[Éloi] Princesse de la Foi

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Au théâtre, alors !
Vous voyez bien où c’est, Guido ?

– Hé, j’suis p’têt un peu cuistre sur les bords mais j’sors quand même de chez moi en s’maine, ma sœur ! »

Moins gêné qu’après avoir insulté par mégarde frère Éloi, le bon sergent reprenait un peu de poil de la bête. Il reprit sa route dans cette grande avenue pleine de passants et guidait d’un pas assuré, quoi que plus lent (Il ne faudrait pas qu’Éloi soit importuné par un autre orphelin…), les deux serviteurs de Shallya.
La Gâtine se changeait encore plus en Dédale. Les bâtiments semblaient de plus en plus se rapprocher, se mettre à se sinuer les uns sur les autres comme s’ils souhaitaient s’enlacer ; d’une fenêtre à une autre, était parfois relié un grand fil qui servait de corde à linge en journée. Et au sol, le pavage commençait à disparaître, et pas parce que l’édile chargé de la voirie avait mal fait son travail. Non, les pavés avaient été arrachés, subtilisés depuis le chemin, pour ne laisser que des gros trous accidentés qui devaient être le cauchemar des charretiers locaux.

Éloi avait choisi de garder dans son cœur les leçons de piété de la prieuse Clémence — il était certain que ce n’était pas n’importe quel bourgeois du Royaume de Bretonnie qui aurait eut sa compréhension. Plus ils quittaient le port, plus ils s’enfonçaient dans cette ruche plongée dans l’ombre d’une cathédrale puis d’un immense bastion en pierre qui obscurcissaient le soleil, et plus le jeune oblat pouvait découvrir de nouveaux sujets du Roi des Ribauds. D’autres voyous qui riaient très fort en patrouillant les mains dans les poches, par deux ou par trois. Quelques éclopés et mendiants plus valides, avachis sur le sol avec des chiens qui grignotaient ce qu’ils pouvaient bien trouver dans des tas d’ordures renversées. Il entendait beaucoup de bruit — tellement de cris, des sifflets, des rires d’hommes forts en gueule. Et puis, plus étonnant, un peu de musique. Quelqu’un jouait d’un instrument à cordes quelque part, ce n’était pas sur le chemin de Guido, mais l’ouïe d’Éloi entendait bien que quelqu’un était en train d’offrir des notes de musique, peut-être debout sur un vieux parapet abandonné.

Guido tourna soudainement devant un portail ouvert. En marchant simplement dans la rue, on aurait simplement pensé que c’était la voie privée d’une petite résidence. Il n’y avait aucun signe, aucun symbole, rien qui ne pouvait laisser penser que l’endroit avait un quelconque intérêt. Et pourtant Guido y pénétrait nonchalamment, et dévalait un petit escalier étroit en esquivant une gamine aux cheveux courts, pieds-nus, qui était assise sur les marches.
Ils débarquaient dans une sorte de grande cour. Il y avait là un grand arbre plutôt entretenu, un pommier dont les pommes encore très vertes seraient probablement mûres dans un ou deux mois. Et là, il y avait du monde — deux vieilles dames qui lavaient des vêtements dans un large baquet rempli d’eau alcaline, et une petite demi-douzaine de morveux qui entouraient un monsieur très grand et très musclé, qui barrait avec sa simple silhouette aux mensurations fort épaisses l’accès à une traboule exiguë.

« Allons, allons, jeunes gens ! Voulez-vous me mettre en colère ?! Savez-vous comment je corrige les garnements aux yeux trop juvéniles ?! Baste, si vos mères se reposent aux côtés du Veilleur, je vais être forcé de demander aux vénérables matrones de tirer vos oreilles ! »

Ayant dit ça, il siffla et fit une sorte de révérence fort élégante aux deux vieilles de corvée de lessive.

« Ah, belles et douces dames, pourriez-vous aider un homme en lui prêtant quelque sagesse maternelle ? Cela aiderait à donner de la légitimité à mes interdits !
– Oh ça oué, mon gars ! Que répondait une des mamies en rigolant très fort. Et t’veux l’rouleau à pâtisserie pour qu’j’les aplatisse avec ça ?! »

Guido dépassant les mamies, il se plaça devant la foule de gamins qui se mettaient à crier des arguments fort différents pour négocier l’entrée — toute une foule de petites voix aiguës, pas encore muées, qui provoquaient une cacophonie incompréhensible.

« Hé mé ! On a d’l’argent ! Dis-nous combien ça coûte, on te donne l’argent !
– Jure qu’on sera sages ! Même qu’on croise les doigts !
– On est pas p’tit, on a déjà été coursés par les sergents d’Amédée d’Vézier !
– Fait gaffe, on connaît René l’Borgne, on est des associés de René l’Borgne, même ! »


Mais l’homme demeurait inflexible. Il portait un grand bâton qu’il frappa sur le sol, et il prit une grosse voix, malgré des paroles fort courtoises, pour se faire entendre.

« Trop jeunes, trop jeunes ! Mais le portier ne peut être soudoyé, ni influencé, ni intimidé ! Trop jeunes pour entrer, trop jeunes pour écouter ou pour voir le théâtre ! Mon devoir est sacré, préféreriez-vous que je me place en porte-à-faux devant le parieur ?! »


Passant derrière Guido, Éloi put un peu mieux observer ce gigantesque bonhomme à la voix chantante. C’était un gaillard à la mine étrange, qui portait un loup ; un demi-masque cramoisi, qui entourait ses yeux bleus et recouvrait son front. Mais le bas de son visage était lui parfaitement visible. Il avait une mâchoire carrée, très anguleuse. Il portait un beau costume qui n’aurait franchement pas détonné au sommet de planches, avec une épaisse cape volante. Et son beau bâton sur lequel il se reposait avait à son sommet une sorte de petite figurine orfévrée.
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« Ah, jeunes gens, vous gênez de nouveaux invités ! Allez, allez, on se dépêche de partir ! Autrement tout ce que vous verrez des actrices, ce sera leurs baquets de toilettes qu’on jettera sur vos visages depuis cette fenêtre ! »

Et il désignait un balcon un peu penché d’un des immeubles de la cour.
Les gamins étaient déçus. Certains partaient finalement penaud, en tirant par les bras leurs camarades. D’autres se fendaient de quelques insultes grommelaient, un dernier ouvrait son escarcelle pour encore tenter de négocier un bon prix pour pénétrer dans la traboule ; Mais rien, rien n’y ferait, et le solide portier demeurait toujours aussi inflexible.

C’est seulement une fois tous les mioches vaincus, que le portier se tourna enfin vers les nouveaux arrivants. Il posa une main sur son cœur, à la manière des chevaliers errants, et leur offrit à eux aussi une très jolie génuflexion courtoise. Elle eut le mérite de faire ricaner Solène, tandis que Guido, lui, posait ses mains sur ses hanches.

« Hé bien, hé bien, mêmes les serviteurs de la Colombe décident de s’aventurer ici… N’est-ce point à la limite de l’abjuration ? Il me semble que la douce et belle Shallya a déjà eu le cœur brisé lorsqu’il lui est arrivé de mener quelques aventures…
– C’est juste par curiosité, beau Treveur.
– As-tu ramené tes carnets pour gribouiller, ma sœur ? Si tu dessines si bien, peut-être que certains voudraient bien te servir de modèle en coulisses… »

Solène se mit soudainement à un peu rougir en coin. Elle tenta de bredouiller une réponse qu’elle devait vouloir maline, mais Treveur préféra changer tout à coup d’aspect.
Il se fit gaillard. Leva haut ses épaules, posa ses poings sur ses hanches — en fait, il imitait parfaitement l’attitude de Gudo. Et c’est avec une fausse grosse voix que le portier lui parla d’un ton sec et martial.

