[Éloi] Princesse de la Foi

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Et comme tout à l’heure, le démagogue n’était vraiment pas contraint à l’humilité à la réponse d’Éloi ; Tout à l’inverse, en fait, la réponse du petit prêtre lui servait uniquement à trouver une réplique qui sortait sans bégaiement ni hésitation. Pour peu, on aurait presque pu croire qu’Éloi lui servait de sparring partner désigné à l’avance.

« Mais ces usages viennent de l’homme, et de l’homme noble, de Bretonnie, pas des Écritures saintes ; En Tilée, et dans l’Empire, les prêtresses de Shallya officient en blanc. Il n’y a que dans notre pays qu’elles officient en jaune.
Ou non, erreur ; La révérende mère de Malicorne officie en blanc, elle, car elle n’a même pas l’humilité d’imiter ses sœurs ! Elle est née noble, alors, elle considère profiter de tous ses privilèges nobles, même après avoir prêté serment sur les pieds de la Colombe ! »


Il y eut un sifflet. Un bras d’honneur de la part d’un gros bonhomme au chapeau gondolé. Mais il y avait aussi quelques grincements de dents, et des hochements de tête. Minoritaires, mais bien présents.
Aux yeux de certains, le démagogue avait du sens.

L’homme aux paires de lunettes leva sa main, et fit entendre sa voix fluette très fort au-dessus du brouhaha, tandis que son visage blanc virait au rouge :

« J’ignorais qu’on était en présence d’un autre clerc de Shallya ! Réponds plutôt à la question du prêtre ! Qui es-tu pour oser dire comment doit se gérer le culte de la sainte Pleureuse ?! »

Le démagogue eut un grand sourire en coin. Il posa un poing sur sa hanche, et leva fièrement le menton.

« Il est vrai, je ne suis point ecclésiastique ; Mais je sais qu’est-ce que c’est, de renoncer à ses privilèges lorsqu’on n’a pas de raisons d’en profiter !
Mon nom est Ambroise de Carantilly, et par ma mère comme par mon père, je suis capable de prouver mon lignage sur cinq générations de sang bleu — je suis, voyez-vous, un noble, de bonne race ! »


Suivi un léger silence, et de gros yeux écarquillés par telle révélation.
Il n’avait absolument aucun attribut noble. Pas seulement par les couleurs de son costume, mais surtout, par le fait qu’il ne portait pas l’épée à sa ceinture. Pourtant, il était difficile d’imaginer qu’il puisse mentir sur un sujet aussi grave.
Parce que l’usurpation de noblesse est punie avec la sévérité la plus importante.

« Refusant de faire une carrière des armes, j’ai décidé de travailler pour gagner ma vie — comme vous tous. Et en échange de mon refus d’être oisif, j’ai subi la dérogeance ; cela veut dire que, comme vous tous, je paye des impôts ! Et puisque je suis au même rang que chacun d’entre vous, et que je refuse les privilèges liés à mon sang, je m’habille comme vous, vis dans les mêmes maisons que vous — alors que j’aurais le droit de contrevenir aux lois somptuaires, j’ai volontairement choisi de m’y plier, car je crois au respect de la loi !
Mais la loi se doit d’être un marché équitable — Pensez-vous qu’elle l’est ? La loi qui ne sait pas vous protéger ? La loi qui permet à quelques-uns de spolier les biens des plus nombreux ?!
Non, je ne suis pas prêtre ; Non, je ne m’attaque pas aux grandes ordonnances, du Roi et de la Matriarche, qui sont, si cela se trouve, en place pour de bonnes raisons — ce que je refuse, en revanche, c’est comment elles n’offrent aucune contrepartie !
Si moi je suis un noble bourgeois, et que je m’habille comme un bourgeois, alors une femme noble prêtresse, devrait être une femme prêtresse avant d’être noble ! »


Il y eut quelqu’un pour applaudir. Un sifflement, sans qu’on sache s’il était hostile ou approbateur.

« Et d’ailleurs ! »

Il attendit que les disputes de la foule soient un peu moins véhémentes, puis, il humecta ses lèvres, et reprit son propos avec beaucoup d’emphase.

« Et d’ailleurs, vous n’avez pas à entendre ma simple voix pour forger votre propre opinion — il faut le demander à vos prêtresses, aux saintes femmes de vos paroisses, et vous verrez dans quel embarras vous les mettrez toutes — car en réalité, aucune d’entre elle ne sera capable de vous dire pourquoi Sébire de Malicorne est grande-prêtresse ! Aucune Brionnoise ne l’a désignée !
Les nobles ont corrompu la chevalerie de Gilles le Breton, c’était après tout leur problème ! Les nobles ont ensuite corrompu la loi, et personne n’a pensé réagir, car ils avaient pour eux les sergents et les potences ! Mais à présent, les nobles ont décidé qu’ils allaient corrompre la Religion, voler l’argent aux miséreux et éclopés pour payer leurs parures, et vous allez oser me dire que vous allez rester là sans rien faire ?! »


Le gros costaud aux épaules dénudées, qui il y a deux minutes à peine traitait le démagogue avec suspicion, se mettait à présent à agiter la tête dans tous les sens, et à applaudir.

Debout sur sa chaise, Ambroise chercha quelqu’un du regard dans la foule. Ses yeux tentaient de retrouver Éloi.
Mais Éloi sentit une main attraper la manche de sa robe, et le faire trébucher de deux pas un peu plus loin. Ainsi, le prêtre percuta un monsieur qui s’écarta très vite. Le prêtre se retrouva camouflé dans la cinquantaine de personnes composant la foule, et termina vite nez-à-nez avec le coupable qui venait de le tirer.
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Il fallut un tout petit peu de temps pour que son visage dise quelque chose à Éloi ; C’était cette gamine qu’il avait croisée dans le tout petit escalier qui menait au spectacle de Treveur. Elle avait la même mise qu’elle avait lors de cette nuit : pieds nus, braies de garçon arrachées aux chevilles, une chemise beaucoup trop ample sur le dos. Une toute jeune fille, plus jeune que lui, avec des cheveux roux gras coupés pour s’arrêter avant ses épaules. Elle parla à voix basse en approchant ses lèvres de l’oblat, pour pouvoir communiquer avec lui malgré les cris de la foule.

« C't'un talent chez toi d'donner la réplique à des types qui crient ?
Chaque fois qu'tu l’ouvres il trouve quoi répondre, t’es son complice hein ? »


Ambroise bégaya, ne trouvant visiblement pas Éloi. Alors, finalement, il reprit tout seul.

« Non c’est vrai, je ne suis pas prêtre ! Mais je paye la dîme Shalléenne ! Chaque semaine, je me rends au temple ! J’ai lavé les pieds de mendiants ! J’ai donné de mon temps autant que de mon argent, pour la plus belle des Déesses !
Ce n’est pas en tant que prêtre que je parle, mais en tant qu’habitant de notre Brionne — qu’est-ce que Sébire fait avec l’argent qui devrait être destiné à la Colombe ?! Où est-il écrit qu’elle peut ainsi se parfumer et coiffer ses cheveux, là où Sainte Pergunda offrait son manteau à ceux qui ont froid ?! »


La petite gamine attrapa à nouveau la manche d’Éloi et le poussa au bout de la foule, avant de donner un petit geste de la tête vers le haut de la rue.

« Il peut t’mettre en colère mais d'façons ça sert à rien d’rester là. Y va vite d'voir se casser en courant, l’Ambroise, noble ou pas. »

Et en effet, en haut de la rue, un groupe d’hommes commençait à descendre tout droit en direction de l’attroupement.
Un groupe constitué de types aux bras nus couverts de tatouages, avec des bottes cloutées et des bijoux aux doigts, des boucles dorées sur les lobes des oreilles ou aux lèvres — et surtout, ils se trouvaient être armés de matraques et de crochets.
C’était là la Pègre de Brionne, contre laquelle Guido l’avait mit en garde.


Deuxième test de charisme donc, toujours avec le même bonus : 19, échec automatique et ultra large.
Deuxième test de charisme du crétin de démagogue, avec un malus moindre parce qu’il a gagné son précédent test (-2) : 3, réussite large.

→ Le démagogue est quelqu’un d’étonnamment doué avec sa langue. Cette petite raclure fait du sens, et tu ne peux pas t’empêcher de voir quelques mines à présent approbatrices dans la foule.

Pas de test d’empathie : Le gars n’est pas du tout aviné, non.

Jet de connaissances générales (Brionne) : 17. Tu connais de loin le nom de famille d’Ambroise. Cela vient bien du duché. Mais tu n’es pas certain de ce que cette famille a accompli. En tout cas, pour que le nom naisse dans ta tête, c’est qu’ils ne doivent pas être des vavasseurs paumés. Mais c’est pas des grands barons non plus.

