[Éloi] Princesse de la Foi

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La révérende-mère parut soudainement agacée par les propos d’Éloi.

« Non — il n’y aura pas de soutien en sus. Il faut que vous compreniez, mon fils ; le guet, les ribauds, les Ranaldiens, tous prétendent que Brionne, et surtout ses mauvais quartiers, leur appartiennent. Vous n’êtes là que depuis très peu de temps, et pourtant, je pense que vous avez assez vu de la cité des troubadours pour deviner l’ambiance actuelle : La méfiance, l’intrigue, la violence. L’université fermée, la soldatesque qui menace de jeter les chiens sur des gamins, les agitateurs dans la rue…
Il faut que vous compreniez : Shallya ne me demande pas seulement de soigner les plaies des souffrants et laver les pieds des mendiants. J’ai un commandement d’imposer la paix. Nous sommes dans une ville remplie d’hommes, et les hommes sont violents, et irascibles. Le choix qui sera fait, d’utiliser une des factions pour pourchasser les serviteurs du Pestilent, aura des conséquences longtemps après — celui qui aura sauvé les bas-fonds de la ville, pourra prétendre y imposer sa force. Comprenez-vous pourquoi nous ne pouvons pas nous adresser à plusieurs chefs ? »

Elle se leva soudain de sa cathèdre, et marcha droit vers le jeune homme. Et alors, elle baissa son ton, qui devint plus doux, et même, plus maternel.

« Je vous fais confiance, mon fils, à vous et à Solène. Vous porterez ma parole, et vous représenterez de façon officieuse le culte de la Déesse Shallya elle-même. Vous pouvez promettre de nombreuses choses — de l’argent, de l’influence, le contrôle de la ville. Vous devrez charmer, séduire, peut-être intriguer.
Il faut que vous compreniez, mon fils, très bientôt, vous ne serez plus un simple oblat. Dès la fin de la saison, je vous ferai investir du sacerdoce, et vous deviendrez frère régulier de Shallya. Vous aurez le pouvoir de bénir les fidèles et d’intercéder en leur nom auprès des âmes vénérées du culte.
Rien que ça, ça vous offrira de la force sur tous les croyants. Car ne vous méprenez pas : Amédée, René, et celui qu’on surnomme le Brigadier, peu importe à quel point ils sont veules, et intéressés, et cruels, ils aiment tous Shallya. C’est ça, notre pouvoir face aux mécréants : l’amour. »

Elle posa une main sur son épaule.

« Je vais vous offrir la communion une seconde fois, puis vous partirez en quête de Solène — il me semble qu’elle mange à un endroit où vous et Guido avez cassé la croûte à votre arrivée en ville.
Ramenez-moi des hommes capables, Éloi, je vous fais confiance. »

Pour la suite de ton post, tu dois me faire deux choses :
— Me dire très précisément toutes les informations que tu files à Guido : toute omission de détail comptera comme une omission que tu feras au mercenaire.
— Dire ce que tu comptes annoncer à Solène ; elle sera convaincue par ton choix de toute façon, peu importe lequel des trois acteurs dont tu souhaites demander l’aide.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

C’est avec un soudain agacement que la Révérende Mère rejette ma proposition, avant d’expliquer les raisons pour lesquelles il me sera impossible de m’arroger l’aide de plusieurs alliés. Dans le silence de mon for intérieur, je change alors d’avis, préférant m’adresser à René le Borgne, considérant la mainmise déjà solide du roi des ribauds sur la ville. Le regard absent, l’esprit ailleurs, j’acquiesce machinalement aux déclarations de la grande prêtresse, avant de prendre congé.

« Le temps d’écrire quelques mots à l’intention de Guido, et je serai parti. »


Sitôt sorti de la salle, je bifurque sur ma droite, et, rasant les murs, m’empresse de reprendre la direction du bureau de Sébire, que j’ai fouillé tout à l’heure. Je sais en effet que s’y trouve le matériel d’écriture suffisant à mes besoins ; je soupçonne aussi que s’y trouve aussi, dans la cache dissimulée de la pendule, la correspondance secrète de Sébire de Malicorne dont m’a parlé Olivier Adelwijn. Je sais déjà où se trouve la cassette ; je connais la délicatesse du mécanisme la dissimulant ; je ne commettrais pas de seconde maladresse. l ne me faudra guère que quelques instants pour récupérer les feuillets, remettre le coffret en place, et reprendre ma rédaction. Hélas, j’entends déjà quelqu’un me suivre ; probablement Aléarde qui m’a emboîté le pas, telle la guigne de Ranald. Manifestement surveillé, contraint de renoncer à mes manigances, j’entreprends de récapituler en pensées les éléments que je dois porter à la connaissance de Guido en vue de l’infiltration des soldats de Sébire chez les Adelwijn.

Je dois d’abord lui réaliser un plan, sommaire mais effectif, des différents niveaux de la maison Adelwijn, afin que lui et ses gars puissent se repérer sans perdre de temps. Cela implique de dessiner au moins les trois principaux niveaux, en indiquant aussi la présence de la cave et du grenier, que je n’ai pas visité. Je ne suis pas architecte, mais je suis familier de la demeure des Adelwijn ; je devrais pouvoir y arriver en m’inspirant des codes de représentations glanés au cours de certaines de mes lectures au sein des archives de l’abbaye. Ça doit être dans mes cordes : un feuillet par étage, un trait pour un mur, un espace pour les ouvertures, le tout en maintenant un semblant de proportions entre les volumes. Quelques mots de légende dans l’espace vide des pièces ainsi dessinées, identifiant notamment l’appartenance des chambres, et le tour est joué.

Dans une note annexe, je dois également indiquer à Guido les particularités pouvant éclairer son opération. A commencer par la présence de la meute de chiens d’Olivier Adelwijn ; je ne sais pas comment il compte s’en accommoder, mais j’imagine que ce sera fait en fonction des exigences de discrétion -ou non- qui lui seront données par Sébire. Je dois aussi identifier pour lui les différents personnages qu’ils sont susceptibles d’y rencontrer, à savoir, au plus, Olivier et Thierry Adelwijn, Joséphine, et les deux domestiques attachés à la maisonnée. Identifier clairement Olivier comme un aristocrate relativement maigre, dans l’hypothèse qu’ils le croisent par quelque revers du destin. Lui expliquer enfin que Thierry garde son argent dans un globe ; que si Olivier garde des papiers compromettants, ce peut vraisemblablement être au sein d’une horloge (dont la maison regorge), derrière un tableau, à la cave ou au grenier que je n’ai pas pu explorer.

Il ne me faudra pas oublier de reprendre le parapluie en partant. J’entends encore l’orage gronder.


