[Erwan de la Rivière] Fils d'infortuné

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Erwan de la Rivière] Fils d'infortuné

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Le Renaud en question était assis à l'ombre d'un des murs du temple. Il taillait des pieux. Sans s'arrêter dans son occupation, il leva un œil gris en direction du musicien.

"T'as vu ton état ? J'ai croisé des renards plus gros. Les forêts sont pleines d'hommes-bêtes en déroute. Mais ça se reprend vite ces engins là. Faudra se préparer à la seconde attaque." Il planta sa lame dans son banc avant de se redresser avec sa béquille. La jambe droite de sa braie flottait piteusement au gré de la brise. "Mais. Comme tu m'es sympathique. Tu pars vers l'Est. Tu arriveras à l'étang de Fonplat après une journée. De là tu vas au Sud-Est. Tu finiras par voir le village. Ca nous fait... Deux grosses journées de marche. En évitant les Gors. Tu t'en sortiras bien."

Ça ne l'avançait pas davantage. Avec de la chance peut être que les hommes de Ronçard nettoieraient un peu les lieux sur leur passage. Avec de la chance. Ce dont il semblait cruellement manquer. Le farceur lui en voulait-il ? Peut être. Sinon pourquoi avoir glissé autant d'embuches sur sa vie d'insouciant esprit à crinière de feu.
Dans le temple, les convalescents et quelques sœurs priaient devant la statue de la pleureuse. Des malfrats qui louaient le même dieu que lui lui avaient un jour raconté que si la Colombe pleurait tant c'est que Ranald avait blessé son cœur. Pleurer pour toutes les souffrances ou rire face à l'adversité. Deux moyens de réagir. Deux moyens de pondérer ses problèmes.

Plus tard, allongé dans sa couche, ses bandages et ses pansements changés, la pitance engloutie, il n'avait que sa tête pour imaginer des mélodies. Jusqu'à ce qu'il entende les protestations d'une sœur.
"Il doit encore se reposer ! C'est un patient, pas un âne bâté ! "
"Bah il a assez patienté. On le récupère, la route est longue."
Des pas lourds firent trembler le temple, des blessés gueulèrent, tirés de leur somnolence. Derrière cette marche de mastodonte, des pas plus rapides en savates et des gesticulations indignées. Et deux visages bien connus arrivèrent dans la salle où il était alité.
"Remballe tes cheveux et on y va avant que les dames du coin ne me filent des coups d'attelles."
"Ca fait mal les attelles oui-da."

Deux minutes plus tard, il était chargé sur l'épaule de notre bien aimable colosse tandis que ce dernier se retournait, imperturbable aux tambourinages répétés des shalléennes contre sa personne. Luçon salua Renaud avant de tracer son chemin au travers de la foule. "Mesdames, messieurs. Sa seigneurie Léonard de Banquèstre vous remercie de votre coopération et des soins accordés à notre ami. Allez on décarre."

Devant la statue, un chevalier et une personne bien plus menue priaient. Ils se redressèrent en voyant notre trio d'hurluberlus se ramener.
"Salutations Erwan. Heureux de vous revoir sur pieds. Du moins, sur l'épaule de mon écuyer."
Un "Oui-da." plus tard et de retour sur le plancher des Minotaures, le musicien pouvait voir ses trois sauveurs. Ils avaient l'air en meilleur état qu'après son secours. La quatrième personne était une femme. Du moins peut être tant elle était vilaine. Sans formes sous ses habits de paysanne, ses cheveux coupés au bol étaient jaune paille et sa face était constellée de tâches de son. Pourtant un détail ne trompait pas. Ce regard.