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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

A la faveur du tumulte ambiant au sein de la foule, on me marche sur l’extrémité du pied. Baissant machinalement les yeux vers mes sandales pour saisir l’origine du piétinement de mes propres orteils, j’ai le temps de distinguer un pied nu, sale, relativement fin, franchement appuyé sur le mien. Avant que je ne puisse réagir, on me tire alors avec vigueur par la manche, et j’oscille un instant, cherchant vainement mon équilibre. Ce n’est que lorsque je manque de chuter vers lui que l’inconnu libère mon pied, de sorte que j’esquisse, par réflexe, un pas précipité, puis un autre en sa direction pour me rétablir. Emporté par mon élan, je manque ce-faisant de déstabiliser un badaud distrait, prenant opportunément appui sur son épaule pour me stabiliser. Désormais happé par la foule, dissimulé aux regards, j’emboîte le pas bien malgré moi à mon fuyant agresseur. Pour cela, je me faufile tant bien que mal parmi les gens, m’extirpant de l’attroupement, suivant docilement les coups secs sur ma manche. Comme Ambroise de Carantilly m’a visiblement perdu de vue, poursuivant son discours derrière nous, mon ravisseur cesse un instant de me tirer à l’écart, et se révèle à ma vue, me sermonnant vivement à voix basse, avant de m’entraîner plus à l’écart encore.

Le souffle court, j’observe plus avant la jeune fille qui finit de procéder à mon exfiltration, sa chevelure se parant de flamboyants reflets sous le soleil de Brionne comme elle va nu-pieds, affublée de vêtements dépareillés. Elle me semble toute jeune, d’une quinzaine d’années peut-être -plus vraiment une enfant non plus. L’impression diffuse de l’avoir déjà rencontrée occupe mon esprit tandis que je me laisse désormais guider sans résister, à l’opposé de l’attroupement. Hésitant, je réfléchis à mi-voix, sans être certain qu’elle saisisse un traître mot de mon balbutiement.

« Tu… tu étais au cimetière, l’autre soir… n’est-ce pas ? »

A présent à bonne distance de la foule, nous marquons une halte dans l’ombre salvatrice d’un mur curieusement penché, et elle m’adresse un regard sévère, m’intimant l’ordre de me taire. Interloqué, j’obtempère, comme elle attire mon attention sur un groupe de gros-bras aux mines patibulaires ayant fait son apparition en amont de la rue. Leur attention ne semble pas portée sur nous, mais plutôt sur l’attroupement en contrebas. A n’en pas douter, ils ont l’intention de ramener l’ordre dans les rues de la Gâtine ; certainement pour le compte du fameux René le Borgne dont Solène et Guido m’ont parlé. Entre les mains de l’un d’eux, un sinistre crochet en vil acier, au vu duquel je ne peux m’empêcher de frissonner.

La réplique de mon interlocutrice me tire de ces considérations. Tâchant de ne pas perdre par mégarde mon regard dans les replis les plus coupables de son ample chemise, je m’astreins à fixer le fond de ses yeux clairs qui me jaugent d’un air équivoque.

Penchant légèrement la tête en sa direction pour me faire entendre, paumes ouvertes en signe d’apaisement, je murmure dans un souffle, incertain quant à ses motivations à mon endroit.

« Pardon… Je suis désolé, je pensais bien faire. »

Elle ne dit mot, me toisant de biais.

« Je suis nouveau en ville, je viens d’Orléac.
Je voudrais simplement me rendre utile aux gens d’ici, mais comme je ne connais personne... »


Respiration. Jetant un regard par-dessus mon épaule en direction du groupe de ruffians, je poursuis, inquiet.

« Je m’appelle Éloi. Et toi ?
Saurais-tu me présenter à tes collègues ? M’expliquer les us de la Gâtine ?
Si je peux aider qui que ce soit… »
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Mon blase c’t'Anis. T’as une drôle d’façon d’parler, Éloi ! « Collègues », haha. »

Elle marchait tout en parlant, et n’arrêtait pas de faire un signe discret du doigt pour que le Shalléen le suive. Ainsi, elle sautilla sur le trottoir en face de la rue, glissa sous un porche, et, d’un semi-trot pressé, elle se retrouva éloignée de la petite foule formée autour d’Ambroise.

« Colle-toi au mur et fait chut — ça va barder, ça va barder sec. »

Adossés tous les deux contre la façade d’un immeuble légèrement penché, ils étaient ainsi aux premières loges pour scruter la lente arrivée du groupe de costauds armés.
Au moment où les truands les dépassaient, l’un d’eux siffla bruyamment, assez fort pour qu’on l’entende à travers toute la rue. Anis donna un coup de coude dans le flanc d’Éloi, et indiqua du menton le siffleur.
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C’était un homme d’une laideur remarquable. Une grosse chape en peau fourrée, et une cotte rembourrée de laine lui servaient de vêtements. Ses avants-bras musclés étaient couverts d’étranges tatouages qui semblaient indiquer un alphabet primitif. Tout sourire, le meneur de la troupe se mit à hurler avec un accent avec une origine assez difficile à placer — peut-être un Kislévite, ou un Norse.

« Hé-ooh ! Bonnes gens d’Brionne !
Z’avez pas mieux à faire qu’rester tous là, ou quoi ?! Non ?! Ça gêne les charrettes de rester attroupé là, non, pensez pas ?!! »


Anis reprit sa marche, passa dans le dos des sicaires. Et elle en profita pour fournir quelques explications à Éloi.

« Ce type-là, qu’y s’appelle la Truelle. Un des lieu-tonant d’René l’borgne. Les ribauds y z’ont pas les pus inspirés des noms, hein ?
Dégageons avant qu’y nous fasse son numéro. »


Toute la foule s’était retournée pour observer les ribauds. Et, inquiets, certains d’entre eux commençaient déjà à tourner les talons comme si de rien n’était.
Mais un nombre assez conséquent d’entre eux continuaient de graviter autour de la chaise sur laquelle Ambroise était debout.
Alors, la Truelle se mit à faire les cent pas, d’un côté puis de l’autre de la chaussée, ses truands échauffant leurs bras comme s’ils se préparaient à la bagarre.

« Hé ?! Zêtes sourds ou ça cogne pas ?!
C’pas jour d’festival aujourd’hui ! Alors zou, ça dégage ! »


L’élégant noble leva la main, et désigna les-dit ribauds.

« Les voilà — les agréables guetteurs du Conseil. La soldatesque d’Amédée ne suffit pas à tenir la ville, alors ils préfèrent déléguer à tout ce qui se fait de métèques, d’orphelins, de fils de puterelles qui écument les bas-fonds de nos quartiers.
– C’moi qu’tu traites d’fils de pute, l’nobliaud ?!
T’es loin du palais m’garçon ! Les rues ici elles sont pas sûres, t’sûr qu’tu rentreras chez toi niquer ta gonzesse ce soir ?! »


Les hommes avec lui se mirent à rire gras à la blague de leur chef.

« P’têt qu’on va passer chez elle, tiens. Où c’est qu’elle crèche, eh ? Rue aux arbalètes, au-d’ssus d’la boulangerie ? »

Ambroise regarda la Truelle tout droit, et leva son menton.

« Il n’y a pas que les impôts qui sont une horreur — il y a aussi les pots-de-vins. Il y a ces taxes illicites, qui profitent à de telles créatures. Qui leur permettent de menacer vos familles, comme il vient tout juste de faire avec la mienne.
Mais s’il est vrai qu’ils aboient beaucoup, vous verrez, mes frères et mes sœurs, qu’ils mordent fort peu. Ils sont pareils aux chiens qu’on a châtré… »


La foule se vidait petit à petit. Les femmes et les lunetteux disparaissaient. Mais les manières du noble étaient suffisantes pour que lui aussi, il fasse naître des esclaffées sardoniques parmi les plus gros et les plus solides des manœuvres Brionnois.
Il formait son petit cordon de sbires, qui lui tournaient maintenant le dos comme pour le protéger.

Son insulte avait fait mouche. La Truelle avait arrêté de bouger de droite à gauche.

« J’vais compter jusqu’à dix ! Après ça, Shallya vous garde !
Dix !

– Neuf. »

Anis tira sur la robe d’Éloi.

« Allez, mon frère… ç'sert à rien… »

Duel d’Ambroise et de la Truelle, intimidation vs éloquence.
Intimidation de la Truelle : 17, échec lamentable
Éloquence d’Ambroise : 6, jolie réussite. Ma parole, ce gars est on fire.

