[William le sanguinaire] Au Gouffre !

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Kriegsherr
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

La réaction pleine de fougue du jeune chevalier ne parut pas surprendre le chef des bandits, qui se jeta de côté pour éviter la charge.
Attaque de William à la rapière : 4. Touché ! Esquive : 11. Ratée !

Le dégât est le suivant (je considère que tu bénéficies d’un bonus de charge car l’élan est suffisant, j’additionne donc la force du cheval à la tienne avant de la multiplier par 2 pour les dégâts) : 43 !
Test d’endurance : 1. Réussite critique, il tient le choc.
Tests de réaction (peur) pour ses hommes : 16, 10, 16, 18, 17, 18, 9, 11, 14, 18. Ok, une belle brochette de lâches.
L’esquive que tenta le chef fut un échec cuisant. Il faut dire que contrairement au Sanguinaire, le gredin n’avait sûrement pas passé toute sa jeunesse à s’entraîner, et que la supériorité numérique dont il jouissait suffisait sans doute le plus souvent à dissuader ses victimes de se battre. Mais tel ne fut pas le cas cette fois. Au lieu d’un pigeon, il avait affaire à un rapace qui se défendait à coups de bec et de serres. Et le coup de serre fusa, rapide, précis, puissant.

Bien que l’arme de William ait plutôt été conçue pour les duels que pour la charge, elle remplit parfaitement son office, mordant profondément dans les chairs du chef, dont le mouvement d’évitement avait été bien anticipé par le chevalier. Il s’en était fallu de peu qu’il ne soit tué sur le coup ! Au lieu de cela, le chef reçut au torse une blessure longue, fine et profonde. La violence de l’assaut fut telle qu’il tomba au sol. En voyant cela, autour de lui, ce fut la débandade ! Affolés par la violence de l’attaque et par son efficacité redoutable, les hommes de main fuyaient en s’éparpillant, dans un sauve qui peut qui vira au chacun pour soi. Bien sûr, c’était stupide : tout entraîné et mieux équipé qu’il était, William n’aurait sans doute pas eu le dessus contre eux tous à la longue. Mais se dire que vu son efficacité, on serait peut-être le prochain à mourir avant de l’avoir, cela en faisait réfléchir plus d’un. Et puis, pour quel butin ? Non, cela n’en valait pas la peine. Abandonnant leur chef à son sort, les voyous disparurent dans la forêt.

Si bien que lorsque le chevalier arriva à l’autre bout de la clairière et fit volter sa monture, il se retrouva en face à face avec le hors-la-loi vêtu de pourpre, qui s’était relevé. L’homme n’était pas mort, et faisant preuve d’un sang froid inimaginable dans une telle situation, il leva la main droite vers William, paume ouverte, tandis que sa main gauche maintenait un linge sur sa balafre. Son arme gisait à ses pieds, il l’avait lâchée pour signifier sa reddition. Lorsqu’il parla, on ne sentait plus d’arrogance dans sa voix, mais un certain mépris teinté de douleur et de haine. L’homme savait qu’il allait peut-être mourir, mais il gardait un certain panache. Abandonné par ses hommes, il restait là, à pied, seul maintenant désarmé et blessé, face à un chevalier :


- D’accord. C’est bon, arrête, tu as gagné.

L’homme n’était apparemment plus une menace. Il demandait grâce, bien que clairement il le fasse à contrecœur. Ces mots qui lui arrachèrent une grimace, à moins que ce ne fût la douleur. La blessure qu'il avait n'aurait pas été mortelle pour un chevalier ou même quelqu'un du peuple qui aurait pu bénéficier d'une prise en charge dans les heures qui allaient suivre, mais sans aucun traitement, il y avait un risque de mort, sans aucune certitude. Qu’allait faire William ?

Si tu veux tuer, tu peux le faire sans jet de dé, je te laisserai décrire, éventuellement contacte moi par MP si tu veux parler pour faire un dialogue, ou même simplement entendre ces dernières paroles si tu veux le tuer et que tu lui en laisses le temps. Quoi qu'il en soit, tu auras bien mérité ta première mise à jour XP après ta réponse à ce post. Tu pourras dépenser en postant dans mon QG.
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William Le Sanguinaire
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

Aveuglé par sa « juste » colère, William frappa. Son épée de côté était taillée pour la vitesse et passer les gardes, cela rendait les coups de taille sans doute moins puissants, mais tout aussi redoutable sur une personne sans armure comme l’était son adversaire. Le choc fut rude, et lorsqu’il retourna sa monture, le jeune chevalier ressentait une joie sauvage, s’attendant à voir le gueux agonisant… Il n’en fut rien !

Que les autres se soient enfui allait de soi, c’était des paysans sans honneur, mais lui, il se tenait droit, attendant la charge qui l’achèverait. William fut bien prêt de lancer son destrier pour l’occire, malgré qu’il se rende, mais il s’arrêta, sa colère partie aussi vite qu’elle était venue. Comment un paysan pouvait-il être si courageux ? Il voyait presque une aura se dégager de lui.

Alors, il se souvint de ses préjugés, il se souvint de ce qu’il avait découvert dans l’auberge paysanne, qui le poussait à se dire que tout n’était pas forcément comment il l’imaginait. Alors, il fit quelque chose qui le surpris lui-même, il s’approcha du gueux, sa rapière goutant de son sang, puis s’arrêta devant lui.

Tu es courageux, et je vois bien que tu hais les nobles chevaliers, mais pourquoi ? Pourquoi s’en prendre à ceux qui ont juré de te défendre ?

Il me répond non sans une certaine ironie :
Tu préférerais sans doute que je m'en prenne à ceux qui ont le moins ? L'ennui vois-tu, c'est que quand on ne possède rien, on ne fait pas une très bonne cible pour un voleur.

