[William le sanguinaire] Au Gouffre !

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Kriegsherr
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[William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

Le soleil était haut dans le ciel de l'Ouest du duché Couronne, l’été battait son plein et il faisait chaud en cette fin mois de l’avant-mystère (Vorgeheim pour les impériaux), où, seize ans et jour plus tôt, William était né. Là, à la croisée des chemins, se tenait un cavalier solitaire, en route vers l'aventure tant désirée, mais portant sur ses épaules le lourd fardeau de plus d'un destin.

***



La veille, sa famille avait dignement fêté son anniversaire et celui de sa sœur jumelle, Jeanne. Ce fût sans doute le dernier jour de leurs anciennes vies. Un jour de liesse, oui, mais pas seulement. A cette occasion, bien des choses avaient changé pour William comme pour sa sœur bien-aimée, et désormais, plus rien ne serait comme avant. Qu’ils le veuillent ou non, les deux jeunes gens allaient maintenant devoir affronter des responsabilités nouvelles. La protection du cocon familial qui avait duré jusque là ne jouait plus, ils étaient pleinement adultes.

Pour Jeanne, cela signifiait qu’il était désormais temps de lui chercher des prétendants pour « faire un bon mariage ». Une chose qu’elle craignait plus que tout, et qui équivaudrait pour elle à être enfermée et soumise aux désirs d’un homme qu’elle n’aimerait pas, condamnée à vivre par procuration en lui faisant des enfants et en écoutant les récits d’aventures qu’elle aurait aimé pouvoir vivre elle-même.

Pour William, cela signifiait devoir partir pour faire ses preuves, laissant derrière lui une vie confortable, mais également et surtout une sœur qui aurait tout donné pour pouvoir l’accompagner, et qu’il risquait de ne jamais retrouver comme avant, si par malheur elle était mariée durant son périple. Ce n’était sans doute pas tant l’aventure qui lui faisait peur -au contraire, ils la désiraient tous deux- que cette dernière perspective d’abandonner sa sœur à un sort qu’il savait terrible pour elle.

Ce moment, les jumeaux l’avaient maintes fois imaginé, anticipé, craint aussi. Et fort heureusement pour eux, ils avaient fini par trouver une solution, une parade, grâce à une idée de Jeanne. Comme toujours, ils se protégeraient l’un l’autre.

La tradition locale voulait que la plus belle femme du fief propose une quête au jeune chevalier. Bien évidemment, ce fut la demoiselle Jeanne qui fut considérée comme telle : il n’était absolument pas concevable de choisir une quelconque paysanne, fut-elle infiniment plus belle. En vérité, Jeanne n’était ni particulièrement jolie, ni particulièrement laide. Comme William, elle était brune aux yeux verts, mais ses traits fins lui allaient bien, mieux qu’à son frère. De plus, il se dégageait d’elle un charme indéniable, et elle possédait une autorité naturelle qui forçait l’obéissance, tel un général sur le champ de bataille.

Lorsqu’elle lui donna son épreuve et sa faveur, symbolisée par une mèche de ses cheveux, on aurait pu croire que c’était d’elle que dépendait l’avenir de son frère.

Il n’en était rien. Au contraire, le destin entier de Jeanne reposerait sur les épaules de William. Cette faveur, c’était un gage que son cœur et son esprit l’accompagneraient durant son périple, et qu’elle comptait sur lui, son ultime protecteur, pour revenir la sauver d’un destin sinon inéluctable. Car l’échec de William serait l’échec de Jeanne. S’il tombait dans sa quête, elle serait mariée de force, qu’elle le souhaite ou non.

Car lorsque le Comte Édouard, selon la tradition, demanda à son fils ce qu’il désirait pour son anniversaire, ce dernier lui répondit qu’il souhaitait que nul ne puisse prétendre à la main de sa sœur sans l’avoir auparavant battu dans un duel amical.

Une telle demande était très inhabituelle et surprit l’assistance, à l’exception cependant de dame Philippa, leur mère, qui semblait d’être attendue à une manœuvre de ce genre, mais la désapprouvait tout autant que les autres. Tant leur frère aîné survivant que leur père furent choqués, de même que la plupart des invités. En général, les futurs chevaliers errants demandaient plutôt une bénédiction, un destrier, une armure, une arme, un écuyer, voire même de l’argent pour les moins honorables. Et puis, le choix de l’attribution de la main d’une fille devait normalement revenir à son père, afin qu’il puisse choisir les alliances à forger et assurer la perpétuation de la famille selon ses désirs. Mais la tradition était la tradition, et le Comte soupira en accédant à la demande de son fils, tout en lui indiquant que cette promesse ne tiendrait que s’il restait en vie. Pour l’aider à rester en vie, justement, Édouard confia un magnifique écu à son plus jeune fils, sur lequel il avait fait peindre ses armoiries.

C’est ainsi que la soirée se termina, en demi-teinte, sauf pour Jeanne, dont les yeux rayonnaient de bonheur et qui prit plaisir à danser avec William dans ce qui serait sans doute leurs derniers moments passés ensemble avant longtemps.


***



La route depuis l’Ouest du duché de Couronne jusqu’au Gouffre Noir, situé au Sud du duché de Bastogne, promettait d’être longue. Au mieux, il faudrait une dizaine de jours, peut-être même plusieurs semaines pour y arriver.

Les premières lieues du périple étaient en terrain connu, et notre héros William n’eut aucun mal à s’y repérer. Au sortir du fief, un premier choix s’offrit au cavalier solitaire monté sur son fidèle compagnon, Tonnerre. Ce choix se matérialisa sous la forme banale d’un carrefour de chemins de terre, où un poteau de bois orné de panneaux indiquait les différentes directions possibles.

William connaissait peu la géographie, mais il avait pu, avant de partir, consulter une carte générale de la Bretonnie, et il connaissait par les histoires qu’on lui avait racontées les duchés et les endroits les plus emblématiques de la Bretonnie.

Aucun itinéraire ne lui paraissait particulièrement sûr, mais plusieurs options s’offraient à lui.

Il pouvait continuer plein Sud, traversant le duché de l’Anguille pour ensuite traverser l’Artenois, coupant à travers la forêt d’Arden, et rejoignant ensuite Bastogne en suivant l’affluent de la Grisemerie, à la frontière du duché de Gisoreux. C’était là l’itinéraire le plus direct.

Il pouvait continuer le long de la Sannez, puis prendre le long de son affluent qui descendait dans la forêt d’Arden au pied des Pâles Sœurs, dans le duché de Gisoreux, avant de rejoindre la ville de Gisoreux en longeant le massif des Pâles Sœurs vers le Sud.

