[Éloi] Princesse de la Foi

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Main-Ferrée marqua du doigt une croix sur son cœur, en signe de respect envers la réponse du jeune oblat.

« Merci, mon frère. Je n’ai pas les contacts que je souhaiterais entretenir avec la révérende-mère… Si tu pouvais porter ma parole, et surtout celle des gens du Furoncle, je t’en serais très reconnaissant. »

À la question, il lui fallut un petit instant de réflexion. Il regarda Anis, qui était en train de siroter sa limonade tout en tapotant sur son genou.

« Le malade se nomme Simon. Quarante ans, ancien matelot, crâne rasé. Plein de tatouages. Célibataire et sans enfants. C’est un… Serviteur, du Chat. De… De l’ami de Shallya. »

Anis eut un petit rot à cause du sirop trop froid. Mais elle s’immisça dans la conversation.

« On a confié Simon à la prêtresse du Furoncle, sœur Coline. Céti elle qu’a dit qu’on d’vait l’amener à l’Ac’démie d’Médecine. Et elle a p’us d’nouvelles d’p’is la s’maine dernière. C’est qu’elle est occupée, ci-fait.
– Nous ne connaissons aucune entrée dérobée. Les étudiants ne sont pas des contacts très privilégiés. C’est pour ça qu’on a besoin de ton aide, Éloi. Les frères de Shallya sont respectés. Tu pourrais, toi, y entrer aisément, et me dire ce qui est advenu de Simon…
Si tu le retrouvais et que tu me disais ce qui lui est arrivé, je serais endetté auprès de toi. On t’as peut-être appris que le Chat était un vaurien, mais sache qu’il rembourse toujours ses dettes. »

L’après-midi d’Éloi avait été fort remplie. En début de soirée, vers 18h, la température toujours très élevée s’accompagnait maintenant d’un vent un peu fort. Le ciel parfaitement bleu azur tranchait maintenant avec de gros nuages gris-noirs qui remontaient depuis le Grand Océan — cette nuit serait probablement une nuit d’orage. Nul doute que la foudre de Manaan serait accueillie avec respect de la part des habitants ; ça déchargerait cet air lourd et étouffant, cette chape de plomb qui pesait sur tous les corps…

Anis raccompagna Éloi jusqu’au bout du Furoncle. Elle le ramena dans la Gâtine à travers un itinéraire plus direct et, il fallait le dire, plus civilisé que celui qu’elle avait emprunté pour le perdre jusqu’à la tanière du Chat. Elle lui donna une tape sur l’épaule pour le remercier, et l’envoya sur sa route.

Perdu un peu autour du port, Éloi parvint à utiliser la méthode reconnue de Guido. Il trouva un quelconque débardeur qui faisait le chemin jusqu’aux sommets de l’île. L’avantage, en étant prêtre de Shallya en robe jaune et non un quelconque quidam comme le couteau de Sébire, c’est qu’on est tout de suite plus avenant ; Le jeune homme eut beau ouvrir sa bourse, le débardeur refusa tout net de prendre le moindre morceau de cuivre, et c’est bien à titre gracieux qu’Éloi put prendre place sur l’attelage d’un âne et économiser ses chevilles bien endolories par toute une escalade de toit en toit.

Brionne est une ville très verticale. Si la citadelle ducale dominait sans rivale tout en haut, le grand collège se trouvait un peu en dessous, au même niveau que le sommet du clocher de la cathédrale de Shallya. En revanche, ce-dit collège était à son opposé extrême d’un point de vue horizontal. C’était très proche des demeures bourgeoises, de ces rues pavées, de ces petits parcs à amants et landaus, là où Éloi s’était improvisé professeur. Le débardeur insista pour amener Éloi au plus proche de sa destination, en ça il était un sympathique bonhomme, mais même lui ne put véritablement aller jusqu’aux pieds du collège…

…Des militaires barraient la route. Si les piétons pouvaient encore passer sur le trottoir, la chaussée était encombrée de morceaux de bois hérissés, le genre de protection lors d’un siège qu’Éloi avait pu dessiner au scriptorium quand on le laissait s’amuser à croquer des petits dessins sur des manuscrits. Pas moins de six hommes d’armes étaient là, quatre assis par terre à jouer aux dés, le cinquième un pied sur le tréteau et la main au-dessus du front pour zieuter quelque chose, le sixième la main dressée pour faire signe au « voiturier » d’Éloi de bien vouloir faire demi-tour.
Ils étaient armés de matraques à la ceinture, et portaient la livrée aux couleurs ducales — tout blanc avec une hache noire sur le poitrail, alors que le blanc est traditionnellement prohibé par les lois somptuaires, ces affreux messieurs aux gros nez de boxeurs et à l’air patibulaire avaient eux le droit de porter la couleur de Shallya. Cette soldatesque était la même que celle qu’Éloi avait eut le déplaisir de voir à son arrivée en ville.

« Mon frère ; Zéti qu’z’avez l’droit d’passer, on vous barre pô la route ; mais rentrez pô dans l’collège.
L’collège est dispersé et fermé. Rentrer à l’intérieur c’puni d’une amende d’vingt sous. »


Le quartier du collège proprement dit continuait de vivre. C’était un joli endroit, avec des maisons à colombage, du bois recouvert de plâtre et, bien sûr, des vitres scintillantes un peu partout. Il y avait là un immeuble d’habitation, avec au rez-de-chaussée une boulangerie, et à un autre endroit un cordonnier. Rien d’incroyable.

Le bâtiment des facultés, en revanche, lui, on ne pouvait pas le manquer…

Si on était habitué à l’architecture Bretonnienne somptueuse et en pleine majesté de ses châteaux, de ses temples de Shallya et de ses chapelles du Graal, il y avait de quoi être déçu. Le bâtiment ressemblait juste à une maison bourgeoisie à un seul étage, mais en version élargie. C’était plus large que grand, et si le bâtiment était — fait remarquable — tout en pierre de marbre blanc, ce qui indiquait que l’endroit avait la faveur ducale, il n’y avait rien de très rococo là-dedans. De l’ardoise bleue, des grandes portes en bois, des fenêtres à rideaux. Pas de balcons, pas de transverses, pas de gargouilles. Tout de même, parce que c’était Brionne, c’était fleuri ; des arbustes et des haies, un grand pommier sur le chemin qui menait devant. Comme seul ouvrage d’art, il y avait en revanche une magnifique statue de Véréna. La maman de Shallya se tenait toute droite, grande de trois mètres, les yeux bandés, la robe décolletée aux bras nus à la mode Bretonnienne, en levant droit devant elle une balance — la Déesse de la justice était normalement représentée avec une épée quelque part, mais visiblement, une femme armée n’avait pas été jugé correct ici…
Au-dessus de la grande double-porte de chêne, on avait gravé dans la pierre une inscription en classique : « Initium sapientiae timor veritate ». « Le commencement de la sagesse est la crainte de la vérité ». Une jolie adresse, terriblement impérieuse. Il y avait de quoi philosopher dessus…

Malheureusement, il serait impossible pour Éloi de rentrer par la grande porte. Elle était complètement barricadée. On avait empilé devant des bancs, des tables et des chaises, tout un fatras de meubles chevauchés les uns sur les autres, de manière à en faire une barrière difficilement franchissable. Les fenêtres du rez-de-chaussée avaient toutes subi un traitement similaire, et Éloi avait beau faire le tour de la façade, il était très clair que l’endroit était en état de siège. Sur un des murets, quelqu’un avait peint en rouge une autre phrase fort lettrée en classique qui semblait répondre à la devise du collège : « Sapientia urbs conditur ». « Une cité se base sur la sagesse ».

Comment Éloi allait-il rentrer là-dedans ? Il erra un petit peu tout seul, quand il entendit un sifflement derrière lui. Est-ce que c’était pour lui ? Sous un autre pommier, à l’autre bout du quartier, un petit groupe de jeunes gens lui faisait des signes — deux garçons et une fille. C’était que des gamins de son âge, excepté qu’eux étaient fort bien habillés ; les garçons avaient des manchettes, des doublets verts-noirs, et des chapeaux en feutre. La fille portait elle une robe, verte et jaune, avec une jupe longue qui tombait jusqu’à ses chevilles. Elle avait recouvert ses cheveux d’un voile plutôt fin, et était assise dans de l’herbe.
Ils avaient une dégaine de roturiers riches. Vu le quartier où ils se trouvaient, il y avait de bonnes chances pour qu’il s’agisse des étudiants grévistes. En tout cas, ils ressemblaient de loin à ceux à qui Sébire avait sauvé la vie tandis que le chevalier du guet souhaitait jeter ses molosses sur eux, devant la statue de Manaan…

Éloi alla à leur rencontre. Un garçon tout rouquin, avec une barbichette, celui qui l’avait sifflé, parla le premier au petit oblat. Avec un accent assez haché, et des consonnes bien prononcées…
…Un bel accent Jutone. Comme ceux qu’il avait entendus dans la maison Adelwijn.

« Bon sang mon frère t’as l’air perdu. On peut t’aider ? »

C’était difficile de savoir s’il avait dit un truc drôle. Mais le garçon et la fille avec lui gloussaient un peu, comme s’ils voulaient taquiner Éloi.

