[Éloi] Princesse de la Foi

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Solène garda un moment un sourire très crispé, même quand elle baissa la tête pour regarder ses pieds. Éloi ne comprenait pas trop pourquoi, mais c’est comme s’il avait dit une chose qu’il n’aurait surtout pas dû dire.

Bégayante, la prêtresse s’éloigna en remettant bien ses cheveux sous son voile, ses doigts devenant étrangement frénétiques.

« Ha, heu, o-oui, tu… Tu vas t’en sortir, ne t’inquiète pas.
Retournons voir Guido, o-oui ? »


Et la voilà qui fit un tour à 180° avant de se diriger tout droit et d’un pas soudain très très pressé vers la maison calcinée.



Guido se porta volontaire pour aider Éloi à enfiler sa tenue pour la suite des opérations. Il y avait là tout un attirail de couches de cuir, serrées par des baudriers et des ceintures, afin de couvrir chaque recoin du corps. Même avec sa petite corpulence, l’oblat rentrait bien dedans — la tenue était faite pour des femmes. Il remplaça ses sandales par d’imposantes bottes qui tapaient contre le parquet, il remplaça sa robe de bure par un plastron à manches. Et enfin, on approcha devant lui ce sordide masque, avec son bec rempli d’épices, et ces fentes verrées pour voir le monde derrière.

La respiration allait être difficile avec. Mais c’était mieux de mal respirer que de respirer des miasmes contaminés

« Inutile de mettre le masque tout de suite. Mais il faudra en utiliser un quand on entrera chez les serviteurs noirs.
Compagnie, en rang. On y va. »


Les mercenaires de la révérende-mère s’approchèrent de la table, avec toutes leurs grosses tenues similaires à celle d’Éloi, leurs arbalètes et leur barda. Et au milieu de cette table, Guido ouvrit son sac, et posa une petite bouteille. Un à un, les soldats se la passèrent, et burent une rasade. La bouteille finit par trouver la main de Solène, qui accepta d’en boire une gorgée, avant de se mettre à tousser bruyamment juste après l’avoir avalée — puis, elle la tendit à Éloi.

Guido dégaina un sabre couvert de dentelures, au pommeau estampillé d’un mot en breton — « Duty ». Il posa la pointe du-dit sabre au milieu du bois de la table. Et d’une voix ferme, et dure, qui changeait bien de son ton de bonhomme sympathique, il se mit à psalmodier à la manière d’un prêtre.

« Shallya, pardonne-nous nos prochaines fautes — nous allons te faire pleurer. Pour ce qui va suivre, nous nous remettons aux soins de ta grande sœur.
Myrmidia, reine des batailles, prête-nous ton égide. Nous allons accomplir ton devoir. Traquer le mal dans chacun de ses recoins. Occire le mécréant et éloigner le danger. Protéger nos foyers par le sang et la vindicte. Donne-nous le courage, aiguise nos lames et enhardit nos cœurs. Nous découperons et tuerons, jusqu’à ce qu’ils soient défaits. »


Tous les militaires dégainèrent à leur tour une arme, et ils la posèrent contre la lame de Guido.

« Pour le service.
Et Brionne ! »


Et tous en même temps, levèrent leurs lames pour former une sorte de croix au-dessus de leurs têtes.


Tous sortis dehors, Guido, ses cinq camarades et les deux serviteurs de Shallya allèrent ensemble jusqu’à une grande charrette et son cheval d’attelage qui attendaient devant. Deux des sbires grimpèrent sur les sièges pour conduire, tous les autres à l’arrière. Un claquement de fouets, et alors, ils purent traverser tout Brionne, dans le sens inverse des colporteurs et des chasse-marées — ils descendaient, plus loin, plus loin que toute la Gâtine, en passant devant le cimetière Saint-Räzell, les chapelles des Dieux, le port, la statue de Manaan, et tous les autres endroits qu’Éloi avait pu entrevoir ou découvrir depuis son arrivée ici.
Brionne avait l’air agitée et heureuse. Plus peuplée que jamais. Les rues étaient propres et fleuries, les terrasses de tavernes remplies à ras-bord, et tout en haut, la grande cloche de la cathédrale de la Dame du Lac sonnait, frénétiquement, d’un tintement tout bonnement assourdissant — Éloi réalisa qu’n était en train d’y fêter un mariage.
Les militaires Shalléens étaient bien les seuls à faire tâche dans le décor. Tout le monde se retournait à leur passage, avec de grands yeux exorbités. Les mères prenaient violemment les mains de leurs gosses pour les faire courir, les sergents hélaient les citadins de dégager le chemin.

La charrette ne fit un tour que pour aller chercher les ribauds et grossir le convoi. Les Shalléens n’eurent pas à descendre, Guido s’en chargea pour eux. Deux minutes plus tard, le véhicule était reparti, à l’allure de pas, tandis que derrière commençaient à marcher en rang les vingt soldats promis par René le Borgne. Tous s’étaient équipés en soldats, leurs hauberts recouverts des couleurs de Brionne, mais avec le blason du roi des rues estampillé au milieu. Avec leur pas cadencé et leurs mentons bien relevés, ils avaient l’air de parfaits hommes d’armes.


Puis, ils atteignaient le Furoncle, et là le décor changeait du tout au tout. Les rues devenaient sales. Les immeubles se penchaient. Les jolies fleurs coloraient, elles étaient remplacées par du lierre et de la mousse sauvage. Les habitants avaient l’air malades, ou vieux, ou les deux. Des arbres poussaient à travers les fenêtres des squats les plus mal au point.
Et sur les toits, derrière des cheminées délabrées ou debout sur des tuiles manquantes, des silhouettes aux masques colorés zieutaient l’arrivée des intrus. Les protecteurs du Furoncle avaient été dépassés par René le Borgne.

Guido leva le poing, et son camarade tira sur l’attelage. En pleine rue, ils s’arrêtaient. Guido descendit à terre, marcha vers la troupe, et là, le chef de la bande de ribauds s’approcha pour venir le voir.

« Sommes-nous proches ?
– Oui, en effet, sergent Aymeric. »

Aymeric avait une tête abominable : il lui manquait le nez et la lèvre supérieure. Mais il était grand, et solidement armé.

« Vous a-t-on prévenu de ce que vous risquez d’affronter ?
– J’étais à Middenheim contre Archaon. Rien de ce qui se cache sous Brionne est à la hauteur de ce que j’ai vu là-bas. »

Guido donna un ordre à ses sbires :

« La maison n’est qu’à vingt minutes à pied ! Partez en éclaireur ! »

Il invita ensuite Solène et Éloi à s’approcher, tandis que deux de ses hommes partaient au pas de course.

« Nous nous attendons à ce que la maison qu’Olivier a fait rénover soit équipée pour résister à un siège. Ce sera probablement une affaire violente. Mais les hommes qui travaillent pour la dynastie Adelwijn ne sont peut-être pas tous au courant que leur maître est un sordide thaumaturge…
Je souhaite sauver Brionne avec le moins de pertes possibles. Le plan que je souhaite mettre en œuvre consiste à infiltrer une partie de mes hommes à l’intérieur du bâtiment, en tuant silencieusement les éventuelles sentinelles que nous verrons. Puis, une fois une voie dégagée, les ribauds se jetteront à l’intérieur en vidant le plus vite possible toute opposition.
C’est un plan qui sous-entend que nous allons tuer toute personne armée qui se trouve à l’intérieur, sans avoir à attendre de savoir s’ils sont amis ou ennemis. Mais étant donné que c’est vous deux les envoyés de Sébire, il me faut votre autorisation. »


C’était sa façon de dire les choses, avec un professionnalisme fort martial. Mais c’était un mensonge complet.
Guido souhaitait décharger sa responsabilité dans la future boucherie. Et il souhaitait que les deux Shalléens l’absolvent. Pourtant, était-ce la seule solution ? Éloi pouvait très bien demander à Guido de revoir son plan, d’essayer de neutraliser les hommes de la maison Adelwijn en en tuant le moins possible, ou bien en encerclant la maison et en négociant avec eux…

Dans tous les cas, c’étaient là les dernières préparations. Éloi et Solène devaient décider de s’ils allaient demeurer ensemble ou se séparer, et s’ils devaient prier pour l’âme des ribauds, c’était à présent à eux de distribuer les bénédictions.

« Non, pas du tout ».

+1 PdC d’Illuminas, Dieu de l’immobilisme et de l’impavidité, pour avoir répondu cash la chose la plus froide humainement possible à Solène.
Tu perds la compétence « Séduction », et gagne à la place la compétence « Grindset » (Affûtage mental, en Français), car tu es un véritable Shallya Male.


La tenue de docteur de la peste est ajoutée à ton inventaire, avec les effets associés.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

N’ayant pas relevé le vacillement interloqué du sourire de Solène, ni la discrète crispation de ses pommettes dissimulant une moue dépitée, ce n’est que lorsqu’elle fait vivement volte-face que je comprends l’avoir blessée. C’est donc après un instant de stupeur que, saisi par l’embarras, je bégaie maladroitement quelques mots confus, m’efforçant dans le même temps de me rappeler la réplique fautive.

« S… Solène ? Je… heu… Attends... Je ne pensais pas... »

En vain. Comme le silence retombe sur le jardin, je soupire longuement, de perplexité consternée. Qu’ai-je dit, ou omis de dire ? Qu’ai-je manqué ? Je reste un moment là, paupières closes, me massant pensivement le cuir chevelu, maugréant en mon for intérieur. Il y a quelques instants encore, nous parlions méthode de dissipation, incanto, et… Quelque chose dans ma réponse lui a déplu.

Nouveau soupir solitaire. Ce n’est sûrement pas si fâcheux, si ?

Me massant le front pour faire disparaître les sillons de mon souci, j’inspire profondément avant de me diriger à mon tour vers la bâtisse calcinée.



Je ne suis pas sitôt de retour dans la pièce en pleine effervescence que Guido me prend déjà à parti pour m’équiper, me faisant ôter ma robe de bure, puis enfiler avec son aide diverses protections de cuir. Obtempérant docilement, je me vois peu à peu sanglé de toutes parts, avec l’impression de me transformer peu à peu en épouvantail. Peu coutumier de ce type d’attirail, bien plus rigide et ajusté que mon ample habit d’ecclésiastique, je me sens lourd, pataud, et à l’étroit. A ce titre, c’est avec soulagement que j’entends Guido préciser qu’il n’est pas immédiatement nécessaire de fourrer mon visage dans l’inquiétant masque en bec. Finis les remords : j’appréhende pour l’heure bien davantage l’affrontement à venir. Nerveux, c’est du bout des lèvres que je prends à mon tour une lampée de l’eau-de-vie proposée, tandis que Guido prononce pour ses comparses une prière guerrière en vue de la bataille.