William claqua sa langue en signe d’agacement, l’impertinence de cet homme ! Pourtant il ne pouvait s’empêcher de l’admirer. Il n’était pas sûr qu’il aurait fait preuve d’un tel aplomb si les rôles étaient inversés. Cette réalisation allait à l’encontre de tout ce qu’on lui avait appris. Un paysan n’aurait jamais dû pouvoir faire preuve de tant bravoure. Seuls les fous fanatiques et les chevaliers en étaient capable. Il voulait en apprendre plus, ou plutôt il DEVAIT en apprendre plus.

Ce que je préfèrerai, c’est que tu serves ton seigneur comme il se doit sans t’en prendre aux honnêtes gens.

Ton courage t’as gagné un sursis mais n’en abuse pas ! De tes réponses à mes prochaines questions dépendent beaucoup de choses. Répond sincèrement, la Dame te regarde.

Pourquoi avoir choisi cette vie de voleur ? Elle ne me semble pas bien reluisante.
Et qu’est-ce qui t’as poussé à abandonner tes devoirs ?


L'homme est mal en point, il crache un peu de sang et tousse, puis se met à rire, son rire étant un peu fou, entrecoupé de toux qui projettent un peu de sang par terre. Pourtant, il finit par se calmer et reprendre un air très sérieux et de défi, lorsqu'il prononce ces paroles de réponse en regardant William dans les yeux :

M'en prendre aux honnêtes gens ? C'est l'hospice qui se fout de la charité ! Vous, les seigneurs, vous nous volez, vous violez nos femmes, nos sœurs et nos filles, vous nous tuez lorsque nous avons l'outrecuidance de nous défendre.

Et pour nous apporter quoi ? La sécurité ? Lorsque la guerre s'est pointée à nos portes, c'est nous qui avons été placés en première ligne, sans armures, sans chevaux, sans épées, sans entraînement. Et pour ceux qui sont rentrés, souvent estropiés, blessés, malades, c'est pour retrouver une vie d'esclavage, une fille souillée par quelque jeune nobliau en rut, une femme pendue pour ne pas avoir été capable de fournir seule le dû réclamé pour la terre que son mari ne pouvait pas labourer étant à la guerre.

La vie de voleur ne te paraît pas jolie ? La vie de paysan non plus n'est pas très reluisante... Mais la liberté n'a pas de prix, elle.


Les paroles du voleur eurent une étrange résonance pour le jeune noble. Il pensa à son devoir, à sa sœur, enchaînée par son genre. Il sentit soudain le poids de chaînes qu’il n’avait jamais eu conscience d’avoir. Mais il doutait qu’il puisse s’en débarrasser aussi facilement que ce voleur. En tout cas, le mur qui le séparait de la vérité se fissurait un peu plus. Et il semblerait qu’il existait de nombreuses incompréhensions entre les paysans et les chevaliers, l’image que ce voleur avait des nobles l’attristait. Il y a peu, il aurait juste considéré comme fariboles tout ce que cet homme aux portes de la mort lui avait dit, il croyait au moins en partie ces paroles. Bien sûr, il y avait surement des exagérations. De plus, si certains nobles se comportaient peut-être comme il le disait, et rien que d’y penser donnait la nausée au jeune William, c’était surement très marginal. Après, lui-même était loin d’être parfait, il était redouté parmi les paysans de son domaine pour de très bonnes raisons, et il avait surement contribué à ternir la réputation des chevaliers, mais il cherchait à changer. Et puis, jamais il ne songerait à prendre une ribaude. Une femme devait se faire traiter avec un minimum de respect, fut-elle une simple paysanne.

Qu’il était triste de voir un homme ayant ainsi perdu foi dans les chevaliers. William ressentit un élan de pitié pour cet homme, qui lui semblait désespéré. Mais il était si fier, si droit, qu’il en avait presque l’air noble.

Ce que tu me dis est … troublant. Mais j’ai l’impression que certaines de tes idées sont faussées.

Toi qui tient tant à la liberté, je vais te laisser un choix. Va rejoindre tes… « compagnons », quoi que vu comme ils t’ont abandonné je ne sais pas s’ils méritent ce nom., ils sont surement presque arrivés à Couronne, vu la vitesse à laquelle ils sont partis. Ou, tu peux me suivre dans ma quête, où je cherche justement à défendre la liberté d’une personne qui m’est chère, et je te montrerai ce qu’est la véritable chevalerie. Je ferai au mieux pour prendre soin de toi, mais tu seras sous mes ordres, et ce jusqu’à ce que tu puisses gagner ta liberté, plutôt que la voler.

Après, il faudrait encore que tu survives jusqu’au prochain village, que l’on puisse t’apporter des soins. Mais si la Dame le veut, elle t’accordera son pardon.


Ce qu’il proposait était fort peu orthodoxe, et ne correspondait à rien de réfléchi, plus à une impulsion, comme il en avait l’habitude. Il avait l’impression que s’il tuait cet homme ici et maintenant, cela ne servirait pas la chevalerie, bien au contraire.

Sans attendre la réponse du bandit, le chevalier fit demi-tour partit au pas en direction du chemin pour rejoindre la route. Il profita de passer près d'un chêne très fourni pour attraper quelques feuilles, qu'il utilisa pour nettoyer son arme, avant de les jeter en arrière. Il faudrait qu'il la nettoie mieux au village, mais cela suffirait pour le moment. Malgré ses dires, le jeune chevalier restait sur ses gardes, les fuyards n'étaient peut-être pas aussi loin qu'il l'avait pensé. Il espérait qu'il ne regretterait pas son geste de clémence, et ce, quel que soit le choix du voleur.

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[MJ] Kriegsherr
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

Le chef des bandits eut l'air très surpris en entendant les paroles du chevalier errant. Apparemment, il se pensait condamné. Au mieux, il aurait pu espérer être fait prisonnier puis livré au seigneur local pour y recevoir sa sentence, qui n'aurait pu être que la peine capitale. Au pire, il aurait été exécuté immédiatement par son bourreau. Jamais il n'aurait pensé avoir l'opportunité de repartir libre. Bien sûr, avec sa blessure, cela ne signifiait pas forcément qu'il survivrait, mais au moins avait-il ses chances, bien réelles.