« Repos, sergent ! Alors, quelles sont les nouvelles du front ?!
– Héhé… Tu m’reconnais ?
– Ah, des costauds, j’en vois tous les jours, il faut bien que je retienne les visages et les noms de ceux qu’on exclue ! Dis-moi donc, Guido, comment se passe ton emploi auprès de la révérende-mère de tout Brionne ?
– Baste, Orléac, ça bastonne pas autant que Middenheim.
– Ah oui ? Pourtant une petite souris m’a dit que les Tiléens tombaient comme des mouches sur les routes de cette bourgade — et pas parce qu’ils trouvent le vin trop aigre.
– J’en ai d’jà trop dit, pour parler plus, faudrait qu’j’ai du vin dans l’gosier. »

Treveur lui sourit et lui fit un signe de tête.
Alors, le portier pencha la tête de côté, et découvrit Éloi.
Il commença par l’observer intensément, puis, petit à petit, il se mit à imiter sa posture ; il prit la même allure docte et discrète du jeune oblat, en liant ses deux mains devant lui. Il baissa ses yeux, regarda ses pieds, et prit une voix toute douce pour lui parler.

« Quel doux visage… Tout jeune, mais pas trop jeune pour ce qu’il y a dans la traboule… Jolie robe jaune… Toi aussi, tu es un aimé de Shallya.
Ah, j’espère que ton cœur est accroché, si c’est la première fois que tu as la chance de venir ici ; je me demande quels sont tes goûts pour toi-même… Ne me dis rien… Tu préfères…
Ah, tu préfères les blondes, désolé Solène. »


Il rit de sa propre blague et de la gêne qu’il provoquait chez les deux jeunes gens. Il croisa alors ses doigts, l’un au-dessus de l’autre, pour faire un symbole qu’Éloi reconnaissait instantanément. Alors, il comprit qui était le parieur.

Treveur le Portier était un serviteur de Ranald.

Quel étrange Dieu que Ranald ! Incompréhensible, imprévisible, changeant… Il était plus un personnage de conte qu’une véritable divinité, et ses clergés devaient être aussi nombreux que les traditions qui l’entouraient. On dit que c’est un voleur, un farceur, un bonimenteur. Mais c’est aussi un joueur, un parieur, le maître de la fortune impossible à saisir. Les nobles de Bretonnie avaient une saine haine de Ranald, lui qui ne respecte jamais les serments, les conventions sociales, l’ordre établi ; Mais pour tout le reste du peuple, il était incontournable. Tous les habitants d’Orléac n’arrêtaient pas de faire le geste des doigts croisés, pour se porter chance, mais certains allaient plus loin que d’autres ; Roscelin par exemple, n’hésitait pas à jeter des pièces dans des fontaines, pour demander de la chance. Certains marchands l’invoquaient oralement pour faire de bonnes affaires, même si on préférait invoquer l’érudite Véréna, ou bien l’avisé Affairiche, pour signer et enregistrer des contrats officiels.
Selon une mythologie qu’Éloi avait lu, Ranald était un simple homme qui avait séduit Shallya, avant de se faire passer pour un mourant qui allait bientôt succomber. Pour sauver son amant, Shallya lui donna une potion qui fit de lui un Dieu ; il se déroba alors, et lui fendit bien le cœur. Pour la prieuse Clémence, ce petit conte était un avertissement fort utile — il valait mieux pour les servantes de la Colombe d’éviter d’offrir leur cœur à n’importe qui.

« Vous auriez dû passer hier, il y avait une magnifique représentation de Malékith et Ori Aen Elle, les deux Fées mâles à la romance tortueuse ; mais ce soir, c’est une pièce historique, l’histoire du troisième Princeps Tylosi, Octave Lanius ! J’espère que le classique ne vous dérange pas !
Ce sera un denier d’argent chacun, avant de vous risquer ici… »

Jet de connaissances générales : 1, réussite critique.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Si j’avais plus ou moins retenu notre itinéraire jusqu’à présent, me voici maintenant vraiment perdu. Le nez levé, je continue pourtant d’observer les formes architecturales biscornues qui s’offrent à nos regards tandis que nous progressons toujours davantage au sein de la Gâtine. Distrait, je ne regarde pas où je mets les pieds, jusqu’à trébucher sur une anfractuosité laissée par un pavé arraché. Mes orteils buttent de plein fouet contre le pavement irrégulier, et je pince les lèvres pour éviter de maugréer à haute voix. Surpris, agacé, je jette machinalement un coup d’œil irrité aux alentours avant de reprendre mon chemin, croisant au passage le regard d’une fillette anonyme à la mine moqueuse, certainement témoin de ma mésaventure. Etouffant ma grogne, je m’efforce de m’amuser de ma mésaventure : après tout, si la meurtrissure lancinante de mon gros orteil endolori peut amuser quelqu’un ne fut-ce qu’un instant, c’est là un bien modeste sacrifice auquel je consens de bon gré.

Nous voici rendus dans une grande cour d’allure privée, sise en contrebas de la rue, derrière une grille entrouverte. Guido nous conduit sans hésitation vers l’entrée d’une traboule -une étroite ruelle aux allures de tunnel, s’enfonçant dans un bâtiment- devant laquelle stationne un petit attroupement. Un imposant gaillard masqué, drapé dans un costume tout de blanc, d’or et de cramoisi, en barre l’entrée, s’évertuant à force de patience à disperser un groupe de gosses curieux. L’oreille distraite, j’écoute son argumentaire.
Il s’exprime bien, d’une voix chantante, dans un parler fleuri qui tranche avec son imposant physique. Il se présente comme le portier, interdisant l’accès aux enfants au motif de leur jeune âge. Pour quelle raison, je ne saurais le dire, car mon attention est retenue par un autre de ses mots : l’inconnu masqué dit répondre de ses actions devant le Parieur, et pour avoir fréquenté Roscelin, je reconnais là l’un des noms de Ranald, patron des voleurs, des filous et des roublards. D’un coup, l’air espiègle du grand gardien fait d’autant plus sens, tandis qu’il se tourne maintenant vers nous pour nous saluer.
L’homme a vraiment l’allure d’un comédien, et l’art de captiver son auditoire. Enjoué, joueur, il se donne tour à tour une allure de leste courtisan en parlant à Solène, et de soldat du guet en apostrophant Guido. Treveur, qu’il s’appelle, et il a manifestement déjà rencontré mes compagnons. Je sourcille un peu en l’entendant racoler à mots couverts Solène, d’autant plus préoccupé que la sœur rougit en réponse à ses graveleuses bouffonneries.
Il se tourne vers moi, et me dévisage, me toisant de derrière son masque, et après quelques instants à me jauger, se met à imiter ma posture avec une exactitude troublante. Son regard se fait fuyant, ses épaules affaissées, sa voix s’adoucit. Initialement stupéfait, étonné par son numéro d’imitation, je sens maintenant monter en moi un certain agacement, comme piqué au vif par ses drôleries dès lors que j’en suis l’objet. Plissant les paupières dans un mouvement involontaire de défiance, je demeure abasourdi par la fin de sa réplique, qui me prend au dépourvu.

« Ah, tu préfères les blondes, désolé Solène. »

Mon cœur manque un battement ; je le sais, je l’entends tonner à mes tempes. A quoi joue-t-il ? Je suis certain de ne pas le connaître, et il y a fort à parier qu’Amandine non plus. Un picotement familier monte à mes oreilles, signe probable que je rougis un peu. Je me sens tout à la fois incrédule, exposé, et confus. Interloqué, je balbutie, bafouillant péniblement quelques syllabes, dévisageant tout à tour le dénommé Treveur et Solène, tandis que j’oscille entre irritation et embarras.

