez le savoir, si vous êtes clerc de Véréna, jolie dame.
– Permission de traiter le témoin comme hostile ?
– Accordée. »

Là, Lucie se mit à avoir un grand sourire carnassier. Comme un prédateur.

« Quelle est votre expérience en droit ?
– J’ai servi plusieurs années en tant que sergent.
– Ce n’est pas ma question. Avez-vous fait des études de droit ?
– Non.
– Avez-vous un diplôme en décret ?
– Non.
– Avez-vous étudié dans une école ?
– Non.
– Avez-vous déjà eu des cours d’un clerc ou d’un juriste ?
– Non.
– Mais vous savez ce qu’est un outrage ?
– Je sais que quand on insulte un sergent de paix alors qu’il fait son travail, c’est un outrage.
– Et vous faites bien votre travail ?
– Objection, suggestion.
– Retenue.
– Avez-vous déjà pris un pot-de-vin au cours de votre mandat de sergent ? »

Il y eut un silence de tombe dans le tribunal. Bernard serrait tellement des poings, que les phalanges commençaient à blanchir.

« Jamais.
– Avez-vous déjà eu un avantage en nature de la part de vos administrés au cours de votre mandat ?
– Non.
– Alors pourquoi interdire aux pèlerins d’aller aux bains alors qu’ils ont payé ?
– Parce qu’une engeance comme eux, je préfère qu’elle dégage aussi vite qu’elle est venue. Mademoiselle.
– Très respectueux, en effet, sire sergent. »

Lucie se tourna vers le juge.

« Contrairement à votre sergent, mes pèlerins sont prêts à présenter leurs excuses pour leurs manières. Mais si vous souhaitez malgré tout engager des poursuites… Je pense que je peux exiger d’appeler à témoin tous les habitants de cette ville. Et observer scrupuleusement toutes les fois où le bon sergent Bernard a déféré des personnes devant votre for.
J’ai beaucoup de temps devant moi, votre honneur. »


Ce sur quoi, la rousse s’approcha du box, en faisant un clin d’œil à Régil.

Roll de charisme d’Arnaud (Bonus : +3, excuses présentées à Lucie) : 2, réussite

Duel judiciaire :
Froqué : 19
Lucie : 3

Lucie remporte le premier argument.

Deuxième duel judiciaire :
Froqué : 14
Lucie : 14

C’est plus serré, mais Lucie gagne encore.

Pression de Lucie : 5
Résistance mentale de Bernard : 12

Noice.
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Régil d’Aquitanie
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Re: [Régil et Arnaud] La route rend libre

Message par Régil d’Aquitanie »

La prêtresse comprenait pourquoi ils avaient agi ainsi, et c’est tout ce qu’il demandait. Elle ne les avait pas engueulés davantage, même qu’elle leur avait donné un conseil avec toute la bienveillance du monde, malgré la situation tendue dans laquelle ils l'avaient mis. Même qu’elle les avait appelés « ami ». Le temps d’un instant, le jeune homme se détesta pour les pensées qu'il avait eu à l’égard de cette femme. Hélas, ils étaient en Bretonnie, et les préjugés avaient du mal à se faire petit. Régil restait un paysan d’Aquitanie, avait tout ce que cela impliquait, et on ne pouvait pas vraiment lui retirer son éducation. Malgré cela, à ce instant, son respect pour la prêtresse ne put que monter en flèche. Pour ce qu’elle s’apprêtait à faire pour son groupe et lui, il pouvait en effet la considérer comme une amie. Maintenant, il restait qu’à voir si elle était aussi compétente que son assurance le laissait entendre.

Régil ne fut pas déçu. Il ne saisissait pas grand-chose à ce qui se passait, si ce n’est l’essentiel. Il y avait énormément de mots techniques, encore plus que lors des premières minutes du jugement, puisque Lucie et maître Froqué se lancèrent dans un débat juridique. La réaction de l’assemblée, ainsi que celle des deux interrogés laissaient entendre au jeune homme qu’ils étaient en train de gagner. Il n’avait jamais vu le sergent autant en colère, excepté lorsqu’il avait perdu son sang-froid face aux pèlerins. S’il avait osé lever la main sur la sœur, il aurait probablement été l’un des premiers à bondir pour venir à sa rescousse, galant qu’il était.

L’éloquence avec laquelle elle enchainait les questions et piégeaient ses interlocuteurs ne pouvait que le rendre admiratif. Elle était bien une digne suivante de Véréna, et il remerciait à cet instant les dieux d’avoir eu la chance de voyager avec l’une d’entre elles. Qui sait ce qui serait arrivé si elle n’avait pas été là ? Il ne voulait pas y penser. Elle utilisait cependant des techniques qui ne lui plaisait guère, par exemple en les dégradant et en les abaissant au niveau de mendiants bourrus et sans manières. De toute façon, il ne pouvait que se taire et encaisser. Et puis, ce n’est pas comme si elle ne les avait pas prévenus. Ils avaient tous accepté – non pas qu’ils avaient vraiment eu le choix.

Elle revint en lui faisant un clin d’œil - le faisant par la même légèrement rougir - ce qui sonnait l’heure des excuses. Il observa ses compagnons et décida de commencer, prenant l’initiative de se lever.