Alors que William tournait bride et retournait sur sa route, le voleur, lui, ne s'était pas fait prier. Sans trop hésiter, il s'éloigna dans une autre direction, pansant toujours sa balafre du mieux qu'il le pouvait. Juste avant qu'ils ne soit trop loin, il lança :


- Adieu, chevalier ! Puisses-tu garder à tout jamais ta grandeur d'âme, et si c'est le cas, que la Dame te protège !

Quoi qu'on eut put penser de lui, le chef des voleurs était un personnage singulier, dont l'attitude, le parler et les manières n'avaient rien de commun avec ce que William avait pu voir de la paysannerie jusqu'à présent, qu'il s'agisse des paysans de bas étage ou des bourgeois.

Le Sanguinaire reprit donc sa route vers le Sud. L'incident lui avait fait perdre un temps précieux, mais il avait aussi constitué le premier « test » de ce voyage initiatique. Pour la première fois, William s'était retrouvé dans une situation de conflit réel. Face au danger, il n'avait pas hésité une seule seconde, n'écoutant que sa témérité. Là où d'autres auraient cédé aux exigences de voleurs plus nombreux sans discuter, lui s'était battu, et avait versé le sang. Il avait également eu pour la première fois une vie entre ses mains, et, fait improbable compte tenu de sa réputation de brutalité, avait choisi de l'épargner.

La forêt d'Arden se faisait de plus en plus dense autour de la route à mesure que le chevalier s'avançait. Sans être une jungle, les cachettes étaient multiples à proximité immédiate de la route, et vu la réputation de la forêt, mieux valait rester sur ses gardes si l'on était un voyageur un tant soit peu avisé. Le climat lui aussi changeait un peu, à l'orée des bois, il faisait plus frais dans les plaines vallonnées entourant la Sannez que William avait toujours connues.

Après plusieurs heures encore, la luminosité commença fortement à baisser : le soir était là. D'ici quelques dizaines de minutes, on n'y verrait plus rien. Fort heureusement, le fidèle destrier de notre héros n'avait pas traîné en chemin. Alors que le ciel prenait une couleur d'encre bleue de plus en plus foncée, tirant maintenant vers le noir, une large trouée se devina au loin sur la route, au détour d'un virage. Un village, probablement. Mais en s'approchant, William constata rapidement que quelque chose n'était pas normal. Une grande lueur brillait, dégageant une épaisse fumée noire. Il y avait également de sourdes clameurs qui montaient et lui arrivaient en brouhaha.

Le chevalier était encore sur la route, à environ 100 mètres de l'orée de la grande clairière défrichée où se trouvait le village. Nul ne semblait l'avait remarqué, mais lui non plus ne voyait rien de plus que quelques silhouettes sombres de bâtiments au loin. S'il voulait en savoir plus, il devrait s'approcher. Mais quelle approche allait-il adopter, en admettant que William fasse bien ce choix ?
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William Le Sanguinaire
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

L’homme était parti, il avait fait son choix. Ses dernières paroles résonnèrent dans l'esprit de William. il espérait avoir pris la bonne décision, et que celle-ci aurait des conséquences positives. Il ne savait pas trop s’il regrettait ou pas son choix, tout ce qu’on lui avait appris lui criait qu’il aurait dû l’achever, ou au moins l’amener à la justice. Mais, il ne savait pas trop comment dire, mais cet homme l’avait marqué, et l’avait touché comme jamais personne ne l’avait fait. De plus, son discours aux portes de la mort était tellement criant de vérité que le jeune chevalier l’avait cru.

Tout ceci ne serait pas arrivé s’il n’avait pas réussi à maîtriser sa colère, il fallait croire que les leçons de son maître d’armes payaient. Le jeune homme frissonna, rien que de penser à ce qu’il avait failli faire. Malgré son tempérament, il n’avait jamais tué un homme de ses mains, mais il s’apercevait qu’il le voulait plus que tout.

Il avait déjà vu des hommes mourir, des bandits ou autre, et il avait battu son lot de paysans, allant jusqu’à leurs briser les os, mais il n’était jamais aller au bout, le plus souvent parce qu’on l’arrêtait avant. Il avait été d’ailleurs puni plus d’une fois à cause de cela, mais en privée bien sûr. Plus que tout, son père souhaitait éviter les morts et les blessures inutiles. Un paysan mort ou en mauvais état ne pouvait cultiver son champ. De plus, il avait la réputation d’être un homme bon et juste, qui ne maltraitait jamais ses sujets. Autant dire que William était une tâche de crasse bien noire pour sa réputation.

Le chevalier regarda la main tenant son épée, celle-ci tremblait et serrait la poignée plus que de raison. Il s’était maîtrisé oui, mais son corps regrettait de ne pas avoir eu du sang, de ne pas avoir senti la vie s’écouler du voleur alors qu’il portait le coup fatal, tel la mort incarnée. Il avait ressenti ce sentiment de nombreuses fois en tuant du gibier lors d’une chasse. Sentir la vie de la bête s’écouler après s’être battu vaillamment était indescriptible. Il avait l’impression d’être invincible, de devenir la volonté de la dame. Il était sûr que tuer une créature consciente serait encore meilleur que du simple gibier.

William eut une moue de dégout, au fond, il n’était pas mieux que la description des chevaliers qu’en faisait le voleur. Mais peut-être était-ce cela, un vrai chevalier, savoir maîtriser ses plus bas instincts. Dans tous les cas, il ferait en sorte de redorer son blason et d’être digne de son titre.