J’arrête là pour voir si tu décides d’intervenir du haut de ton Shalléanisme, ou si tu te contentes de fuir avec la gamine.
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Je médite un instant, hochant machinalement la tête, le regard vague. Anis. Un nom simple, tel l’aromate du même nom à la blanche fleur. On tire de l’huile, et divers remèdes de ses graines. Je crois aussi me souvenir avoir entendu Sœur Annabelle parler un jour de préparations aux graines d’anis. L’espace d’un curieux instant, je m’efforce de me remémorer le contexte de cette déclaration, mais déjà, Anis me presse, d’un franc coup de coude dans les côtes, contre la façade inclinée d’un immeuble construit légèrement de biais. Immobile, je me tiens coi, tendu, mais silencieux.

Les ribauds se sont arrêtés au-devant du groupe de badauds réunis devant le dénommé Ambroise, qui les défie maintenant, entamant une joute verbale avec le meneur des nouveaux-venus. Lui semble avoir l’habitude de se faire obéir, et se vexe manifestement que sa tentative d’intimidation demeure lettre morte. De fait, il fulmine, arpente, piétine le sol de la rue. Il vocifère, menace l’agitateur, une fois, deux fois, avant de lancer son ultimatum. Las, contre toute raison, plutôt que d’apaiser la situation, Ambroise lui répond, le mettant implicitement au défi de venir le chercher. L’affrontement semble inévitable, les deux parties ayant encouragé l’escalade des hostilités.

Bien sûr, je suis déchiré par l’envie de m’interposer. Je ressens dans ma chair le sordide gâchis qu’une telle rixe laisse augurer. Mon âme remue en mon for intérieur, refusant de laisser advenir cet imminent futur qui semble pourtant inéluctable. L’image des corps inertes sur la charrette rentrant à Orléac assaille ma mémoire : cette tuerie aussi aurait pu être évitée. Avant-hier encore, ici-même à Brionne, sur la place Grand Manaan, l’interposition de Sébire a permis d’éviter tant de violences. Ne puis-je faire de même en ce lieu, en cette heure ? M’avancer, convaincre les sbires de René le Borgne de refluer ?

On tire avec insistance sur ma manche. C’est Anis, qui me fixe intensément du regard, une ombre soucieuse sur son visage juvénile.

Non, elle a raison. Ça ne sert à rien. A quoi bon, en effet, prôner l’apaisement ? L’ego des deux hommes aura de toute façon raison de tout plaidoyer. Je ne suis pas Solène, ni Sébire. Je n’ai ni le charme de ma consœur, ni l’autorité de la Révérende Mère.

Dévasté, la mort dans l’âme, je me détourne de ce spectacle auquel je ne saurais assister une seconde de plus. Cherchant le regard d’Anis, je lui signifie mon consentement à notre départ. Comme nous nous éloignons, je m’efforce d’amorcer la conversation, d’une voix mouillée, luttant à grand peine contre le remord.

« A… Anis, est-ce que… ce genre de rixe est chose courante à Brionne ?
Le cœur de Shallya saigne lorsque les hommes se font du mal. »
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Éloi ne découvrit pas visuellement le résultat de la rixe entre la Truelle et sieur Ambroise ; loin de profiter de sa tenue sacerdotale, et du respect que tous les habitants tout entier du Royaume de Bretonnie vouaient à la Colombe, il préféra fuir.
Le reste, il était perçut donc par les oreilles. Quelques insultes bourdonnaient plus loin dans la rue. Des débardeurs qui se mettaient à vociférer à l’intention du sbire de René, et, alors qu’il disparaissait par une traboule en suivant la gamine plus petite que lui, des débuts de gros cris d’hommes qui ressemblaient à des aboiements.

« Courante ?
Moué — Brionne ça pète ben une fois par an ! Yé toujours une bonne ré-zon d’jouer d’la fracasse — et céti qu’c’est les impôts, et céti qu’c’est un gars innocent qu’à été pendu, et même qu’céti une guerre d’quartiers, pas’ke les gosses d’la place Manaan y z’ont volé l’ballon des chiards d’la passe Saint-Serlon !
Mais là, en c’départ, c’plus chaud qu’d’hab’, qu’j’dis. Les lun’tteux, d’leur faute. J’leur jette pô la pierre, hein, j’aime ben les lun’tteux, sauf quand qu’ils s’mettent à beuver et qu’y cuvent la zouzouille en charivari — t’vois c’que j’cause, oui-da ?
Mazette, par contr’, qu’est-ce qu’y est gaillard, l’Ambroise ! D’quoi troncher une veuve, haha ! »


Pas sûr qu’Éloi ait forcément compris grand-chose au parler argotique de la gosse. En tout cas, elle ne s’expliqua pas, et se contenta de s’enfuir d’un petit pas pressé, qui forçait le prêtre à augmenter la cadence, tant pis si ses sandales manquaient de filer hors de ses doigts de pieds à être contraint d’ainsi sautiller.

« Allez, allez, j’sais qu’ça trotte, mais j’veux pô m’faire cuire par les cognes, y savent ma ganache et y la r’mettent pô — ou p’têt qu’y la r’mettent trop, t’piges ? »

Il y avait un muret arraché en pierre, peut-être une ancienne structure d’église, ou une maison noble qui avait été démolie pour telle ou telle raison et ne laissait plus qu’une cicatrice sur le sol de la ville. Anis prit un petit élan avec ses bras menus, se tourna, et aida Éloi à enjamber l’obstacle. Alors, elle mit le pied devant l’autre, les bras en équerre à la manière des fidèles de Véréna, pour tenir en équilibre ; dans telle posture, elle alla jusqu’à une sorte de corniche.
Alors, elle fit un sifflement bizarre : trois notes succinctes, basses puis hautes, comme s’il s’agissait d’un code.
Un tout petit bonhomme surgit du toit. Un gosse de huit ans, les cheveux longs et sales, le visage dur et couvert de bleus, avec des chaussures aux semelles trouées, de la toile épaisse liée à une corde pour lui servir de braies, et une chemise courte qui dévoilait ses épaules. Il ressemblait à s’y méprendre au gosse qui avait fait la manche la dernière fois, celui que le sergent accompagnant le prêtre avait houspillé au loin.

« Beh, qu’tu fous quoi lô, Anis ? T’grattes pô l’huppé moustachu ?
– Peut plus quetter pénarde, la faute aux bourgeois et aux voyous.
– T-t-t-t, ça va mettre l’chat en colère, c’t’histoire.
– J’gère l’chat toute seule, minus ! Pousse-toi maint’nant. »

Le gamin pointa du doigt Éloi. Anis fit « non » de la tête.

« Il est réglo, t’inquiète. »

Le gamin s’éloigna. Alors, Anis fit un étirement, et le jeune oblat put comprendre, s’il n’avait pas encore deviné, ce qu’elle comptait faire :
Elle allait faire un gros saut pour grimper sur la corniche, et sur le toit d’une vieille maison.

« Alors, tu v’ins ?
C’pas haut du tout. Faut juste s’lancer sur tes guibolles. »


Elle devait sentir une certaine hésitation dans le jeune homme, car elle tendit sa main.

« Beh quoi ? T’voulais parler à mes co-llè-gues, nan ?
J’sais pô pourquoi t’voulais, mais si tu veux beh faut sauter ! »
Jet de compréhension de langage secret (Malus : -6) : 3, réussite de justesse.

Je t'ai écris la traduction de ce que t'as dit Anis :

« Les rixes sont-elles habituelles à Brionne ?
Ma foi — Le sentiment d’insécurité est assez cyclique dans la capitale ducale. Il arrive souvent que les tensions structurelles de la ville soient renforcées par quelques événements dramatiques qui servent de départ de feu à des rixes. La violence endémique est souvent causée par la pression fiscale, la dénonciation de l’injustice face à des tribunaux fort corrompus, et même des crises liées à la fierté de quartier qui est une composante importante de la vision de la vie de la jeunesse de la cité — il m’est arrivée d’être témoin d’une émeute pour un simple ballon dérobé !
Mais les rixes actuelles sont-elles différentes ? Il est vrai que généralement, les émeutes concernent les classes les plus marginales de la ville, et non les étudiants qui sont bien souvent des enfants de riches familles étrangères, de cadets de la noblesse, ou de marchands aisés — ce profil est, évidemment, très peu habituel dans la structure sociologique des fauteurs de troubles. Je n’ai, moi-même, pas beaucoup d’opinions, négatives ou positives, envers les-dits étudiants ; je regrette plus la violence dont ils peuvent faire preuve lorsqu’ils sèment la pagaille les nuits où ils se réunissent dans des tavernes. Oui, ces enfants de riches peuvent se montrer tout aussi cruels que les enfants des débardeurs…
Quant à ce sire Ambroise, vous me pardonnerez la coquetterie de le trouver fort élégant — il est le genre d’homme qui plairait à nombre de bonnes dames, y compris fort sages ! »
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Le discours d’Anis est très difficile à suivre. Comme elle rétorque, son parler s’emballe ; ses phrases s’allongent, et j’en perds le fil. Je peine à distinguer un quelconque segment intelligible au beau milieu de ce bavardage. En effet, outre la rapidité de l’énonciation, son élocution constitue également un obstacle de taille : certains mots semblent littéralement happer tout ou partie de leur prochain. Mais par quelque prodige, alors même que je ne maîtrise pas cet obscur patois des rues de la Gâtine, j’éprouve l’intuition de comprendre l’essentiel de ce dont il retourne.