« J’le cacherai pas, on a en effet commis une erreur en insultant l’sergent Bernard. »

Il parlait assez lentement, essayant ainsi d’atténuer son accent paysan afin que ses paroles soient le plus compréhensibles possible. Il savait par expérience que les sangs bleus avaient souvent du mal à les comprendre. Ou alors il le faisait exprès, afin de les humilier. Qui sait. Quoi qu’il en soit, Régil suivit les conseils de la prêtresse et tenta d’être le plus sincère possible.

« Mes paroles n’étaient pas dignes d’un suivant d’La Dame, et ils n’auraient jamais dû sortir de ma bouche. Même si elles étaient motivés par une raison qui a été défendu devant vous par sœur Deschesnêts, il n’en reste que j’ai manqué de courtoisie. J’ai insulté cet homme et atteins son honneur et son bien-être, et pour ça je m’en excuse. Pas seulement au sergent, j’tenais aussi à m’excuser à vous, monseigneur Manassès, pour avoir fait perdre vot’ temps dans ce tribunal. Vous êtes un homme important et vous avez certainement mieux à faire. Nous avons installé une mauvaise ambiance, alors que la venue d’un chevalier du Graal devrait être signe de réjouissance, et non de troubles et d'grossièretés. Je suis certain que cette situation aurait pu être réglée différemment et plus calmement qu’un passage aux geôles si nous étions venus à la rencontre des bonnes personnes pour régler ce … problème, au lieu de le confronter directement avec vulgarité. Et pour tout ça, je m’excuse et demande l’pardon. Tous ce que nous voulons c’est nous reposer et reprendre la route, monseigneur, sans plus faire de vagues. Nous avons encore un pèlerinage à continuer. »

Lorsqu'il eut fini, il adressa un hochement de tête à l'assemblée avant de se rasseoir.

Régil n’avait jamais été un grand acteur, mais il avait fait de son mieux. Il avait suivi les conseils de Lucie et avait essayé d'adopter une attitude un peu craintive, et docile. Il s’était aidé en disant des choses qu’il pensait bel et bien, que ce soit par rapport à la courtoisie et l’ambiance qu’ils avaient instaurée, ou encore la perte de temps que devait être ce tribunal pour le comte. Même si ses excuses destinées au sergent Bernard étaient loin d’être honnête, surtout après ce qu’il venait de dire sur leur « engeance », il espérait tout même qu’il s’était fait assez convaincant et que ses paroles seraient bien reçues.

Le jeune homme se permit un regard dans la direction de la prêtresse, attendant une réaction, un hochement de tête, n’importe quoi, pour déterminer s’il s'était bien débrouillé. Il se tritura les doigts en attendant la suite.
Régil d'Aquitanie, Voie du Pèlerin Bretonnien
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Arnaud d’Aquitanie
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Re: [Régil et Arnaud] La route rend libre

Message par Arnaud d’Aquitanie »

Arnaud ne s'attendait clairement pas à ce que la prêtresse de Verena fasse ainsi preuve d'empathie avec les pèlerins. Malgré tout, ses paroles étaient pleines de sagesse et s'imposaient de sens. En effet, on ne combattait pas le crime et la corruption comme on combat des orcs ou des monstres. Il fallait être rusé, savoir les prendre à leur propre jeu, se montrer plus malin qu'eux. Arnaud avait encore beaucoup à apprendre, en tant que pèlerin, mais aussi de ses compagnons.

Il assista à l'un des combats les plus intense de sa vie. Son premier combat juridique entre deux personnes qui connaissaient l'art de la rhétorique et de la législature. L'aisance avec laquelle Lucie enchaînait les phrases le laissa bouche bée et il sentit en elle la même présence charismatique et grandiose que pouvait représenter n'importe quel chevalier du Graal. En fait, c'était peut-être un peu ce qui passait par la tête du jeune pèlerin en repentir : une sorte de chevalière du Graal de la cour. Quelques arrières-pensées venaient contester cette vision soudaine, qu'un chevalier du Graal comme Rorgues de Vouvent ne pouvait pas se placer à la même échelle que la performance de la Prêtresse de Véréna. Une femme n'était tout simplement pas capable d'atteindre un tel niveau de perfection de soi ? N'est-ce pas ? Arnaud fut en proie au doute, car tout ce qui se passait dans ce combat d'éloquence témoignait du contraire.

Rorgues de Vouvent lui-même était seulement capable de réaliser cette prouesse que Lucie venait d'accomplir sous ses yeux ? Rorgues était capable de bien plus... Sans aucun doute ? La question demeura sans réponse. Et s'ils avaient appelé Rorgues à la barre ? Aurait-il seulement considéré l'offre ? Est-ce que son simple regard contre maître Froqué aurait réussi à les acquitter ? Tant de questions qui demeuraient sans réponses.

Lorsque Maître Froqué se fit interrompre son objection tout de suite rejetée et mise en échec par Lucie, Arnaud sentit l'intensité des échanges de mots comme des coups infligé, la garde de Bernard n'était pas assez résistante et Lucie passa au travers un avec un uppercut verbal à couper le souffle.

Lorsque Lucie appela les témoins à présenter leurs excuses, Régil, son frère, préféra présenter ses excuses à Manassès Desroches et à Bernard le Chauve. Le pèlerin s'avança à son tour, cherchant à réprimer son accent paysan afin que ses excuses passe pour le mieux, malgré les regards mauvais et assassins du sergent Bernard.