Enfin, il y avait les possibilités d’un long contournement de la forêt d’Arden, soit en passant par les duchés de l’Anguille, de Lyonesse et du Moussillon, soit en traversant tout le duché de Couronne d’Ouest en Est, en passant par Marienburg et ensuite la trouée de Gisoreux.


Et voilà, c’est parti ! N’hésite pas à décrire plus largement la journée d’anniversaire avant ton départ si tu le souhaites. Tu peux faire interagir ta sœur avec toi, la faire parler, etc… Tu peux également décrire tes actions éventuelles précédant ton départ ou réalisées sur le fief de ton père, que tu peux décrire également si tu le souhaites.

PS : la description de Jeanne a été faite par William par MP, je l'ai reprise ici.
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William Le Sanguinaire
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

Le grand jour était arrivée, et William n’aurait jamais cru qu’il puisse à la fois vivre le pire et le meilleur jour de sa vie. Il aurait tant aimé que sa soeur soit à ses côtés sur ce croisement, pour qu’ils puissent choisir le meilleur chemin à prendre. William sourit en se disant qu’il serait fort à parier que cela aurait fini en dispute. Le jeune chevalier serra la mèche de cheveux de sa soeur, accrochée à sa ceinture, comme si cela avait le pouvoir de l’invoquer. Il regarda même autour de lui dans l’espoir, que peut-être la dame lui avait accordé cette faveur, mais il n’en fut rien. Il se rappelait encore les derniers mots qu’elle lui avait chuchottée, « Reviens en vie, quoi qu’il en coûte. »

Il avait encore du mal à croire que leur stratagème avait fonctionné, ils avaient joué un jeu dangereux, mais cela leur avait fait gagner un peu de temps. Sa quête avait cependant changé, car ce n’était pas un, mais deux destins dont il avait la responsabilité. Ils semblerait que lui et sa soeur soient aujourd’hui aussi liés qu’ils l’étaient dans le ventre de leur mère. La réaction de ses parents et de son frère avaient été prévisible, mais William avait le sentiment que seul leur mère se doutait des véritables raisons de son acte. Pour les autres, ce n’était surement qu’un acte stupide pour prouver qu’il était le meilleur, et cela dicté par l’impétuosité de la jeunesse, et non par l’esprit brillant de sa soeur. Par chance, ce n’était pas le premier acte de ce genre qu’il faisait, et si sa demande avait été inhabituelle, il avait suffisament prouvé qu’il agissait parfois sans réfléchir.

Mais sa mère était trop intelligente pour que cela puisse passer avec elle, et il se rappelait son regard désaprobateur qui l’avait fixé tout au long de la soirée. William frissonnait d’avance de ce qui l’attendait à son retour à ce sujet. Seul son frère, lui et sa soeur étaient au courant, mais pour eux, il ne faisait aucun doute que sa mère était le véritable pouvoir chez eux, et si elle aimait sincèrement son mari et ses enfants, elle pensait avant tout au bien du fief. Il se demandait à quel point elle avait deviné leur véritable objectif, et à quel point elle se doutait que l’affection qu’ils avaient l’un envers l’autre était plus que fraternel. Mais il était toujours tellement dur de lire en elle qu’il pourrait autant chercher à comprendre le soleil. Mais bon, sa soeur saurait s’occuper d’elle-même jusqu’à son retour, elle avait heureusement hérité du même esprit que sa mère.

Ses adieux avaient été rapides, et William s’était rendu compte à cette occasion qu’il n’avait que peu de personnes, en dehors de sa famille, à qui il manquerait. La seule personne avec qui il avait eu un au revoir un peu émouvant était son maître d’armes favoris, Pedro De la Torre. Sinon, aucun des membres de la cour ne l’appréciait. Quand aux paysans n’en parlont pas, la plupart pissaient de terreur rien qu’en entendant son nom, et ils étaient surement tous soulagés de le voir partir loin de chez eux. Après, William ne pouvait pas leur en vouloir, il n’avait jamais été facile à vivre, et il avait été le seul fléau dont ces paysans avaient eu à se soucier ces dernières années. Il espérait que sa quête lui permettrait d’acquérir encore plus de contrôle sur lui-même, et ainsi lorsqu’il reviendrait, il deviendrait quelqu’un de fréquentable.

Malgré tout, le fief allait manquer cruellement au jeune homme, il y avait tout ses souvenirs et en connaissait chaque pierre. A vrai dire, il n’était jamais sorti des limites du domaine. Mais, il était temps d’aller vers l’inconnu et de vivre des aventures incroyables qu’il pourrait raconter à sa soeur. De plus, il partait avec peu de choses, seulement ce qui lui apartenait de plein droit, contrairement à de nombreux autres qui se faisaient équiper de pied en cape avec le meilleur équipement par leurs parents. Cela lui permettrait de se couvrir d’encore plus de gloire à son retour.

Sachant en avance quel serait le contenu de sa quête, il s’était préparé en amont avec ses économies, qui étaient bien maigres. Il s’était aperçu à cette occasion qu’un bon équipement coûtait cher, et s’il avait pu avoir une armure sur mesure pour son anniversaire, elle était loin d’être en métal. Quand à sa rapière, c’était un cadeau de son maître d’arme Pedro de la Torre pour son anniversaire, mais il la lui avait donné quelque semaines auparavant pour qu’il puisse s’y habituer. Heureusement, son père lui avait aussi donné un magnifique écu pour compléter son équipement, où il aurait eu l’air bien pauvre. Malgré tout, il ne lui restait que deux pistoles pour se nourir, et à vrai dire, il n’avait pas la moindre idée de ce que pouvait coûter un repas sur les routes, il n’avait en effet jamais eu à payer pour manger, et l’idée même lui paraissait étrange, peut-être qu’en disant son statut, les braves paysans le nourriraient gratuitement.

Mais bon, il ne servait à rien de ressasser, il devait se concentrer sur ce qu’il pouvait influencer, à savoir sa quête. Il devait planifier son chemin, bien sûr, occire un rejeton des profondeurs serait surement palpitant, mais cela ne lui servirait à rien s’il ne devenait pas plus fort dans le processus. En effet, plus ses compétences martiales augmenteront, moins il y aura de chance de perdre quand il ferait ses duels à son retour. Son but était que jamais personne n’arrive à le battre, et que donc, personne ne puisse jamais épouser sa soeur, ou tout du moins, et même si cela lui ferait mal, qu’elle puisse choisir quelqu’un qui lui conviendrait.

Il avait donc le devoir d’acquérir le maximum d’expérience sur son chemin, mais il ne pouvait pas non plus prendre trop de temps à son voyage. Il était en fort à parier, que s’il prenait trop de temps à revenir, il soit considéré comme mort, et que donc, la protection qu’il avait réussi à gagner pour Jeanne disparaisse.

