[Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par [MJ] Katarin »

Lorsqu'Armand répondit à l'accusation de Jehanne avec ce qui s'apparentait à une crise de panique, elle ne réagit pas immédiatement, continuant de scruter le chevalier tandis qu'elle restait adossée au mur, le visage impassible, comme pour jauger de son honnêteté. Elle l'observe un long moment, le regarde se lever et poser ses poings serrés sur le bureau, avant de finalement réagir. Elle éloigna son dos du mur, puis s'inclina légèrement en avant, baissant désormais le regard en direction du sol.

- Je vous présente mes excuses pour cette accusation infondée messire. Entre Gilles, votre banshee et la prophétesse, il devient difficile pour une simple femme comme moi de faire la part des choses dans tous ces évènements surnaturels, et sa transformation nous offre une défense si commode pour son meurtre qu'il m'était difficile de n'y voir qu'un tour du destin en notre faveur.

Sa courbette était parfaitement exécutée, le ton de sa voix s'avérait poli et respectueux, mais Armand ne put s'empêcher de tiquer en l'entendant prononcer ces regrets. Jehanne faisait ce que l'étiquette lui demandait de faire face à l'émotivité d'Armand, mais elle ne transpirait pas la sincérité et l'humilité.

Elle releva la tête, et offrit un sourire de connivence à Armand.

- Quoiqu'il en soit, les habitants de Derrevin sont désormais très friands de votre légende naissante. Bien sur, voilà des mois qu'ils s'étaient rebellés contre l'autorité aquitanaise, et la naissance de Gilles ici était un signe pour eux qu'il les a choisi comme peuple élu pour leur courage et leur lucidité face à la noblesse corrompue. Mais lorsque la nouvelle a été donnée que leur nouveau seigneur, l'homme mandaté par le duc pour reprendre le contrôle de leur village, partait tuer une prophétesse du Graal, nombreux avaient serré les dents en se demandant si ce crime contre leur duché mais aussi contre la Dame n'était pas l'acte de rébellion qui faisaient d'eux les monstres de cette histoire. Mais maintenant que vous avez prouvé que derrière le masque de pureté, l'ennemi occis cachait un visage démoniaque, vous avez non seulement acquis un statut héroïque à leurs yeux, mais avez aussi prouvé qu'ils sont irrémédiablement et pour toujours dans le camp du bien, luttant contre un mal insidieux dissimulé dans le reste du monde. Le destin a vraiment été généreux avec nous.

Elle s'adossa à nouveau contre le mur, écoutant Armand détailler ses idées pour l'avenir. Attentive et concentrée, elle ne l'interrompit jamais, et prit quelques secondes pour réfléchir avant de lui répondre.

- Vous avez raison, mes quelques mois passés dans ce trou perdu m'ont fait un peu perdre de vue l'art de la finesse diplomatique, et j'ai trop pris l'habitude de me uniquement reposer sur Gotlinde et les frères Louvières. Les herrimaults et moi... ne sommes pas en bons termes, mais en effet, ils seront bien plus aptes que mes chevaliers pour cette tâche.

De manière générale, je suis en accord avec vous messire. Brandan déteste la famille Elbiq, mais vous ne leur êtes en rien associé, bien au contraire. C'est le duc qui a décidé de vous octroyer ces terres plutôt qu'aux Maisne, et la colère de Brandan n'est du qu'à un sentiment d'injustice : voilà des générations qu'ils accusent les Elbiq de perfidie et qu'ils multiplient duels et joutes dans un statu quo sans fin, et maintenant que raison leur est enfin donnée, on leur dérobe une partie du butin qu'ils espéraient obtenir. Pour un idiot comme Herbin il est plus facile de vous haïr, vous qui arrivez au mauvais endroit au mauvais moment, mais Brandan n'est pas son frère. Le dialogue est possible avec lui, surtout si Andry et Thevot vous soutiennent. Si vous intervenez pour protéger Luciana, il est certain que le jeune Maisne vous mangera dans la main.

Pour ce qui est de notre mariage, je pense que...


Pensée parasite. L'esprit d'Armand s'absente juste un instant. Une odeur douce et sucrée qui éveille ses sens. Une chanson familière, sans paroles mais dont il jurerait connaitre l'air. Une caresse contre sa joue, une douce chaleur dans ses oreilles. Le pantalon de braies qui devient trop étroit pour un désir croissant. Une tendre brûlure. Qui s'accentue.

- ... messire, vous allez bien ?

Ce n'était pas la voix de Jehanne qui l'avait fait revenir à lui, mais la douleur contre sa gorge. Le petit pendentif d'Ophélie était brûlant, comme s'il était resté au soleil trop longtemps.

L'héritière de Montagu franchit la distance les séparant, et, un mouchoir de tissu apparu dans sa main, elle le leva doucement pour aller lentement effleurer le côté du visage d'Armand. Elle frotta délicatement le lobe de son oreille, avant de montrer au chevalier l'étoffe désormais tachée d'une petite goutte d'hémoglobine.

- Peut-être avez-vous quitté précipitamment le temple de Shallya messire. Ophélie fait peut-être des merveilles, mais les épreuves que vous avez récemment affronté ne peuvent pas toutes être effacées d'un revers de main magique.

Elle avait ses deux sourcils froncés, trahissant une inquiétude teintée de reproche.

- La prochaine fois que je vous ennuie à parler mariage, ayez la décence de me le dire plutôt que de simuler un malaise : je trouve votre manque de courtoisie déplorable.

Son ton était si dur et un visage si pince-sans-rire que l'on pouvait presque douter de la présence d'une plaisanterie dans ses propos : elle n'offrit d'ailleurs aucun sourire pour dénouer facilement la situation. En revanche, elle rangea son mouchoir dans une poche dissimulée de sa robe, avant de hausser les épaules.

- Le plus vite notre mariage sera annoncé, le mieux cela sera : aux yeux de tous j'ai disparu dans une embuscade de bandits - il serait de très mauvais ton que des rumeurs circulent sur le fait que le seigneur Armand de Lyrie me retient captive dans sa ville. Je ne sais à la vérité pas comment mon père réagira - c'était déjà à contrecœur qu'il souhaitait offrir ma main à Andry, alors même si on lui force la sienne je le vois mal accepter vos conditions, ne serait-ce que par fierté. Le douaire dont vous parlez est alléchant et répondrait à ses actuelles problématiques, mais je soupçonne qu'il ne s'en contentera pas : il va très certainement vouloir vous... mettre à l'épreuve.

Elle balaya la tension dans la pièce d'un revers de main, avant d'enfin lâcher un sourire un peu effrayant.

- J'ai hâte de voir son visage lorsqu'il apprendra que je ne suis pas morte, et que j'ai trouvé un mari prometteur par moi-même... Contrecarrer ses plans est déjà un petit plaisir coupable en soi.

Son regard se ficha droit dans celui d'Armand.

- Je préfèrerais continuer de vous vouvoyer dans l'intimité mon cher époux, et que vous ne me tutoyez pas non plus en retour. Je n'aime guère les... familiarités. Mais apprenez-moi à vous connaitre davantage et je vous assure que c'est avec le plus grand naturel que je ferais tomber mes défenses devant vous. Toutes mes défenses.

Son sourire s'élargit, une étincelle de malice naissant dans ses yeux.



Jet d'empathie : 2, réussi.
Jet de mémoire difficile (-4) sur INT : 6. Arf, raté de 1 !

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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par [MJ] Katarin »

- Honorable c'est pas le premier mot qui nous est venu à l'esprit en observant votre dépouille ensanglantée à la fin du combat messire !

Guimart était goguenard. En un sens, c'était plutôt bon signe - s'il restait très moqueur, le géant chauve ne laissait pas transparaitre d'agressivité dans le ton de sa voix. Daniel en revanche restait méfiant avec un visage interdit - les compliments d'Armand semblant glisser sur lui sans trop d'effet.

Gervaise arriva à leur table et y déposa une cruche de vin et trois verres, avant de se saisir de la première pour remplir précautionneusement les seconds. Lorsqu'arriva le moment de servir Armand, elle aperçut le sourire qui lui était adressé et devint rouge pivoine en une fraction de seconde. Sa main devint tremblante et quelques gouttes de picrate vinrent éclabousser la table, mais elle réussit bon gré mal gré à accomplir sa mission, marmonnant un "monseigneur" entre ses lèvres avant de repartir prestement vers le comptoir.

Tandis qu'Armand prend son verre pour observer le vin y danser contre les parois, Daniel scrute le sien sans y toucher. Sans qu'un seul échange entre les frères ne surviennent, Guimart se saisit du godet de Daniel et le vida cul sec, avant de le reposer devant son frère et de prendre le sien qu'il garda captif entre ses doigts sans toucher immédiatement à son contenu.

- Nous apprécions votre... volonté de nous récompenser dans le futur, messire.

L'ainé Louvières gardait un visage impassible - difficile de savoir s'il se moquait ou non d'Armand.

- C'était un rude combat que l'on a mené, il est vrai. Ce n'était pas désagréable d'avoir l'opportunité de planter nos lames dans un monstre de cet acabit.

- Je te l'avais dit qu'on pouvait faire confiance à notre dame Jehanne, c'était pas possible qu'elle nous demande de tuer une prophétesse si y avait pas anguille sous roche !

Daniel tourna la tête vers son frère pour lui décocher un regard noir. Immédiatement, Guimart fit disparaitre son air enjoué, et souda ses deux lèvres l'une contre l'autre, ne les entrouvrant que pour siroter lentement le contenu de son verre.

- Nous avons satisfait les souhaits de notre dame, avons aidé notre seigneur au combat, et n'avons pas fui quand la situation a empiré. Vaillance, loyauté et courtoisie, ne sont-ce pas là les trois concepts fondamentaux de la chevalerie ? Nous n'avons pas besoin de vos compliments lorsque nous n'avons fait que respecter ce qui est attendu d'hommes de notre statut - un autre comportement de notre part nous eut rabaissé au rang de ces gueux qui se prennent pour des héros.

Il parlait sans agressivité, mais ses yeux bruns sombres sous ses sourcils grisonnants froncés trahissaient une certaine forme de défi. Néanmoins, il relâcha rapidement sa tension en soufflant du nez, ce qui eut pour résultat de le faire relacher sa posture bien droite pour s'affaisser un peu sur son banc.

- Vous connaissez La Louvières ? Ouais, nan, c'est normal, c'est un coin modeste dans le sud de Quenelles, un ersatz de terre offert à titre posthume à mon ancêtre, le chevalier Pasquier de Louvières, pour ses faits d'armes dans la défense de la capitale du duché contre les hommes-rats en 835. Il est mort de la variole avant d'avoir pu recevoir sa récompense, mais du coup notre famille a profité de son héroïsme. Depuis, y a pas beaucoup de bardes qui se sont intéressés aux maigres exploits des générations qui se sont succédées chez nous - faut dire que dans la majeure partie des combats qu'on a pu mener contre des orcs ou des morts-vivants, nos ancêtres ont juste réussi à mourir sans grand éclat.

Il haussa les épaules, comme pour signifier que tout ceci ne lui faisait ni chaud ni froid.

- Guimart et moi, on était les deux seuls héritiers d'Edouard de Louvières. Pour mes vingt ans, j'allais me marier avec Constance de Marle, un joli brin de fille de treize ans à la famille à peine plus marquante que la mienne, sœur cadette de trois frères en pleine santé, c'est vous dire si les gains étaient minimes sinon renouer une vieille alliance entre nos deux familles. Père avait organisé un banquet mémorable pour l'occasion.

Un court moment de silence.

- L'ainé de Marles, Josset, avait bu plus que de raison, et il m'a pris en grippe parce que je méritais pas sa petite soeur selon lui. Quand je suis parti pisser dans les jardins, il m'a suivi avec ses frères, et est venu me provoquer. J'ai pas eu l'intelligence de l'ignorer, et on en est vite venu aux poings, mais à trois contre un je me suis fait rosser. Une fois à terre, les deux frères de Josset ont tenté de le raisonner pour lui dire que j'avais mon compte, mais lui il continuait de me frapper à terre. Et... Guimart est arrivé.

Le grand chauve sembla perdre quelques centimètres sur son banc, son regard se faisant fuyant. Apparemment il n'était pas à l'aise avec cette histoire, et préférait laisser son frère la conclure plutôt que d'intervenir.

- Il les a chargé comme un taureau en furie. A percuté Josset de plein fouet. Et la tête de cet abruti a percuté une pierre dans sa chute.

Silence de mort.

- L'alliance traditionnelle entre Louvières et Marle a mal accueilli cet incident. Peu importait que c'était Josset qui avait initié ce conflit - il était mort et c'était là la seule chose qui importait. Père choisit d'apaiser les tensions en déshéritant Guimart, et en le chassant de ses terres. J'ai répondu à cette sanction injuste que si mon frère partait, je partais aussi. Mon père a cru que je bluffais. Ce n'était pas le cas.

- Il est mort d'une maladie depuis, énonça Guimart un peu froidement. Mère s'est remariée avec un jeune garçon d'une famille plus importante.

Gervaise arriva à ce moment avec le repas : un beau morceau de boeuf saignant parfumé de quelques herbes de provence, accompagné de légumes finement coupés et arrosés d'un jus épicé. Jacquot avait fait un effort évident en sortant sa plus belle pièce et en présentant au mieux les aliments sur les ardoises servies. Plus personne ne parla pendant son irruption, rendant l'instant un peu genant.

- Bon... bon appétit messire. Si vous avez besoin de... de quelque chose, de quoi que ce soit, vous... vous m'appelez et je... enfin je suis là quoi.

Alors qu'elle disparaissait à nouveau, Guimart lâcha un rire gras, permettant d'assainir l'atmosphère.

- Si j'avais su qu'elle était ce genre de fille, je serais venu tabasser Rémon ici avant vous.

Daniel soupira en réaction à l'humour gras de son frère, mais ne parvint pas à dissimuler un sourire amusé.

- Enfin donc voilà "l'histoire". Depuis, voilà bien quinze ou vingt ans qu'on joue les chevaliers errants dans toute la Bretonnie. On tue des monstres, on sauve les jouvencelles en détresse, parfois on loue notre lame à quelque seigneur pas trop regardant sur qui la manie. L'Aquitanie est duché idéal pour notre errance, ça ne manque pas de sires souhaitant régler leurs différents dans la violence, et qui ne sont pas forcément regardants sur l'héraldique des gens qu'ils paient. Derrevin... c'est une succession de coïncidences.