"Parait qu'ce vieux machin est à vous." Avec un accent de rustaude à faire passer Luçon pour un poète, l'illustre inconnue lui tendit un luth. Avec un clin d’œil digne de Ranald lui même.
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Erwan
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Re: [Erwan de la Rivière] Fils d'infortuné

Message par Erwan »

C'est après plusieurs boitements et appels à Renaud que celui-ci apparut aux yeux du ménestrel, qui lui demanda le meilleur, et le plus sûr, chemin pour se rendre au Castel-gîte. Fort heureusement, Renaud semblait apprécier le rouquin, que ce soit pour ses boutades, ses talents de chanteur, pour la distraction qu'il apportait, à moins que Renaud ne soit dans un bon jour ? Allez savoir. Quoi qu'il en soit, Erwan retint les informations de Renaud et, une fois ces dernières données, le dit Renaud s'en alla ailleurs laissant un Erwan informé... mais totalement paumé. "- Renaud... c'est par où le nord... ?" Pensa le ménestrel. Car si le chasseur du village avait des connaissances en nature et en orientation, le barde lui, rien du tout. Nada. Que pouic.

En retournant dans le temple, tout à ses pensées et plans plus ou moins foireux comme suivre les hommes du maitre d'arme en étant discret ou en espérant trouver le nord sans le prendre pour le plein sud, Erwan entendit les prières des sœurs adressaient à la pleureuse. Il eut un très léger ricanement quand il vit certains "visiteurs" avec ce même regard malicieux que lui, mais dont les intentions étaient toutes autres. Il n'était pas le seul à prier le joueur dans ce village, et s'il appréciait les aventures, il devait admettre que ça commençait quand même à faire beaucoup pour un simple ménestrel. Une fois dans sa chambre, il s'autorisa un moment pour prier le dieu de la liberté, le remerciant de l'avoir laisser vivre et toujours vivant. Il ne pouvait en tenir rigueur à une divinité de prendre quelque chose pour ses bonnes grâces, fusse de l'argent ou autre chose. Mais son Luth, ça, il le récupérerait. Ce n'est qu'une fois une prière de gratitude énoncée que le ménestrel s'assit sur sa paillasse pour méditer à son prochain plan d'action de récupération de son héritage familiale.

Alors que le ciel s'était drapé de sa couverture de nuit, les oreilles du ménestrel l'informèrent d'un bruit, comme si quelqu'un lui parlait. Après un aussi bon soupé, ses bandages changés et quelques yeux fureteurs lancés aux sœurs, il se pensait être dans un rêve. Rêve qui sembla se transformait en cauchemar quand il vit une face à faire peur.

"- AH PAR LES DOIGTS D'RANALD !!! QU'EST-CE QUE..." Puis il plissa un peu les yeux pour y voir plus clair. Sa vue s'améliorant petit à petit, il distingua une forme qu'il avait déjà vu, grande, tout en muscle, des cicatrices par-ci par-là... "- Le Bougre ?" Puis son visage se tourna vers son acolyte de toujours. "- Luçon ? Mais que WOW !!" Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il se fit extraire de son lit douillet pour être posé comme un vulgaire sac sur l'épaule robuste du Bougre sous les indignations des sœurs qui essayaient de se mettre sur sa route, tandis que Luçon essayait d'en écarter le plus possible.

"- Mais ! Que !? Enfin ! Luçon !! Je veux des explications !!" Puis, devant le manque de réponse de la part du moins robuste, il se tourna vers le plus fort et le regarda avec des yeux à moitié en larme. "- J'ai cru que vous étiez moooooooorts..." Et il finit par pleurer quelques larmes de joie, mais toujours en demandant ce qu'il s'était passé depuis près de cinq jours pour finir par être reposé sur une terre bien solide à l'extérieure du temple d'où émanait toujours quelques vociférations. En voyant le trio composé de Sire Léonard, Luçon et le Bougre, Erwan prit une grande inspiration et pris Luçon par une épaule et le bougre par la taille en pleurant légèrement, sa voix mêlée de joie et d'émotions un peu forte.

"- J'vous croyaient morts... ! Vous m'avez manqué, tous..." Sa voix repris son ton normal une fraction de seconde. "- Mais la compagnie était très agréable ici." Avant de revenir avec quelques larmes supplémentaires. Son regard embué de quelques larmes, et son corps avachi sur les deux compères, il finit par remarquer qu'un quatrième membre était là, à côté d'eux. D'un coup, il se remit plus droit, les larmes semblant sécher instantanément dans ses yeux et s'approcha de la belle dame, dont il finit par remarquer le regard. Il n'avait pas oublié cet éclat, mais avant même qu'il ait pu dire quoi que ce soit, elle prit la parole.