- "J'aimerai présenter mes excuses pour avoir aussi mal réagi. J'ai agi de manière impulsive pour protéger mon frère du danger et jamais j'aurai dû menacer le sergent Bernard. C'était indigne de moi, sr'tout des personnes que j'accompagne. J'ai invoqué le nom de la Dame pour protéger mes compagnons alors que j'étais en tort. J'ai pas simplement apporté l'non-respect sur moi, mon frère, ou mes camarades ici présent. Mais aussi à vous Lucie, et à vous, mon chevalier du Graal. J'vous suis lié par l'honneur. Et aucun suivant devrait avoir à souiller l'honneur de ses maîtres. Et si vous désirez m'infliger une punition en plus du verdict qu'le seigneur voudra donner. J'la recevrai comme y's doit."

Le regard du pèlerin n'osa pas croiser celui de Lucie ou du chevalier du Graal durant sa déclaration. Il inclina la tête vers le sol. Retournant en arrière une fois sa déclaration actée par maître Froqué.
Arnaud D'Aquitaine, Voie du Pèlerinage Bretonnien
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"…Tu offriras, à ton preux Seigneur le champart qu'il requiert,
Toujours, tu travailleras, hors les jours saints
Tu ne gardera pour toi et les tiens qu'un dixième des fruits de ton labeur
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Régil et Arnaud] La route rend libre

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Après les deux frères, qui prirent la parole assez longuement, ce furent aux tours de leurs trois collègues d’eux aussi se lever pour faire amende honorable.

« Oui, err… Désolé, sergent Bernard. On s’est comportés comme des vauriens. J’espère que vous trouverez dans notre cœur d’avoir pitié d’nous mauvais hommes, fit Bigleux de façon plus laconique.
– Pardon m’sieur, on recommencera jamais, on vous l’jure, on sera d’bons sujets maintenant, murmura également Luc d’un air penaud, en regardant ses pieds.
– Mes excuses », lâcha simplement Bruno avec les dents serrées.

Bernard le Chauve grinça des dents. Froqué se leva, grimpa sur l’estrade, et lui et le seigneur chuchotèrent un moment. Puis, l’avocat du seigneur descendit, marcha le long du hall, et chuchota à son tour au sergent.
Il approuva d’un hochement de tête, tourna à 90°, et fit face aux pèlerins.

« Vos excuses sont trop simples. Je juge les gens aux actes, pas aux paroles. Assurez-vous d’avoir une conduite irréprochable, dès à présent, ne serait-ce que pour vos âmes. »

Le sire Manassès Desroches leva le menton, dégagea sa gorge, et s’adressa au box :

« Accusés — Je souhaite vous rappeler le tort que vous avez commis. Le trouble à l’ordre public est un délit relevant de mon for, pour lequel vous pouvez être tous condamnés à une peine maximale d’un écu d’or. L’outrage peut lui être puni jusqu’à vingt-cinq écus d’or en plus de peines infamantes.
J’ai décidé de ne pas vous poursuivre pour cette infraction. »


Il se leva. Alors, toutes les autres personnes dans la pièce se levèrent eux aussi, et les pèlerins furent invités à faire de même. Et comme ça, Manassès et Rorgues de Vouvant partirent ensemble, tandis que Froqué s’exprima :

« Messieurs les témoins, ma sœur, vous êtes disposés.
Accusés, vous êtes libres. »


Bigleux se mit à sourire et tapa fort dans le dos de Régil. Pourtant, les pèlerins comprirent vite que ce n’était ni le moment, ni le lieu pour une liesse ; le sergent continua de les zieuter un moment. D’ailleurs, Lucie Deschesnêts alla jusqu’à l’oreille de Bernard le Chauve, et commença à parler longuement avec lui, peut-être une ou deux minutes. Après quoi, le militaire la salua d’un hochement de tête, et partit.

Alors que la prêtresse de Véréna s’approcha, Bruno ne semblait pas en démordre — il fronçait des sourcils, et la cueillit sur un ton accusateur :

« Vous lui avez… Dit quoi ? »

La rousse leva un sourcil. Puis pouffa d’un rire méchant.

« J’ai été aimable et je lui ai un peu laissé l’impression que je fleuretais avec lui.
Un homme c’est susceptible et ça se frustre pour rien. Et un homme frustré est dangereux. Et un homme armé et avec la loi de son côté qui est frustré, ça me fait peur.
C’est dans ce genre de situation que vous m’avez mis, bons hommes. Je ne vous remercie pas pour ça. À l’avenir, réfléchissez à ce que les autres risquent pour vous. »


Elle regarda derrière elle. Émile était en train de discuter avec la prêtresse de Shallya.

« Aucune poursuite et je n’ai même pas eu besoin d’invoquer des témoins de moralité… Bon sang, je ferais vraiment un bon avocat !
Allez, bonne journée à vous. »


Émile ne s’approcha pas de ses compagnons. C’est un homme d’arme portant les couleurs de la maison Desroches qui s’approcha des pèlerins, et qui les invita à bien vouloir partir. Ils eurent donc tout le loisir de repasser par là où ils étaient venus.