William poussa un rugissement de frustration auquel seul le silence répondit, le monde était-il si injuste pour deux âmes pures dont le seul crime était de s’aimer ? Ce n’est pas comme si l’un et l’autre l’avaient choisi.

Il prit une grande inspiration pour se calmer, et poussa son cheval plein Sud, il prendrait à l’aller le chemin le plus direct, quitte à changer au retour pour un chemin plus long. Et puis, il avait l’habitude des bois, ayant passé une grande partie de son enfance dans ceux de son fief, avec sa soeur, et explorer la forêt d’Arden, pleine de dangers, serait sûrement une expérience très formatrice.

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[MJ] Kriegsherr
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

La route allant vers le Sud traversait le fleuve Sannez, ce cours d’eau qui sur la dernière partie de sa longueur, servait de frontière entre les duchés de Couronne et de l’Anguille. A partir de la ville de Couronne elle-même, le fleuve, jusque là très étroit et aux forts courants, s’élargissait, profitant des nombreuses sources du secteur pour s’élargir et irriguer les terres alentours, dont faisait partie le comté d’Edouard « le sage », les rendant très fertiles.

Puisque William avait opté pour l’itinéraire le plus direct, il n’avait pas eu à remonter le fleuve, mais été passé directement dans le duché voisin. Son blason étant connu dans ces terres proches de chez lui, il n’avait pas eu de problème pour traverser le pont de bois gardé par des hommes d’armes. Ces derniers se contentèrent de le saluer en s’écartant de sa route. Non pas que de simples paysans auraient de toute façon eu l’audace d’arrêter un chevalier.

Dans un premier temps, les paysages qui s’offrirent à la vue du jeune William lui parurent familiers. D’un côté comme de l’autre du fleuve, les terres étaient relativement semblables. Il s’agissait de riches domaines agricoles, surtout céréaliers et viticoles. La région ne comptait pas vraiment de vraies collines, mais comme dans le duché de Couronne, on trouvait de nombreux petits mamelons ou mottes, souvent surmontés de châteaux, de donjons ou de tours en bois ou en pierre, appartenant aux pléthoriques seigneurs locaux et gardant leurs domaines. De nombreux villages et bourgs poussaient ça et là, profitant de la richesse des sols de la région. En s’éloignant un peu des abords du fleuve, on trouvait de nombreux petits bois de feuillus, propices à la chasse, mais aussi à la récolte des champignons et à l’exploitation forestière. Tout comme le duché de Couronne, cet endroit était en apparence un havre de paix, de prospérité et de richesse.

De ce que William en savait, cette impression était assez proche de la réalité : il n’y avait en ces lieux que peu de menaces extérieures. Les histoires parlaient des raids des pillards norses qui attaquaient parfois le Nord de la Bretonnie, et pouvaient remonter les fleuves pour piller les alentours, ou des hommes-bêtes venant du Sud, de la forêt d’Arden. Mais ces deux menaces, bien que réelles, étaient quand même relativement limitées. Le plus souvent, il s’agissait de petites bandes assez discrètes pour passer entre les mailles du filet, les vraies incursions majeures se comptant sur les doigts d’une main au cours des siècles précédents. Non, la seule véritable menace quotidienne ici était les bandits, bien qu’il s’agissait plus un fléau pour les paysans et d’une simple nuisance pour les nobles.

La première journée de trajet fut plutôt tranquille. Le chevalier chemina sur des routes sûres et bien entretenues, et Tonnerre put avaler les kilomètres. Lorsque le soir tomba, cependant, notre héros se trouva confronté à un premier dilemme, un problème qu’il avait anticipé sans dégager de solution. Où s’arrêter pour manger et pour dormir ? Le midi, il avait pu faire halte le long du chemin et avaler des provisions prises dans le garde-manger familial, mais il ne lui restait désormais plus que l’eau de son outre.

Le soleil déclinait à l’horizon, ce qui laissait encore une bonne heure ou deux à William pour s’organiser et trouver une solution à ces problèmes bassement matériels.



N’hésite pas à me contacter par MP ou discord si tu as des questions, je peux te donner davantage de précisions.

Pour information, tu as parcouru environ 50 km, ce qui est bien. A cette allure, je considère que tu es en état de te battre à tout moment dans la journée sans malus si besoin est, et que toi et ton cheval pouvez enchaîner indéfiniment les journées à cette allure. Les pauses sont incluses.

Un messager entraîné voyageant très léger pourrait faire le double de km par jour, mais ça fatiguerait très rapidement le passager et la monture, potentiellement jusqu’à la tuer si l’effort est trop intense ou répété. Si tu veux forcer l’allure ou ralentir, cependant, tu peux l’indiquer dans tes posts.

La vitesse dépendra parfois des conditions de trajet (forcément dans les montagnes ou la forêt ce sera plus lent).

Pour information, à laquelle ton PJ n’a accès que si et seulement si il a préparé son trajet avant de partir en lisant une carte, il y a environ 650 km à parcourir par le chemin le plus direct (environ 400 miles), et je parle uniquement de l’aller (on parle donc de minimum 1300km aller-retour).
Tu es donc parti pour un sacré bout de temps (au moins plusieurs semaines), et cela même tu ne rencontres aucune péripétie (car forcément ça peut ralentir) et que tu repars dès ton arrivée. De manière plus réaliste, la durée probable estimée pour ton voyage est de plusieurs mois. Ta famille table sur cela, en tous cas.
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William Le Sanguinaire
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

L’estomac de William gargouilla, et il eut un instant le regret de ne pas pouvoir faire comme Tonnerre, qui n’avait besoin que de brouter de temps en temps les herbes se tenant le long du chemin. C’était très économique, facilement accessible et présent en grande quantité. Mais bon, à part s’il comptait se transformer en cheval dans les prochaines minutes, cela ne l’aidait pas beaucoup.

Il n’avait que deux pistoles en poche, autant dire rien ! En tout cas pour quelqu’un qui a l’habitude de voir des couronnes défilées à longueur de journée, mais il était hors de question qu’il dorme à la belle étoile quand c’était possible autrement. Il avait besoin d’un vrai lit quand même ! Il était dommage qu’il n’ait pas avec lui les chiens de chasse de son père, pour pouvoir aller débusquer quelques gibiers à faire cuire au coin du feu. Maintenant qu’il y pensait, il n’avait même pas de quoi faire du feu, à vrai dire il ne s’occupait jamais de ce genre de chose chez lui, le feu était allumé quand il devait être allumé, c’est tout.