***


Il pleut toujours fort dehors lorsque je ressors du Temple ; la soirée est bien entamée, j’ai plus tardé que je ne l’escomptais.Une nuit humide tombe sur Brionne, comme précipité par le lourd rideau de pluie battant les pavés de la ville haute. Réfugié au sec sous mon parapluie, je marche d’un bon pas, m’assurant plusieurs fois de ne pas être suivi comme les rues se vident. Inquiet, je laisse mon esprit vagabonder, songeur. Je repense à inextricable bourbier de la présente situation, mais aussi à l’avenir. La Révérende Mère a dit que je serai ordiné prêtre avant la fin de l’été : si cela est vrai, cela signifie probablement pour moi le début d’une errance ou de quelque pèlerinage sur les chemins de Couronne. Si je pouvais obtenir au préalable la recommandation du professeur Corneille, peut-être pourrais-je y étudier pour un temps le paracelsisme. J’aimerais revoir Amandine, aussi, avant tout cela. Encore me faut-il survivre aux prochaines nuits.

C’est un peu essoufflé que j’arrive dans les rues de la Gâtine, foulant désormais la terre boueuse de ses ruelles. Du fait des intempéries, les rues à découvert me semblent moins bondées, les badauds recherchant pour la plupart l’abri des traboules et des dépassées de toiture. Le grand parapluie noir offert par Olivier m’attire maintes regards dérobés dans l’obscurité, mais je ne m’en formalise pas, l’esprit bien trop préoccupé.

Retrouver Solène me met du baume au cœur, et ce malgré la gravité des circonstances. Elle se trouvait bien à proximité de l’échoppe où l’on nous avait servi l’autre jour un ragoût de mouton bon marché. Repliant pour un temps mon parapluie dégoulinant de pluie afin de me glisser à son côté sous l’abri de l’échoppe ayant pignon sur rue, je dépose à mon tour une pièce sur le comptoir, avant d’amorcer la conversation, lui relatant à mi-voix la teneur de mon entrevue avec Sébire. Jetant à plusieurs reprises des coups d’œil scrutateurs aux alentours, m’assurant de ne pas être épié, je lui conte, à l’oreille si besoin, les péripéties de la journée. Lorsque tout est dit, reste la question


« Compte tenu des paroles de la Révérende Mère, je pense qu’il vaut mieux suivre son intuition plutôt que la mienne. Sais-tu comment obtenir rapidement une entrevue avec le roi des ribauds ?

Nous sommes mandatés pour la représenter et négocier en ce que de besoin, mais le temps presse. Il doit nous recevoir cette nuit, ou nous devrons reconsidérer le choix de son appui. »
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Plan enregistré et donné à Guido. Nous entrons dans la phase finale.

« Oui, je sais comment se rendre chez Sa Majesté, le roi de tous les ribauds. Ce ne sera pas un moment agréable, et il n’est peut-être pas le meilleur choix pour Brionne… Mais il nous fournira une force considérable pour s’opposer à la secte qui nous est opposée. »



Il faisait désormais nuit à Brionne. Et plus l’une de ces nuits estivales, chaudes, remplies de gens dehors, dansant bruyamment jusqu’à pas d’heure — la terreur de Manaan avait mit fin, un temps, à la beauté de l’été. La cité des troubadours, transformée en île par la montée de l’eau, était dans l’œil de la tourmente. Le vent faisait claquer les volets en bois, agitait les braseros qu’il fallait continuellement alimenter avec de l’huile et du bois pour qu’ils ne s’éteignent pas, et les rares passants devant tenir leurs mantels qui virevoltaient sous la brise, en couvrant leurs chefs de capuches.

Solène et Éloi erraient le long du port, habituellement couvert de monde. Là, les quelques bateliers faisant rouler les tonneaux le faisaient sous des gouttelettes éparses mais violentes, et ils hurlaient leurs ordres dans un mélange de breton et d’irranais pour bien se faire comprendre.
La jeune prêtresse amenait l’oblat jusqu’à des petites ruelles ressemblant à des coupes-gorges. Leurs robes de bures, blanche et jaune, étaient cachées sous leurs pèlerins — ils risquaient cette fois d’attirer l’attention des curieux de ce mauvais quartier.


Où pouvait-on imaginer que se planque le chef de tous les brigands et prostituées de la ville de Brionne ? Peut-être est-ce qu’on pouvait s’attendre à ce qu’un tel criminel se tapisse dans quelque repaire planqué, une société secrète camouflée dans des égouts, des catacombes, ou dans des entrepôts. À l’inverse, on aurait pu émettre l’hypothèse qu’un grand parrain de la pègre réside dans un manoir fortifié, derrière des murs et des grilles bien gardées, car il craignait d’être pris par le guet ou assassiné par des concurrents.

Peut-être au grand étonnement d’Éloi, ce n’était pas du tout le cas — Solène l’amenait certes dans des allées étroites et pas pavées, mais c’est vers un lieu très différent qu’elle l’entraînait : petit à petit, les pieds de l’oblat ne marchaient plus sur de la boue ou de la terre battue, mais sur de l’herbe grasse, et au-dessus de sa tête, les maisons étaient maintenant envahies de branchages et les façades recouvertes de lierre.
Éloi se trouvait au milieu d’un immense jardin urbain. On l’avait prévenu : La Gâtine était un immense marais asséché, et si le Furoncle n’en avait que l’humidité, ici, on en voyait les bons côtés.

Au milieu de labours et d’arbres fruitiers, de quelques pommiers et pêchers, des hommes armés comme des militaires faisaient la garde : chapels de fer sur la tête, haubergeons sur le buste, avec matraques et lances, on aurait dit des soldats du duc, hormis qu’ils ne portaient pas la livrée. Ils avaient de sales gueules, des tronches couturées et émaciées, des barbes hirsutes, leurs bras comme leurs pieds étaient nus — ils ne pouvaient pas être des sergents du guet. Ils avaient, à côté d’eux, une targe sur lequel on avait griffonné le symbole de leur patron.
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Solène s’approcha d’eux. Sans hostilité particulière, ils levèrent le menton, tandis que la prêtresse s’inclinait avec respect :

« Bonsoir à vous, soldats. Je suis une servante de la Déesse-Colombe, venue ici pour porter la voix de la révérende-mère Sébire de Malicorne, de même que mon compagnon — nous souhaitons quémander la générosité de sa majesté, monarque des ribauds et ribaudes, afin de lui présenter une requête, à genoux devant lui.
– Reste donc là, ma sœur — j’vais parler à mon capitaine. »

Il partit, laissant son collègue seul. Celui-ci pointa du doigt le ciel en ricanant.