À croire qu’Arnaud avait une idée derrière la tête, il ne put s’empêcher de s’arrêter et de regarder par le même endroit où il avait jeté son regard à l’aller — ce magnifique jardin, fort curieux, où on entendait des oiseaux chanter. Les beaux jeunes hommes et jeunes filles étaient encore là, sauf que maintenant, les deux garçons étaient debout en train de sauter partout, en s’envoyant une balle ronde avec des raquettes, un étrange sport que le pèlerin n’avait jamais vu de sa vie.
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Les deux jeunes hommes

Deux garçons bien rasés de près, tout propres, à la peau claire, et surtout blanche — ils n’étaient pas bien bronzés et hâlés comme les paysans. Les trois filles étaient assises dans l’herbe, et les regardaient jouer.
Et puis, il y eut la fille qui se sentit espionnée, et qui leva les yeux — la fille qui avait eut l’air triste, avec sa jolie robe blanche. Et son regard croisa celui d’Arnaud.

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Arnaud se sentit foudroyé sur place. Pourtant, elle ne se mit pas à crier, ou à faire une grimace, ou à appeler ses camarades pour trouver des témoins du scandale ; à la place, elle pencha la tête de côté, et sembla étudier un peu le paysan qui se permettait de la regarder. Elle avait le même air qu’un petit chien soudain curieux de quelque chose.

« Oh ? Tu t’manges… Arnaud ? »

L’instant n’avait heureusement duré que quelques secondes. Et Arnaud trotta rejoindre la horde qui passa par la salle d’apparat, et qui sortit dehors.


Ils décidèrent de se rapprocher de la chapelle du Graal, où ils pouvaient attendre près de la Déesse qu’ils honoraient. Là, ils profitèrent du soleil qui approchait de son zénith, et s’étirèrent. Ils avaient tous faim, à défaut d’avoir soif — un simple quignon de pain pouvait difficilement remplir l’estomac. Pourtant, la situation devait être assez gênante pour tenter de retourner dans une taverne ? Et puis, ils attendaient quelqu’un.

Au bout de quinze minutes, Émile Beau-Sourire passa par la grande porte du manoir. Il descendit les escaliers à tout blinde. Il marchait, mais il marchait tellement vite que ça donnait un air comique — il prenait des grandes enjambées de géant sortit d’un conte. Ce n’était pourtant pas du tout le moment de rire, mais pas du tout. Leur chef était tout rouge, et tout le monde devinait comment ça allait rapidement barder.

« VOUS BLAGUEZ ?! VOUS BLAGUEZ ?!
UNE HEURE LAISSÉS TOUT SEULS ET VOUS PARVENEZ À FINIR DANS LES GEÔLES ?!
COMBIEN DE BAFFES VONT SUFFIRE ?! BANDE DE SERFS ! INCAPABLES DE TENIR LEURS LANGUES DANS LEURS CLACOS ! AAAH, JE VEUX RIEN SAVOIR, AUCUNE EXCUSE — UNE SEULE PUTAIN D’EXCUSE SORT DE VOTRE CLAQUE-MERDE ET JE VOUS JURE PAR ULRIC QUE VOUS ALLEZ BOUFFER DE LA SEMELLE- »

Émile faisait très, très mal aux oreilles. Et les pauvres pèlerins, tous les cinq debout, durent alors subir un long, looooong réquisitoire bien braillé. S’ils n’étaient pas déjà bien réveillés, là c’était le cas.

La torture dura un bon bout de temps. Ça avait attiré des curieux. Des soldats de la maison Desroches s’étaient approchés, et observaient le spectacle. Plus gênant encore, la petite Alix était venue en plein milieu de l’engueulade ; la recluse du Graal était timidement venue dans le dos du pèlerin exalté, avec un seau rempli d’eau dans sa main, et une brosse dans l’autre.
Quand Émile eut terminé, il était à bout de souffle, et se pencha un peu. Il nota alors la présence de la petite dame à côté de lui, et, changeant soudain d’humeur, il fit un beau sourire et prit une petite voix toute douce et calme :

« Oh, ma sœur, je ne vous avais pas vue !
Comment allez-vous en cette très belle journée ? Vous avez besoin d’aide ? »


Alix, les yeux tout gros, regarda Émile. Regarda les pèlerins. Et répondit avec une voix toute petite :

« Hé bien, maintenant que vous le dites… C’est le jour où je nettoie le sol, et c’est très physique, alors si vous pourriez-
– Oh mais mes grands garçons vont tout récurer ! Et ils vont le faire avec joie ! Avec le sourire !
N’EST-CE PAS ?! »

Il passa une main sur son front. Il semblait avoir une soudaine migraine.

« Quartier libre jusqu’à ce soir-
-Si vous re-terminez en taule, je vous JURE que je demande au sire Desroches de vous pendre ! Je ramène la corde moi-même ! »


Et là-dessus, il repartit avec ses immenses pas jusqu’au manoir, sous le regard d’une Alix qui avait un sourcil relevé.

« …Il est un peu mal luné ? Qu’est-ce qui est arrivé ? »

Jet caché de Lucie.

Jet de perception d’Arnaud (Bonus : +2)
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Arnaud d’Aquitanie
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Re: [Régil et Arnaud] La route rend libre

Message par Arnaud d’Aquitanie »

Arnaud ne put s'empêcher d'avoir un sourire franc lorsque le comte Manassès déclara lui-même les accusés "Non coupables" ou du moins le "Non-Lieu". Il se sentit d'un poids monumental s'échapper de ses épaules, ils étaient libres de poursuivre leur mission de pèlerin, cette fois plus discrètement, si elle tenait toujours après avoir autant attiré l'attention sur eux dans la cour de Manassès Desroches. Arnaud posa une main sur l'épaule de chacun de ses compagnons pèlerins pour manifester une joie contenue. Le pèlerin grinça toutefois des dents en apprenant le sujet de la conversation entre Lucie et Bernard le Chauve. Lucie avait beau être une femme. Après l'avoir tirée de ce pétrin avec autant de brio, elle méritait une meilleure considération que ça...