Jet de commérage (Bonus : Bonté du cœur) : 9, réussite

Tu trouves une charrette pour t’amener tout frais jusqu’à l’Académie. Tu vas pas marcher, t’as assez marché aujourd’hui :orque:

Jet d’observation : 19, échec auto. Tu ne remarques vraiment d’évident rien autour de toi. On dirait une putain de forteresse de pacotille, ce collège…

Jet de perception easy (+4) : 12, réussite de 1. Bien. Tu reconnais l’accent du type qui te parle.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Juché sur un rebord de la charrette, je me tiens coi, profondément absorbé par mes pensées tandis que les pavés défilent, réguliers, sous mon regard distrait. Je songe à la fin de ma conversation avec Main-Ferrée ; aux tenants et aboutissants de sa demande ; aux implications de ses révélations pour ma mission. A l’en croire, un de ses compagnons est porté disparu après avoir contracté quelque mal aux symptômes hélas similaires à ceux présentés par le défunt négociant de Percefruit. Le dénommé Simon devait se trouver dans un état bien précaire pour que ladite sœur Coline recommande de le conduire à l’Académie de médecine, et ce alors même qu’elle avait connaissance du risque accru de contagion… si toutefois son hypothèse des miasmes se révélait fondée. Je connais les grandes lignes de cette théorie médicale, pour en avoir lu plusieurs interprétations au gré de mes lectures au cours de mon noviciat : d’aucuns estiment en somme qu’un trop grand déséquilibre des humeurs au sein du corps malade peut induire dispersion du surplus d’humeur dans l’air et l’eau, sous forme de miasmes nocifs pour les autres individus. C’est certainement sur le fondement de cette explication que sœur Coline a préconisé que le Furoncle demeure clos, mais en ce cas, l’état du convalescent devait être particulièrement préoccupant pour qu’elle enfreigne elle-même cette recommandation. Outre ce malade potentiellement contagieux je suis également à la recherche de ma consœur, disparue avec lui. Ma seule et unique piste d’investigation, au demeurant fort vague, consiste à tâcher de me renseigner, voire de pénétrer au sein du Collège, pourtant au cœur de tensions susceptibles de compliquer l’exercice. Le temps presse donc, bien que je regrette l’absence de Solène, dont les conclusions tendent également vers cette destination. A vrai dire, je serais également plus assuré en compagnie de Guido, qui m’a de surcroît confié être en mesure de s’introduire discrètement dans l’enceinte du Collège barricadé. J’ai néanmoins décidé de m’y rendre sans délai, avant la tombée de la nuit, sans prendre le temps de recourir à son aide, ou de retrouver Solène. A la réflexion, peut-être est-ce malavisé ; néanmoins, si mes investigations demeurent infructueuses, il sera toujours temps de m’en retourner à l’hospice de Sainte-Olinde pour solliciter son renfort. J’ai en effet bon espoir de progresser en cette besogne dont la Révérende Mère m’a chargé, et dispose de près de deux jours -et trois nuits- pour ce faire avant d’être à nouveau sollicité à la demeure des Adelwijn, le matin du jour de labeur. Mais pour l’heure, je suis seul, et le mystère demeure entier.


Le débardeur ne veut pas de mon argent ; le brave homme m’a déposé non loin du Collège, et refuse obstinément tout gage de ma gratitude. Foulant le sol pavé des beaux quartiers, je fais donc mes adieux, reconnaissant, à mon cocher bénévole, et écoute docilement les consignes énoncées par la soldatesque. Opinant gravement du chef par politesse, je passe mon chemin sans épiloguer, méditant quant au montant de l’amende évoquée. Vingt sous, c’est une somme : le guet tient manifestement à dissuader les allées et venues au sein du Collège insurgé.

Si la façade du bâtiment des facultés est remarquablement imposante, elle est aussi considérablement plus sobre que ce que j’imaginais, sans guère de point commun avec le grand temple shalléen de Brionne, ou l’abbatiale d’Orléac, à l’exception notable de la pierre de taille et de l’usage de marbre blanc. Quelques éléments de modénature contribuent néanmoins à souligner les clés de linteaux, bandeaux et corniches de la large bâtisse. Une statue monumentale de Véréna trône sur la placette au-devant de l’entrée, incarnation du jugement, les yeux bandés en signe d’impartialité. M’avançant encore jusqu’à la massive porte à double battants, je m’arrête finalement à quelque distance du monceau de mobilier, bancs et accessoires divers positionnés devant l’entrée, en entravant complètement l’accès. Adossé au piédestal minéral de la statue, je demeure un moment, ainsi figé, scrutant successivement les fenêtres de la façade, la majorité d’entre-elles occultées par des rideaux tirés. Je remarque seulement alors la maxime gravée en classique sur le fronton de l’entrée ; médite quelques instants à son propos, avant d’être sous peu interrompu par un sifflement lointain. Détournant mon regard pour scruter en direction de l’origine du signal, je distingue, là-bas, un petit groupe au sein d’un bosquet arboré.

M’approchant progressivement, je les discerne mieux, dans la luminosité rougeoyante du crépuscule estival. Tous trois sont fort bien vêtus, affublés d’accoutrements peu communs et certainement très en vogue au sein des milieux privilégiés. De la plupart de leurs habits, je ne connais d’ailleurs même pas le nom, tant ce registre vestimentaire relève de sphères sociales avec lesquelles je n’ai jamais entretenu de contact. De leur aisance financière manifeste, et de leur présence si proche de la faculté, je devine avec une relative certitude avoir affaire à des étudiants en grève. Ceux-là même qui réclament plus d’indépendance et d’ouverture, à l’image des institutions étrangères. Ceux-là, aussi, qui parfois causent du grabuge jusque dans la ville basse. Et dont le fils aîné de Thierry Adelwijn fait partie.

Le rouquin du trio m’adresse la parole le premier, m’interpelant d’un accent très marqué, probablement originaire d’une contrée plus au Nord. Ce n’est qu’avec un léger contretemps que me vient l’intuition d’avoir déjà entendu cet accent récemment, quoique moins caractérisé peut-être, au sein de la maisonnée des Adelwijn. Plutôt que de tirer des conclusions hâtives de ce qui s’apparente jusqu’à preuve du contraire à une coïncidence au sein d’une ville aussi cosmopolite, je suspens mon jugement les concernant, demeurant pour l’heure méfiant. Avant de répondre à mon interlocuteur, je m’astreins à dévisager successivement chacun des étudiants présents, décelant notamment quelque amusement à mes dépends sur les mimiques taquines des deux larrons en retrait. Sans me formaliser de ce comportement dont je ne saurais deviner la raison, je reporte mon attention sur le rouquin gentilhomme face à moi, et rétorque d’un ton égal :

« La grâce de la Colombe vous accompagne, messieurs, gente dame.

Depuis combien de temps, et pour quelle raison le Collège est-il ainsi clos ?
Je n’en avais pas connaissance en partant d’Orléac, il y a quelques jours de cela.

N’y a-t-il présentement plus une âme en ce temple de la sagesse et de la connaissance ? »


Après une brève interruption, et avant de laisser ensuite poliment l’opportunité à mon interlocuteur de répondre, j’achève de me présenter, espérant les inviter à faire de même, cherchant à cerner leur disposition à mon endroit :

« Je me nomme Éloi.
Vous étudiez ici ? »


Usage d'Empathie dès que possible, d'ici quelques échanges, en vue de tâter le terrain. Le but est d'éviter de forcer, ou de s'aliéner qui que ce soit.
Histoire de ne pas rendre plus difficile un retour ultérieur avec Guido ou Solène.
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Il ne semblait probablement pas à Éloi qu’il avait dit quoi que ce soit de drôle ; et pourtant, le rouquin à l’accent se tourna vers la fille, puis vers l’autre garçon, et voilà que les trois se mirent à l’esclaffer d’un rire à la saveur moqueuse, le Jutone rétorquant presque immédiatement :

« Ooooh, t’es pas d’ici mon frérot, pas vrai ? Haha ! »

La fille assise dans l’herbe tira un peu la langue, et engueula pour de faux le meneur du trio. Elle aussi avait un accent qui ne sonnait pas du tout breton, mais qui n’avait pour le coup rien à voir avec celui des Adelwijn, ou même des Tiléens qu’il avait pu rencontrer à Percefruit ; Peut-être était-elle Impériale. Elle en avait la façon grotesque de transformer les « je » en « che », ou un « laisse » en « lèche ».

« Laisse donc le curaillon tranquille, il est… mignon.
– Mais oui qu’il est mignon ! T’as vu comment y parle ! Le temple de la sagesse et de la connaissance, hahahahahahaha ! »


Ce fut l’autre garçon qui surenchérit. Lui était un homme grand, aux jolies épaules larges, même s’il avait un menton fuyant. Et, fait rassurant, il communiquait lui dans un breton impeccable et bien de chez lui.

« On a fait fermer de force le Collège parce que le doyen Almarius est un trou du cul. On a bloqué les portes et empêché de donner cours au début de l’année, mais à en croire triste Almarius, on est en vacances et l’endroit est fermé par sa volonté depuis le mois dernier ! Et tu vois Éloi, si on est en grève, c’est parce qu’on veut un nouveau monde, on veut former une université, et on veut pouvoir écrire et penser sans qu’on nous dise qu’est-ce qui est illicite de lire et qu’est-ce qui est mit à l’index et qu’est-ce qu’on ne peut pas étudier.
C’est la sagesse qui forme la cité, et pas la cité qui forme la sagesse. »


Il agrandit son sourire dans une grimace goguenarde, comme s’il provoquait Éloi à répondre quelque chose à ça.

La fille, elle, posa ses mains sur ses genoux et se redressa.

« Tu fais pas Brionnois, Éloi. »

Elle avait dit cette phrase d’un ton… Étrange. Comme si elle avait dit ça pour l’insulter. Ou non, comme si elle avait dit ça pour le complimenter. Lequel des deux ? Impossible de le savoir. Et vu la manière qu’elle eut de pencher la tête, il était clair que elle aussi semblait très amusée de voir quel sentiment elle inspirait au jeune homme…
Le roux laissa un tout petit instant de flottement, et reprit.