« Je… A vrai dire… »

Croiser le regard encore gêné de Solène achève de me noyer dans mon malaise. Baissant les yeux, je me masse machinalement la nuque, incapable de répliquer. Car dans le fond, je m’estime floué, lésé dans mon intimité. C’est comme s’il avait mis le doigt sur le fragile nœud de mes sentiments avant que je n’aie moi-même achevé de le démêler.
Par légèreté, ou par pitié à mon endroit, Treveur le portier n’insiste pas, vantant plutôt le programme de la soirée, avant d’annoncer le prix d’entrée. A cette mention, je suis subitement pris d’un doute, car l’un des commandements de Shallya met explicitement en garde contre l’abus de plaisirs personnels. Ce denier que l’on me réclame pourrait en effet nourrir plusieurs bouches dès l’orée du jour. Néanmoins, pour m’acquitter de la mission de renseignement à venir, il sera peut-être utile d’établir des contacts en ces milieux. Mais en fin de compte, à cette fin, ce denier est-il vraiment nécessaire ?
Je n’ai pas fini de mener ce débat intérieur entre charité immédiate et plus ample dessein que mes deux compagnons se sont acquittés du paiement demandé, et déjà s’engouffrent dans l’obscure traboule. Cédant quant à moi sans autre forme de procès, je cesse de m’interroger et m’avance également, ne souhaitant pas demeurer seul. Je tends la piécette due au portier, qui la fait prestement disparaître entre deux doigts. Hésitant avant de m’engouffrer dans les ténèbres ayant happé mes compagnons, je tâche de surmonter ma réserve, et lève les yeux vers le visage masqué qui me domine d’une bonne tête. Et, à mi-voix, un peu penaud, je l’interroge.

« Je m’appelle Éloi.
Je viens aussi d’Orléac ; c’est ma première fois à Castel-Brionne.
Dis, frère portier… Ce que tu as deviné tout à l’heure… Comment tu fais ? »

Qu’il réponde ou pas, après cela, on suivra les autres.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
Fiche wiki[Annexe] Brionne et Orléac

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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Treveur éclata de rire presque instantanément. Un vrai rire, qui affichait bien toutes ses dents, certaines remplacées par des prothèses de cuivre. Tactile, il ne put s’empêcher de poser une de ses grosses pognes calleuses sur l’épaule du jeune oblat, en tentant de lui parler entre deux grandes bouffées d’air.

« Ah là là, mais enfin, mon bon frère Éloi ; Presque tous les hommes de cette Terre préfèrent les blondes ! Tu n’as jamais remarqué à quoi ressemblait la Dame du Lac ?! »

Il lui donna une tape dans le biceps, avant de recommencer à se marrer à gorge déployée. Guido et Solène, qui s’étaient déjà avancés dans la traboule, s’étaient tous deux retournés en entendant les éclats de rire. Ils lancèrent à Éloi une mine étonnée, mais aucun des deux ne le gêna en osant lui demander la raison de l’amusement du portier.

Reprenant leur marche, ils traversèrent cette ruelle sombre, qui passait sous un bâtiment. Et après un tout petit instant, ils surgissaient dans la lumière, dans un décor éclairé de quelques braseros.

On aurait dit un parc ; camouflé entre des murs, une sorte de très grande place couverte de verdure, de bosquets, d’arbustes et d’une fontaine, permettait à des dizaines de gens de parler tous entre eux.
En fait, c’était normal que l’endroit soit fleuri avec soin, entretenu, décoré, avec des petites statues et des colonnes en grès. C’était le détail qui marquait tout de suite Éloi, à voir des allées pavées et bien symétriques, couvertes de pierres gravées.
C’était un cimetière. Il était au milieu du cimetière communal de la Gâtine. Et au milieu de ce cimetière, des habitants faisaient la fête.
Il y avait une toile de tente qui avait été dressée devant une fosse commune scellée : des jeunes gens se pressaient en dessous pour se faire servir de l’alcool sorti d’un tonneau dans des cruches en terre cuite qu’ils tendaient. Deux gamins de l’âge d’Éloi, deux garçons, dansaient ensemble au-dessus d’une tombe. Au fond du cimetière, on découvrait une immense sculpture du Veilleur, le sordide Morr, père de Shallya, portant sur son épaule gauche une large faux, et dans sa main droite une grande torche en pierre qui était réellement éclairée grâce à des bougies posées dessus par des fidèles ; mais devant cette statue, on découvrait des planches. Une estrade, comme sur une scène de théâtre, faite de bois gondolé, avec quelques échardes et clous qui en sortaient, trahissant l’âge de la scène. Et des adultes de tous les âges, certains vieux, étaient venus avec des bancs, ou des chaises de chez eux, pour s’asseoir en discutant fort. Il y avait de la musique, parce qu’une dame âgée aux cheveux en train de blanchir, et une femme quarantenaire avec un bel embonpoint, étaient en train de frotter à toute vitesse des cordes.
Au milieu de tout ce bazar digne d’une foire, un seul être permettait à Éloi de se rappeler qu’il était bien sur une terre consacrée. Un prêtre de Morr avec la panoplie complète de l’ecclésiastique entretenait un parterre de roses noires. Avec des pinces, il coupait soigneusement des épines, en relevant son visage au-dessus de sa capuche noire comme la nuit, pour lancer un regard vers les musiciennes.

Il y avait vraiment de quoi choquer un jeune enfant d’Orléac. Éloi avait toujours imaginé les cimetières comme des lieux éloignés de toute vie. Celui d’Orléac se trouvait à deux heures de marche de la cité, aux abords d’une route traçant le long d’une prairie parcourue seulement par des ânes et des chèvres. Ici, au cœur de la ville, on dansait sur les tombes. Les deux garçons giguant étaient bien collés l’un contre l’autre. Et on buvait du vin, on jouait de la musique… Les yeux d’Éloi découvrirent même quatre âgés autour d’une petite table qui jouaient aux cartes.

Pourtant, au milieu de ce bazar, ni Solène ni Guido ne paraissaient choqués. Au contraire. Ils avaient de grands sourires radieux. Pour se faire entendre au milieu du boucan, Solène dû approcher ses lèvres de l’oreille de son camarade pour lui parler.

« Le cimetière Saint-Räzell, y a même des nobles qui y viennent secrètement les soirs de théâtre ! Le jeu que j’aime faire, c’est voir si j’arrive à en reconnaître sous des capuches !
Normalement le Parlement Ducal interdit ce genre de manifestations sur une terre consacrée, si sieur Théodoric souhaitait vraiment appliquer les lois de son pays, on pourrait tous finir avec vingt coups de fouets en public ; mais les maîtres du théâtre oublient jamais de laisser une part des bénéfices au curé de Morr, et ils s’assurent que personne n’endommage le jardin, donc les aimés du Veilleur tolèrent ! »


Et en effet. Le prêtre de Morr arrosait tranquillement ses roses noires, tandis que juste derrière les deux garçons dansant s’embrassaient — une autre chose assez choquante pour les yeux du petit oblat.