« Sale temps, hé ? »

Il leur fallut attendre dix bonnes minutes ici. Puis, le garde revint, accompagné d’autres ribauds armés comme lui, ainsi qu’un étrange personnage — un monsieur tout chauve, imberbe, qui portait une élégante pelisse, et qui avait une voix très aiguë : il ressemblait à un eunuque, une abomination aux yeux de Taal comme on en trouvait beaucoup en Arabie.
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« Mon frère, ma sœur — si vous souhaitez bien me suivre, Sa Majesté a un emploi du temps fort chargé, mais il acceptera de vous parler rapidement.
– Je vous remercie. »


Ils entraient dans un autre monde. Un plus sauvage, plus primaire — qui aurait cru trouver ça au milieu de Brionne ? Derrière ses remparts, ses hautes flèches de cathédrales, la taille de son palais et de ses collines, l’île avait caché, au beau milieu de ses habitations, une véritable forêt.

Elle était fréquentée. Des hommes et des femmes, et même quelques enfants, qui se mêlaient tous ensemble à nombre d’activités pécheresses et interdites. Chaque fois qu’il jetait un œil quelque part, Éloi put voir des gamins jouer aux dés en misant des pièces d’agent, un militaire en train d’aiguiser sa lame, deux femmes nues qui s’embrassaient, un garçon vêtu comme un seigneur qui portait à sa langue des gouttelettes, probablement de Lotus Noir. On riait, on murmurait des promesses d’amour, on tentait le Serpent —
Et on se mettait à regarder Éloi et Solène avec intérêt. Depuis les arbres et les buissons, qui formaient des sortes de chambres et de cellules boisées, des paires d’yeux curieuses et avides les épiaient. Quelques clins d’œils et des mains les invitaient à venir voir, et dans les oreilles de l’oblat, on bourdonnait des encouragements à venir goûter à de l’alcool et des peaux chaudes.


L’eunuque et sa bande de ribauds ceinturaient assez bien Solène et Éloi pour qu’ils ne se perdent pas. Et c’est ainsi qu’ils arrivèrent jusqu’à un immense arbre planté en plein milieu. Tout comme le roy Louen, seigneur des chevaliers de Bretonnie, René, seigneur des putes de Brionne, rendait la justice sous un chêne.
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Il avait sa propre cour décadente à lui, avec des gardes-du-corps, des prêtres, des conseillers et des courtisanes, mais avec l’aspect qu’on prêtait à une cour des miracles sortie des bas-fonds. Autour de sa parodie de trône, de jolies filles et de beaux garçons nus s’embrassaient, se caressaient et se léchaient, tandis que des mafieux (Et mafieuses) à l’air patibulaires, croisaient les bras ou mettaient les poings sur les hanches en jaugeant d’un mauvais œil les deux pétitionnaires de Shallya. Une femme au bras arraché avait sur son front un masque qui imitait le bec d’un corbeau, peut-être une référence à Mórr, alors que son amant portait sur le sommet de son crâne un tas de cornes, comme s’il était vêtu à la manière de Taal.

René le Borgne correspondait assez au portrait qu’en avait fait Solène. Il avait la cinquantaine, il avait un visage jaunâtre et des yeux un peu bridés, et il avait un œil en moins, vitreux. Il était grand, mais tout fin. Torse-nu, il avait les poignets recouverts de bracelets, et ses cheveux étaient noués en boucles et nattes.

Ce fut l’eunuque qui agit comme un héraut d’armes :

« Sa Majesté, René le Borgne ; Roi des ribauds et ribaudes, patron des cambrioleurs, protecteur de la Gâtine, fidèle serviteur du duc Théodoric ;
S’inclinent devant vous deux serviteurs de la révérende-mère, Sébire de Malicorne. »


Autour du trône, les arbres formaient un cercle au milieu d’une place de terre battue. De nombreux visiteurs s’y trouvaient, des gens de tous les horizons sociaux : on y trouvait beaucoup d’éclopés, d’hommes-tronc, de gens aux corps tassés, semi-mutants — mais on voyait aussi des gens bien habillés, avec des mises de nobles, avec des doublets colorés, des bijoux et des toilettes fines.

Solène s’agenouilla devant le trône. René croisa les doigts devant lui.

« Bienvenue. Il est rare que la révérende-mère envoie des Shalléens me témoigner le moindre respect. J’ai pourtant toujours agi comme un digne ami respectueux du culte, surtout quand on sait que je protège les plus démunis des sujets de Brionne…
Allons — quel cadeau me présente la révérende-mère, pour présenter ses hommages à Sa Majesté ? »
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Tenir le parapluie au-dessus de nos têtes se révèle un exercice plus ardu que je ne l’escomptais : si je persiste dans cet effort de dextérité tout au long de notre itinéraire au sein du port, composant tant bien que mal avec l’étroitesse de certains passages, je finis toutefois par replier le ruisselant accessoire tandis que le décor change sensiblement autour de nous. Comme notre environnement se fait soudainement très verdoyant, je m’étonne, portant un regard fasciné sur les alentours depuis le relatif couvert de ma capuche. Je n’imaginais pas que la Gâtine puisse receler en son sein un lieu si distinct du reste de la ville basse de Brionne. Le sol boueux des rues du quartier s’est mué sous nos pas en sentiers presque champêtres, sillonnant quelque étonnant verger. Les plantations céans se mêlent aux habitations, et un tapis d’herbe verdit considérablement ce jardin de Rhya. Mais même en cette enclave reculée, des soldats en armes guettent, dont les boucliers affichent sans fard le patron.

Je médite un moment comme Solène prend la parole pour demander une audience. Ribaldi Rex. Outre le choix du lieu où établir sa cour, évoquant quelque temple de Taal ou Rhya, je relève pensivement que René le Borgne s’est arrogé le titre de roi – des ribauds certes, mais roi tout de même, dans une ville ducale. Si j’avais conscience de l’influence du personnage, je n’avais jusqu’à présent pas relevé l’ambitieuse singularité de ce titre. Ne connaissant pas le personnage, je serais bien tenté d’y voir un geste d’autodérision, si quelque chose dans le parler particulièrement soigné de Solène ne m’incitait au contraire à examiner ces signaux avec le plus grand sérieux. L’usage semble vouloir que l’homme que je m’apprête à voir, et dont nous devons obtenir le soutien, soit traité avec la plus flatteuse déférence. Un brin nerveux tandis que nous patientons dans l’attente du retour du soldat parti nous annoncer, je m’efforce de faire la paix dans mon esprit : allongeant ma respiration, mains jointes, paupières closes, je murmure une courte prière à la Colombe pour que nos paroles à venir résonnent avec force et conviction.