À mesure qu’il s’éloignait, la vigilance de William se relâcha, et il finit par rengainer son épée, s’imaginant déjà le soir dans un lit douillet auprès d’un château voisin, il se reprit bien vite, il n’était pas dans le domaine de son père, il se devait d’être vigilant. Bien qu’il ne dégaina pas à nouveau, il se tint tout de suite plus attentif, mais cette vigilance constante était décidément bien épuisante pour les nerfs, il sursautait au moindre bruit étrange. Il n’avait décidément pas l’habitude d’être aux aguets aussi longtemps, il faudrait s’entraîner.

Alors que la nuit approchait, Tonnerre se mit à être de plus en plus nerveux, et le Bretonien ne tarda pas à apercevoir une fumée noire qui s’échappait un peu plus loin, et avec elle s’évanouissait le lit douillet et le bon bain. Décidément cette forêt était un nid de troubles. Tant mieux cela dit, ce n’était que des épreuves pour mieux prouver sa valeur. Cependant, fort de la sagesse acquise lors de son expérience toute récente, et souhaitant s’informer de la situation avant de foncer tel le chevalier du Sinople sur les impies, William dégaina son épée de côté, et chercha un endroit où s’enfoncer un peu dans la forêt. Il comptait remonter la route, mais en la suivant par le bord, caché par la forêt, pour éviter qu’on le repère trop facilement. L’obscurité naissante pourrait être un avantage. En fonction de ce qu’il verrait, il aviserait sur une possible marche à suivre.
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

Notre héros joua donc la prudence. Le chevalier tenta de profiter de la faible luminosité du soir pour s'approcher en restant le plus possible sous le couvert des arbres. Évidemment, comme tous les nobles bretonniens, William restait relativement peu discret, avec son cheval et son équipement bariolé. Un guetteur concentré qui aurait regardé en sa direction depuis le village aurait sans doute pu à minima discerner du mouvement.

Mais apparemment, si guetteur il y avait, l'alarme ne fut pas donnée. Au contraire, en s'approchant, William put constater que l'attention était focalisée vers l'intérieur du village et non ses abords. Au centre du village, des cris indistincts montaient d'une sorte d'attroupement près d'un grand feu, situé à côté d'une estrade. De là où il était, notre héros ne pouvait pas en apprendre plus, il faudrait pour cela qu'il sorte à découvert. Considérant sans doute qu'il ne s'agissait pas d'une attaque, le chevalier décida d'avancer. Il sortit du bois, l'épée toujours dégainée, sans doute par prudence.

Son avancée lui permit de constater que les mesures qu'il avait prises pour rester cachée avaient été superflues. Même en chevauchant droit vers le village à découvert, personne ne semblait le remarquer. A l'inverse, tandis que la distance diminuait, le Sanguinaire entendait plus distinctement les clameurs de la foule. Cela ne faisait aucun doute, ces paysans étaient en colère. Ils hurlaient, juraient, crachaient, jetaient pierres et déjections vers l'estrade, sur laquelle un homme était attaché à un poteau. Celui-ci semblait en proie à un déchaînement de haine à son égard. Des fagots de bois entassés à ses pieds ne laissaient guère de doute sur son sort. Arrivé à une quinzaine de mètres du dernier rang des paysans attroupés, William n'avait toujours pas été remarqué. Sur son cheval, le noble avait lui une vue parfaite, dépassant d'un bon mètre les roturiers rassemblés.


"Démon ! Brûlez-le ! Sale porc ! Pervers ! Pelez-lui le jonc ! Corrupteur ! Sorcier ! Coupez-lui la queue !"

Telles étaient, entre autres, les insultes et les clameurs qui fusaient. Puis, un homme s'avança, qui devait être un bailli ou quelque chose d'approchant, car il portait une arme à la ceinture, en l'occurrence une masse d'armes de bois, à l’extrémité cerclée de fer. Il portait une sorte de jaque, était vêtu supérieurement aux autres paysans et était suivi d'un homme d'arme à hallebarde. Il fit taire la foule en écartant les bras, avant de parler :

-En l'absence de tout noble, c'est moi qui fait la loi. Le procès sera vite expédié ! Car je déclare céans que cet homme est coupable, et que seul le feu purifiera son esprit et son corps pleins de luxure, par la douleur et la carbonisation des chairs ! Au nom du Roy Louen, il doit brûler ! As-tu une dernière parole, serpent ?

L'accusé se tenait droit, fier. Malgré des signes évidents de coups, de caillassage et de déchets qui lui avaient jetés dessus, l'homme n'en perdait pas sa superbe. Avec un certain panache, il se tenait face au bailli et à la foule, qu'il toisait avec un air supérieur. Il fallait dire que ses vêtements étaient magnifiques, dignes de ceux des ménestrels renommés qui passaient de temps en temps divertir le père de William. Le condamné embrassa la foule d'un regard à la fois méprisant et désolé, avant de dire, après un soupir mélancolique :

-Que pourrais-je vous dire, puisque la sentence est déjà prononcée sans que nulle justice n'ait été rendue ? Que vous n'êtes qu'une bande d'ignares aussi sots que barbares ! Que vous n'entendez rien à la beauté ou à l'art ! Que vous êtes indignes de mon talent, et pour couronner le tout, que vous n'êtes que des assassins qui venez de brûler vive ce que vous aviez de plus pur et de plus beau, comme une rose qui poussait sur le tas de fumier où vous vivez. Vous vous pensez au dessus des lois, car vous vivez au fin fond de nulle part, mais sachez cela, un jour tôt ou tard, un chevalier entendra parler de ce que vous faites ici, et alors, sa juste et sainte colère s'abattra sur les monstres iniques que vous êtes.
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

La scène que découvrit William n’était pas celle auquel il s’attendait, mais elle l’indigna au plus haut point. C’était ce qu’il se passait quand on laissait les paysans faire la loi. Bien sûr, dans le domaine de son père, il était au courant que les paysans préféraient régler leurs problèmes eux-mêmes que de déranger le seigneur, et tant que ce n’était pas fait ouvertement et sous contrôle, ce n’était pas dérangeant.