J’ai la gorge serrée pendant tout le trajet. Les scènes de la vie quotidienne de Brionne se multiplient sous nos yeux, et me font chaud au cœur, comme pour me rappeler que nos actions servent l’intérêt général. Pourtant, en mon for intérieur, une petite voix demeure, une idée, selon laquelle la violence à venir aurait pu être évitée. En démasquant Olivier plus vite, en l’éliminant promptement, ou même en négociant avec lui. De telles pensées s’apparentent toutefois davantage à des regrets qu’à des remords : s’il est shalléen de déplorer le recours à la violence, les plans du Seigneur des Mouches doivent néanmoins être défaits. Bien que les trognes patibulaires, couturées de cicatrices, des vétérans fournis par René le Borgne me mettent malgré tout mal à l’aise.

L’exposé du plan par Guido est ambitieux mais brutal, en ce qu’il compte sur l’élimination des sentinelles pour s’assurer l’avantage de la surprise, mais prévoit un assaut frontal dans tous les cas. Je suis donc étonné que Guido nous renvoie la balle à Solène et moi, pour cautionner le malheur à venir, et en préciser les clauses. De la part d’un soldat rompu à l’exécution des actions décrétées par la Révérende Mère, ma première réaction est de trouver cela pour le moins curieux. Adressant un regard circonspect au sergent, je revois toutefois rapidement mon jugement, me souvenant du rite de bataille célébré un peu plus tôt. Peut-être Guido ne pose-t-il cette question que par piété shalléenne, et par souci très louable d’agir avec la bénédiction du clergé. A la réflexion, c’est certainement cela. Un regard de biais au faciès neutre du sergent Aymeric me laisse penser que ces scrupules ne sont pas nécessairement partagés. Peut-être est-ce aussi façon de remettre visiblement l’opération sous le mandat shalléen.

Quoi qu’il en soit, Solène me laissant rétorquer, je prends donc la parole, transformant ma réponse en allocution destinée non seulement à Guido, mais aussi aux autres soldats de la troupe qui pourraient éventuellement nourrir le même type de réserves :

« La Colombe abhorre la violence, c’est vrai ; mais ses préceptes nous imposent de lutter de toutes nos forces contre les Seigneur des Mouches, et contre ses séides, qui répandent sa contagion dans tout Brionne.

Le peuple de Brionne doit être défendu contre ces exactions. C’est l’objet de cette opération. Ne retenez donc pas vos lames, car vous défendez votre prochain. »


Ménageant un court silence, j’observe du coin de l’œil que plusieurs soldats semblent en effet prêter l’oreille à notre conversation, en plus des seuls Guido et Aymeric. J’adresse d’abord, en aparté, une précision pour les seules oreilles des deux sergents :

« Si Olivier Adelwijn ou l’un de ses seconds peut être pris vivant, cela arrangerait la gestion des retombées de cette affaire. »

Avant de me tourner vers l’ensemble de la troupe, soldats de Guido comme mercenaires du Roi des Ribauds :

« La présente opération est autorisée par la Révérende Mère. Son Éminence prononcera l’absolution des participants sitôt le danger écarté.

Ma sœur et moi allons procéder à la bénédiction des combattants. »
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Et comme ça, avec une simple parole, Éloi venait de condamner des dizaines d’âmes à la mort. Cela n’émut personne autour de lui ; Guido l’avait demandé, le ribaud Aymeric devait être habitué à verser du sang, quant à Solène, elle devait avoir l’habitude. Le commandement de lutter contre le Seigneur des Mouches était donc plus important que celui d’épargner toutes les âmes, même les plus malfaisantes.

Du moins, c’est ce qu’Éloi pensait.

Était-ce la réalité ?


Aymeric se tourna vers ses hommes, et ordonna qu’ils se séparent en deux groupes. Alors, dix d’un côté, dix de l’autre, ils firent le tour devant Solène et Éloi qui s’écartèrent.

Un à un, les ribauds vinrent devant le prêtre pour s’agenouiller, retirer son casque, et avoir le front touché. Tous reçurent une courte parole en classique, et un vœu de protection, avant de se lever en se signant. Aucun des truands ne pipa mot — ce n’était pas l’incroyance envers la Colombe qui motivait leurs mauvaises vies.
Tant de visages, qu’Éloi touchait. Ils avaient l’air de raconter des vies. Il y avait un jeune garçon à grosse tignasse, et déjà borgne. Une femme aux lèvres fendillées et aux dents de devant manquantes. Un homme d’un certain âge, les cheveux gris, qui portait une médaille sur son poitrail. Tous avaient en commun d’être les sbires de René ; et surtout, d’être parmi les pires criminels de la cité. Combien avaient déjà tué ? Pour être là, peut-être la plupart. Et pas toujours pour de très bonnes raisons.

Éloi se sentit défaillir. Il avait mal au cœur, alors qu’il enchaînait les prières. S’il maintenait sa posture, et qu’il termina son œuvre, dès que le dernier ribaud fut béni, il eut très envie de s’allonger.

Guido siffla, et tout le monde commença à partir en laissant là la charrette et le cheval d’attelage. Éloi se prépara à avancer, lorsqu’il sentit, sous son gant droit, une immense douleur à un doigt.
Il retira le cuir, pour s’ausculter, et comprendre pourquoi si soudainement, une intense chaleur pulsatile gangrenait sa poigne.

L’ongle de son pouce était noir. Complètement noir. Pourri, nécrosé même. La peur s’empara d’Éloi tout entier, alors qu’une voix se mettait à siffler dans ses oreilles.


« Ne t’ai-je pas dis que j’avais déjà gagné, frère oblat ?
Viens à moi. Avec toutes tes armes et tous tes sergents. Je vais me gaver d’eux. Prendre leurs âmes et leurs corps. Je vais le faire à la salope qui t’accompagne. Et ensuite, je le ferai au village où tu es né.
Ce sera ta punition, pour avoir été incapable de respecter un marché. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Avoue-le. »


Jet de MAG de Solène : 2, réussite

Jet de MAG d’Éloi : 20, échec critique.

Roll sur la table des fiascos divins secrète de Snorri : 9, déviation mineure. Jet sur la table des fiascos magiques.

10 : Ongle putréfié. Noice.


Jet de MAG de ??? : Caché.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Pris d’une nausée croissante à mesure que s’enchaînent les bénédictions, je chancelle, peinant à finir mon œuvre. Je manque même de défaillir au sifflement de Guido, alors que le dernier ribaud se détourne de moi après avoir reçu sa bénédiction. Au beau milieu du mouvement amorcé par la troupe s’apprêtant à poursuivre sa progression, je reste quant à moi immobile, pris de vertige, prenant appui sur le rebord de la charrette. J’ai chaud sous mon attirail en cuir. Le temps autour de moi semble se ralentir, et un lourd battement martèle mes tempes.

Vient d’abord le picotement, fugace, au bout de mes doigts. Puis la démangeaison, vivace, rampant sous ma peau. Et bientôt, la douleur, pulsatile, irradiant depuis l’extrémité de mon pouce droit. Passé un instant de stupeur incrédule, ravivé par les élancements, je m’efforce bien maladroitement d’ôter mon gant. Tremblant, ce n’est qu’avec difficulté que je parviens à retirer ma main du cuir bien ajusté. Baissant le regard sur ma main, fébrile, je parcours alors du regard la peau nue, remontant jusqu’à l’origine du mal lancinant, avant de me figer d’effroi. L’ongle de mon pouce, encore indemne tout à l’heure, est désormais noirâtre, nécrosé, rongé de la racine à l’extrémité par quelque fulgurante dégénérescence. Une vive douleur émane sans discontinuer de l’ongle flétri, lardant le membre entier d’une ardente souffrance. Et une voix familière, sifflante, goguenarde, m’assaille de provocations.

« Ne t’ai-je pas dit que j’avais déjà gagné, frère oblat ? »

Reconnaissant la voix rauque de l’homme-charogne, je me fige un instant, mortifié, m’efforçant de m’éveiller de cette hallucination. Un déferlement de souvenirs issus de mon mauvais rêve me revient à l’esprit, me remémorant l’ignoble personnage, sa peau nécrosée, son œil déluré. Une peur viscérale me saisit : suis-je en train de rêver, ou le sinistre démon de mes pires songes est-il vraiment dans ma tête ? Comme ses menaces se succèdent, dirigées contre mes proches, leur promettant un destin des plus funestes, je sursaute d’indignation. La mâchoire serrée de ressentiment mêlé de souffrance, le regard toujours baissé sur mon ongle meurtri, je suis pris d’une intuition. Joignant les mains autour commence à prier Shallya de m’assister en cette épreuve, et de soulager mon esprit de la douleur.

Oculi mei languerunt prae inopia clamavi ;
Ad te Shallya tota die expandi ad te manus meas.

Las ! Un rire sifflant retentit à mes oreilles, et, dans le silence de la Colombe, la voix grouillante, grésillante de l’homme-charogne redouble de moqueries à mon endroit.

« Mais qu’est-ce que tu essaies de faire ? »

Souffrance, peur, honte, colère : mon cœur chavire sur un océan houleux d’émotions confuses. Haletant, le cœur battant à tout rompre sous le coup de l’adrénaline, je glisse le gant retiré entre mes dents, appréhendant terriblement le geste que je m’apprête à faire afin que cesse ce cauchemar. Enserrant le pouce à l’ongle nécrosé dans mon autre main encore gantée, j’inspire profondément, rassemblant tout mon courage avant d’exercer une pression croissante sur la base de la corne flétrie, m’efforçant de m’en séparer, d’éloigner la racine de la souffrance devenue intolérable.

Le geste enfin accompli, je rince rapidement la plaie sous un filet d’eau issu de ma gourde, avant de ganter à nouveau ma main meurtrie. La douleur est toujours là, cruelle, suffocante, mais la voix s’est tue.

La mâchoire serrée, refusant de jeter un regard en arrière vers l’ongle tombé au sol, je m’efforce ensuite de rejoindre la queue du peloton de la troupe.

Une amertume mordante a remplacé les remords que j'éprouvais encore il y a quelques instants. En mon for intérieur gronde désormais l’orage sourd d’une colère vindicative à l’encontre de l’homme-charogne, d’Olivier Adelwijn ainsi que de ses séides.