"Parait qu'ce vieux machin est à vous."

Erwan partit immédiatement dans un rire bref et explosif. "- Une femme aurait-elle passer du temps auprès du bas peuple pendant assez de temps pour apprendre comment caqueter comme nous autres ?" Demanda-t-il avec un clin d'œil légèrement séducteur qui sembla avoir eu son petit effet devant la rougeur de la "paysanne", qui l'incita à aller au diable.

Il en aurait ris s'il n'avait pas fini par remarquer qu'elle lui tendait quelque chose. Quelque chose qu'il était prêt à aller chercher dans un repaire d'aberrations des sombres puissances, quitte à y laisser sa vie et son âme. Son luth lui était rendu. Erwan ne bougea pas pendant quelques instants, mais quand les autres s'impatientèrent ou s'inquiétèrent, il finit par tendre les mains avec une lenteur quasi-religieuse, comme s'il s'apprêtait à toucher à la plus sacrée des choses pour lui. Quand ses doigts touchèrent le bois, il afficha un sourire tellement heureux que l'on aurait pu croire à un homme revenant de la guerre qui retrouve son épousée. Ses doigts glissèrent sur le bois de son luth avec tendresse, respect, amour et vénération. Il le prit en main comme on prendrait un nouveau-né, et il commença à pleurer. Non pas les larmes qu'il avait eues il y a quelques instants encore, mais de vraies larmes, chaudes d'une émotion intense. Il colla son luth contre lui et hoqueta quelques fois, ne pouvant retenir ses émotions. Si certains dévouent leur vie entière à l'art de l'épée, de la chevalerie, de l'amour ou de la terre, Erwan de la rivière était un ménestrel. Lui se dévoué à son art musical. A son luth. En plus d'être son instrument de musique, ce luth était son héritage familial, un objet qu'il aimait autant qu'une vraie personne, autant qu'il pouvait aimer une femme. Peu lui importait ce qu'on pouvait penser de lui en cet instant car, pour lui, il venait de retrouver sa moitié. Il se sentait enfin à nouveau lui-même.

Se remettant lentement de ses puissantes émotions, il parla d’une voix plus sûre, légèrement enrouée. "- Où va-t-on ? Et n'espérez pas ne pas me donner les détails de votre échappée. Car désormais, et ce jusqu'à ce que ma dette soit rendue envers chacun d'entre vous, Erwan de la rivière vous suivra en tant que votre Barde attitré." Il ponctua sa déclaration d'une révérence respectueuse à Léonard, Luçon, le Bougre et Mathilde. Mais pas devant le bouc.
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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Erwan de la Rivière] Fils d'infortuné

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Le bélier fort offensé ne se priva pas de charger les rotules du pauvre barde qui s'en tira avec des ecchymoses naissantes. Sous les ricanements de Luçon ils s'en allèrent sur la grand rue du village, dans la direction opposée à Gite-au-breton.

"Après vous avoir confié aux Sœurs nous sommes retournés à Castel-Gite. La ville était presque entièrement rasée. Les murs du château étaient endommagés sous les assauts. Imaginez la violence et la hargne de ces hardis bestiaux. Le bailli Lambert nous a ouvert. On a fait notre devoir pour sauver ce qui pouvait encore l'être."

Et Luçon d'ajouter :
"Hors il y avait quelqu'un dans ce château qui nécessitait de l'aide. Notre aide."
"Beaucoup d'aide oui-da."

Ils s'arrêtèrent au puits afin d'abreuver les chevaux et de se rafraichir.

"Alors nous avons fait ce qui était juste. Sortir la dame du Bouvrois du château ne fut pas facile. Mais autant le faire en l'absence du régent. Maintenant on fait cap vers l'Ouest."

"J'espère que tu as toujours voulu voir l'Océan Erwan. Tu pourras faire des cantiques avec les sirènes."