Ça ressemble un peu au parler du jeune Garin, maintenant que j’y pense. Ou du moins me semble-t-il reconnaître certains mots, à partir desquels il devient possible d’inférer le sens approximatif de tout ceci. Elle me parle d’insécurité. De contestation. De tensions entre divers quartiers de la ville. A l’en croire, les étudiants du collège jouent un rôle plein et entier dans l’agitation ambiante. Etrange, alors même qu’ils sont pour la plupart issus de familles bien placées.

Nos pas nous amènent par-delà un mur en partie effondré. D’un bond empreint de souplesse, Anis saute lestement au-dessus. Quant à moi, encombré de ma bure, ma besace et mon bourdon, je peine à seulement l’enjamber. Levant les yeux lorsqu’enfin je parviens à me hisser sur l’obstacle de pierre effritée, j’entends Anis siffler comme une sorte de signal convenu d’avance. Une ombre bouge, là-haut sur la corniche qui nous domine, et nous apostrophe d’une voix juvénile. De la silhouette qui se profile alors à contre-jour sous le soleil de midi, je distingue peu à peu les traits : n’est-ce pas ce même gamin qui me tenait la manche, le jour de notre arrivée à Brionne ?

Ils discutent entre eux, et je ne comprends pas tout. L’enfant me jette des regards du coin de l’œil, et me désigne du menton, suspicieux. Ils parlent d’un personnage, le « chat », comme d’un meneur ou d’un arbitre. Et puis, le gamin s’écarte de quelques pas ; Anis s’étire, saute, et se hisse sans peine sur le toit, avant de se retourner vers moi. Stupéfait, je jauge un instant l’espace me séparant de la corniche de laquelle tous deux me toisent à présent. Comment espère-t-elle que je les rejoigne ? C’est haut, tout de même…

Mû par ses encouragements, j’entreprends de lui tendre ce qui pourrait me lester. Lentement, en toute confiance, je lui fais passer le bourdon offert par Pierrot, puis ma besace. Et puis, je la regarde, les bras ballants, tirer mon paquetage à elle. Contemplant le vide qui me sépare de la corniche en surplomb, j’expire longuement. J’appréhende un peu : après tout, je ne suis pas très grand.

« Beh quoi ? T’voulais parler à mes co-llè-gues, nan ?
J’sais pô pourquoi t’voulais, mais si tu veux beh faut sauter ! »


Elle a raison. Alors, je saute, un peu pataud, les bras levés. Mes avant-bras atteignent le rebord de toiture. S’y cramponnent. Las, surpris de mon propre poids, je glisse un peu, l’un de mes coudes quittant l’appui de la corniche. J’oscille, tétanisé, perdant l’équilibre. Mon regard tombe vers mes pieds, le mur en contrebas, et le sol encore plus bas. Je tressaille, secoué par un sursaut, et agrippe prestement la main tendue d’Anis. Fort de cette aide providentielle, je parviens finalement à me hisser à leur niveau. Là, à genoux sur la corniche, je souffle un peu. Le soleil de Brionne m’étourdit, et l’ardoise paraît brûlante sous mes doigts nus. Jetant un regard à Anis pour la remercier, je m’aperçois qu’elle ouvre déjà la marche, montrant le chemin, m’invitant à lui emboîter le pas.

Me redressant donc, j’avance d’un pas mal assuré, plaçant soigneusement un pied devant l’autre, évitant de regarder en contrebas. Est-ce le soleil qui m’affecte ainsi ? Le sol paraît si lointain…

Croisant le regard impavide de l’enfant, qui ne semble nourrir aucune sympathie à mon égard, j’entreprends de relancer la conversation. Ce-faisant, je m’efforce d’employer des termes simples, comme si je m’adressais au petit Garin d’Orléac :

« Qui est le chat ?

Et toi, bonhomme, as-tu un nom ? »
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Comment que ça qu’céti qui l’chat ?
Bah, l’chat ! »


Tout agacé, le garçon croisa les bras et fronça des sourcils, en affrontant l’oblat du regard.

En grimpant sur les toits de Brionne, l’environnement s’était soudainement modifié. Dans la rue, régnait l’obscurité, la faute aux immeubles trop hauts, se chevauchant les uns sur les autres sur cette île rocheuse qu’était Brionne ; plus on est bas, et plus on est camouflé, même en plein jour, même à cette heure de la journée.
Mais à présent suspendu au-dessus de la rue, Éloi subissait le cagnard, ce gros orbe orangé qui faisait mal aux yeux, ses reflets scintillant sur cette eau azur à perte de vue. Voilà un horizon d’artiste, même si on aurait sans doute une vue meilleure encore depuis tel ou tel clocher de Temple qui jaillissait au milieu des toits de tuiles des résidences.

« Où qu’on va céti clando, curaillon. Céti qu’veut dire qu’céti craignos si les cognes nous suivent.
La Colombe tout l’monde la prie, et la prie ben, c’t’un culte ami ; mais si quelqu’un, qu’importe qui, même ta gonze, te d’mande d’où qu’on crèche, t’as intérêt à la boucler.
Jure ? »


Elle passa son doigt sur ses lèvres, et glissa le long d’un geste sec — comme si elle imitait le geste violent de les recoudre.
Le serment d’Éloi ne sembla pas du goût du petit homme, qui tapota du pied, ses bras maigrelets toujours croisés.

« Pourqué qu’tu l’ramènes ? Qu’est-ce qui veut ?

– C’pô tes oignons, morveux. Va être utile, vé. »

Et Anis se saisit du garçon par les épaules. Le petit homme tenta de se débattre et de la frapper, mais une simple balayette de la grande fille suffit à le faire chuter au sol la tête la première. Il se mit alors dans une grosse colère, tout rouge, en tapant de ses poings par terre.

« D’moins en moins sages les mioches. Ça fait les bonhommes à six piges mais ça chiale encore quand ça a bobo.
Mé, quand j’avais son âge j’chialais pô, moé. »


La jeune fille marcha tout droit. Elle arriva au bout de la corniche, et avec une agilité féline, elle passa sur une grande planche de bois qui était jetée au-dessus du vide de la rue. En dessous, on voyait un colporteur passer avec sa chariote à bois, et une bande de chiens errants en train de nettoyer le fond d’une poubelle en la lapant. Anis avait traversé l’obstacle en deux secondes et autant de petits bonds, mais elle se retourna au bout pour faire des signes à l’oblat et s’assurer qu’il ne chute pas, au risque de se fêler le cou.

Nul doute que quand Anis devait traverser la ville, ces petits sauts hardis de toit en terrasse, de terrasse en grenier, de grenier en traboule, devaient être fort rapides, bien plus que de devoir traverser les rues bondées du port ou les avenues agitées de la Gâtine. Avec le prêtre souffrant de vertige derrière elle, le trajet fut décuplé d’un taux inconnu — vu son habilité, ce qui lui prenait deux secondes en demandait trente au curé. Et un trajet qui n’aurait dû prendre qu’un quart d’heures prit…
Difficile à dire, tant Éloi n’avait pas la tête à se concentrer sur l’heure. Surtout quand on lui demandait de s’accroupir sur des poteaux qu’Anis passait tranquillement debout. On aurait dit que le vide n'inspirait rien pour elle, aucune crainte un tant soit peu instinctive. Et quand Éloi lui fit la remarque, elle se contenta de miauler.

Tout apeuré qu’il était, le prêtre ne nota rien de son environnement. Il était devenu tout blanc, et tout en sueur. Il n’avait aucune idée d’où il allait, de comment Anis faisait pour se repérer, de si ce qu’ils faisaient était illégal ou non. À un moment, ils descendirent sur un balcon et traversèrent, c’était certain, le palier de porte de plusieurs appartements. Mais vu comment Anis se déplaçait d’un pas ferme et rapide, comme si elle était chez elle, le pauvre garçon était naturellement incité à juste la suivre, comme ces animaux qui suivent la tête du troupeau sans jamais douter de leurs meneurs. Comme les chevaux. Ou les chevaliers Bretonniens.

Après ce qui avait semblé être une éternité, Éloi retrouvait la terre ferme. Anis dût voir qu’il n’allait pas bien, car elle le siffla et l’amena vers une petite place.