Tentative de lancement de Détresse retardée : 15, échec.
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le refus d’Éloi de répondre provoqua un autre esclaffement de rire. En voilà un rire étrange — sympathique, quasi-atavique, on aurait dit le rire d’un grand-père devant une bêtise de son petit-fils.

« Viens à moi, alors ! Rien de ce que tu n’as jamais vécu ne peut te préparer à ce que je te réserve !
Tu seras choqué, et dégoûté, et ensuite ? Ensuite tu seras curieux. »





Retrouvant la queue du peloton, l’absence d’Éloi n’avait pas suscité beaucoup de questions. Solène était en train de trier des affaires. Elle se retourna, et offrit à son frère oblat une sacoche.

« On va devoir sauver beaucoup de vies aujourd’hui, Éloi. Autant que l’on peut. »

À l’intérieur, il y avait des bandages et quelques cataplasmes, pour soigner des hémorragies en urgence, et quelques remèdes de soldat — pas l’idéal pour soigner quelqu’un, mais suffisant pour sauver des guerriers.



Un ribaud indiqua ensuite au frère de se rabattre et de se coller derrière lui en bougeant le plat de sa main. Les hommes de Guido s’éloignèrent rapidement au pas de course de leur côté, se relayant pour passer un muret, tandis que les sbires de René se séparèrent en deux groupes qui formèrent chacun une file indienne. L’une partait avec Solène, tandis qu’Éloi était invité à rester où il se trouvait.
Un arbalétrier claqua des lèvres, et donna ses instructions au prêtre :

« Reste bien derrière moi, quoi qu’il arrive. Si tu ne te sens pas à l’aise, agrippe mon épaule, et assure-toi que ton bras soit toujours tendu — t’auras le bon rythme et tu sauras instinctivement où te placer.
Je serai toujours en queue de peloton donc je pourrai te protéger. »

Il tira sur la corde de son arme, et glissa un carreau dessus.

« Au fait, mon nom c’est Raoul. »

Il avait une jolie diction, et il formait des phrases bien ponctuées — bien calme, le ton doux, ça n’allait pas avec sa tête de pur truand ; il était parcouru de cicatrices, et son cou ainsi que ses poignets étaient marqués par des tatouages, qui devaient recouvrir tout son corps sous ses vêtements.

Aymeric, en tête de peloton, se fit entendre :

« À partir de maintenant, je veux le silence complet ! »

Et plus personne ne pipa un seul mot, tandis qu’ils se déplacèrent un à un.


D’abord, ils remontèrent la rue. Puis, ils tournaient près d’une maison où des gens fermaient en urgence leurs volets, inquiets qu’ils devaient être de voir débarquer des hommes armés. Le groupe s’arrêta devant une grille ; un ribaud dépassa Aymeric et fit sauter le cadenas de la chaîne la retenant au pied de biche, avant de mettre un coup de pied dedans. Ainsi, ils purent descendre un petit escalier qui menait à un ponton de bois, et à partir de là, s’asseoir dessus, et tomber en contrebas dans un tas de gadoue ; ils remontaient un fossé d’évacuation, et durent tous baisser la tête pour glisser sous un pont. Au-dessus d’eux, au niveau de la rue, on entendit des sifflets et des semelles qui claquaient le pavé. Tout le quartier devait être en train de courir se cacher.

Sur les toits, les bateleurs de Ranald continuaient de sauter de cheminée en cheminée, pour observer les intrus. Si les ribauds avaient un commentaire à faire, ils décidèrent de s’abstenir…


Enfin, après dix minutes à naviguer au milieu du fossé, ils purent tous se coller à son extrémité, et en levant la tête, découvrir la grande maison qui devait être leur objectif.

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La maison faisait étonnamment neuve. Belle pierre, toit en tuile, fenêtres Brionnaises ; elle aurait eu sa place dans n’importe quel autre quartier, même de la haute-ville. Une jolie demeure bourgeoise. C’était tout ce qu’il y avait autour qui rappelait qu’on était dans la Gâtine — l’humidité, le jardin complètement abandonné, un grillage défoncé, des charrettes à bras cabossées laissées devant…

Devant les grandes portes, deux hommes en imperméables étaient en train de fumer la pipe, tandis qu’un autre faisait le tour du jardin. Aucun ne paraissait armé.

Et alors, les ribauds purent attendre. Et attendre. Et attendre. Juste en observant les hommes qui faisaient le tour.
Qu’est-ce que Adelwijn faisait là-dedans ? En regardant les charrettes depuis le fossé où il était caché, Éloi pouvait voir des tas de pierres, de la paille, du matériau de construction. Il était bien en train de se construire une grande maison ici, et ça ne devait pas être pour gentrifier le coin.



Finalement, au bout de quinze minutes, il y eut enfin quelque chose ; Une sorte d’énorme sifflement, mécanique, suffit par une des fenêtres au premier étage de la bâtisse qui explosa dans un éclat de verre. Les gardes de la maison se retournèrent en bondissant.
Alors, dans le fossé, Aymeric se leva tout droit, et cria un seul ordre :

« En avant ! »

Alors tous les ribauds se décollèrent de la gadoue et sautèrent par-dessus à toute vitesse. Seul Raoul fut plus lent que les autres, pour permettre à Éloi de le suivre.
La dizaine accourut à toute vitesse vers le grillage, pour pénétrer dans le jardin autour de la bâtisse.
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Le trio de gardes vit les hommes armés débarquer. Aymeric poussa un hurlement fort une corne de brume, pour bien se faire entendre.

« AU NOM DU DUC ! VENTRE À TERRE ! »

L’un des gardes attrapa quelque chose de derrière son pantalon, tout en beuglant lui aussi comme une bête :

« ON EST ATTAQUÉS ! RENFORTS, RENFORTS ! »

Il avait maintenant dans son poing un drôle d’objet. Une sorte de petit tuyau de bronze. Il appuya fort sur une manivelle en dessous, et alors, il y eut une détonation, forte comme le tonnerre. Un des ribauds tomba, comme foudroyé sur place.
Les arbalétriers s’écrasèrent contre les briques marquant l’entrée du manoir, et décochèrent tous leurs armes. Hélas, aucun trait ne toucha aucun des gardes, et ce furent à Aymeric et ses sbires de s’occuper des ennemis en mêlée. Quelques vifs coups de lames et des hurlements plus tard, et deux personnes rejoignaient Mórr.

« Vincent, couvre la gauche ! Les autres avec moi !
Éloi, sauve notre homme ! »


Les ribauds foncèrent vers le bâtiment, où une porte était ouverte — l’un des gardes avait fui à l’intérieur.
Le jeune oblat sprinta pour s’agenouiller devant le ribaud qui avait été foudroyé. Il avait une étrange blessure — son bras droit était grand ouvert, alors que le tuyau explosif du garde avait laissé une sorte de grosse bille au plus profond de la chair. C’était une arme à feu, un de ces nouveaux engins de mort qui commençaient à se répandre dans le monde. Les mains tremblantes par la peur et l’adrénaline, Éloi fit un très mauvais bandage, et décida de l’arracher pour recommencer à zéro. Il serra bien avec un bon garrot, pour arrêter le saignement, comme on lui avait appris à faire à Orléac en cas d’accidents de pêcheurs ou d’ouvriers. Enfin, il laissa le pauvre ribaud là : le guerrier souffrait, râlait de douleur, mais au moins, sa vie était sauve.


Les arbalétriers avaient tous rechargé leurs armes sur les marches du manoir. Ils s’avançaient d’une drôle de façon, en couvrant chacun un espace différent. Aymeric et deux autres personnes, eux, s’équipaient d’armes de poing, et se collaient aux portes. L’un d’eux avait un immense pavois, peint aux couleurs du duc de Brionne.
À l’intérieur, on entendait les cris étouffés par la distance d’un homme :

« Ils sont là ! Ils sont là !!!
Couvrez toutes les portes ! Tuez ces putains de chiens !!! »


Aymeric fit un signe à Vincent et son ribaud restés dans le jardin. Alors, les deux hommes se levèrent, s’approchèrent du mur du manoir, et détachèrent de leurs ceintures des petits pots de céramique. Ils allumèrent une mèche comme celle d’une bougie à l’aide d’un briquet, et firent un adroit lancé ; il y eut, profondément à l’intérieur, deux explosions qui détruisirent d’autres vitres, et fit trembler le sol.

« EN AVANT, EN AVANT ! »

Un des ribauds défonça une porte avec sa botte. Celui avec le pavois fonça à l’intérieur, vite suivi par une foule de soldats qui entrèrent en file indienne, avant de se répandre dans tous les sens.
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Il y avait tellement de portes, d’allées, et d’escaliers à couvrir en même temps. Un groupe de cinq gardes Adelwijn débarquèrent d’une pièce adjacente : ils titubaient, se couvraient les yeux, l’un s’écrasait à terre, alors qu’on les braquait avec des arbalètes.

« À TERRE ! LÂCHEZ VOS ARMES, PUTAIN ! »

Un seul obtempéra, levant ses mains et s’écrasant au sol. Mais les quatre autres, quand bien même ils étaient sonnés, se mirent à foncer tête baissée, comme s’ils étaient pris d’une frénésie. Quelques carreaux d’arbalètes forcèrent deux d’entre eux à tomber à terre, mais il y eut ensuite des coups en mêlée, du sang qui se répandit, des frappes un peu partout. Il y eut des morts parmi les hommes d’Olivier, tandis que ceux encore vivants étaient écrasés au sol de force, alors qu’on leur passait des menottes ou des liens en chanvres autour de leurs poignets pour s’assurer qu’ils seraient neutralisés.

Les ribauds venaient juste de passer la porte d’entrée, et pourtant, ils grimaçaient déjà de douleur. Leurs blessures n’étaient pas encore très graves, mais Éloi s’approcha et les soulagea rapidement par quelques prières, ne serait-ce que pour qu’ils puissent garder leur sang-froid.

« Merci, mon frère.
On se dépêche ! On nettoie le rez-de-chaussée ! Arbalétriers, gardez l’escalier ! »


Ils rechargèrent à nouveau leurs armes, tandis que Vincent, Aymeric et les autres disparaissaient à gauche. Il y eut d’autres explosions, des détonations, des cris. On entendait des portes s’ouvrir et se claquer. Un hurlement de femme. Une porte à droite s’ouvrit, faisant sursauter Raoul, mais il baissa vite son arme en voyant que c’était le reste des ribauds — ceux que Solène avait accompagnés.

Aymeric réapparut, et échangea avec une femme guerrière qui semblait être son lieutenant.