*Tui testes coram hominibus esse valeamus.*


Lorsque plus tard on nous mène jusqu’à notre hôte, je découvre la cour du Roi des ribauds, hétéroclite rassemblement d’individus aux allures des plus diverses. Sous le traditionnel chêne royal, entouré de sa cour, trône René le Borgne, suzerain des bas fonds de Brionne. Comme nous nous avançons dans sa direction, je m’efforce de demeurer concentré, fixant le carré de terre battue devant moi, tâchant de limiter les incartades spontanées de ma coupable curiosité, dont les coups d’œil surprennent dans la foule ici, quelque ribauderie ; là, de lascifs ébats. Ce n’est pas l’envie qui me manque de renouveler mes regards dérobés dans les directions de ces fugaces scénettes, et j’ai de surcroît l’intuition que l’on ne me jugerait pas pour cela ; c’est bien pour honorer notre mission que je tâche de maintenir ma focalisation sur la négociation à venir. Pour autant, au fond de moi, je ne crains pas ; Solène est avec moi, et ensemble, nous représentons le clergé de Shallya.

Voyant du coin de l’œil ma sœur s’agenouiller sur le sol détrempé, je ne tarde pas à l’imiter, confiant en son sens de l’étiquette. René le Borgne semble s’entourer des symboles et usages propres aux plus prestigieuses cours non seulement ducales mais aussi royale. A l’instar du Roi, il demande de plus des présents. Un silence d’une demi-seconde ponctue sa question, j’échange un regard en coin avec Solène : comment ai-je pu oublier de me doter de quelque offrande pour ce genre de situation ? J’aurais pu par exemple passer à Sainte Olinde sur le chemin, récupérer le parfum de Yolande, demeuré dans le tiroir du bureau de ma cellule.

Mû par la pression, je lève brièvement le regard en direction du monarque, rabattant ma capuche en arrière d’un geste lent, comme pour me découvrir le chef. Ce-faisant, je réfléchis à toute vitesse : je dois au moins tenter de donner la réplique à René le Borgne, car il semble impensable de ne rien proposer en offrande alors qu’il le demande. Alors, ne voyant qu’une seule option, je décide de le prendre au mot, et de jouer la carte de la piété : après tout, ne s’est-il pas présenté comme un digne ami du culte ? Sébire l’a même affirmé tout à l’heure : tous les hommes, même lui, aiment la Colombe. Je ne compte toutefois pas tenter de lui forcer la main : s’il décline mon offre, au moins ne nous serons-nous pas présentés devant lui les mains vides.

« La Colombe bénisse votre maisonnée, votre Majesté.
La Révérende Mère vous présente ses respects. Soyez assuré qu’elle n’entretient qu’estime et considération à votre endroit.
Souhaitez-vous recevoir en hommage la bénédiction de Shallya ? »

Tentative de lancement de la prière Bonté du Cœur avant d’être introduit devant sa Majesté.

Tentative de lancement de la prière Bénédiction de Shallya sur René s’il me permet explicitement de me contorsionner avec déférence jusqu’à ses pieds (sort de contact).

Sinon, et dans tous les cas, je laisse Solène prendre le relais si elle a quelque chose à dire, sans quoi je m’y collerai.
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- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

René le Borgne eut un petit sourire mesquin, lorsqu’on lui assura du respect que lui vouait Sébire de Malicorne. Il posa chacune de ses mains sur les accoudoirs du trône, en prenant un air plus nonchalant.

« Vous venez à moi sans présents, mais avec toute la bonté de la Colombe — ceci est plaisant. Voyez, mes bons amis, mes belles amies, comment ces saints oisillons parlent bien. »

Et par pur mimétisme, les courtisans autour du roi, ses éclopés, ses hommes-troncs, son nain, ses putains, ses escrocs — ils approuvèrent tous audiblement, par des hochements de têtes, des bras levés, des réflexions équivalentes.

« De braves jeunes ! Il en faudrait plus des comme eux !
– Y savent bien vous parler, votre majesté !
– Je croquerai bien la jeune, fille, moi. »


René fit un geste de la main. Alors, l’énorme dame à l’œil manquant et un homme très grand et barbu s’éloignèrent tous les deux — ils devaient constituer la parodie de gardes-du-corps du monarque. Ainsi, René autorisa Éloi à s’approcher et venir aux pieds de sa cathèdre.

René le semi-Ungol resta assis sur ses fesses, et ne quitta pas son siège pour s’agenouiller ou montrer la moindre once de respect à Éloi. Tout juste baissa-t-il la nuque, pour lui permettre de lui toucher le crâne. Éloi balbutia quelques phrases en classique, puis s’éloigna.

« Cessez donc de vous agenouiller, jeune fille. Je vous étends mon hospitalité. Asseyez-vous confortablement autour de ces marches.
Qu’on leur apporte à boire. »

Solène se releva bien, et vint aux côtés d’Éloi. Il lui fallut néanmoins un moment d’hésitation, avant de s’installer aux pieds de René, assise comme une enfant sur les marches. Tout un tas d’yeux observaient les deux serviteurs de Shallya, y comprit, et surtout, les deux personnes nues, l’homme et la femme habillés dans des parodies de Taal et Mórr.

« De nombreuses personnes viennent à moi pour me demander quelque chose, rarement pour offrir leur aide ou leur amitié. Je ne suis pas dupe. Je sais que c’est votre cas à vous deux aussi. Pour une quelconque raison que ce soit, vous avez décidé que René le Borgne seul pouvait régler votre problème.
Hé bien, nous allons en discuter ! On ne dira pas de René le Borgne qu’il n’est pas magnanime, et qu’il ne ménage pas les honnêtes gens de Brionne ! »


Le grand type très costaud avec ses cornes, il s’approcha avec une amphore, et il vint s’asseoir à côté de Solène, en lui tendant une choppe qu’il remplissait. Son amante, la Morrienne avec un bras manquant, fit de même, mais avec Éloi ; après qu’un sbire lui ait tendu un verre, la dame le remplit avec un pichet, d’un peu de vin clairet.
Elle se colla à lui avec sa poitrine, en le regardant droit dans les yeux — les siens étaient très noirs, comme ceux d’une Estalienne.