« Vint t’asseoir ici. »

C’était la petite arrière-cour d’habitations. Il y avait du linge qui séchait, des arbustes, et un grand arbre sous lequel se mettre au frais. Et surtout, une pompe à eau. Sans se gêner, Anis attrapa un seau qui traînait là, tira fermement sur la pompe avec une force insoupçonnée dans les muscles longilignes de ses bras, et elle revint avec vers Éloi. Elle souleva le sol au-dessus de sa tête, se le versa directement dessus en tirant la langue pour étancher sa soif, et tendit tout le reste à son comparse.

« Souffle pis bois, pas l’moment d’avoir un coup d’chaud.
On r’part quand t’es prêt. »


Un court repos, et quelques éventuelles discussions plus tard, Anis lui donna un petit coup de pied dans la cheville, signe qu’il devait se relever et partir.
Un pas dehors, et il n’avait aucune idée d’où il venait d’atterrir.

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C’était toujours Brionne, c’était certain ; Toujours la même architecture, les mêmes maisons en bois recouvertes de plâtre blanc, les mêmes vitres omniprésentes alors que le verre est normalement trop cher pour les petits bourgeois. Mais ici, il y avait beaucoup moins de monde. Pas de gens qui couraient dans tous les sens, pas des dizaines de phrases dans des langues différentes, ni charretiers solides, ni truands, ni soldats, ni marchands Estaliens. Rien, un grand vide. On aurait pu presque prendre l’endroit pour une ville-fantôme, si seulement on n’entendait pas un crissement métallique. Un tour dans une ruelle, et Éloi vit un rémouleur aiguiser un couteau à l’aide d’une grosse pierre tournoyante, le mécanisme actionné par son pied.

« Ici céti le quartier Saint-Mananès. Ou « L’Furoncle », c’est son p’tit nom.
C’est l’quartier l’plus pauvre d’Brionne. Genre, pauvre pauvre. L’port c’est pauvre mais en fait c’riche, parce qu’y a plein d’trucs qui sont pô richous officiellement. J’sé pô si tu piges…
T’sens l’air ? C’est humide hein, c’est lourd ? »


En effet. Depuis qu’ils avaient quitté les toits, Éloi avait pu sentir comme si une chappe de plomb s’était posée sur ses épaules, et avait enserré sa gorge. Une sensation d’orage.

« La Gâtine céti un vieux marais qu’on dit. Ici, ça s’sent mieux qu’ailleurs. Y a plein d’moustiques, plein d’eau croupie, parfois ça inonde. Personne fait rien. L’fric va ailleurs. »

Les stigmates de l’ancien marais étaient, à présent qu’Anis le disait, bien présents. Au ras des immeubles, on voyait des algues séchées. Des vieilles traces brunes sur le bout de certains murets. L’hiver et les saisons pluvieuses devaient transformer tout cet endroit en bourbier infâme.

« Enfin Saint-Mananès, c’est là où qu’viennent dormir les veuves, les lépreux et pis les fauchés. René l’Borgne est pô ici parce qu’y a pas d’maille à s’faire. Son Altesse l’Duc vint pô ici parce que… y a pas d’maille à s’faire non plus. Même les Temples viennent pô là ! ‘fin, Mórr peut pas enterrer d’cadavres ici — y s’raient ballottés avec les flots à la moindre inondation, ça s’rait immonde. L’orphelinat et l’hôpital d’Shallya, ils sont dans des coins plus jolis.
On a une p’tite chapelle, quand même. Mais c’t’une prêtresse toute seule qui s’en occupe. »


Comment Anis faisait-elle pour se repérer ici ? Éloi n’en savait fichtre rien. Mais la voilà qui s’élança en bas d’un escalier aux marches de pierre. Et elle se retrouva sur un petit chemin fait de blanches de bois.
Il y avait une vieille échelle au bois putrescible bouffé par les champignons. Elle ne l’emprunta pas ; Elle trouva plus prudent de se mettre assise, et de chuter le mètre-et-demi qui l’envoya en bas. Et là, elle passa au-dessus de ce qui semblait être une vieille écluse abandonnée.
Sur de la terre sabloneuse crénelée de vieilles flaques d’eaux, il y avait des restes de cordages, de filets, et quelques poissons suicidaires aux yeux vitreux qui étaient morts là. Anis posa ses pieds nus dans la gadoue, et elle approcha tout près d’une grille aux barreaux arrachés. L’entrée était marquée par une torche en train de flamber.

La gamine attrapa sa bourse à sa ceinture. Elle s’arrêta devant un tonneau sur lequel on avait déposé des cartes à jouer et une bougie. Elle plaça quelques pièces de laiton, et une d’argent. Elle se tourna vers Éloi, et donna un ordre.

« Faut qu’tu donnes un dixième de c’que t’as gagné aujourd’hui. »

Aujourd’hui était un jour de repos, aussi, Éloi n’avait techniquement rien gagné. Autrement, s’il s’agissait de son salaire régulier, il faudrait ne donner que quatre deniers de cuivre. Mais peut-être que cette divinité, qu’Éloi devait avoir devinée à présent, apprécierait un plus ample supplément…

Pénétrant plus profondément dans ce qui semblait être un boyau d’argile et de brique, voilà qu’Anis amenait Éloi dans ce qui semblait être un port totalement abandonné. Il y avait le reste d’un embarcadère, avec un vieux canot de pêche mal rafistolé. Et, comme ça, au soleil, un homme était assis sur une chaise, les pieds sur un tonneau.
Il entendit deux personnes approcher. Alors, il se tourna, et posa quelque chose sur son visage. Il se mit debout, et alla à leur rencontre.
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Il portait un masque de théâtre sur le visage, qui lui donnait un air rigolard. Il ressemblait beaucoup, en ça, à Tréveur, mais aussi au brigadier du théâtre, qui se camouflaient tous deux leurs faces avec ces morceaux de porcelaine ou de tissus. Celui-là était habillé de façon pratique, avec du cuir, y compris une calotte cloutée sur le visage. Et il avait à son bras une sorte de plaque fine de métal aiguisé à la pointe — comme une petite dague qui se tenait le long de son avant-bras.

Anis lui fit une révérence. L’homme au masque posa un poing sur sa hanche, et se mit à parler avec une voix nasillarde, franchement peu charismatique. La voix d’un épicier, d’une personne totalement quelconque, qu’on n’aurait pas imaginé venant d’un masque aussi expressif.

« Jeune Anis, qu’est-ce que t’as ramené ici ?
– Main-Ferrée, céti frère Éloi ; Éloi, j’te présente Main-Ferrée. C’lui qui surveille et protège les gosses comme moé. Ceux qui font les poches aux bourges, et qui mendient dans les rues.
– Enchanté, Éloi. Fait pas gaffe à mon accoutrement, je ne suis jamais violent, Ranald déteste la violence — sauf envers les personnes qui font du mal à mes gosses, comme René le Borgne et ses sbires. Là, c’est de bonne guerre. »

Il tendit sa main, mais étonnamment, alors que toutes les personnes de toute la Bretonnie serraient avec la droite, lui tendait sa gauche.

« Éloi a dit qu’y voulait s’rendre utile.
Se rendre utile… Voilà qui est… Assez rassurant.
Est-ce la Révérende Mère qui t’envoies ? Tu es son nouveau secrétaire, quelque chose du genre ?

– J’l’ai trouvé dans la rue ! Y était entre l’agitéteur, là, l’beau Ambroise, pis cette pelle à merde d’la Truelle. Hé, pouvait s’faire piétiner l’pauv’ garçon !
– Hm-hm, la Gâtine commence à être sous pression, c’est très embêtant.
Viens t’asseoir, Éloi. Ne sois pas étonné si je sais des choses chez toi, tu étais au théâtre il y a pas longtemps — et Tréveur se souvient de tout le monde. Tu es arrivé ici avec la révérende-mère Sébire, et Sébire est une femme très importante. Ta tête, inconnue au bataillon, nous a forcément un peu attirés. »


Il s’assit sur son tabouret, et tira une table devant lui. Éloi fut invité à poser ses fesses sur une vieille caisse aux clous rouillés qui dépassaient, et au bois parcouru d’échardes.

« Si tu me disais que c’est la Révérende-Mère qui t’envoies, tu me retirerais un poids des épaules. C’est une femme qui a beaucoup de défauts, mais je sais qu’elle est pragmatique, et elle a le cœur au bon endroit… »
Jet déjà fait, habilité pour faire un pôti saut, no bonus no malus : 8, réussite de justesse, Éloi ne se gamelle pas par terre, ça aurait été de mauvais genre.