Mais là, à visage découvert, dans la plus infâme barbarie, c’était inacceptable. Sous le choc, il ne réagit pas tout de suite, ce qui permit à la personne sur le bûcher de s’exprimer. Son discours semblait très sensé, et ses habits, laissait le jeune chevalier penser que c’était le ménestrel dont il avait entendu parler. Comment il s’appelait déjà ? Robert ? Non, non pas Robert, ah oui, Jacques, Jacques Lasnier. Si c’était bien le cas, il ne laisserait pas partir en fumée tous ces potentiels récits qui pourraient être chantés à sa gloire.

Le sang déjà bouillant, le jeune chevalier rengaina son épée, sinon il allait être tenté de faire un carnage, en commençant par le meneur. Il prit une grande inspiration, pensant aux leçons de son maître d’arme pour se calmer. La colère pouvait être fatale sur un champ de bataille, et que l’on ne s’y trompait pas, s’en était un. Si ces paysans se permettaient d’aller aussi loin, respecteraient-ils l’autorité d’un chevalier ? Si ce n’était pas le cas, William devrait sévir, quitte à embrocher tout le village. Mais, il était entre autre parti dans cette quête pour changer, il fallait donc essayer une autre approche que ce que son impulsivité lui dictait. Après, il n’y avait rien de plus dangereux et stupide qu’une foule, répétait sans cesse le régisseur de son père.

Le Sanguinaire garda en main son bouclier, laissant son blason bien visible. Alors, il fit cabrer son cheval, qui hennit en même temps. Un petit tout qu’il avait appris à son cheval pour impressionner ses adversaires. Il tonna alors


QU’EST-CE DONC QUE CETTE MASCARADE ?

Il s’adressa au meneur, c’était lui qu’il fallait mater, le reste suivrait.

UN PAYSAN OSE S’APPROPRIER L’AUTORITÉ D’UN CHEVALIER ? C’EST TOI QUI DEVRAIT ÊTRE SUR CE BÛCHER.

Il approcha son cheval du meneur.

Mais que nul ne dise que je ne suis pas juste, ni te laisserait te défendre. J’assurerais la justice dans ce village ce soir, et ma décision sera juste.

Donc, qui es-tu pour penser avoir l’autorité d’un chevalier ? Et par la Dame, pourquoi le ménestrel qui devrait chanter mes louanges est-il sur un bûcher ?


Il s’adressa ensuite au dit ménestrel.

Jacques Lasniers, c’est toi ? Raconte-moi donc ce qui te mènera dans un si mauvais pas.
William n’osa pas ordonner à ce qu’on le détache, pas tout de suite, il devait d’abord asseoir son autorité face à ces sauvages. Bien sûr, tout paysan qui se respecte devait ramper dans la boue devant lui s’il le demandait, mais ils pouvaient aussi se rebeller parfois, comme le lui avait appris sa toute récente expérience, le nombre leurs donnant du courage.

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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

Test de CHA : 1 réussite critique.
L’intervention spectaculaire de William surprit les paysans qui ne l’avaient pas vu venir, trop occupés à réclamer du sang. Lorsqu’ils aperçurent le noble monté sur son destrier, beaucoup mirent un genou à terre, le saluant avec respect ou se taisant pour le laisser parler.

L’homme qui avait prononcé la sentence était désormais seul debout, lâché même par son collègue à la hallebarde, qui avait mis un genou au sol et gardait la tête baissée, le visage caché par son chapel. L’espace d’un instant, la surprise se lut sur le visage du « juge » autoproclamé, qui s’était retourné vers celui qui avait osé le contredire, expression rapidement remplacée par un mélange de colère et d’amertume, puis de peur en entendant les mots du chevalier qui avait rapproché sa monture de lui. Rapidement, son teint vira à l’écrevisse, et il se tritura les doigts avec un malaise apparent.

Dominé largement par le noble monté, le roturier finit par s’avouer vaincu et mit lui aussi un genou à terre, de mauvaise grâce, et non sans lancer un regard mauvais au Sanguinaire pour l’humiliation qu’il venait de subir. Il semblait cependant être le seul à être dérangé par cela. La foule, elle, retenait son souffle et semblait boire les paroles du valeureux chevalier que la providence ou la Dame leur envoyait à cet instant.

Aux questions de William, il bredouilla une réponse d’un ton hésitant, ou l’on sentait une fierté refoulée, mêlée à une crainte certaine :


-Je… Vous n’avez pas le droit de me traiter ainsi, chevalier ! Je suis le prévôt Galoche et c’est moi que sa seigneurie a désigné céans pour faire régner la loi sur ces terres en son absence !
Test d’INT (connaissances juridiques bretonniennes) : 13. Tu as droit à quelques informations, mais pas tout.
L’homme avait lâché cette dernière phrase avec arrogance, jetant son titre à la figure de William, espérant sans doute l’impressionner. De ce qu’il savait de la justice en Bretonnie, celle-ci était détenue exclusivement par le Roi ou les seigneurs. Toutefois, un noble pouvait librement déléguer sur ses terres l’exercice de la justice pour les paysans uniquement, à des prévôts ou des baillis, ces derniers étant en général plus importants que les prévôts qui eux intervenaient sur de petites zones, souvent le territoire d’une petite ville ou d’un village. Parfois, pour les grandes seigneuries ou les domaines royaux, il pouvait même y avoir une hiérarchie, un bailli ayant sous son autorité plusieurs prévôts. Malheureusement pour lui, William n’avait pas été assez attentif lors de ses cours : il n’aurait pas su jurer de qui avait la primauté entre la sentence d’un seigneur étranger par rapport à celle d’un prévôt ou bailli local, il lui faudrait donc supposer à partir de ce dont il se souvenait.

Galoche reprit, au sujet des explications que William lui demandait sur l’affaire, il siffla entre ses dents, d’un air désapprobateur :


- Vous ne devriez pas vous abaisser à vous occuper de la justice des paysans, messire… Mais puisque vous insistez… Soit.