« Rez-de-chaussée nettoyé ! Comment ça va de ton côté ?
– Un mort, deux hors de combat.
– Un homme à terre. Putain, ils se battent comme des fous furieux ! T’as vu Guido ?
– Ça canarde à l’étage.
– Je vais le rejoindre, toi cherche le sous-sol !
– Clair. »

Ils disparaissaient à nouveau, tandis qu’Aymeric fit des signes de main à ses hommes, pour donner des ordres silencieux. Alors, ils se scindèrent en plusieurs, pour monter les deux escaliers en même temps dans une synchronisation qui rappelait celle des danseurs. Éloi ne comprenait pas grand-chose à leur façon de se déplacer, même s’il comprenait le but. Pour ne pas gêner, il se contenta de bien coller au dos de Raoul, qui braquait son arbalète au-dessus de lui.


On entendait à nouveau des cris étouffés par les murs et les portes, et on sentait que des gens courraient dans tous les sens. Devant une porte où était Éloi les ribauds s’arrangèrent autour. L’un d’eux appuya sur la poignée pour l’entrouvrir. Il attrapa un pot en céramique, l’alluma, et la lança à l’intérieur. Grosse explosion. Le pavois fonça dedans alors qu’on criait à nouveau les mêmes ordres :

« À TERRE, AU NOM DU DUC ! »

Coups, cris, insultes aboyées. Puis les ribauds ressortirent, hagards et grimaçant.

Éloi dût à nouveau panser la plaie, cette fois-ci du porteur de pavois qui avait eut une grosse éraflure au niveau du poignet, saignant pas mal. L’oblat appliqua rapidement un cataplasme, avant de serrer fort le bandage.

En passant devant la pièce qui venait d’être sécurisée, Éloi découvrit une chambre avec plusieurs lits superposés. Des gardes appréhendés étaient par terre, enchaînés. Mais ceux-là ne ressemblaient pas à des mercenaires — c’étaient des hommes et des femmes aussi, en haillons, maigrelets. On aurait dit une sorte de squat. Éloi comptait dix paillasses de gens qui vivaient dans cette petite pièce ; sur les murs, ils avaient fait des dessins à la peinture, qui ressemblaient à ceux qu’il avait vu sur le papier de Solène il y a si longtemps maintenant. Des cercles par trois, emmêlés les uns aux autres. Et quelques mots en Bretonni, mal écrits : « J’été perdu et j’é été retrouvé », « Je ne souffrera plus », « Papy nous aime »

« Docteur, on a pas fini ! »

Les ribauds d’en face avaient fini de nettoyer leur côté. Alors, ils continuèrent tous de progresser de la même façon ; porte entrouverte, jet de grenade, entrée rapides, ordres aboyés. Mais cette fois-ci, il n’y avait plus d’opposition. Ils passèrent devant des pièces vides, où ils trouvaient des choses de plus en plus inquiétantes. Les ribauds avaient tous des têtes livides, et murmuraient quelques commentaires inquiets.
Ils passaient devant des signes dessinés aux murs. Ils se couvraient le visage, à cause d’une odeur ignoble qu’Éloi ne pouvait pas sentir grâce à son grand masque. C’est l’oblat qui se chargea plutôt d’entrer dans les pièces qu’ils quittaient au pas de course. Alors, le jeune prêtre découvrait des paillasses où il y avait parfois un cadavre laissé là depuis longtemps, des corps en pleine décomposition, des choses au sol : des tas de vêtements, des chaussures. Quelques jouets d’enfants.
Certains des cadavres ressemblaient à des êtres humains différents. L’un avait trois bras. Un autre avait un visage qui lui poussait au milieu du torse. Une femme avait plusieurs yeux qui poussaient sur sa joue.


Ainsi, ils nettoyèrent pièce par pièce. Parfois, les ribauds tombaient sur un quelqu’un qui s’enfuyait en courant. L’un d’eux refusant d’obtempérer fut criblé de carreaux d’arbalètes, et sans émotion, les militaires continuaient leur chemin. Une jeune femme émaciée, avec des cornes sur sa tête, se jeta à terre quand on lui vociférait dessus de le faire : elle se mit à pleurer alors qu’on lui écrasait le dos avec un genou, et qu’on la menottait.

Le bâtiment était rempli de mutants. Comme le petit bébé qu’Éloi avait abandonné au milieu d’une forêt, sauf qu’ici, ils étaient adultes, et ils s’étaient réfugiés là.


Enfin, ils tombèrent sur Guido. Les ribauds faillirent tuer les hommes de la révérende-mère, qui heureusement levèrent leurs mains avant d’être pris pour cibles. Le grand mercenaire, un masque de hibou en cuir sur le visage, s’approcha d’Aymeric et lui parla avec une voix réduite par le masque :

« Vous avez libéré le reste de la maison ?
– Rez-de-chaussée, oui.
– Il reste juste la grande pièce principale ici, on va s’en occuper. Redescendez. »

Le ribaud obtempéra. Alors qu’Éloi allait les suivre, il lui fit signe de venir plutôt avec lui.

« Mieux vaut que les ribauds ne demeurent pas trop longtemps ici. Ils pourraient tomber malades à cause des miasmes.
On a vu… Pas mal de chose sur le chemin, mais toujours aucune trace d’Olivier. On ira au sous-sol, dès qu’on aura libéré la pièce la plus importante ici. »


Contrairement aux ribauds, Guido ne semblait pas avoir subit de pertes. Tous ses hommes étaient bien présents ici, et intacts. Ils étaient en train de couvrir la grande pièce du milieu.


De derrière la porte, Éloi ressentait… Du mal. C’était difficile à qualifier autrement : une sorte de grosse présence ignoble, comme celle qu’il avait pu ressentir en présence d’Olivier. Par sécurité, il écouta les instructions de Solène, ferma les yeux, et commença à chanter. En se concentrant fort, il pouvait sentir qu’il était capable, il ne savait trop comment, de contenir les particules ignobles qui se tapissaient derrière, comme s’il soufflait sur une boisson trop chaude.

Guido attendit quelques instants. Il comprenait parfaitement ce qu’Éloi était en train de faire. Et il devait sentir que l’oblat était plus à l’aise, car il donna des ordres à ses hommes.

Bottes claquées. Tous les guerriers habillés comme des oiseaux de proie rentrent dedans. Sommations, plus claires mais tout aussi fortes que celles d’Aymeric. Carreaux décochés, cris de gens. Puis plus rien.

Il y eut un gros bruit, et Éloi ne sentit plus la mauvaise magie.

« Oblat, venez ici ! »


Éloi entra dans la pièce. Une sorte de grand salon, de pièce de vie.

Il était rempli à craquer.

Il y avait une table pour manger, des chaises, une bibliothèque. Des miroirs et des coffrets. Et des lits, tellement de lits : des paillasses au sol, des matelas jetés un peu partout, même un sommier superposé. Par terre, quelques morts, quelques personnes à genoux ou au sol, mains levées ou sur la tête.
Et des personnes qui hurlaient.

Personnes, parce qu’on aurait dit un mélange de tas d'individus qui semblaient à peine humains. Des mutants. De grands malades. Des alités. Il y avait là une personne au ventre énorme comme un obèse, mais au visage creux comme un sous-alimenté. Et surtout, il y avait des enfants.

Une petite fille avec des sabots hurlait strident, les yeux rouges, des torrents de larmes qui dégoulinaient de ses joues. Elle tentait de ramper vers un homme raide mort à terre, un carreau d’arbalète dans le poitrail, une épée à sa main. L’un des hommes de Guido l’éloigna en la menaçant avec une dague, mais la petite fille voulait se réfugier auprès du cadavre.

Sur les murs, d’autres symboles. D’autres phrases, écrites frénétiquement. Mais pas qu’avec de la peinture : aussi avec du sang. Et de la merde.
Il y avait des mouches qui volaient partout, et des asticots qui rampaient sur le sol. Des cafards qui grimpaient aux murs.

L’oblat pouvait voir la source de la magie ignoble qu’il avait repoussée : Brisé au sol par l’un des mercenaires, il y avait une sorte de calice doré, une œuvre d’art qui aurait eu sa place à l’intérieur d’un Temple, mais où il découvrait des runes inquiétantes, dans une langue qu’il n’avait jamais vu de toute sa vie — ni dans les ouvrages classiques, ni même dans les vieux artefacts des chapelles du Graal.

On avait fait quelque chose, ici. Quelque chose d’horrible. On devait tenir des cérémonies, des rituels. Bizarrement, l’agencement des lieux faisait penser à un hôpital, une salle de triage, même s’il y avait un coin pour manger, un coin pour que les enfants jouent, des rideaux et des draps tirés dans tous les sens pour délimiter des escapes. Certaines des personnes ici se tenaient dans leurs bras, alors qu’ils pleuraient, ou regardaient d’un air terrorisé les hommes armés qui les tenaient en joue.

« Qu’est-ce qu’on va faire de tous ces gens… ? » souffla l’un des mercenaires.
« J’en… J’en sais rien. Bordel. J’ai jamais vu autant de mutants dans un seul endroit.
Éloi, qu’est-ce qu’on fait ? On a tué quelques séides, mais il est clair que ni Olivier, ni les chefs ne sont là. Peut-être au sous-sol. Il faut qu’on bouge vite, mais il faut qu’on s’occupe d’eux. »

Solène te distribue des kits de soin : Tu obtiens des Bandages (x12) et potions de soin (x4).


Il y a trois groupes principaux qui vont attaquer le manoir :

— Guido et ses hommes de main vont s’infiltrer en douce.
— 10 ribauds + Solène vont faire le tour pour attaquer la demeure de derrière.
— Aymeric, 9 ribauds + Éloi vont passer par la grande porte.

Jets cachés pour tous ceux qui sont pas avec Éloi, évidemment.


Le groupe d’Aymeric attend 10 tours devant au début de l’opération.


Explosion → alerte, Aymeric charge.

Les 10 ribauds vont être divisés en trois : Aymeric + 2 ribauds (Mêlée) ; 3 ribauds (Mêlée) ; 4 ribauds + Éloi (Distance)

En face se trouve, pour l’heure, un seul groupe de 3 gardes.

Pour éviter de faire des tas de jets individuels, je ne fais que des jets de groupes. Seuls Éloi et Aymeric peuvent agir individuellement.


Jets d’initiative des ribauds pour parvenir en position le plus vite possible :
Mêlée 1 : 10
Mêlée 2 : 15
Distance : 2

Jet d’initiative des gardes : 3

Les arbalétriers sont terriblement rapides et parviennent à se coller au muret et tirer une seconde avant les gardes !