« Fait pas attention à eux, les curés sont assez mal vus dans le coin… Vu que c’est quasiment que des curés nos profs.
Mon nom c’est Thierry, étudiant dans la faculté de décrets. Lui, c’est André-René, étudiant dans la faculté de médecine, et elle, c’est Carlotta, et c’est… C’est particulier.
C’est interdit pour les femmes d’étudier au Collège de Brionne. Alors elle s’est inscrite sous le nom de Carl. Mais c’est la plus lettrée d’entre nous tous — elle est oblate du culte de Véréna et elle est venue ici pour parfaire son éducation. »

Ce statut avait de quoi étonner. Avec sa jolie robe de bourgeoise à boutons dorés, ses yeux un peu maquillés de fard et ses joues légèrement poudrées, elle n’avait pas du tout l’air sévère avec lequel on imaginait les serviteurs d’une Déesse du savoir et de la justice. Généralement, les Vérénéens sont de tristes sires, tout de noir vêtus, avec des perruques de procureurs ou de notaires sur la tête ; S’ils ont bien des femmes dans leurs rangs, elles servent d’archivistes et de bibliothécaires, et ne sortent quasiment jamais. Certainement pas pour se prélasser dans l’herbe en compagnie de deux garçons de son âge.

Le trio soufflait le chaud et le froid. Difficile de savoir s’ils voulaient sincèrement faire la connaissance d’Éloi, ou s’ils avaient juste trouvé un bouffon dont ils pouvaient se moquer…
Jet de charisme (Toujours à +2 même si ça fait plus d’une heure, osef) : 15, échec de 3

Jet d’empathie sur la jeune fille : 19, ouhlà, mais c’est quoi ces jets putain.
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Quand bien même je ne m’attendais pas à être bien reçu par le trio, je demeure un moment interloqué, muet face à la moquerie affichée de mes interlocuteurs à mon endroit. Et pour cause : leur première réaction consiste de fait à se gausser de concert, s’esclaffant à mes dépends. D’aucuns pourraient soutenir que j’ai cherché la présente situation, car à bien des égards, les apparences en disent long sur le large fossé qui nous sépare : eux portent de beaux vêtements, signes extérieurs de fortune, là où je ne suis quant à moi qu’un humble oblat, avec sa bure et son bourdon. Voyez donc la manière qu’ils ont, tous trois, de se tourner les uns vers les autres pour échanger leurs méchancetés ; leur façon de ricaner d’un air entendu ; leurs sourires moqueurs ; leurs œillades complices !

Quant à moi, je me tiens droit face à eux, le visage figé, interdit. Derrière mon masque d’hésitation, mon for intérieur est la proie d’un mordant conflit, oscillant entre humiliation et détermination, entre abandon et résolution, entre orgueil et raison. Indécis quant à mon ressenti, je suis quelque peu blessé, mon ego meurtri, ma fierté abîmée. En effet, de leur moquerie, je ne saisis point le motif, sinon la formalité de mon parler. Difficile, dès lors, de rebondir sans renchérir, et surtout sans médire de mes interlocuteurs. Garde ta langue des paroles perfides m’a-t-on appris. Optant pour ignorer la tirade convaincue du plus grand, c’est toutefois assez spontanément, et bien malgré moi, que me vient une réplique à la curieuse remarque de la jeune femme. Dans un instant de glissement non prémédité, je bredouille en effet une réponse mal assurée, souriant brièvement à ce qui sonne tout haut comme une évidence.

« C’est-à-dire que… entre nous… vous non plus. »

Malin, ce trait d'esprit ne l’est pas tant ; mais maladroit, ce l’est certainement. D’où que puisse me venir cet éclair espiègle, je n’en suis guère content. La jeune femme, s’étant redressée, affiche d’ailleurs une expression curieuse, équivoque, que je peine à déchiffrer. Son grand comparse n’est guère plus loquace, de sorte que c’est le rouquin qui rompt le temps de flottement dans la conversation, amorçant les présentations, chaque nom m’inspirant quelque réaction.

Thierry. Le rouquin à l’accent haché porte donc le même prénom que celui dont je suis censé espionner la maisonnée. L’hypothèse de la coïncidence s’éloigne encore davantage, comme je lutte contre la montée d’une excitation latente, m’efforçant de réfréner un enthousiasme mal à propos. Néanmoins, je demeure en alerte, mon attention ravivée : se peut-il que le hasard de mes pas m’ai mené face au dénigré fils de Thierry Adelwijn ? André-René, son comparse à la belle stature, me semble plus ouvertement antipathique, provocateur, mais est le seul des trois à étudier la médecine : il est donc susceptible d’avoir vu ou entendu parler de mon malade disparu.

Mais Carlotta est la plus surprenante. D’une part, car il est réellement insolite pour une femme d’avoir ne serait-ce qu’accès, fut-ce par imposture, de suivre de telles études. D’autre part, car son accoutrement est pour le moins curieux de la part d’une oblate de Véréna : me viendrait-il à l’esprit, à moi, de revêtir autre chose que la bure jaunie caractéristique de mon ordre ? Enfin, la jeune femme m’intrigue, c’est un fait. Son comportement à mon égard est comme ambivalent, comme elle me taquine tout en semblant modérer discrètement la tournure de la conversation. A mon corps défendant, c’est aussi vers son regard que je tends instinctivement à chercher un appui.

Tâchant de laisser les offenses ruisseler sans mal sur mon ego malmené, j’entreprends de m’installer dans la conversation, posant ma voix, dévisageant tour à tour mes interlocuteurs, cherchant toujours à cerner leurs tempéraments respectifs. Fidèle à mon intuition, je m’adresse préférentiellement à l’érudite du groupe, visant à entretenir sa curiosité, tâchant aussi de faire usage d’un langage plus adapté à une conversation de rue.

« Je suis moi-même oblat. Etudies-tu à Brionne en vue de ton ordination ? »

Et de glisser une question, dès que l’occasion se présente, dévisageant successivement chacun des trois étudiants :

« Je suis à la recherche d’une de mes sœurs, dont on m’a assuré que je la trouverai à la faculté de médecine.

Pouvez-vous m’aider en ce sens ? »
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le mini-trait d’esprit d’Éloi eut au moins le mérite de faire sourire André-René. Mais Carlotta répondit elle-même lorsque l’oblat lui offrit la parole.

« J’étudie pour moi-même. Arts libéraux. J’aime beaucoup la Bretonnie, j’aimerais y faire ma vie — mais pas sûre que beaucoup de nobles aimeraient avoir une femme pour servir de précepteur pour leurs enfants.
– Fallait rejoindre Shallya comme lui
, ricana Thierry.
– Mon père a émigré ici quand j’avais quatre ans. Si je dois devenir prêtresse, peut-être que je rentrerai à Altdorf, d’où nous venons.
– Moi il semblerait bien que je vais rester longtemps à Brionne — il n’y a que ma sœur qui est partie pour rentrer à Marienburg. Père n’aime pas trop les jeunes enfants de Brionne. 
»

Et voilà que les deux étrangers se mettaient à parler entre eux, comme si Éloi n’était pas là. Ce fut donc le désagréable étudiant en médecine qui reprit la parole pour répondre aux questions de l’oblat.

« Une sœur de Shallya dans la faculté de médecine ? Tu veux dire là, aujourd’hui, maintenant ?
Désolé mon cher Éloi, mais c’est rigoureusement impossible ; J’y suis encore tous les jours, et je n’ai vu ni robe jaune ni robe blanche, ce qui n’est pas plus mal. »


Thierry s’assit par terre, et fit un signe vers Éloi — il incitait le petit prêtre à venir auprès d’eux. Carlotta ria jaune et décida de se moquer de son camarade :

« Précise ta pensée, André. Il a l’air d’en mourir d’envie.
– Il n’y aurait pas de faculté de médecine sans le culte de Shallya — c’est la grande-prêtresse qui a tout acheté. Les instruments, les ouvrages, et même nos enseignants ; nous avons un médecin Impérial payé sur les gages de la Colombe, et non sur ceux du duc, ainsi qu’une prêtresse de Shallya savante pour nous enseigner la pharmacopée.
Seulement, dès que nous avons fait grève, la révérende-mère Sébire nous a immédiatement dénoncés. Notre enseignant Impérial qui nous avait rejoint et signé notre pétition — il a été limogé par dame Malicorne. Le mois dernier, pour on-ne-sait quelle raison, elle a ordonné à toutes les prêtresses de rentrer dans leurs monastères, et elle a donc forcé notre prof’ à quitter la faculté précipitamment…
C’est pas une façon de traiter ses élèves. J’ai fait médecine pour sauver des vies, Éloi, et en m’inscrivant j’ai prêté serment sur le Testament de Pergunda. Je n’ai peut-être pas une robe comme toi, mais je suis sûr que je sers plus la Colombe avec mes bouquins et mon bistouri que toi avec tes prières.
Donc, si une de tes sœurs était encore là-dedans… Je te le dis, je le saurais. »

Jet d’empathie sur André-René : 15, xpdr.