« Tu veux boire quelque chose ? Jouer ? Y a tellement de gens à rencontrer, t’as juste à t’approcher et leur parler, c’est ça que j’adore avec ce lieu ! »
-1 denier d’argent
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Ebranlé tant par la réponse du portier que par la vigoureuse accolade dont il vient de me gratifier, je reflue dans la pénombre de l’allée. J’avoue que je ne m’attendais pas à une telle réponse, énoncée avec un tel aplomb que j’en demeure tout perturbé. Qu’a donc voulu dire Treveur le portier ? Je m’interroge en effet, car si ce serviteur de Ranald pourrait certainement me mentir sans se départir de son masque affable, je ne vois nulle raison de douter de sa franchise à mon endroit. Peut-être sa réplique n’est-elle qu’une pirouette désinvolte pour dissimuler un pari pris, ou peut-être est-il facile de lire dans mes pensées. En l’occurrence, j’aurais presque souhaité que sa remarque soit fondée sur une réelle observation, car alors ce dénommé Treveur aurait-il éventuellement pu m’aider à faire le tri parmi le bouillonnement changeant de mes sentiments. Ces considérations ne me préoccupent guère que le temps de parcourir l’obscure traboule, car déjà j’aperçois le bout de l’étroit tunnel, débouchant sur un lieu des plus surprenants.

Au cœur de l’ilot, encastré au beau milieu de plusieurs bâtisses la cernant de tous côtés, une sorte de vaste cour intérieure s’offre à mon regard. Outre cette curieuse localisation, l’atmosphère du lieu diffère sensiblement de l’extérieur. L’air y est un peu moins torride que dans les rues, et pour cause : le sol y est tapissé de bosquets, arbustes et parterres soigneusement entretenus. Une pénombre crépusculaire nimbe l’endroit, néanmoins jalonné de braseros et torches allumés, leurs paisibles flammes diffusant une lumière jaune dont les lueurs animées lèchent les murs aveugles, et donnent vie aux sculptures alentours. Et puis, plus loin, dominant le jardin parsemé de stèles funéraires, une imposante statue du Veilleur brandit une lanterne sculptée au sein de laquelle sont déposées plusieurs bougies. Comprenant enfin que nous pénétrons dans un cimetière, je ralentis un instant à l’orée du square, en quête d’un signe, d’un mot, d’une quelconque marque de respect à témoigner au père de Shallya. Hésitant, je me signe finalement selon l’usage shalléen, avant de m’avancer, talonnant les autres.

Pour un jardin de Mórr, lieu de repos des défunts de la Gâtine, l’endroit est étonnamment animé. Ici, là, de toutes parts en fait, des gens discutent, murmurent, s’amusent, dans un étonnant moment de liesse populaire. Une estrade de bois a été dressée, manifestement de longue date, sur laquelle deux musiciennes s’activent avec énergie, violes en main, devant un rassemblement de spectateurs. Sur un côté, la silhouette encapuchonnée d’un prêtre de Mórr s’affaire tranquillement à tailler les épines de plusieurs rosiers, faisant peu cas de l’agitation ambiante, et a fortiori, des deux jeunes gens qui dansent une gigue sensuelle, gesticulant sur une tombe de pierre carrée. Interdit, je reste un moment là, embrassant du regard ce singulier spectacle qui s’offre à moi. La relative fraîcheur de l’endroit, les feux dansants de ci de là me font tourner la tête, et je chancelle, peinant à tout digérer. Des endroits comme cela, on n’en trouve pas à Orléac. A vrai dire, par chez moi, les cimetières sont plutôt bâtis à l’écart de la ville. Je n’aurais jamais imaginé en voir un jour servir de lieu de sociabilité : n’est-il pas malvenu de troubler le repos des disparus ? Mais après tout, si le gardien du jardin n’y voit pas d’inconvénient, qui suis-je pour juger ?

Par quel malin hasard le fil de ma rêverie m’a-t-il mené à contempler assidument les deux amants ? M’éveillant d’un moment de vertige et d’absence, je me surprends en effet à suivre du regard leur danse parmi les tombes. Leurs mouvements se font pressants, leurs caresses audacieuses, avant qu’ils ne s’enlacent tout bonnement. Habité d’une coupable curiosité à l’égard de cet atypique couple, j’assiste sans plus de pudeur qu’ils n’en font montre eux-mêmes à leurs ébats langoureux, jusqu’à ce que l’un d’eux, ayant niché son visage au creux du cou de son partenaire, ne semble, l’espace d’un instant, égarer son regard fiévreux dans ma direction. Confus, surpris, effrayé, je baisse alors les yeux, un peu honteux, mais surtout perplexe. Un souffle vient soudain chatouiller la sensible chair de mon oreille, tandis que la voix de Solène retentit de près, très près… trop près. Pivotant doucement, esquissant un recul, je me retrouve nez à nez avec la sœur, mon regard d’abord obstinément rivé à ses lèvres maquillées avant que je ne parvienne à me forcer à lever les yeux vers ses prunelles rieuses. Comme dans un état second, je l’écoute me narrer l’usage de ce lieu, avant de proposer de se distraire. Interloqué par l’embrassade que je viens tout juste de surprendre au détour d’un regard au-dessus de son épaule, je me laisse d’autant plus aisément inviter, lui emboîtant le pas, volontaire, en direction de la buvette.

Mais à mi chemin, je m’arrête entre deux braseros, attirant l’attention de Solène. La nuit est désormais bien tombée, et l’on n’y verrait plus goutte s’il n’y avait pas autant de sources de lumière. Mon cœur bat la chamade, mon for intérieur n’est plus que tumulte, et j’ai l’intuition que l’obscurité ne suffit pas à masquer mon criant émoi.

« Solène, il… Il y a quelque chose dont je voudrais te parler. »

C’en est trop. Je brûle d’envie de lui demander son avis, de lui dire ce qui se produit depuis que je la côtoie. Je croise les doigts pour qu’elle ne m’éconduise pas, parce que son avis serait certainement salvateur. Alors j’y vais, mais c’est difficile de mettre des mots sur un sentiment pareil.

« Tu sais, tout à l’heure, dans la voiture… Je pense qu’on aurait pu s’arrêter.
Je l’ai senti, tu vois ce que je veux dire ?

Tu vois, on se connaît que depuis hier, mais quand tu es là… Ben on dirait que Shallya elle-même t’auréole de lumière…
Et je n’ai jamais vu ça chez personne. »


Ça doit sonner vraiment ridicule, voire même très étrange. Je rougis dans la pénombre, préparant déjà une diversion pour tirer la conversation du bourbier, si comme je le pense, elle n’a pas saisi un traître mot de mon galimatias.

« Oui, donc… Quoi qu’il en soit… Et si tu m’expliquais qui est René le Borgne ? »

Selon sa réaction, on peut poursuivre sur fond des distractions qu’elle évoquait, sinon, on avisera.
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La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

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- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
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- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Stoppée dans sa marche par Éloi, la prêtresse fit un signe de tête au solide sergent.

« Guido, vous nous laissez seuls un moment ?
– Oui-da. Mais j’vous surveille de loin, ‘cas où.
– Naturellement. »

Et c’est sans plus de débat, ni nécessité d’une autre justification, que le bonhomme s’éloignait dans l’une des allées du cimetière, pour s’arrêter au bout, les mains dans les poches de son grand mantel. Il observait les deux Shalléens, sans pour autant espionner leur éventuelle discussion.
Solène se retrouvait donc plus-ou-moins seule avec son coreligionnaire, quand bien même ils étaient au milieu d’une fête.

Elle écouta les quelques explications brouillonnes d’Éloi. Tilta très légèrement la tête de côté, et d’un coup, elle sembla imiter la pose de la grande-prêtresse ; en effet, elle croisa les bras, retroussa une lèvre, et se donna un air aussi autoritaire qu’abscons.

« Dis-moi mon frère… Serais-tu en train de fleureter avec moi ? »

Elle pouffa d’un petit rire.

« Je dois avouer que t’entendre dire que je suis auréolée de lumière est immensément flatteur, mais j’ai déjà eu un chevalier-servant qui m’a sorti un meilleur poème. Tu crois que tu peux faire un petit peu mieux comme flatteries ? »

Et son air dur se changea en un grand sourire, carnassier. Elle marqua bien une pause, histoire de laisser Éloi rougir et bégayer pour essayer de ré-expliquer ce qu’il entendait vraiment par ce qu’il voulait dire.