Jet d’observation : 20, échec critique.
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Progresser sur les toits de la Gâtine se révèle un exercice non seulement périlleux, mais aussi éminemment pénible. Le soleil de plomb de Brionne nous assaille en effet sans relâche de son accablant rayonnement, martelant nos crânes, meurtrissant nos nuques. Réfugié sous l’étouffant couvert de laine de mon capuchon, je m’efforce de demeurer focalisé sur la marche, tâchant d’imiter l’itinéraire emprunté par Anis. Chacun de mes pas me paraît néanmoins une insurmontable corvée, le paysage semblant vaciller, trembler à chacune de mes timides enjambées. Un simple coup d’œil en contrebas a suffi tout à l’heure à me faire éprouver une nausée tenace que je peine depuis à ignorer.
A l’occasion d’une brève halte à l’ombre salutaire d’une haute cheminée, Anis se tourne vers moi, la mine sérieuse. Elle souhaite que je promette, que je jure de garder le secret de notre destination. J’en comprends aisément la raison, ledit lieu constituant manifestement un refuge pour eux. C’est pourquoi, ne voyant pas de mal en ce geste, j’adjoins le nom de la Colombe à ma promesse.

« Je garderai votre secret, Anis. Shallya m’en soit témoin. »

Une moue agacée passe sur le visage du gamin dont j’ignore toujours le nom, comme si l’engagement que je viens de prendre ne suffisait nullement à apaiser sa méfiance. S’ensuit une rude altercation entre Anis et son cadet, à l’issue de laquelle ce-dernier s’éloigne encore, furibond. Comme Anis s'en va déjà, arpentant lestement la corniche, jusqu’à une longue planche franchissant le fossé de la rue pour relier les toits des deux bâtiments. Quant à moi, resté derrière, je m’avance jusqu’au rebord, blanc comme un linge, tétanisé par l’étroitesse du passage, assailli d’un furieux tournis. Mon cœur s’emballe, battant à tout rompre, comme cherchant à s’échapper de ma poitrine. Imperceptiblement, j’oscille sur place, d’avant en arrière, livide, au rythme saccadé de ma respiration. Happé par la vertigineuse angoisse de ce malaise qui m’étreint, je n’ose plus bouger. Ce n’est qu’au prix d’un effort conséquent, et surtout guidé par la poigne ferme de mon guide, que j’entreprends finalement, la périlleuse traversée. Lentement, mais sûrement, je progresse alors le long de la planche finalement plus large qu’il n’y paraissait, à la suite d’Anis, dont la démarche aérienne pourrait laisser croire que nous nous prêtons à quelque curieux ballet. Ainsi, concentré sur ses mouvements, je parviens à faire abstraction du vide environnant.


Comme je pose enfin le pied sur la rassurante ardoise de la toiture suivante, et qu’Anis se dérobe à mon étreinte malhabile, je dissimule le tremblement de mes mains en les joignant dans le pli de mes manches. Haletant, une adrénaline pulsatile brûlant dans mes veines, je me tiens coi pour un moment, cherchant à extérioriser une certaine perplexité quant à l’habileté de mon accompagnatrice. En faire finalement état ne m’attire qu’une mimique amusée de la part d’Anis, qui reprend son cheminement, les yeux facétieux, un fugace sourire en coin.



Je n’ai ensuite souvenir que de notre escale au sein d’une coquette arrière-cour ombragée, équipée d’une pompe à eau à laquelle Anis propose de nous abreuver. Trop éreinté pour opposer un quelconque scrupule, je m’assieds sans mot dire sur un miséricordieux rebord de pierre, appréciant la fraîcheur de son contact. Pensif, je laisse mon regard vagabonder sur la petite cour, ses plantations arbustives, son linge suspendu, et sa pompe à poignée qu’Anis entreprend d’actionner avec vigueur. Revenue vers moi, mon guide se rafraîchit à grande eau avant de me tendre le seau. La remerciant d’un ton lointain, je procède à quelques soigneuses ablutions, et médite un moment, cherchant à remettre de l’ordre dans mon esprit agité par mes récentes acrobaties. Il y a en effet un sentiment, une impression, que je souhaite cerner plus précisément. Depuis qu’Anis m’a extirpé du pétrin dans lequel je m’étais laissé embourber au sein de l’assistance du sieur Ambroise, j’éprouve une sensation étrange, comme si quelque chose sonnait faux. En effet, si je suis certes redevable envers ma comparse, je cherche à comprendre la raison qui la pousse à me mettre ainsi dans le secret de la destination vers laquelle elle m’entraîne. Est-ce un piège, habilement tendu, de l’homme-charogne, ou de quelque autre ennemi dont j’ignore au demeurant presque tout ? Ou cette dynamique jeune fille a-t-elle, d’une quelconque façon, besoin de moi ?
Demeuré silencieux tout au long de notre escale en ce havre ombragé, je suis tiré de mes considérations par un vif élancement à la cheville. Sur ce, Anis repart, et moi à sa suite.

A mon grand soulagement, nous ne regagnons pas les toits, mais arpentons de nouveau les rues d’un quartier à l’apparence bien différente du reste de la Gâtine. En effet, une sorte d’humidité, voire de moiteur, teinte l’air céans. Nous ne croisons plus guère de badauds parcourant les rues, l’endroit pouvant presque paraître inhabité, ne fut-ce pour quelque crissement que l’on entend résonner non loin. Anis m’explique que cette partie de la ville n’est pas très animée, du fait des sols marécageux. Mais ses explications ne font que confirmer une sensation latente, nettement perceptible dans l’atmosphère ambiante : qu’il s’agit d’une ville dont beaucoup sont partis, et que plus encore quitteraient s’ils le pouvaient. Ces indications m’évoquent spontanément la mise en garde de sœur Solène, qui me revient à l’esprit : notre adversaire est d’autant plus susceptible de convaincre ceux qui sont frustrés par l’abandon, l’injustice, ou la misère. Ici, au moins autant qu’ailleurs, je dois me rester attentif, et de me montrer prudent.

L’entrée du refuge des enfants se situe au sein d’un ancien canal, pour l’heure désaffecté, le sable néanmoins humide et boueux sous nos pieds. Une torche vive en marque l’entrée à travers une grille arrachée, au côté d’un tonneau sur lequel sont déposées une bougie et quelques cartes à jouer. Anis m’invite à y déposer un dixième de mes gains quotidiens, confirmant par la même occasion que nous nous apprêtons à pénétrer au sein d’un lieu de valeur aux yeux du dieu roublard. N’étant quant à moi pas fidèle de Ranald, dont les légendes regorgent de frasques, dont l’une des plus notables aux dépends de Shallya, l’idée de m’enfoncer trop profondément en son repaire ne m’inspire guère. Toutefois, de la même façon qu’il est attendu de quiconque pénétrant dans un lieu consacré du culte shalléen de laisser ses armes à l’entrée, je conçois et accepte de bon gré de m’acquitter de ce droit de passage. Fouillant du bout des doigts au fond de ma besace, j’abandonne un sou d’argent en guise de tribut au dieu des filous, au côté de la donation d’Anis. Avant de pénétrer à mon tour dans l’obscur boyau au sein duquel ma comparse s’engouffre maintenant, je demeure quelques instants à me recueillir en silence, les pieds dans l’eau trouble, au seuil de l’endroit. M’adressant à Shallya, recherchant la pieuse quiétude de mon for intérieur, je formule une humble supplique à l’intention de la Colombe, lui demandant de m’aider à trouver les mots justes jusque dans l’adversité.


Plus loin, après un tunnel humide à la voûte de pierre, se trouve une sorte de petite crique recelant un embarcadère à ciel ouvert. En des temps plus cléments, ce devait être un canal mieux entretenu, car l’eau y est sombre et plus profonde. Un petit rafiot de pêcheur s’y trouve encore, du genre que l’on trouve sur les quais d’Orléac-le-Bas. Et sur un ponton non loin, une silhouette assise nous tourne le dos. Comme nous approchons, Anis et moi, l’inconnu se redresse, semble saisir un objet laissé de côté, et se retourne, ajustant un masque à l’expression enjouée sur son visage encapuchonné. C’est un homme de taille assez quelconque, mais au costume haut en couleurs, similaire au brigadier du théâtre, ou à Treveur le veilleur au verbe chantant. Mais de ce-dernier, l’homme n’a ni l’allure, ni la carrure, et sa voix nasillarde ne m’est pas familière. Il s’adresse à Anis en premier lieu, qui le présente sous le nom de Main-Ferrée, certainement en référence à la froide lame fixée à son gant droit. Lui-même s’introduit comme un protecteur d’Anis et ses comparses, distinguant clairement leur groupe de la faction servant le redouté René le Borgne. Serrant après un instant d’étonnement sa main gauche comme il la tend, je jette un regard de biais au gant droit, pris d’une intuition, appréhendant le surnom de l’individu d’un nouvel œil.