Jet d’intelligence : 18, XPDR. Faut que j’arrête de te répondre après Reinhard c’est putain d’infâme.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

C’est avec un certain soulagement que je constate la reprise de la conversation, le trio s’entretenant suffisamment sans qu’il me soit nécessaire de demeurer au cœur de l’attention. Comme chacun rétorque à son tour, je dispose quant à moi de quelques instants pour prendre la pleine mesure des informations que je parviens à glaner. J’obtiens pour commencer la confirmation que Thierry le rouquin est bien le fils aîné de Thierry Adelwijn, et le frère de Joséphine. Il aurait pu constituer une piste intéressante pour la conduite de mon enquête, n’eut été le dépit manifesté par son père à son endroit lors de mon entretien d’embauche avec le bourgeois. Etant donné le peu d’estime que semblait avoir le patriarche pour le Collège gréviste, et possiblement pour son fils, il est néanmoins peu probable que le jeune Thierry se révèle l’origine de la contagion au sein de sa famille. Je pense en effet que leurs relations sont pour le moins tendues.

Le commentaire amer du dénommé André-René me laisse un peu interloqué, n’ayant guère l’habitude que quelqu’un se félicite de l’absence de mes sœurs en quelque lieu que ce soit. Entretemps invité par Thierry à m’asseoir à mon tour dans le carré d’herbe, je décide de saisir cette opportunité de m’ancrer au sein de la conversation, et vient m’asseoir en tailleur non loin, ma besace et mon bourdon en travers de mes genoux. Et, levant le nez vers le grand André, demeuré debout, je l’écoute développer son propos, dans un parler impeccable et dénué d’accent. Je déchante toutefois assez rapidement en l’entendant reprocher à Sébire, principale mécène de sa faculté, son arbitrage lorsque les grèves ont commencé à se faire jour au Collège. Pour partie, il semble évident que la grande prêtresse du clergé shalléen, aumônière de Brionne siégeant au conseil ducal, ne pouvait que se désolidariser de la contestation par les étudiants de la mainmise du Duc sur les enseignements prodigués à l’académie : cela, André doit certainement en avoir conscience. Ce qu’il ne sait en revanche pas, c’est que l’ordre donné par Sébire à la plupart de mes sœurs de demeurer cloîtrées et de limiter leurs échanges avec le monde extérieur au strict nécessaire est fondé sur un motif sérieux, impérieux, sans rapport avec leur contestation.

J’ai dorénavant l’intuition de devoir focaliser mes efforts pour amadouer André-René, car il est le plus susceptible de pouvoir me faire pénétrer au sein du Collège de médecine, et pourrait même, dans l’idéal, m’y accompagner. Je dois néanmoins trouver un moyen de l’intriguer, voire de l’intéresser, car il me paraît pour l’heure relativement circonspect vis-à-vis de ma demande. De l’aperçu que j’ai eu jusqu’à présent de son tempérament, il me semble relativement sensible aux idéaux shalléens, quoique manifestement animé par quelque impérieuse nécessité de comparer son action à celle de mes sœurs. Enfin, sa première intervention témoigne d’une certaine fierté, d’un appétit des joutes verbales. Shallya me pardonne, mais peut-être puis-je tenter de jouer sur ce trait de personnalité.

Ainsi, assis dans l’herbe sous un crépuscule rougeoyant, je m’aventure à lui opposer un argument, en vue de gagner du temps, et de mieux cerner les ressorts de son comportement.

« Je comprends ta frustration, mais peut-être juges-tu un peu hâtivement. Après tout, la révérende mère siège au conseil ducal : à sa place, je ne prendrais pas le risque de laisser planer la moindre ambiguïté quant à ma loyauté.

Vos réclamations sont nobles, mais sa position est difficile à tenir. Sans doute ne souhaite-t-elle pas prendre le risque de perdre de son influence, grâce à laquelle elle œuvre pourtant pour le bien des petites gens. »


Difficile de juger, dans l’instant, du degré d’adhésion de mes interlocuteurs à mon discours. Aussi, sans trop attendre, j’entreprends à nouveau de questionner André quant à l’accès aux locaux de la faculté, prenant d’un regard les deux autres à témoin de la mise au défi à peine voilée que je m’apprête à formuler.

« Il n’est pas vain d’œuvrer pour la Colombe, quel qu’en soit le moyen. Si tes manuscrits et ton bistouri permettent d’endiguer le flot de maux en ce monde…

Tu dis te rendre encore tous les jours au sein du collège de médecine, quand bien même vous n’avez plus de professeurs ? Est-ce parce qu’on y soigne encore des gens ?
Si tel est le cas, je serais bien curieux de m’instruire par l’observation de tes méthodes... »
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
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- Livre de prière de Shallya
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Quand bien même Éloi décida de bien vite changer de sujet, l’étudiant en médecine ne put s’empêcher de rétorquer une nouvelle fois quelque chose afin de faire triompher son point de vue :

« Il est normal qu’en tant que prêtre, de Shallya par-dessus le marché, tu t’empresses de disculper la révérende-mère. Mais enfin, elle n’est pas à plaindre dans cette histoire — la religion est richissime, elle a énormément d’influence, son grand-frère est chancelier… Tout ça, ça devrait lui donner des raisons d’intervenir pour nous, pas des raisons de jouer leur jeu à eux.
– Aux yeux des nobles, le collège n’est qu’une garderie pour enfants riches,
rajouta Thierry.
– Ou l’endroit où on recrute des fonctionnaires. Ils croient pouvoir tout posséder pour eux-mêmes, mais enfin, ma famille a payé des droits d’inscription, le collège il m’appartient un peu, pas vrai ? »

Il prêchait en fait des convaincus. Alors, il regardait Éloi avec insistance. Manque de pot pour lui — Éloi n’avait ni ses vêtements, ni son statut. Qu’est-ce que l’oblat avait à gagner à s’opposer ou à être d’accord avec lui ?
André-René devait se rendre compte tout seul de la futilité de son débat, car il soupira de frustration et préféra enchaîner sur les questions plus utiles de son interlocuteur.

« En devenant étudiant en médecine, on nous fait prêter un serment, personne n’y échappe. Par cœur je peux te le réciter. « …Je me souviendrai que je reste un membre de la cité, avec des obligations envers tous les êtres humains, ceux doués d’esprit et de corps tout comme les infirmes… » Oui, on est en grève, ça veut dire qu’on refuse de suivre les cours et de se présenter devant le Duc, ça veut pas dire qu’on a soudainement arrêté d’être médecins.
Mais bien sûr, la sergenterie devant, elle nous surveille. J’espère que tes petites obligations envers la révérende-mère font que tu te tromperas pas de camp… »

Cette fois, Carlotta pesta. Elle tiqua des lèvres, et prit un ton un peu navré pour attaquer son camarade.

« C’est un petit oblat. Tu vas pas l’accuser d’espionner pour les cognes, tout de même ?
– On est jamais trop prudent de nos jours…
– T’es vache. Il vient même pas d’ici, qu’est-ce qu’il va baver aux cognes ? »


André leva les mains et ricana.

« D’accord, d’accord, je me calme…
Éloi — lève la main droite. Tu me jures que tu diras à personne comment tu es rentré, par où tu es rentré, qui est encore à l’intérieur et qu’est-ce qui s’y trame. Tu jures sur Shallya, mais aussi sur ses deux parents ; Mórr est une sale teigne, mais je pense qu’il peut te faire cauchemarder la nuit s’il veut. »


Il agita le bout de ses doigts en disant ça, comme pour se moquer des superstitions du petit oblat. Mais voilà, une fois sa proposition satisfaite, le voilà qui commença à s’éloigner.

« Hé bien, en avant mon pote. »




André-René fit le tour complet du grand bâtiment, et donc de tout le quartier étudiant. Ils passèrent devant un tailleur qui était fermé, une mercerie à la devanture remplie de bibelots et de petits jouets, et en face de quelques anciens assis en terrasse qui observaient les deux jeunes gens en train de marcher. Visiblement, des curieux parlaient à voix basse, en lançant des regards inquiets.
C’était aisé de savoir pourquoi. Aucun cheval, ni aucune diligence ne circulait sur ces rues pourtant pavées, avec trottoir et chaussées, le nec-plus-ultra de la voirie — surtout qu’Éloi avait passé sa sainte journée à fatiguer ses chevilles le long de sentiers boueux et insalubres de la Gâtine. Mais voilà, chaque artère qui menait hors du quartier était à moitié barricadée par des sergents, qui laissaient passer les piétons mais encombraient la route. Ces pauvres militaires semblaient se faire chier ; certains roupillaient à l’ombre, d’autres faisaient des allers-retours pour aller pisser dans un pare-terre de rose ou bien ils allaient commander une pâtisserie à la boulangerie du coin. Il y avait une sorte de guerre froide, un siège pas totalement assumé, tandis que toute la verdure autour de la faculté était une sorte de terrain abandonné, où personne n’osait aller flâner en groupe.

Finalement, André-René pénétra sur un petit terrain qui était annexe au bâtiment. Il y avait là un puits, des cordes à linge sans rien dessus, et puis, deux sortes de bâtis qui ressemblaient à un corps de ferme ; en fait, en zieutant un œil par une des fenêtres, Éloi découvrit des lits superposés. C’était, il le devinait, le pensionnat de la faculté.

André-René glissa le long d’une palissade. Il se pencha, et zieuta la barricade la plus proche. Les soldats avaient l’air tout sauf alertes. Alors, il s’agenouilla, souleva une pierre, et il trouva une clé. Il se releva, bondit comme un chat vers une vieille porte en bois, la déverouilla, la poussa, et fit des signes pour que l’oblat le suive très vite.
Il ferma tout vivement derrière. La pièce ressemblait à une salle d’eau, avec un grand baquet, des serviettes sèches et des flacons sur un rebord en bois.

« Bon j’avoue… On fait mieux comme entrée clandestine… Mais bon, par ici, c’est surveillé.

Il alla tout au fond de la pièce. Il y avait là une cloison. Il l’ouvrit, et derrière se trouvait un autre étudiant, un garçon joufflu qui sursauta de sa chaise. André-René leva les mains pour le calmer, et tendit la clé.