Bon, William s’arrêterait au prochain village sur sa route, il trouverait une auberge digne de ce nom (entendre, pas trop cher), et peut-être qu’en faisant valoir son rang de chevalier il aurait pitance et logement gratuit. Aussi proche du fief de son père, son blason aurait sans doute encore de la valeur. Au pire, il pourrait toujours laisser une dette au nom de sa maison, et garder ses pistoles pour plus tard bien qu’il ne soit pas sûr que le Comte apprécierait beaucoup. S’il faisait cela, il aurait intérêt à revenir couvert de gloire.

Mais pour la suite, il faudrait sans doute qu’il trouve un moyen de se procurer un peu d’argent, mais comment ? Que faisaient les personnes en vadrouille pour en obtenir ? Lui, tout ce qu’il avait venait d’argent de poche qu’il avait plus que généreusement dépensé au cours des années. Il avait entendu dire que les aventuriers non chevaliers se faisaient payer leurs services, mais il était impensable qu’il fasse de même, c’était le devoir de tout chevalier de protéger les faibles. Après, si on l’accueillait généreusement après un acte héroïque, c’était autre chose, mais encore fallait-il qu’il y ait des problèmes à résoudre. Tout ça lui faisait mal à la tête, qu’il trouve déjà un repas et de quoi loger pour cette nuit, demain était un autre jour.

Il avait avancé d’un bon rythme aujourd’hui, sans pour autant trop fatiguer Tonnerre, car il voulait être prêt à réagir vite en cas de problème. Il ne servait à rien de se précipiter si c’était pour se retrouver mort dans un fossé à cause d’une embuscade de bandits quelle mort peu glorieuse. Bon, à priori, il n’y avait pas trop de risques dans les environs, il pourrait peut-être un peu forcer l’allure le lendemain mais avec raison, le voyage allait être long. À vrai dire, William était un peu déçu du début de sa quête, il s'attendait à rencontrer un paysage totalement différent une fois les frontières du domaine franchi, mais c’était ennuyeusement similaire.

Tonnerre, quant à lui, avait beaucoup apprécié cette liberté de chevaucher, il pouvait le sentir, mais il était trop impatient, et si William le laissait faire, il se fatiguerait trop pour la suite du voyage, ce qui risquerait de le ralentir. C’était étrange, lui souvent impétueux et impulsif, agir avec autant de raison. Mais après tout, c’était la première fois qu’il y avait autant d’enjeux. Pour Jeanne, il se devait de réussir.

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[MJ] Kriegsherr
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

Il ne fallut pas longtemps à William pour atteindre le village suivant, tant ils pullulaient sur ces terres riches et prospères. En l’occurrence, il s’agissait d’un hameau regroupant une quinzaine de masures paysannes. Pas de mur, pas de défenses, cela était inutile aussi près d’un petit château que l’on apercevait au sommet d’une motte voisine à peut-être deux ou trois kilomètres. Le village en question ressemblait à un regroupement de fermes et de quelques artisans autour d’un puits situé au centre d’une large étendue de terres arables. Au premier coup d’œil, le Sanguinaire identifia le seul lieu ressemblant de loin à une auberge grâce à une enseigne de bois sur laquelle était grossièrement peint un pichet débordant de vin rouge.

L’endroit était miteux. Avant même d’y entrer, William sut qu’il serait probablement à la portée de sa bourse. Mais entrer là-dedans serait pour le moins inhabituel pour un noble, d’aucun diraient même inimaginable ou déshonorant. Quoi qu’il en fût, le pragmatique chevalier errant devait bien manger et se reposer. Il put attacher Tonnerre à l’extérieur, devant le bâtiment, ce ne serait pas l’idéal pour la nuit, mais cela ferait l’affaire le temps qu’il entre et puisse négocier avec le tenancier.

Lorsqu’il poussa la porte en bois brut, notre héros fut sans doute surpris de trouver une ambiance beaucoup plus chaleureuse qu’on n’aurait pu l’imaginer. La pièce principale était petite, mais chaude et bondée. Autour de quelques tables, on trouvait une dizaine de paysans qui ripaillaient, heureux que leur journée de labeur soit enfin terminée. Derrière un comptoir, un barman s’assurait que sa serveuse apporte aux clients de quoi étancher leur soif avec quelques alcools coupés à l’eau. Si la propreté des lieux et la qualité des plats et des boissons servies semblaient pour le moins laisser à désirer, les gens du cru semblaient s’en accommoder.

Si William avait de quoi être surpris en pénétrant sans doute pour la première fois dans un établissement de ce standing, sa surprise n’était sûrement rien à côté de celle des habitants. Les paysans mirent un certain temps à s’apercevoir de la présence du jeune noble. La première à le faire fut la serveuse qui, venant s’enquérir de ce nouvel arrivant de manière cavalière, s’arrêta net au milieu de sa phrase, bouche bée et lâcha son plateau qui s’écrasa bruyamment sur le sol, attirant l’attention sur elle, avant de s’incliner et de se confondre en excuses, d’une petite voix terrifiée :


- Hé toi, beau brun, qu’est-ce qu… *Clang.*

- Oh m… Mille pardons, messire ! Votre seigneurie, je n’avais pas remarqué.

Une voix de stentor domina le brouhaha :

- Hé, Suzie, c’est quoi ce bordel ? Pourquoi t’as laissé tomber ton plateau, et qu’est-ce qu’tu fous par terre ! J’te prév… Par la Dame ! S… Seigneur… Vous accueillir ici, dans mon humble taverne, quel honneur !

S’adressant à tous en beuglant, le tenancier cria :

- Debout bande de chiffes molles ! On se lève et on s’incline pour saluer un chevalier quand il entre !

Et comme un seul homme, tous les paysans assis sans exception se levèrent pour mieux se courber devant William, tandis que la serveuse continuait à s’incliner maladroitement, dans une pâle imitation de la révérence des dames. Le tenancier, un grand gaillard assez laid, vêtu d’un tablier sale porté par-dessus une sorte de tunique qui fut autrefois blanche, reprit, d’un ton mielleux et servile :

- Votre seigneurie, soyez le bienvenu au « Pichet bien rempli ». Que nous vaut l’honneur de votre visite, que pouvons-nous faire pour vous ?


Puis, se tournant vers la pauvre Suzie, encore terrifiée, il aboya méchamment :

- Et toi, reste pas là plantée comme une greluche, fainéante ! Apporte à boire à sa seigneurie, et plus vite que ça ou je t’apprendrais à nous faire passer pour une auberge quelconque !