« Du calme, je me moque de toi.
Je n’ai pas la prétention d’être très sagace, je suis à peine plus âgée que toi, mais je pense que l’expérience que tu as vécue dans la charrette, c’est un peu normal pour un prêtre qui n’a jamais connu autre chose que le monastère… Selon la prieuse Clémence, tu as passé toute ta vie enfermé dans un monastère, à prier, à écouter des chants en classique, à servir diligemment… C’est normal que tu te mettes à voir des signes de Shallya un peu partout. C’est bien, c’est que tu n’as pas de cynisme dans ton cœur. Mais ne soyons pas naïfs, tu crois vraiment que je rayonne de lumière tout le temps ? »


Elle pencha alors sa tête de l’autre côté, en montrant un peu son cou. Comme si elle défiait Éloi de répondre quelque chose.

Une fois avoir bien profité de l’embarras qu’elle provoquait chez Éloi, vint la question de René le Borgne. Elle haussa les épaules.

« Tu préfères pas me payer un verre, pour qu’on discute de tout ça ? »

Elle claqua des doigts pour désigner la tente improvisée en débit de boissons, à l’aide d’un gros tonneau qu’un monsieur grassouillet, moustachu, et à la longue chevelure était en train de servir au robinet pour les chopes de convives.

Solène ne semblait pas vouloir discuter de René devant d’autres personnes. Elle choisit d’attirer Éloi un peu plus loin dans le cimetière — sur une sorte de petit banc, d’où ils avaient une vue de la scène, des tables des parieurs et des nombreux danseurs qui formaient et déformaient des couples à la langueur d’une farandole ; mais où eux deux restaient discrets, malgré la paire d’yeux d’un Guido collé le dos contre un monument funéraire, et qui s’était mis à se curer les ongles à l’aide de son poignard.

« René le Borgne, je ne pourrai pas t’en parler comme n’importe qui à Brionne — je ne sais que ce que tout le monde dans le quartier de la Gâtine sait. Il est une personnalité extrêmement importante en ville, mais il a une aura de mystère autour de lui, qu’il aime d’ailleurs entretenir. Ça lui rend service.
Il est, foncièrement, ce qu’on aime surnommer un « Roi des Ribauds », même si ce terme met hors d’eux certains nobles, vu que ça usurpe le titre le plus sacré de Bretonnie. Mais des Rois des Ribauds, y en a dans toutes les grandes villes de notre nation, c’est aussi inévitable que la maladie.
Partout où il y a des marchands, il y a de la contrebande. Partout où il y a des riches, il y a des cambrioleurs. Et partout où il y a des hommes, il y a de la prostitution. Notre Royaume a connu son lot de Rois et de Ducs qui, dirigés par leur devoir chevaleresque et leur volonté de pureté morale, ont balancé des putes dans des lacs, coupé des mains à des voleurs, et marqué le front de contrebandiers au fer rouge — aucun n’est jamais parvenu à en finir avec la criminalité, voire, ils ont empiré la situation. Du coup, les Ducs décident de s’arranger avec la pègre au lieu de la combattre. Ils reconnaissent informellement un homme fort pour chapeauter tout ça, et c’est lui qui est responsable des agissements dans les mauvais quartiers des villes ; exactement comme les marquis et les barons sont responsables de leurs terres sans avoir besoin de la supervision constante de leur souverain.

René le Borgne est un homme qui a quelque chose comme cinquante ans. Il est le Roi des Ribauds de Brionne depuis l’époque de mon père, donc ça doit faire au moins trente ans. On dit que c’est le fils d’un prince Kislévite, en tout cas il a une espèce de complexion bridée, typique des Ungols qui viennent bien de l’est du Vieux Monde. Il a grandi dans les rues de la ville, il a commencé en volant des passants dans une bande de gamins, dans laquelle il aurait même connu le père de Théodoric — ça semble incroyable, mais oui, quand ils sont tout jeunes enfants, il arrive que des nobles se mélangent aux roturiers, même pauvres, à vagabonder dans les rues des villes.
C’est un homme extrêmement violent. Il est devenu borgne en servant dans l’armée de Théodoric, quand il n’était pas encore Duc. Lui et notre suzerain sont amis. Et il chapeaute la Gâtine comme un seigneur — il tient même une cour avec des favoris, et son harem de femme, car il vit irréligieusement avec trois épouses.
Le culte de Shallya le déteste. Il envoie souvent des rivaux à l’hôpital, ou pire, il les coule dans la mer. Il se donne des airs de prince protecteur, qui veut défendre son quartier et ses sujets, mais la vérité c’est que ce n’est qu’une immense brute qui se donne des airs de gentilhomme.
Et pourtant, il reste assez important pour qu’on ait de temps en temps besoin de lui. En fait tu l’as vu dès ce soir, quand Sébire a convaincu le chevalier du Guet de ne pas charger en invoquant son nom. C’est un putain de truand, mais il sait maintenir l’ordre. C’est juste que c’est un ordre brutal, et impitoyable…
…Mais au fond, il n’est pas plus dangereux que tous les seigneurs de ce pays, pas vrai ? Je veux dire, tu as été témoin de comment nos nobles chevaliers peuvent être cruels quand ils le veulent, non ? »


Jet d’empathie : 17, échec de beaucoup trop. Tu ne perçois rien de plus chez Solène que ce que j’ai déjà décris dans mon texte.
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

A mon grand désarroi, Solène ne semble pas se remémorer le moment auquel je fais référence. Plongé dans un inextricable embarras, je bafouille un temps, ponctuant ses réponses de timides bredouillements alors qu’elle tourne mon interrogation en dérision, se méprenant quant à ma démarche, croyant certainement faire l'objet d'une opération de séduction.

« Non, je veux dire… Loin de moi cette idée, c’est juste que… »

Suis-je donc si peu explicite concernant notre étonnante expérience partagée au cours de l’après-midi ? Ou, comme elle le théorise, s’agit-il de visions, du fruit de mon imagination, d’affabulations sans réel fondement ? Interloqué par cette éventualité, je demeure silencieux, décontenancé, oublieux même de la question que je viens de formuler. Avec l’obscurité ambiante, difficile de surcroît de deviner quoi que ce soit des émotions de Solène. Ne sachant de fait trop sur quel pied danser, je m’empresse d’approuver lorsqu’elle prend les devants, réitérant son invitation à boire. Trop heureux de pouvoir m’exécuter, je fouille du bout des doigts dans le fond de ma besace pour y trouver le prix de nos consommations respectives, profitant de ce temps pour tâcher de retrouver un semblant de contenance.
C’est donc chope en main que nous nous dirigeons bientôt vers un petit banc, relativement à l’écart de la foule. Prenant place sans un mot, je jette un coup d’œil aux alentours tandis que Solène me parle de ce fameux René le Borgne, dont j’entendais parler plus tôt sans toutefois rien savoir de lui. Au détour de mes observations, je remarque qu’en dépit de son air nonchalant, Guido nous observe assidument, adossé à quelque stèle que je ne distingue guère d’ici. Je m’interroge quant à la raison de cette vigilance à notre endroit : est-ce là seulement de la curiosité, ou quelque autre raison de nous surveiller ? Ayant plus ou moins retrouvé mon aplomb après mon récent revers, je m’efforce de noter intérieurement d’aller plus tard m’entretenir aussi avec le sergent.
Mais pour l’heure, Solène ayant achevé ses explications sur une question à mon intention, je dissimule mon instant de réflexion dans une gorgée de vin. L’amertume du breuvage n’a pas fini de taquiner mon palais que je m’empresse de donner la réplique à mon interlocutrice.