« T’inquiète, il est avec moi…
Tu peux planquer ça et prendre mon tour de garde ? Je ferai double-planque ce soir, promis. »


Le joufflu se mit à s’engueuler avec lui. Et voilà que les deux garçons échangèrent des mesquineries et des piques dans tous les sens. Mais voilà, le pauvre garçon en train de somnoler sur sa chaise finit par céder, arracha la clé des mains d’André, et Éloi était libre de continuer.

Le collège était un endroit… Simple. Plutôt bien bâti, bien joli, avec de longs couloirs assez grands pour que les semelles de cuir d’André n’arrêtèrent pas de résonner à chacun de ses pas. Mais c’était très différent de l’abbaye d’Orléac — ici, il n’y avait pas de tapisseries ou de broderies sur les murs, pas de cloîtres, pas de grandes décorations en tout genre qui valaient énormément d’argent. Au plafond, il y avait bien des candélabres en bronze ; mais ça n’avait rien d’incroyablement outrageux non plus.
Seule chose vraiment notable, comme sur la façade de devant, il y avait au-dessus d’une immense double-porte en bois renforcé, une autre plaque de marbre avec une inscription en classique fort impérieuse : « Contra vim mortis non crescit herba in hortis ». « Aucune herbe ne pousse dans le jardin qui soit un remède contre le pouvoir de la mort ». Que pouvait-être la signification d’une phrase aussi cynique ?

Finalement, André-René poussa cette porte, et voilà qu’Éloi entra dans une pièce telle qu’il n’en avait jamais vue…

C’était une sorte d’amphithéâtre. Ça, Éloi savait ce que c’était — il n’était jamais entré dans l’un d’entre eux, mais il en avait vu des illustrations dans des bouquins. Des sortes de gradins formaient des cercles qui grandissaient petit à petit en taille, pour focaliser l’attention sur quelque chose en contrebas. Sauf que, en contrebas, il y avait un véritable atelier de médecin, voire-même de chirurgien : une grande table d’opération, des tableaux derrière, des petits meubles à roulettes sur lesquels on avait placé des flacons et des outils de toutes les tailles et de toutes les fonctions. L’amphithéâtre était totalement vide, mais il y avait trois figures en train de discuter, qui se retournèrent en voyant arriver les intrus.

Éloi reconnu Guido, dans ses habits habituels, qui fit les gros yeux en le voyant. Il mit un peu plus de temps à reconnaître la figure plus petite à ses côtés — c’était Solène. Mais une Solène bien différente. Elle n’avait pas d’or dans ses nattes de cheveux, ni ses traces peintes sur son visage, ces symboles ésotériques blancs fort étranges dont il n’avait jamais demandé la signification. À la place, elle était vêtue des pieds à la tête comme un garçon ; bottes de cavalerie montant aux genoux, pantalon serré, chemise à boutons. Elle n’essayait pas de se travestir : tout le monde pouvait bien voir qu’elle avait la silhouette d’une femme, il n’empêche, il y avait là probablement de quoi lui faire payer une amende pour indécence publique…
Cela ne semblait pas trop déranger le troisième homme, qu’Éloi n’avait jamais vu auparavant.
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Un monsieur âgé, avec moustache et barbichette. Il portait un tablier blanc au-dessus de vêtements noirs, et semblait perpétuellement voûté en avant, presque comme un bossu. En voyant surgir André-René, il se mit à pester dans un accent similaire à celui de Carlotta :

« Ach ! Qu’est-ce que tu fais donc là, et avec un curaillon en plus ?! Dites donc, ici ce n’est pas un moulin jeune gens, d’abord elle, ensuite toi !

– Pardonnez-moi, Herr Docteur ; ce jeune frère Éloi souhaitait savoir comment vous travailliez. Peut-être peut-il dire à Sébire pourquoi ce serait une mauvaise idée de Son Altesse de nous faire sortir d’ici par la force…
– Sébire elle a bon dos, je ne pense pas que c’est le petit curaillon qui va changer quoi que ce soit à notre affaire !
Frère Éloi, je suis en train de travailler : assieds-toi et tais-toi donc ! Et toi, là, nigaud !

– Moi ?
– Oui toi ! Trop de gens debout autour de moi, va t’asseoir avec lui aussi ! »

Loin de se vexer, Guido haussa les épaules et s’éloigna. André-René, tout sourire, vint se mettre à côté de Solène. Il lui fit une petite révérence, en tendant sa main.

« Mademoiselle ; J’ignorais que vous étiez revenue ici…
– Ne t’attends pas à ce que je t’ai acheté un cadeau souvenir d'Orléac…
– Mais rien que vous voir est un cadeau, mademoiselle…
– Aww, classique, mais mignon quand même.
– Dites-donc, je vous dérange ?! Scheisse, les jeunes, toujours à vouloir se monter dessus comme des canards !
André-René, puisque tu as décidé que bronzer dehors ne t’allait pas, amène-moi le patient qu’a ramené cette larve de Guido — je termine mon expérience ici.

– Bien sûr, Herr »

Et exit André-René. Le docteur, lui, était penché au-dessus d’une table, à manipuler dans tous les sens des sortes de bâtons translucides, faits en verre fondu, et remplis là au tiers, là à la moitié, d’humeurs de couleur blanche ou rouge. Un tas de choses d’expériences savantes auxquelles Éloi ne pigeait trop bien. Il avait vu sœur Nathanaèle avoir plein de choses de ce genre, des éprouvettes, et il savait que cela servait à observer du sang, de la bile et de provoquer des réactions avec d’autres liquides — mais c’était là une science qui lui échappait entièrement, lui qui s’était plutôt forcé à étudier des textes et de la théologie.

Alors qu’il épiait de loin ce que le docteur était en train de trafiquer, Solène s’approcha d’Éloi et de Guido maintenant assis côtes-à-côtes. La jeune prêtresse était toute souriante, avec un air radieux. Elle se posa ses mains sur la rambarde qui séparait les bancs du théâtre anatomique, et parla à voix basse.

« Hé bien, Éloi, plein de ressources à ce que je vois. Guido t’as pourtant dit qu’il pourrait te faire entrer, mais tu y es parvenu tout seul…
Alors, raconte-moi tout. Tout va bien à Sainte-Olinde ? Et ces affaires avec les Adelwijn ? »

Rappel de ce qu’est un théâtre anatomique, sur cette jolie gravure de 1612 : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ ... Leiden.jpg

Jet d'empathie sur André-René (Seconde tentative) : 17, toujours pas.
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

C’est un étrange sentiment que de se voir soutenir un argumentaire en défense d’une catégorie de population à laquelle on n’appartient pas soi-même. En effet, si le discours développé ne me laisse pas complètement indifférent, force est de reconnaître que je n’ai guère d’avis quant au sujet évoqué. Que m’importe, en définitive, que les fils de familles privilégiées ne trouvent pas à leur convenance les cours qui leur sont dispensés : ces réalités sont si loin, en vérité, des enjeux de la vie quotidienne du petit peuple de Bretonnie. Mais le trio d’étudiants face à moi semble unanime, chacun acquiesçant sérieusement pour valider les déclarations des autres. Quant à moi, je ne dis mot, demeurant silencieux jusqu’à ce qu’André finisse par s’adresser à nouveau directement à moi, exigeant que je prête serment de ne rien dire. Désormais coutumier de ces solennelles promesses de garder le secret, j’obtempère sans broncher, levant la main comme j’y suis invité.

« Je jure de ne rien divulguer de ce qui me sera présenté céans. »

Cette déclaration a l’air de satisfaire André-René, qui se détourne et commence à s’éloigner. Pris de cours par son départ abrupt, je m’empresse de lui emboîter le pas, non sans un regard gêné à l’intention de Carlotta et Thierry. Puis, les laissant derrière moi, je m’efforce de rattraper l’avance d’André. Mais comme je marche désormais à sa suite, alignant tant bien que mal mon pas sur ses grandes enjambées, je ne peux néanmoins m’empêcher de repenser à mon songe de la veille ; est-ce aussi Mórr qui me l’a envoyé ?

A ma grande surprise, l’entrée dans le Collège se fait par une porte dérobée, préalablement déverrouillée. J’aurais naïvement pensé que le passage serait plus secret, mais celui-ci suffit manifestement à échapper aux regards. C’est donc à la faveur de la distraction des gardes que nous nous faufilons subrepticement à l’intérieur du bâtiment. Suivant précautionneusement mon guide, je circule donc à sa suite de couloir en corridor, mon regard s’attardant sur les murs étonnamment dépouillés, dénués de toute gravure, tapisserie ou quelconque ornement que l’on trouve au sein des temples. Tout est très sobre en ce lieu, des murs nus aux régulières dalles de pierre sous nos pas ; nulle rangée de colonnades en cet endroit ; nul cloître en ces murs. L’esprit de cette faculté est résolument -peut-être volontairement- différent des hospices, temples et abbayes dans lesquels j’ai grandi. Curieusement intimidé par ce décor, je ne dis mot en chemin, absorbé par mes observations.