Daniel découpa un morceau de viande avec précision, et le mâchouilla quelques secondes avant de l'avaler. Inconsciemment, il ferma les yeux comme pour mieux savourer le gout de son repas. A ses côtés Guimart faisait preuve de moins de délicatesse, enfournant de belles quantités entre ses mâchoires qu'il déchiquetait à pleines dents.

- C'est une longue histoire dont chaque étape mériterait tout un récit, mais je vais tenter d'aller à l'essentiel. Il y a un an on a fait un petit boulot pour la confrérie du phare - je peux pas vous raconter les détails sans briser un contrat que j'ai signé avec eux, alors résumons en disant que Guimart et moi avons dépassé leurs attentes, et qu'on leur a permis de faire de jolis bénéfices. On en a profité pour demander autre chose que des écus. C'est... vous voyez, on ne s'accommodait plus tellement de notre vie d'errance, de solitude, et surtout il y a un truc qui nous rendait nostalgique, qu'on pouvait plus observer en tant que spectateurs mais pas participants : les tournois. C'était frustrant de voir ces gosses de riches inaptes se battre entre eux en ayant la certitude qu'on pourrait en dérouiller des dizaines avec facilité. Alors on a demandé à la confrérie de nous inscrire, de faire jouer leurs relations pour qu'on puisse en être. Vingts ans qu'on vivait plus que par l'épée sans jamais trépasser ou subir de blessure incapacitante - on se voyait déjà affronter ces petits chevaliers plein de titres ronflants et les ridiculiser grâce à notre expérience, nous, les deux vétérans bannis sans titre ni gloire.

Guimart se saisit de la cruche de vin, se resservit, et se mit à descendre son troisième verre.

- Mon frère s'est battu contre l'héritier Desroches qui l'a mis à terre dès la première passe. Une humiliation complète.

Guimart avait les yeux dans son godet, qu'il buvait lentement et très consciencieusement.

- Moi je suis tombé sur le joli cœur de Maisne, Andry. Il a fait un scandale avant même qu'on commence, passant devant le mouchoir rouge tendu de dame Jehanne pour mieux l'ignorer complètement, et se diriger jusque la fille d'Elbiq, Lucianna, et de la laisser accrocher un morceau déchiré de sa très courte jupe noire à sa lance. Je me mêlais plus de politique depuis des années, mais aux réactions outrées de la foule, j'avais ma petite idée de ce qu'il s'était joué à ce moment, alors j'ai fait marcher ma monture jusque dame Jehanne, et lui ai tendu ma lance. Elle m'a redemandé mon nom, a enroulé sa faveur carmine autour de mon arme, et m'a souhaité une victoire éclatante.

Le visage de Daniel se déridait - on voyait qu'il se perdait dans son souvenir, et qu'il revivait les émotions d'alors.

- On a fait trois passes, qui ont résulté en une lance brisée chacun. Une quatrième passe a été faite pour nous départager, qui se conclut en un double désarçonnement. Mais sa lance ayant été brisée et non la mienne, la victoire lui fut acquise. les deux frères Louvières avaient tous deux été éliminés à leur premier affrontement, par des jeunes chevaliers de riches familles ayant la moitié de leur âge - notre moral était au plus bas.

Un simple soupir, avant qu'il ne se saisisse d'un morceau de pain qu'il trempa dans le jus de sa viande pour mieux croquer dedans ensuite.

- Alors qu'on se préparait pour quitter la capitale avec notre dignité en miettes, la jeune dame Jehanne est venue me trouver. Elle m'a remerciée d'avoir défendu son honneur, m'a félicitée pour la joute, a maudit la chance d'Andry d'avoir bénéficié d'une lance moins solide que la mienne. Puis elle nous a proposé, à mon frère et moi, d'entrer à son service, elle qui était l'unique héritière d'une baronnie. Elle avait besoin d'hommes comme nous. De chevaliers indépendants, d'esprits libres capables de travailler non en pleine lumière mais dans son ombre. Je vous ai dit, l'errance nous lassait, ne vivre que pour nous-mêmes perdait peu à peu toute saveur, et l'idée d'être utile à une femme d'une telle prestance, de pouvoir servir une future baronne... on y a vu une possible rédemption. Vous comprenez où tout cela nous mène n'est-ce pas ?

Daniel sourit à nouveau, toujours avec cet air de défi. Il poursuivit son repas, mastiquant lentement, étirant le temps à loisir pour faire mariner son interlocuteur.

- Elle nous a demandé de la capturer !

Guimart était goguenard à nouveau - apparemment il avait été incapable de retenir cette information qui lui brulait les lèvres. Daniel grommela, attrapa un morceau de carotte et le jeta au visage de son frère.

- Mais ta gueule, putain.

Guimart continua de rire, puis reprit son repas avec un grand sourire sur le visage.

- Elle nous a envoyés à Derrevin avec des informations pour les capuches. Le trajet d'un convoi diplomatique prévu pour la semaine qui suivait. On a récité à Carlomax le texte que la dame nous avait fait apprendre par cœur. Je sais pas ce qu'il avait à gagner dans l'affaire vu qu'il n'a même pas essayé de la rançonner, mais il nous a cru sur parole et a monté une équipe pour l'intervention. Quelques jours plus tard, avec l'aide de Gotlinde et d'une poignée de capuches, on a capturé notre dame, et l'avons amenée à Derrevin.

Et depuis... et bien puisqu'elle souhaitait rester ici quelques temps, on s'est occupés. Les habitants ont encore pas mal de ressentiment envers les nobles alors on protège notre dame de ceux qui voudraient lui manquer de respect. On apprend aux capuches à se battre. On chasse, parfois on pêche. Guimart sculpte des animaux en bois. Vous pouvez vous marrer mais c'est pas une mauvaise vie. Appartenir à une communauté c'est reposant pour nous.

Vous avez un peu bouleversé ces moments paisibles, mais bon, on vous en veut pas. Vu la situation unique de Derrevin, on savait bien que le duc fermerait pas les yeux pour toujours sur les petits exploits de Carlomax - on a savouré nos jours ici en sachant chaque matin qu'on pouvait à tout moment subir le siège d'un seigneur avide de victoires. Mais de là à penser que le nouveau seigneur de Derrevin allait venir épouser notre dame pour devenir les parents d'un dieu de la renaissance... ouais, ça on s'y attendait pas.


Guimart ouvrit la bouche comme pour faire un commentaire, mais se ravisa la seconde d'après. Daniel quant à lui se pencha sur la table pour parler et prit des airs de conspirateur.

- L'enfant divin, c'est pas amené à juste rester le petit dieu personnel d'une bande de gueux paumés dans un trou de l'Aquitanie. Le fils de notre dame est amené à faire de grandes choses, à bouleverser ce pays ancré dans ses traditions obsolètes. On a gouté aux prémices de son pouvoir, et c'est déjà plus que prometteur. Ce qu'on veut, c'est être les nouveaux Landouin et Thierry, être les premiers élus de Gilles lorsque viendra le moment de changer le visage du monde. On veut que dans mille ans, les chevaliers de Bretonnie apprennent dans leurs cours d'histoire l'histoire de Daniel et Guimart, chevaliers de Jehanne de Montagu, premiers élus de Gilles de Lyrie. On veut pas être écartés, on veut rester aux côtés de notre dame et de sa progéniture divine...

- ... et en récolter tous les bienfaits, le coupa Guimart. Parce qu'on aime aussi les choses simples, comme l'argent, la bonne bouffe, et les femmes de petite vertu.

Daniel se retourna vers son frère avec un air mauvais comme pour l'admonester de ses remarques, mais sembla changer d'avis lorsqu'un rire échappa de sa gorge, avant qu'il ne mette une grande tape dans le dos de Guimart.

- Le beurre et l'argent du beurre, tu as bien raison mon frère. On se fait vieux : si on doit mourir au service de notre dame avant que Gilles n'ait conquis ce monde, autant s'assurer d'avoir bien vécu notre vie.

Tout à coup, Guimart leva l'une de ses énormes pattes et pointa du doigt Armand.

- Et vous, c'est quoi votre histoire alors ? Apparemment vous avez condamné toute votre famille à mort parce qu'ils étaient dévoyés, et du coup vous avez été maudit avec ce spectre hurleur qui vit en vous ? C'est pas... douloureux ? Vous pouvez la faire sortir là ? Enfin, le faites pas hein, dans le temple elle avait fait saigner les oreilles de tout le monde, je préfère pas revivre ça. N'empêche que c'est un sacré atout au combat ce monstre, sans ça je suis pas sur qu'on aurait pu vaincre la prophétesse. Mais du coup c'est à cause de ça que vous vomissez quand vous buvez le nectar des miches de la nourrice ?

Daniel ne sembla pas approuver les manières trop directes et indiscrètes de son frère, et finit par l'interrompre en levant une main pleine d'autorité. Néanmoins, plutôt que de couper court aux questions, il regarda droit dans les yeux Armand et le questionna à son tour.

- On a joué votre jeu, alors c'est à votre tour. Si vous voulez prouver votre reconnaissance, commencez par être sincère. Pourquoi vous êtes là, c'est quoi vos vraies motivations ?

Jet de CHA pour copiner avec les chevaliers (bonus de +2 pour le rp adapté à leurs personnalités) : 18. Je pensais que tu ratais, mais en fait vu que tu fais plusieurs blagues pour les amadouer on peut ajouter le +1 de ta comp humour, et vu que t'as 15 en CHA, et bah... ça passe tout juste. Ca va pas devenir tes grands copains de suite, mais ils coopèrent, c'est déjà ça.

Jet de séduction d'Armand sur Gervaise : 2. Ralala :D
Jet d'habileté de Gervaise : 3 - ah, pas de scène où elle renverse du vin sur toi avant de te nettoyer avec son torchon :mrgreen:

Jet de cuisine de Jaquot (oui c'est important vu que les chevaliers ont pas eu de bonne bouffe depuis longtemps) : 5. Le repas est très bon, ça détend tout le monde.

Deuxième jet de CHA sur Daniel lorqu'il hésite à donner un détail particulier (très difficile, -6, bonne ambiance et cuisine, +2) : 8, ça passe.

Note que si jamais tu te demandes si des gens vous observent ou vous écoutent, oui y a des regards dans votre direction - forcément, tout le monde est curieux à ton sujet - mais à l'heure du repas y a tellement de monde et de bruit qui se mêlent dans un joyeux capharnaüm que personne n'est capable d'entendre ce que vous racontez à votre table (et honnêtement personne de sain d'esprit n'aimerait se faire prendre à épier la conversation de son seigneur)

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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par [MJ] Katarin »

A la lumière du soleil, l'apparence de Carlomax a quelque chose de vraiment frappante. Sa peau est pâle, ses cheveux décoiffés, des cernes noires grignotent sa peau sous ses yeux fatigués, ses rides sont plus creusées et son expression plus morne. Ce n'est pas que son visage qui détonne : il y a aussi sa posture, le dos courbé, les épaules tombantes, le regard vers le sol - oubliée la prestance, dans cette simple bure trop ample il ne ressemble plus qu'à un paysan fatigué.

Il ne prononce pas un mot. Quand Armand lui a demandé de l'accompagner à l'extérieur, c'est à peine s'il a hoché la tête avant de se mettre en marche. Et quand il doit donner un chiffre, un seul mot qui pesait pourtant bien lourd de sens, sa voix s'avéra distante et effacée. Son regard croise celui d'Armand mais il est terne et dénué de toute flamme.

- Onze.

Les condoléances d'Armand n'ont aucun impact sur lui, comme si son esprit s'était séparé de son corps et qu'il ne restait là qu'une coquille vide à qui s'adresser. Son regard glissa d'Armand pour aller fixer l'horizon, qui s'arrêtait bien vite aux murs blancs cerclant l'enceinte du temple de Shallya. Si ce matin l'endroit était plein d'habitants venus chercher leurs bénédictions, désormais le fief d'Alys avait retrouvé sa quiétude. On entendait seulement le bruit du vent, l'écoulement des larmes de la fontaine dans la cour intérieure, et le bruit de la neige écrasée par les pas d'une prêtresse de Shallya, portant dans ses bras un panier débordant de nourriture qu'elle amenait à l'hospice. Il faisait frais, mais les rayons du soleil apportaient un peu de douceur sur la peau d'Armand - pas assez néanmoins pour empêcher Carlomax d'être pris de nombreux tremblements.

Il donnait l'impression de ne même pas écouter son seigneur. Quand celui-ci finit de parler, il ne réagit même pas, laissant un silence gênant planer pendant de longues, très longues secondes. Alors même que l'on pouvait se demander s'il avait entendu les mots d'Armand, que ce dernier pouvait hésiter à l'interpeler pour le faire réagir, il finit enfin par parler.

- J'ai vu le corps de Mélaine.

Aucune émotion. Il énonçait un fait comme un scribe lirait un document.

- J'ai failli. Envers Derrevin. Ses habitants. Alys. Gilles. Vous.

Il s'accroupit lentement, puis laissa ses doigts toucher la neige sur le sol. Il en ramassa quelques flocons qu'il mit dans le creux de sa main, puis se perdit dans la contemplation de leur fonte.

- J'ai cru qu'elle était le châtiment divin. Qu'elle venait punir les mécréants que nous étions devenus, pour nous être écartés de la voie. Mais j'avais tort. Elle était une épreuve que Gilles nous a envoyé, et là où vous avez vaincu, j'ai échoué. J'ai eu peur. J'ai fui. Je vous ai abandonné. Tous.

Le ton de sa voix était si déshumanisé qu'il était difficile de savoir quelles émotions devaient être associées à ses mots. Carlomax semblait débiter des phrases qui ne résonnaient pas vraiment avec sa sensibilité propre, comme s'il lisait un parchemin dont il reconnaissait l'alphabet mais pas la langue.

Il tourna lentement son visage vers Armand. Sans vraiment croiser son regard, il semblait regarder à travers son seigneur sans vraiment le voir.

- Les gens n'ont pas besoin de moi. Ils ont besoin d'Alys. C'est elle qui les guide, qui les sauve, qui les protège. Je ne veux plus tromper personne en me faisant passer pour le dirigeant que je ne mérite pas d'être.

Quelque chose changea dans son regard. Comme une étincelle qui se ravivait, quelque chose qui émergeait de l'apathie.

- Mais je dois me repentir, obtenir le pardon de Gilles, lui prouver que de mes erreurs je renais plus fort. Je ferais ce qui doit être fait.