Avec mauvaise grâce, le prévôt expliqua l’affaire :

- Cet homme… Est possédé par le démon de la chair ! Il a perverti une jeune fille du village par ses belles paroles, ses chansons et ses danses perverses, et on les a trouvé en train de forniquer, à faire des choses horribles, contre nature. Qui plus est hors du mariage et sans l’aval de son père, vous rendez-vous compte ?

C’était trop tard pour elle, car elle semblait y prendre du plaisir, la preuve s’il en fallait une que son âme était souillée. Vous savez comment sont les femmes : faibles, vulnérables, facilement cueillies par le mal si l’on n’y prête pas garde, d’où leur besoin de surveillance constante par leur père ou leur mari. Malheureusement, il a donc fallu l’exécuter par le feu. Nous nous apprêtions à faire pareil à ce sorcier malfaisant qui l’a sans doute séduite via ses charmes.


Toujours attaché au bûcher, le ménestrel était resté de marbre, droit et fier, bien que levant les yeux au ciel à plusieurs reprises en entendant les dires du prévôt. Il attendit que le chevalier se tourne vers lui pour lui répondre, en commençant par apporter une dénégation ferme aux accusations de Galoche :

- Que nenni, messire, que nenni ! Je remercie la Dame de vous avoir envoyé, vous, un représentant de la vraie justice, pour me tirer des griffes de ce fou fanatique enragé !

L’homme avait assurément un certain charisme et surtout un aplomb à couper le souffle : il était resté stoïque et fier alors qu’il était attaché sur un bûcher, et que derrière lui, sur un second bûcher, une sinistre silhouette finissant de se consumer exhalait un parfum affreux de chair brûlée. Malgré cela, le poète gardait sa contenance, il répondit, d’un ton passionné et captivant, prouvant clairement qu’il aimait parler de son métier :

- Mais permettez-moi d’abord de me présenter, seigneur. Je m’appelle Jacques-Henri Lasnier, pour vous servir. Je suis un artiste itinérant, barde, troubadour, ménestrel… Je cours les routes à la recherche d’inspiration, à la recherche d’histoire réelle, de vrai héroïsme dont je pourrais conter la légende et qui sait, la faire perdurer à travers les âges. En attendant, je compose pour vivre et je me produis en interprétant mes compositions, bien que je connaisse également une bonne part du répertoire classique.

Mais je m’égare, peu vous importe ma qualité, monseigneur. Hier encore, ces ingrats qui aujourd’hui me condamnent m’applaudissaient, alors que je donnais une représentation dans leur auberge –très mauvaise soit dit en passant.

Contrairement à ce qu’ils prétendent, je n’ai nul besoin de quelconque artifice magique pour séduire et pour plaire. C’est mon métier et je dois dire que ma foi je pense que le fais assez bien. Il faut dire que j’ai été formé auprès des meilleurs, notamment dans les capitales de l’Empire et de la Bretonnie.

Toujours est-il qu’il y avait cette fille... Deux yeux en lapis-lazuli, sertis dans un visage angélique, entouré de cheveux de la couleur des blés mûrs, une petite bouche de cerise. Elle est venue me voir après la représentation, subjuguée. Elle m’a suppliée de l’emmener avec elle, me disait qu’elle ne voulait pas d’une vie de paysanne, soumise de force à un mari laid et violent qui ne l’aimerait pas mais profiterait d’elle jusqu’à ce qu’elle soit vieille et voie ses filles endurer le même calvaire qu’elle…


A ces mots, il fit une petite pause et il se produisit beaucoup de réactions. Une unique larme coula sur la joue du ménestrel qui détourna la tête pour la première fois en accordant un regard peiné au bucher à côté du sien, murmurant une prière inaudible.
Mais ces réactions subtiles n’étaient perceptibles que de William, du prévôt et du garde le plus proche. Les autres paysans, eux, ne le voyaient pas, toujours en adoration devant William, ils avaient toutefois affiché leur réprobation aux aspirations prêtées à la jeune femme par le barde. Quant au prévôt Galoche, il se permit d’intervenir en lâchant une bordée d’insultes :


- Infâme pervers ! Même si ce que tu dis était vrai, c’était une femme et elle devait rester à sa place. Un vrai homme l’aurait remise à sa place !

Avec un soupir, Lasnier reprit :

– Oui, prévôt, elle était sans doute coupable à vos yeux. Coupable d’avoir ressenti quelque chose en écoutant ma musique et mes histoires, coupable d’avoir rêvé d’une vie meilleure en partant avec un bel inconnu charmeur, coupable d’avoir aimé. Et par-dessus tout, crime horrible et impardonnable à vos yeux, coupable d’être une femme, et ô sacrilège, d’avoir voulu être une femme libre.

Je ne l’ai pas pervertie, chevalier, je vous le jure. Je n’ai fait que lui raconter ce qu’elle m’a demandé, les vies des femmes dans l’Empire. Oui, je l’ai faite rêver avec mes histoires, je lui ai sans doute ravi son cœur, parce que j’ai été le seul ici à m’intéresser réellement à elle, à l’écouter, à prendre soin d’elle. Dans le cœur d’une jeune femme qui n’a connu que la dureté du monde, cela a fait la différence, ça a été le coup de foudre. Elle m’a donc supplié de l’emmener avec moi, et m’a dit qu’elle m’aimait. Ce qui s’est passé ensuite, la pudeur m’empêche de le dire, mais sachez qu’il n’y avait rien d’interdit. D’ailleurs, à aucun moment elle n’a regretté ou dénoncé quoi que ce soit, même sur le bûcher, elle aura été courageuse jusqu’au bout, fière d’avoir au moins vécu et d’être morte libre, ne serait-ce qu’une nuit.