Je reconnais l’amphithéâtre comme tel à sa forme caractéristique, ayant déjà pu observer de telles rangées concentriques de bancs sur certaines gravures : le lieu, désert, doit d’ordinaire pouvoir accueillir un bon nombre d’étudiants. Au centre de ce vaste espace, en contrebas, trois silhouettes rassemblées autour d’une table jonchée de savant matériel interrompent leur conversation comme nous pénétrons dans la salle. Quelle n’est pas ma surprise de reconnaître, en deux d’entre elles, les regards étonnés de Solène et Guido. Ce-dernier affiche une mine proprement surprise, certainement interloqué de me voir débouler contre toute attente ; difficile de dire, d’ici, si cet effarement est teinté de réprobation. Affublée de vêtements constituant normalement l’apanage de l’homme bretonnien, Solène affiche quant à elle une expression enjouée tandis qu’elle lève son regard dans notre direction. Si son visage est exempt des marques et breloques rituelles que je lui connaissais d’ordinaire, elle demeure aisément reconnaissable. Descendant précautionneusement les marches de bois du théâtre anatomique pour aller à sa rencontre, je m’aperçois bientôt que le point focal de son attention demeure attiré par autre chose, comme à travers moi. Un rapide coup d’œil par-dessus mon épaule me fait prendre conscience qu’il s’agit en fait d’André, dont le regard est lui aussi habité d’une lueur enthousiaste. Bifurquant latéralement pour aller m’asseoir quelque part au deuxième rang, je laisse le grand étudiant me dépasser pour rejoindre le trio, reportant mon attention sur le troisième larron en présence.

Ledit personnage interpelle d’ailleurs André, ses cheveux blancs, moustache et barbichette encadrant sa mine sévère à mon endroit. André l’appelle Herr Docteur, et son accent n’est pas d’ici ; je suppose donc qu’il s’agit de l’enseignant dont l’étudiant brionnois me parlait tout à l’heure. Ledit savant au dos voûté morigène un peu, râleur, et nous aboie sèchement des directives, nous intimant l’ordre qui de s’éloigner, qui de s’asseoir, qui de faire silence. Ne demeure bientôt au centre avec lui que Solène, et André, qui, les ayant rejoint, échange quelques mots charmeurs avec Solène, qui le lui rend bien. Assister à cette brève scène de séduction à mots couverts me laisse pensif, me rappelant subitement ce que j’ai moi-même laissé à Orléac en acceptant l’invitation de la révérende mère Sébire. Assailli d’une bouffée de nostalgie, je me perds un moment dans la contemplation du bois vieilli de la rambarde de bois juste devant moi. Ce n’est que lorsque Solène vient elle-même s’appuyer, toute proche, juste devant moi, que j’émerge brusquement de ma songerie. Réalisant que le grand André s’est entretemps absenté, je laisse échapper un sourire empreint d’une légère mélancolie à l’intention de Solène. Elle est si proche, si souriante, que son humeur rayonnante est un peu contagieuse, alors même que ma propre humeur est toute autre. Néanmoins grisé par cette innocente proximité, je me penche également vers elle, rivé à son regard, et commence à chuchoter.

« Guido m’a transmis ton message. Je voulais t’en parler pour que l’on se rende ici ensemble, mais je suis passé par la Gâtine… par le Furoncle, en fait, et… je me suis dit que j’allais repérer les lieux en amont. Mais je suis tombé sur des étudiants pas loin, et… me voilà.

Concernant Adelwijn, je n’ai donné qu’un cours pour l’instant. La maisonnée est bien ordonnée, très convenable… Et… j’ai cru comprendre que Thierry et son fils ne s’entendent pas très bien. Rien de plus. Difficile d’investiguer sans éveiller de soupçons, et surtout sans savoir ce qu’on cherche. »


Reprenant ma respiration, je reprends, plus pressant.

« Il se passe des choses dans la Gâtine. Tu dois le savoir mieux que moi. La contagion se répand. »

Et de conclure, dans un souffle, presque à l’oreille de Solène, essayant péniblement d’aborder le sujet qui me taraude depuis le matin même.

« J’ai… j’ai fait un songe étrange la nuit dernière. Je me suis vu dans les couloirs déserts de l’abbatiale d’Orléac. Je m’en souviens très clairement.

Il y avait une… chose… un homme répugnant… immonde.
Il m’a parlé… à travers le rêve, je veux dire.
C’était… »


La gorge nouée, les yeux humides, je m’interromps, désemparé, incapable d’achever mon récit. Fuyant le regard de Solène, je déglutis péniblement, avant de désigner le vieil homme affairé du bout du menton.

« C’est lui, le médecin Impérial dont m'a parlé André ? »
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Son bras posé contre le dossier de sa chaise, Guido se tourna aux 3/4 pour regarder Éloi, écoutant les réponses qu’il offrait en fait à Solène. La jeune fille garda son sourire, et hocha répétitivement de la tête pour approuver le début de son rapport.

« Ce n’est que le début, évidemment que tu ne vas pas obtenir des secrets dès la première semaine. En tout cas, tu es parvenu à te faire engager, et maintenant tu peux te balader dans sa maison.
Si tu ne trouves vraiment rien, et que tu n’as aucune piste, nous pourrons toujours trouver des preuves de force. Il faut trouver où Adelwijn garde ses documents et sa correspondance secrète, et on préparera un cambriolage. »


Guido hocha de la tête, même s’il eut un commentaire à ajouter.

« Mauvaise idée de traîner à Saint-Mananès. Le quartier est dangereux. Pas tant à cause de ses habitants, mais parce que l’endroit est délabré et semi-abandonné ; y a des vieilles maisons qui menacent de s’écrouler, et on raconte qu’il y aurait des… Choses, dans les sous-sols.
– Des racontars, pour la plupart.
– Racontars, hé… Tu y as déjà mis les pieds ?
– Non.
– Alors ne dis pas que ce sont des racontars. Les nettoyeurs d’écluses qu’on envoie là-dedans, on les paye quatre sous la journée et on les fait jurer de rien divulguer de ce qu'ils font là-dedans. Tu trouves que c’est une façon de faire ?
– Non.
– Brionne est une ville magnifique — à la surface. Éloi, ne t’aventure pas trop loin dans ce quartier. Y a des choses vraiment flippantes dedans. »

Lorsque l’oblat se mit à parler de ses rêves, le sourire de Solène se dissipa dans sa totalité. Elle se mit à froncer les sourcils, à croiser les bras, et à poser une main sous son menton, dans une mine interrogatrice qui n’était pas sans rappeler celle de Sébire — la jeune fille imitait les gestes de son mentor, sans trop s’en rendre compte.

Elle ne choisit pas de répondre tout de suite. Elle se contenta de tapoter son menton, quand finalement, on lui posa une question sur le docteur. Elle fit un petit geste de la tête, et concéda quelques informations un peu murmurées.

« Je ne connais pas d’autres médecins Impériaux, alors c’est sûrement lui, oui. Herr Docteur — il insiste là-dessus — est maître de la faculté de médecine de Brionne depuis… Quatre ans, maintenant ? C’est un ancien professeur de l’université d’Altdorf, on fait difficilement mieux dans le Vieux Monde, et-
– Dites donc, mademoiselle, on parle de moi dans mon dos sans me laisser me présenter en personne, hmmm ? »

Solène ferma les yeux et rentra les lèvres dans une pure expression de fatigue. Mais dès qu’elle se retourna pour faire face au docteur, elle avait pris un soudain faux-air de gamine : elle levait les sourcils, tirait la moue, et prenait une voix de fausset :

« Je pensais qu’il serait médiocre de ma part de vous forcer à vous présenter, vous semblez bien occupé…
– Je suis bien occupé, en effet. Mais si vous décidez de parler dans mon dos, j’aime autant que vous ne le fassiez pas dans mon théâtre anatomique, alors que je suis juste devant vous.
C’est pour ça qu’on a pas de femmes dans les facultés d’Altdorf — et dire qu’on m’a toujours vendu les Bretonniens comme encore plus à cheval que nous sur ce point ! »


Solène ne put s’empêcher de faire une grimace de malaise. Mais elle recula et devint toute silencieuse, tandis que le docteur se redressait — à peine, il semblait avoir du mal à mettre les épaules bien en arrière — et commença une grande tirade en regardant Éloi droit dans les yeux.

« Je me nomme Cornelius, Antoon, Rithovius. Cornelius avec un seul « L », Antoon avec deux « O » — répétez après moi, Han-tonne, pas Han-Thon. ni Han-Toune — et Rithovius j’épelle : R-I-T-H-O-V-I-U-S. Rithovius. Pas Ri-to-viusse, « viouz ». Je tolère d’être appelé « Corneille » dans votre breton, car c’est élégant, mais je vous interdis de m’appeler par mon prénom — EN REVANCHE, et je suis très clair là-dessus, je refuse que l’on s’adresse à moi en disant… « Antoine ». À la limite, « Antonin », mais ça ne me ferait pas plaisir.
Physicien diplômé de la faculté de médecine d’Altdorf, avec mention Insigni Cum Laude, ayant rédigé une thèse fort importante sur le traitement des myalgies de toutes sortes. Diplômé en pharmacopée, mais aussi, et c’est important de le préciser, en chirurgie. J’ai été docteur-régent pendant cinq ans à la faculté de médecine de Nuln, mais j’ai été invité par le culte de Shallya à enseigner à Brionne contre pension.
Vous pouvez vous adresser à moi par le titre « chiarissimo professore », ce qui signifie « Illustre professeur ». Mais je suis quelqu’un de modeste, alors, Docteur suffira. »


Ce type avait visiblement une très haute opinion de lui-même. C’était assez gênant pour que Guido serre très fort ses mandibules. Mais il n’osa rien dire.

Heureusement, André-René mit fin au calvaire. Le petit étudiant en médecine rentra à nouveau dans la pièce, cette fois-ci, vêtu d’un accoutrement un peu étrange — il avait une sorte de linge avec une ficelle qui lui recouvrait la bouche et le nez.
Guido, Solène et Corneille l’imitèrent tous en sortant un chiffon similaire de leurs proches. La sœur de Shallya en sortit un deuxième : elle s’approcha d’une des tables roulantes, ouvrit un flacon, et imbiba la solution dessus. Elle le tendit alors à Éloi au-dessus de la rambarde.