Tir des arbalétriers : 15, échec

Malheureusement, ça ne fonctionnera pas.

Tir des gardes : 8
→ Un ribaud est touché et blessé gravement.

Un garde quitte le groupe pour chercher de l’aide.

Mêlée : Les gardes sont fortement en sous-nombre.

Jet d’ATT opposés :
Mêlée 1 (+5) : 17
Mêlée 2 (+5) : 4
VS
Gardes : 20, échec critique

Les deux gardes sont tués sur place, aucun survivant.

Mêlée 2 se déplace vers la gauche du jardin. Les autres se dirigent vers la maison.

Éloi sauve la vie du ribaud blessé en lui faisant un bandage : 15, échec
Il retente un nouveau bandage : 6, ça passe.
+1 PdC de Shallya.



Nouveau plan : intervention tactique à l’intérieur de la maison.

Mêlée 2 : Lancer de grenades.
Jet : 1, réussite critique.


Mêlée 1 entre en force. Distance suit juste derrière, tout le monde se déploie pour couvrir tous les angles.
Jets d’INI :
Mêlée 1 : 11
Distance : 15

Jet de commandement d’Aymeric (+4) : 20, échec critique.

Jet d’INI du groupe adversaire (-4 : Sonnés par les grenades) : 18

Arbalétriers tirent :
Jet (+4) : 12

Mêlée vs Mêlée :
Ribauds (+4) : 8
Grades (-4) : 3

Égalité. Les ribauds vont finir par l’emporter, mais ils sont légèrement blessés.

Éloi les buff avec 2 « détresse retardée » : 4 et 2, deux réussites, ils sont opérationnels pour continuer le combat.
+2 PdC de Shallya.


Nettoyage de pièce.
Lancer de grenade : 17, peu efficace.

Bravade : 11

Mêlée comparée :
Ribauds (+2) : 19
Gardes (-2) : 18

Victoire légère des ribauds, qui nettoient à nouveau la pièce avec des blessés.

Éloi soigne l’un d’entre eux qui a une blessure apparente : 9, échec mais de 1 seulement donc c’est convenable. Un bandage de moins.


Sens de la magie d’Éloi : 7, réussite.
Éloi commence son chant de dissipation : 7
VS
Relique adverse : 13

→ Dissipation réussie, la relique ne peut pas faire de mal.

Guido et ses sbires se jettent à l’intérieur.

Distance : 12

Mêlée :
Guido et Cie (+2) : 10
VS
Mutants (-2) : 10

Réussite de Guido et compagnie. Sécurisation de la pièce contre des blessures légères.

Jet de VOL d’Éloi : 1, réussite critique.

On va pas se mentir : C’est la chose la plus ignoble et la plus choquante que tu n’aies jamais vue. Tu ne comprends pas ce que tu vois, quel est le sens de tout ça, mais tu sais qu’on a fait des choses horribles à ces gens.
Et pourtant, tu ne te mets pas à t’enfuir de peur, ou de trembler. Tu te mets juste à être rempli d’une colère maîtrisée. Tu sais que tu dois arrêter les Nurglites, mais ils ne te feront pas perdre les pédales. Tu es parfaitement maître de toi-même.



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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Prestement scindés en groupes d’opération distincts, nous cheminons donc séparément jusqu’à notre destination. Nous laissons successivement partir devant nous le groupe de Guido, tandis que notre propre contingent se divise à son tour en deux sections, prenant position en file indienne le long des murs que nous rasons de prêt. Je me retrouve quant à moi en queue de peloton, glissant avec application mes pas dans le sillage du prévenant Raoul. Et, comme je peine déjà à ne pas me laisser distancer, je jette fréquemment un coup d’œil par-dessus mon épaule. Les volets claquent à notre approche, comme une brise d’inquiétude se propage d’une ouverture à l’autre. A la faveur d’une courte halte, je perçois du coin de l’œil un mouvement en hauteur, distinguant l’espace d’un fugace instant une silhouette au masque coloré, surgie du toit juste au-dessus de nous, avant qu’elle ne se fonde derrière la dépassée de toiture.

La sensation d’être observé ne fait que s’accentuer comme nous descendons une volée de marches le long d’un mur particulièrement penché, jusque dans un fossé boueux que nous entreprenons de remonter, toujours épiés depuis les toits. Ce n’est qu’à l’approche de notre destination que l’effervescence alentours cesse progressivement, comme nous quittons le territoire des fidèles du Chat et distinguons, plus loin, les grilles du domaine acquis par les Adelwijn. Derrière les austères grilles de fer du portail se profile une grande bâtisse aux allures de manoir, dont les fières façades de pierre et de verre auraient pu s’intégrer à merveille même au sein des plus beaux quartiers de Brionne. L’acquisition par Olivier Adelwijn de ce domaine au fin fond de la Gâtine, pour servir d’écrin marécageux à ce bel édifice, me fait m’interroger : le régisseur de Brionne a déjà tous les palaces qu’il peut souhaiter – que fomente-t-il ici qu’il ne pourrait pas dissimuler autre part ?

C’est long, un quart d’heure d’inaction, quand on bouillonne d’appréhension. Comme nous attendons, tapis depuis notre point d’observation, je me penche un instant sur mon pouce meurtri, dont les vifs élancements ne cessent de se rappeler à moi. La chair a l’air propre, sans trace de propagation du mal, mais cet heureux constat ne diminue en rien la douleur. Replaçant ma main dans le gant, j’entreprends aussi d’enfiler le curieux masque à forme de bec d’oiseau que m’a remis Guido, ajustant maladroitement l’étrange équipement afin de garder les yeux en face des trous verrés. Ainsi, la vision étrécie, le nez dans les épices, je prends mon mal en patience, assis dans mon fossé.

Et puis, à un moment donné, un coup de coude de Raoul me tire de l’expectative. Un sifflement retentit au loin, puis une explosion souffle l’une des fenêtres du premier étage, projetant en l'air fragments de verre et esquilles de boiseries. Un envol de corneilles quitte précipitamment le toit de la bâtisse. Déjà, les ribauds autour de moi quittent prestement leur cachette pour se précipiter à l’assaut du portail, chargeant les trois gardes. La brièveté de l’échauffourée n’ôte rien à sa violence : une détonation et quelques vifs coups d’épée plus tard, deux gardes sont terrassés, mais au prix d’un homme à terre. Comme les soldats de René le Borgne poursuivent le fuyard en direction du manoir, je m’agenouille au chevet du ribaud foudroyé en pleine course. Une plaie béante grève son bras sanguinolent, là où une bille de plomb s’est frayé un chemin brutal à travers les chairs. Distrait par la simple idée de la violence du tir, je fais un bandage trop lâche pour être d’une quelconque utilité ; ce n’est qu’au deuxième essai que, par un pansement plus serré, je pense avoir stabilisé l’état du combattant. Ne pouvant guère faire davantage avec l’équipement dont je dispose, je jette un œil de droite et de gauche, m’assurant que le domaine est désert aux alentours, avant de trotter vers la porte du bâtiment demeurée entrouverte, et devant laquelle s’affaire le groupe mené par Aymeric. Deux explosions rapprochées retentissent à l’intérieur, et le porteur de pavois nous ouvre la voie, comme nous nous ruons à l’intérieur à sa suite.

La composition monumentale du vaste hall d’entrée, avec deux escaliers de part et d’autre, et plusieurs issues vers d’autres pièces, le rend difficile à investir. Un combat éclate avec un petit groupe de défenseurs surpris, tandis que, désorienté, reprenant péniblement mon souffle, j’embrasse la pièce du regard à travers les fentes verrées de mon masque, notant incidemment la présence d’une horloge murale sur le mur d’en face. Reprenant conscience de l’affrontement, je tâche de demeurer proche de Raoul, peinant à saisir tous les détails de l’action en cours, décidément mal à l’aise avec le port de mon masque. Tandis que le calme revient sur le hall neutralisé, j’appelle la miséricorde de la Colombe sur deux ribauds pour les soulager du tracas de leurs blessures légères, à défaut de disposer du temps de les panser. Et, sans plus attendre, nous nous dirigeons vers l’étage pour y rejoindre Guido, Aymeric chargeant l’autre groupe de ribauds d’investiguer le sous-sol. Comme nous approchons des escaliers, mon pied butte sur quelque chose ou quelqu’un, au sol, que je contourne sans baisser le regard, piqué d’une pointe de coupable soulagement que mon champ de vision soit réduit par le masque.

Les vétérans d’Aymeric font à nouveau usage d’explosifs à l’étage, poursuivant leur progression, sécurisant les pièces sur leur chemin. Pour la première fois depuis le début de notre incursion dans le domaine, je me laisse progressivement distancer par Raoul, m’attardant quelques mètres en retrait, examinant les locaux sécurisés, en proie à une incrédulité croissante. Ce ne sont plus des soldats de métier que je vois jetés au sol, maîtrisés. Non, ce que je vois, pièce après pièce, ce sont de pauvres hères entassés dans des espaces exigus, mal traités, mal nourris. Misère, désespoir, injustice se lisent sur les corps et dans les regards apeurés que me renvoient certains résidents. L’estomac noué par ce sordide spectacle, je me sens pris d’un élan d’empathie et de compassion pour ces gens, jusqu’à ce que mon regard tombe sur les écritures, sur les murs. « J’été perdu et j’é été retrouvé », « Je ne souffrera plus », « Papy nous aime »… Ce ne sont pas tant ces témoignages mal rédigés, au demeurant poignants, qui retiennent mon attention, que les multiples occurrences de cercles entrelacés par trois, tout comme les symboles impies relevés dans les cahiers de Solène. Mon cœur déjà serré se durcit à cette vision, comme j’en comprends la signification, et c’est en proie à un mordant sentiment de rancœur que je quitte la pièce à l’appel d’Aymeric.

Les salles suivantes sont pour la plupart désertes, sans âme qui vive, recelant cependant des spectacles de plus en plus inquiétants. Les soldats qui me précèdent s’adressent des commentaires à voix basse, leurs visages blêmes trahissant un désarroi grandissant. Les pièces sont certes désertes, mais les inscriptions sur les murs se multiplient, et le sol est jonché de cadavres en décomposition, abandonnés de longue date, parmi divers objets hétéroclites. Certains présentent des difformités anormales, tant en nature qu’en magnitude. Je me surprends à constater ces faits avec un certain détachement, relevant les types de mutations avec une distance toute scientifique, focalisé sur la recherche de responsables. Cette froide résolution vacille toutefois lorsque nous appréhendons les premiers mutants vivants, et je ne peux réprimer un élan de compassion, priant qu’ils se laissent appréhender sans résister. J’ai les yeux humides derrière mon masque ; je me souviens du nouveau-né de Percefruit, et du petit miracle dans la forêt.