Tandis que Suzie ramassait son plateau, se relevait en bredouillant et fonçait derrière le bar, la tête baissée et rouge de honte, le propriétaire, reprenant son ton mielleux, sortit théâtralement de derrière le comptoir, torchon à la main et chassa d’un simple regard quelques péons d’une table proche, sur laquelle il passa son chiffon si maculé de tâches qu’on se demandait s’il ne salissait pas plus la table qu’autre chose, avant de proposer une chaise paillée à accoudoirs à William, en le gratifiant d’un large sourire sans dents :

- Monseigneur désirerait-il un peu de musique ? Désolé, nous n’avons pas de grand musicien, juste quelques gens capables de vous divertir. Vous auriez dû passer il y a quelques jours, un ménestrel itinérant était ici, ça c’était quelque chose ! Et si vous voyez des filles qui vous plaisent, n’hésitez pas, elles se feront un plaisir de vous servir.

En vérité, il n’y avait pas grand monde que l’on puisse qualifier de « beau » dans cette taverne remplie de travailleurs. Quelques filles étaient mignonnes, quelques jeunes hommes pas trop mal, mais rien de transcendant, et surtout, leurs guenilles ne les mettaient pas en valeur. Il aurait vraiment fallu être d’une beauté époustouflante pour pouvoir ressortir dans un tel environnement.

Sans même qu’il ne le demande, William vit que Suzie remplissait des plats de victuailles et des pichets d’alcool pour les lui apporter. S’il désirait prendre place à table, il ne mourrait assurément pas de faim ou de soif… Mais peut-être empoisonné par la qualité plus que médiocre des mets et alcools !
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William Le Sanguinaire
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

Mais quel Taudis ! Et quel Odeur ! Le pire étant que les Pécores avaient l’air d’apprécier cet environnement, ils n’avaient décidément aucun savoir vivre.

C’était bien la première fois que William rentrait dans un tel établissement, et si ça ne tenait qu’à lui, il n’y remettrait plus les pieds. Il n’aurait jamais imaginé qu’il soit si miteux. Après réflexion, il aurait peut-être été plus sage de se faire inviter par le seigneur du coin, qui l’aurait surement accueilli avec tout les honneurs qui lui étaient dus. Il était vrai qu’il était assez courant de retrouver des chevaliers errants dans tel ou tel domaine, dans l’attente d’une quelconque quête à réaliser, mais dans les contrées où les problèmes étaient mineurs, c’était plutôt rare. Et puis, lui avait déjà une quête, et ne serait-elle pas amoindrie s’il passait chaque nuit dans un château à festoyer ? Les mauvaises langues diraient qu’il était plus parti en voyage d’agrément qu’autre chose. Peut-être, mais elles s’agiteraient sans doute tout autant si la rumeur se répandait qu’il avait passé la nuit ici. Mais après, ni William, ni Jeanne d'ailleurs, n'imaginaient qu'un chevalier errant devaient faire le tour des châteaux de Bretonie. Il se devait de passer ses nuits à la belle étoile ou dans des auberges rustiques, seul ou avec ses fiers compagnons de voyage, qu’ils soient d’autres fiers chevaliers Bretoniens ou des aventuriers exotiques. Quel récit Jeanne préfèrerait, un où il avait passé la nuit avec d’autres seigneurs, qu’elle trouvait ennuyeux à mourir ? Où avec le bas peuple, qu’elle trouvait bien plus intéressant et divertissant ?

Après, il devait admettre qu’il n’imaginait pas du tout ainsi les auberges rustiques, et qu’il était bien proche de tourner les talons… Mais bon il était là, il ne pouvait plus reculer sans perdre la face. Prenant son courage à deux mains, comme s’il rentrait plus profondément dans la caverne d’un dragon, il s’avança, et…

…Personne ne fit attention à lui, du moins dans un premier temps, et quand ce fut le cas... Les mots que lui sortie la serveuse, William en resta bouche bée. La colère l’envahit, et il avait à peine la main levée pour châtier l’impudente qu'elle se confondait déjà en excuses. Avec un léger tremblement, William se força à abaisser son bras, il garda néanmoins son poing serré. Il avait déjà assez mauvaise réputation comme ça avec les paysans du domaine de son père, inutile d’en terroriser d’autres. Ses yeux transpercèrent néanmoins la serveuse du regard. Il finit cependant de se calmer quand tous lui témoignèrent le respect qui lui était du. Quand l’homme qui ne devait sans doute plus pouvoir boire que de la soupe lui parla, il ne lui répondit pas tout de suite, mais prit d’abord le temps de s’attabler, grimaçant en s’asseyant sur la chaise qu’on lui présenterait. Il aurait été plus confortable sur un tapis de clous.


Je souhaite juste me remplir l'estomac, ta meilleure chambre et que l’on s’occupe de mon cheval, pas qu’on me casse les oreilles avec du crin crin. Attention il faut être aux petits soins pour lui, tu en répondras de ta vie.

Il faillit ajouter quelques menaces pour que sa présence ici ne s'ébruite pas, mais c'était surement peine perdue. Pour eux, son passage était surement l'évènement du siècle.

Il jeta un oeil à ce qu’on lui préparait, allait-il vraiment manger ça ? Et sur cette table ? Il prit une grande inspiration et pensa à ce qu’il raconterait à Jeanne en rentrant, l’entendre rire dans son esprit valait bien un peu d’inconfort, et puis, les pécores survivaient bien en mangeant ces trucs.


Cependant, je serai intéressé par entendre les dernières nouvelles, je ne me serai pas tenu au courant ces derniers temps. Et puis, croisez-vous souvent des étrangers de passage ?

Il paraissait que les auberges étaient de bon lieux d’informations, et que c’était aussi là que passaient de nombreux aventuriers, peut-être aurait-il de la chance ce soir ? Ou peut-être n’était-ce que des contes de bonnes femmes, c'était l’occasion de vérifier.

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[MJ] Kriegsherr
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

Le tenancier s’exécuta sans attendre, obéissant aux ordres du chevalier avec moult courbettes et flagorneries.

- Mais oui bien sûr, monseigneur. Ne vous en faites pas, votre seigneurie, c’est ici la meilleure auberge du village.

Il se tournait ensuite vers sa pauvre serveuse, à qui il répétait en aboyant les instructions du sanguinaire :

- Allez, dépêche-toi, bougre de fainéante ! Tu n’as donc pas entendu monsieur ? Sers-le, va préparer sa chambre et occupe toi de son cheval, ou tu tâteras du fouet !