William avait déjà un premier aperçu de ce qu'il s'était passé. Mais il était libre de continuer l'enquête s'il le souhaitait, en posant d'autres questions, ou en investiguant, ou encore de trancher sur le champ. De part son charisme et sa prestance, de par son rang de chevalier, il avait su imposer sa présence aux villageois. A part peut-être le prévôt, nul ici ne semblait lui contester son autorité. Il était évident que les paysans lui obéiraient au doigt et à l'oeil.
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William Le Sanguinaire
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

Encore une fois, l’impétuosité de William lui jouait des tours, il n’avait pas pensé que son interlocuteur pouvait être un prévôt, qui lui semblait d’ailleurs fort antipathique.

Mais cela ne changerait rien pour le chevalier, et même s’il regretta ne pas avoir mieux écouté ses cours pour savoir qui avait la préséance sur qui, entre un prévôt et un chevalier étranger, il comptait bien prendre les choses en main. Il était évident qu’il était beaucoup plus compétent que ce paysan bouffi d’orgueil.

Il s’enquit du nom du seigneur régnant sur ce village. Gauthier d’Enstrebois ? Le chevalier se retint de justesse de cracher sur le sol de mépris. Voilà qui n’arrangeait pas ses affaires, il en avait entendu parler, et pas en bien. C’était l’incarnation du pire du noble Bretonien, à tel point que le jeune chevalier avait pensé que c’était juste une légende du pire chevalier, sans existence réel. En plus, il paraîtrait qu’il adorait trousser les paysannes se faisant une ribambelle de servant prêt à faire toutes ses basses œuvres. Mais, même au risque de se retrouver avec ses batards aux trousses, il fallait qu’il agisse.

Et puis, son entrée remarquée lui avait acquis tous les paysans, à part le prévôt, il n’aurait donc aucun mal à imposer son autorité ici. Après les brigands, il était bon de voir des paysans le respecter comme il se le devait. Mais bon, cela ne lui couterait rien d’essayer d’arrondir les angles avec le représentant de la justice du coin. William s’adressa aux paysans.


Relevez-vous tous !

Il tourna ensuite la tête vers le prévôt et lui dit avec un ton quelque peu adouci mais assez forte pour être entendu de tous.

Prévôt Galoche, je ne considère par cela comme m’abaisser que de rendre justice à qui que ce soit, mais comme un devoir sacré qui m’a été accordé par la Dame, et je suis sûr que tu seras d’accord avec moi sur cet état de fait, pouvoir rendre la justice est un honneur.
Après, je suis sûr que tu fais respecter les lois avec la même sagesse que ton seigneur. Cependant, l’affaire ici sort de l’ordinaire, et peut-être, qu’échauffé par la situation, il est possible que ton jugement ait été un peu…. Extrême.
Il releva la tête, et s’adressa ensuite à tout le monde.

De ce que j’entends, nul doute que la femme était coupable. Vous tous ici, avez un devoir auprès de votre seigneur, et s’y soustraire est un crime impardonnable.

Ce devoir peut parfois être dur, je le comprends tout à fait, mais il faut l’accomplir avec fierté, car chacun d’entre vous contribue à la grandeur de la Bretonnie. Vous êtes le ciment de notre beau royaume, c’est vous qui nous donnez la force de repousser les ténèbres.
Justice a donc été faite la concernant, et si elle a échappé à ses responsabilités, ce n’est pas la façon dont elle le pensait.


Il tourna ensuite son regard vers le ménestrel.

Avais-tu l’intention d’emmener cette femme lors de ton départ ?

Celui-ci lui répondit.

Honnêtement, non, seigneur. Je ne suis qu’un ménestrel, pas un chevalier, il ne m’appartient pas de décider de la vie des paysans. Après, je ne puis dire si elle m’aurait tout de même suivi : vous savez, quand on s’entiche de quelqu’un, on peut parfois être prêt à toutes les folies.

Il semblait sincère, ou rentrait dans son jeu, dans tous les cas, cela arrangeait William. Il s’adressa de nouveau à la foule.

Concernant les charges qui pèsent sur Jacques-Henri Lasnier, j’ai l’impression que pour la plus grande part, sa seule responsabilité est d’être trop bon dans son domaine. Si nous devions brûler les bardes à chaque fois qu’ils sont efficaces, il n’y aurait bientôt plus personne pour conter les magnifiques légendes de notre Royaume. Pour moi, la culpabilité était tout entière à la femme, qui s’est laissé monter la tête et a attrapé la folie des grandeurs, comme tu l’as si bien dit prévôt Galoche.

Concernant la charge des relations hors mariages, Jacques-Henri Lasnier est indéniablement coupable sur ce point, mais faut-il le brûler pour ceci ? Êtes-vous sûr de vouloir retenir un tel précédent ?


Il regarda des paysans au hasard dans la foule, des regards appuyés qui semblaient sonder leurs âmes, le jeune chevalier était certain que quelques-uns parmi eux avaient fait des écarts, et il était sûr que ceux-ci ne voudraient pas finir sur le bûcher si cela venait à se savoir.
Il se tourna ensuite vers le prévôt Galoche.


Prévôt Galoche, ne penses-tu pas que la peur de finir brûlé vif, ainsi que la façon dont il a été traité est une punition suffisante, et qu’il ne serait pas plus sage de le détacher ? Il semblerait que lui et moi suivions le même chemin. La nuit tombe, mais si votre village m'accorde l'hospitalité, nous prendrons la route ensemble demain dès l'aube, et je veillerai à ce qu’il n’y ait plus d’écart dans les prochains villages. Nul doute, qu’après une telle mésaventure, il ne vous importunera plus.