« Noue ça derrière toi. Ça te protégera des miasmes. »

Le liquide avait une odeur acide et très forte. Un peu comme du vinaigre.

Elle se retourna, et alors, elle fit quelque chose de fort étrange…

Elle se mit à prier. Un petit psaume tout simple, rien d’incroyable. Une invocation de six vers à peine : « Je vous salue Shallya. » Mais, tout en murmurant cette petite formule pieuse à voix basse, Éloi put la voir se mettre à rayonner d’une sorte de lumière tout autour d’elle…
Elle alla dans le dos du médecin misogyne, elle fit semblant de trébucher, et le toucha. Le médecin réagit vivement : il bondit de côté, la main levée, et rouspéta.

« Mais vous pouvez pas faire attention ?!
Non mais je vous jure !

– Pardonnez-moi, docteur… »

Guido donna un petit coup dans le flanc d’Éloi, pour attirer son attention. Il lui chuchota quelque chose.

« Ils savent que Solène est une prêtresse de Shallya, mais il vaut mieux ne pas pénétrer ici avec une robe jaune ou blanche. Les sergents surveillent. Officiellement, Sébire fait comme si elle respectait scrupuleusement la fermeture du collège. Officieusement, elle a besoin des médecins, et les médecins ont besoin d’elle.
J’espère que personne ne t’a vu rentrer. »

André-René n’était pas seul. Il était en train de soutenir un nouvel arrivant qui semblait un peu perdu.
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C’était un jeune homme, de taille médiocre, plus petit que le docteur, avec un carré de cheveux blonds très fins. Il portait une chemise entrouverte, et des braies communes pour couvrir ses jambes. Son aspect indiquait clairement la maladie : joues creuses, teint pâles, yeux rouges. Il semblait suinter de sueur. Il marchait en se tenant les côtes, et en tremblotant un peu.

Le docteur tapota du pied, et indiqua sa table.

« Fais-le s’asseoir, puis tu prendras une feuille et une plume — tu vas me servir de preneur de notes.
– Bien, Herr Docteur.
– Chère Solène, allez rejoindre le Shalléen. Autant reprendre vos études où votre frère les avait arrêtées, hm ? »

Pendant une fraction de secondes, elle eut sur son visage une pure expression de haine. Ça avait été terriblement fugace, mais Éloi n’avait pu s’empêcher de le remarquer.

Mais elle ne dit rien, et alla avec forte obéissance prendre place dans le théâtre quasiment vide.

André-René s’assit sur la petite estrade derrière. Ouvrant le tiroir latéral d’un secrétaire, il sortit tout le matériel d’écriture nécessaire, trempa une plume, positionna le buvoir, et il fit un signe de tête en guise d’approbation.

Alors, le docteur toussota pour se dégager la gorge, et se mit à parler d’un ton froid pour lancer plein de phrases, tandis que l’étudiant gribouillait à toute vitesse derrière lui.

« Jour du Roi, 8 Avant-Mystère, 1551 An de Gilles. Il est…
– 17h32, docteur, fit un André-René qui avait tiré une magnifique montre en or de son manteau. En voilà, un outil qui montrait le statut richissime de l’étudiant.
– 17h. Docteur Corneille, étudie un patient. Comment te nommes-tu ? »

Le jeune homme, les fesses sur la table d’opération, était en train de regarder partout. Il observait les grands murs, la voûte en coupole au-dessus de sa tête, ses trois spectateurs masqués. Il semblait paniqué, bien que ce ne devait pas être la nervosité qui le faisait haleter. Se rendant compte qu’on lui parlait, il se mit à murmurer.

« M… Marc…
– Hm ? Parle plus fort pour voir ?
– Marc.
– Marc ? Marc quoi ?
– Marc… Tout court.
– Marc Toucourt. Ben voyons. »

Il retourna vers sa table roulante, la fit glisser vers lui, et commença à se saisir d’outils.

« Âge ?
– 17 ans…
– Tu connais ta taille ?
– Heu… Non…
– Debout, pour voir ? »

Lentement, il posa les deux pieds par terre, et se força à se redresser. Le docteur déroula une cordelette. Il grimaça en se penchant — l’âge devait lui avoir donné mal au dos, à l’image de sœur Michelle. Il remonta jusqu’au front de Marc, puis ravala la bandelette.

« Cinq pieds quatre pouces. Il faut manger de la soupe, Marc !
Poids ?

– Je… Je ne sais…
– Vous faites maigre. Cent livres, je suppose. Perte de poids depuis vos premiers symptômes ?
– Heu ?
– Depuis que t’es malade, t’es plus maigre ?
– Je… Je ne-
– Tu sais pas.
Tu sais pas grand-chose, Marc. Allez, rassieds-toi. »


Le docteur se saisit d’une sorte de languette de bois.
Il attrapa le menton du garçon, et força sur ses mandibules.

« Ouvre la bouche. Fait « Aaaaaah »… Hmm. »

Après avoir écrasé sa langue avec le petit bout de bois, il jeta ce morceau dans une petite poubelle sous sa table roulante. Il se saisit alors d’une sorte de loupe ; il attrapa une paupière du garçon, et tira dessus afin d’ausculter précisément sa rétine.

« Quand les premiers symptômes sont apparus ?
– Heu… La fièvre… Une semaine… Les… Mais je… je vomis depuis-
– Ne bouge pas, veux-tu ?
– Je vomis depuis plus longtemps, je-
– Après manger.
– Oui. Non.
– Oui ou non ?
– Non, pas que…
– Et pas de fièvre avant ?
– …Si… Si mais pas… Pas autant, je-
– Pas de fièvre mais en fait si, pas de vomissement avant manger mais en fait si… Hé, oh, il faut être clair, être précis. Un peu de nerf, veux-tu ?
– Désolé… »

Le docteur posa sa loupe, et attrapa maintenant un étrange bec avec un trou au milieu. Il passa sur le côté, et l’enfonça net dans une de ses oreilles.

« Difficultés à dormir ? Sueurs ?
– Tout le temps… Je sue… Tout le temps…
– Maux de ventre, aussi ?
– Oui…
– À quoi ressemblent les selles ?
– …Mh ?
– …Mh, mh ? Les selles, ta crotte, elle a quelle couleur ?
– J… Jaune. Liquide. Beaucoup. »

Après avoir observé dans le trou de ses deux oreilles, il jeta son outil sur la table, sans le poser délicatement.
Comme si… Quelque chose l’énervait.
Il se mit maintenant à palper le cou du garçon, peut-être à la recherche de pustules. Marc sembla se raidir à son contact.

« Le vomissement, il n'y a pas que des restes de nourriture donc, il y a aussi de la bile ? C’est salivaire ?
– Oui…
– Tu prends des herbes, pour tout ça ?
– Ma… Mon… La personne pour qui je travaille, m’a donné de… Des infusions… Angélique…
– Hm hm. Et ça a pas calmé tout ça ?
– Si, mais… Mais jamais assez longtemps.
– Jamais longtemps. Ben voyons.
Allez Marc, le meilleur pour la fin.
Quelle est ta profession ? »

Le jeune homme resta silencieux. Il regarda dans le vide pendant un tout petit instant. Mais le docteur demeurant tout droit devant lui, tel un épouvantail, il se mit à errer ses yeux vers Solène.
La jeune prêtresse lui intima de répondre avec un simple hochement de tête.
Alors il prit une grande inspiration, et souffla :

« Je suis courtisan. »

Le docteur pouffa de rire.

« Un courtisan c’est quelqu’un qui est à la cour, Marc. Je suis un homme très franc, j’aime pas les euphémismes de ce genre.
T’es une pute. Et t’as cru que parce que t’es venu la bouche en cœur devant quelqu’un qui a prêté serment devant la sainte et miséricordieuse Shallya, j’allais être trop généreux et t’offrir du laudanum plutôt que tu l'achètes dix sous le flacon à un apothicaire, j’ai pas raison ? »


À sa droite, Éloi pouvait sentir Solène se mettre à bouillir de colère. Mais pas juste parce qu’elle devenait rouge, en fronçant des sourcils.
Il y avait une… Une aura, autour d’elle.

Le docteur poussa sa table roulante. André-René, lui, avait arrêté d’écrire depuis ces quelques dernières phrases.

« Je réserve le laudanum à des gens qui en ont vraiment besoin, ou à ceux qui me payent pour perdre mon temps à le fabriquer. Je comprends que t’es au chômage vu ton état, mais t’as qu’à proposer ton cul à crédit, mon cher Marc. »

Il fit un signe de doigt à André-René. L’étudiant commença à ranger son matériel. Et alors, il se retourna, et se mit à pérorer d’un ton nasillard.

« Je ne te remercie pas, Solène. C’est devenu une habitude de ta part de me faire perdre du temps et de l’énergie avec tes amis des bas-fonds.
– Espèce de vieux débris Sigmarite. Il est malade à en crever, et il est contagieux !
– Il a des coliques sévères, c’est un mal vieux comme l’Humanité !
– Pour un jeune homme ?! Regardez comme il est maigre ! C’est pourtant ni un bébé, ni un vieux !
– C’est comme ça, la maladie est toujours inégale face à nous. Va donc pleurer en lui tenant les cheveux, si ça te fait tant plaisir.
Moi, je trouve qu’il y a pire comme contagion que pourrait transmettre une sale pute. À l’armée, on avait l’habitude de noyer les gamins comme lui dans les fleuves. »


Solène lance « Résistance de la maladie » sur Corneille : 1, réussite critique.