Tandis que Suzie, visiblement dépassée, tentait d’obéir comme elle pouvait, l’aubergiste se retourna vers William qu’il gratifia de nouveau de son sourire édenté et de son haleine fétide :

- Désolé, monseigneur, Suzie n’est pas habituée à servir des gens de votre qualité, vous l’impressionnez. Quant aux étrangers, il y en a bien de temps en temps, mais rarement de votre qualité. En général, les seigneurs comme vous s’arrêtent plutôt au château. Souvent, c’est plutôt des marchands ou des types louches qu’on veut pas trop approcher, vous savez, le genre armé et dangereux. Et puis, il y a aussi les artistes itinérants.

Le dernier que nous avons eu l’honneur d’accueillir sera ce barde… Comment s’appelle-t-il, déjà ? ...


Fouillant dans sa mémoire, mais ne retrouvant visiblement pas le nom qu’il cherchait, le tavernier se tourna vers la salle, en quête d’aide, l’air embarrassé. Parmi les clients, l’un d’entre eux, un joli jeune garçon qui devait avoir entre quinze et dix-huit printemps (c’était difficile à dire avec ces paysans), souffla : « Lasnier » d’une petite voix, la tête baissée et le regard fuyant, du rouge lui montant même aux joues. Apparemment, rares étaient les roturiers à avoir la verve de l’aubergiste. A l’instar de Suzie, la plupart semblaient plutôt intimidés ou impressionnés par la présence d’un seigneur et préféraient faire profil bas. Le patron remercia d’un signe de tête et se retourna vers William qui avait été servi entretemps par une Suzie gauche au visage écarlate. Il reprit, tandis que la serveuse s’éclipsait à la vitesse de l’éclair :

- Oui c’est ça ! Le jeunot a raison, Lasnier, Jacques Lasnier, je crois. Un sacré numéro celui-là ! Vous auriez dû y voir ! Y viendra certainement de la grande ville, avec ses habits tout rutilants, ses manières, son « style » comme qu’il dira. Il ramènera tout l’village dans l’auberge, et on dansera jusqu’à pas d’heure avec lui. Ce sera un sacré bonhomme, foutrement doué si vous voulez mon avis, et j’m’y connais bien en ménestrels, vous pensez bien, dans l’métier !

Ces informations données, le tenancier resta aux petits soins pour son invité de marque, sans-doute même fut-il un peu trop collant. Mais toujours fut-il qu’au moins, William put bénéficier des meilleurs services que l’auberge avait à offrir, ce qui n’était certes pas grand-chose quand même. Ainsi, au lendemain, après une nuit passée sur un lit dont l’inconfortable matelas paillé devait sans doute grouiller d’insectes, si ce n’était pire, le chevalier errant put reprendre sa route vers le Sud. Son cheval Tonnerre avait été bien traité, lui ne semblait pas avoir souffert autant que son maître : il avait pu bénéficier d’un enclos à l’arrière de l’auberge, où il y avait de l’herbe à brouter et un abreuvoir rempli d’eau claire fraîchement tirée du puits.

Le lendemain, le voyage fut tout aussi monotone, les paysages ne variant guère. Seule différence, la Sannez était loin, maintenant, et il progressait vite. En soirée, il aperçut au loin la lisière d’une grande forêt, s’étendant à perte de vue. Le sanguinaire savait ce que cela voulait dire. Dès le lendemain, il devrait entrer dans la première partie périlleuse de son voyage, une traversée du Nord au Sud de la forêt d’Arden, soit plus de 200 miles (320km) à vol d’oiseau. Au bas mot, s’il ne se passait rien, qu’il restait sur les chemins et qu’il ne se perdait pas, il en aurait pour quatre jours.

Au matin du troisième jour de son périple, notre héros et son fidèle destrier entrèrent donc sous les frondaisons, suivant la route. Plusieurs heures plus tard, alors qu’il progressait sur la route principale, William fut interpellé par un paysan qui venait en sens inverse. Visiblement essoufflé, le pauvre hère semblait hagard et avait des traces de suie sur lui :


– Bénie soit la Dame vous êtes un chevalier ! Messire, je viens d’une petite communauté de bûcherons non loin. Des… Des monstres mutants sortiront des bois et nous attaqueront, il y a peu ! Nous nous serons barricadés et je fuirai pour chercher de l’aide, mais nous ne tiendrons pas longtemps seuls. Si vous ne faites rien, nous sommes perdus. Pitié, mon village n’est pas loin, et vous avez juré de protéger les petites gens !

Tout en parlant, l’homme pointa du doigt un chemin plus petit qui allait vers l’Ouest, perpendiculairement à la route qu’il prenait. Comme la route n’était évidemment pas parfaitement droite, il était difficile de distinguer quoi que ce soit à travers les frondaisons. Vu l’état et l’étroitesse du chemin indiqué - à peine plus qu’un sentier boueux à moitié recouvert par la végétation -, il était probable que la communauté dont venait le fuyard devait se trouver assez proche, peut-être à deux ou trois kilomètres maximum. Qu’allait faire notre héros ?


Libre à toi de dire où tu as dormi la 2ème nuit. Je reste également disponible en cas de question. Tu peux continuer à questionner l'aubergiste ou avoir d'autres interactions dans l'ellipse, nous les jouerons alors, en parallèle de l'action en temps réel.
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William Le Sanguinaire
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

Apparemment, ce fameux ménestrel avait apparement marqué le village, c’était la deuxième fois que l’édenté en parlait. Après, il ne fallait pas grand-chose pour impressionner les pécores. Peut-être serait-il intéressant qu’il s’associe avec ce ménestrel s’il le croisait, ne serait-ce que pour avoir quelqu’un qui chante les hauts faits qu’il accomplirait. Encore fallait-il qu’il l’impressionne lui, il ne pouvait prendre l’émerveillement des petites gens pour argent comptant.

Et par où sera t’il partit, ce fameux Jacques Lasnier ? Et quand ?

Le jeune chevalier ne comptait pas spécialement le suivre, mais si jamais ce barde suivait le même chemin que lui, il pourrait toujours tenter de le rattraper en progressant. Quant aux types louches dont il parlait peut-être étaient-ils des aventuriers, mais cela pouvait tout aussi bien être des brigands ou de vils mercenaires. Dans tous les cas, il n’y avait personne de ce genre ce soir-là, donc il était dur de se faire une idée.

Quant à la nourriture, il ne l’aurait même pas donné à un rat.


Dis-moi, tu manges ça tous les jours ?

Dit-il en désignant d’un geste ce qu’il venait de goûter, ne cachant pas son dégoût.

Tous les paysans mangeaient-ils des choses aussi… médiocres ? Non, mais c’était surement juste ce village, tous les pécores ne mangeaient pas ainsi, et certainement pas sur le domaine de son père.