Ils marchèrent jusqu'aux dernières lumières du jour. Pendant que les héros montaient le camp, Erwan et Mathilde se retrouvèrent face à face. Cette dernière se tenait le bras en regardant l'état du musicien.
"Mon pauvre Klaus Rödinger. Dans quelle valse vous ai-je précipité ?"
Elle s'avança et regarda les bandages d'Erwan. "Il est temps de laisser ça derrière nous. Et de songer à quoi faire du reste de nos vies. Quoi faire de cette nouvelle vie."
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Re: [Erwan de la Rivière] Fils d'infortuné

Message par Erwan »

Même les boucs commencent à vouloir son attention, mais en plus ils sont rancuniers. Essayant de faire fi des douleurs supplémentaires que le bouc lui infligea, le ménestrel béquilla en le groupe en écoutant avec attention les explications de ce qu'ils s'y étaient passé. Cependant, et malgré les quelques mots dits, personne ne lui dit les détails précis. Sa curiosité naturelle l'aurait poussé à poser plus de questions, mais il se ravisa.

"- Soit ils n'ont pas pris la peine de noter plus que ça. Soit ils essaient de préserver un pauvre ménestrel de quelques détails. Ou alors ils ne veulent pas voir des accords passés sous capes prendre forme dans des chansons." Pensa le ménestrel.

"- Vers l'ouest ? Vous voulez dire"

"- J'espère que tu as toujours voulu voir l'Océan Erwan. Tu pourras faire des cantiques avec les sirènes."

Un sourire immense apparut sur le visage du ménestrel. "- Putain ouais !! Des sirènes, des matelots, et plus encore ! J'en connais un bon d'marin, ça oui ! Petit déjà il aimait la nage, et il s'est fait marin y'a quelques temps ! A l'ouest en direction de l'océan ?! HA !! J'achète !" C'est sur ces mots joyeux et pratiquement extatiques sur le groupe quitta le petit village pour commencer à prendre la route de l'ouest.

Des heures durant ils avaient marchés, et des heures durant la sueur perlait sur le front de chacun que ce soit à cause de la marche ou du soleil. Sir Léonard et Mathilde était sur les chevaux, tandis que Luçon, le Bougre et Erwan étaient à pied. Évidemment ils n'avançaient pas aussi vite qu'ils l'auraient voulus, mais ils profitèrent de cette allure pour admirer le paysage de la bonne terre de Bastogne.
Les regards de la petite troupe était légèrement perdu car, malgré tout, ils avaient vu et vécus des horreurs. Mais grâce à l'enthousiasme d'Erwan et à ses questions, ils eurent quelques sourires et quelques rires de nostalgie. Quand il demanda à Sir Léonard d'où il venait, il lui avait expliqué venir d'un domaine des principautés, et se demandait tous les jours si sa famille allait bien.

Quant à ses écuyers, seul le Bougre semblait vouloir poursuivre sur cette noble route. Luçon, pour sa part, avait décrété qu'il ne faisait que les escortaient et qu'il retrouverait avec joie sa petite ferme une fois tout ceci finis.

Erwan lança pour chacun le titre d'une chanson encore à écrire pour chacun. "La geste de Sir Léonard" ; "L'ascension d'un Bougre" et "Les péripéties d'un berger". Des chansons et récits encore à écrire qui, Erwan s'en vantait déjà, allait apporter honneur et gloire à chacun des protagonistes. Lui se contenterai de choses moins nobles comme un petit pécule et défendra à son corps défendant les fameux héros de la gent féminine qui devront lui passer sur le corps. Il formula une excuse polie ainsi qu'un petit clin d'œil à la Dame du groupe après que le Sir eut tancé le ménestrel, et que Luçon lui ait collé une calotte derrière la tête.

Quand vint les premières lueurs du soir, les trois héros dressèrent le camp pendant qu'Erwan et Mathilde s'assirent l'un en face de l'autre. Erwan s'étira lentement le corps en faisant attention de ne pas trop forcer sur sa blessure. "- Oh par Gilles, ça fait du bien d'être sur les routes à nouveau."

"Mon pauvre Klaus Rödinger. Dans quelle valse vous ai-je précipité ? Il est temps de laisser ça derrière nous. Et de songer à quoi faire du reste de nos vies. Quoi faire de cette nouvelle vie." dit Mathilde en s'avançant vers les bandages du ménestrel.