Jet empathie Éloi : 8
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

A force de coïncidences, je m’attendais presque à voir débouler le dénommé Simon recherché par Main-Ferrée, mais c’est en fait un parfait inconnu qu’André introduit au sein de l’amphithéâtre quasiment désert. Comme le jeune homme s’avance vers le cœur du théâtre anatomique, le teint pâle, ses joues creuses se précisent, révélant une criante maigreur : il a l’air malade, et très affaibli. Il n’est pas sitôt entré, progressant lentement vers l’espace central, que les personnes présentes s’équipent chacune d’une sorte de masque de tissu tiré de leur poche. Prévoyante, Solène vient à ma rencontre pour me tendre un chiffon similaire. L’ayant remerciée à mi-voix pour sa sollicitude, j’entreprends de positionner ladite étoffe sur la partie inférieure de mon visage, à l’instar de la prêtresse. C’est assez désagréable, humide, et très odorant, me donnant l’impression, à chaque inspiration, d’inhaler l’air retenu dans un flacon de vinaigre. Les premières respirations sont de fait difficiles, et me donnent un peu le tournis. Alors que Solène s’éloigne, je l’entends murmurer une courte prière, toute simple, à l’intention de Shallya : je n’en saisis que les premiers mots avant qu’elle ne s’éloigne, auréolée d’un halo de lumière. Lorsque je cligne des yeux pour en chasser les exhalaisons acides de mon masque de fortune, le fugace nimbe qui l’illuminait s’évanouit toutefois, comme s’il n’avait jamais existé. Songeur, croyant halluciner, je me recueille à mon tour, empreint d’une subliminale, indicible sensation. Paupières closes, je récite pour moi-même une version similaire de la prière entonnée par Solène, « Shallya, gratia plena ». Je la connais mieux en classique, car c’est ainsi que la prieuse Clémence nous apprenait la liturgie, arguant que l’ancienneté des mots est vectrice de rigueur et de piété personnelle.

Le coup de coude de Guido me tire de ma méditation, juste à temps pour surprendre la désobligeante remarque du médecin impérial en référence au frère de Solène. Gêné par la mesquinerie des mots du professeur, je passe quelques minutes à m’interroger quant aux implications de cette pique gratuite, cherchant à faire sens de l’éclair de ressentiment passé sur le visage de ma consœur. L’autre soir, au théâtre, Solène m’a un peu parlé de sa famille : je sais l’infortune de sa famille pourtant de petite noblesse, et ce qu’elle m’a raconté des mésaventures de feu son père. Quant à l’unique frère de Solène, je me souviens vaguement avoir entendu parler de son engagement dans la marine faute de fonds pour financer son errance. A en juger par l’ombre de détestation passée sur le visage de Solène, elle devait être proche de son cadet, dont j’ignore cependant le lien avec le Collège de médecine. Ces réflexions infructueuses me laissent une sensation d’agacement, et une seule certitude : j’ai de la peine pour Solène, sans trop en connaître la raison.

De plus en plus mal à l’aise avec le déroulement de la consultation tournant à l’humiliation du patient, je jette un regard de biais au visage crispé de Solène. Une froide colère couve en effet dans son regard, irradiant les alentours d’une tension perceptible. Je ne sais rien de ce patient, si ce n’est que Solène l’a visiblement amené en ces murs dans sa recherche des maillons des victimes de la contagion. La seule raison que je puisse trouver à une telle initiative doit nécessairement avoir trait à l’expertise de l’antipathique docteur Corneille, avec lequel elle ne s’entend pourtant guère. Je peine toutefois à concevoir qu’il s’agisse là d’une raison suffisante ; par ailleurs, pourquoi sœur Coline, du Furoncle, a-t-elle également privilégié, pour la prise en charge de Simon le disparu, la destination du collège de médecine plutôt que celle du temple de Shallya ? Un malaise grandissant m’habite, tandis que je songe à la question sous tous les angles possibles : tout se passe comme si certains malades identifiés étaient dirigés vers l’académie de médecine pourtant close et interdite d’accès. Dans le même temps, la plupart de mes sœurs ont été appelées à limiter leurs contacts avec l’extérieur. L’absence de réponses aux questionnements qui me tenaillent circonscrit mon raisonnement à un cercle vicieux de suspicion. Combien de malades ces murs recèlent-ils ? Qu’en est-il des dispensaires shalléens en ville ? Le Collège est-il seulement fermé pour cause de grève étudiante ? Surtout, la révérende mère Sébire m’a-t-elle tout dit ?

Emergeant de ces vaines pensées, je jette un regard désabusé aux alentours. Nous ne sommes que six au sein de l’amphithéâtre anatomique ; aussi, j’ai tout loisir de jauger successivement les personnes en présence, prenant progressivement conscience de quelque chose à mesure que je promène mon regard avec un certain détachement. Au centre, isolé, esseulé, se trouve le patient tremblant, sujet de l’attention générale. Non loin, le professeur pousse sa table à roulettes à l’opposé. André, assis sur l’estrade à l’arrière-plan, range son nécessaire d’écriture. Sur le banc, à ma gauche, Guido, le visage fermé, la mâchoire serrée, ne dit mot. Et à ma droite, Solène fulmine en silence.

Mal à l’aise, je réitère l’opération en pensée, appréhendant la scène d’un nouvel œil. Un patient, malade, faible, vulnérable, est moqué par un intellectuel étranger. Un jeune étudiant en médecine, bien né, rapporte diligemment les termes de l’entretien. Une prêtresse de Shallya, issue de la noblesse, bout d’une colère à peine contenue. Un soldat, ancien serf, tendu, renfrogné. Auditoire hétéroclite pour un simulacre de consultation ; assistance complice d’un professeur tenant davantage de l’orateur que du docteur. Où sont les solutions à l’issue de ce diagnostic ? Et qu’est-il advenu de la compassion prônée par Sainte Pergunda ?

Le docteur Corneille en a manifestement fini avec sa démonstration ; il pérore maintenant, joutant verbalement avec une Solène passablement agacée par ses airs suffisants. Également outré par sa condescendante attitude à l’égard du patient, je prends néanmoins le temps d’expirer longuement, évacuant tout ressentiment avant de me lever de mon banc. Guido m’a en effet recommandé de ne pas s’aliéner le médecin, ou du moins est-ce ce que j’en ai compris. Alors, le plus poliment possible, je prends la parole d’une voix égale, sans animosité, tâchant de flatter l’ego du professeur, à l’instar de quelque étudiant curieux formulant une question après une leçon. Dans le même temps, j’entreprends de gagner l’extrémité de la rangée, dirigeant mes pas vers les escaliers.

« Herr docteur, si vous permettez.

Votre éloquent exposé fait honneur à la rigueur méthodologique de votre diagnostic, mais je m’interroge quant aux modalités de contagion d’un tel mal. Se limitent-elles aux miasmes dans l’air ?

Également, quel traitement ce diagnostic appelle-t-il d’après vous ? »


Bientôt arrivé au bas des marches, je me tiens droit, disposé à écouter avec attention l’éventuelle réponse de l’érudit, prenant sur moi pour le remercier le cas échéant. En vue de surmonter ma réserve coutumière, et de conserver une expression grave derrière le masque, je m’efforce de faire le calme en mon for intérieur. Je ne crains pas ; Shallya est avec moi.

Au terme de l’éventuelle réponse du professeur Corneille, je déporte mon attention exclusive sur le patient toujours assis sur la table centrale. Son pathétique état m’inspire d’autant plus de compassion à présent que je me tiens face à lui. Sa maigreur est en effet d’autant plus frappante de près, sa chemise ne dissimulant plus guère son corps émacié, tremblant, drastiquement affaibli par la maladie. Cherchant le regard fuyant de mon vis-à-vis, je l’interpelle doucement, posément, allant jusqu’à lui effleurer l’épaule du bout des doigts pour obtenir son attention. Alors seulement, l’esprit obnubilé par un élan de compassion, momentanément sourd à toute sollicitation extérieure, je plonge mon regard dans le sien, lui adressant la parole à mi-voix, cherchant d’abord à le rassurer.

« Bonjour Marc. Tu tiens le coup ?

Moi, c’est Éloi. Je vais prier Shallya pour toi.

J’ai quelques questions, aussi. Est-ce que tu veux bien me dire du mieux que tu peux depuis combien de temps, ou après quel évènement tu t’es senti malade ? »


Plaçant ma confiance en Shallya, j’avance lentement la main pour jauger sa température, apposant ma paume sur son front moite, brûlant. Alors, paupières closes, je reste là un moment, figé dans mon geste, m’efforçant de faire le vide dans mon esprit pour mieux implorer la Colombe ; l’accueillir ; lui proposer, à travers moi, de toucher le malheureux Marc de son infinie miséricorde. Attentif au pouls de mon prochain, je psalmodie doucement, presque pour moi-même, une lente mélopée.

*Et ego ad te Shallya clamavi et oratio mea praeveniet te
Ad te suspiramus, gementes et flentes, in hac lacrimarum valle.
Miserere nobis, et libera eum ex morbo.*

Incantation de Résistance aux maladies sur moi-même (résolution effectuée par la Fée) : 10, réussi.
Peut-être Empathie sur le malade mais je pense que la plupart des choses sont clairement apparentes.
Tentative de Guérison des maladies (moyenne) sur Marc.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
Profil : For 9 | End 9 | Hab 8 | Cha 11 | Int 11 | Ini 8 | Att 9 | Par 8 | Tir 8 | Mag 14 | NA 1 | PV 75/75

États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
Fiche wiki[Annexe] Brionne et Orléac

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