Il y avait une vraie flamme dans ces derniers propos, une réelle force qui se réveillait au fin fond de la carcasse fatiguée qui se tenait dans la cour. Mais Armand eu l'étrange sentiment qu'une influence extérieure était intervenue dans ce réveil inopiné, et cela se confirma lorsqu'il jeta un coup d'œil derrière lui, là où le regard de Carlomax portait.

Maussade se tenait devant la porte entrouverte de la chapelle, et fixait les deux hommes. Difficile de dire si elle les avait suivi dès le début, et si elle avait tout entendu de leur échange ou non. Elle semblait en colère, tellement qu'on aurait pu croire qu'elle hésitait à se jeter sur eux pour venir frapper l'un ou l'autre : ses mâchoires étaient aussi serrées que ses poings, et son regard noir s'avérait intimidant même à plusieurs mètres de distance.

Quand Carlomax conclut, c'était en rendant son regard à Maussade, et en lui offrant un hochement de tête comme pour signifier qu'il comprenait ses sentiments.

- Ordonnez, et j'exécuterais.





Empathie (très difficile, -6, compassion +2) : 10 vs 16, réussi. Quelques éléments en plus dans le texte. Tu ne peux pas t'empêcher de ressentir un certain malaise vis à vis de sa façon de parler - il semble tellement absent que c'est difficile d'évaluer sa sincérité, ou même à quel point il croit en ce qu'il dit.
Jet de perception (difficile, -4) : 10, raté.
Jet de perception : 2.

A tout hasard si tu te demandes, le fait qu'il te vouvoie est volontaire.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par Armand de Lyrie »

La dame de Montagu m’explique le changement des consciences qui s’est produit lorsque Derrevin a pu découvrir le cadavre de dame Mélaine. Il fallait la voir : elle était une créature cauchemardesque. A-t-on déjà vu des cyclopes dans le camp du bien ? Des monstres ailés, mi-femmes mi-bêtes, dotés d’immenses griffes ? C’est le genre de créature que le preux chevalier tue au moment du grand combat final, lors de sa dernière péripétie. Des chevaliers comme moi.

Ça devrait être un sentiment plaisant, que d’entendre Jehanne résumer le beau récit. De s’imaginer être un héros pour les enfants, ceux qui rejouent mon combat avec des boules de neige. En vérité, je suis pris d’une certaine torpeur.
Je ne voulais pas la tuer. Vraiment pas. Je suis au moins aussi monstrueux qu’elle — j’aurais préféré vivre et laisser vivre. J’irai à Mórr en me souvenant à jamais de ce crime, quand bien même je ne compte rien faire pour payer pour cette action, voire pire encore, je vais m’en vanter et anéantir le souvenir et la noblesse de celle qui fut une prophétesse du Graal.
Je n’ai même pas d’excuses, sinon la survie, et la lâcheté.


De toutes manières, Jehanne approuve mes actions. Elles les répètent en leur accordant du poids, et je reste muet alors qu’elle me sert de perroquet, quand, soudain, je me sens à nouveau partir. Je suis happé par les limbes, victime d’une sorte d’absence agréable. J’ignore quel souvenir tente de m’assaillir, c’est comme si ma conscience mélangeait un peu tout — je suis en vrac. Est-ce que c’est parler de Luciana d’Elbiq qui m’a mis dans cet état ? J’ai plus l’impression de m’évanouir que de m’endormir.
C’est une horrible douleur qui me fait râler qui me réveille. J’agrippe très fermement le dossier d’une chaise.

La voix de Jehanne me semble très faible. Je me retourne soudainement alors que je me rends compte qu’elle s’est levée et se tient juste devant mon visage. Il me faut me retenir de ne pas, par peur, la pousser en arrière — il me faut encore plus de force pour ne pas attraper violemment son poignet alors qu’elle agite un mouchoir pour toucher mon oreille. Elle me le montre imbibé de sang ; c’est pas bon signe.
C’est le collier que m’a offert Ophélie qui me brûle. Discrètement, alors que ma future épouse se retourne en faisant une blague bien froide (Mais je ne la jugerai pas, au contraire, c’est typiquement mon genre d’humour), j’attrape le petit pendentif offert par la jeune fille pour le mouvoir un peu sous mon doublet, dans un coin moins inconfortable.

Et voilà que Jehanne se met à placer ses propres billes. Elle souhaite que le mariage soit annoncé très vite, elle se met à pérorer sur la fierté de son père, et elle explique pourquoi elle insiste sur le vouvoiement : elle a peut-être envie qu’on joue au jeu très chevaleresque du soupirant qui vénère son aimée en se mettant dans la posture du vassal suppliant.
Je ne peux pas lui en vouloir — déclarer qu’on a conçu ensemble un enfant hors des liens du mariage, à la suite d’un rapt, c’est un bon moyen d’anéantir son honneur ; et l’honneur, en Bretonnie, c’est la chose la plus importante qu’ait une femme noble, plus encore qu’un homme.
Son numéro de taquinerie est charmant. C’est attirant. Même si j’ignore si je suis vraiment d’humeur pour jouer à ça, je fais au moins l’effort. Ça serait pas la première fois que je me sens contraint de faire plaisir à quelqu’un d’autre, pas vrai ?

« Certes. Il est impératif pour moi de me faire pardonner, et de rattraper dignement la cour qui est à votre hauteur, ma damoiselle. »

Et je fais l’effort de lui feindre un beau sourire, parce que je suis très fort pour sourire, même quand j’en ai pas vraiment envie.

« Pour l’heure je vais apprendre à connaître les frères Louvière. Ils le méritent, vos bons sires. »





Guimart et Daniel sont étonnamment causeurs. Ça prend un moment pour qu’ils se mettent à table, mais je n’ai même pas besoin de leur tirer les vers du nez — les avoir invités à dîner et leur parler comme de bons hommes a suffi pour qu’ils décident de se confier, petit à petit. Ils ont même réussi à me faire rire, une ou deux fois, même à leurs dépens : j’ai pas pu m’empêcher de sourire et pouffer quand ils m’ont annoncé s’être fait battre par deux rejetons de grandes familles au cours d’un tournoi, mais hé, ils méritent un peu d'être moqués, eux aussi.

Au fond, je trouve leur récit étrangement touchant. Ça serait trop facile de les prendre pour deux bœufs pas bien malins ; ils ont montré dans leur vie une probité comme j’en ai rarement vu en Bretonnie. Certes, que Guimart ait tué pour son frère, on aurait pu mettre ça sur le compte de quelque folie soudaine, un accident tellement con. Mais rien ne forçait Daniel à suivre son frère en exil, surtout son cadet.
Ils parviennent à me fasciner. Je les regarde presque avec des étoiles dans les yeux. Je trouve même dommage que la Gervaise vienne nous interrompre en venant balbutier quelques trucs à table. Ça m’empêche pas d’offrir un beau sourire et de sortir une phrase à la con d’une voix rauque –

« Je ne l’oublierai pas, sois-en certaine… »

– mais c’est trop facile de faire rougir une jeune fille facilement impressionnable, alors franchement c’est pas vraiment du jeu et j’en tire pas grande fierté. Je séduis presque juste par habitude.

Finalement, mon silence, interrompu seulement par quelques petits mots approbateurs au cours de leur récit, est opposé à leurs questions. Je souris à celles de Guimart, même si c’est un sourire plus crispé et sardonique que celui qu’ont pu avoir Jehanne ou Gervaise. Je les préfère même à celles plus inquisitrices de Daniel.

Je frotte mes mains, alors que je lui réponds avec l’honnêteté qui vient du fond de mon cœur :

« Je n’ai aucun projet. C’est le destin qui a exigé que je vienne ici. »

Je le vois faire un petit mouvement des yeux, alors je coupe court à toute réaction désagréable de sa part en faisant un geste bien vif de la main :

« Je n’essaye pas de me foutre de vos gueules ! Je sais, ça fait phrase à la con qu’on entend tout le temps quand on est dans des temples, mais est-ce que j’ai une dégaine de prêtre qui veut vous soutirer l’aumône ?
Je viens d’une de ces grandes maisons d’Aquitanie. J’avais pas besoin d’obtenir quoi que ce soit, parce que dès l’instant où je suis né mon destin était entièrement tracé. Mon père était conseiller ducal, ma mère avait ramené dans l’héritage de notre dynastie de bonnes terres, ils ont passé toute ma jeunesse à me constituer un réseau de clients et d’alliés, tandis que moi je me baladais à travers la Bretonnie à servir de page pour un autre chevalier — tout ce qui leur manquait, c’était ma fiancée, et si les deux se débrouillaient bien, j’aurais pu finir marié à une des filles du précédent duc. Je serais un des pairs du roy Louen aujourd’hui. »


En réalité, j’aurais probablement épousé Margot. Ce n’était plus seulement mon père et ma mère qui commandaient, mais la dame de Ternant, expulsée par une Anne de Lanneray terrifiée par son pouvoir.
Qui peut réellement dire comment l’histoire aurait pu être entièrement différente, si j’avais pas trahi les miens ? J’ai été éloigné de tout pendant mon adolescence, alors que je galopais aux côtés de Quentyn de Beauziac. C’était probablement à dessein. J’ignore lequel.

« Je suis devenu un parricide. J’ai découvert les crimes dont ils étaient coupables, et pour les punir, j’ai tout annoncé au nouveau duc — celui qui nous a été imposés par notre monarque — puis je me suis cassé, en le laissant tuer ma mère, mon père, et tous mes amis et tous mes proches.
Vous pensiez que je voulais revenir ici ? Je suis parti à l'aventure dans le prochain duché, celui dont vous êtes originaires. Je suis allé me battre dans l’Orquemont, et je me suis retrouvé à épauler un autre chevalier dans le comté de Cuilleux.
Je parle du nord de Cuilleux, les tumuli. Vous les connaissez mieux que moi. Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? De la forêt ? Des vieux tertres ? Des fantômes ?
Comment je pouvais prévoir que je tomberais sur… Sur une relique ? Sur la femme qui devait donner naissance à un Dieu ? »


Je regarde dans le vide un instant, avant de rire nerveusement en regardant à toute vitesse l’un puis l’autre, comme un camé des quartiers abandonnés de Castel-Aquitanie. Et je parle d’une voix plus hachée, plus délirante aussi.

« Bon sang, j’ai été ramené ici de force par Carlomax. Et à peine remis sur pied et agenouillé devant le duc, il me file la seigneurie ? À moi ? Vous croyez que je l’aie demandée, que j’ai essayé de convaincre son altesse de… De quoi ? De me nommer le seigneur d’un bourg tenu par des hors-la-loi, avec un donjon en ruine ? Après tout le luxe que j’ai connu ? Putain, je voulais rien avoir à faire avec cette ville. Ni avec Margot de Ternant, ni avec les Shalléennes, ni avec quiconque ici.
Mais on échappe pas à sa destinée simplement parce qu’on en a pas envie, ou qu’on en a peur. Messires, même face à Mélaine, j’étais persuadé qu’elle allait me buter — qu’elle devait me buter. Mais même là, j’ai survécu.
J’ai strictement aucune idée de pourquoi je suis toujours dans l’œil d’un cyclone, et je survis. Je commence à penser que… Que c’est moi qui les déclenche. »


Je marque une petite pause. Alors j’attrape mon verre, et je secoue un peu l’alcool contenu. Je regarde Guimart — en parlant trop, il m’a un peu appris. Et c’est d’un ton plus froid que j’essaye de satisfaire un peu ses interrogations.

« La… Personne que vous avez vu à mes côtés, c’était… Une femme, vivant dans mon château, que j’ai aimée, qui a été tuée par l’armée ducale, et qui a refusé de rejoindre Mórr. Quand le duc m’a envoyé… M’occuper définitivement des esprits qui hantaient la vallée de la Lyrie, celle-ci m’a attaqué, et a essayé de s’emparer de moi.
Enfin, vous avez dû connaître des femmes trop jalouses et incapables de passer à autre chose, non ? »


C’est pourtant pas un sujet de plaisanterie. Mais c’est mon genre d’humour.

« Je suis parvenu à… La contrôler. Quand elle sort, c’est uniquement parce que je la laisse faire. Et je la rappelle quand je le souhaite.
Dans le Temple, elle est sortie parce que j’avais quelque chose à accomplir. C’était pareil face à Mélaine. Il n’y a pas à la craindre… À moins de se tenir sur mon chemin. »


C’est faux. Elle n’est plus là. Mais ils n’ont pas besoin de le savoir. Au contraire, même. Ça rajoute un peu plus à mon air terrifiant.

Je bois l’alcool dans mon verre, le pose, et les regarde plus solennellement tous les deux, avec le bon silence qui sert d’effet d’annonce.

« Vous êtes deux chevaliers sans peurs et sans reproches. Je dis pas ça pour vous draguer, vous me l’avez prouvé. Putain, vous êtes deux chiens fous.
Ma motivation, à moi ? Juste accomplir ma destinée. Parce que, que je le veuille ou non, on m’a foutu dans une place de force, et maintenant j’y échapperai pas. J’y suis résigné. Je fais pas ça pour l’honneur, ou la gloire — je le fais parce que j’y suis forcé.
Vous êtes taillés pour les contes et les légendes. Vous en avez les épaules et le cœur. C’est pour ça que je vous veux à mes côtés. Je ferai de vous des pairs du Royaume, celui qu’on va fonder ensemble, celui dont Gilles héritera. »


Je lève mon verre, et cherche Gervaise dans la pièce, vers qui je l’agite.

« Mais en attendant… On boit juste du vin coupé. Il y a un temps pour tout. »



Carlomax a changé. Je mets un moment à froncer des sourcils, alors que je ne parviens qu’à obtenir quelques minuscules phrases assez… bizarres de sa part.

Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ?

Je m’attendais tellement à… Autre chose. Je suis un peu sidéré sur place, mais je prends gare à ne pas le montrer, à bien garder mes lèvres closes, à me rendre plus grand que je ne suis en levant les épaules et en plaçant mes mains dans le dos. À garder une mine impassible. À soudain prendre une espèce de forme dominante face à lui.

C’est juste du théâtre. Parce qu’en réalité, j’étais persuadé, quelque part je me préparais, voire j’espérais, qu’il me pète la gueule.


J’ai envoyé les Herrimaults à la mort. J’ai donné l’ordre d’une embuscade, alors qu’il était contre, comme Alys. Je les ai envoyés dans ce verger. Je les ai fais affronter Mélaine. Je les ai jetés directement contre le gros de ses forces, je me suis arrangé pour qu’ils tuent les chevaux, les fantassins, et qu’ils subissent la majeure partie des pertes dans une mort ignoble — j’ai vu le champ de bataille putain, j’ai vu les cadavres avalés par la terre, déchiquetés par des ronces, fumants après avoir été foudroyés sur place…
Onze personnes, j’ai provoqué la mort de onze hommes et femmes. Et si pour moi c’est qu’un chiffre, et quelques visages sans vie que j’ai pu découvrir rapidement, pour lui, c’étaient des compagnons d’armes, des frangins ayant juré un code d’honneur avec lui.