« Tu dis vrai. Les puissants tendent à malmener ceux qui les servent.
C’est pour cela que l’approche de la Révérende Mère a du sens, même si ce n’est pas la méthode prônée par les psaumes. En s’impliquant en politique, elle se donne les moyens de prévenir, fut-ce ponctuellement, tant de maux.

Ou du moins, c’est ce qu’elle dit. »


Surpris par ma propre hardiesse, je jette un regard dérobé au-dessus de ma boisson, jaugeant prudemment la réaction de Solène à ces propos. Il me semble préférable de ne pas trop avancer sur ce terrain, quand bien même ma sœur a déjà fait montre de signes de désaccord avec Sébire de Malicorne dans la voiture. Une autre lampée plus tard, un léger picotement taquine le bout de mes doigts. Je respire longuement l’air nocturne de Brionne, appréciant la relative fraîcheur du cimetière, avant d’entamer un petit monologue.

« Tu sais, depuis qu’on est arrivé, je me rends compte à quel point tout est différent ici. C’est difficile de se considérer proche des gens quand tu ne connais plus personne.

J’aimerais y remédier, mais je ne sais par où commencer. »


Une pause, le temps de lever des yeux rêveurs vers les motifs dansants des flammes sur les murs des bâtiments entourant le cimetière. Le temps, aussi, de s’égarer quelques instants dans la contemplation des premiers astres à parsemer le ciel nocturne. Et puis, un détail refait surface, motivant ma question suivante, murmurée, presque pour moi-même.

« Tu dis que René le Borgne est Roi des Ribauds depuis l’époque de ton père.
Qu’est-ce que ça fait… Enfin… Tu revois tes parents de temps en temps ? »


N’hésite pas à couper si à un moment elle se fâche, on est si maladroits après tout.
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Assise sur son banc, une jambe au-dessus de l’autre, Solène répondit presque du tac-au-tac à la dernière question d’Éloi.

« Non, mon père est mort. »

Elle avait dit ça d’un ton nonchalant, en le regardant droit dans les yeux, sans une marque d’affect quelconque ; elle aurait pu dire à table qu’elle ne souhaitait pas qu’on lui serve à nouveau de la soupe qu’elle aurait employé la même intonation.
Elle grimaça pourtant un tout petit peu des lèvres, et coupa court à une éventuelle réaction du jeune prêtre.

« Pas besoin de présenter tes condoléances ; j’ai fait mon deuil depuis un bon bout de temps.
Mon père s’appelait Roger Mallet. C’était un petit chevalier, de sang noble, mais sans seigneurie — il servait dans l’hôtel ducal, à l’époque où Théodoric n’était pas encore Duc, mais simplement le fils aîné du Duc. Il a épousé ma mère et il a eu deux enfants, moi et un garçon.
Je l’admirais beaucoup, comme les petites filles peuvent admirer leur père, mais c’était un homme mauvais, irascible, qui humiliait ma mère en la trompant — en ça, il ressemble beaucoup à notre Duc et à ses trouvères qui gravitent autour de lui. Quand j’ai eu dix-sept ans, il m’a fiancé avec un garçon, et j’aurais dû l’épouser, il lui fallait juste rassembler ma dot.
Puis, il est tombé gravement malade. Une affection plutôt étrange, pour un homme aussi vif que lui, et encore relativement jeune. Il s’est mis à… à dégénérer. Il avait des gestes intempestifs, des crises d’épilepsie. Il a été forcé de quitter l’hôtel ducal, et son traitement a coûté très cher, ruiné ma mère.
J’ai rejoint le clergé de Shallya en implorant la colombe de le guérir, mais elle n’a fait aucun miracle. Il reste que c’était une vocation pratique pour briser mes fiançailles. Et puis, ça m’a protégé. Ma mère, veuve et désargentée, elle s’est remariée avec un tisserand bourgeois. Mon petit frère, il s’est engagé dans la marine de Bordeleaux, parce qu’il pouvait même pas s’acheter une armure et commencer son errance de chevalier. On s’écrit parfois, mais on ne s’est pas revus depuis les funérailles de mon père. C’était y a bientôt dix ans. »


Elle haussa ses épaules.

« Voilà, c’est toute l’histoire de ma vie ; t’en demandais peut-être pas tant, mais au moins à présent tu l’as et tu pourras ne plus jamais m’en parler — c’est affreusement gênant quand les gens que je rencontre me demandent ce que font mes parents ou le reste de ma famille… Toujours mieux d’être rapide, pas vrai ? »

Finalement, elle mit le verre à ses lèvres et prit quelques grosses gorgées, en fermant à moitié ses paupières.

« Pas mauvais du tout, ce vin…
Allez, tu m’as entendue déballer toute mon existence, maintenant c’est à toi d’être réciproque. Tout ce que je sais de toi, c’est ce que Clémence a bien voulu expliquer à la grande-prêtresse — ô elle avait l’air toute admirative, la prieuse d’Orléac. C’est bien, c’est bien d’être bien vu par ses supérieures…
Mais allez, ça peut pas être que ça ta vie, quand même. Je veux dire, c’est qui tes proches ? Les gens que tu aimes ?
T’as une copine ? »

-1 sou de cuivre pour payer les deux verres d’alcool

Jet de charisme : Caché
Jet de connaissances générales : 13, échec de 4 (Met ta signature à jour d’ailleurs)
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Je me mords les lèvres de nervosité dans la nuit, navré de ma maladresse. Solène ayant spontanément fait allusion à son père au détour de la conversation, je ne pensais pas raviver de blessure : je me rends tout juste compte de mon imprudence. Heureusement pour moi, Solène semble avoir développé quelque habitude, voire un certain détachement vis-à-vis de ce type d’interrogations. Faisant fi du malaise qu’aurait pu générer la situation, elle entreprend alors de me narrer à grands traits son passé. L’écoutant sans mot dire, je médite combien ma question aurait pu se révéler blessante, quand bien même je n’en avais nulle intention.

Solène a manifestement perdu son père de quelque mal de l’esprit, entraînant la ruine de sa famille, expliquant également pour partie sa vocation au service de Shallya. Me grattant nerveusement l’arête sourcilière, je déduis aussi à cette occasion que la sœur doit être mon aînée de plusieurs années de plus que ce que je n’avais pu estimer au premier abord. Et la voilà qui me questionne en retour, souhaitant en savoir davantage sur ma vie passée à Orléac. Pensif, je tourne et retourne entre mes doigts la petite colombe de bois.

Ce ne serait, il faut l’avouer, que juste retour des choses de lui raconter la pure vérité, car après tout, je n’ai rien à cacher. L’espace d’un fugitif instant, une coupable hésitation m’assaille toutefois, et je suis tenté de ne pas tout lui révéler de mon propre passé. Pas question néanmoins de mentir sans bonne raison, fut-ce par omission. Et d’autant moins à l’une de mes sœurs.

Alors, je lui raconte beaucoup, d’aussi loin que je me souvienne, l’essentiel de l’existence d’Éloi, le petit oblat. Ce-faisant, je ne guette pas ses éventuelles réactions, le regard perdu sur la paroi nue d’un mur sur lequel louvoient les flamboyants reflets des braseros. Et comme je parle, juste comme ça, me confiant à mi-voix, je me surprends à éprouver quelque innocente satisfaction dans la simplicité du présent moment, ayant l’impression de partager davantage que les mots échangés.

« Je suis né au dispensaire d’Orléac, et par la grâce de Shallya, j’ai grandi à l’orphelinat. On m’a logé, nourri, enseigné les principes de notre communauté. Mère Clémence faisait preuve d’une grande exigence à mon endroit, car le cœur des hommes se doit d’être doublement éprouvé devant Shallya.