"- Vous n'avez fait que me reconduire chez moi, ma Dame. Si votre demeure était de pierre, la mienne est ici. Sur les routes. Vous n'avez fait que me renvoyer chez moi, et je vous souhaite la bienvenue dans ma maison." Erwan ouvrit les bras en souriant. "- Bienvenue dans le monde. Je vous l'accorde, la compagnie laisse parfois à désirer, on a souvent faim, soif, du mal à dormir et il faut faire avec le vent, la pluie, la neige et le soleil brulant. Sans parler des bandits, des bêtes sauvages et des horreurs du monde. Je ne vous demande pas si vous êtes surs d'avoir fait le bon choix, l'intérieur de votre château montrait bien que vous ne vous y plaisiez pas. Mais sachez juste que vous risquez de ne pas apprécier du tout cette nouvelle vie."

Mathilde planta son regard dans celui d'Erwan, qui y vit pour la première fois une femme libre de choisir, et qui a fait son choix. "- Pour une fois, j'ai pu choisir plutôt que subir. Et si c'est ce qui m'attends, j'ai le cœur léger en sachant que j'ai fait ce choix moi-même."

Erwan souris et ria aux éclats avant de reprendre parole. "- Alors suivez mon conseil : Vivez chaque jour à fond, et croquez chaque bonheur et plaisir qui s'offre à vous. Ce pourrait être la dernière que vous puissiez y goûter."

Puis, alors que tous s’affairaient, Erwan saisis délicatement son luth, vérifia avec application les cordes et l'accorda sur un air doux avant de donner un rythme enjoué.

"- Oyez oyez, chers compagnons de voyage.
Entendez-moi jusqu'à la plage.

Nous sommes quatre à approcher de l'eau,
Loin du tumulte et des sabots,
Nous irons droit à cette ville au Sir si beau,
Vous m'avez entendu, on va à Bordeleau.

Les rues sont bondés d'hommes, de femmes et de matelots,
Là-bas on y sert un vin qu'on boit au goulot,
Mais prenez gardes car si vous en buvez de trop,
Vous finirez comme les autres, un simple lourdaud.

Oyez Oyez chers compagnons de voyage.
Entendez-moi jusqu'à la plage.

Que la Dame protège notre route de son regard perçant,
Car une fois là-bas, nous serons protégés par le trident,
A lui, et lui seul, peut-on se porter garant,
Quand on vit toute une vie près de l'océan.

Allez venez, nous y allons séant,
En plus on parle de ces créatures au si doux chant,
Nul n'en revient sauf ses plus fervents,
Allez les gars, les voiles dehors, et en avant.

Oyez oyez, chers compagnons de voyage.
Entendez-moi jusqu'à la plage."
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 28 nov. 2021, 22:26, modifié 1 fois.
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Re: [Erwan de la Rivière] Fils d'infortuné

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Jets cachés
Autour de la réconfortante flamme, les cinq voyageurs éreintés par tous les maux qui avaient secoué Bastogne se laissaient emporter par le flot des paroles. Si ils n'étaient pas au bord du rivage, ils entendaient déjà la mer. Et surtout Erwan. On mastiquait en même temps les rations dérobées au château. Confit de chevreuil, jambons, pâtés de gibier et autres mets de choix qui ne passeraient pas le voyage. Le ventre plein, l'âme adoucie on fixait le feu ou les étoiles. Le Bougre caressait Jacot pelotonné contre ses grosses cuisses d'ogre, Sir Léonard nettoyait son épée en silence. Luçon, son camail défait par terre, le col ouvert, reprenait les notes de la mélodie d'Erwan en sifflant. Et notre paysanne quant à elle s'adonna à la poésie. Si elle n'avait pas l'entrain paillard des musiques d'Erwan, la douce voix de ce dernier ou de Luçon, son timbre avait cette sincérité, cueillie au fond de la gorge prés du cœur.