Je voudrais qu’il me défonce, et qu’il me rappelle le sacrifice auquel ils ont consenti. Pour ça que je ne lui ai parlé qu’avec mille précautions il y a un instant.

Mais non. Il s’en veut à lui. Parce qu’il a douté. Parce qu’il s’attendait à mourir. Parce qu’il a fui. Est-ce qu’il comprend que moi aussi à absolument aucun moment je n’ai pensé survivre à tout ça ? Que je suis aussi sidéré que lui qu’elle se soit changée en monstre ? Et pourquoi s’est-elle changée en monstre, d’ailleurs ?! Est-ce qu’elle était réellement comme ça, ou alors est-ce que c’est moi qui l’aie contaminée ?!

J’ai envie de le secouer. De lui interdire de me parler comme ça, comme une mauviette. J’ai les mains qui tremblent, et la gorge qui déglutit, et le ventre qui me fait très mal. Encore plus quand je découvre Maussade devant la chapelle, qui nous observent. J’ose ne lui rendre son regard que deux secondes, avant que ça ne provoque de la chair de poule le long de mon échine, et que je préfère chercher le regard vide de Carlomax, plus servile que jamais — jusqu’à me vouvoyer.

Pauvre con.

« Tu n’es pas le seul qui a eu peur. Mais moi je n’ai pas fuis. Et j’ai… Souffert, pour ça. »

Au fond de moi, je ne lui en veux même pas d’avoir quitté le combat. Que pouvait-il faire de plus ? Lui et ses hommes ont déjà bien assez payé. Sans eux, nous n’aurions eu aucune chance de tuer Mélaine. Il s’est débarrassé de presque tous ses gardes-du-corps, leur a supprimé toute fuite, merde, il a même réussi à garder Thevot en vie dans ce merdier.
Mais c’est trop facile. J’ai une occasion de le faire culpabiliser, de me faire passer pour la victime et le héros. Et comme le sale clébard que je suis, je presse bien sur la plaie qu’il m’a montrée, parce que c’est exactement ce que feraient mes parents.

« Derrevin a toujours besoin de toi. Tes courageux Herrimaults peuvent encore servir. J’ai besoin d’eux pour retrouver Thevot de Maisne — pas pour le kidnapper ou lui faire du mal, mais au contraire, pour le prévenir que je suis dans son camp, que nous sommes sa famille, et que je souhaite le rencontrer. Tu as des yeux dans les temples de Shallya, je suis certain, et tu pourras envoyer quelqu’un de discret près de lui.
C’est le genre de mission pour lequel tu es parfaitement nécessaire. Pour laquelle tu es tellement important. »

Je pose le bout d’un doigt sur son poignet, juste une seconde, juste pour effleurer sa peau — et je le retire aussitôt, en évitant son regard, comme si je venais de faire une erreur que je regrettais aussitôt.
Parce que c’est comme ça qu’on courtise un homme.

« Moi aussi je vais… Avoir besoin de toi. Pour me reconnaître en public comme ton chef.
Je n’ai… Pas été à la hauteur de Derrevin. J’ai évité ce village, et ces gens. Tout ce que je leur ai montré de moi, c’était… Du froid, et de la colère. Je me rend compte que je ne me suis jamais réellement adressé à eux…
Alys saura ce que je dois dire. Comme toi, je me mets à son service. J’espère te convaincre que… Je suis digne de défendre cette ville. D’être l’avoué du protecteur. »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 23 mai 2022, 10:38, modifié 1 fois.
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Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par [MJ] Katarin »

- Je suis nécessaire et important, répéta lentement Carlomax qui semblait avoir du mal à quitter totalement son apathie. Je comprends oui. Thevot de Maisne. Le retrouver pour vous. Avec l'aide des sans-visages ce ne sera pas difficile vous avez raison. Vous pouvez compter sur moi.

Il remarqua le contact d'Armand sur sa peau, et observa son poignet qui venait d'être effleuré quelques secondes. Puis sans prévenir, il s'agenouilla brusquement devant son seigneur, et baisse la tête vers le sol.

- Vous êtes le géniteur de l'Enfant Divin. Vous n'avez pas à me convaincre de votre légitimité messire. Vous êtes ce qui est arrivé de mieux pour Derrevin, et je m'assurerais que jamais personne n'ose remettre en question cette évidence. Je vous témoignerais ma loyauté autant de fois que vous le désirez devant autant de personnes que vous le voudrez. Je ne douterais plus, vous avez ma parole.

Il se releva lentement, et cette fois il laissa son regard croiser celui d'Armand. Il y avait une réelle intensité dans ses prunelles brunes, quelque chose rappelant l'homme qui s'était présenté à Armand deux semaines plus tôt, un feu qui brulait sous son apparente léthargie.

- Maintenant, je vous prie de m'excuser messire, mais je dois obéir à la grande prêtresse et retourner faire pénitence dans la chapelle en compagnie de mes frères. La voie vers l'absolution est longue, mais je l'emprunterais jusqu'à son terme.

Et il repartit sur ces mots, passant devant Maussade en échangeant avec elle un regard, avant qu'elle ne lui emboite le pas et ferme la porte de la chapelle derrière eux.

Armand traversa la cour et entra dans le temple en pierre blanche par les grandes portes entrouvertes, sans trop savoir à quel décor il devait s'attendre à l'intérieur au vu des récents évènements qui avaient eu lieu dans cette nef. Peut-être fut-il donc surpris de voir qu'une certaine normalité avait repris sa place en ces lieux : plus de chair palpitante sur les murs, plus de coulées rougeâtres depuis le plafond, plus de femme enceinte tentaculaire cambrée sur l'autel de la déesse des Naissances. Néanmoins, les exactions commises ici avaient laissé des marques encore bien présentes. Alors même que le froid hivernal s'était faufilé dans les chapelles et la cour, il régnait une étrange chaleur moite dans le temple, accompagnée d'un parfum fruité capiteux. Des impacts dans la pierre trahissait les points d'impact des tentacules qui s'étaient échappé du dos de Margot. La grande statue de colombe tout comme le tiers des parois présentaient encore une teinte rougeâtre, que deux initiés en robe jaune affrontaient vaillamment avec leur seau d'eau savonneuse et leurs éponges. L'un d'eux se tourna lorsqu'il sentit une présence s'avancer dans le temple.

Thecia.

Le devant de sa robe avait été rougi par les éclaboussures de son travail. Le petit cœur cousu sur son sein gauche avec du fil doré était devenu carmin, comme si le hasard avait voulu que ce soit cet endroit plus qu'un autre qui se retrouve tâché par les résidus des murs. Son visage présentait de vilaines traces de brutalité : lèvres fendues, oeil au beurre noir et ecchymoses sur la joue et le menton. En reconnaissant Armand, elle ôta son capuchon, découvrant un crâne rasé sur lequel était gravé au couteau le mot "pute", avant de se courber légèrement en avant. Même penchée, elle continuait de soutenir le regard de son seigneur : ses pupilles étaient très dilatées, c'est à peine si on distinguait encore le bleu de ses iris. Elle arborait un sourire, non pas intense et radieux, mais néanmoins doux et chaleureux.

- Messire.

Et ce fut tout. Elle se retourna, puis serra son éponge entre ses mains avant de se remettre à l'ouvrage contre le mur rougi qui lui faisait face.

- N'est-ce pas merveilleux ?

C'était Alys. Jusque là, elle s'était tenue immobile debout derrière l'autel, sa main posée sur la tête de la colombe de pierre teintée de rouge. Mais ayant à son tour remarqué l'irruption du seigneur de Derrevin dans le temple de la Déesse, elle s'était tournée et s'était avancée tranquillement en direction de Thecia.
Elle arborait toujours son tatouage facial évoquant un soleil d'or dont le rai doré se muait en larmes bleues, ainsi ses deux grandes boucles d'oreilles cerclées, une robe à la blancheur immaculée, et se déplaçait toujours en tenant dans sa main droite ce grand bâton en bois dont l'impact sur le sol résonnait dans tout le temple - un objet dont l'utilité semblait d'ailleurs discutable sinon pour son esthétique, Alys n'ayant jamais affiché qu'une santé et une robustesse inaltérables. Elle avait toujours cette prestance naturelle, ce menton haut et cette aura impérieuse qui forçait naturellement le respect en sa présence.
Mais il y avait plus que cela désormais. Dans sa vêture tout d'abord, puisqu'une grande bande d'étoffe rouge vif était apparue portée en écharpe par dessus sa grande robe blanche, afin d'accueillir contre elle le petit Gilles qui était ainsi confortablement installé bien au chaud, et se laissait promener en silence, ses yeux entrouverts pour observer son environnement. Mais aussi et surtout dans son physique : elle semblait avoir grandi de quelques centimètres, et rajeuni d'une dizaine d'années depuis sa première rencontre avec Armand, ses rides ayant miraculeusement disparu tandis que son teint était devenu plus frais et lumineux. Sa démarche était aussi assurée que sensuelle, sa robe n'était pas assez ample pour qu'on ne puisse y deviner ses formes voluptueuses, ses lèvres charnues invitaient aux rêveries pleines de chaleur tandis que ses deux prunelles brunes aux lueurs dansantes avaient une influence hypnotique sur quiconque osant soutenir leur regard.
Elle était une déesse de la beauté personnifiée : une entité qu'on ne peut scruter sans se pâmer d'une admiration béate sans bornes, mais qu'on n'ose à peine désirer de peur de lui manquer de respect, car on ne pouvait être qu'indigne de seulement oser respirer en son ineffable présence.

Arrivée aux côtés de l'initiée en robe jaune, elle leva sa main et caressa tendrement la joue de Thecia. En réaction, celle-ci interrompit à nouveau son travail, et prit timidement la main d'Alys dans la sienne pour la presser plus tendrement encore contre la peau de son visage, prenant une grande inspiration pour mieux pouvoir capter son odeur.

- C'est là le premier miracle que Gilles nous offre. Vous rappelez-vous toute la colère, toute la haine qui habitait notre fidèle sœur ? Cette animosité venimeuse teintée de peur et d'hystérie qu'elle déployait à votre encontre ? Un mal que la Mère n'aurait jamais pu soigner, mais que L'Enfant divin a su guérir. Car la paix et l'amour sont les dons qu'il veut nous offrir, à nous, et au monde.

Thecia, ne m'avais-tu pas dit souhaiter remercier notre seigneur de la miséricorde dont il avait fait preuve en te laissant la vie sauve afin que tu rachètes tes fautes ?


Il y eut un moment d'immobilisme, pendant lequel Thecia semblait ne pas comprendre les mots de la grande prêtresse. Puis lentement elle assimila la question, relâcha doucement la main d'Alys, se tourna vers Armand pour lui offrir un sourire chaleureux, avant de doucement glisser sa main sur la nuque de son seigneur. Avec tendresse, elle s'approcha alors de lui et l'embrassa délicatement sur les lèvres. Le premier baiser était timide, mais le second gagna en assurance, tandis que dès le troisième elle captura la lèvre d'Armand entre les siennes pour partager un instant particulièrement intime. Son souffle était chaud, sa respiration se faisant haletante, et sans cesser de l'embrasser, elle se serra davantage contre lui, invitant la main d'Armand à venir découvrir ses formes sans rompre l'étreinte.

Alys interrompit néanmoins ce moment surréel en raclant sa gorge, ce qui fut immédiatement interprété par Thecia comme un signal à ne pas ignorer. Elle rompit l'étreinte, adressa un nouveau sourire plein de chaleur à Armand, puis se remit au travail.

Le petit Gilles, pelotonné contre la grande prêtresse, observait de son œil à moitié ouvert son père.

- Voilà ce que votre victoire contre Mélaine va nous permettre d'offrir au monde. La fin de toute colère, de toute haine, la disparition des vieilles querelles et des ressentiments millénaires, et le début d'une ère de pardon, d'amour, et de paix. Vous pouvez être fier de votre bravoure et de votre loyauté, Armand. Car Gilles et moi sommes fiers de vous.

Elle tendit la main vers Armand, l'invitant à avancer avec elle pour remonter la nef en direction de l'autel et de la statue.

- Je trouve la colombe de la Mère plus belle ainsi parée, pas vous ? Gilles aime beaucoup cette couleur. Une colombe rouge... ce ferait un bel emblème pour ses fidèles.

De son autre main, elle toucha à nouveau la tête de l'oiseau de pierre, dans la même position qu'elle avait lorsqu'Armand était entré dans le temple.

- La Mère ne me parle plus désormais, mais je l'aime toujours. Nous l'aimons toujours. Elle aussi, elle apprendra à pardonner. Ce n'est pas parce qu'elle nous a tourné le dos que nous devons l'oublier, au contraire.

Gilles émit un gazouillis à ce moment, comme pour signifier son accord avec les propos de la Protectrice. Alys tourna alors la tête vers Armand, et lui sourit avec la bonté d'une mère aimante fière de sa progéniture.

- Elle ne vous a pas abandonné, vous. Ophélie vous a soigné. La Mère désirait votre guérison. L'avez-vous remerciée comme elle le méritait ?

D'un geste, Alys désigna la colombe rougie, comme pour inciter Armand à passer à l'action. Ce n'est que quelques secondes plus tard, qu'elle laissa échapper une autre phrase.

- Elle vous a délivré du mal qui vous isolait de nous. Vous pourriez nous rejoindre désormais, si telle était votre volonté.

Dans sa main était apparue une petite fiole au contenu rosâtre, qu'Armand ne pouvait désormais que trop bien reconnaître.



Je n'ai pas jugé bon de donner suite à ton repas avec Daniel et Guimart car ils n'ont à la vérité pas grand chose à ajouter à tes propos - ils t'écoutent respectueusement, Daniel lève un sourcil circonspect quelques fois, et vous finissez le repas sur un ton plus léger, à discuter de la qualité du repas, du vin, de l'entrainement des gueux, et pourquoi pas de vos meilleurs moments de bravoure face à Mélaine.

Jet d'empathie again : 13 vs 8, raté. L'attitude de Carlomax est trop bizarre par rapport à celle qu'il avait avant, du coup tu es bien incapable de le cerner correctement.