Le jeune chevalier se força à finir son assiette car il avait très faim, et qu’il ne souhaitait pas passer la nuit et la journée de demain l’estomac vide. Il faillit d’ailleurs se casser deux dents sur le pain tellement il était dur, et comprit donc pourquoi son hôte n’en avait plus.

Plus tard dans la soirée, il regretta son repas, car il eut des maux de ventre terrible et finit même par vomir dans un récipient qui trainait dans sa chambre, et surement prévu pour une autre utilisation.

Il ne ferma donc pas l’œil de la nuit. Bon, de toute façon, il n’aurait pas pu dormir dans « le lit » qu’on lui avait préparé, il aurait presque été mieux sur le sol. Si c’était la meilleure chambre, William ne voulait pas voir les autres.

Il fut près de réveiller son hôte en pleine nuit pour le bastonner et lui montrer que ce n’était pas ainsi que l’on traitait un chevalier, mais il se ravisa quand il s’aperçut que son cheval lui, était aux anges et traité au mieux. Tonnerre eut hennissement faisant presque penser à un rire quand il vit la tête de son maître et William, se sentant moqué, le foudroya du regard. Il comprit alors que la pécore était sincère, et qu’il avait fait son possible pour le traiter dignement… Cette réalisation le choqua, jamais il n’aurait cru que les paysans vivaient ainsi, cela le fit beaucoup réfléchir. Après, c’était peut-être un cas isolé surement qu’ils ne vivaient pas tous aussi mal.

Le jeune noble ne fut pas fâché de partir, et se fit la promesse solennelle qu’il ne remettrait jamais les pieds dans un tel établissement ! Il avait fait l’expérience une fois, Jeanne serait contente. Et puis, il préférait qu’on dise qu’il partait en voyage de plaisance, plutôt que de mourir d’indigestion dans une auberge douteuse. De plus, apparemment, tous les chevaliers en voyage, même errants s’arrêtaient dans un château, de ce qu’avait dit le tavernier. William regrettait de ne jamais avoir fait attention à ce genre de détails quand il était plus jeune, ou de ne pas avoir demandé de conseils avant de partir. Il commençait à se rendre compte à quel point il avait vécu une vie insouciante jusque-là, et que les balades qu’il avait pu entendre sur les preux chevaliers omettaient de nombreux détails pratiques qui auraient pu lui être utile.

La deuxième journée fut très longue, d’autant qu’il somnolait à moitié sur le chemin, bercé par le mouvement de son cheval, et se réveillait en sursaut au moindre bruit inhabituel. Ah il était fier le preux chevalier, heureusement que Tonnerre suivait le chemin. Tonnerre était en pleine forme en tout cas, et ils avancèrent bien, d’autant que William ne l’arrêtait pas trop quand il voulait pousser un peu le rythme. Aujourd’hui, on pouvait se demander, entre le cheval et le chevalier, qui était vraiment le maître.

Heureusement pour lui, la soirée fut heureuse, et il fut reçu comme il se doit par le seigneur du coin, mangeant une nourriture décente et dormant dans un vrai lit. Il put se régaler aussi des récits des faits glorieux de ce chevalier, qui avait renoncé à la quête du Graal pour faire prospérer son duché, tout en étant bien triste de ne pas pouvoir lui rendre la pareil avec ses propres récits. Il évita bien sûr soigneusement de mentionner son passage à l’auberge du seigneur voisin.

Il dormit comme un bébé, et le lendemain matin, quand il se leva une demi-heure après l’aube, ses habits, comme par magie, étaient revenus tout propres. C’est en bien meilleur forme et tout ragaillardi qu’il entama son troisième jour, où il fit une rencontre toute particulière.

Face à l’appel à l’aide, sa première réaction fut de vouloir élancer son fier destrier au secours de ces pauvres bûcherons, c’était bien pour ça qu’il s’était lancé sur les routes, mais il calma son impulsivité. Il avait besoin de plus d'informations avant d'agir, une des règles de bases de tout affrontement.


Calme-toi brave bucheron, respire et dis-moi, tu sais combien ils sont ? À quoi ils ressemblent ? Pourquoi t’es-tu enfui ?


Après s’être enquit de ces détails, William comptait dégainer ses armes et suivre le bougre avec célérité, tout en restant vigilant sur le chemin. Même si ce n'était pas des plus discrets, il comptait rester sur son cheval si le chemin le permettait, pour pouvoir réagir vite en cas de mauvaise surprise. Si jamais cela devenait vraiment trop compliqué, il démonterait, mais marcher à terre sur ce chemin boueux ne lui plaisait guère.
Modifié en dernier par William Le Sanguinaire le 09 juin 2022, 14:40, modifié 1 fois.

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[MJ] Kriegsherr
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

Réaction de William prises par MP.
Le tavernier prit un air bête et se gratta la tête, essayant visiblement de se rappeler vers où le ménestrel itinérant était parti. Avec l’aide de quelques clients qu’il consulta en chuchotant, il parvint finalement à retrouver contenance et à répondre :

- Oh, heu… Et bien, il partira en direction du Sud. Vers la forêt d’Arden je crois.

En revanche, lorsque le chevalier évoqua la qualité de sa nourriture, l’aubergiste parut fier. Il se méprenait probablement sur le sens de la question, étant un être relativement peu subtil. C’est pourquoi il gonfla la poitrine et regarda aux alentours en claironnant :

- A ça pour sûr que non ! Enfin, ça dépend si on a les moyens, mais pour la plupart des gens c’est réservé aux occasions ! Hé, vous goûtez là à la fine fleur de la gastronomie bretonnienne, pour le plaisir de vos « pabilles », comme qu’on dit chez les nobles, c’est-y pas vrai monseigneur ?

La plupart de ses clients parurent impressionnés. Ils savaient déjà que leur aubergiste avait du bagout et de l’expérience, mais de là à servir un chevalier, à parler comme lui ! Cette histoire ne s’oublierait sans doute pas de sitôt dans un petit patelin comme celui-ci où il ne se passait rien.

***


Le bûcheron, parut interloqué par la question du chevalier. Un air d’incompréhension s’afficha sur son visage et William put presque entendre des engrenages tourner dans son cerveau. Toujours un peu essoufflé, il reprit, en beuglant comme s’il pensait que parler fort donnait plus de poids à ses propos :

- Euh, mais… Il faut que vous veniez ! Vous y avez pas écouté c’que j’ai dit messire ?

L’homme était perdu. Il n’avait peut-être pas compris, ou faisait semblant de ne pas comprendre. William dut répéter ses questions afin d’obtenir un semblant de réponse de sa part :

- A, combien ils seront ? … Heu… Di… Heu… Quatre ?