Je suis un pâle enfant de Bretonnie, et j’ai
Le regret des rêveurs qui n’ont pas voyagé.
Au pays bleu mon âme en vain se réfugie,
Elle n’a jamais pu perdre la nostalgie
Des verts chemins qui vont là-bas, à l’horizon.


Tous tendirent un peu l'oreille.

Comme un pauvre captif vieilli dans sa prison
Se cramponne aux barreaux étroits de sa fenêtre
Pour voir mourir le jour et pour le voir renaître,


Les souvenirs remontaient du subconscient comme si l'ancre qui les arrimait au fond s'était rompu. Tant de choses en si peu de temps... Et ils étaient là. Sans rien d'autre que la volonté d'aller plus loin.

Ou comme un exilé, promeneur assidu,
Regarde du coteau le pays défendu
Se dérouler au loin sous l’immensité bleue,
Ainsi je fuis le gîte et son palais si creux.
Avec mon rêve heureux j’aime partir, marcher
Dans la poussière, voir le soleil se coucher
Parmi la brume d’or, derrière les vieux ormes,
Contempler les couleurs splendides et les formes
Des nuages baignés dans l’occident vermeil,


Sa voix s'étranglait parfois entre deux vers alors qu'elle avait fermé les yeux pour mieux se laisser porter. Et doucement la musique du barde et les sifflements du berger s'étaient accordés à l'Élégie de Mathilde.

Et, quand l’ombre succède à la mort du soleil,
M’éloigner encor plus par quelque agreste rue
Dont l’ornière rappelle un sillon de charrue,
Gagner les champs pierreux, sans songer au départ,
Et m’asseoir, les cheveux au vent, sur le rempart.


On oubliait qu'ils étaient tous fugitifs, fous, sans but sauf la bohème et l'Océan au bout du chemin malgré tous les périls à rencontrer.

Le sombre azur du ciel s’épaissit. Je commence
À distinguer des bruits dans ce murmure immense,
Et je puis, écoutant, rêveur et plein d’émoi,
Le vent du soir froissant les herbes près de moi,
Et, parmi le chaos des ombres débordantes,
Le sifflet douloureux des machines stridentes,
Ou l’aboiement d’un chien, ou le cri d’un enfant,
Ou le sanglot d’un orgue au lointain s’étouffant,
Ou le tintement clair d’une tardive enclume,
Voir la nuit qui s’étoile et ce feu qu'on allume.


Ce soir les étoiles seraient avec eux. Et rien ne troublerait le sommeil des compagnons d'infortune.
Pourtant dès le petit matin, alors que le soleil n'avait pas encore émergé et que le ciel était une vaste toile d'un bleu sombre barbouillée à l'Est avec de l'orangée, et que la sentinelle réveilla les troupes, un dilemme se posa. Pour l'expliquer, Luçon dessinait des schémas dans la boue du bas-côté, sous le regard incrédule des écureuils et de nos protagonistes.
"La question de s'en aller c'est fait, tranché. Reste un détail tout petit, petit, insignifiant mais. Par où qu'on va. Pour aller à la mer."

Ce devait être les vaguelettes tracées avec un bâton. "La solution la plus évidente me diriez vous, c'est Bordeleaux." "Oui-da." "Merci le Bougre. Mais la chose étant, la nouvelle d'une bande de fugitifs à travers Bastogne ça va se répandre comme la chtouille dans un bordel. Cela va grouiller de sergents, de chevaliers errants. Tous prêts à nous renifler le fessard pour empocher la récompense. " il fit deux entailles croisées comme des lames entre les vagues et le caillou les symbolisant. "Une option c'est par le nord. Sauf que c'est le Moussillon. Et autant pas grand chose aura les roubignolles de nous suivre jusqu'à là-bas, autant les choses de là bas sont pas terribles. Entre les bandes de brigands, les grouillots si moches et cons qu'ils ressemblent à des taupes, les chevaliers qui ont l'attirail des femmes et les femmes qui ont plus de barbe que Jacot a de laine sur le dos, je préfère éviter. Sauf en dernier recours. Y a donc le sud. La forêt de Châlons est pas vraiment le bois aux sucreries. Je sais pas si tous ici se souviennent des hommes-bêtes qui essayent de nous faire la peau depuis des jours. C'est leur domaine. Bon voilà."
Sir Léonard croisa le regard de Mathilde. Puis les deux tournèrent leurs yeux vers Erwan. "Après. Parait qu'après la forêt, y a des bruits qui courent. D'un village qui s'est rebellé. Puis qui a un nouveau seigneur. Un truc compliqué mais... Ça pourrait faire un refuge. Qu'est ce que j'en sais moi."
Il se craqua la nuque avant de poursuivre. "Au pire du pire on devient tous shalléens et on passe le reste de nos jours donnés sur Terre à bouffer des gâteaux en pleurant sur les malheurs du monde. Bon plus sérieusement. Par l'Aquitanie, Bordeleaux, le Moussillon, tant qu'on atteint les ports. J'avais connu un enfant de putain... C'est pas une injure c'était factuel, qui faisait la liaison avec son rafiot. Le genre à pas poser de question sauf sur le salaire. Ce qui nous ramène donc à la question : Par où atteindre l'océan ? Et même, l'océan ou bien partir ailleurs, mais alors où ?"