« Merci pour ton accueil, Main-Ferrée. Shallya te garde. »

Rapidement invité à m’asseoir, je prends appui sur le rebord caisse bien mal en point, et dévisage successivement Anis et l’individu au masque rieur. L’homme pose plusieurs questions, mais soulève autant d’interrogations. Avide d’en savoir davantage, je mesure néanmoins mon enthousiasme, sa curiosité vis-à-vis de Sébire de Malicorne éveillant ma méfiance. Alors, m’efforçant de retrouver la même expression de neutralité composée que face à Thierry Adelwijn deux jours plus tôt, je rétorque, mains jointes, le dos droit, écartant d’un haussement d’épaules sa première question.

« Son … secrétaire ? Eh bien… dans une certaine mesure… »

Raclement de gorge plus feint que nécessaire. Grattement de l’arête du nez du bout du pouce. Essayons d’en savoir plus, et de n’égrener d’ici là que des bribes contrôlées d’informations. Il est en effet probable que mon interlocuteur essaie de jauger ma fiabilité à l’aune de ma propension à délivrer des informations sur autrui. Il convient de demeurer muet quant à la nature et la raison de ma relation avec la grande prêtresse, et ce d’autant plus que je n’ai pas la moindre idée de la réelle opinion de Main-Ferrée à son sujet.

« Je sers bien la Révérende Mère Sébire, avec qui je suis en effet arrivé d’Orléac voici quelques jours. Mais je ne suis pas ici sur son ordre. Anis m’a tiré d’un mauvais pas, et je serais honoré d’aider en retour, dans la mesure de mes humbles moyens. »

Un silence accueille ma déclaration, me laissant le loisir de développer mon propos, tentant d’orienter la conversation le temps d’en apprendre davantage.

« Vois-tu, mon frère, ayant grandi à Orléac, j’ai eu l’occasion de faire la connaissance de la plupart des gens dans le besoin, notamment au sein de la ville basse. Depuis mon arrivée à Brionne, j’ai très à cœur de reconstituer cette proximité avec mon prochain, comme la Colombe nous l’enseigne.

Anis dit que mes sœurs ne viennent guère ici, à une exception près. Au vu de votre disposition à l’égard des servantes de la Colombe, j’aurais pensé que leur présence serait davantage souhaitée. Ou n’y a-t-il jamais personne dans le besoin, dans tout le Furoncle ?

Tu dis que la Gâtine s’agite, mais en connais-tu la raison ? »


Don d’un sou d’argent à Ranald, pour ne pas être en reste.

Tentative de lancement de Bonté du Cœur par Éloi, des fois que ça puisse servir, et parce que ça semble narrativement adéquat de chercher le soutien de la déesse à l’orée de l’inconnu.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Assis les mains sur les genoux, pianotant sur son pantalon, l’énigmatique Main-Ferrée au visage de porcelaine se crispa soudainement, et s’agita comme s’il était pris d’un hoquet.

« Bon sang, mon frère, je manque à tous mes engagements — tu fais la route jusqu’ici, tu t’assois poliment, et…
…Je ne te propose même pas un verre !
Limonade ? »


Il leva ses fesses de son tabouret, s’approcha d’un tas de bazar, de caisses empilées, de filets de pêche, de vieux seaux vides ; il cogna l’un d’eux du pied, et tira une grosse maille aux cercles de fer rouillés et couvert de poussière. Posant un genou à terre, il attrapa un trousseau de clés accroché à sa ceinture, farfouilla, en essaya une — raté — en essaya une autre — clic, et voilà qu’il l’ouvrit en grand.
À l’intérieur, quelque chose de plus formidable que de l’or, des trésors, de la vaisselle ou du drap…
De la glace.

En plein été, dans une température caniculaire, avec une atmosphère lourde et humide, cette malle était remplie à ras bord de glace pillée et de flocons de neige qui n’avaient pas fondu — comme si ce gros contenant était assez large pour la protéger. Il fouilla à l’intérieur, plongeant sa main tout entière dans de l’eau frigorifiée. Il en tira une bouteille en verre, en vrai verre, remplie d’un liquide jaune.
Il ferma la maille, et la verrouilla.

« Je suis obligé de la garder fermée ou bien les gosses me dévaliseraient — ils adorent la limonade en été, tu peux le deviner. »

Il posa la bouteille sur un rebord de muret qui lui servit de table, et il fouilla dans ses brocs et sa quincaillerie pour en tirer un mug de poterie tout simple, ainsi qu’une coupe en argent pur couvert de bijoux. Les deux récipients n’avaient rien en commun, l’un et l’autre, mais sans aucun souci, il remplit les deux à ras-bord du liquide jaune clair.

Et tout en préparant la boisson, il continua à entretenir la conversation.

« Je dois avouer être déçu. Ce n’est pas ta faute, hein — juste, je pensais réellement que c’était Sébire qui t’avais mandé jusqu’à ce quartier.
La révérende-mère est une femme originale. N’importe qui de la cour n’hésiterait pas à nous jeter tous sur la roue s’ils savaient où on vivait, mais les Shalléennes ont toujours été plus… Disons, plus tolérantes, de nous autres.
On rend des services au Temple, et en échange, il faut l’avouer, ton Temple nous rend quelques menus services. Genre, soigner un de nous qui est blessé sans poser de questions, le cacher aux autorités. Et puis, c’est parmi les orphelins qu’on recrute. Moi-même, je suis né à la rue.
Nous, ce qu’on aimerait bien offrir à Shallya, c’est des choses matérielles — mais les servantes de ta Déesse rougiraient à obtenir des biens qui ont été, disons… « égarés ». Alors à la place, on offre nos yeux et nos oreilles. On dit lorsque quelqu’un fait du mal à d’autres gens, quand quelqu’un sème des troubles, des troubles qui font pas plaisir à Ranald. Ranald aime quand ça danse et que ça chante, pas les tristes sires comme…
Hé bien, comme tu as dû en voir dès ton arrivée ! Tu es forcément passé par la place Manaan, n’est-ce pas ? »


Sa manière de remplir les verres était fort étrange. En attrapant la bouteille de limonade, le voilà qui la fit sauter en l’air, se retourner, la rattraper au vol, et il versa la boisson en la levant bien en l’air. Il joua à nouveau, la fit sauter d’une main puis de l’autre, comme un jeu hypnotique. Le voilà qui alla récupérer un petit citron frais. Il coupa deux rondelles, avec lesquelles il garnit chacun des verres.
Anis était en train de se lécher les babines. Main-Ferrée lui offrit la coupe de riche, et offrit à Éloi celle en céramique.

« Le problème du culte de Shallya, vois-tu, c’est qu’en même temps que ses prêtresses sont adorées, et respectées, partout et par tout le monde, elles sont, disons… Surveillées.
Elles sont pas espionnées — pas directement. On n’intrigue pas contre le culte, bien sûr que non. Mais enfin, les nobles de Brionne, les Ducs qui ont régné un par un, fort désireux de sauvegarder leurs âmes, ils ont offert de grands terrains à ton Culte, et les artisans ont fait bâtir d’immenses temples et sanctuaires de marbre blanc.
Des gens souffrent dans le Furoncle, comme partout ; mais les capitouls de Brionne, ils préfèrent qu’on amène les malades, et les miséreux, et les vagabonds, dans les Temples qu’ils ont choisis. Tu sais comment sont les capitouls, non ? Il y en a à Orléac… »


Effectivement, il y en avait. Les capitouls étaient cette chose étrange, bâtarde, cette position comme seul un pays comme la Bretonnie était capable d’accoucher ; ils étaient là à cause de la situation d’une nation féodale, dont l’alpha et l’omega du gouvernement était la vassalité personnelle, qui se retrouvait à être confrontée de force à du commerce mondialisé et la fondation de bourgs bien plus peuplés que les petits villages dans l’ombre d’un seul château avec lequel on fantasmait la campagne…
Un capitoul est un noble — mais un noble qui, au lieu d’avoir un fief, possède des droits de magistrat en ville. Un capitoul est un chevalier — il joute dans des tournois, il a une particule dans son nom de famille, il est prêt à se battre pour le Duc, voire pour le Roy lui-même si la guerre menaçait. Mais les similarités s’arrêtent soudainement là. Les capitouls sont urbains, et ils règnent par des coutumiers écrits et non simplement oraux. Ils prononcent des sentences, donnent des ordres pour gérer la voirie et collecter l’impôt en leur nom, ils représentent les intérêts des roturiers, car dans le pays de la Dame, seul un homme de haute-naissance peut ester en justice et écrire des remontrances. Ils prient Véréna autant qu’ils prient la Dame du Lac, même plus à en croire certaines mauvaises langues… Plus que tout, les capitouls ont des intérêts de marchands. Si, par stratégie sociale, ils s’assurent tous d’avoir au moins un héritier de sang-bleu pur, ils s’assurent aussi que leurs puînés se marient avec des filles et des garçons de la bourgeoisie commerciale.
Des hommes étranges, les capitouls. Presque publiquement polygames, avilis volontairement, Éloi connaissait leurs noms et leurs visages — il se souvenait d’eux comme des gens snobs, imbus d’eux-mêmes, vissés à leurs cathèdres de juges de paix, toujours ensemble dans la même tribune à chaque festival ou fête religieuse importante. Il demeure qu’ils sont des gens puissants chaque fois qu’on croise des murs qui encerclent des hameaux. À Orléac, la famille des Malicorne avait été expulsée du jour au lendemain grâce à leur concours. La seigneuresse Sybille et son brutal époux n’auraient jamais pu prendre le pouvoir sans leur aide. Certainement que ceux qui étaient ici, à Castel-Brionne, devaient être tout aussi intrigants et prompts aux manigances que ceux de sa ville natale.