« Hé bien, allons-y donc ! Parlez sans crainte ! Vous profitez ici de ma nourriture, de mon vin, et de mes jouets. Je vous dois protection et gîte.
Confessez-vous. Parlez de ce qui vous tient à cœur. »



« Bonté du Cœur » : 6, réussie

Jet de charisme devant Sa Majestée (+2) : 2, réussie

« Bénédiction de Shallya » : 13, échec de 1
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Si je peine à deviner quoi que ce soit de déterminant par l’observation du seul comportement de notre hôte, il me semble plus éclairant d’observer le comportement de la cour qui l’entoure. Chaque geste, chaque mot du monarque est en effet repris en écho par les courtisans alentours ; sa parole est porteuse d’effervescence, tel le bruissement du vent dans le feuillage de quelque sous-bois. Je n’en suis guère surpris : rien d’étonnant à ce que les courtisans se comportent en faire-valoir de leur suzerain ; c’est là chose naturelle, et tout comme on l’escompterait de l’entourage d’un seigneur de Bretonnie. On compte nombre de cours en notre pays, mais toutes, de la plus humble à la plus prestigieuse, sont à la fois l ‘émanation du pouvoir du souverain et le premier reflet de son image. En l’occurrence, les dires de notre hôte sont pour moitié adressés à la cantonade, traduisant la volonté manifeste de René le Borgne sinon de maîtriser, du moins d’influencer sa propre image. A deux reprises déjà, notre interlocuteur s’est présenté comme protecteur d’une partie du peuple de Brionne, se dépeignant assurément plus ouvert et débonnaire qu’il ne l’est réellement.

Afin de le flatter en vue des négociations auxquelles il vient de consentir, il me semble de bon ton de m’inscrire pleinement dans la continuité de ce récit qu’il entretient de sa personne. Pour ce faire, j’entends introduire l’objet de notre requête sous un biais contextualisé, imagé, au sein duquel le Roi des ribauds trouvera son compte. J’ai bon espoir de parvenir à nous attirer ainsi sa bienveillance : si le monarque est aussi avisé que sa position le laisse penser, il reconnaîtra notre contribution à l’entretien de sa réputation ; dans le cas contraire, ou s’il n’interprète pas cette posture comme une main tendue, au moins demeurera-t-il bien disposé à notre endroit.

Invité à prendre place sur les marches menant au trône, pour ainsi dire aux pieds de notre hôte, j’obtempère sans broncher, échangeant avec Solène plusieurs regards dérobés, l’observant prendre place à l’emplacement indiqué. On remue dans l’entourage de René ; un homme et une femme dévêtus viennent également prendre place au-devant du tableau. Comme la figurante au masque en bec de corbeau stylisé s’assoit à mon côté, je baisse les yeux, préoccupé, sur le pichet qu’elle me présente nonchalamment au-devant de son aguicheuse poitrine. Gêné, je referme mes mains sur le récipient tendu, craignant de le laisser choir par mégarde ; ce-faisant, je m’égare un coupable instant dans la vision plongeante de son giron. Ma tempe bat soudain d’une stupeur pulsatile ; une sanguine effervescence m’enflamme. Me réfugiant derrière un pudique battement de paupières, je relève vivement le menton, fuyant presque instinctivement la vicieuse tentation d’une contemplation prolongée. Nos regards se croisent, mais je romps bien vite le contact, fixant vaguement l'air en direction du trône, au-delà du piège lascif de son teint satiné.

Comme le Roi des ribauds achève de parler, j’inspire, doucement, et me racle la gorge afin de poser ma voix. Puis je me lance, tâchant d’esquisser un récit favorable au Roi des ribauds, captant l’attention de mon auditoire et de reprendre confiance en moi.

« Depuis plusieurs décennies, l’ordre et la stabilité règnent sur Brionne. Sous l’œil des dieux, notre société a su trouver, et construire, de précieux équilibres sous l’égide de figures fédératrices. Avec le concours et la bénédiction des dieux, chacune de ces figures veille sur son peuple, dans son domaine. C’est sous la protection de telles figures que cette ville a prospéré, dans un ordre où chaque individu trouve sa place… et la garde. »

Relevant le visage vers René le borgne, je tâche désormais de demeurer focalisé sur lui, guettant ses réactions, à l’affût de signe avant-coureur de tempête. Et j’appuie de mon regard les phrases suivantes, sans toutefois soutenir son regard trop longtemps.

« Au sein de cet ordre, les fidèles de la Colombe œuvrent sans relâche auprès de chacun, contribuant sans réserve à la stabilité de l’ensemble. Et c’est heureux, car Shallya veille sur chacun des enfants de Taal et Rhya. »

Je prends une longue inspiration, jetant un regard autour de moi, désormais suffisamment absorbé par mon discours pour plonger sans broncher dans les yeux noirs de la femme au bec de corbeau.

« Mais l’équilibre de cette ville est aujourd’hui mis en péril par quelque faction qui, œuvrant en secret, entend fouler au pied cette stabilité. Insatisfaits des bienfaits de l’ordre, eux sèment les graines de la discorde et du chaos. Leurs desseins font peu de cas de la souffrance des honnêtes gens ; bien peu leur chaut de nuire aux masses pour viser quelques uns.

Les fidèles de la Colombe ont eu vent de leurs agissements, et entendent agir en due concertation avec les protecteurs du peuple de cette ville. En vue d’empêcher ce mal, les voies de Shallya ne se suffisent pas à elles mêmes.

La Révérende Mère nous dépêche donc en cette cour, votre Majesté, afin de solliciter votre soutien. Nous sommes convaincus qu’une coopération renforcée serait bénéfique aux deux parties.

Il nous faut agir vite : Brionne a besoin de défenseurs, et l’heure tourne. »
Modifié en dernier par Frère Éloi le 23 avr. 2022, 13:55, modifié 1 fois.
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- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Tout le long de son propos, René eut la politesse de se taire — il demeurait dans la même position, figé, les doigts liés entre eux, ses coudes sur les accoudoirs. Sans hocher de la tête, sans froncer des sourcils, sans afficher la moindre mimique qui traduisait ce qu’il pensait, il se contentait de regarder Éloi sous lui droit dans les yeux.

La perplexité contaminait ses courtisans, car ni l’eunuque, ni le nain bouffon, ni les gros braillards guerriers ne dirent un mot. Plutôt, ils se mettaient à chuchoter entre eux, tout en observant leur monarque avec des mines renfrognées. Ou inquiètes.

Finalement, après un petit instant de silence, il comprit que le jeune oblat en avait terminé, aussi, le monarque posa ses mains sur les accoudoirs et hocha de la tête.

« Je vois que tu n’as pas l’habitude de parler avec des hommes de ma trempe. Les mots bien tournés viennent aisément à ta bouche, mais ils n’ont pas tant de substance — comme si tu n’osais pas dire la vérité.
– C’est dommage, une si jolie bouche…, souffla la femme amputée au masque de corbeau, alors qu’elle levait un doigt et caressait la lèvre inférieure d’Éloi, et qu’elle approchait son corps pour coller celui de l’oblat.
– Tu viens devant le Roi des Ribauds pour parler d’un complot, et tu parles de coopération. Mais c’est faux. Il n’y a aucune coopération. Tu viens quémander ton aide, comme un soupirant. Coopérer, ça veut dire contribuer de façon équitable avec moi-même. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, ici, n’est-ce pas ?
Allons. Cesse de craindre. De quoi parles-tu donc. »

Solène était assise juste en face d’Éloi. Elle aussi, était troublée par l’immense homme musclé et nu qui s’était posé à ses côtés. Celui qui parodiait Taal, avec ses cornes, semblait la déshabiller du regard, et à en croire le visage tout rouge de la jeune fille, elle était plus émue qu’intimidée par une telle présence.
Elle se mit pourtant elle aussi à parler, et venir soutenir son comparse.