Nous retrouvons finalement Guido à ce même étage, devant les portes closes d’une salle manifestement plus vaste. Après avoir renvoyé les ribauds vers les étages inférieurs, le sergent m’invite à rester avec son propre groupe de guerriers masqués.

Je sens comme une présence derrière les portes ; une grosse, volumineuse, massive aura dont je perçois les détestables émanations d’ici. Une ignoble, nauséabonde magie tapie derrière l’ouverture. Quoi que puisse receler cette pièce, j’ai l’alarmante intuition que cette présence fera du mal à mes compagnons sitôt le seuil franchi. Fermant les yeux pour mieux me concentrer, je perçois la chose à l’image d’un nuage d’air vicié, un nébuleux brouillard, sur lequel on pourrait comme souffler pour l’éloigner. Alors, j’entonne un chant shalléen aux paroles soigneusement choisies, priant la Colombe de repousser le mal, et d’éloigner la contagion. Et, comme ma voix s’élève, je sens la vile présence remuer, tâtonner, puis refluer, repoussée par mes versets.

« Expelle morbos corporum,
Mentis repelle scandalum,
Exscinde vires criminum,
Fuga dolores cordium. »

J’entends des bruits de bottes, des cris, un son tintant, et le nuage noir sembla se dissiper, évaporé hors de ma perception. Appelé à l’intérieur, j’accours pour découvrir un vaste salon abondamment meublé, de mobilier à coucher de diverses qualités, entreposé pêle-mêle en un chaos sans nom. Mais surtout, un salon bondé, avec des gens de toutes parts. La plupart des gens ici sont atteints de difformités plus ou moins apparentes, dont certaines ont de quoi donner le vertige. Ce ne sont pas seulement là de malheureuses victimes de l’influence diffuse du Seigneur des Mouches, que l’on aurait rassemblé là des quatre coins du duché, par charité, pour les héberger. Non, quelqu’un a manifestement mené de sombres rites en ces murs, et a activement fait du mal à ces gens. Un simple regard au calice gravé de runes impies, brisé au sol dans l’assaut, me conforte dans cette hypothèse. Quel que soit l’abominable dessein derrière tout cela, les pauvres hères dans cette pièce en sont les malheureuses victimes, pas les instigateurs, qui, eux, courent toujours.

Embrassant du regard l’ensemble du chaos de la pièce, je sens monter en mon for intérieur une colère froide, tel le flot d’une marée montante. Olivier Adelwijn, ou son sombre patron, a organisé, sciemment orchestré, toute la misère de cette pièce, et s’apprête à faire du mal à Brionne en sus. Et, comble de tout cela, nous passons pour les envahisseurs, les soldats brutaux venus bouleverser le fonctionnement de ce havre de la contagion. L’amère ironie de cette situation pourrait m’arracher un rictus d’abattement, si je n’étais pas présentement aussi furieux à l’encontre du seul responsable. De répugnant adversaire, Olivier Adelwijn s’est mué à mes yeux en odieux ennemi. Rien, de tous ses beaux discours pragmatiques, ne cautionne une telle bassesse envers son prochain.

Non loin de moi, une petite fille avec des sabots en lieu et place des pieds s’égosille et se lamente, tentant de rejoindre le cadavre d’un combattant abattu d’un trait d’arbalète il y a quelques instants. Apeurée, éplorée, elle nous jette des regards emplis de frayeur. Alors, je prends conscience de l’allure que donne notre peloton de soldats armés, masqués, aux inhumains faciès. Joignant les mains contre ma poitrine, je murmure une brève prière à Saint Gontheuc, sollicitant sa force de corps et d’âme pour résister à l’air vicié en ces murs. M’apprêtant à ôter mon masque, j’entends Guido m’interroger quant à la marche à suivre. Alors, je me penche vers lui pour lui murmurer, en aparté :

« On ne peut rien faire de décisif ici. Pour l’heure, nous devons mener l’opération à son terme. On pose des questions concernant ce qui nous attend en bas, on bloque les portes, et on gère ce problème plus tard. »
« - Pas à elle dans ce cas. rétorque Guido, avant d’ajouter, devant mon haussement de sourcils interrogateur. Trop jeune, et probablement trop secouée pour nous apprendre quoi que ce soit. Laisse-moi choisir qui questionner. »

Un hochement de tête approbateur de ma part plus tard, Guido s’éloigne pour trouver un informateur valable parmi les adultes s’étant rendus. Achevant mon geste, et plaçant le masque sous mon bras, je tourne un visage grave, impavide, vers l’assistance. Passant machinalement ma main sur ma nuque raidie, je me retourne vers la fillette aux sabots, tenue à distance de son parent supposé, et m’accroupis à son niveau, à quelques mètres d’elle toutefois. L’air fétide assaille mes narines, charriant de loin les plus immondes miasmes que j’ai jamais pu sentir : pas seulement une odeur de viande faisandée, de plaie en proie à la gangrène, d’abcès purulent, ou d’excréments. Non, il y a comme une immondice latente dans l’air, une moiteur que je sens jusque dans mes narines. Dans un réflexe physique, viscéral, un soubresaut secoue mon estomac révolté contre ce traitement. Je titube, et vomis, rendant sans autre forme de procès une gerbe de bile sur le sol de la pièce.

Ma tête tourne comme l’odeur de mes propres fluides remonte à mes narines, et j’inspire péniblement, haletant. Un des acolytes de Guido se penche vers moi, roulant des yeux affolés derrière les fentes vitrées de son masque. Je voudrais bien verser une larme, mais mes yeux sont secs. Je suis tenté de remettre mon masque derechef, mais me sens curieusement un peu mieux maintenant. Malmenant quelques secondes encore mes pauvres sens, prenant sur moi, j’essaie de m’exprimer en des termes amicaux, et compréhensibles par les plus jeunes présents, tâchant de garder l’attention dirigée vers moi. Au fond de moi, j’espère apparaître, ainsi à visage découvert, comme une figure moins antipathique, malgré mon teint probablement blême et mes traits tirés. Peut-être certains peuvent-ils encore être sauvés.

« Là, là… ça va aller. Tout va bien se passer. Reste là. Tout va s’arranger. Il n’y a pas que Papy qui t’aime. Je reviens. »

J’aimerais développer plus avant, leur expliquer que l’on peut prendre soin d’eux, afin de leur offrir une alternative à leur allégeance au Seigneur des Mouches. Mais la petite fille aux sabots pousse un nouveau cri strident, et bat en retraite à l’opposé de moi, tandis que nul autre dans l’assistance ne semble piper mot. Au temps pour ma théorie : il semblerait que le masque n’ai été qu’un détail.

Battant prestement en retraite vers l’extérieur de la pièce avant de défaillir, je m’adosse au mur du couloir, ahanant. Fourrant le nez dans l’intérieur de mon masque, j’en respire à plein nez les effluves épicées, m’efforçant de faire passer la nausée en attendant Guido. Une fois ce-dernier ressorti avec un candidat plus susceptible de répondre à nos questions, je prends l’initiative et amorce l’échange, m’adressant à l’homme longiligne.

Si besoin, j’ai toute confiance en Guido pour se montrer plus persuasif après coup.

« Tu es déjà allé au sous-sol de ce bâtiment ? Qu’y a-t-il là-bas ?
Le Maître s’y trouve-t-il ? »


Tentative de lancement de Résistance aux Maladies  avant d’ôter le masque : 13, échec.
Jet d’endurance : 14, échec.
Jet de charisme : 15, échec.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
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Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La décision d’Éloi d’enfermer les personnes dans la pièce était atroce. Ces pauvres malades, mourants, apeurés, étaient ainsi condamnés à rester dans ce lieu impie plus longtemps encore, et y souffrir. Shallya pourrait hurler ses pleurs, de voir un de ses initiés ainsi garder les yeux secs.
Mais avait-il vraiment le choix ? Le groupe de mercenaires n’était pas assez nombreux pour tous les surveiller, et comment pouvaient-ils faire la différence entre les bourreaux et les victimes parmi tous ces gens ? Leur venir en aide, ça voulait dire dédier du temps et des ressources — deux choses que les Shalléens ne pouvaient pas se permettre, alors qu’ils traquaient toujours les responsables de la secte.

Oui, si la décision d’Éloi n’était pas Shalléenne, elle recueillit l’approbation de tous les hommes d’armes, qui hochèrent solennellement de la tête à ses ordres.



Après avoir terrorisé la petite fille, qui étrangement avait encore plus peur d’Éloi sans masque que avec, Éloi tenta de partir d’ici le plus vite possible. Retirer son masque avait été une terrible erreur ; même sans parler de la gerbe, il se sentait maintenant malade, une sorte de mucus tapissant sa gorge.

Guido sélectionna un malade parmi la bande. Sur quels critères ? Difficile à dire. Peut-être celui qui avait l’air d’être le plus résolu, le moins terrifié parmi tous les alités. Le voilà en tout cas qui sorti, en pressant un homme maîtrisé par une clé de bras. Il était plus grand que Guido, mais il ressemblait tant à un sac d’os émacié que le militaire ne pouvait pas vraiment grand-chose de lui.
Après un coup de pied juste derrière la rotule, il s’écrasa avec ses deux genoux devant Éloi, qui débuta l’interrogatoire.
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Le prisonnier scruta Éloi tout droit, quand bien même il était à terre, les mains posées derrière son crâne. Il avait de grands yeux, torves, parfaitement terrifiants.

« Qui ? »

Le prisonnier reçut un énorme coup de poing dans la tempe, qui lui fit grimacer de tous les muscles de son visage. Il chuta lourdement vers la droite, mais Guido lui attrapa le collet et le força à se remettre à genoux.

« Ton chef, dit-il derrière son masque. Décris nous le sous-sol : Y a-t-il d’autres hommes armés ? Des pièges ? Différentes pièces ? »

Le prisonnier lécha ses lèvres. Le coup l’avait sonné. On lui laissa quelques instants pour qu’il s’en remette.

« Réponds. »


Il regarda à nouveau Éloi, tout droit. Et il se mit à parler lentement, avec un ton très faible, et bizarrement délirant.

« Je t’ai vu… Oooh, je t’ai vu dans un rêve ! »

Guido grogna.

« Ne te laisse pas déstabiliser, mon frère.
Réponds, criminel.