Arnaud se retint d'ajouter un commentaire, car c'était ce qu'avait organisée elle-même la prêtresse de Véréna. S'immiscer ainsi pourrait au contraire réduire à néant ses efforts. "On ne combat pas les corrompus comme on combat les orcs." Peut-être trouvera-t-il un moyen de lui rembourser sa dette ? Ou trouver un moyen d'être plus compétent ? Un simple paysan ne leur serait pas d'un précieux secours lorsqu'ils auraient besoin d'aide. Il avait bien une idée... Mais c'était tout bonnement inconsidéré de lui soumettre son idée dans l'instant même. Arnaud quitta en compagnie des pèlerins le palais en passant par les halls, distrait par ses pensées et à ses opportunités futures qu'il devait travailler. Il croisa à nouveau le regard de cette femme énigmatique, par hasard bien entendu, Ranald estimant qu'il était amusant que le pèlerin pose ainsi autant les yeux par inadvertance sur cette jeune femme noble. Mais ce hasard n'était peut-être pas fortuit...

Il la reconnaissait... Il l'avait déjà vu... C'était lorsqu'ils étaient arrivés. Elle faisait partie des aristocrates à avoir accueilli Rorgues de Vouvent avec le comte Desroches. Bien qu'elle n'ait pas directement interagi avec le chevalier du Graal, elle se démarquait par le fait qu'elle ne portait pas de voile... Ce n'était pas courant. Mais elle n'avait visiblement pas de problème avec ça. Surement parce que Manassès la tolérait ainsi ? Ou qu'elle ne soit pas noble ? Mais dans ce cas que pouvait-elle être ? Conseillère du Comte ? Magicienne ? Peut-être directement la fille du Comte ? Arnaud repassa rapidement le visage de chacun, si harmonieux, si blancs... Peu de gens jouent ainsi dans un palais pareil... Oui. Peut-être qu'il avait affaire aux enfants du comte. Arnaud se rendit vite compte de ce qu'il faisait inconsciemment et baissa tout de suite les yeux. Mais c'était trop tard. Cette curieuse femme l'avait remarqué et le foudroya du regard, bien qu'elle eut l'idée de ne rien dire. Pour le meilleur ou pour le pire, mieux valait ne pas s'immiscer là-dedans tout seul...

Une fois dehors, ce fut au tour du pèlerin Exalté de leur faire un sermon public qui dura le temps nécessaire à Émile pour évacuer toute la colère qu'il avait accumulé en silence durant le procès. A l'intervention d'Alix, Arnaud sentit un rayon de soleil illuminer sa journée. Bien qu'elle n'était pas au courant de sa situation actuelle, le simple fait de ne plus être en situation de difficulté comme lors du procès le rendait déjà plus à l'aise avec elle. Il n'aurait pas voulu la découvrir au milieu d'une foule de témoins après ce qu'ils s'étaient dits la veille. Bernard, son tonton, lui avait toujours dit que ça ne se faisait pas de faire pleurer une femme. Que c'était pas digne de n'importe quel homme qui se respecte un tant soit peu. Émile les chargea de récurer le sol de la chapelle du Graal à la place d'Alix. Affectation que le pèlerin ne pu s'empêcher d'accepter avec un sourire. Si Alix lui avait simplement demandé ou en avait montré le besoin, alors Arnaud n'aurait certainement pas hésité à l'aider dans sa tâche.

Ce n'était pas une si mauvaise punition après tout... Il hocha enfin la tête lorsque Emile termina en annonçant le quartier libre. Lorsque Alix demanda la raison du comportement du pèlerin Exalté, Arnaud eut un rire nerveux.


- "Oh euh... C'est que..." Balbutia-t-il, cherchant ses mots. "On voulait se faire présentable et on a eu des problèmes avec un garde local. L'genre corrompu et malhonnête quoi. Alors... Bah, on s'est disputé lorsqu'il a tenté de nous racketter. J'ai juré sur la dame que j'le laisserai pas faire s'il continuait d'menacer mon frangin et on a passé la nuit en prison pour trouble d'l'ordre public... Heureusement, louées soit la Dame et Véréna ainsi grâce à Lucie, l'prêtresse qui accompagne not' chevalier du Graal, on s'en est sorti de justesse."

Arnaud se gratta l'arrière du cou, gêné. Mais tout est bien qui finissait bien n'est-ce pas ? Il reprit, d'une voix sincère en tendant les mains devant lui pour récupérer le seau d'eau et la brosse.