Imperturbable aux tracasseries des hautes gens, le Bougre lui rangeait les affaires en chantonnant.
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Re: [Erwan de la Rivière] Fils d'infortuné

Message par Erwan »

Erwan fut légèrement surpris d'entendre la voix de Mathilde commencer à se faire entendre après sa petite chanson de mer. Il savait que la noble dame avait nombre de talents, le chant en faisait certaine et indéniablement partis, sa surprise venait plutôt du fait qu'elle se plonge dedans aussi vite. Mais il ne dit rien, préférant sourire et accorder ses notes aux paroles de la dame, une touche de nostalgie venant s'ajouter à son instrument.

"- Belle chanson pour une belle dame. La nostalgie est toujours une compagne agréable, elle fait toujours son effet sur les coeurs quand la voix qui chante vous fends le votre." Dit le ménestrel en réajustant ses cordes. "- Souvenez-vous en, on risque d'en avoir besoin quand on fera tourner la caisse."

Erwan laissa alors tout un chacun préparer un plan de direction pendant que lui veillait sur son luth. Il défit les cordes, les posa sur ses jambes et entreprit un entretien appliqué sur son instrument, ne délaissant aucun espace. Ensuite ce fut le tour des cordes qu'il lissa et les examina attentivement pour voir leurs états. Une fois qu'il considéra le tout comme satisfaisant, il réajusta les cordes par de délicats accords avant d'entendre un petit toussotements trop insistant qui le fit se retourner vers ses compagnons de voyage.

"- Oh, excusez-moi. Vous disiez ?"

Luçon soupira avant de reprendre. "- Au pire du pire on devient tous shalléens et on passe le reste de nos jours donnés sur Terre à bouffer des gâteaux en pleurant sur les malheurs du monde. Bon plus sérieusement. Par l'Aquitanie, Bordeleaux, le Moussillon, tant qu'on atteint les ports. J'avais connu un enfant de putain... C'est pas une injure c'était factuel, qui faisait la liaison avec son rafiot. Le genre à pas poser de question sauf sur le salaire. Ce qui nous ramène donc à la question : Par où atteindre l'océan ? Et même, l'océan ou bien partir ailleurs, mais alors où ?"

"- Quelle question, mon cher Luçon.
C'est à Bordeleaux que nous allons."
Répondit le ménestrel d'une note joyeuse.

"- Personne ne veux traverser la forêt ?" Tous secouèrent la tête avec quelques commentaires. "- Alors c'est à Bordeleaux que nous irons. Comme j'ai dit, j'ai peut être de la famille là-bas, si l'frangin a pas pris la mer."

"- Ouais enfin ça règle pas le problèmes des chevaliers errants, les Sergents et tous les autres qui vont venir nous renifler pour trouver une certaine noble." Répliqua Luçon.