Jet de charisme d'Alys vs (ENT+INT)/2 de Armand : 1 contre 4. Tu ne rates pas ton jet donc t'es pas "sous son contrôle" non plus, mais avec un 1, tu peux considérer qu'Alys a effectivement un air de déesse personnifiée. Et par déesse, je sous-entend tout le package : oui elle est sublime et désirable, personne ne peut égaler une entité mais tellement hors de portée d'un mortel que meme s'imaginer la toucher semblerait abominablement irrespectueux et mériterait la mort - elle donne naturellement envie de la vénérer et de s'écraser à ses pieds dans l'espoir érotique qu'elle veuille bien nous marcher dessus :mrgreen:

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par Armand de Lyrie »

J’ignore ce que j’attendais exactement de Carlomax, mais ce n’était pas ça. Il reprend chacune de mes paroles, puis il pose un genou à terre. Il m’assure sa loyauté, avec tellement de force et de déférence, dans la voix, dans ses yeux, c’est…

…C’est ce que je voulais, c’est tout ce que je souhaitais. Alors pourquoi est-ce que je n’ai pas envie de sourire ? Pourquoi je ne trouve aucun bon mot à pérorer ? J’ai même pas une syllabe qui sort de ma bouche, je me contente juste de hocher la tête pour manifester mon approbation.

Je suis incapable d’expliquer pourquoi, mais je me sens soudain incertain. C’est d’un pas bien lent que je me dirige vers ce temple que je commence à bien connaître. Et il me faut un petit moment, figé avec la main posée sur la lourde porte en bois, pour que je trouve enfin le courage d’entrer.



Il fait chaud, et oppressant, surtout. Avant de quitter l’infirmerie j’ai enfilé des dizaines de couches de vêtements tant pour me protéger du vent hivernal que pour camoufler ma silhouette, le soudain changement d’air commence vite à me faire suer — à moins que ce soient juste mes nerfs, car je découvre de grosses taches de sang maculant l’autel et les colonnes de l’édifice, les preuves d’un crime que des prêtresses tentent de faire disparaître. Il y a un parfum, qui n’est pas mauvais, mais qui est si fort que ça me racle la gorge, et mes yeux s’injectent de larmes alors qu’ils semblent s’irriter.
Une des prêtresses se retourne. C’est Thecia. L’horreur de sa face blessée, et de son crâne rasé avec un atroce mot tailladé à sa chair, me fait la dévisager bien impoliment. J’ai honte, pour ce que mon père, puis moi, ont fait. J’ignorais que j’étais encore capable de ressentir ce sentiment, de la honte ; la Banshee m’y désensibilisait trop bien. Je baisse les yeux en serrant des dents, mais étrangement, Thecia n’a pas l’air… Comme d’ordinaire ? Y a pas de peur, ou de haine dans son visage — les deux seules expressions dont j’ai pu être témoin dans ses traits. En fait, elle ressemble là plutôt au masque de la Déréliche qui l’incarnait, avec un beau sourire tendre et radieux. Elle a l’air bizarrement heureuse.

« Messire. »

Et elle se retourne après une petite révérence.
Je crois que j’aurais préféré interpréter son sourire comme une grimace carnassière, pour me menacer. Ça m’aurait paru plus normal.

« N'est-ce pas merveilleux ? »

La robe blanche qui se tenait devant l’autel s’est retournée. J’avais deviné Alys de loin — son bâton et la blancheur de la-dite robe sont trop reconnaissables. Mais à présent qu’elle est très proche de moi, je respire plus lentement, et je suis figé sur place, dans mes vêtements qui se gorgent de sueur.

Elle est belle. C’est l’adjectif à utiliser, de la façon la plus pure possible. Elle est belle comme je n’ai jamais vu une femme belle, pas même celles dont j’étais amoureux, ou qui étaient amoureuses de moi. Alys est si belle, en fait, qu’elle ne semble pas vraiment réelle ; on dirait qu’elle sort d’un rêve. J’ai pu manger et boire, j’ai pu marcher un peu, mais je sors d’un gros coma et d’événements terribles — une partie de moi est encore persuadée de rêver, que ce que je vois est irréel. J’ai l’impression d’être ivre rien qu’à la regarder.
Elle a le bébé autour de son corps. C’est encore un tout petit truc, mais il y a quelque chose de très différent chez lui : il a les yeux à moitié ouverts. Avec ses petites prunelles on dirait un… Le premier truc auquel j’ai pensé, c’est qu’on aurait dit un écureuil. J’ai l’air d’attirer sa curiosité, parce qu’il passe un moment à m’observer, avec ce petit visage poupon aux joues potelées.
Il a les putains de joues de sa mère.


Alys caresse le visage de Thecia. Mais c’est à moi qu’elle parle, avec la voix douce, mais docte de la prêtresse que j’ai toujours connue. Là-dessus, rien n’a changé — depuis que j’ai croisé le chemin d’Alys, elle avait toujours ce ton d’une douceur autoritaire. J’ai toujours aimé les prêtres, mais là maintenant elle ressemble à une Déesse. Alors je la boucle, j’écoute tout, et elle me dit que Thecia a été soignée.
Je n’ai même pas envie de sortir une remarque cynique et désobligeante, comme j’adore en faire, un petit « on m’a pas prévenu qu’elle était malade », par exemple, parce que franchement, que la prêtresse aime pas ma gueule, j’avais bien décidé de m’y faire, ça aurait pas été la première personne à me regarder avec mépris — la plupart des gens sur Terre ne me regardaient plus qu’avec peur ou mépris, de toute façon.

Mais, doucement ordonnée par la révérende-mère, voilà que Thecia s’avance sur moi, étend son bras, et pose une main sur ma nuque. De la chair de poule picote le long de mon échine, comme si une petite prêtresse me terrifiait plus que tout ce que j’ai déjà affronté à l’épée. Elle m’a déjà poignardé dans le dos, mon corps semble en avoir gardé la mémoire. Mais tout ce qu’elle m’offre, c’est un doux sourire enjôleur, et la voilà qui se met sur la pointe des pieds, et qui embrasse chastement mes lèvres. Et mes yeux sont toujours grands ouverts, alors que mon incompréhension se change vite en sidération.
La suite est moins chaste. Elle m’invite à baisser la tête, et je suis ses gestes, comme un pantin. Je me laisse faire, parce que j’ai l’habitude de me laisser faire, et d’embrasser alors que j’ai peur, et pas envie. Dans mes oreilles résonnent ses bruits salivaires, alors qu’elle se colle à moi, et cherche mes bras avec ses doigts — elle veut que je pose mes mains sur elle, mais, hagard, je demeure toujours aussi figé, quand bien même je sens mon cœur pulser dans mon cou, et qu’un désir s’empare de moi.
C’est Alys qui me sauve. Un simple raclement de gorge me libère de Thecia, qui me sourit et retourne travailler.



Ce n’est pas elle. Comme ce n’était pas Carlomax. Et comme, je le sais déjà, tout ce village n’est plus le même.
Le jour où j’ai trahi mes parents, et bousculé toute la vie des gens d’Aquitanie, je ne me doutais pas de ce que j’en tirerai ; les gens qui m’aimaient sont morts, et ceux qui restaient n’avaient pas de raisons de plus m’apprécier. À Derrevin, tous les regards que je croisais n’étaient que des regards remplis de colère, c’était exactement le même regard dédaigneux que m’offraient les chevaliers qui sont allés se battre à mes côtés en Lyrie.
C’était dur. Violent. J’en souffrais. Et tout ce que je voulais, mon seul rêve, c’était de voir de la tendresse dans les yeux de ceux qui me connaissent. Même Triboulet avait plus peur qu’il n’avait d’amour pour moi.

Alors j’ai eu enfin ce que je rêvais. Le destin m’a enfin accordé mon seul souhait, il m’a donné ce que je cherchais dans le spectre de ma mère à la façon d’un ivrogne ne pouvant se passer de sa bouteille. Enfin, on m’aime.
Et ça me débecte. Thecia a l’air… Heureuse ? Mais c’est pas elle. Je suis certain que ce n’est pas la même personne. On lui a dérobé quelque chose, une partie d’elle-même.

Mais ensuite, Alys s’explique. Et plus que tout, elle me dit qu’elle est fière de moi, et ce mot résonne dans mon âme. Il y a encore cette sensation amère, que ce qui… vient de se passer était trop étrange, et même révoltant. Mais je peux l’ignorer, essayer au moins.

Elle me présente la colombe rouge. Pourquoi est-elle rouge ? C'est pas de la peinture. C'est pire. Et la seule explication d'Alys, c’est que Gilles aime cette couleur.
La grande-prêtresse me confie que Shallya ne lui parle plus. Peu étonnant, vu que c’est un peu moi qui aie essayé de la convaincre de s’abandonner à la chose nouvelle qui s’emparait d’elle. C’était malin de ma part, hein ? Il faut dire que je lui souhaitais la même chose que je voulais, mais moi j’ai été sauvé de la Banshee, alors qu’Alys, elle, a été vaincue par le parasite que je lui ai offert. J’exhale tout l’air de mes poumons en un soupir — c’est moi qui ai créé tout ça. Et pourtant il a vraiment pas fallu beaucoup d’efforts ou de sacrifices de ma part, juste un peu de sperme et des mots. Vraiment des branleurs, les hommes.
Elle m’a demandé mon avis sur la couleur, à un moment du sermon. Je mets un moment à parler, parce que je cherche encore mes mots.

« Vous… »

La voix est sortie plus rauque que je m’y attendais. J’essaye de la regarder dans les yeux, alors que je trouve enfin le courage de cracher le morceau.

« Vous auriez l’air belle en rouge, vous aussi. »

Je regarde vite mes pieds après avoir sorti ça, et je rougis comme un gosse.

Je fais deux pas en avant, ferme mes yeux, m’incline, et embrasse la petite tête en pierre de la colombe.

« Merci, pour le réconfort de mes plaies. Merci, pour avoir séché mes larmes. Merci, pour m’avoir secouru des malfaisants.
Indique-moi le bon chemin. »


Je pense être sincère, mais j’en suis même plus certain. J’aime me dire que toute cette situation, c’est parce que j’ai voulu aider et sauver des gens. Parce que c’est plaisant à me dire.
Mais derrière l’autel, y a plein de sang. Et elle, est-ce qu’elle était vraiment dangereuse ? Est-ce qu’elle le méritait ? Ou bien est-ce que cette vie, je l’aie prise juste par colère, et par vengeance ? Et qu’est-ce qui était de mon fait, et du fait d’Anne de Lanneray ? Est-ce qu’on peut encore séparer les deux, en fait ?

Je sens ma gorge se serrer, et une nouvelle panique me gagner, alors que je recule de l’autel. Et Alys a peut-être deviné ma soudaine peur, parce qu’elle me tend quelque chose qui pourrait tellement m’aider.



Je crois deviner ce que la fiole me réserve. Je pourrais devenir un énième pantin de Derrevin. Finir comme tous les autres. Et pourquoi pas ? Ils ont l’air heureux.
Avec mes yeux rougis, et mes dents serrées, une pensée échappe mes lèvres :

« Il est bienvenu que vous me demandiez mon avis. Il ne me semble pas que vous ayez eu cet égard quand je m’apprêtais à rejoindre Mórr. »

Je dis ça avec défiance, mais face à Alys, ça ressemble plus à une colère puérile. Le caprice d’un gosse. Après tout, est-ce que j’ai demandé son avis à Thevot de Maisne avant de lui enfiler le même liquide dans le gosier ? Et puis, ça va être tellement facile pour elle de désamorcer ma hargne — j’étais en détresse, j’étais en souffrance, elle ne cherchait qu’à m’aider…
…Et je l’accepterai. J’y croirai. Parce que j’ai envie d’y croire, j’ai envie de croire qu’elle m’aime et tient à moi. C’est tout ce que je veux.

Je renifle, en passant une main devant ma bouche.

« Je… Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que… Ce que ça implique.
Je ne sais pas si je le mérite, non plus. »


Je lance un regard rempli de détresse derrière moi, sur l’autel maculé de sang. Alys va bien deviner. Je ne cherche pas vraiment à être discret, de toute façon.

« Il faut que vous compreniez, je… Je suis taré. J’ai un putain de problème. Si vous n’aviez pas été là, je… Tout aurait pu être tellement plus dramatique.
Je sais que vous êtes une personne… Bonne, et sincère, et c’est pour ça que j’ai fais tout ce qu’il fallait pour vous — pour Derrevin, oui, mais surtout pour vous. Et je…
Je n’ai aucune idée de quel est le destin de Gilles, et de pourquoi elle m’a choisi, et de ce qu’il faut faire, ou de ce qu’il faut croire. J’ai toujours aimé les Dieux de Bretonnie, ils ont su garder notre pays, ils m’ont guidé face à l’horreur des gens mauvais qui m’entouraient… »


Tout le long, je parle à voix basse, à cause de la proximité des prêtresses. Mais l’église a une acoustique, et comment savoir jusqu’à où mes paroles portent ?

« Je…
J’ai besoin d’être guidé. Je veux sincèrement que vous me guidiez. S'il vous plaît… »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 06 juin 2022, 21:21, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 55
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par [MJ] Katarin »

En réponse à sa maladroite suggestion vestimentaire, Alys n'offrit qu'un sourire infantilisant de circonstance, à l'instar d'une mère qui observait son fils avec amour mais ne prêtait plus vraiment attention à ses babillages puérils. Elle garda le silence tandis qu'Armand s'approchait de la colombe de pierre rouge, et lui adressait quelques timides paroles pour remercier Shallya. Si Armand doutait de la sincérité de sa propre prière, peut-être put-il trouver un peu de réconfort lorsqu'il eut l'impression que le petit cœur en or qu'il portait en pendentif sembla caresser sa peau d'une douce chaleur lénitive en réponse à ses mots.

Quand le jeune sire de Derrevin se retourna et vit la grande prêtresse lui proposer de gouter à son nectar rosé, il ne put s'empêcher de se fendre d'un commentaire ombrageux. Si cela ne sembla pas affecter le moins du monde la prêtresse qui gardait une expression pleine de douceur, le petit Gilles choisit quant à lui ce moment pour froncer les sourcils, avant de laisser exploser ses petits cris de détresse. Alys laissa échapper un rire aimant, avant de ranger son flacon, de poser son bâton de marche contre un mur, puis de tirer sur le haut de sa robe afin de dévoiler son sein gauche, laissant Armand observer pendant une courte poignée de secondes le spectacle déjà aperçu lors de la naissance de son fils. La marque était toujours là, parfaitement centrée sur le mamelon violacé de la prêtresse. Toute la chair dansait sur un rythme régulier par ondes partant du centre et s'étendant vers l'extérieur, comme si l'on jetait des cailloux au centre d'une mare. A chaque "impact", le sein enflé à l'extrême laissait échapper une giclée de nectar rosâtre au sol, comme pour évacuer le trop-plein produit. Gilles cessa immédiatement de pleurer lorsque quelques gouttes du breuvage vinrent éclabousser son visage, et se mit à ouvrir et fermer la bouche frénétiquement, sans parvenir à soulever seul sa petite tête pour atteindre l'objet de ses désirs : c'est Alys qui réajusta son écharpe pour parfaitement l'installer, et le laissa se jeter voracement sur son repas.