En grandissant, j’ai rencontré plein de gens admirables, parmi mes sœurs, comme parmi mes frères laïcs. Je considère toute la communauté d’Orléac comme ma famille, puisqu’ils m’ont fait confiance. »


Je lui parle encore particulièrement du petit Garin, du rusé Roscelin, de l’infatigable sœur Michelle et de la tendre Annabelle, lui disant tout le profond respect que continuent de m’inspirer mes aînées. De mon récit, je n’omets guère que sœur Nathanaèle, préférant éviter de donner à voir à Solène l’empreinte laissée par la rencontre de la sœur masquée sur ma conscience.

Vient enfin la question fatidique, et je rougis, me massant la nuque, embarrassé de constater l’ampleur de mon omission. Le sourire taquin d’Amandine m’occupe l’esprit, et, le vin aidant, je concède quelques balbutiements mal mesurés.

« Eh bien… à vrai dire… ça dépend.
Amandine et moi, on est amis depuis que je sais lire. Elle a les mains de Shallya.
Mais on n’a jamais… »


Revenant soudainement à moi, un frisson dans l’échine, j’éprouve subitement un sentiment bien différent de précédemment. Me sentant exposé par la tournure de la conversation, j’éprouve le brusque besoin de me dégourdir les jambes, ne tenant plus en place.

« Pardonne-moi. Je reviens. »


Je me lève, un peu trop rapidement, et m’éloigne de quelques pas, déambulant lentement au milieu du jardin jalonné de torches. Fermant les yeux quelques instants, je repense à Amandine, me remémorant son doux visage, ayant toujours à l’esprit son expression attendrie, le tremblement de sa voix d’hier au soir.

Saisi de l’impression d’être observé, je jette un coup d’œil autour de moi, pour croiser le regard de Guido, toujours posté non loin, drapé dans son ample mantel, jouant de ses doigts avec un long poignard, celui-là même avec lequel il a partagé le fromage plus tôt, dans l’après-midi. Il observe dans ma direction, aussi m’avance-je nonchalamment jusqu’à le rejoindre, lui adressant la parole de façon fort banale, tâchant d’amorcer une conversation.


« Tu viens souvent ici, frère sergent ? »
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Guido gardait toujours un œil alerte sur les environs, aussi, il se contenta d’observer Éloi s’approcher vers lui en affichant une mine quelconque. Simplement, lorsque le prêtre s’adressa à lui, il parut un peu surpris. Le couteau toujours en main, il fut un peu silencieux, comme s’il réfléchissait sincèrement à la question pourtant toute simple du prêtre.

« Si j’viens souvent ici ? »

Il haussa dédaigneusement des épaules.

« Ma foi, quand l’théâtre s’installe, m’arrive d’venir, m’enfin j’suis trop pince pour cracher un denier, et pis, j’ai plus l’âge ni la gueule de fleureter, ah ça ! »

Il ricana à son auto-dérision, en levant un peu le menton. Guido n’avait pourtant pas l’air spécialement âgé. Il devait avoir une bonne quarantaine, quelque chose comme ça. Un solide bonhomme, grand, gras et musclé tout à la fois. Il était vrai en revanche qu’il avait une physionomie assez rude ; de grosses joues, de grosses lèvres, il avait une face comparable à celle d’un de ces gros mastiff qui accompagnaient le seigneur Lothaire d’Orléac à la chasse avant que sa maladie ne le force à être alité.

« Nan, j’viens pô souvent. J’traîne pas dans la Gâtine normalement. J’veux dire, j’suis pô urbain, moé, moi c’que j’aime c’est la cambrousse. Les grandes villes ça m’rend fou, trop d’monde, trop d’bruit, trop d’odeurs… J’aurais pu faire forestier avec mon âge, au moins j’aurais eu la paix. Mais c’dangereux comme tout comme métier, pas envie d’me faire buter par des braconniers.
C’est un aut’ monde la forêt, ça fout les jetons. »




Sur l’estrade couverte d’échardes et de clous rouillés, on tirait le beau rideau couleur vermeille. Et un élégant homme de haute taille, recouvert d’un vêtement de toutes les couleurs et d’un plastron d’acier, le visage camouflé sous un épais masque de porcelaine, s’avança tout devant avec un grand bâton. Il frappa sur le bois à toute vitesse, de treize petits coups très vifs.
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On aurait dit une satire de preux chevalier — il était certain que, selon les lois coutumières de Bretonnie, seul un noble avait le droit de porter du rouge et du bleu dans sa tenue. Mais cet homme portant des écharpes et des ceintures, et un masque rieur au côté d’un autre à la mine triste à sa taille, ne devait pas être un sire du pays…
Après ses gros coups sur la scène, tout le monde dans le cimetière devint fort silencieux, aussi sûrement que si une cloche avait sonné le tocsin. Les discussions cessèrent, les femmes ne jouaient plus de violon, et les vieux à la table rangeaient leurs cartes en même temps qu’ils ramassaient leurs pièces d’argent pour les fourrer dans leurs escarcelles.
L’homme sur celle leva son bâton, et tapa à nouveau — mais cette fois, ce furent trois coups très lents et espacés. Alors, tout le monde s’approcha de la scène, Solène et Guido compris.

« Taisez-vous tous ! Faites un grand silence à présent ! Et que ceux qui souhaitent écouter l’histoire de l’illustre Octave Lanius ouvrent grand leurs oreilles ! »


L’homme sur la scène jouait avec son corps. Posait un doigt devant le trou de la bouche de son masque pour inviter les gens à se taire, bougeait à gauche et à droite, en mettant sa main à son oreille pour ponctuer sa phrase.
Les spectateurs s’avançaient. Certains occupaient des bancs, d’autres avaient amené des chaises, mais la plupart posèrent leurs fesses directement par terre, sur l’herbe sèche, les jambes croisées en tailleur.

« La grande Tylos se meurt ! Depuis deux générations maintenant, cette ville à la tête d’un gigantesque empire qui s’étend tout autour du Golfe Noir est soumise à la plus insupportable des tyrannies !
Dans les immenses terres fertiles tout autour de la capitale, des millions d’esclaves travaillent jour et nuit sous la menace du fouet et de la croix, pour nourrir et bâtir la richesse du pays. Pendant ce temps, les grands aristocrates qui possèdent tout, pillent le grain et le vin pour nourrir des Légions invincibles, avec lesquelles ils s’élancent à travers le monde pour conquérir des peuples et condamner de nouveaux êtres humains à la servitude ! Ils vivent dans des palais de marbre, et défient consciemment les Dieux en s’adonnant à tous les vices cardinaux en plein jour ! »

Il déclamait tout ça très fort, et énuméra chacune des fautes des aristocrates de Tylos avec une imitation.
Il posa une main contre sa tête, et la tilta.
« Oisiveté ! »
Il caressa son ventre.
« Gourmandise ! »
Il passa un doigt contre sa gorge, pour imiter un égorgement.
« Envie ! »
Il frotta son index contre son pouce.
« Avarice ! »
Il ferma son poing, et donna un coup de rein dans l’air.
« Luxure ! »
Ce dernier péché fit ricaner plusieurs personnes parmi les spectateurs.
« L’ordre est imposé par un homme qui trône au-dessus de tous les autres : Le Princeps Artasius, le monarque absolu de l’Empire Tylosi, assure son règne par la terreur ! Personne n’ose le défier, sous peine de voir des sbires entrer chez eux pour tous les occire dans un déchaînement de violence !
Octave est l’enfant d’un grand patricien de la cité ! Beau, grand, et riche, il se prépare à rejoindre son maître Artasius dans sa grande guerre contre la grande Nehekara, la nation des pyramides ; Il espère y obtenir de glorieuses magistratures, et nombre d’esclaves qui rehausseront son patrimoine ! »