- "Si t'as besoin d'aide... J'serai vraiment heureux de pouvoir t'soulager d'ton fardeau."
Arnaud D'Aquitaine, Voie du Pèlerinage Bretonnien
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"…Tu offriras, à ton preux Seigneur le champart qu'il requiert,
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Tu ne gardera pour toi et les tiens qu'un dixième des fruits de ton labeur
Et réjouis-toi, car un Chevalier de Bretonnie te protégera…"

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Régil d’Aquitanie
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Re: [Régil et Arnaud] La route rend libre

Message par Régil d’Aquitanie »

Régil continua à se triturer les doigts, regardant ses compagnons se lever un par un pour demander pardon. Il sentit ses épaules soudainement moins lourdes, et ce léger pincement régulier au niveau de son cœur s’arrêter en entendant le seigneur Manassès les déclarer libres. Ils avaient réussi. Elle avait réussi. Ils étaient libres et ils ne passeraient pas une soirée de plus à se faire séquestrer dans des geôles par un sergent corrompu. Il était rare que des gens d’aussi basse extraction s’en sortent bien face à la loi. Que la Dame soit louée. Que Véréna soit louée.

Le jeune homme sentit la main de Bigleux dans son dos et en retour il lui offrit un sourire, ainsi qu’un hochement de tête.

« J’te ferais plus de frayeur comme ça, Bigleux. Encore désolé … »

Il est vrai que ce n’était pas encore le temps des réjouissances. À vrai dire, il en doutait qu’il y en aurait un. Ils avaient encore beaucoup de boulot devant eux, et il ce n’était pas dit que le sergent les laisserait tranquilles. Les voir ainsi s’en sortir sans punitions devait lui donner des envies de meurtre, alors qu’il semblait si certain de pouvoir leur mener la vie dure lors de leur arrestation. Même sans parler du guet, tout le monde semblait sur les nerfs. Leur réputation lors de leur arrivée dans le village n’était déjà pas très haute, mais maintenant elle devait être carrément anéantie. La nouvelle de l’incident devait s’être répandue comme de l’ivraie dans un champ.

Quoi qu’il en soit, cette affaire lui avait appris une leçon qu’il n’oublierait pas de sitôt. Il s’était déjà mis dans le pétrin pour sa grande gueule, mais jamais cela n’avait atteint de tel sommet.

De même que Bruno, le jeune homme fut curieux d’en apprendre plus sur la discussion entre la sœur et le sergent. Qu’il soit parti aussi tranquillement l’interloquait. Elle put lui confirmer ses soupçons. Il n’y avait pu qu’à espérer que ses paroles avaient pu le ramener à la raison. Tout comme Lucie, il n’avait pas vraiment envie d’avoir un représentant de la loi sur son dos. Un représentant de la loi corrompu en plus de cela, et qui avait une raison de les détester. Il ferait son possible pour l’éviter. Inutile de se faire remarquer davantage.

« Merci encore ma sœur, pour tout ce que vous avez fait … Nous vous sommes redevables. Et euh … et vous êtes très … compétente. » En guise d’au revoir, il lui offrit un hochement de tête un peu hésitant.

Il l’observa un peu alors qu’elle quittait la cour seigneuriale. À cet instant, il ne put s’empêcher de la trouver tout à fait charmante.

Une fois à l'extérieur, Régil se mit les mains dans le dos et se plia en deux afin de faire craquer ses articulations, et poussa un long soupir de plaisir en réponse. Ils étaient dehors ! Le serf pouvait sentir l’air frais, et pas cette horrible odeur lourde et humide du donjon. Il avait de la pitié pour les gens qui y croupissaient pendant des mois, voire des années. Il espérait ne jamais mourir dans de telles conditions. Il préférait rendre l’âme une faux à la main, dans ses champs, ou auprès des fidèles de sa déesse, mais certainement pas seul au fin fond d’une cave, avec des rats pour seule compagnie. Que la Dame l’en préserve …

Il put retrouver la chapelle, un lieu on ne peut plus réconfortant que les geôles du château. Près de sa déesse, Régil se détendit en attendant leur chef. Il savait ce qui les attendait ; il allait leur passer un sacré savon. Il avait eu le temps de s’y préparer ou du moins il le croyait. Lui et son frère avaient toutes les raisons de se faire sermonner. Pour les autres, il en était moins sûr.

Émile pointa rapidement le bout de son nez. Il semblait avoir hâte d’en découdre avec les pèlerins, car il marchait d’une démarche qui l’aurait fait rire dans d’autres circonstances, mais qui sur le moment le faisait plus craindre la correction qui les attendait.
Le jeune homme resta bien droit lors de la tirade énervée du pèlerin exalté. Régil aurait bien voulu lui fournir des explications, mais il savait son chef beaucoup moins réceptif que la prêtresse. Il encaissa les insultes, évitant de prendre un air trop insolent, ou trop neutre, pour ne pas jouer sur ses nerfs davantage. Il avait au contraire un air un peu penaud.

Il s’en alla finalement, les laissant seuls avec Alix, la recluse de la chapelle. Il lui jeta un coup d’œil quelques instants, et à ce qu’elle portait dans ses mains.