- J'ai passé toute ma vie à guérir les blessés, Armand. Aucun ne m'a jamais fustigé d'avoir utilisé les pouvoirs de Shallya pour soigner leurs maux, surtout quand le jardin leur ouvrait les portes - alors pourquoi auriez-vous refusé ceux de Gilles ? Il est tout petit, ses dons sont encore très ténus, mais il vous aurait indubitablement sauvé... si l'esprit qui vous possédait ne s'était pas si violemment opposé à moi. Mais cette gêne-ci appartient au passé désormais, n'est-ce pas ?

Elle s'approcha d'Armand, et tendit sa main vers son cou. Doucement, délicatement, elle se saisit de la cordelette du pendentif shalléeen et l'extirpa de sous ses habits pour pouvoir tenir le petit cœur en or dans la paume de sa main. Elle le caressa avec son pouce, et sourit avec mélancolie en le scrutant, avant de relever les yeux pour croiser le regard du seigneur de Derrevin. Elle était très proche de lui, assez pour que la douce odeur fruitée qui émanait d'elle lui donne le tournis. Il y avait de la tristesse dans ses yeux embués, une détresse sincère qui s'accompagnait aussi d'une infinie compassion pour l'homme en face d'elle.

- Vous n'êtes pas guéri. Vous ne pouvez pas vous ouvrir à Gilles, pas encore. Conservez précieusement ce pendentif, Armand, car Shallya vous protège à travers lui. Mais gardez en mémoire que ce don d'Ophélie est un traitement, pas un remède. Seul Gilles pourra sauver votre âme, quand il aura suffisamment grandi.

Elle ouvrit grand les bras, et étreignit avec douceur et tendresse le jeune seigneur. Son corps était chaud et agréable. L'émanation fruitée qui s'échappait d'elle était si forte et puissante qu'Armand fut pris de doux vertiges. Dans son dos, l'une des mains d'Alys le caressait doucement pour le rassurer, le réconforter.

- Tout va bien se passer, Armand. Je vous aime. Gilles vous aime. Votre enfant nous aime tous, et il nous montrera la voie pour nous aimer les uns les autres, mais aussi pour nous aimer nous-mêmes, en faisant disparaître toutes ces imperfections qui font barrage à notre amour.

Elle rompit l'étreinte, se recula d'un pas pour mieux le saisir par les épaules. Ses mouvements étaient doux et parfaitement mesurés. Ses yeux étaient toujours embués d'émotion.

- Croyez-vous être le seul à commettre des erreurs, à douter de vos choix, à regretter vos actes ? Vous savez quelles sont mes peurs et mes craintes, mes erreurs et mes échecs. Si seulement... si seulement vous pouviez guérir plus tôt, afin de communier avec Gilles, il pourrait pour vous comme il l'a fait pour nous, vous rassurer de sa petite présence, vous envelopper dans sa vision d'un futur radieux, vous partager son amour avec plus de d'émotion qu'aucune étreinte physique ne permettra jamais d'offrir.

Sa main caressa doucement l'épaule d'Armand pour le réconforter.

- Mais si sa volonté ne peut vous toucher directement, alors vous avez raison, c'est à moi qu'il convient de vous guider. Je suis sa nourrice, sa protectrice, sa parole sur cette terre.

Elle tourna son regard vers le fond du temple, et s'adressa aux deux initiés :

- Sortez s'il vous plait.

Elle éloigna Gilles de son mamelon, quand bien même celui-ci tenta de l'en empêcher en aspirant de toutes ses forces. Il sembla vouloir pleurer, mais Alys porta un simple index à ses lèvres et murmura un "ssshhh" auquel il obéit sans rechigner. Elle décrocha alors l'écharpe de son épaule, et tendit le petit bébé emmitouflé à son père. L'une de ses mains se tortillait erratiquement hors du tissu, cherchant quelque chose à agripper pour se rassurer.

- Prenez-le. Il a besoin de son père.

Elle sourit en scrutant le père et le fils ensemble, puis reprit un ton plus docte.

- Je ne vous obligerais jamais à ne plus aimer les Dieux de Bretonnie, Armand. J'aime encore de tout mon coeur Shallya. La Mère et ses larmes ont sauvé tant de personnes, ont conforté tant de malheureux, ont accompagné tant de blessés en les débarrassant de leurs souffrances pour qu'ils entrent serein dans le jardin de son père. Elle m'a accompagné tant d'années, m'a donné un but, m'a appris à me dévouer pour les autres depuis que je suis petite, comment pourrais-je jamais lui ôter mon amour ? Et je pense que même si elle ne souhaite plus m'accorder ses bénédictions, la Mère m'aime toujours également. Car c'est ce que font les mères : elles peuvent désapprouver les choix de vie de leurs enfants, mais jamais elles ne peuvent cesser de les aimer.

Mais parfois, les parents ont tort. Quand on est petit, on écoute leur autorité, on se crée la certitude réconfortante qu'ils savent tout, qu'ils ont compris le monde et donc qu'on peut leur faire une confiance totale quant aux choix qu'ils font pour notre vie. Mais vient un jour où nous grandissons, et où nous commençons à remettre en question leur autorité. A nous rendre compte qu'il y a des failles dans leur cocon, des petites craquelures qu'ils tentaient de dissimuler. Nos parents n'étaient pas omniscients, ils prétendaient l'être pour nous rassurer. Pour nous contrôler et nous façonner.

Les Dieux de Bretonnie sont-ils bien différents ? S'ils étaient si omniscients, alors pourquoi nos vies sont-elles si cruelles ? Pourquoi tant de souffrances, de malheurs et d'injustices ? Quand j'ai pointé du doigt la déchéance du seigneur Binet, l'échec de la Dame et de Shallya à sauver Derrevin de la corruption, la seule réponse qu'on a su me donner était que toute cette souffrance était non la faute des dieux, mais des humains faillibles qui cédaient aux chants des dieux sombres. J'ai voulu me contenter de cette réponse, car elle était rassurante : je pouvais me raccrocher à cette figure divine irréprochable, puisque la faute était humaine. Binet avait fauté de pactiser avec le Seigneur des Mouches, j'avais fauté d'avoir laissé ma colère prendre le pas sur mon jugement. Mais chaque nuit les cauchemars revenaient, et j'étais hantée par cette vérité qui toquait à ma porte et que je ne voulais pas laisser entrer.

Et si la Dame du lac était faillible ? L'idéal qu'elle promeut est celui de quelques élus, des hommes bien né héroïques et bien bâtis, figures guerrières mythiques que l'on ne peut que rêver atteindre. Le petit peuple ne peut y prétendre, pas plus que les femmes - quant aux hommes, pour l'écrasante majorité d'entre eux ils sont condamnés à vivre dans l'ombre d'une minuscule minorité de ces champions, à essayer d'égaler un idéal peut-être inatteignable. Est-ce que ce système offre vraiment le bonheur au plus grand nombre ? N'est-ce pas précisément parce qu'il laisse l'écrasante majorité de sa population sur le bas-côté, que des abominations comme Binet ou - pardonnez-moi - vos parents, on pu proliférer ? Quand nous n'avons plus d'ennemis à affronter, alors tous ces guerriers que forme la Bretonnie pour la Dame ne servent pas à établir une paix bienveillante et à offrir le bonheur pour tous, non. Ils servent à faire de l'Aquitanie ce qu'elle est aujourd'hui : une terre de souffrance, de querelles inutiles entre monstres en armures brillantes.

Je n'ai pas toutes les réponses Armand. Mais j'ai vécu trente-neuf années en Aquitanie, et si Shallya m'a appris à panser les plaies des hommes, j'aspire désormais à prévenir leurs blessures. Agir plutôt que réagir. Protéger plutôt que secourir. J'ai choisi de continuer à aimer les Dieux de Bretonnie, mais de m'émanciper d'eux pour faire mes propres choix désormais, car je crois que j'ai perçu les failles du petit monde dans lequel ils voulaient me garder, et je n'arrive plus à les ignorer.

Regardez-le, Armand.


Alys fit un signe de tête en direction de Gilles, dans les bras de son père. Ce dernier avait trouvé une position confortable et s'était endormi pendant le monologue de la prêtresse, profitant de la chaleur du corps d'Armand.

- Ce n'est qu'un nourrisson. Lui aussi a besoin d'être guidé, et protégé, et surtout, aimé. Il est né avec pour destinée d'ôter à l'humanité toute sa souffrance, il en aura le pouvoir un jour, mais pour le moment, c'est juste un petit bout d'homme qui a besoin d'une famille.

Vous pouvez vous méfier de tout le monde, mais lui... ce n'est qu'un bébé, qui aspire à vivre et être heureux à vos côtés. S'il vous faut un but, un objectif, une ligne lumineuse à suivre dans l'obscurité, alors Gilles est tout ce dont vous avez besoin Armand. Soyez un bon père. Aimez-le. Protégez-le du mal, de ce que l'Aquitanie fait de pire. Elevez-le en ne lui donnant que le meilleur de vous-mêmes. Tous vos échecs, toutes vos erreurs, vos craintes, vos peurs, faites-en des forces pour lui enseigner comment ne pas les faire siennes. Guidez-le, et apprenez-lui à être un meilleur Dieu que tous les autres.

Et un jour peut-être, il s'émancipera, et prendra des décisions contraires à ce que vous lui aurez appris, et ce sera pour le mieux car vous n'avez jamais été qu'un être humain, qui aura fait d'autres erreurs. Ainsi va la vie, et c'est pour le mieux.


Et sur cette conclusion, elle se rapprocha de nouveau d'Armand, glissant une main derrière la tête de Gilles et l'autre derrière celle d'Armand, son regard englobant d'un amour maternel le père et son fils.



Je te fais un petit jet de séduction pour ton introduction, avec malus de -6 vu comment votre dernier échange s'était passé : 17. Y a clairement pas de complicité érotique entre vous - faut vraiment t'imaginer dans son attitude l'amour sincère d'une mère pour son fils, mais rien d'autre... en tout cas de sa part. Toi tu ressens bien ce que tu veux pour la madame.
La chaleur du pendentif n'a rien à voir avec la brûlure qui t'a sorti de ta rêverie dans l'étude un peu plus tôt. Ici c'est tout doux et réconfortant.

Jet de perception d'Alys : 1. Et bien et bien et bien, que voilà une prêtresse à laquelle on ne peut rien cacher...
Jet de conscience de la magie d'Alys (INT) : 3. Et bah.

Jet de mémoire d'Armand : 14. Pas d'info en plus.

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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par Armand de Lyrie »

Je crains Alys. Une sensation oppressante, légère mais oppressante quand même, picote dans mon crâne quand elle s’approche de moi, et glisse ses doigts dans mon cou pour découvrir le pendentif que m’a offert la petite Ophélie ; j’ai honte, comme si j’avais caché quelque chose qu’elle ne devait pas découvrir, mais elle me rassure très vite.

Et ensuite, il y a ses paroles douces, et ses caresses. J’aurais peut-être préféré ressentir du désir dans ses gestes, mais c’est une sensation tout autre que je ressens d’elle ; elle me touche comme une mère. Comme une vraie mère, une mère normale, pas comme la putain qui me violait. Je suis pris au dépourvu, bouche bée, hagard. Personne ne m’a jamais touché comme ça.

Elle fait sortir les prêtresses, place le bébé qui ressemble trop à Margot dans mes bras, que je le veuille ou non — enfin, je n’oppose pas vraiment de résistance, à part un vif hochement de tête, un semi-pas en arrière… Je me retrouve avec ce bébé dans les mains, tandis qu’une horrible inquiétude s’empare de mes entrailles.
J’ai peur de faire du mal à ce bébé. J’ai peur de le faire tomber, de mal le prendre. Le genre de peur normale quand on vous met un bébé dans les bras, je suppose.
Mais j’ai peur de ce bébé aussi. De ce qu’il est. De sa conception, de la grossesse si rapide, de sa naissance impie, de son allaitement si terrifiant, de la façon dont tout le monde parle de lui. J’ai conscience, j’ai entièrement conscience d’avoir une créature dégoûtante entre mes mains — mais c’est juste un petit bébé. Le mien.



Elle parle longtemps. C’est pas un sermon. C’est des confidences, des propos sincères. Je les crois sincères. Je veux qu’ils soient sincères. Ils sonnent tellement bien. Ils m’apaisent, parce que j’ai envie d’être apaisé. Parce que je suis las de douter de tout, de craindre tout le monde, d’attendre des arrières-pensées dans toutes les âmes de tous les gens que je rencontre. Et puis, parce que ses paroles sont tellement bonnes à entendre.
Elle me rassure, sur mes fautes. Elle confie en avoir également. Elle m’assure qu’elle ne m’interdira pas de douter, ou d’aimer trop les Dieux qui m’ont déjà fait sortir la tête de l’eau.

J’ai tellement prié la Dame, pour qu’elle m’envoie les épreuves, pour qu’elle me fasse souffrir, pour que je paye pour les crimes de mes parents. Et ces dernières semaines, on a brisé tous mes os, entaillé tous mes membres, percé tous mes organes. On a violé ma chair. On m’a frappé avec de la glace et du tonnerre. On m’a rendu les gens que j’aimais, et ils ont filé entre mes doigts. On a tué sous mes yeux, et ensuite j’ai tué. Je suis certain que je mériterais de souffrir encore plus.

Mais non. Alys elle m’offre tout le reste. Tout ce que je pensais ne plus jamais avoir. Elle m’offre la patience, et la compassion, et la douceur. Et elle m’offre un amour, pur, vrai, sans quoi que ce soit d’immonde pour l’entacher. Consentant. Celui de mon enfant.

Alors quelque chose s’ouvre en mon âme, et je me jette dedans.