L’homme à l’étrange costume attrapa son bâton, et fit une longue révérence. Alors, il se tourna dans un soubresaut, faisant claquer les talons de ses souliers lorsqu’il était en l’air, et il se dirigea derrière le rideau qu’on levait.
Tout le monde applaudit. Derrière, on avait fait un étrange décor qui était censé être l’ancienne Tylos : des fausses-colonnes en cartonnage, du lin recouvert de plâtre blanc, servaient à imiter ces grands temples fantasmés uniquement dans les esprits des gens. Une statuette en bois peinte servait à représenter une Déesse avec une couronne en forme de soleil, et une lance dans sa main : Myrmidia, sainte protectrice des royaumes du Sud.
Et il y avait des acteurs portant des costumes de toutes sortes. Des hommes avec des pourpoints matelassés, bien recousus, et des chausses bouffantes qui montraient bien leurs cuisses — y avait de quoi y voir un scandale, car c’étaient des habits très riches réservés à des nobles.
Et une femme s’avança, pour commencer ses lignes de dialogues. Une très belle femme, aux cheveux noirs mi-longs, à la voix suave, une jolie taille et des hanches qu’on découvrait bien…
…Parce qu’elle avait un costume d’homme. Et une épée à sa ceinture.
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C’était une femme qui jouait le rôle d’Octave Lanius, et qui portait une arme.
Malgré tout le sérieux de l’introduction du maître du spectacle, Éloi se rendait vite compte qu’il s’agissait d’une farce. Une comédie destinée à arracher des esclaffements à la foule.

« Sentience et Miséricorde vous gardent, beau seigneur ! », criait un monsieur très gros, imitant un bossu, haletant faussement comme s’il était essoufflé, et pourtant, il portait l’épée à son flanc, et une tenue toute blanche, tandis que son chapeau était recouvert de grelots ; il représentait un aristocrate. Mais un aristocrate qui servait de bouffon.
« Et vous donc, Romulus ! Dites-moi, vous qui avez un vernis de soldat, je me posais une question sur ma petite sœur, que je laisserai seule en mon absence !
– Posez donc !
– L’homme est bien l’ennemi de la virginité ; Comment pourrions-nous barricader ma frangine contre lui ?
– Eh bien, heu… Heu… tenez-le à distance ! »

Quelques rires chez les spectateurs. En fait, le quiproquo tenait sur le fait dont l'homme en question, se trouvait être Lanius lui-même…

« Oui, mais l’assiégeant que je suspecte est tenace ; Peu vaillante est la défense des femmes, n’auriez-vous pas un puissant moyen de résistance ?
– Hé bien non ! L’homme devant une femme fera jouer sa mine, avant de la faire sauter ! »

Nouveaux rires.
Éloi sentit une tape contre son épaule. Solène lui tendait sa chope de vin à nouveau pleine, et vint s’asseoir à côté de lui.

« …dussé-je l’exposer à mourir vierge !
– Ah vous savez, il n’y a pas grand-chose à dire en sa faveur, elle est contraire à la loi de la nature. Parler à l’éloge de la Virginité, c’est accuser sa mère ; et nous savons que c’est là une flagrante irrévérence ! »
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Je m’étonne quelque peu de la réplique bourrue de Guido, car il me semble pourtant que le sergent s’est plutôt détendu depuis que nous avons quitté la Grand Rue. Il dit en effet préférer la campagne aux grandes villes, trop agitées à son goût – et je ne peux pas lui donner tort : du peu que j’en ai vu jusqu’à présent, Castel Brionne est certes magnifique, mais aussi étourdissante d’une activité bien plus intense que celles même des rues les plus fréquentées d’Orléac. Et puis, il y a quelque chose d’autre qui me perturbe dans son discours, que je ne manque pas de relever, perplexe.

« Veux-tu dire que les gens ne se rendent ici que pour… »

Interrompu par une rapide série de coups sonores, je relève instinctivement les yeux vers l’estrade de bois, tandis que cessent les bruits de conversation et les sons d’instruments. Là, à la lueur des braseros, s’avance un individu aux vêtements bariolés, paré de bleu et de rouge. Comme il frappe à nouveau sur l’estrade de bois, appelant la cantonade au silence, Solène et Guido suivent le mouvement général pour se rapprocher de la scène, et je leur emboîte le pas. L’intrigant personnage arbore certes des couleurs réservées à la noblesse de Bretonnie, mais son accoutrement atypique me semble, à moi, plutôt étranger. Nous nous installons bientôt à même le sol, dans un carré d’herbe situé entre les stèles, tandis que l’homme masqué commence à gesticuler, et déclamer avec emphase.

A en croire Treveur, il s’agit d’une pièce historique. Je ne sais pas où se trouve cette cité exotique de Tylos, mais à certains égards, elle n’est pas sans rappeler les villes de Bretonnie. Son opulence est manifeste, appuyée par le jeu de scène du brigadier, bientôt rejoint par d’autres acteurs aux vêtements bigarrés. A la lumière des braseros, les riches couleurs de leurs atours chatoient, leurs accessoires luisent, tandis que les pâles colonnades du décor apparaissent jaunies. Quant à moi, j’écoute bien sagement, remarquant du coin de l’œil Solène s’éloignant, lorsque j’éprouve subitement l’impression de commencer à comprendre le sens de la pièce. Cette intuition coïncide avec l’apparition du personnage d’Octave Lanius, dont le costume ne suffit à dissimuler que l’acteur est une femme. Etonné, je hausse les sourcils, pensant immédiatement à une farce : en effet, curieuse contrée que cette empire tylosien, où les femmes porteraient des armes, à la façon de quelque chevalier. Il y a de fait fort à parier qu’il s’agit ici d’une comédie, destinée à susciter les esclaffements de l’auditoire. Le dialogue qui s’ensuit conforte cette hypothèse, même si je ne peux m’empêcher de supposer que le comique serve d’écran à la critique.
Car critique, il y a manifestement. Les vices énumérés à grands gestes correspondent curieusement au portrait que Sébire et Solène faisaient du Duc Théodoric ; quant au modèle de société esquissé, il est lui aussi étonnamment similaire au nôtre. Si un tel discours peut s’entendre dans l’enceinte du cimetière de la Gâtine, nul doute qu’il serait répréhensible hors ces murs.

On m’effleure l’épaule : c’est Solène, qui, s’asseyant à nouveau, me tend subrepticement ma chope à nouveau remplie. J’avais certainement dû laisser cette-dernière derrière moi en allant tenir compagnie à Guido. Un peu surpris, je la remercie d’un signe de tête pour sa sollicitude, avant d’observer un silence emprunté : le ton critique de la pièce me rappelle, par association d’idées, les raisons de notre présence à Castel-Brionne. Si j’ai bien intégré ce que l’on attend de moi en m’introduisant chez les Adlwijn, qu’en est-il des missions de Solène pendant ce temps ? Va-t-elle enquêter sur une autre piste, suivant quelque autre trace de la contagion ?

Penchant la tête vers elle, avec prudence et mesure, j'approche de son oreille autant que le permet décemment la pudeur, de sorte à pouvoir lui chuchoter quelques mots, sans interrompre la pièce.

« Que vas-tu faire, à compter de demain ? »
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
Profil : For 9 | End 9 | Hab 8 | Cha 11 | Int 11 | Ini 8 | Att 9 | Par 8 | Tir 8 | Mag 14 | NA 1 | PV 75/75

États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
Fiche wiki[Annexe] Brionne et Orléac

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