– L’hôte nous a dit qu’il ferait disparaître toutes nos souffrances… Qu’il allait créer un monde où nous pourrions vivre en plein jour… Je n’ai pas vu le soleil depuis si longtemps. Je crois qu’il me ferait mal aujourd’hui.
– Le sous-sol ! Où sont le reste de ta bande ?!
– Pourquoi tu veux nous empêcher de faire ça ? L’hôte a dit que tu étais gentil. Que toi, tu pouvais nous comprendre. Il nous a promis qu’on pourrait tous s’unir, et danser pendant un grand carnaval. On s’enlacerait tous, et il n’y aurait plus aucune peine, ni, souffrances…
– Où – est – Adelwijn ?!!
– Bientôt, vous nous comprendrez tous… Tout ce qu’on a souffert, parce que vous étiez méchants… Mais si vous êtes comme nous, vous arrêtez de l’être.
C’est triste d’en venir à la violence pour si peu. Nous on a jamais été violents.
Pourquoi tu veux pas faire comme dans notre rêve ? »
Jet de VOL d’Éloi (Bonus : +2) : 11, on va dire que ça passe. Le mutant fait peur, mais pas à toi.

Jet de CHA : 18, échec. Il va falloir faire mieux.

Jet d’intimidation de Guido (Malus : -4) : 9, hé bien non.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Je ferme les yeux par réflexe comme Guido malmène le prisonnier, violentant le pauvre hère afin de l’amener à nous livrer les informations demandées. Si la violence déployée jusqu’ici lors de notre incursion au sein du domaine ne m’a pas fait frémir, c’est à coup sûr du fait de l’adrénaline, et parce que je me trouvais alors en situation de danger immédiat. A présent que nous sommes maîtres des étages, assister à un tel interrogatoire musclé me met sensiblement plus mal à l’aise. Dissimulant ma gêne dans mon masque, j’inspire un bon coup, troublé par le début de réponse de mon vis-à-vis, plusieurs interrogations à l’esprit.

De quel rêve parle-t-il ? Un instant, la possibilité qu’il fasse référence à mes propres songes me traverse l’esprit, car il s’agit, à ma connaissance, de mes seuls contacts oniriques avec notre ennemi. Je n’ai toutefois pas souvenir d’avoir déjà vu cet individu, ni entendu sa voix, en quelque occasion que ce soit. Écartant prestement cette réflexion truffée d’inconnues, j’essaie de décrypter le sens du reste du discours de l’escogriffe au regard torve. Une composante récurrente de son galimatias délirant consiste à nous exhorter à faire preuve de « gentillesse », à l’instar de ce que « l’hôte » leur a promis. Ressort également de ses élucubrations le fait que ledit « hôte » aurait parlé de moi à ses ouailles, louant ma capacité à les comprendre.

Tout cela ne m’inspire rien qui vaille. Le fait que « l’hôte » puisse tout à la fois se rapporter à Adelwijn, en tant que propriétaire du domaine offrant le gîte aux actuels résidents, qu’à l’homme-charogne ou quelque émanation du Seigneur des Mouches dont Olivier se serait fait le réceptacle. Pensif, j’examine un instant cette hypothèse, songeant à l’incident des grâces prononcées hier à la table des Adelwijn. L’hypothèse qu’Olivier Adelwijn soit habité par quelque obscure entité est très inquiétante, mais expliquerait au demeurant un certain nombre d’observations, des railleries de l’homme-charogne à la vive répulsion qu’Olivier et moi ressentions réciproquement l’un à l’égard de l’autre.

Éludant l’examen des implications de cette théorie, j’ôte le visage des effluves épicées au creux du bec de mon masque, et m’accroupis au niveau du grand échalas. Jusqu’à preuve manifeste de la duplicité de notre interlocuteur, mon cœur me souffle que le bougre n’est que l’une des victimes des mirages mensongers vendus par Olivier Adelwijn, aussi amende-je ma réplique en fonction, convaincu qu’il peut encore être sauvé. Si tel n’était pas le cas, et que l’efflanqué délirant cherchait juste à nous faire perdre du temps, je ne compte de toutes façons pas m’attarder davantage à cet étage.

Un pénible raclement de gorge retarde ma réponse, preuve que j’ai effectivement contracté quelque mauvaise humeur dans l’air vicié de la pièce voisine. Il me faudra remettre mon masque sitôt cette conversation close, afin de ne pas contribuer à la contagion de ce mal. Enfin, face à face avec le prisonnier efflanqué, je tâche de soutenir son regard torve, et rétorque dans un premier temps :

« Tu parles d’apaiser les souffrances, d’adoucir les peines, et de refus de la violence : ce sont là des préceptes shalléens, que nous nous efforçons de mettre en œuvre au service de la Colombe.

Nous n’avons rien contre la majorité des résidents de ce lieu. Nous pouvons même vous aider, si vous le voulez. Mais « l’hôte » a précisément fait souffrir des gens, et compte nuire à un plus grand nombre encore.

Vous n’avez peut-être jamais été violents, mais lui l’a été, et l’est toujours à l’égard de cette ville. »


Toujours attentif aux réactions décelables sur le visage blafard de mon vis-à-vis, j'avance une proposition.

« Moi, Éloi, je te propose un marché.

Si tu nous donne les informations que nous cherchons, je promets que nous ne chercherons pas à vous déloger d’ici. Nous ne vous aiderons que si vous le souhaitez. »


Et d'ajouter, après un instant d'hésitation, une ultime invitation, plus directe, plus personnelle, sur le coup d'une intuition.

« Aide-moi, et je te promets que tu reverras le soleil. »


Usage d’Empathie, s’il est possible.
Quelle que soit la réponse, le temps presse. Direction le rez-de-chaussée ensuite, informations complémentaires ou non. Sur le chemin, j’aimerais chercher une prière de lutte contre la corruption des corps par Nurgle.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Tu parles d’apaiser les souffrances, d’adoucir les peines, et de refus de la violence : ce sont là des préceptes shalléens, que nous nous efforçons de mettre en œuvre au service de la Colombe. »

Le criminel eut la politesse de ne pas piper mot pour interrompre l’oblat. Mais il fit un petit sourire, et un petit geste de la tête en arrière, pour désigner Guido et son arbalète à la ceinture.

« Moi, Armand, te fait un marché aussi.
Reste ici dans cette maison jusqu’à la tombée de la nuit. Et ensuite, toi et moi serons amis. Personne d’autre ne mourra.
Mais tu préfères aller tuer mes amis, n’est-ce pas ? »


L’effort avait été louable, mais visiblement, il n’y avait plus grand-chose de plus à dire. Guido attendit une éventuelle réponse de l’oblat, peut-être un signe de passer à la violence — mais Éloi pensait qu’ils avaient assez perdu de temps. Aussi, Guido tira sur le collet du criminel, et l’envoya vers la porte de la grande salle commune, que les militaires étaient en train d’évacuer en portant sous leurs bras des épées rouillées et des couteaux de toutes les tailles.

Après avoir désarmé la bande de mutants et de malades, ils fermèrent les portes, et passèrent des cordages qu’ils nouèrent très solidement aux poignées. Guido aida un de ses collègues à pousser une commode, et ainsi, ils avaient barricadé les malades à l’intérieur.

C’était horrible. Ces pauvres personnes allaient rester dans la puanteur, la maladie, au milieu de cadavres — les cadavres de leurs amis. Alors que les soldats s’attelaient à obéir aux ordres, on entendait de la pièce des hurlements, des sanglots, et une voix féminine qui chantait… Une berceuse.

Guido tapa dans l’épaule d’Éloi au passage.

« Courage. »

Et il repartit vers l’escalier, avec toute sa troupe.

« Ré-encochez vos arbalètes, la journée est pas terminée !
– Hoo-ah. »

Bruits métalliques. Parquet qui craque. Éloi replace le masque sur son visage, et remplace l’horrible odeur de merde par une plus agréable d’encens.


« Dans de douces odeurs il s’étrangle. »



Au rez-de-chaussée, quelques ribauds montaient la garde devant les portes défoncées, et quelques autres étaient en train de rassembler les forcenés arrêtés. Il y avait des cris, des insultes vociférées, quelques coups de poings ou de pieds qui volaient en l’air, alors qu’un tas de gens ligotés étaient rassemblés dans une même pièce, afin d’être plus aisément gardés — les ribauds connaissaient leur œuvre, et ils avaient fait des prisonniers ; les hommes du duc se chargeraient bien de faire le tri des punitions quand l’heure serait venue de les appeler…

Pour l’instant, tout le monde se dirigea dans un couloir, où l’on trouvait une porte qui menait à un escalier descendant fait non de bois, mais de pierre. Là, l’ambiance était nocturne, mais les ribauds avaient allumé quelques torches pour permettre d’affronter les ténèbres. Et ainsi, en file indienne, Guido et son escouade allaient sous la terre.


Une grosse porte métallique avait été défoncée à la massue. Devant, une mare de sang, et quatre cadavres à enjamber : deux de ribauds, deux de mercenaires de la maison Adelwijn. Éloi faillit glisser sur l’hémoglobine, et se rattrapa rapidement à un pan de mur. Et alors, ils entrèrent dans un nouveau décor.

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On aurait dit un laboratoire. Comme l’infirmerie de l’abbaye d’Orléac, en beaucoup plus inquiétante ; sur une étagère, on trouvait des bocaux transparents, dans lequel on gardait immergés dans une solution (Peut-être du formol) quantités d’organes : des mains, des poumons, des crânes… Des…

Des fœtus.


Il ne faisait pas sombre ici, car outre les torches allumées à la va-vite par les ribauds qui montaient la garde, il y avait ici un énorme four, moderne, qui crachait de la fumée. Il y avait aussi, en face, un immense alambic, une sorte de grosse cocotte pour faire chauffer on-ne-sait quoi. Et puis, il y avait tout autour des tables avec des corps recouverts de linceuls, et un bureau avec des papiers.

Solène était présente. La sœur était en train de frénétiquement chercher on-ne-sait quoi dans des papiers, alors que les ribauds sans masques sur le visage avaient des mines absolument terrifiées : ces gros gaillards violents étaient tous pâles, avec les yeux écarquillés, et murmuraient entre eux des questions auxquelles Éloi n’était pas certain d’avoir de réponses ;

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel…
– Mais ils foutaient quoi, ici ?
– Putain. Putain ! »


Guido cria à l’attention de Solène :

« Ma sœur ! Est-ce que le sous-sol est sécurisé ? »

Elle ne répondait pas. Elle continuait de chercher comme une folle dans un carnet, dont elle tournait les pages jaunâtres à toute vitesse. Elle était intensément focalisée dessus, comme si le reste du monde n’avait plus d’importance.