Le bûcheron leva des yeux interrogateurs sur William, comme s’il attendait une confirmation de sa part. Voyant que celle-ci ne viendrait pas, il reprit pour la suite :

- Ils ressemblent… Ils ressemblent… Heu… Et bien ils ont quatre pattes, et des têtes de boucs, mais heu… C’est pas des boucs, parce que les boucs aussi ils ont quatre pattes. Ils ont l’air… Heu… Dangereux, mais uniquement pour nous, hein, pas pour des chevaliers. Vous en ferrez qu’une bouchée, messire, alors faut venir maintenant, assez de temps perdu !

A la dernière question, la réponse fut plus directe, donnée sur le ton de l’évidence :

– Pourquoi je fuirai, messire ? Pardi ! Pour sauver ma peau et chercher du renfort !

Sans plus attendre, le paysan se remit à courir, cette fois-ci vers son village. Il semblait très pressé, étant passé en quelques secondes d’une fuite à toutes jambes à une volonté de revenir au plus vite dans son village. Peut-être espérait-il que le chevalier le suivrait et qu’avec son aide, ils pourraient facilement vaincre les monstres ?

En tous cas, William le Sanguinaire le suivit, toutes armes dehors. Ils avancèrent rapidement, mais à mesure qu’ils progressaient, le chemin se rétrécissait. Après trois ou quatre minutes, il ne fut plus qu’un sentier, qui formait une courbe. Le bûcheron indiqua :


- C’est là, juste après ce virage, encore quelques centaines de mètres et nous y serons !

Mais alors qu’il passait le virage, le chevalier se retrouva dans une vaste clairière. De vagues ruines qui dépassaient ça et là de sous une végétation envahissant suggéraient qu’il devait autrefois y avoir eu là un hameau… Mais à en juger par l’état des ruines et des diverses plantes qui poussaient parmi elles, l’endroit devait avoir été abandonné il y a des années.

A ce moment, une bande composée d’une dizaine d’hommes, vêtus en vauriens et armés de gourdins, de faucilles, de haches et de marteaux - uniquement des outils, pas de réelles armes de guerre – sortit de nulle part et se déploya en cercle autour du chevalier, restant à une dizaine de mètres de lui. L’un d’eux, en chemise rouge, s’exprima avec arrogance et moquerie :


- Bien le bonjour, damoiseau. Dans l’intérêt de tous, je vous demanderais de bien vouloir descendre de votre canasson et de nous remettre tous vos objets de valeur. Vous avez ma parole que nous vous laisserons alors repartir sans mal… A pieds.
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William Le Sanguinaire
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

William en resta bouche bée, c’était ce qu’ils gardaient pour les grandes occasions ? D’habitude ils mangeaient pire ? Mais qui était donc ce seigneur qui prenait aussi peu soin de ses gens ? C’était forcément un cas isolé, sûrement que dans d’autres endroits du royaume, ils mangeaient mieux ! Il était sûr que dans le duché de son père, la situation était meilleure, il n’y avait aucun doute ! Quoi que, maintenant, le jeune chevalier n’en était plus si sûr…

Il n’eut pas le cœur de détruire le bonheur du paysan, qui semblait tout heureux qu’il « apprécie » le repas, et ne dit donc rien. Mais cela le fit méditer, il n’aurait jamais pensé que la vie de ces paysans étaient si tristes, bien manger, c’était la vie ! Si un jour un seigneur lui servait un brouet aussi infâme, il n’aurait d’autre choix que de le défier en duel pour atteinte à son honneur. Le jeune noble avait l’impression qu’un mur s’était fissuré, et il se dit que l’image qu’il avait des paysans n’étaient pas forcément ce qu’il imaginait. Il faudrait qu’il y prête plus attention à l’avenir, d’autant que c’était l’occasion, vu qu’il était parti pour voyager un peu partout.

Il s’informerait dans les prochains villages, mais en communiquant avec les petites gens, sa mère avait toujours dit que les meilleures informations se trouvaient à la source, et elle savait de quoi elle parlait. C’était un secret bien gardé et tabou, et seul les membres de la famille étaient au courant, mais disons que si on avait besoin de savoir ce qu’il se passé dans le monde, on pouvait demander à la Comtesse.

Au moins, de cet évènement, William en avait retiré quelque chose de positif, un ménestrel le précédait, si jamais William le croisait, il pourrait lui parler de ses hauts faits pour qu’il commence à se créer une légende, mais bon, encore faudrait-il qu’il en ait accomplis d’ici là !


***

William se sentait trahi, bafoué, tout ceci n’était qu’un piège honteux qui jouait sur la bonté des chevaliers ! Quelle incroyable félonie. Comble de l’infamie, celui que William considérait comme le chef, et qui avait osé s’adresser à lui sans le moindre respect portait du pourpre ! Seul les nobles avaient le droit à cet honneur, et certainement un va nu pied pouilleux des forêts.

Il n’en fallu pas plus pour que, tel un taureau en rut, le jeune chevalier voit rouge. Il laissa alors éclater sa colère sans même chercher à la retenir. Il n’y avait qu’une seule façon de répondre à de tels affronts, et ce n’était certainement pas par les mots. Il talonna Tonnere et s’élança vers le chef l’épée brandi.


Sus, sus !

Il voulait le tailler en pièces, et tacher son pourpre de sang, le seul rouge que l’on pouvait tolérer sur un paysan. Il comptait donner un coup ou piétiner le malandrin avant de continuer sur sa lancée. Le chevalier agissait purement par instinct plus que par réflexion.

Cependant son instinct était guidé par la sagesse. En effet, son maître d’arme lui avait répété tellement de fois qu’en cas d’un combat où l’on affronte plusieurs adversaires, il fallait toujours attaquer en premier pour déstabiliser l’adversaire, et être toujours en mouvement pour éviter un encerclement, qu’il n’avait même pas à penser pour trouver la bonne marche à suivre. De plus la première règle de n’importe quel combat est toujours de chercher à tuer les chefs en premier, pour désorganiser les adversaires. Ce n’était pas innocent si les plus valeureux chevaliers Bretoniens cherchaient toujours à affronter les ennemis les plus dangereux en premier, car souvent leur défaite avait un grand impact sur le champ de bataille. Au pire, si l’inverse se produisait, cela galvanisait souvent les troupes à venger le preux tombé. Une tactique qui avait souvent fait ses preuves avec de nombreux ennemis, et qui était hérité des guerres contre les Orcs. Il était bon que son maître d’arme ait pris la précaution de graver ces deux principes au plus profond de l’âme de son disciple, car à ce moment-là, seul le désir de tuer « le chef » l’animait.

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Modifié en dernier par [MJ] Kriegsherr le 04 avr. 2022, 03:46, modifié 1 fois.
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