« Mon frère a bien expliqué. Lui et moi avons fait une bêtise, comme d'vulgaires enfants, et maintenant nous devons nous rattraper aux yeux de not’ chef. Vous pouvez nous laisser vos affaires ma sœur, et vaquer à vos occupations. Nous allons nous occuper de tout. »

Il lui sourit, tout en évitant son regard, ce qui rendit l’interaction un peu étrange. Il n’était pas sûr d’avoir le droit de poser ses yeux sur son visage. Certes, elle avait abandonné son statut de noble pour prêter sa vie à la Dame, mais tout de même …

Régil sentit son ventre gronder, quémandant de quoi apaiser sa faim. Il ne pouvait pas se permettre d’y penser. Il devait pour l'instant gratter ce sol, et après peut-être il pourrait en faire sa priorité.
Régil d'Aquitanie, Voie du Pèlerin Bretonnien
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Re: [Régil et Arnaud] La route rend libre

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Alors qu’Arnaud commençait les explications, il reçut des mines assez interloquées des autres pèlerins. Heureusement, Régil intervint vite, pour rajouter à ses explications, et notamment la dernière, sur laquelle Bruno ne manqua pas d’insister :

« Oui. On va, tous bosser à ta place. »

Et il jeta un mauvais regard à Arnaud. Visiblement, l’excès de politesse du plus jeune du groupe l’avait bien embêté.

« Hé bien mes frères, je ne veux pas déranger, mais à vous dire franchement ça ne serait pas de refus. Il faut nettoyer tout le sol, et, si je vous ai sous la main, si vous pouviez en profiter pour nettoyer la cire des chandeliers… »

Et sur ce, Bruno bouscula vivement Arnaud de côté, tendit lui aussi sa main, et chipa le seau à la dame au visage brûlé.

« Au boulot. »

Et il héla ses camarades pour qu’ils aillent remplir leur punition.


Heureusement, à cinq, le travail fut rapide. La chapelle n’était pas très grande, et d’ordinaire, ce devait être à Alix toute seule de l’entretenir avec ses bras ; les garçons n’étaient peut-être pas tous très habitués à nettoyer des parquets (La chaumière dans laquelle Régil et Arnaud grandirent n’avait même pas de sol, pour tout dire — ils marchaient directement sur la terre battue), mais ce n’était pas une science savante. Sous les ordres très militaires de Bruno, ils finirent tous par passer le balai, asperger la pierre d’eau savonneuse, et brosser partout où ils pouvaient. Alix, un peu gênée de voir les cinq bonhommes ainsi travailler, tenta elle aussi de les rejoindre, mais elle fut vite interdite par tout le monde — ça n’aurait pas été très galant, et puis, ils méritaient un peu tous…

Il y avait quelque chose de bizarrement réconfortant à travailler dans une église. Ils n’étaient pas payés et c’était une corvée épuisante, mais l’œuvre n’était pas ingrate — ils servaient, après tout, à magnifier un lieu béni de la Dame du Lac. Personne ne se plaignit, ou ne fit de plaisanteries, tout le monde mit la main à la pâte très sérieusement, en s’assurant de remplacer les bougies, de retirer la cire des anciennes, de décrocher les toiles d’araignées au plafond… Dans l’ensemble, Alix avait fait un travail merveilleux, surtout sur les broderies qui étaient toutes impeccables, sans une peluche ou un fil en train d’être avalé par des mites.
Malgré tout, la chapelle accusait un peu l’âge. Le gisant au centre du temple voyait ses peintures se décolorer, et au lieu de montrer un beau visage blanc et un uniforme tout coloré, il n’y avait plus que le gris d’une pierre légèrement sédimentée. Au fond, quatre statues en bronze avaient un peu verdi.

Ils finirent tous leur travail au bout d’une heure, une heure trente. Ça sentait très bon le savon. Le quintette put donc quitter la chapelle, marcher trois minutes vers un établi avec un robinet, où ils purent rincer les seaux et ranger le matériel. Ensuite, fatigués et couverts de sueur, ils s’assirent sur les marches de la chapelle, et soufflèrent un instant.

Ils eurent rapidement une surprise — Alix, qui s’était volatilisée en plein milieu de leur boulot, était de retour avec un panier sous le bras. Elle leur offrit un joli sourire, et avec une petite voix, annonça :

« Vous devez avoir faim, si vous n’avez pas bien mangé ce matin en plus. C’est pour vous. »

Elle tendit le panier à Régil, juste instinctivement. Il y avait à l’intérieur du panier deux cruches, l’une avec du lait, l’autre avec un liquide ambré pétillant — du cidre tout frais. Pour manger, il y avait là quelques fruits, un gros pain, des petites brioches à la farine blanche pleines de pépites de raisin, du lard fumé et un camembert.
C’était pas le repas le plus incroyable au monde. Mais après avoir à peine eut de quoi se nourrir depuis hier soir, ça paraissait être un festin. Les pèlerins bégayèrent tous des remerciements un peu maladroits, tandis qu’Alix ricana :

« Allons, c’est mérité. Vous avez fait en une heure ce qui aurait dû me prendre tout l’après-midi. »

Et sur ce, elle fit un signe de tête et entra à nouveau dans la chapelle, tandis que Bruno vola le panier des mains de Régil, et se chargea lui-même de distribuer la bouffe et la boisson à tout le monde.
Ils purent tous calmer les douleurs à leurs estomacs, avant de se reposer au soleil quelques minutes. Maintenant était arrivé le moment de discuter de ce qu’ils souhaitaient faire.