« Mon frère n’ose pas dire les mots, car ils sont terribles à prononcer.
Nous cherchons à lutter face à des croyants d’un Mal terrible. Des personnes qui ont décidé de l’honorer, et d’agir en son nom. Ils… Empoisonnent, les gens de bien… Ils les… Tuent, lentement, par la peste… Ce sont des serviteurs, de… »


René s’avança dans son siège. Il regarda Solène tout droit, alors que dans son dos, les courtisans s’étaient tous tus.

« Dis-le. »

Solène ne répondit pas.

« Dis-le.
– Nurgle. »

René grinça des dents. Les courtisans affichèrent des mines dégoûtées, ou des mouvements de recul. Certains, par nervosité, ricanèrent — Nurgle était-il bien si réel que ça ? Ou n’était-il qu’une créature malfaisante des contes ? Difficile de le savoir.

L’homme aux cornes parla, d’une voix rauque, et sombre, mais qui portait très loin, qui tremblait dans son torse comme une caisse de résonnance — la voix d’un chanteur d’opéra.

« Brionne est une ville malade. La ville du pus, de l’infection, de la peste. Chaque année voit des malades. Et des charrettes débordantes de morts que les serviteurs de Mórr le faucheur brûlent à marée basse loin de la cité — à moins qu’il ne s’agisse d’hommes riches, auquel cas on les enterre dans des cercueils de plombs…
– De tout temps, des hommes ont vénéré la corruption
, pérora la femme corbeau d’une voix sensuelle. Parce qu’ils ont peur, ils sont séduits par le mal plutôt que de succomber à son effroi. Ce sont de pauvres âmes que celles des corrompus, des esprits brisés, malades par la naissance ou par les affres de la vie… Mais si nous devons les pleurer, il ne faut pas oublier de les redouter.
– Car ils tuent
, répondit Taal à sa compagne.
– Plus que tuer, argumenta la Mórrienne, ils empoisonnent leurs familles, leurs amis, leurs voisins. Font faillir les gens comme eux, par amour, ou désespoir… »

René siffla méchamment.

« Taisez-vous, raconteurs ! Vous êtes ici ce soir pour sucer, pas pour prêcher !
Ces deux Shalléens m’ont mis en colère ! »

René trépigna dans son siège. Il se leva à moitié, avant de se rasseoir. Il regarda Solène, puis Éloi, puis Solène à nouveau, et se mit à parler tout seul sans savoir vraiment s’il s’exprimait envers l’un ou l’autre.

« Mes putes tombent malades ! Une par une, elles se mettent à vomir, à hurler la nuit, à cauchemarder sans cesse ! Je sais qu’il y a une contagion ici, et c'est vous, serviteurs de la Colombe, qui étiez censés garder la ville de la contagion, vous avez mis du temps à réagir !
– Nous avons fait du mieux que nous pouvions…
– Alors ce n’était pas assez !
Oui, René le Borgne déteste les Dieux maudits ! Ils sont séduisants ! Ils m’ont déjà approché ! Mais moi je n’ai pas la mentalité d’un sale serf — je leur ai toujours résisté ! Et mieux que ça — j’apprécie de les détruire, comme un vrai seigneur devrait faire pour ses manants. »


Il se mit à sourire d’un sourire particulièrement cruel.
En fait, Éloi pouvait même jurer que quelque excitation venait de s’emparer de lui, à juger la manière qu’il avait de pianoter sur son accoudoir, ou comment sa pupille venait de se dilater au fond de son œil.

« Oui. Je vais offrir mes hommes dans la lutte face au Seigneur des Mouches. Mais ce ne sera pas une coopération, mon bel enfant. Je vais demander quelque chose en échange…
Le décime des Temples de Shallya de Brionne, qui est normalement reversé au duc et au guet, sera maintenant intégralement donné à moi-même, car je suis le réel protecteur des bas-fonds de la ville. Je suis le protecteur des Temples, je suis le protecteur de Brionne, je souhaite que cela soit bien officiel et réel !
Les seigneurs de là-haut se gavent de ce décime pour payer leurs maîtresses, leurs banquets et leurs tournois — hé bien, voilà un beau détournement d’argent ! Je ne suis pas hypocrite : moi-même apprécie de payer de quoi me décharger et me charger, mais au moins, j’offre à la Colombe une véritable milice, liée à elle, et non dépendante des volontés de quelques aristocrates traîtres et rapaces, qui gangrènent le conseil de notre fier et beau duc Théodoric. »


Ce n’était que de l’argent. Mais une énorme somme d’argent.

« Et aussi- »

Il continua sur ses demandes.

« Je souhaite que Sébire de Malicorne me bénisse en public. Dans la cathédrale de Shallya. Je souhaite être reconnu comme étant son fidèle, sous sa protection, comme tu dis que cela est le cas — mais je souhaite que cela soit admis devant tout le monde, y comprit la cour ducale ; y comprit les barons du Roy Louen ! »

Jet de charisme d’Éloi : 18, échec

Jet d’empathie : 5, réussite
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Douce Colombe, que la conversation s’est vite emballée ! Nous sommes en quelques instants passés des prémices diplomatiques de la négociation aux revendications fermes de notre interlocuteur. Tout à l’heure encore impassible, le roi des ribauds s’est subitement enflammé, sa voix vibrante d’une colère sourde tandis qu’il trépigne sur son siège. Peinant à demeurer concentrer en dépit des attouchements que s’autorise tout contre moi la femme au bec de corbeau, je le vois bientôt rabrouer ses courtisans, un silence de mort tombant sur sa cour. Comme il s’entête à monologuer en dépit des interventions de Solène, je me tiens coi, réfrénant une envie nerveuse de me mordre les lèvres. Un léger tournis m’atteint à la mention par ma sœur du nom maudit du Seigneur des Mouches, et je ferme les yeux, étourdi, tâchant de retrouver mes esprits.

Les exigences de René le borgne semblent évidemment démesurées, et appeler marchandage. M’efforçant toutefois de considérer sérieusement ses revendications, je m’interroge : comment Sébire réagirait-elle en pareille situation ? Le roi des ribauds semble manifestement sensible aux principaux moyens de négociation qu’elle évoquait tout à l’heure ; nous nous retrouvons donc bel et bien en position d’ambassadeurs, pour discuter des termes d’un accord emportant de lourdes conséquences pour les années à venir. Outre mes réserves concernant le montant de la contribution financière, je dois également veiller à ce que cette relation entre le roi des ribauds et le clergé shalléen demeure équilibrée. L’accord évoqué s’apparentant à du mercenariat exclusif, il serait notamment préférable pour le futur de Brionne de prévoir divers moyens sinon de contrôle, au moins de surveillance du seigneur des bas-fonds.