Ça se manifeste par des larmes, bien sûr. Progressivement, à chacune de ses phrases, y a des gouttes qui tombent sur mes joues. J’essaye de les retenir, parce qu’un homme est pas censé chialer comme une gonzesse. Je serre des dents tellement fort, je grimace dans une expression de colère. Mais je cède quand elle finit par se rapprocher.

Ça dure pas très longtemps, j’ai déjà trop pleuré avec Ophélie. Une bonne minute, quand même, alors que je serre très fort Gilles dans mes bras, et que je baisse ma tête pour la coller contre le front d’Alys. Quand ma gorge se dégage juste assez pour parler, je prends une grande inspiration. Je souffle, pour me calmer. Et tout ce qui sort de ma bouche, après, c’est des trucs incontrôlables, qui sortent tout seul. La vérité.

« Je suis un putain de monstre ! J’ai tué, j’ai tué tellement de gens — et-, et-…
-et comment je peux être son père après lui avoir pris sa mère ?! »

La vision brouillée par mes larmes, je regarde Gilles. Les bras avec lesquels je le tiens arrêtent pas de trembler.

« Je la hais ! Ce… Ce qu’elle vous a ramené, ce qu’elle m’a forcé à engendrer, forcé
Bordel ! Je l’aimais tellement ! Mais, je… Je- »

Je broie mes dents entre elles. Retenir ma colère, c’est comme retenir de la gerbe. Ça brûle tout autant à l’intérieur.

« Je suis tellement désolé ! J’ai tellement honte ! Je veux lui demander pardon, mais c’est trop tard, c’est trop tard, trop tard… »

Je repense à ma mère. Elle s’est accrochée à la vie, même quand les armes de l’Aquitanie ont tenté de la foutre en terre. J’ai pu lui dire que j’étais désolé, sinon adieu. Est-ce qu’elle méritait plus ça que Margot ?
Au moins elle est en paix. Enfin, en paix. Je peux l’oublier, surtout que dans notre relation, c’était moi la victime.
Mais la mère de Gilles… ça c’est moi. C’est tout moi, et que moi. Aucune excuse. Je me rends compte de l’énormité du poids que j’ai sur les épaules. Comment je lui expliquerai ça, quand il sera en âge de comprendre ? Et quand il sera en âge de me juger ?

Allez. Ça suffit.

La simple présence d’Alys, sa simple proximité, me change complètement. Ce n’est pas la première fois qu’elle me voit chialer. Elle m’a déjà engueulé. Les souvenirs des fois où elle m’a calmé par quelques paroles fermes remontent. Je trouve assez de courage pour la regarder droit dans les yeux. Et de me mettre à professer un serment, avec tout ce que j’ai dans mon cœur.

« Mais je le laisserai pas seul !
Elle me l’a dit, elle l’a dit, que son enfant ne craindrait rien avec moi ! Je vous jure, je vous jure que je ferai tout pour le protéger ! Tout !
Je serai pas un bon père, vous avez tort. Mais c’est pas grave. Vous vous serez un bon parent, et vous l’aimerez fort. Moi — moi je vais tout faire pour le protéger, pour qu’il grandisse. Et que vous soyez en sécurité avec lui.
Je vous le jure. »


Je lui tends Gilles. Je m’assure qu’elle le reprenne, l’embrasse, le soulage.

Assez de larmes. Je suis dressé tout droit, le menton relevé, les épaules en arrière. Et y a plus de sanglots qui sortent de ma gorge.

« Ce soir. Ce soir on fêtera la naissance de Gilles — comme il le mérite. Oui. Oui, il faut le marquer, annoncer tout ce que vous avez dit. C’est arrivé. C’est arrivé, Alys ! Il est venu au monde, et moi, parce que c’était juste, parce que c’était la volonté de cette divinité, j’ai montré au monde le mal des fées servant la Dame, j’ai vaincu ceux qui venaient pour massacrer des centaines d’innocents — comme ils l’ont déjà fait ailleurs.
Je dois m’exprimer devant les gens de Derrevin. Je sais que je fais peur à certains. J’ai tué Margot, j’ai pris le pouvoir du jour au lendemain, j’ai tellement de sang sur les mains… Je veux qu’ils aient confiance en moi. Et je veux leur annoncer ce que je viens de vous jurer.
Pourriez-vous organiser ça, Alys ? Me montrer, comme vous fêtez et honorez Gilles. »

Je quitte la chaleur du Temple pour retrouver le froid. Je me sens mieux. Encore un peu hagard, un peu tremblant, mais mieux. Je sais ce que je dois faire, combien on compte sur moi. Je dois juste me mettre au boulot. Tellement de gens à voir, de mots à dire, de plans à préparer… La position de Derrevin est encore trop faible, tout comme la mienne. Mais il n’y a plus d’angoisse — nous avons enfin un peu de sursis, et ça faisait tellement longtemps que j’avais pas ressenti ça. Un peu de quiétude.

Juste derrière la porte, je tombe sur Thecia et l’autre prêtresse que je ne reconnais pas. La jeune initiée attend là, patiemment, de pouvoir rentrer à nouveau dans le Temple — ses corvées ne doivent pas être finies. En me voyant, elle baisse le regard, même si elle sourit.

« Tu peux rentrer. »

Je fais ça à l’autre initiée, qui me passe derrière et s’engouffre dans la chapelle. Je veux être seul avec sœur Thecia.


Et je ne sais pas quoi dire. Il y a un instant gênant de silence, qui dure trois, quatre secondes. Un moment trop long, où elle n’ose pas parler, et moi je suis là comme un con. Parce que qu’est-ce qu’il y a à dire ? Elle a l’air heureuse, elle a les joues un peu rougies. Mais il y a… Des choses, des sujets, que j’ose pas aborder. De quel droit je les aborderais ? Je me sens honteux.

Je bats des cils, prend une grande inspiration nasale. Et là, je me rends compte, qu’il y a une phrase bête, que peut-être personne ne lui a jamais dite. Je sais pas si c’est ce qu’elle veut entendre, mais c’est au moins le minimum qu’elle mérite.

« Je suis désolé. »

C’est tellement simple. Ça veut rien dire. À moins qu’au contraire, ça veuille tout dire.

« Ce que mon père t’as fait. C’était ignoble. Personne ne devrait avoir à souffrir de ce qu’il t’a infligé. Si je l’avais dénoncé plus tôt, si j’avais mis fin à ses agissements juste quelques mois, quelques années avant le moment où j’ai réagi, peut-être ça t’aurais… ça t’aurais épargné des souffrances.
Je suis désolé. Mon père a payé pour son crime, mais ça remboursera jamais ta peine. Je ne sais pas ce qui pourrait. »

C’est tout sorti. Peut-être maladroitement, mais c’était ce que je pense vraiment.

Elle doit pas être la seule, à encore payer les pots cassés d’Armand VII et de son épouse. Il lui a laissé des stigmates, profondément dans son corps, dans son enveloppe elle-même. C’est tellement horrible.
Je sais même pas ce que j’attends d’elle, en disant ça. Qu’elle accepte mes excuses ? Non, rien à foutre, qu’elle me pardonne ou pas, c’est pas de moi qu’il s’agit. Elle a vu le chiard de son bourreau revenir du jour au lendemain, égorger son amie, et d’un coup, être vénéré par tout le village dans lequel elle s’était réfugiée pour refaire sa vie — m’avoir poignardé dans le dos n’est qu’une minuscule rétorsion comparé à ça, je comprendrais qu’elle me haïsse, avec toute son âme.
Alors je sais pas ce que je cherche. Je me dis… Je me dis que c’est juste ce qu’elle méritait. Qu’on vienne le lui dire. Qu’on ait la décence de pas ignorer sa peine, ou de lui chercher une signification.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 08 juil. 2022, 14:55, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 61
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par [MJ] Katarin »

Alys prouva une fois de plus mériter son titre de grande prêtresse, mais cette fois-ci non pas parce qu'elle disposait du pouvoir des dieux, qu'elle démontrait d'innombrables qualités humaines ou encore parce qu'elle était une grande oratrice : non, cette fois elle se contenta simplement d'écouter. Elle laissa Armand pleurer mais maintint son front contre le sien pour qu'avec le petit Gilles, ils puissent ensemble soutenir le seigneur de Derrevin par leur chaleur dans ce moment de trouble. Elle le laissa se fustiger, douter, bredouiller, s'excuser, s'énerver, sans jamais plus prononcer le moindre mot car il est des épreuves que l'on ne peut surmonter que par soi-même.

Et finalement Armand se reprit. Il avait déversé tout son mal-être, et maintenant qu'il s'était laissé tomber au fond de son propre gouffre, il saisissait la main tendue d'Alys pour qu'elle l'aide à remonter.

La grande-prêtresse lui offrait un sourire doux, chaleureux et aimant, l'encourageant à parler, à progresser, à avancer. Elle était fière de lui.

Elle attendit patiemment qu'il ait fini, puis laissa un doux silence planer ensuite. Ils n'étaient que tous les trois dans la nef du temple de Shallya, et l'atmosphère chaude et moite de la pièce se montrait toujours quelque peu oppressante pour Armand : avec en plus ce parfum fruité omniprésent, il commençait à avoir des vertiges, l'impression que la tête lui tournait et que ses sens s'épuisaient à être si sollicités.

Après une dizaine de secondes de pieux silence, Alys s'adressa à nouveau à Armand :

- Je ne peux vous accorder le pardon, Armand, car ce n'est pas le mien que vous désirez. Gilles est un dieu d'amour et d'harmonie, certainement pas de rancune, et en devenant ses disciples, les villageois de Derrevin ont tous été délivrés de leur colère et de leur haine. Personne ici n'a de ressentiment envers vos actions, plus maintenant. Vous ne pouvez communier avec l'Enfant Divin comme eux l'ont fait, aussi certains ne vous connaissent pas, ne vous comprennent pas, et vous craignent en conséquence - mais ils ne vous détestent pas. Comme Gilles, ils n'aspirent qu'à vous découvrir pour pouvoir vous aimer.

La seule personne qui n'arrive pas à vous pardonner, Armand, c'est vous-même.


Alys se saisit avec une infinie délicatesse du petit Gilles endormi qu'Armand lui tendait, et ajusta son écharpe rouge pour pouvoir l'y installer confortablement. Les rayons du soleil choisirent cet instant pour percer les nuages et éclairer tout le temple. Comme auréolée d'une lumière divine, Alys tendit alors les mains vers Armand pour l'inviter à les lui tenir.

- Je ne sais si ces mots pourront apaiser votre cœur, mais vous devez savoir une chose, Armand. Margot aussi se détestait pour ce qu'elle vous avait fait. Elle avait besoin d'un père pour faire naitre l'Enfant Divin, et lorsqu'elle vous a rencontré dans ce tumulis, vous et personne d'autre, son ami et amour d'enfance, l'homme à qui elle se destinait des années plus tôt, elle y a vu un signe du destin, la certitude que ce devait être vous et personne d'autre.

Mais elle a cédé à la peur. La peur qu'une fois réveillé et guéri, vous la rejetiez. Vous aviez rejeté votre famille, votre héritage, et elle portait sur elle un stigmate du passé que vous aviez fui. Elle s'est convaincue que vous ne pourriez plus lui faire confiance, et encore moins l'aimer. Elle avait déjà tout perdu : sa famille, ses terres, ses amis. Ses doutes l'ont submergé : elle allait vous perdre, vous aussi, alors elle a choisi de pêcher plutôt que de vous faire confiance.

Je lui ai offert le pardon des dieux, mais comme vous, ce n'était pas ce qu'elle cherchait. Car elle n'arrivait pas à cesser de se détester elle-même.

Elle savait que vous ne la pardonneriez sans doutes jamais non plus. Elle savait ce que ce pêché représentait pour vous. Elle avait pleinement accepté que vous mettriez certainement fin à ses jours pour son crime. Pour avoir été avec elle tout ce temps, je peux vous promettre qu'elle ne vous en veut pas, Armand.

Cela faisait déjà deux jours qu'elle était prête à accoucher. Elle a souffert mille douleurs pour retarder la naissance de Gilles. Parce qu'elle voulait que vous soyez là. Pour que vous puissiez voir ses premiers instants. Pour que vous puissiez, à défaut de la pardonner, comprendre l'importance de ses actes.


Alys s'interrompit, et reprit son bâton de marche contre le pilier.

- Des doutes et des peurs, menant à de mauvaises actions, se concluant dans de la souffrance et le ressentiment. C'est toujours le même cycle, les mêmes émotions humaines qui mènent aux mêmes résultats. Paradoxalement, il a fallu que la naissance de Gilles soit teintée de ces éternels pêchés pour que son existence-même prenne tout son sens : c'est au cœur même de nos faiblesses que désormais il pourra s'exprimer pour nous en guérir.

Faire une fête en son honneur est une excellente idée. Gilles apprécie tout témoignage de joie et d'allégresse que ses fidèles puissent témoigner. Il faut balayer de cette ville toutes les peurs et les craintes qui peuvent gangréner ses habitants, afin que ne règne plus ici qu'amour et harmonie. Alors nous serons prêts à partager ses bienfaits à tout le duché.


Elle offrit à Armand un nouveau sourire, toujours empli de douceur, mais présentant également un peu d'amusement :

- Néanmoins, organiser en quelques heures seulement pareil évènement est une rude épreuve que vous m'imposez, messire. Mais pour Gilles et pour vous, je m'assurerais de mobiliser toute mes capacités en la matière. Au coucher du soleil, nous nous réunirons ici : et ce sera une nuit mémorable je vous l'assure.

Elle accompagna Armand vers la sortie du temple, rayonnante de joie. Il était évident que l'attitude du seigneur de Derrevin et ses propos avaient trouvé un écho tout particulièrement favorable chez les grande-prêtresse, qui démontrait maintenant un enthousiasme presque juvénile.

- Ah, tant que j'y pense, emmenez un présent pour Gilles ! Peu importe sa nature : la seule importance, c'est que ce soit quelque chose qui compte pour vous, que cela vienne de votre cœur.

Et la voici marchant à grande allure pour traverser la cour, fonçant vers la chapelle afin d'interpeler Carlomax et ses herrimaults pour leur donner du travail, avec une liste de tâches qui paraissait absolument interminable au vue de la litanie qui sortait de sa bouche.

A l'autre bout de la cour, trop loin pour percevoir les ordre d'Alys à ses ouailles, Armand avait pris Thecia à parti pour tenter d'accomplir un devoir que la dignité lui imposait : présenter des excuses. A l'instar de la grande prêtresse, Thecia n'interrompit pas une fois son seigneur tandis que celui-ci éprouvait des difficultés à choisir ses mots : patiemment, elle attendait avec politesse qu'il ait réussi à formuler tout ce qu'il avait à dire, l'encourageant d'un sourire aimable.