Régil se porta volontaire pour aller voir les paysans tout en bas de la motte castrale. Il pensait que les paysans pouvaient très bien avoir vu des choses qui intéresseraient Lucie, et il était prêt à aller auprès d’eux pour se renseigner, quitte à travailler un peu aux champs pour se mêler à eux. Le petit Luc eut une mine interrogatrice :

« T’viens juste d’arrêter d’être serf et t’as envie d’y retourner ? »

Les serfs de Bretonnie ont l’interdiction de partir de la terre à laquelle ils sont attachés, sauf dispenses seigneuriales offertes au compte-goutte. Fuguer, c’est risquer d’être poursuivi par des chasseurs de primes, et être ramené de force à l’aide d’une bastonnade si on n’a pas pu atteindre la sécurité d’une ville avant d’être ferré. Devenir pèlerin du Graal était un bon moyen de briser une condition à laquelle on échappait pas.
Que Régil choisisse volontairement de retourner travailler aux champs ne pouvait qu’attiser la curiosité.

« C’est vachement dur, surtout en c’te saison. Moé j’étais berger, berger ça va, on est vilains, pô serfs. M’enfin, si t’es motivé, ça peut être très utile…
– Je… Comptais… Aller au… Magasin… Acheter… Nos vivres…
– Oué, d’ac patron. Luc, tu d’vrais aller avec lui, pour l’aider à porter les courses. »

Le jeune hocha de la tête.

Arnaud, lui, préféra rester là où ils étaient, puisqu’il pensait que parler aux hommes d’armes du coin serait beaucoup plus utile. Voire, peut-être, aux nobles.
Bigleux grimaça.

« Fais gaffe quand même. Les nobles, c’est… Un aut’ monde. »

Pourtant, la jolie jeune fille à l’intérieur du palais n’avait pas hurlé au démon en le voyant. Et s’il tentait vraiment d’y retourner ? Quel est le pire qui pouvait arriver ? »

« Moi, j’vé voir nos bêtes à l’écurie. M’assurer qu’elles vont ben, qu’on les traite pô mal. Puis j’en profiterai pour essayer d’causer aux garçons d’écurie. »

Tout le monde avait de quoi occuper sa journée. Émile leur avait donné rendez-vous à la chapelle ce soir, si on le comprenait comme le coucher du soleil, ça leur laissait plusieurs heures.


C’est malheureusement seul que Régil fit tout le trajet à pied pour descendre du village castral. Il passa devant les gardes, puis dépassa un taureau tractant une charrette, et finalement, il se retrouva un peu seul devant un chemin de terre.
Au loin, il y avait des tas de champs, et Régil reconnut sans mal l’assolement triennal typique des paysans : un tas de pâturages étaient dégagés, et dessus étaient en train de pâturer des ânes et des vaches dans de grands enclos. Plus loin, il y avait des labours, les blés d’hiver qui attendaient l’été pour pousser. Enfin, il y avait les labours réservés aux légumineuses, à ses vénérables pois et lentilles, un véritable cadeau de Rhya — alors que les céréales étaient taxées et surtout destinées à la vente, c’étaient les humbles légumineuses qui servaient à faire des soupes avec lesquelles bien se nourrir. Elles avaient probablement sauvé la vie de Régil.

Sur le chemin, Régil s’arrêta devant une montjoie, un tas de pierres surmonté d’un petit cœur grossier taillé dans de la pierre ; un petit symbole Shalléen. Il pria devant puis passa son chemin.

Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, il arriva devant un groupe de paysans qui travaillaient devant de grandes lignées de vignes. Ils étaient une petite trentaine au moins, hommes et femmes, de quinze à cinquante ans, à s’atteler à travailler. Le fait que la vigne fut enclose par un tout petit muret de pierre signifiait que c’était la vigne personnelle d’un seigneur — celle de Manassès Desroches, donc. Régil avait affaire à des serfs, qui se mettaient déjà au boulot avec le printemps naissant — la vigne se réveillant, c’était déjà la saison de débutter et désherber les arbustes, ce qui était un boulot tout simplement crevant.

Régil enjamba le muret, et approcha des paysans. Il eut quelques regards levés, et un bonhomme d’un certain âge, maigrelet, le dos voûté, les cheveux poivre-et-sel, s’approcha de lui en levant la main.

« Hélà, grand ga’yard.
Tu d’vrais pô rester lô. Ici céti la terre d’un comte, oui-da ; qui peut t’faire ben du tort.
T’cherches quoi ? »


Régil demanda au vieux, l’aîné du groupe, s’il avait du travail. Le vieux eut l’air soudain gêné.

« Tsss… J’pô d’sous pour payer un journalier, ga’yard. Va en ville, y a un temp’ d’Shallya, y peut t’filer une aumône. »

Là-dessus, Régil dit qu’il ne voulait en échange qu’à manger. Là, le vieux réfléchit derechef.

« Pffft…
Moué. T’as l’air ben ga’yard
D’ac. T’vas m’suivre. »


Il s’approcha d’un petit trio de gens en travail de travailler : une femme et deux hommes, tous un peu plus jeunes que Régil, mais pas de beaucoup — l’âge d’Arnaud, quoi. Le vieux laissa Régil se présenter et faire connaissance, puis déjà, il fallait continuer le travail.

Et ainsi, Régil put à nouveau connaître la sensation de se casser le dos, alors qu’il commença le débuttage des pieds de vigne, pendant un long moment, avec des paysans un peu gênés de sa présence qui soufflaient et souffraient dans leur emploi.
Jet d’endurance de Régil : 16, échec. Pauvre Régil souffre à cause du boulot. Il gagne une condition de « Fatigué » (-1 à tous les tests.)

+2 PdC de Rhya, Déesse-Mère de la Terre, pour te rappeler de tes origines :orque:
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