Reportant mon regard sur le rictus jubilatoire de notre hôte, je m’efforce de récapituler ce que je suis en mesure de cerner de ses attentes, en vue de la négociation à venir. En effet, nous ne devons pas nous montrer trop pingres, distants, ou condescendants, car nous avons au demeurant vraiment besoin de son aide : il est donc important de lui faire une proposition ferme, réaliste, mais satisfaisant ses demandes. D’une part, René le borgne a manifestement besoin d’argent : il y a fort à parier qu’une contre-proposition à la baisse, ne retenant qu’une fraction de sa revendication première, constituerait déjà un apport considérable à ses finances, qu’il ne serait probablement pas tenté de décliner par avidité. D’autre part, tout dans le discours du roi des ribauds transpire le manque de reconnaissance, tant symbolique qu’institutionnelle : accéder à sa demande de bénédiction publique lierait le clergé shalléen à ses actions -et potentielles exactions, il convient donc de poser les bases d’une coopération plus intégrée, plus transparente, et contrôlable par le clergé.

Après un bref coup d’œil en direction de Solène, je tâche de rétorquer d’une voix ferme, le regard rivé à celui de notre hôte.

« Votre frustration est légitime, et vous honore, votre Majesté. Notre clergé a pour mission traditionnelle de guérir les maux ; nous souhaitons justement nous donner aussi les moyens d’en prévenir certains.

Le décime existant, Messire, est un impôt détestable, désuet, et outrancièrement coûteux comparé au service rendu. Son versement, autrefois ponctuel, est depuis rentré dans l’usage mais ne se justifie plus guère aujourd’hui. Le culte de Shallya critique aujourd’hui cet impôt, mais ne peut légalement en détourner tout ou partie à votre bénéfice.

Nous pouvons néanmoins convenir d’un subside distinct de cinq pour cent, indexé sur le bénéfice ecclésiastique perçu en la seule cité de Brionne. L’assiette géographique de cette redevance serait plus généreuse que les seuls quartiers sous votre protection, et le montant ferait l’objet d’une clause de révision quinquennale. »


J’observe un court silence, le temps d’une longue inspiration, pour ponctuer ce montant au demeurant considérable. A coup sûr, cet accord ne sera pas du goût de Sébire, mais avons-nous d’autre choix que d’acheter leur soutien à vil prix ?

« Quant à la reconnaissance publique de votre dévotion envers Shallya, je ne pense pas que la Révérende Mère y soit opposée sur le principe. Si cette collaboration entre nos institutions devait être actée au su de tout Brionne, notre clergé devra à tout le moins bénéficier d’un siège permanent en votre cour. »
Jet d’Intelligence (Législation) : 13, informations débloquées.
Le détournement du décime est bien entendu absolument illégal. Le culte de Shallya n'a pas le choix de modifier unilatéralement le récipient de cette taxe.
Cependant, tu sais aussi que le décime lui-même est un impôt illégal, haïssable et anti-Shalléen ; historiquement, le décime a été créé pour que le culte de Shallya remplisse son devoir de "vassal" pour ses propriétés foncières ; vu que bien sûr ils peuvent pas fournir des soldats, ni en entraîner, ils n'ont pas d'autre choix que de contribuer à la défense militaire de leur seigneur par des contributions - soit en nature (Soins, médicaments, nourriture, vivres, chevaux...) soit en numéraire (Argent pour payer tout ça). Le culte de Shallya a accepté le décime sans broncher quand il a été mis en place, parce qu'à cette époque Brionne aviat des soucis de pirates Elfes Noirs ou Orques et que c'était normal de payer ceux qui se défendent face à ça.
Sauf que le décime, qui était censé être renouvelé tous les ans, il a été petit à petit renouvelé tous les dix ans, puis tous les quinze ans, puis il est devenu permanent sans jamais passer par une demande ducale. Aujourd'hui, on est bien libre de critiquer cet impôt et son usage - surtout que ça ne rentre pas dans les coffres du duc Théodoric directement, mais dans ceux de son connétable, qui l'utilise comme une rente personnelle. Aujourd'hui le décime est probablement payé par l'Eglise de Shallya plus par habitude et pour pas finir devant le tribunal, voire par corruption, plutôt que parce qu'il rend un quelconque service.
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le sourire narquois et carnassier de René le Borgne s’était progressivement estompé, avant de disparaître entre les traits de son visage.
Ce n’était absolument pas une bonne nouvelle.

Comme à son habitude, il n’interrompit pas le jeune homme à ses pieds, et, quand il eut terminé, il reprit un de ses silences de tombe, provoquant la circonspection de sa cour qui observait son visage à la recherche de l’indice d’une éventuelle réaction.

Il se mit à ricaner d’un bruit de soufflet, tapa ses genoux, et s’avança en levant un sourcil, comme pour faire une fausse confidence à Éloi, alors qu’il s’exprimait toujours d’un ton très clair :

« Indexé, révision quinquennale
Tu utilises de jolis mots de juriste, mais en substance, tu es en train de me dire d’aller me faire enculer, pas vrai ? »


Il laissa un petit instant de pause, et coupa toute réponse du prêtre :

« Eunuque, parle donc ! »

L’homme grassouillet et imberbe de tout à l’heure s’avança, et, comme s’il avait révisé par cœur avant l’entrevue, il annonça avec un air pérorant :

« Le décime sur les revenus du duché de Brionne n’est plus voté au Parlement Ducal depuis soixante-six ans, et correspond à un revenu exceptionnel du trône qui est affermé depuis vingt-trois ans sur les recettes du connétable du duché — cela permet à celui qui possède une telle charge d’obtenir une rente assurée en même temps que son office. Le décime n’est pourtant pas à proprement parler un impôt, puisqu’il n’a pas été voté, ni même un devoir féodal, puisque l’ost n’a pas été levé, mais relève en fait, par l’usage, du cadeau.
Le culte de Shallya peut très bien décider de faire un tel présent à une autre personne. »

L’eunuque disait faux ; ou, plus exactement, il utilisait l’argument de la mauvaise foi. Un argument que pourrait très bien utiliser Sébire de Malicorne devant le duc pour justifier de soudainement refuser de reverser le décime.
Il offrait un prétexte légal aussi original qu’audacieux : prétendre que cette aide financière était versée simplement par la bonne volonté du clergé, et pas du tout parce qu’il y était contraint.
C’était un prétexte audacieux, car il n’était pas du tout certain que le duc Théodoric accepterait de voir les choses ainsi. Au contraire — il risquerait de se sentir insulté, et, s’il voulait également répondre par mauvaise foi, forcer les Shalléennes à remplir leur devoir féodal ; L’amende que tous les temples devraient recevoir pour ne pas prêter d’assistance militaire devait être équivalente, voire pire que juste reverser le décime, d’où certainement la complaisance de révérendes-mères comme Sébire.