De toute façon, même si celui-ci refusait, William avait le sentiment qu’il n’aurait aucun mal à faire obéir les autres paysans et à sauver le ménestrel, s’il demandait son avis, c’était pour lui donner une porte de sortie et lui permettre de sauver la face.
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par [MJ] Kriegsherr »

Il n’y eut pas de discussion. A vrai dire, les paysans semblaient même étonnés d’entendre un chevalier justifier sa décision. Beaucoup avaient des étoiles dans les yeux, mais certains perdirent un peu le fil lorsque William commença à digresser sur l’importance du devoir du paysan. Sans doute cela leur rappelait-il ce qui leur était rabâché chaque mois. Lorsqu’il posa une question à la foule, la plupart des gens baissèrent la tête, sans doute honteux, trop distraits pour avoir écouté, ou alors trop timides pour prendre la parole. Certains hochèrent la tête favorablement, avec un « oui » d’approbation convenu, ne sachant sans doute même pas à quoi ils acquiesçaient. D’autres, qui avaient sans doute mieux écouté ou étaient un peu plus braves, faisaient à l’inverse un signe négatif de la tête.

Quoi qu’il en soit, William avait toujours la main sur la foule subjuguée. Assurément, lorsqu’il regarda certains paysans au hasard, il put constater que certaines paysannes n’auraient certainement pas été contre un petit adultère avec lui, de par la manière dont elle rougissaient, croisaient son regard avec des yeux dévorants ou se mordaient la lèvre inférieure en le fixant.

Lorsqu’il donna au prévôt son avis, le serviteur seigneurial s’exécuta immédiatement sans discuter lui non plus. Il savait qu’il avait perdu face au chevalier.


- Oui, messire, vous avez raison. Qu’on le détache, tout de suite ! Vous avez entendu ce qu’il a dit ?! Exécution !

Aussitôt, l’homme à la hallebarde qui le secondait s’approcha du ménestrel et sortit une dague d’un fourreau de cuir à sa ceinture. Il s’en servit pour trancher les liens qui retenaient l’artiste attaché à son poteau. Ce dernier, théâtralement, se frotta les poignets et les divers endroits endoloris par les cordes, puis effectua une petite pirouette avec grâce, comme pour retrouver un équilibre perturbé par de longues minutes ou heures pendant lesquelles il avait été entravé.
Puis il s’approcha de son sauveur et s’inclina devant lui avec moult gestes superflus, mais très esthétiques, et resta un genou à terre en déclamant :


– Messire chevalier, je suis votre humble serviteur et votre obligé. C’est un grand honneur que vous me faites, d’autant plus que j’étais justement en quête d’un héros parti en quête dont je pourrais conter les exploits. Je vous suivrai aussi longtemps que vous le désirerez !
Comme la nuit est tombée et que tu es au village, je te laisse voir ce que tu veux faire.
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William Le Sanguinaire
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Re: [William le sanguinaire] Au Gouffre !

Message par William Le Sanguinaire »

Le regard accusateur du jeune noble n’a pas tout à fait l’effet escompté, il voit bien les regards de certaines femmes et ce qu’il signifie ; mais pour lui, une paysanne n’a aucun intérêt, et puis, son cœur est déjà pris. Sans même s’en rendre compte, il serre la mèche de cheveux accrochée à sa ceinture, se rappelant le sourire magnifique de sa sœur... Il reprend bien vite ses esprits, et les évènements aidant, le ménestrel se retrouve agenouillé devant lui.

Le jeune chevalier le regarde intensément.

Relèves toi Jacques-Henri, oui tu me suivras, j’ai moi aussi besoins de tes services, et je pense qu’ensemble nous pourrons faire de grandes choses. J’ai eu de très bon retours sur tes talents.
Allons donc nous restaurer dans la meilleure auberge du coin, puis nous dormirons un peu, il faut que nous partions à l’aube et j’aurai eu une journée qui appelle le sommeil.

Pendant que nous mangeons, tu me raconteras ton histoire de ta naissance à aujourd’hui, et je pense déjà avoir un succès à te conter, qui, je n’en doute pas, entre tes mains expertes, sera sublimé.


Joignant le geste à la parole, le jeune chevalier demande à ce qu’on le conduise à la meilleure (seule) auberge du village, et qu’on lui serve le meilleur repas, et que Tonnerre puisse se sentir comme un roi dans son écurie. Bien sûr, du fait de son expérience récente, il ne manifeste aucun enthousiasme à l’idée de retourner dans une auberge paysanne. Mais, il est trop tard pour tenter de rejoindre le château du seigneur du coin, et quand bien même, de ce qu’il sait du seigneur, il n’a aucune envie de le rencontrer, d’autant qu’il est pas certain de ne pas avoir outrepassé ses droits en libérant le ménestrel. En effet, il ne connaît pas bien les prévôts, qui ne sont pas présents dans le domaine de son père.

Il se résigne donc, si peu de temps après s’être jurée de ne plus le faire, mais nécessité fait loi. Et puis, les paysans mangent bien ça tous les jours, et il ne trouverait pas toujours de château accueillant pour le recevoir, il faut donc qu’il s’habitue.

Il s’installe donc, boit de la piquette infâme et mange prudemment l’infecte repas qu’on lui sert, tout en discutant avec le ménestrel. Il se nourrit juste assez pour ne plus avoir faim, et ne manque pas de féliciter l’aubergiste, en effet, la nourriture lui semble légèrement moins immangeable que dans l’autre auberge. Et puis après tout, ce n’est pas vraiment de sa faute, il fait de son mieux avec ce qu’il a autant donc le remercier de son hospitalité. Il raconte ensuite au ménestrel son exploit tout récent avec moult détails, et en étant le plus fidèle possible, prenant soin que seul lui puisse l’entendre. En effet, il préfère attendre que le ménestrel retravaille son exploit avant de s’en vanter.

Puis, la fatigue le rattrape, et après avoir demandé à ce que le ménestrel ait une chambre à côté de la sienne, il se couche, mais pas sur le lit non, mais par terre, en s’allongeant sur sa pèlerine. Ce n’est pas le mieux, mais toujours plus confortable que le lit. Il demande à ce qu’on le réveille à l’aube en frappant à la porte, mais de ne surtout pas entrer.

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