Erwan tourna son regard vers Mathilde et la détailla. "- Effectivement. Il va falloir faire quelque chose pour ces vêtements et ce verbe." Le ménestrel se mit à réfléchir quelques instants avant d'avoir comme une illumination. "- J'ai entendu parler d'une femme du nom de Margeot qui ne craint pas de perdre ses vêtements à la demande d'un flamboyant rouquin. Quels sont vos tours de taille et de hanche, Mathilde ?"

Le visage s'orna d'un froncement de sourcil quand il sentit une brise étrange dans l'air.
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 28 nov. 2021, 22:26, modifié 1 fois.
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Erwan de la rivière, Voie du conteur
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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Erwan de la Rivière] Fils d'infortuné

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Jets cachés
Il y eu une brise comme seul l'été bretonnien savait en offrir. Puis Mathilde rigola.
Essuyant son visage constellé de fausses taches de son pour se ressaisir elle lança à notre impétueux rouquin :
"Mon brave Erwan, vous êtes bien cavalier. Alors que le seul à cheval ici est Sir Léonard." Un sourire, un clin d'oeil. Et un camouflet.

D'un pas altier elle s'éloigna de ce fripon aux cheveux rouges, sous le regard contemplatif de nos écuyers favoris.
"Bah mon grand tu ne t'es pas entiché de la plus simple à faire tomber dans la paille."

On se remit en route. Vers l'Ouest, le soleil dans le dos et le bleu azur de face. Le long des sentiers de terre, les champs, les bosquets. Et au loin, les tours fortifiées des chevaliers du royaume ou les chapelles arrogantes de la Dame. La troupe s'arrêta d'ailleurs un moment dans l'une d'elle. C'était une vieille bâtisse mangée par le lierre, l'intérieur était encombré de vieux lustres, d'objets que le temps et les pillards avaient rendu méconnaissable. Tandis que Mathilde et Léonard priaient, le bougre surveillait le cheval. Luçon flânait dans l'herbe, défeuillant des pâquerettes.
"Tu penses faire quoi après Erwan ? Lorsqu'on aura atteint la mer, livré la gosse à une vie pas si pire mais sûrement plus libre et qu'on aura ciré tous les bancs des tripots de Bordeleaux ?"

Des cirrus cotonneux se ballottaient au vent comme d'immenses galions abstraits dans leur mer céruléenne. Ils étaient bien. On évitait dès lors de penser aux bandits, aux hommes-bêtes, aux chevaliers errants et à la justice du bon Roy. Car si la délinquance le connaissait lui, ce n'était pas le cas de la demoiselle en détresse, du simplet ou même du chevalier à la naïve figure. Il ne restait que Luçon qui avait un passé flou comme le gras sur une terrine.

Plus tard, leur route croisa celle d'un petit hameau. Quelques maisons sises contre une imposante auberge en briques aux murs couverts de torchis. La Baraque à colombages trônait devant les bicoques et les écuries. Des gamins jouaient dans la boue pendant qu'un vieux chien roupillait. On s'arrêterait là pour la soirée.

Les lieux ressemblaient à la taverne et à l'auberge de Castel-gîte, en moins attrayant, en moins prospère. Les tables étaient plus abimées, la paille moins fraiche et l'odeur des voyageurs rappelait que ce n'était pas souvent les plus délicats qui prenaient la route. Les quelques clients étaient essentiellement des paysans en déplacement, des gaillards qui essayaient de ne pas trop attirer l'attention et entre ce pas très beau monde, quelques serveuses aux croupes dévastatrices qui apportaient vin et plats bon marchés en poussant quelques gloussements.

Ils s'attablèrent et rapidement la bière tiède, le vin de table et une ou deux garces envahirent leurs tables. Sir de Banquèstre dégustait son poulet pendant que les demoiselles à la mine bien moins faite que leurs hanches caressaient ses cicatrices au visage en saluant le "grand héros" de leur voix minodante. Luçon, une blondinette sur les genoux fit toutefois signe à Erwan alors que tout se passait bien.

Des hommes étaient rentrés. Ils portaient des armures grossières, de grosses broignes, ils avaient des têtes peu avenantes, de vraies têtes de lard. Et ils avaient des gourdins et des hachettes à la ceinture. Des hommes d'armes venaient s'installer à l'auberge.
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