« Je dois avouer être assez choqué d’entendre un Shalléen me parler comme un banquier, ou un vulgaire juriste. Je pensais que votre religion avait le cœur sur la main, et connaissait la générosité. Et surtout, l’ordre établi…
– Cet argent sert à nourrir les pauvres, les malades et les pèlerins de la colombe : il est normal de bien vouloir le sauvegarder, protesta Solène avec une petite voix.
– C’est là où vous avez tort, jeunes gens !
Ce n’est pas l’argent des pauvres que vous reversez ! Oh non ! Vous inversez tout ! »


René le Borgne chassa son eunuque de la main, qui se replia au milieu des courtisans. De même, Taal et Mórr aux côtés des deux prêtres se redressèrent, et s’éloignèrent légèrement.

« Cet argent, c’est l’argent des serfs ; c’est l’argent des paysans qui vivent sur les riches domaines qui ont été cédés à vos temples par des seigneurs qui avaient peur pour leur âme. Cet argent, ce sont les pièces qui ont été spoliées au peuple, et qui sont rendues par des aristocrates qui veulent quelques cierges et des prières pour racheter leurs consciences. C’est l’argent des guildes de métiers qui veulent qu’on prie pour elles et qu’on déclare leurs noms, à fin de publicités. C’est l’argent de la terre, que vous avez volé à la bonne Rhya, et que vous ne travaillez même pas, puisque vous avez à votre tour des manants et des ouvriers pour la travailler — vous vous contentez d’en récupérer les fruits, en versant un minable salaire dessus à ceux qui ont réellement créé la richesse !
Oui, quelques-uns d’entre vous sont des chanoines et des sœurs convers ; je suis sûr que vous avez, dans votre jeunesse, œuvré au potager ou à l’infirmerie de votre monastère. Mais pouvez-vous une seule seconde me regarder dans les yeux, et oser me dire que Sébire de Malicorne a déjà travaillé un seul jour de sa vie ?
Vous ne pouvez pas ! Et pourtant, avec votre argent, elle se paye des robes, des parfums, ou bien aux jeunes filles qu’elle veut lécher ! »

De colère, il frappa l’accoudoir de son fauteuil, et il se leva tout droit.

« Je me contrefous des vices des gens ! Je suis un vendeur de vices ! J’existe parce que l’être humain aime la baise, la dope et les cartes ! Mais ne venez pas à ma table pour ensuite vous prétendre plus purs ou licites que moi !
Qu’est-ce qu’on attendait vous, en échange de tout cet argent, reversé par tous les Brionnois à vos temples ?! Que vous protégiez Brionne de la maladie, n’est-ce pas ?! De la contagion, du Seigneur des Mouches !
Et aujourd’hui, la ville que vous étiez censé protéger est en train de crever de l’intérieur, comme une putain de charogne ! Des siècles que notre duché est victime d’épidémies, je m’y connais, les lépreux et les éclopés viennent chez moi ! Et vous osez, me parler de cinq pour cent et d’indexations, alors que vous venez implorer mon aide ?! »


Il fit trois pas, pour se placer juste au-dessus d’Éloi, et de le pointer du doigt, alors qu’il devenait tout rouge.

« Je vais nettoyer le bordel que vous avez laissé naître dans mes murs ! Je vais PÉTER LA GUEULE aux séides de Nurgle ! Je vais envoyer moi, et mes ribauds, risquer leurs vies, et santé, et même leurs âmes mortelles, pendant que d’autres se planquent comme des rapaces !
Et qu’est-ce que je demande, en échange ?!
Ni plus, ni moins, que l’impôt qui a été inventé par vos Shalléennes pour rémunérer ceux qui risquent leur cul contre le Mal ! Autrefois, le décime était versé aux chevaliers — parce que c’était les chevaliers qui mouraient ! Aujourd’hui, c’est moi qui vais mourir — alors je veux leur fric ! C’est juste ! C’est ça, la vraie justice !
Ose me contredire à ce sujet, ÉÉÉÉÉÉloiiii ! »
Jet de charisme d’Éloi : 14
Jet d’intelligence du roi des Ribauds (+1 : A la compétence « Législation ») : 11, duel gagné

Jet de législation d’Éloi : 4, réussite

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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Je réprime une moue grimaçante, et ne peut m’empêcher de tiquer en entendant l’argumentaire développé par l’eunuque. Ce n’est pas qu’il a particulièrement tort, mais son discours défend clairement le parti de la mauvaise foi, favorable aux intérêts de son suzerain, occultant ceux du clergé de Shallya. Je fais toutefois profil bas, préférant ne pas répliquer et laisser plutôt passer l’orage qui déjà se profile sur le visage de René le borgne.

Si l’intervention passionnée du roi des ribauds ne laisse que peu de doute quant à sa motivation à honorer ses engagements, cette même énergie doit néanmoins demeurer dirigée contre les ennemis les plus vils du culte de Shallya ; en aucun cas la Révérende Mère n’acceptera de payer pour l’entretien d’une milice autonome, caractérielle, et surtout hors de contrôle. Étant acté que René le borgne ne démordra pas de ses pécuniaires prétentions, il me semble important de lui faire accepter des leviers d’influence et de contrôle de son activité.

C’est en geste d’apaisement que je renonce donc à débattre plus avant du montant de la redevance, certain que Sébire saura trouver un financement, quitte à réduire le don consenti au connétable.

« Loin de moi cette outrecuidance, votre Majesté.
Trêve de vaines arguties. Ainsi soit-il : vous aurez votre décile.

Notre accord est toutefois subordonné au respect de deux conditions chères à la Révérende Mère.

D’une part, l’assurance d’un siège permanent en votre cour tant à fins de lien entre nos institutions que de représentation des intérêts de la Colombe en votre conseil.
D’autre part, le droit de regard de la Révérende Mère sur toute action de votre part exercée sous son couvert. »



Et de m’empresser d’ajouter, d’un ton égal, levant le regard vers le roi des ribauds désormais tout proche, nous dominant de toute sa hauteur :

« J’attire votre attention sur l’importance de votre acceptation de ces clauses, à maints égards rédhibitoires aux yeux de la Révérende Mère. »
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
Fiche wiki[Annexe] Brionne et Orléac

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