Elle avait gardé son capuchon baissé, affichant sans honte son crâne rasé et l'affreuse cicatrice qui y était gravée. Ses pupilles dilatées et son visage meurtri de blessures récentes rendaient l'échange de regards difficile avec elle, et l'on pouvait facilement être tenté de détourner les yeux de peur de fixer quelque chose qui pourrait l'embarrasser. Pourtant, pas une fois elle ne sembla gênée à cet instant ; tout juste un peu léthargique.

- Merci messire.

Elle parlait lentement. Sa voix était calme et douce.

- J'ai eu tort. Je m'étais égarée. Votre père n'est pas vous. Je l'ai compris maintenant. Ce n'était pas juste de ma part de vous adresser tant d'hostilité parce que vous lui ressembliez. J'ai laissé mes doutes et mes craintes dicter mes actes, et j'ai essayé de vous écarter de l'Enfant Divin.

Elle hocha la tête pour appuyer gestuellement son propos.

- Moi aussi, je suis désolée. Vraiment désolée.

Ses joues rosirent un petit peu, colorant davantage son ecchymose.

- La grande-prêtresse m'a appris que le pardon passe avant tout par l'amour. Puisque nous souhaitons tous deux le pardon de l'autre, il nous est nécessaire d'apprendre à nous aimer. Voulez-vous m'aimer, messire ?


Jet de VOL d'Armand (-2 à cause du voeu échoué) : 3. Il y a quelque chose dans ce temple qui altère tes sens et te fait tourner la tête, qui tranquilise et endort la vigilance, mais tu gardes le contrôle par ta simple volonté. Difficile néanmoins de savoir si c'est Alys, Gilles, ou le bâtiment qui produit cet effet.
Jet de VOL de Thecia (difficile) : 19. OK, elle est cool, détendue, chill, heureuse :mrgreen:
Comme je te l'ai dit, pas de jet de VOL pour gérer ta réaction avec Thecia - s'il est vrai que ton voeu transgressé te rend plus sensible aux vices de toutes sortes, Thecia est quand même un cas très, très particulier. Tu te débrouilles tout seul pour gérer ta balance morale avec elle.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] La solitude du dirigeant

Message par Armand de Lyrie »

Il est difficile de regarder Thecia droit dans les yeux. Même quand vous faites l’effort conscient de ne pas le remarquer, ça se voit comme le nez au milieu de la figure — enfin, le front, pour elle. Bordel de merde il faut jamais que je fasse cette « blague » à voix haute, même ivre.
Son corps a été écorché d’atroces insultes. Il m’est aisé de me sentir terriblement honteux face à elle, parce que c’est celui qui m’a engendré qui a fait ça. C’est en voyant le mot gravé sur son front que je me sens certain de mon bon choix, quand j’ai condamné toute ma famille. Mais je me sens aussi honteux pour un autre péché, terriblement atroce, une idée ignoble qui m’assaille ;

La partie de moi qui appartient à Anne de Lanneray a une certaine curiosité envers Thecia. Parce que sur elle, son époux a écrit un message d’amour, qui lui était destiné. De savoir qu’au fond de mes tripes, un morceau de moi-même est satisfait de ce qui est arrivé à cette pauvre prêtresse, ça me révulse.


C’est pourtant elle, qui répond à mes excuses par d’autres excuses. Je grince des dents. J’essaye d’observer intensément ses yeux, pour y déceler… Je ne sais quoi. La vérité ? J’ignore à quel point Thecia est elle-même. J’en ai aucune foutue idée. Moi je vois cette pauvre jeune fille qui rougit devant moi, comme le ferait n’importe quelle gamine devant un chevalier. C’est bizarrement dérangeant.

Je mets un tout petit moment à répondre à sa question pourtant fort simple. Je regarde un peu dans le vide, avant de faire l’effort de fixer mes yeux bleus directement vers les siens, pour donner du poids à ce que je dis :

« Je pense que je veux te connaître. J’aimerais beaucoup ça. »

J’aime bien ce mot, connaître. Il est poétiquement équivoque. Quand un type vous dit qu’il veut vous connaître, vous pouvez bien mettre ce que vous voulez derrière. Et puis, c’est une promesse plus mesurée que lui déclarer que je veux l’aimer. C’est mieux pour elle, parce que vu ce que je sais de l’amour, je suis pas mal détruit de ce côté-là.
Je lui offre quand même un sourire ; c’est moins qu’un baiser, et en même temps c’est plus. Je sais pas comment expliquer.

« J’ai, heu… Eh bien, nous pourrions plus discuter ce soir, si cela te va. Si on peut s’éloigner de la fête à un moment. »

J’ai promis à Ophélie que j’essayerai de lui envoyer Thecia. J’ai pas oublié cette promesse. S’il y a encore une personne qui peut aider la prêtresse dans cette ville, c’est la petite gamine. Elle elle est tellement pleine d’amour — un vrai amour, pur, pas un vicié par autre chose. Je sais pas si je serais capable d’un amour pareil. Mais enfin, peu importe.




Il faut retraverser le village enneigé, pour retourner à la demeure du régisseur. J’ai fait ce que j’avais à faire, le chemin du retour est d’une quiétude anormale. Je pense pas à grand-chose ; le ventre plein et les larmes hors de mon corps, je me sens bizarrement plus résolu et ferme. Je sais que je suis dans une situation de merde, alors, ma cervelle se concentre plutôt sur des objectifs — une sorte de liste de tâches, sur des ordres à préparer, des gens à appeler, des documents à signer.

Je retrouve la demeure, l’escalier, le bureau, en passant devant des villageois ou des gardes qui me saluent par une révérence au passage.
Enfin tout seul enfermé dans une pièce, je peux retirer mes trois couches de vêtements, pour ne demeurer qu’en chemise, et je sors du papier et un encrier. Je regarde un peu dehors quelques minutes pour avoir de l’inspiration. Puis j’ouvre la porte du bureau pour demander au premier gars qui fait le piquet devant d’aller me chercher à boire.
Encore trois minutes plus tard, je peux poser sur le meuble où je vais écrire un pichet de cidre glacé — c’est trop bien l’alcool, ça périme jamais, même quand on aura plus aucun vivre on pourra mourir de faim en se murgeant. Le désavantage du cidre, c’est que ça retourne pas vraiment la tête, surtout après avoir mangé, donc il faut que je me prenne deux verres avant d’avoir l’inspiration.

Finissons-en avec ça.

Je tire un papier, applique de l’encre sur ma plume, laisse couler l’excédent, et on s’y met.
À Palamède, seigneur de Fluvia, maréchal d’Aquitanie,

Votre seigneurie,

Je vous écris afin de vous présenter mes plus solennelles condoléances pour le décès de votre fils.


Je me bloque soudain. Ça sera moins facile que j’imaginais.
Je refous la plume dans l’encrier, et me sers un troisième verre avant de reprendre.
Je ne connaissais pas Artur, mais ce que j’ai vu de lui me dresse un magnifique portrait. Votre fils était un homme noble, courageux, sans reproches, qui s’est battu en faisant honneur à la Bretonnie. À aucun moment n’a-t-il tremblé ou reculé devant l’adversaire.
Bien que cela ne soit que d’un ridicule réconfort, je peux vous dire qu’il a rejoint les bras de Mórr sans souffrances, et que son enveloppe a reçu les rites pour qu’elle soit bien gardée.


C’est absolument faux. Artur a pu sentir son cadavre pourrir avant d’expier. Je me souviens qu’il a poussé une sorte de gémissement guttural, un hoquet mélangeant panique et agonie. Il a peut-être vécu une mort plus atroce que celle d’être brûlé vivant.
Mais bien sûr, il est hors de question que son père sache ça. Déjà que le deuil d’un enfant est une chose terrible, au moins qu’il ne se réveille pas la nuit en s’imaginant le sort horrible qui est arrivé à son bébé. Je suis… Étrangement familier, de la terreur que peut ressentir un parent quand son fils est en danger. Il y a pas de sensation plus terrifiante sur Terre.

Tout ce que j’espère, c’est que les Morriens qui ont pris son cadavre auront l’intelligence de l’enfermer dans un linceul, et d’interdire à son père de le voir dans l’état où la Banshee l’a laissé. Que Palamède se souvienne de son enfant comme un beau jeune homme. Surtout pas comme une horrible charogne décomposée.
On vous dira que votre fils a péri en accomplissant son devoir de chevalier. Mais puisqu’il a péri sur les terres de mon père, je sens comme une lourde dette que je ne pourrai jamais rembourser envers sa mère. Je vous demande de lui présenter mes condoléances, et de lui assurer que si elle avait besoin de quoi que ce soit, je le lui accorderai sans défaut.

Je prie pour l’âme de votre fils, et je prie Shallya pour qu’elle vous donne le réconfort. Je prie la Dame du Lac pour qu’elle protège votre famille et votre honorable lignée.

— Armand de Derrevin.

Fait le… À…


Je soupire, en balançant la lettre sur le bureau pour qu’elle sèche. Je m’enfonce dans mon siège, attrape le verre de cidre, le fait remuer lentement pour observer le liquide à la surface.

Je me demande si je vais devoir écrire des lettres pour d’autres personnes. Pour Casin Baillet — je crois qu’il avait encore de la famille en vie ? Un oncle, non ? Pour Albert de Favière aussi ; il venait de l’autre bout de notre nation, il doit avoir des gens à lui à Couronne. Et qui d’autre, encore ? Toutes les personnes mortes dans le verger ? Et Mélaine, avait-elle des gens qu’elle aimait, en plus du duc ?

Je n’ai plus la force d’être triste ou en colère, alors, à m’imaginer devoir répéter les condoléances à toutes les vies que j’ai ruinées, je sens juste une forte torpeur. Et un peu de dégoût.
Je finis le pichet de cidre. Je me relève tout droit. Je remets mes couches de vêtements pour camoufler ma poitrine. L’alcool commence à bien monter à mon crâne, et j’ai l’alcool mauvais.

J’ouvre la porte et retrouve le gars qui fait le piquet devant.

« Allez prévenir dame Jehanne, et dame Gotlinde. J’ai besoin d’elles ici. »

Armand a grosso modo abordé tout ce qu’il voulait faire précédemment, mais histoire que tout soit bien écrit afin de le résoudre et de le garder en tête, je le remets au propre ici :eye:


Mission des Herrimaults :
— Quelques Herrimaults doivent parvenir à retrouver sire Thevot de Maisne. L’un d’eux embarquera, discrètement, un peu d’ichor de l’Enfant Divin, qu’il camouflera dans un bijou ; ça doit être discret.
Leur objectif est de s’approcher pacifiquement de Thevot de Maisne. S’il est dans un hospice de Shallya, il serait intelligent d’envoyer une femme Herrimault déguisée en prêtresse (Utile vu qu’on a des vêtements et des clercs pour ça), s’il est auprès d’un barbier, plutôt envoyer un homme déguisé en sergent des Maisne (On a plein de cadavres pour prendre leurs vêtements, même si c’est moins élégant). Mais enfin, c'est l'opération des Herrimaults, ils sont experts en ça, je vais pas leur apprendre à faire leur boulot.
Ils doivent assurer à Thevot de Maisne qu’il est en sécurité, que je souhaite lui parler en privé, et que je le protégerai. Il doit comprendre que je vais prouver à sa famille que tuer Mélaine était la chose à faire, car elle était en réalité une démone. Et enfin, pour bien assurer sa loyauté, il peut reprendre une nouvelle dose de jus de bébé-divin, vu que les effets ont l’air de se dissiper dans le temps.


Mission de Jehanne de Montagu :
— Jehanne doit écrire une lettre et envoyer un émissaire à Brandan de Maisne, déclarant qu’Armand de Lyrie/Derrevin est en vie, et qu’il souhaite urgemment lui parler. Avec Brandan, pas de truc discret de petit intrigant, ça marchera jamais ; je veux une entrevue très officielle, en plein jour, entre sa famille et mes hommes à moi, dans un lieu qui paraît bien neutre (Ou un pont s’il y a un pont, ou un carrefour s’il y a un carrefour ; bref un endroit où on risquera pas une embuscade de l’un ou de l’autre). Elle peut assurer, dans la lettre, que je n’ai pas choisi d’être sire de Derrevin, et que je souhaite avoir de bonnes relations avec lui.
— Quitte à envoyer un message auprès des Maisne, j’aimerais en profiter pour faire passer un mot à Andry, plus discret, disant que je veux le voir en privé. Si c’est Jehanne qui met en place l’entrevue et que son pote Armand insiste, ça peut que attiser sa curiosité. Peut-être que Gotlinde a quelque chose à dire là-dessus ? Elle avait l’air d’être insistante pour qu’on protège Andry, moâ je trouve ça suspect perso.


Mission d’Armand :
— Pendant qu’on cherche à contacter tous les Maisne et mettre en place des entrevues, moi, j’ai des choses à faire.
Je souhaite mettre en place un convoi de charrettes et de sergents pour foncer vers la seigneurie de la Lyrie. Là-bas, j’ai un truc assez urgent à faire : me débarrasser du cadavre de Casin Baillet, qui est la dernière chose chiante que j’ai aux basques. Mais on va aussi en profiter d’être là-bas pour piller comme des gredins absolument tout ce qui traîne dans mon vieux château ; les bijoux, les alcools, les armes, les meubles — tout. Ce pillage massif de quincaillerie pourra ensuite être remis dans des villes ou aux Gillites, en échange de produits de première nécessité. Ça va pas sauver Derrevin, mais ça devrait bien nous acheter au moins un an pénard le temps de remettre en place des récoltes et de revenir à la normalité.
— J’en profiterais bien, également, pour enquêter sur la petite pute qui m’a poignardé avec une rapière.
— Une fois le pillage bien terminé, je remonterai au nord rejoindre Jehanne pour l’entrevue avec les Maisne, pendant que les hommes venus avec moi se disperseraient pour liquider ou ramener le butin à Derrevin. Finalement, je ne retourne pas à la capitale tout de suite, bien que j’enverrai un émissaire filer ma lettre aux Fluvias.


Eeet…

Et bah mine de rien, c’est déjà beaucoup. Enfin, j’ai l’impression d’exploiter un peu toutes mes forces là, difficile d’en faire plus à mes yeux. Il faut quand même que des chevaliers et des miliciens restent en ville pour continuer de s’entraîner et de préparer des pièges et des défenses.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 20 juil. 2022, 21:04, modifié 1 fois.
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Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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