« Ma sœur ! »

Le cri soudain plus rageur fit sursauter la jeune fille. Elle se retourna avec son masque de corbeau sur la tête.
Comme on ne pouvait pas voir son visage, c’était dans sa voix rauque qu’on devinait qu’elle se retenait de pleurer.

« Guido, c’est…
C’est ici qu’ils préparaient leur épidémie. Ils ont fait du mal à des gens. »


Guido observa rapidement le laboratoire. Puis il grogna :

« Peu importe, on doit continuer. Est-ce que le sous-sol est sécurisé ?
– Oui, je…
Ça a bardé ici. On a subi des pertes. Les hommes d’Adelwijn se sont battus comme des lions, nous n’avons pas fait un seul prisonnier. Je me demande s’il n’y avait pas d’agents par la secte parmi eux, il faudrait fouiller leurs cadavres.
Il y a un passage plus loin, un creux dans le mur, qui mène à une galerie qui a été creusée sous Brionne, probablement là où Adelwijn et ses séides ont fui — les ribauds refusent d’y pénétrer. Selon eux l’odeur est trop… Beaucoup trop pestilentielle.

– Alors on y va. Les ribauds se sont assez sacrifiés, Adelwijn ne doit plus avoir beaucoup d’hommes — nous serons bien suffisants.
– Attendez ! Nous ne savons même pas ce qu’on affronte ; Ne devrait-on pas… Chercher des preuves ? Une explication ?
– Elles attendront. Chaque minute qu’on perd ici, c’est une minute qu’il gagne. »

Du moins, ça, c’était à Éloi d’en juger.

Nouveau jet de charisme (Malus : -3) : 12, échec. Malheureusement, il n’y a rien à obtenir de cette personne…

Recherche en urgence de prière : test d'INT difficile (-4) : 3, réussite.
Pour le reste de la journée, tu peux lancer Radiance avec un malus de -2 en plus du malus de -4 lié à la prière Supérieure.
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

J’éprouve un pincement au cœur alors que le dénommé Armand rétorque par une contre-proposition d’un cynisme criant. Je suis profondément, sincèrement attristé de notre incapacité à nous comprendre, lui et moi, et souhaiterait de toute mon âme y remédier. L’espace d’un instant, j’hésite à tenter plus avant de le convaincre, dans l’espoir de parvenir à un éventuel compromis, mais le temps presse, je le sais. Sans mot dire, j’adresse un regard entendu à Guido, me racle à nouveau la gorge et le laisse reconduire le grand échalas. J’observe ensuite l’escouade du sergent fermer les portes du grand salon, sceller les poignées à l’aide de divers cordages, et caler un meuble contre les portes closes.

Le cœur lourd, l’esprit chagrin, je songe à l’horreur de la situation des résidents, enfermés dans une salle à l’air vicié, aux murs souillés, et au sol jonché de cadavres. Leur misère m’est d’autant plus pénible que mes deux tentatives de rapprochement n’ont rencontré que crainte et défiance à mon égard. Je ne vois guère de moyen d’aider ces gens malgré eux : obtenir leur confiance me semble constituer une étape préalable à tout embryon de solution. En effet, ne disposant pas moi-même de remède à leur affliction, tout secours de la part du clergé de Shallya impliquerait par ailleurs nécessairement l’implication de la Révérende Mère, qu’il faudrait convaincre au préalable. Moyennant quoi, il s’agirait a minima de disposer d’un moyen d’héberger les malheureux à l’insu du reste du monde : un transfert en toute discrétion s’avérant difficile au vu du nombre de nécessiteux, il conviendrait dès lors d’organiser leur maintien sur place. Mais rien que cela implique la saisie des biens d’Olivier Adelwijn, et donc le succès de notre opération. Raison de plus pour faire diligence dans la poursuite de notre action.



Comme nous rebroussons chemin vers le rez-de-chaussée, je m’efforce de tousser un peu, essayant de chasser cette vague démangeaison logée au fond de mon gosier. Quand, replaçant le masque sur mon visage, je suis pris d’une curieuse pensée, comme les effluves parfumées parviennent à mon nez. Ce ne sont que quelques mots, au demeurant fort sibyllins, mais dont les implications, dans ma situation, m’arrachent un frisson. Les doigts crispés sur la rampe de l’escalier dont nous descendons les marches, je suspens mon mouvement, me remémorant un lointain souvenir.

Il y a de cela des années, peu de temps après mon dixième anniversaire, une vieille femme est passée par l’abbaye d’Orléac. Une Morrienne voûtée, toute de noir vêtue, un voile diaphane jeté sur son visage ridé. Le soir même, la prieuse Clémence nous a fait rassembler, avec plusieurs sœurs du même âge, devant le cloître, pour y recevoir un rite morrien. Chacun notre tour, nous nous sommes succédé pour recevoir de l’étrange oracle cette « destinée » : un présent équivoque, une bribe d’avenir, un présage de nos derniers instants à vivre. Mon tour venu, je me suis avancé, apeuré, vers l’augure ; elle a refermé sa main sur la mienne, et parcouru de ses doigts tatoués ma paume ouverte. Et, levant ses yeux d’un blanc laiteux vers la lune blafarde, elle a marqué un long silence, avant de se pencher, et de me souffler à l’oreille ces mots fatidiques :

« Dans de douces odeurs il s’étrangle. »



C’est la boule au ventre que je progresse à la suite de Guido, enjambant sans les regarder plusieurs corps inertes, manquant de déraper sur le sol poisseux de fluides vitaux. J’ai ressorti de ma besace mon livre de prières, et feuillette fébrilement ses pages à la lumière vacillante des torches, parcourant fiévreusement psaumes et cantiques, en quête de versets susceptibles de conjurer le mal sévissant en ces lieux. Mais, parvenu au sous-sol, je m’arrache bien vite à ma lecture pour jeter un regard aux alentours.

La pièce ressemble à quelque sinistre laboratoire, avec un gros four, un grand alambic, et des étagères aux inquiétants rayonnages sur lesquels quantités de bocaux de tailles variables reflète la flamme mouvante des torches allumées. A l’intérieur des récipients transparents flottent divers organes, pour la plupart manifestement humains. La découverte fortuite, dans l’un de ces récipients, d’une minuscule forme recroquevillée, a tôt fait de raviver au creux de mes entrailles les braises d’une colère amère. Comment le responsable de tout ceci peut-il bénéficier de la moindre sympathie de la part des résidents de l’étage ?

Non loin, la silhouette masquée de Solène est penchée sur un petit journal aux feuilles jaunies, dont elle tourne frénétiquement les pages, sans répondre aux sollicitations de Guido. Mon soulagement de la retrouver indemne ne dure guère qu’une fugace seconde, avant que le sergent n’interpelle plus vivement ma consœur, l’invitant à faire un rapport rapide de la situation. Tandis que Solène rétorque d’une voix chamboulée, je jette un œil au journal par-dessus l’épaule de la jeune femme : les pages semblent rédigées en langue vernaculaire, mais est-ce le cas de l’ensemble du manuscrit ?

Les réserves de Solène face à l’empressement de Guido me font hésiter à mon tour. Me mordant les lèvres derrière mon masque, je m’interroge, jaugeant rapidement avantages et inconvénients d’une interruption supplémentaire. La proposition de Solène est loin d’être dénuée d’intérêt, en ce que la connaissance des armes de notre ennemi nous serait d’une aide indéniable. Toutefois, il me semble à moi que les inconvénients d’un délai sont plus susceptibles de nuire à notre mission qu’un déficit de savoir. En effet, notre opération a jusqu’à présent pris les séides du Seigneur des Mouches de court, les interrompant dans leurs préparations, les contraignant en tout état de cause à la fuite. Je n’envisage même pas que cette fuite sous terre puisse constituer un piège à notre intention : à mes yeux, il est bien plus probable que notre ennemi, pressé par le temps, tente actuellement de s’échapper du domaine. A ce titre, tout délai, si instructif soit-il, nuit à l’objectif premier de la mission, qui est double : trouver des preuves à présenter au Duc pour inculper son régisseur, et, si possible, appréhender Olivier Adelwijn.

A mes yeux, le domaine entier constitue d’ores et déjà une preuve des machinations d’Olivier. Toutefois, je ne souhaite pas, si je peux l’éviter, que les mutants hébergés ici soient livrés au Guet, ni aux Damoiselles du Graal ; le sort qui leur serait réservé ferait à coup sûr une peine indicible à la Colombe. Pour conserver la moindre chance d’épargner les survivants, nous devons trouver d’autres preuves à conviction. La correspondance des frères Adelwijn en est une, de même que ce carnet, que cette pièce, et peut-être que ce qui se trouve au bout de ce tunnel sous Brionne.

Nous pourrions prendre le parti de nous arrêter, et de lire, abandonnant toute chance de mettre la main sur le responsable de ces actes abominables. Mais l’objet plus global de notre opération est de protéger le peuple de Brionne, en empêchant la contagion d’être propagée au-delà de toute mesure de confinement. Et les pauvres hères, à l’étage, méritent justice pour le mal qu’on leur a fait.

Aussi, m’éclaircissant la gorge tant par confort que par souhait de capter l’attention, je rétorque, me tournant vers ma consœur :

« Je suis d’accord avec lui.

Solène, il y a une salle, là-haut, pleine de gens marqués par la Ruine, à qui ils ont fait du mal aussi. C’est affreux. Il n’y a pas que l’épidémie.

Si on veut garder la moindre chance d’arranger les choses pour eux aussi, il faut avancer. La correspondance des deux frères, ce domaine, cette pièce, ce journal : les preuves s’accumulent mais seront-elles suffisantes ?

Le temps presse. Si on ne les poursuit pas sans tarder... »


Un lourd silence tombe sur la pièce. J’attends quelques secondes, laissant l’occasion à Solène de rétorquer, avant de conclure, à l’intention de Guido et de son escouade, d’une voix marquée par l’urgence :

« Si c’est entendu… On avance. »


Je prends position près de Solène, et m’efforce, au fur et à mesure de notre progression, de rechercher au plus loin possible devant nous la trace d’une « aura » similaire à celle confrontée à l’étage.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
Profil : For 9 | End 9 | Hab 8 | Cha 11 | Int 11 | Ini 8 | Att 9 | Par 8 | Tir 8 | Mag 14 | NA 1 | PV 75/75

États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
Fiche wiki[Annexe] Brionne et Orléac

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