« La Gâtine, elle s’agite. Les raisons, il suffit que t’écoutes les gens comme Ambroise pour les connaître — moins d’impôts, contrôler le pouvoir, mettre fin à la clique du Duc. Il est populaire, notre Duc. Ses conseillers le sont beaucoup moins.
Personnellement, ces agitations ne m’intéressent guère. Elles concernent les marchands et les travailleurs, ceux bien intégrés. Elles ne changeront rien aux pauvres, aux marginaux et aux immigrés. Il n’y aura pas de troubles au Furoncle. Les gens ici aiment le calme, et tout le monde aime les laisser tranquilles. Même René le Borgne ne fera rien ici. Il sait qu’il ne sert à rien d’agiter une fourmilière, il a au moins cette sagesse.
Mais voilà. Il y a un souci, ici. Un souci qui doit forcément concerner Sébire… »


Il avait reposé ses fesses. Malgré sa voix nasillarde d’épicier, il savait bien parler, longuement, de façon très claire. Il ne bégayait jamais, et pourtant, il n’avait pas pu avoir l’occasion de réfléchir ou de structurer son discours en avance. Il avait cette aisance naturelle qui était comme innée chez certains.

« Beaucoup de gens sont tombés malades, ici. Beaucoup plus que d’ordinaire. Il y a encore seize jours, ce n’étaient que quelques personnes qui souffraient de diarrhées et de mauvaises nuits — notre prêtresse solitaire pouvait gérer toute seule. Ensuite, la semaine dernière, elle a été obligée d’appeler des charrettes pour en amener quelques-uns au plus grand hospice de la Gâtine.
Mais ces deux derniers jours… C’est devenu infâme. Tu n’as dû voir quasiment personne dans les rues. Le Furoncle est calme, mais pas si calme. Notre prêtresse nous a conseillé de tous nous enfermer et d’empêcher les gens de trop se rencontrer. Je n’ai pas trop compris sa théorie, elle parle de miasmes et d’un mot compliqué, là… Je ne sais plus ce qu’elle a voulu dire… Expo-en-ciel… »


Il leva son menton pour le gratter.

« Nous avons envoyé un malade à l’Académie de Médecine. Mais l’Académie de Médecine subit un gros blocus, avec les étudiants devenus fous et enragés. J’ignore où est passé ce malade, s’il a pu être observé et prit en charge…
J’ai besoin d’aide, Éloi. Pas moi, pas mon culte, mais notre quartier. Nous avons besoin de prêtresses, de lits et de remèdes. Et je crains que les capitouls n’aient les yeux biens secs, à ce sujet…
Est-ce que tu crois que tu aurais un moyen de m’aider, d’une quelconque façon ? »


1 sa retiré de ton inventaire.
Tu gagnes (1d3) 2 PdC de Ranald, Dieu des voleurs.

Lancement de « Bonté du cœur » : 5, large réussite.
Tu gagnes 1 PdC de Shallya.

Jet de connaissances générales (Bonus : +2) : 13, léger échec de 2

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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Princesse de la Foi

Message par Frère Éloi »

Les doigts serrés autour de la tasse de terre cuite, je ne dis mot, à l’écoute du discours tenu par Main-Ferrée. Demeuré muet alors que l’individu masqué s’affaire à nous proposer un breuvage de claire teinte, je le remercie à mi-voix de son hospitalité, le regard rivé à son faciès figé dans une expression enjouée. Humant la boisson, je m’efforce de dissimuler ma circonspection derrière une apparence d’intérêt poli. Comme Main-Ferrée semble poursuivre son propos, je perçois, en périphérie de mon champ de vision, Anis s’empresser de siroter son propre gobelet. Ma méfiance première s’en trouve apaisée, et je m’autorise dès lors à mon tour à effleurer des lèvres le breuvage glacé. La concoction se révèle de fait fort désaltérante, d’autant plus après notre long et lent périple sous le soleil. Mais après une trop goulue gorgée, un étau gelé m’étreint le fond du gosier, et je cesse de m’abreuver, reportant plutôt mon attention sur le curieux Main-Ferrée.

S’ensuit en effet un éloge des fidèles de Shallya, et de leurs relations avec les servants de Ranald, comme l’homme se plait à me le rappeler. Difficile de douter de sa parole à ce sujet : si le dogme veut que le dieu des voleurs abusât un jour de la bienveillance de la Colombe, l’expérience des faits révèle sans doute aucun que les deux clergés tendent à fréquenter les mêmes populations. Las ! La misère du quartier du Furoncle est telle que nul, pas même au sein de la communauté shalléenne, ne vient plus céans. Et Main-Ferrée ne semble guère apprécier de devoir recourir à une aide extérieure au territoire de ses ouailles. Cette défiance est d’ailleurs perceptible dans sa façon de déplorer que les temples shalléens sont le plus souvent érigés en des lieux fréquentés, donc surveillés. Tâchant de ne pas céder trop aisément à la sympathie instinctive que je ressens pour mon hôte, j’acquiesce néanmoins à sa mention des capitouls, avant de le laisser poursuivre, un semblant de réponse s’éteignant sur mes lèvres, rapidement oublié.

« J’en conviens, c’est pour cela que je… »

La suite de son monologue me glace d’effroi, un fugace frisson courant le long de mon échine tandis que je perçois les implications de ses révélations. Ainsi donc, le silence dans les rues du Furoncle serait moins dû à la faible activité du quartier qu’aux mesures de lutte contre la contagion du mal, suggérées par ma consœur inconnue. Je n’ose, à vrai dire, imaginer la propagation de la maladie, en une quinzaine de jours, en des parages si fréquentés. On a déjà gagné, tu sais, me chuchotait l’homme-charogne dans mon songe : est-ce là un autre sordide, funeste signe que le temps nous est compté ? Je frémis à cette idée, mon esprit assailli de réminiscences du cauchemar de la nuit dernière.

Si un malade a quitté le Furoncle pour se rendre à l’Académie de Médecine, la contagion est susceptible de circuler d’autant plus avec lui. M’autorisant un instant de réflexion tandis que Main-Ferrée achève de parler, je considère successivement les points de vue qu’adopteraient certaines de mes aînées en la présente situation. Je revois, en pensée, comme au matin du départ d’Orléac, Nathanaèle et Sébire débattre, quoique dans un tout autre contexte. Nul doute que Nathanaèle soutiendrait la nécessité de s’efforcer de retrouver le malade disparu : il s’agit tout à la fois de l’option la plus pragmatique dans l’endiguement de l’épidémie désormais avérée, et de celle sauvant le plus de vies à terme. Sébire, quant à elle, estimerait certainement que l’enquête autour de la famille Adelwijn constitue notre absolue priorité ; en cela, peut-être privilégierait-elle également, quoique pour d’autres raisons, de se rendre aussi rapidement que possible au Collège de Médecine : à en croire Thierry, son fils y étudie.

Le silence est retombé sur la petite jetée, et Main-Ferrée me toise désormais, interrogateur. J’ai mal à la gorge, mais la fraîcheur de la limonade n’est plus en cause. Je reconnais l’hésitation qui me saisit à l’émoi qui m’envahit ; au cœur qui se serre, à ma peau qui frémit. Mais malgré cela, le choix semble s’imposer de se détourner pour l’heure du Furoncle. Aprement, je déglutis, et rétorque doucement, une boule de regret refusant de quitter mon gosier.

« Je ne peux te promettre que mon aide, mon frère ; et d’intercéder en ce sens auprès de la Révérende Mère si tel est ton souhait.

Je peux en revanche me rendre au Collège, en quête du malade disparu. Je te promets, en ce qui me concerne, sur tout ce qui est sacré, de faire tout mon possible pour le ramener, et de revenir pour me rendre utile aux gens d’ici. »


Après un bref instant d’hésitation, je reprends de plus belle, ne buvant qu’ensuite une autre gorgée du frais breuvage.

« Dis-moi, en ce cas.
Qui dois-je chercher ? Est-il parti seul ?
L’un de tes… gosses, ou toi-même, connaît-il une entrée détournée dans l’enceinte de l’Académie ? »
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

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- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
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